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1937. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Ce chiffon de papier a pour moi un prix inestimable, mais pour moi seul qui ai pu sentir la valeur des demandes et des réponses. » L’idée de publier ces documents de première main, en les développant dans un simple récit, ne souriait nullement à son esprit plus compliqué et plus exigeant, qui aimait à avoir en vue plus d’un but à la fois : « Vouloir présenter un tableau complet de l’Union serait une entreprise absolument impraticable pour un homme qui n’a passé qu’un an dans cet immense pays. […] Il m’importe de vous le remettre tout à la fois dans les mains. […] Il est vrai qu’on ne voit pas dans les natures actuelles, de main capable de l’imprimer ; mais il n’est pas toujours besoin de marteau contre des édifices mal construits ; un coup de vent peut suffire… » Revenant à lui-même, à sa prochaine réélection, au rôle ultérieur et suprême qui lui était réservé peut-être, et s’expliquant comme il aimait à le faire sur ses goûts favoris, il disait : « Sans m’occuper aucunement de mon élection, je reviendrai à la Chambre, si d’eux-mêmes les électeurs qui m’y ont envoyé neuf fois m’y renvoient encore.

1938. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Je demande, très-humblement, à un grand écrivain la permission de courir un moment ici sur ses terres, et d’y recueillir, s’il se peut, quelques épaves échappées de ses mains, dans le voyage charmant où il convie ses lecteurs, à travers le xviie  siècle. […] Il ne faut pas demander aux hommes de ce temps-là une critique historique bien profonde en ce qui concerne l’Antiquité : il y a bien loin, comme l’on peut penser, de Saint-Évremond à Niebuhr et à Monvnsen ; mais, au sortir des doctes élucubrations du xvie  siècle, et en se débarrassant du matériel de l’érudition et des questions de grammaire, il y eut alors quelques hommes de sens qui raisonnèrent à merveille sur les données générales qu’on avait à sa portée et sous la main : on dissertait volontiers sur le caractère des Romains et des Grecs, sur le génie de César et d’Alexandre. […] Le piquant, c’est qu’il a Shakspeare sous sa main, à deux pas, et que ni lui ni les beaux esprits du temps de Charles II ne paraissent s’en douter.

1939. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Retiré presque tout le temps dans sa terre de Veretz, il travaillait à rompre ses divers liens, à vendre son patrimoine au profit des pauvres, à se soustraire aux ambitions ecclésiastiques de son oncle, l’archevêque de Tours, à se décharger en bonnes mains de ses bénéfices, ne gardant pour lui que la pauvre abbaye de la Trappe ; en un mot, il mit six années à s’acheminer vers le cloître. […] Enfin, Rancé eut la satisfaction de voir l’abbaye remise en bonnes mains sous la conduite de Dom Jacques de La Cour (1698), et il ne pensa plus qu’à mourir. […] Si l’histoire du saint personnage n’est écrite de main habile et par une tête qui soit au-dessus de toutes vues humaines, autant que le ciel est au-dessus de la terre, tout ira mal.

1940. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Il y a un vers charmant du vieux dramaturge Hardy, le seul bon, je crois, qu’il ait fait ; je demande pardon (en matière aussi classique) de ce qu’il y a d’un peu léger dans la citation : Couler une main libre autour d’un sein neigeux… Voilà le vers. Retournez la phrase : au lieu de la main qui coule, vous avez le sein neigeux et poli qui la laisse couler ; et c’est juste effandere. […] Son début sera loin de votre centre ; ces littératures étrangères, que vous proscrivez si strictement, l’auront peut-être tout d’abord sollicité et nourri, il en reviendra avec le rameau en main, que bientôt il saura greffer.

1941. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Dans un choix en six volumes180, fort bien fait, où le siècle de Louis XIV en poésie est d’ailleurs comme non avenu, et où il paraît que Fontenelle a mis la main, Saint-Pavin tient une bonne place entre Charleval et Voiture. […] Mais celui-ci n’abusa point autant que l’autre du genre, et dans ses mains la pointe ne s’est pas émoussée. […] La destinée posthume de Mme Des Houlières ne manqua pas de vicissitudes ; elle semblait d’avance s’y attendre en se disant : Tandis que le soleil se lève encor pour nous, Je conviens que rien n’est plus doux Que de pouvoir sûrement croire Qu’après qu’un froid nuage aura couvert nos yeux, Rien de lâche, rien d’odieux Ne souillera notre mémoire ; Que, regrettés par nos amis, Dans leur cœur nous vivrons encore, Pour un tel avenir tous les soins sont permis ; C’est par cet endroit seul que l’amour-propre honore : Il faut laisser le reste entre les mains du sort.

1942. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Je n’oublierai jamais que Lemonnier lui ayant dit qu’il était nécessaire qu’il fît voir sa langue, et le lit n’étant ouvert que de façon à laisser approcher à la fois l’un deux, il la tira d’un pied appuyant ses deux mains sur ses yeux, que la lumière incommodait, et la laissa tirée plus de six minutes, ne la retirant que pour dire après l’examen de Lemonnier : « À vous, Lassonne » ; et puis : « À vous, Bordeu » ; et puis : « À vous, Lorry », etc. ; et puis, et puis, enfin jusqu’à ce qu’il eût appelé l’un après l’autre tous ses docteurs, qui témoignaient chacun à leur manière la satisfaction qu’ils avaient de la beauté et de la couleur de ce précieux et royal morceau. […] On mettait la main devant, et on ne laissait arriver les rayons que sur la partie que l’on voulait éclairer. […] La Faculté, rangée autour du lit, fit place, en se mettant en haie, au maître apothicaire, qui arrivait la canule à la main, suivi du garçon apothicaire qui portait respectueusement le corps de la seringue, et du garçon de la chambre qui portait la lumière destinée naturellement à éclairer la scène.

1943. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Et cependant parler, je le sens, est bien difficile ; venir contredire dans sa forme, dans sa tendance et dans ses conclusions, le Rapport que vous avez entendu dans la séance de vendredi et qui est l’ouvrage d’un savant collègue, d’un esprit pratique et positif, que je respecte tout particulièrement et qui m’a toujours montré de la bienveillance, ce n’est pas chose aisée, et il n’est pas agréable, je vous l’assure, de paraître prendre en main, ne fût-ce même qu’incidemment, une cause qui est déclarée détestable, funeste, perverse ; de paraître le moins du monde s’associer à ce qu’on a appelé les efforts des méchants. […] Et d’ailleurs on n’a pas eu la main heureuse : ce livre de lui, enveloppé et incriminé dans la liste, les Confessions d’un Révolutionnaire sont, de l’aveu même des adversaires, son meilleur livre, son plus beau. […] Je vous avouerai même très-branchement que dans les nombreux amis du dévouement desquels je dispose, je n’en ai pas sous la main ni deux ni un seul qui sache ces choses des armes ; mes amis, en général, savent les choses de la pensée, de la plume et de la parole, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient moins fermes ou moins gens d’honneur pour cela ; mais ils ne sont pas docteurs des armes.

1944. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

II En dehors de ces États mal assis, Rome, enrichie par ses alliances pontificales et fortifiée par ses alliances temporelles, tenait d’une main habile la balance de la politique italienne ; elle croissait en force et en ascendant sur le monde. […] Leur architecture dite cyclopéenne, où la main de l’homme conserve dans ses ouvrages l’empreinte monumentale et divine de la force des temps et de la rusticité de la nature, l’élégance dorienne de leurs ruines de temples, le dessin inexpliqué de leurs vases, plus grecs que la Grèce elle-même, et aussi naïfs que l’âge primitif de l’homme, tout cela atteste qu’une science inconnue de l’humanité civilisée a coulé aux bords de l’Arno des rochers de la Toscane. […] L’intrépide Laurent déroula son manteau, qu’il tenait du bras gauche, et, tirant son épée de la main droite, disputa sa vie aux conjurés.

1945. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Véritablement : j’en reste là, tant le jeu sort de mon attribution ; sans regretter, parce que la trouvaille est curieuse de cet or miroitant, près la main, ainsi que la richesse comprimée à leurs tranches par le sommeil des livres. […] Ainsi la loi ne supprime pas l’hérédité, par la raison qu’elle ne peut, l’héritage déviant aux mains d’un tiers, ou de plusieurs exempts de titres ; mais elle se propose de l’interrompre. […] Ainsi il ne faut pas que des arcanes subtils de la physiologie, et de la destinée, s’égarent à des mains, grosses pour les manier, de contremaître excellent ou de probe ajusteur.

1946. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

L’Auteur de la Dunciade, moins touché des éloges que je lui avois départis, qu’offensé de ce que je n’avois pas trouvé assez de gaieté dans son Poëme, a cru m’humilier, en cherchant à m’enlever la partie la moins foible de mon travail ; il termine l’article dont il m’a gratifié dans la derniere édition de ses Mémoires Littéraires, par dire que les morceaux des Trois Siècles qu’on trouve mieux travaillés que les autres, ne sauroient être de la même main qui a rédigé le reste de l’Ouvrage, comme s’il y avoit d’autre différence que celle qu’exigeoit naturellement la diversité des sujets. […] Enfin, mon Ouvrage est, comme le vaisseau des Argonautes, construit par différentes mains, ou comme le cheval de Troie ; on veut y faire entrer les Soldats & tous les Héros de la Grece. […] Quoique ce Livre ne soit qu’un développement de celui de l’Esprit, il est aisé de voir qu’ils ne sont pas de la même main. 1°.

1947. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Les fleurs des anciens semblent fauées, lorsqu’elles sont cueillies par des mains mal habiles. […] Ce genre d’ouvrage mêlé de vers & de récits en prose, a quelque chose de moins frappant que celui qui se soutient par l’action, ou la représentation, tels que le Pastor Fido, l’Aminte & quelques autres ; mais il n’est pas moins susceptible de grandes beautés dans une main aussi habile que celle de Sannazar. […] On ne comprend pas comment des personnes de bon sens peuvent approuver un Magicien chrétien qui tire Renaud des mains des Sorciers mahométans.

1948. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Sans mettre officiellement la main au timon des affaires, ils sont en réalité les maîtres et les rois. […] La vapeur dirigée, les machines substituées aux bras, la vitesse des transports dépassant les rêves de l’imagination ; le fluide bruyant qui nous menaçait dans la foudre, devenu le docile messager de nos besoins et de nos caprices ; la lumière, rivale du pinceau, fixant sur le papier les images les plus fugitives ; toutes les forces de la nature venant l’une après l’autre, comme des géants domptés, s’asservir sous la main d’un enfant ; voilà les prodiges dont notre siècle a été et doit être le fortuné témoin. […] Il existe (on ne le dit pas assez) une vaste confédération qui n’est pas faite de main d’homme, dont le caractère même est de ne rien exclure, qui embrasse toutes les autres dans son sein, et qui tend à pacifier toutes leurs discordes.

1949. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Et, comme lui, beaucoup de ses coreligionnaires pacifistes trouvent dans leurs doctrines et passions de la veille le foyer où ils vont réchauffer leurs pieds demi-gelés, leurs mains gourdes, leurs âmes.‌ […] Lapierre monta sur le talus, son fusil à la main. […] Les Français d’après l’an xv, dit-il, qui se sont tenus un an par la main depuis la mer du Nord jusqu’au Rhin, quels que fussent d’ailleurs leurs intérêts économiques, leur opinion politique, leur croyance, leur idéal, n’entendent plus se brimer ni se tourmenter les uns les autres : la vieille haine française, qui avait sa noblesse, la lègue à une tendresse française que ni la France ni l’univers n’ont encore connue.‌

1950. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Parce qu’elle établit, dans un troisième groupe, des relations constantes entre les membres de deux groupes différents, elle contribue à les assimiler : elle unit leurs mains par-dessus les anciennes barrières et inaugure entre étrangers des ressemblances. […] On y voit les justiciables invoquer alternativement le régime des lois dites personnelles et le régime des lois dites territoriales173 ; lorsqu’ils sont dans la main du seigneur, ils en appellent au roi ; dans la main du roi, au seigneur.

1951. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Sur cette matière informe il faisait une méditation profonde dans la matinée du jour qu’il avait à parler, et le plus souvent sans rien écrire davantage, pour ne se pas distraire, parce que son imagination allait bien plus vite que n’aurait fait sa main. Maître de toutes les pensées présentes à son esprit, il fixait dans sa mémoire jusqu’aux expressions dont il voulait se servir, puis, se recueillant l’après-dînée, il repassait son discours dans sa tête, le lisant des yeux de l’esprit, comme s’il eût été sur le papier ; y changeant, ajoutant et retranchant comme l’on fait la plume à la main.

1952. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

L’autorité et l’absolu ont disparu du même coup, et puisque la vérité n’est nulle part concentrée entre les mains d’un seul dépositaire, il s’agit désormais de chercher, d’éprouver, de choisir. […] Il y avait dans l’esprit de Lamennais un noble besoin qui était de savoir à quoi s’en tenir sur la vérité ; mais il voulait le savoir sur l’heure, à la minute, absolument comme si la vérité pouvait s’enfermer une fois pour toutes dans une formule et se serrer, pour ainsi dire, dans la main ; il avait une impatience d’enfant pour s’en emparer là où il la croyait voir, pour l’arracher et la cueillir.

1953. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Mais voilà qu’aujourd’hui on se charge de prouver contre lui, contre nous, qu’il n’y a que trop de Barbares en effet, même quand ce sont les habiles qui y tiennent la main. […] Choisir son critique de sa propre main, entendez-vous bien ?

1954. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Il passa une moitié de sa vie à les remanier la plume en main, à en trier les brouillons, à les remettre au net et à en préparer une édition qui ne vint pas. […] On devine pourtant et l’on rêve à plaisir ce petit monde heureux, d’après quelques épîtres réciproques et quelques vers épars : Abel, mon jeune Abel, et Trudaine et son frère, Ces vieilles amitiés de l’enfance première, Quand tous quatre muets, sous un maître inhumain, Jadis au châtiment nous présentions la main ; Et mon frère, et Le Brun, les Muses elles-mêmes ; De Pange fugitif de ces neuf Sœurs qu’il aime : Voilà le cercle entier qui, le soir quelquefois, A des vers, non sans peine obtenus de ma voix, Prête une oreille amie et cependant sévère.

1955. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Avoir vécu, dès l’enfance et durant la jeunesse, de la vie de famille, de la vie de devoir, de la vie naturelle ; avoir eu des années pénibles et contrariées sans doute, comme il en est dans toute existence humaine, mais avoir souffert sans les irritations factices et les sèches amertumes ; puis s’être assis de bonne heure dans la félicité domestique à côté d’une compagne qui ne vous quittera plus, et qui partagera même vos courses hardies et vos généreux plaisirs à travers l’immense nature ; ne pas se douter qu’on est artiste, ou du moins se résigner en se disant qu’on ne peut pas l’être, qu’on ne l’est plus ; mais le soir, et les devoirs remplis, dans le cercle du foyer, entouré d’enfants et d’écoliers joyeux, laisser aller son crayon comme au hasard, au gré de l’observation du moment ou du souvenir ; les amuser tous, s’amuser avec eux ; se sentir l’esprit toujours dispos, toujours en verve ; lancer mille saillies originales comme d’une source perpétuelle ; n’avoir jamais besoin de solitude pour s’appliquer à cette chose qu’on appelle un art ; et, après des années ainsi passées, apprendre un matin que ces cahiers échappés de vos mains et qu’on croyait perdus sont allés réjouir la vieillesse de Goëthe, qu’il en réclame d’autres de vous, et qu’aussi, en lisant quelques-unes de vos pages, l’humble Xavier de Maistre se fait votre parrain et vous désigne pour son héritier : voilà quelle fut la première, la plus grande moitié de l’existence de Topffer. […] Ce journal est aux mains de M. 

1956. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

69   » Et voilà comment (et je n’ai indiqué qu’une seule branche, — qu’aurait-ce été si je les avais suivies et examinées toutes une à une), voilà comment de dédain en dédain, de négligence en négligence, quand on avait le plus beau jeu qu’ait jamais tenu en main Pouvoir public, on a fini par perdre la partie au premier tour, car on est au second ; voilà comment du mépris de toutes ces fractions de l’opinion, d’abord isolées entre elles, et de leur addition ensuite, de leur union subite qui s’est trouvée faite un jour contre vous, voilà comment il est sorti un total inattendu ; voilà comment l’opinion s’est réveillée, comment, à travers toutes les difficultés et les obstacles d’élections si tiraillées, si travaillées administrativement, elle s’est fait jour jusqu’à pouvoir vous atteindre et s’imposer à vous. […] Nous avons suivi, en la réimprimant plus loin, un texte corrigé de la main de M. 

1957. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Il semble qu’une main divine conduise l’homme dans les recherches nécessaires à son existence, et le livre à lui-même dans les études d’une utilité moins immédiate. […] Pindare, Sophocle, la lyre à la main, paraissaient dans les jeux publics, couronnés de lauriers et désignés par les oracles.

1958. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Après quoi Villon poursuit son propos : Puisque papes, rois, fils de rois… Sont ensevelis morts et froids, En autrui mains (aux mains d’autrui) passent leurs rênes ; Moi, pauvre mercerot de Rennes, Mourrai-je pas ?

1959. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Toute chose, en passant par les mains de M.  […] Et rien de tel que les loisirs du bureau pour se faire une belle main et pour apprendre l’écriture ornée avec des oiseaux dans les majuscules.

1960. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Sainte-Beuve Lamartine n’est pas un homme qui élabore et qui cherche : il ramasse, il sème, il moissonne sur sa route ; il passe à côté, il néglige ou laisse tomber de ses mains ; sa ressource surabondante est en lui ; il ne veut que ce qui lui demeure facile et toujours présent. […] La matière en est d’une extrême ténuité ; elle échappe à la prise de la pensée comme un nuage se dérobe à la pression de la main.

1961. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Dès le premier jour qu’il prend en main son commandement, le nouveau colonel est frappé de l’épuisement des troupes et de leur faiblesse numérique. […] On commande à un groupe d’hommes déjà considérable, mais jouissant encore d’une parfaite unité, qu’on tient tout entier dans sa main et sous son regard, dont on peut connaître chacun par son nom, en le suivant jour par jour dans ses actes.

1962. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Tout ce qu’il y a d’honorable et de loyal parmi les ennemis de l’auteur est venu lui tendre la main, quitte à recommencer le combat littéraire aussitôt que le combat politique sera fini. […] Le roi dans les mains de Triboulet n’est qu’un pantin tout-puissant qui brise toutes les existences au milieu desquelles le bouffon le fait jouer.

1963. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Il conseille à son amie de se mettre entre d’autres mains, de choisir un guide très-habile qui la conduiroit mieux, & désigne l’évêque de Meaux, Bossuet. […] Elle lui témoigna d’abord la plus grande confiance ; communia de sa main, & lui donna tous ses écrits à examiner.

1964. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Un jour le gouverneur, poëte, plus rêveur que de coutume, étant sorti, en robe de chambre, d’une forteresse qui faisoit sa résidence, tomba entre leurs mains. […] Il en a fait brûler, à Berlin, par la main du bourreau, deux éditions clandestines.

1965. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Tout le monde a pu observer sur la cervelle de certains animaux des plis variés et irréguliers, semblables à ceux que fait une étoffe que l’on presse doucement avec la main. […] Notre ami et médecin M. le docteur Millard, dont la science est aussi sûre que la main, a bien voulu faire devant nous une dissection, et, comme on dit, une démonstration du cerveau : c’est une opération des plus délicates, et j’ajoute un spectacle des plus intéressants.

1966. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Ce n’étoit pas assez d’avoir des Dictionnaires portatifs sur la Géographie, on nous a donné de petits livres sur cette science qui se perdent presque entre les mains. […] Il y a de l’esprit, de la légéreté & de l’agrément dans cette rélation épistolaire, & elle vient d’une main chere au public.

1967. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Sans doute, il n’a pas à refaire l’œuvre des historiens ; mais il ne peut pas non plus recevoir passivement et de toutes mains les informations dont il se sert. […] Si donc le sociologue ne peut pas employer avec une égale efficacité tous les procédés de la recherche expérimentale, l’unique méthode, dont il doit presque se servir à l’exclusion des autres, peut, dans ses mains, être très féconde, car il a, pour la mettre en œuvre, d’incomparables ressources.

1968. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Un jour ou l’autre, s’il n’y prenait pas garde, l’Orient le chausserait de ces engloutissantes babouches dont Lœve-Weimars n’a pu se dépêtrer malgré l’alacrité vigoureuse de son esprit occidental ; et même sa main de peintre, cet organe habile, il la fourrerait tout autant que ses pieds de rôdeur dans ces fatales babouches, et c’en serait fait de son talent ! […] Il l’est à la façon d’un homme qui a eu, dans l’ordre du temps, l’héroïque initiative d’écrire l’histoire qu’il a écrite, — le premier de tous et à la première heure, les pieds et la main encore dans les flammes de cette histoire qui, désormais, dans le souvenir des hommes, ne s’éteindra plus !

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