Dans le volume de Lettres recueillies en Suisse, par le comte Golowkin4, parmi des particularités piquantes qui ajoutent à l’histoire littéraire de Voltaire et de quelques autres noms célèbres, il se trouve, de femmes du pays, plusieurs lettres qui rappellent heureusement la vivacité de madame de Sévigné, dont la personne qui écrit se souvient elle-même quelquefois. […] Les Lettres écrites de Lausanne, délicieux roman de Mme de Charrière, montrent combien le goût, le naturel choisi et l’imagination aimable étaient possibles, à la fin du dernier siècle, dans la bonne société de Lausanne, plus littéraire peut-être et moins scientifique que ne l’était alors celle de Genève. […] Interpellé et poussé à bout par ses ennemis sur le mystère de sa naissance, La Harpe lui-même réclame cette descendance honorable, dans sa lettre au Mercure (février 1790). […] Vinet (2e édition), une charmante lettre écrite de Bruxelles par Benjamin Constant, âgé de douze ans, à sa grand’mère : l’homme y perce déjà tout entier. […] Vinet a dignement apprécié cet homme excellent et charmant dans une lettre à la Revue suisse (octobre 1838), reproduite dans le Semeur (6 février 1839).
L’illustre solitaire Antoine Le Maître l’avait pris en amitié singulière, et l’on voit par une lettre qui s’est conservée, et qu’il lui écrivait dans une des persécutions, combien il lui recommande d’être docile et de bien soigner, durant son absence, ses onze volumes de saint Chrysostome. […] Il faisait des sonnets galants en se cachant de Port-Royal et des jansénistes, qui lui envoyaient lettres sur lettres, avec menaces d’anathème. […] Ses lettres à l’abbé Le Vasseur sont froides, fines, correctes, fleuries, mythologiques et légèrement railleuses ; le bel-esprit sentimental et tendre qui s’épanouira dans Bérénice y perce de toutes parts ; ce ne sont que citations italiennes et qu’allusions galantes ; pas une crudité comme il en échappe entre jeunes gens, pas un détail ignoble, et l’élégance la plus exquise jusque dans la plus étroite familiarité. […] Il rompit directement avec Port-Royal ; et, à propos d’une attaque de Nicole contre les auteurs de théâtre, il lança une lettre piquante qui fit scandale et lui attira des représailles. […] Certains passages des lettres à son fils aîné, alors attaché à l’ambassade de Hollande, font rêver une poésie intérieure et pénétrante qu’il n’a épanchée nulle part, dont il a contenu en lui, durant des années, les délices incessamment prêtes à déborder, ou qu’il a seulement répandue dans la prière, aux pieds de Dieu, avec les larmes dont il était plein.
On a conservé de lui le fragment d’une lettre écrite à l’un de ses frères au commencement de son entrée chez les bénédictins ; elle se rapporte au temps de son séjour à Saint-Ouen, vers 1721. […] Il obtint sa demande ; le bref devait être fulminé par l’évêque d’Amiens à un jour marqué ; Prévost y comptait, et de grand matin il s’échappa du couvent, en laissant pour les supérieurs des lettres où il exposait ses motifs. […] Je crains même que, comme quelques gens de lettres trop faciles et abandonnés, il ne se soit mis à la merci du spéculateur. […] (Voir dans la Décade philosophique du 20 thermidor an XI une lettre de M. […] Je trouve dans les lettres de mademoiselle Aïssé (1728) : « Il y a ici un nouveau livre intitulé Mémoires d’un Homme de qualité retiré du monde.
Il rentra dans sa patrie, avec un grand nombre de savants ou de poëtes, fanatiques partisans des lettres grecques, et entre autres de Platon, le grand spiritualiste de l’antiquité. Il fonda une académie à Florence, et s’attacha ainsi la faveur des hommes de lettres de sa patrie. […] Ces avertissements ne furent pas perdus pour Pierre, qui, dans une lettre adressée à Laurent et à Julien, leur fit part de l’impression qu’ils avaient faite sur son âme. […] Sans jalousie pour son frère Julien, jeune homme de dix-sept ans, très-distingué et déjà très-populaire par son goût pour les arts et pour les lettres, il lui donna les maîtres les plus éminents pour achever son éducation. […] Mais ayant pressenti le danger de la faveur des Médicis pour les lettres, il conçut contre le chef de cette famille une haine invincible et se livra contre lui à des entreprises qui attestent cette inimitié.
Il y rêvait tout en écrivant les Lettres persanes. […] Il n’était pas loin encore du temps où il avait raillé la décadence du grand règne, et il écrivait les Considérations avec la plume qui venait d’achever les Lettres persanes. […] Aussi loin qu’on remonte dans sa vie, après ses premières et courtes incertitudes entre les lettres et les sciences, on peut noter des pensées qui l’y préparent ou des études qui l’y mènent. Le Discours sur l’usage de la religion chez les Romains l’en approche ; les Lettres persanes l’en distraient sans l’en séparer, et dans les plus belles il semble déjà s’y essayer. […] L’aspect sévère sous lequel nous la montrent les moralistes du dix-septième siècle avait effarouché sa douce raison, outre peut-être un désir secret de s’absoudre de certaines pages des Lettres persanes.
Un bon juge me faisait remarquer qu’il y a un peu de Musset dans cette lettre là, quelque chose du Musset accusant son infidèle, moins le cri de poésie. […] C’est une de ces lettres comme Fontenelle n’en eût jamais écrit. […] À demi chrétien, à demi philosophe, à demi superstitieux, toujours emporté par ses passions, il ne sut jamais prendre un parti décisif ; mais ce qu’il était de plus en plus en vieillissant, c’était homme de lettres. […] Les lettres, que Bussy avait aimées dès son enfance, lui furent fidèles : elles le lui devaient, car elles étaient, on peut l’affirmer, pour une grande part dans son malheur. […] Il garda toujours de grandes mesures avec les gens de lettres, et, tout en affectant bien de s’en distinguer, il les traita avec une déférence parfaite.
Cette ourserie de l’homme de lettres au xixe siècle est curieuse, quand on la compare à la vie mondaine des littérateurs du xviiie siècle, de Diderot à Marmontel. La bourgeoisie de l’heure actuelle ne recherche guère l’homme de lettres que lorsqu’il est disposé à accepter le rôle de bête curieuse, de bouffon ou de cicérone à l’étranger. […] C’est cela surtout, l’éternité en arrière, que notre pauvre cervelle ne peut imaginer… Et pas une révélation, cela était si facile à Dieu… oui, de grandes lettres dans le ciel, quoi, une charte divine, imprimée clairement en caractères de feu. […] Nous avons donné ces jours-ci à vendre de la rente pour l’impression de nos Hommes de lettres. […] Cette femme est Mme de Châteauroux, qui fait faire à l’un de nous le voyage de Rouen tout seul, pour aller copier un paquet de ses lettres intimes, adressées à Richelieu, et faisant partie de la collection Leber.
Elles suffisent à établir pour combien de ses contemporains, et des plus savants, des plus délicats, l’auteur des Émaux et Camées est resté lettre close. […] Mais où la chercher si l’on prend au pied de la lettre chacune de ses déclarations ? […] Les lettres qu’il lui adressait et qui ont été publiées gardent en dépit d’efforts contraires, une froideur désespérante. […] Il y gagna l’estime de quelques spécialistes de lettres ; il y perdit la faveur des lettrés mieux instruits et plus sérieux. […] Quelques années avant que Gérard de Nerval mourût, un autre poète, Louis Bouilhet, débutait dans les lettres par une d
L’homme de lettres voulut protester. […] Voulez-vous une lettre pour Catulle Mendès ? […] On a trouvé chez lui des paquets de lettres non décachetées. […] Il a donné à ce pays ses lettres de noblesse artistique. […] J’écrivis à Maupassant une lettre de remerciements et je prévins M.
Ajoutez le parfum d’honnêteté antique qui circule à travers ces pages et qui trouve moyen de se mêler jusqu’au milieu de la chronique scandaleuse à laquelle elles sont souvent consacrées, un profond et naïf amour des lettres et de tout ce qu’elles amènent de délicat avec elles, une bonhomie parfaite qui épouse son sujet tout entier avec tendresse et réussit, après un peu de résistance, à nous le faire aimer et embrasser jusque dans ses replis. […] Parmi les personnes qu’il rencontre sur son chemin, dans son quatrième volume, est une marquise de Courcelles qui eut une célébrité fâcheuse, et dont Mme de Sévigné parle dans ses lettres. […] Pourtant Mme de Courcelles a écrit ; elle a raconté avec une ingénuité singulière une partie de ses aventures dans une confession adressée à l’un de ses amants ; elle a laissé des lettres écrites à ce même amant. […] C’est Du Boulay qui eut l’idée de réunir, pour les faire lire en confidence à ses amis, les lettres et les papiers de Mme de Courcelles : J’avais à me justifier, dit ce galant homme, d’avoir aimé trop fidèlement et trop fortement la plus charmante créature de l’univers, à la vérité, mais la plus perfide et la plus légère, et que je reconnaissais pour telle. […] C’est ainsi que se sont conservés ces lettres et mémoires que Chardon de La Rochette retrouva en manuscrit à Dijon, dans les papiers du président Bouhier, et qu’il fit imprimer en 1808. — Infidèle à Du Boulay comme elle l’avait été à tous, et après quelques derniers éclats, Mme de Courcelles, devenue veuve, finit par faire ce qu’on appelle un sot mariage.
Il faisait des couplets dans le goût de Coulanges ; il écrivait à ses amis des lettres en prose entremêlée de vers dans le goût de Chaulieu. […] Ses vers, loués pourtant de Voltaire qui s’est chargé de les faire oublier, loués même par Boileau qui dut écrire cette lettre de politesse en grondant, sont tout à fait passés pour nous et à peu près illisibles : ce ne sont qu’enfilades de rimes où se détache un trait heureux par-ci par-là. […] Il touche du doigt aux Lettres persanes publiées un an après sa mort (1721). Mais, dans les Lettres persanes, la plaisanterie s’attaque déjà aux choses sérieuses, et y prend une âcreté que Montesquieu ensuite regrettera. […] [NdA] Lord Byron, dans une lettre à Murray (Ravenne, 12 octobre 1820), écrivait au sujet de son Don Juan et de ce qu’en disaient les femmes : « La vérité, c’est que c’est trop vrai, et les femmes détestent tout ce qui ternit l’oripeau du sentiment ; elles ont raison, car c’est leur arracher leurs armes.
Toutes les Lettres qui composent cet ouvrage dont nous avons déjà une douzaine de volumes, sont remplies de détails curieux, instructifs & amusans. […] Les objets qui sont traités dans son livre sont à peu près les mêmes qui ont occupé l’auteur du Voyage en France, en Italie & aux isles de l’Archipel, ou Lettres écrites de plusieurs endroits de l’Europe & du Levant en 1750. […] On en jugera par ces Lettres, qui sont un peu monotones pour le ton, mais dans lesquelles on trouve des remarques utiles. […] Nous avons les Lettres de M. l’Abbé le Blanc sur les Anglois en trois vol. […] Madame du Bocage a mis son voyage d’Italie en forme de Lettres.
Lettres à Marcie, III, 1837]. […] Lamartine, Lettre à M. […] V, lettre d’octobre 1866, nº 616.] […] Albert Blanc ; et on y a joint cent cinquante ou deux cents lettres inédites. […] Louis Ratisbonne, son héritier littéraire ; et quelques Lettres [Cf.
Il est venu une quinzaine d’hommes de lettres. […] Ce matin, corrigeant les épreuves des lettres de mon frère, il se trouve que je corrige la feuille contenant les lettres écrites, sur la représentation d’Henriette Maréchal, de 1865. […] Sur cette prétention parfaitement justifiée, Belot dans un mouvement d’irritation, avait dicté à son secrétaire une lettre dans laquelle il l’accusait de vouloir exploiter sa maladie : lettre un peu blessante, mais que Daudet avait incomplètement lue, quand il l’avait invité à dîner. […] Lorsqu’on descend à la gare, Daudet retient un moment Belot à la portière et se plaint de sa lettre, Belot balbutie, rejette le mauvais procédé sur ses embêtements, ses nerfs, déclare qu’il n’aurait jamais envoyé cette lettre, si c’était lui qui l’avait écrite. […] C’est le même procédé à propos des lettres.
Lettre du comte de Saint-Germain (pendant la guerre de Sept Ans). « La misère du soldat est si grande, qu’elle fait saigner le cœur ; il passe ses jours dans un état abject et méprisé, il vit comme un chien enchaîné qu’on destine au combat. » 783. […] (Lettre de M. de Bertrand, intendant de Rennes, du 17 août 1785.) […] (Lettre du marquis de Faudoas, commandant de l’Armagnac, à M. […] (Lettre de l’intendant de Tours du 25 mars 1789.) […] (Lettres de M. de Langeron, commandant militaire à Besançon, 16 et 18 octobre 1789
Tous les gens de lettres étoient en mouvement, en défiance. […] Un homme de lettres, confiné à Bruxelles, leur sembla plus à plaindre que Lamotte, aveugle & malade, mais vivant à Paris. […] On le donne pour un malhonnête homme, & capable des dernières bassesses : on ajoute qu’il fut contraint de quitter la Suisse : on va même jusqu’à citer une prétendue lettre qu’il y écrivit de Paris, & dans laquelle il s’avoue coupable. Un ministre, mal intentionné pour la mémoire de Saurin, ou, peut-être mal instruit, vient tout récemment de soutenir & de publier que cette lettre avoit existé. […] Il a fallu qu’un écrivain, tel que M. de Voltaire, se soit inscrit en faux contre la lettre.
« Ce n’est là qu’une imitation basse, qui, par une fidélité trop scrupuleuse, devient très-infidèlle : pour conserver la lettre elle ruine l’esprit ; ce qui est l’ouvrage d’un froid & stérile génie. » A force de vouloir être exact, ajoutoient-ils, on n’est que plat & sec, on se fait un stile le plus souvent confus, entortillé. […] Celles d’Amiot ont été longtemps recherchées pour leur stile naïf & charmant : on met encore au rang des bonnes celles des lettres de Pline, par l’avocat Sacy, de l’académie Françoise ; des lettres de Cicéron à Atticus, par l’abbé Mongaut ; celles de Virgile, par l’abbé Desfontaines ; de l’Anti-Lucrèce, par M. de Bougainville ; de la vie d’Agricola & des mœurs des Germains, par M. l’abbé de la Bletterie. […] Tout se passa, de part & d’autre, avec une politesse & des égards qu’il est bien rare de voir parmi les gens de lettres d’un sentiment opposé. […] En Italie, en Angleterre, les peintres & les gens de lettres, excellens copistes, sont mis à côté des originaux : mais, en France, un copiste en peinture, comme en toute autre chose, seroit réputé n’avoir aucun talent.
En vain se dérobait-il ; on le persécutait de lettres et de visites. […] Lettre du 1er Janvier 1766. […] Lettre au marquis de Mirabeau, 17 janvier 1767. […] Lettre de M. […] Lettre à madame de Francueil, du 30 avril 1750.
Et le 3 novembre 1851, il annonce, pour la première fois, qu’il « projette de faire trois drames avec une introduction, et qu’il sera forcé de briser fous ses liens avec Weimar » (lettre inédite). […] Dans une lettre (inédite) du 2 septembre 1851, il écrit : « Je fais maintenant la musique ce mon Jeune Siegfried… les phrases musicales se font toutes seules sur ces vers, sans que je m’en occupe ; cela pousse de partout comme des plantes sauvages. […] Il y aurait lieu de mentionner ici aussi les lettres de Wagner à Liszt, de 1849 à 1861, récemment publiées. […] maintenant je puis mourir, tout ce que je ferai de plus me semble être un pur luxe », dit Wagner, dans une lettre de février 1855. […] Wagner, qui dans ses lettres de Zurich traite déjà les premières brochures de ses admirateurs de « tas de fatras », Wagner, qui ne cessait de demander « des hommes, des hommes, et pas de mannequins » !
Une lettre de Mme de Tourbet, que nous ouvrons ce matin, nous apprend que, pendant que la propriétaire nous vendait sa maison, elle était vendue par Girardin et Baroche à une autre personne. […] Elle est généralement, à ce moment, matinalement gaie, vive avec un éveil de santé, volontiers plaisantante, fouettée par les lettres reçues, par les lettres écrites, par les nouvelles de la presse. […] Je lui écris aussitôt de n’en rien faire, en lui disant ce qui a été toujours notre pensée : qu’un homme de lettres a le droit de l’accepter, mais non celui de la demander. […] * * * — Ce gouvernement-ci hait encore plus l’homme de lettres, que le républicain ou le socialiste. * * * — Il y a dans les arts et dans les lettres, des jeunes hommes gras, à ventre, comme X… et Y… qui sont spécialement des industriels.
Est-ce un grand homme de lettres ? […] Les lettres n’ont pas de frontières et ne connaissent pas de drapeaux. […] L’épître, sorte de lettre plus ou moins familière en vers, laisse bien plus de liberté et de souplesse au style. […] Il le dit lui-même dans une de ses lettres : « Philosophiquement, les vers me paraissent une folie ! […] Homme de règle et de monarchie dans les lettres, Boileau sentit le besoin d’un gouvernement des lettres : il fonda le gouvernement du goût.
Les lettres périrent pour mille ans dans le choc des deux religions. […] Excepté en Arabie, à Bagdad et en Espagne, sous les califes, nul flambeau des lettres et des sciences n’éclaira le monde chrétien jusqu’à Charlemagne. […] Ces Tacite, ces Démosthène, ces Cicéron, ces Homère et ces Virgile du cloître écrivaient à une époque obscure de transition à travers les ténèbres, entre les lettres classiques et les lettres des siècles des Médicis et de Louis XIV. Ils n’appartiennent guère qu’au sacerdoce et très peu aux lettres profanes. […] Cette nourriture ne lui fît pas perdre totalement le goût des lettres profanes.
Non pas : j’ai sous les yeux la lettre de réponse de M. […] » Un sentiment élevé et délicat s’y mêlait, ce charme intérieur attaché à l’étude toute désintéressée des lettres et dont nul n’a joui plus que lui. […] Daru, aurait désiré qu’une plus grande part y fût faite à l’histoire des sciences et des lettres dans la personne des Bretons célèbres ; mais le même critique se montrait, en revanche, peu disposé à admettre la réalité du noble combat des Trente, que l’historien maintenait de tout son pouvoir comme étant vrai en vertu de la tradition seule, comme devant l’être et le paraître par la beauté même de l’action. […] Daru pendant les années de la Restauration ; elle aimait à l’avoir pour président les jours de séances délicates et solennelles, soit qu’en recevant M. de Montmorency (1826) on eût à faire la part de l’homme de bien pour couvrir l’absence de l’homme de lettres, soit qu’en fêtant M. […] Les lettres m’ont été toujours secourables, utiles et douces ; cultive-les… Ainsi écrivait-il en toute affection et en toute modestie à l’aîné de ses fils, en 1827, deux ans avant sa fin.
Feuillet m’a permis de puiser dans les deux volumes manuscrits de la Correspondance même de Léopold Robert, où se trouvent rangées chronologiquement et dans toute leur étendue les lettres adressées par lui à M. […] Le recueil de ses lettres, que d’abondants extraits de M. Feuillet de Conches font déjà connaître et dont la publication plus entière deviendra possible avec les années, formera un livre qui se placera tout naturellement à côté du recueil des lettres du Poussin, celui de tous les peintres de qui Léopold Robert relevait le plus, et dont il écrivait à un ami : J’ai été enchanté de me rapprocher autant avec vous pour ce que vous me dites du Poussin. […] Ce premier tableau un peu grand, qui fut celui de Corinne, devenu plus tard L’Improvisateur, lui avait coûté bien de la peine ; ce devait être sa condition de faire et son élément : « D’ailleurs, disait-il, chacun a sa manière de jouir au monde : la mienne est de me donner beaucoup de peine, ce qui naturellement doit m’occuper beaucoup la tête, l’esprit et l’âme, avantage que j’ai toujours apprécié. » Malgré l’impression de sérieux et d’élévation que font à bon droit les œuvres de Léopold Robert et la lecture de ses lettres citées par M. […] Les premières de ses lettres, écrites de Rome à la date de 1820, et adressées à son ami Navez, qui venait de quitter la petite colonie romaine pour retourner en Belgique, ont un accent de camaraderie et un style qui sent terriblement l’atelier.
Il s’est peint lui-même au vrai dans une lettre familière de ce temps, et qu’il écrivait à un de ses plus anciens amis, M. […] Je ne vous parle point politique, non que je craigne pour les lettres qui vous sont adressées les visites du Cabinet noir, mais c’est que nous nous connaissons trop pour que j’aie quelque chose à vous apprendre sur mes sentiments ou quelque curiosité à montrer sur les vôtres. […] Pour exprimer l’idée qu’il se faisait de son rôle dans la presse, et la ligne originale de conduite qu’il aurait voulu se tracer à ce moment, je citerai encore un fragment d’une de ses lettres adressées à l’un de ses collaborateurs d’alors, qui avait parlé de lui dans la Revue des deux mondes (15 février 1833) : Je vous sais, disait-il, un gré infini d’avoir deviné et si bien exprimé ma double prétention d’être un homme politique en dehors de la hiérarchie, malgré la hiérarchie, et un journaliste de quelque influence sans être homme de lettres, ni savant, ni historien breveté, ni quoi que ce soit qui tienne à quelque chose. […] Je vous remercie sans façon aucune de m’avoir pris comme je m’efforce d’être… (Lettre du 25 février 1833.) […] Mais lui, tant qu’il le pouvait, il était pour la politique de discussion, pour la politique civilisée ; il tendait à y revenir dès qu’il y avait jour, et, dans une lettre écrite dans l’intimité à l’un de ses collaborateurs et correspondants qui était alors en Angleterre, il disait en 1835 : Je vous fais mon compliment bien sincère sur vos dernières lettres, elles sont beaucoup plus remarquables que celles que vous écriviez il y a bientôt deux ans.
On ne sait quel accent de liberté classique, souvenir de l’antiquité, ranimé par les maux présents, se fait sentir depuis ce jour dans ses vers, dans ses lettres comme dans ses marbres. […] Une lettre touchante, conservée par son ami Georges Vasari, à qui il ouvrait son âme dans une correspondance fréquente, atteste l’attachement paternel qu’il avait pour ce serviteur de ses longues années. « Mon cher Giorgio, lui dit-il dans cette admirable lettre, je n’ai plus le courage d’écrire ; cependant, en réponse à votre lettre, il faut bien vous écrire quelque chose. […] Ses lettres à son ami Giorgio Vasari, à ce déclin de ses années, prouvent qu’il vivait seul à Rome dans la seule famille de ses disciples et de ses ouvriers. […] À peine cette lettre était-elle écrite, qu’il fut saisi en effet d’une fièvre lente qui l’éteignit doucement, comme une lampe de nuit qui s’éteint dans le soleil levant.
Les lettres à la petite cousine nous apprennent quelque chose de plus. […] Et nous voyons dans ses lettres la magnifique fructification de cet orgueil. […] Je souffris et fus guéri entre deux de vos lettres, sans vous le dire. » Il se tait comme le loup dans la Mort du Loup, et par le même sentiment. […] Une fois, quelques mois avant sa mort, il s’en plaint : « Si j’ai gardé le silence après votre dernière lettre, c’est qu’il y a un si cruel contraste entre mes souffrances de l’âme et du corps et la légèreté cavalière de vos lettres, que je ne pouvais me décider à vous empêcher de jouir en paix de votre vie évaporée. […] Voici la dernière ligne de sa dernière lettre à sa jeune parente : « Vous parlez beaucoup de croire et de croyants.
On nous apporte une série de lettres écrites par lui. […] Lettres. […] Saluons en lui un très fidèle, un très bon serviteur des Lettres. […] Piété envers les Lettres — piété envers l’Église, — piété envers la France. […] Quant aux lettres, le principe de déformation n’est pas moins évident.
Un jour qu’elle avait écrit à Voltaire une longue lettre à l’occasion de sa tragédie d’Oreste, il paraît qu’elle avait écrit Èlectre avec deux t, et Voltaire, pour toutes raisons, lui aurait répondu : « Madame la duchesse, Èlectre ne s’écrit pas par deux t. […] Dans le temps où Rousseau aigri accusait tout bas Mme de Luxembourg d’avoir changé à son égard, elle recevait de Voltaire, offensé de la protection qu’elle continuait d’accorder à son rival, une lettre jalouse. […] Dans une lettre écrite de Paris au poète Gray (25 janvier 1766), lettre toute émaillée de portraits et qui fait songer à la galerie de la Fronde de Retz, ou plutôt encore aux portraits de haute société de Reynolds et de Gainsborough, après avoir peint de sa touche la plus vive la duchesse de Choiseul et sa belle-sœur, la duchesse de Grammont, et bien d’autres, il continuait ainsi : « Je ne puis clore ma liste sans y ajouter un caractère beaucoup plus commun, mais plus complet en son genre qu’aucun des précédents, la maréchale de Luxembourg. […] Mme de Choiseul, sachant son désir, l’y invitait, et dans le même temps, elle écrivait confidemment à Mme du Deffand (octobre 1771) : « Dites-moi, je vous prie : croyez-vous de bien bonne foi à ces lettres si empressées pour attirer une certaine maréchale ? […] Que tout ceci demeure entre nous ; car vous savez que je crains les tracasseries autant que vous. » On s’écrit des lettres pour être montrées, et l’on s’en écrit d’autres où l’on met sa pensée secrète.
Les grâces du roi avaient alors un tel pouvoir de grandir, que le frère de Catinat, Croisilles, si tendrement lié avec lui dès l’enfance, n’osait plus le traiter par lettres sur le même pied qu’auparavant, et qu’il changea de ton aussitôt. […] La lettre de Catinat au roi réussit fort par sa simplicité ; le roi dit qu’il la trouvait très bien. […] Il y en a une infinité à me donner la vanité que tu m’inspires dans tes lettres ; mais, de bonne foi, cela ne me change point sur le jugement que je fais de moi-même, et je réfléchis combien aisément la fortune pouvait changer les événements qui m’ont procuré tant d’honneur, et toutes les raisons pour une affaire deviennent bien faibles contre me seule qui les fait manquer. […] » Dans la quantité de félicitations qu’il reçoit, il faut distinguer celles de l’abbé de Fénelon, non archevêque encore : « Je viens de lui faire réponse à une lettre toute des plus obligeantes qu’il m’a fait l’honneur de m’écrire, où ton nom est mêlé : il paraît bien qu’il t’aime ou pour mieux dire, qu’il te chérit. » Croisilles, fort pieux et d’une piété tendre, était un des fils spirituels de Fénelon. […] Camille Rousset est des plus piquantes et souvent des plus comiques ; ces lettres d’un homme de qualité que Mme de Maintenon appelait « la politesse même » font le plus parfait contraste avec le ton et le sans-façon assez rudes de celles de Catinat.
D’Olivet a suppléé à l’éloge officiel par une lettre familière. […] Mais le cardinal de Polignac paraît avoir été celui des favoris le plus en vue, et l’on va même jusqu’à citer des fragments de lettres qui seraient décisifs. […] Or, il arriva que Mlle de Launay et Mme de Lambert lurent à ce mardi des lettres qu’elles avaient reçues de la duchesse du Maine, laquelle, informée de cet honneur qu’on avait fait à ses lettres, eut l’air de s’effrayer qu’on les eût produites en si docte et si redoutable compagnie. […] La première de ces faveurs fut qu’elle signerait son nom en toutes lettres : Louise-Bénédicte de Bourbon. […] Cette insensibilité se vérifia à la lettre lors de la mort de la duchesse d’Estrées, qui eut lieu presque subitement à Anet (septembre 1747).
On a, dans une suite de lettres écrites par Mme Necker à une de ses amies de Lausanne, la succession de ses pensées et de ses impressions dans le nouveau monde où elle est lancée29. […] Et en effet, qu’on veuille y réfléchir un peu, à part l’honnête Thomas, avec qui elle fit connaissance tout d’abord, et qui répondait aux parties sérieuses et un peu solennelles de son âme ; à part Marmontel encore, qui eut le mérite de la bien sentir, et plus tard Buffon, qui sut apprécier son hommage et qui lui rendait la pareille en admiration30, quels étaient les gens de lettres à qui elle avait affaire, et qu’elle avait à cœur de traiter habituellement et de grouper autour d’elle ? […] Dans une lettre où elle s’excuse de ne pouvoir leur présenter deux jeunes Zurichois, elle nous les montre ne pouvant se contraindre dans leurs propos, travaillant le matin dans leur cabinet, puis causant tout le reste du jour : Le matin est consacré à l’étude, et ils ont une si grande liberté de penser, qu’ils ne peuvent se résoudre à rencontrer un visage inconnu dans les maisons qu’ils fréquentent ; car qui dit liberté de penser, sous-entend un désir violent de parler ; j’en vois quelques-uns, et heureusement leurs mœurs, qui sont très honnêtes, corrigent l’impression de leurs principes, sans quoi il vaudrait mieux renoncer à ce genre de société. […] Ce dernier lui écrivit à ce sujet plusieurs lettres plaisantes et même des madrigaux galants. […] Dans le volume intitulé Lettres diverses recueillies en Suisse par le comte Fédor Golowkin (Genève, 1821), on peut lire, à partir de la page 232, cette suite de lettres de Mme Necker adressées à Mme de Brenles.