Il faut qu’ils aient une aussi mince idée de La Rochefoucauld et du cardinal de Retz, intimes amis de madame de Sévigné, et chez qui se réunissaient Molière, La Fontaine et Boileau.
Quand arrive l’heure de la Restauration, M. de Lamartine pourtant ne peut s’empêcher de redevenir l’homme de 1814, et de saluer l’ère véritable de laquelle il date et où il a reçu, lui et nous tous, le baptême de l’esprit : « Le règne des épées finissait, dit-il, celui des idées allait commencer. » Les hommes politiques encore existants qui ont vu de près ces grandes choses de 1814, l’arrivée des Alliés devant Paris, les négociations d’où sortit le rétablissement des Bourbons, et qui ont assisté ou qui ont été immiscés à quelque degré à ces conseils des souverains, en laisseront sans doute des récits dignes de foi et circonstanciés ; ces hommes trouveront immanquablement à redire en bien des points aux vastes exposés de M. de Lamartine.
La crainte d’être soupçonné d’idées contraires à celles que l’on professe fait exagérer encore la dissimulation.
L’ambition, l’amour, l’avarice, les haines, particulièrement les haines politiques, les jalousies, les rivalités, les luttes locales, tout ce qui fait la vie agitée et violente, éloigne prodigieusement de l’idée même de lire quelque chose, Millevoye, dans sa jeunesse, était commis de librairie.
L’idée que Rosny donnait de lui à quelques-uns de ceux qui l’approchaient est à noter.
Casaubon, né à Genève de parents français réfugiés, y professait le grec depuis l’âge de vingt-trois ans ; il était gendre de Henri Estienne, et sa femme, la plus féconde des mères, lui donnait chaque année un enfant ; il y avait quatorze ans déjà qu’il enseignait, et il s’était fait connaître au dehors par des ouvrages de première qualité en leur genre, notamment par ses travaux sur Strabon, sur Théophraste, lorsque le président de Thou eut l’idée, sur sa réputation, et l’estimant le premier des critiques, de l’attirer en France et de le rendre à sa patrie : après les ravages des guerres civiles, les études y étaient comme détruites, et l’on avait bien besoin d’un tel restaurateur des belles-lettres.
quelle haute idée !
On se contentait d’avoir beaucoup de talent dans ses œuvres ; pour le reste, et dans le courant de la vie, on économisait les idées.
Quand chacun les eut réunis selon son idée, Pisistrate rassembla ces compilateurs.
monsieur, dans ce silence de tout un peuple qui retient son haleine en attendant la voix qui doit commander la mort d’un homme, vous me croirez si vous voulez, mais je ne crois pas avoir pâli ; la joie de l’idée qu’en mourant je mourais pour lui me possédait seule, et j’attendais le commandement de feu avec plus d’impatience que de peur !
Ou bien (page 167) : « Et Hubertine était très belle encore, vêtue d’un simple peignoir, avec ses cheveux noués à la hâte ; et elle semblait très lasse, heureuse et désespérée… » Etrange idée d’avoir entrouvert cette alcôve de quadragénaires au fond de cette idylle enfantine !
Puis, à l’idée de perdre la parole, s’il le laisse partir, il se résigne subitement.
Jordan lui envoie donc le bulletin très véridique des conversations et des commérages de Berlin, et dès le premier jour il en donne idée dans cet aperçu fidèle : Le goût de la politique commence à s’introduire à Berlin.
Saint-Simon ne remarque point, même pour le blâmer, car il l’aurait blâmé, ce chimérique de chez M. le duc de Bourgogne, que Dubois voulait, comme tous les grands ministres, procéder à l’égalité des contributions directes et qu’il eut l’idée d’y arriver par un travail de ponts et chaussées, resté en projet par sa mort.
Il a voulu expliquer, dans une préface, l’idée que n’expriment pas ces divers morceaux, réunis sous ce titre, qui n’est intelligible que s’il est menteur : « La Fleur d’or ».
Par l’ordre des idées, elle ne parlait point à la foule ; par la disposition même du poëte, elle s’adressait rarement à l’âme, et ne pouvait lui donner ni passion, ni grandeur ; elle n’était pas lyrique.
Ce furent les idées qui me vinrent à l’esprit, il y a quelques années, lorsque, debout sur le perron d’une petite auberge bâtie aux bords marécageux de la Resseta, j’aperçus pour la première fois de ma vie les Grands-Bois. […] Cependant, au milieu de toutes ses souffrances, l’idée du retour au pays natal ne le quittait jamais et seule affermissait son courage. […] Lavretzky ne pensait à rien, n’attendait rien, il jouissait de l’idée de se sentir si près de Lise, de se reposer sur son banc, dans son jardin, où elle venait parfois s’asseoir… La lumière disparut dans la chambre de Lise.
La superbe Reine se réjouissait à l’idée du mal qu’elle allait infliger à ses ennemis. […] « Élevez-le dans des idées d’honneur, jusqu’à ce qu’il devienne homme.
X Cette femme si jeune, si belle et si touchante alors au milieu de son ménage et de ses enfants, n’était pas cependant très érudite ; elle n’était pas douée d’une de ces imaginations transcendantes qui colorent de tant d’éclat, et souvent de tant d’éblouissements, la vie, les idées ou les passions des femmes artistes ; elle n’avait de transcendant que la sensibilité ; toute sa poésie était dans son cœur : c’est là en effet que doit être toute celle des femmes. […] C’est cette flamme qui illumine le monde extérieur des idées ; c’est cette chaleur qui couve et qui fait éclore le monde intérieur du sentiment.
Si une personne est interrompue quand elle chante ou quand elle récite quelque chose de mémoire, elle est presque toujours obligée de revenir en arrière pour retrouver la suite d’idées qui lui était accoutumée. […] En réfléchissant à ces faits, il me vint à l’idée que, si la Mélipone construisait ses sphères à égales distances les unes des autres, qu’elle les fît de la même grandeur, en les disposant symétriquement sur deux rangs, il en résulterait une structure aussi parfaite que celle du rayon de l’Abeille domestique.
Cette idée de Versailles n’est point particulière alors à Bossuet, elle est celle de tout le siècle.
Le très-sage Hume nous en est la preuve : au reçu de la lettre insensée de Jean-Jacques, écrite de Wootton le 23 juin 1766, et dans laquelle celui-ci l’accusait de ne l’avoir amené en Angleterre et de ne lui avoir procuré en apparence un asile sûr que pour mieux le déshonorer, il eut un premier mouvement d’indignation et de colère ; il dérogea à sa philosophie, à son tempérament même, et sortit de son indifférence ; il ne put s’empêcher, lui aussi, de s’écrier : « Rousseau est un scélérat. » Par malheur, il eut l’idée d’écrire sur ce ton à ses amis de Paris, et non pas d’abord à Mme de Boufflers qui lui eût donné un bon conseil, mais au baron d’Holbach, le coryphée et la trompette des Encyclopédistes : la trompette sonna.
Je cours après le temps que j’ai perdu si inconsidérément dans ma jeunesse, et j’amasse, autant que je le puis, une provision de connaissances et de vérités. » Plus tard, bientôt, au lendemain de son avènement au trône, la passion le saisira ; l’amour de la gloire, l’idée de frapper un grand coup au début et de marquer sa place dans le monde le fera, coûte que coûte, guerrier et conquérant ; il semblera oublier ses vœux et ses serments philosophiques de la veille ; il oubliera qu’il vient justement de réfuter Machiavel, il distinguera entre la morale qui oblige les particuliers et celle qui doit diriger le souverain.
En 1707, un nommé Nahum Tate publia un Roi Lear, en avertissant les lecteurs « qu’il en avait puisé l’idée dans une pièce d’on ne sait quel auteur, qu’il avait lue par hasard. » Cet on ne sait qui était Shakespeare.
On a émis l’idée que les Papillons pouvaient aider à la fécondation des Trèfles ; mais je doute que ce soit possible à l’égard du Trèfle rouge, leur poids ne paraissant pas suffisant pour déprimer les ailes de la corolle.
Les races gourmantié, haoussa et bambara surtout, semblent, comme la race bretonne en France, très hantées de l’idée de la mort20.
La fille, en naissant, ne faisait pas peur au père, par l’idée de la fuite rapide du temps et de l’accroissement sans mesure de la dot.
« Néophyte à cette époque, a-t-on dit spirituellement, il avait quelques-unes des faiblesses des néophytes, et s’il existait quelque chose qu’on pût appeler la fatuité religieuse, l’idée en viendrait, je l’avoue, en lisant ces lignes de sa critique : « Vous n’ignorez pas que ma folie à moi est de voir Jésus-Christ partout, comme madame de Staël la perfectibilité… Vous savez ce que les philosophes nous reprochent à nous autres gens religieux, ils disent que nous n’avons pas la tête forte… On m’appellera Capucin, mais vous savez que Diderot aimait fort les Capucins... » Il parle à tout propos de sa solitude ; il se donne encore pour solitaire et même pour sauvage, mais on sent qu’il ne l’est plus.
Tous ces trésors d’idées et de sentiments que madame de Maintenon déposait ou faisait naître dans l’esprit du roi, furent les fondements de sa fortune.
D’un Héritage, les auteurs n’ont pris que les noms et l’idée première.
Autre remarque : il n’est souvent que le porte-parole de l’auteur, qu’une thèse vivante en faveur des idées chères à Emile Zola ; d’où peut-être une impression de froideur et d’artifice, parfois éprouvée au cours de ce récit, d’autre part si brûlant, si riche de chaude humanité.
L’intendant d’Orléans annonce « qu’en Sologne de pauvres veuves ont brûlé leurs bois de lit, d’autres leurs arbres fruitiers », pour se préserver du froid et il ajoute : « Rien n’est exagéré dans ce tableau, le cri du besoin ne peut se rendre, il faut voir de près la misère des campagnes pour s’en faire une idée. » De Riom, de La Rochelle, de Limoges, de Lyon, de Montauban, de Caen, d’Alençon, des Flandres, de Moulins, les autres intendants mandent des nouvelles semblables.