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1091. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

C’est lui, finalement, le héros du drame. […] Et le plus vieux conseiller chante la dernière strophe : « Oui, ce fut un héros ! Un héros modeste, silencieux et solitaire !

1092. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Mais telle est l’excellence de l’art dans cette fiction que, loin d’y être choqué de voir des héros païens heureux à la manière de nos saints, on croit lire quelques pages sublimes de Platon, rêvant pour l’âme de Socrate, délivrée des liens terrestres, quelque félicité proportionnée à son intelligence et digne de sa vertu. […] S’il a plus de délicatesse d’esprit et de sentiment que les héros d’Homère, on ne lui en sait pas plus mauvais gré qu’à l’Iphigénie de Racine d’être plus ingénieuse et plus tendre que les jeunes Grecques du temps d’Agamemnon. […] Cet homme, tombé de la toute-puissance qu’il avait exercée avec modération, exilé dans un coin de l’île de Samos, où il vit du travail de ses mains ; puis, par un retour de fortune, ramené en triomphe à Salente, où il retrouve la faveur du prince et la puissance, et ne s’en sert pas contre ses ennemis enfin se retirant dans une solitude, non pour s’y dérober à ses devoirs envers sa patrie qu’il continue à servir par ses conseils à Idoménée, mais pour échapper par l’obscurité à l’injustice et à l’envie ; cette création, que rendent vraisemblable certains exemples de la sagesse antique, reçoit de l’esprit chrétien, habilement caché sous une mise en scène grecque, une grandeur inconnue des héros comme des sages du paganisme.

1093. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

que je donnerais tous les condors de Leconte de Lisle, et même une partie du bagage lyrique de Hugo dans la Légende des siècles, pour cette page des Mémoires d’outre-tombe, où Chateaubriand peint dans l’antichambre de M. du Theil, l’agent du comte d’Artois à Londres, ce paysan vendéen, cet homme qui n’était rien, au dire de ceux qui étaient assis à côté de lui, ce héros obscur qui avait assisté à deux cents prises et reprises de villes, villages, redoutes, à sept cents actions particulières, à dix-sept batailles rangées ; et qui, dans l’étouffoir fade de l’antichambre diplomatique, devant une gravure de la mort du général Wolf, se grattait, bâillait, se mettait sur le flanc, comme un lion ennuyé, rêvant de sang et de forêts. […] Faustin, armateur de la Rochelle, etc., etc., m’interdisant d’appeler ma pièce (la pièce que dernièrement les journaux ont annoncé que je tirais de mon roman de La Faustin) du nom de mon roman et ma principale actrice du nom de mon héroïne. […] « Je n’ai pas commencé ma pièce, je ne sais pas si mon état de santé me permettra de la faire, mais si elle est jouée, j’ai l’honneur de vous prévenir en dépit de votre interdiction qu’elle portera le nom de mon livre, que je ne changerai pas le nom de mon héroïne, tout prêt en mon nom et au nom de la littérature, à courir les risques d’un procès, parce que, si des prétentions semblables devaient prévaloir, le roman et le théâtre de nos jours seraient, dans un temps prochain, contraints de baptiser leurs personnages, féminins et masculins, des noms de Célimène, Dorine, Oronte, Valère, Éraste, etc., etc., ce qui vraiment n’est pas admissible. » « Agréez, monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

1094. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Et ailleurs : Le mur était solide et droit comme un héros. […] Voici que, de ce point de départ superficiel, l’auteur arrive, par un langage, presque abstrait et objectif, à nous donner une impression vive de l’état de conscience de son héros : « Cela descendit dans les profondeurs de son tempérament et devenait presque une manière générale de sentir, un mode nouveau d’exister272. » 4° Transposition des images et sentiments en actions : « Je m’en irai vers lui, il ne reviendra pas vers moi273. » Beaucoup d’actions sont une condensation de pensées sous une forme concrète et elles peuvent donner lieu à des méditations sans fin, tout comme de hautes formules métaphysiques. […] Sorte de héros monstre aux cornes de taureau.

1095. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Suite : les dieux d’Homère ; la prosopopée Socrate ne rattachait ses idées propres sur les rapports des dieux avec les hommes qu’aux idées religieuses de son temps ; néanmoins, il est impossible de ne pas remarquer une certaine analogie entre le rôle qu’il attribuait à son démon et le rôle que prennent dans Homère les divinités protectrices à l’égard des héros : tantôt elles leur révèlent l’avenir ; tantôt et plus souvent, elles les invitent à certaines actions déterminées, ou bien elles les retiennent au moment d’agir, elles leur imposent le calme et la réserve ; enfin, prédiction et conseil ont souvent dans les discours des dieux de l’Olympe le rapport de principe à conséquence : l’avenir dévoilé justifie le conseil présent. […] Cette voix peut être, comme dans Horace, la voix de l’intérêt bien entendu ; elle peut être, comme les impulsions des héros d’Homère, la voix de la passion, de la passion active et pratique ; d’autres fois, elle est véritablement la voix du devoir, l’expression d’un impératif rationnel et catégorique. […] « Provost père contait une anecdote qui est demeurée légendaire et dont le héros, si j’ai bonne mémoire, est le célèbre acteur Monvel.

1096. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Leconte de Lisle a puissamment évoqué les gestes des héros d’autrefois et des fauves d’ailleurs, — mais il a négligé la beauté si humaine de son temps. […] Tumultueux, mais plein d’élans sublimes, il fut le héros génial qui, penché sur le gouffre vers lequel, seuls, abordent les prophètes, vit aux lueurs des éclairs de son âme le chemin qui conduit aux destins de l’Humanité. […] Nul homme n’étant l’expression intégrale d’un siècle — et c’est tant mieux, en somme, pour l’humanité tout entière, qui n’a toujours que trop pâti des héros et des dieux — je ne vois guère qui je pourrais appeler exclusivement mon poète en ce temps saturé de journalisme.

1097. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Les personnages passent comme des héros de lanterne magique ; ils disent leur mot, et disparaissent : on ne les revoit plus. […] Mais il ne me semble pas qu’on ait donné la vraie raison de ce long retard à introduire celui qui doit être le héros du drame. […] Elle l’était d’autant plus dans le sujet de Tartuffe, que Molière, prenant parti contre son héros, est obligé de mettre à nu sous les yeux du public son hypocrisie, et de la lui rendre odieuse et détestable. […] À cette phrase, un héros de Dumas fils répond en semblable occasion : « Est-ce qu’une femme d’esprit parle jamais de ces choses-là à un mari ?  […] Il n’y a pas à dire : le héros de Regnard est le dernier des hommes.

1098. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

C’est l’Empereur en contact avec une famille de gens gras à lard, d’une famille Durham, et qui n’a jamais entendu parler de lui, et ne s’intéresse qu’au héros et à l’héroïne d’un roman de Mme Cottin, arrivé par hasard dans cette île perdue, et à propos duquel, jeunes et vieux assassinent de questions l’Empereur, qui exaspéré, à une question du gros oncle demandant ce qu’est devenue l’héroïne, lui jette durement : « Elle est morte !  […] Non, je ne suis plus intéressé que par les dévoilements d’âme d’un être réel, et non de l’être chimérique qu’est toujours un héros de roman, par son amalgame avec la convention et le mensonge.

1099. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

On sent qu’il ne s’intéresse pas le moins du monde au succès des tentatives galantes de ses héros et ne tiendrait nullement à être à leur place. […] Il ne voit pas le fond de ces âmes, parce que les âmes de ces héros n’ont aucune profondeur. […] Au milieu de toutes ses tribulations, le héros picaresque s’arrête un instant, avec complaisance, à écouter un roman d’amour et d’estocades, et s’y délasse un peu. […] César, Louis XIV, Pierre le Grand, Frédéric, Catherine, ce sont les héros de sa pensée. […] Charles XII a fait six mois sa cuisine à Demir-Tocca, sans perdre rien de son héroïsme. » — « Pourquoi tant louer la force physique de ses héros ?

1100. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Là paraissaient Simon de Montfort, le sanguinaire héros de cette croisade antichrétienne ; Eudes III, comte de Bourgogne, et d’autres grands vassaux de Philippe-Auguste ; des archevêques, des évêques, beaucoup de moines de l’ordre de Cîteaux. […] L’ignorance aidait la poésie ; on faisait des histoires merveilleuses dans lesquelles le héros arrivait de plain-pied de la terre sainte en Irlande. […] Deux poëtes du douzième siècle célèbrent le héros macédonien, dans un poëme en grands vers, rempli de tournois, de féeries et d’allusions à Philippe-Auguste. […] Saladin, le héros de l’islamisme, le destructeur du royaume chrétien de Jérusalem, soumis à tous les rites pieux de la chevalerie ! […] Plusieurs chevaliers sont abattus, et le héros du roman manque d’être tué.

1101. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Je vous adresserai donc un vers de Voltaire, en le changeant un peu : J’aime fort les héros, s’ils aiment les poètes. […] Quand vous serez maître de Constantinople et du Sérail, je vous promets de mauvais vers que vous ne lirez pas, et les éloges de toutes les femmes, qui vaudront mieux que les vers pour un héros de votre âge. […] J’ai lu, dans les séances publiques de ce même Institut, des fragments d’un long poëme qui ne peut déplaire aux héros, puisque j’y célèbre les plus grands exploits de l’antiquité. […] C’était, dans ce Temple de Mars, quelque chose de ce bienfaisant esprit de Numa, dont parle Plutarque, qui allait s’insinuant comme un doux vent à travers l’Italie, et s’ouvrant les cœurs, le lendemain des jours sauvages de Romulus : « Elles ne sont plus enfin ces pompes barbares, aussi contraires à la politique qu’à l’humanité, où l’on prodiguait l’insulte au malheur, le mépris à de grandes ruines et la calomnie à des tombeaux. » Attestant les Ombres du grand Condé, de Turenne et de Catinat, présentes sous ce dôme majestueux, l’orateur les réunissait en idée à celle du héros libérateur : « Si ces guerriers illustres n’ont pas servi la même cause pendant leur vie, la même renommée les réunit quand ils ne sont plus. […] En face de ces hommes prodigieux qui apparaissent d’intervalle en intervalle avec le caractère de la grandeur et de la domination, il proclamait, comme non moins utile au gouvernement des États qu’à la conduite de la vie, le bon sens trop méprisé, cette qualité que nous présente le héros américain dans un degré supérieur, et qui donne plus de bonheur que de gloire à ceux qui la possèdent comme à ceux qui en ressentent les effets  : « Il me semble que, des hauteurs de ce magnifique dôme, Washington crie à toute la France : Peuple magnanime, qui sais si bien honorer la gloire, j’ai vaincu pour l’indépendance ; mais le bonheur de ma patrie fut le prix de cette victoire.

1102. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Mais c’est dans Rome et dans la Grèce païenne que la cour et les gens du monde vont chercher leurs précepteurs et leurs héros. […] C’est ici qu’éclate dans toute sa folie l’espèce d’exaltation nerveuse qui est propre à l’esprit du temps ; l’amour monte au trente-sixième ciel ; Musidorus est frère de notre Céladon ; Paméla est proche parente des plus sévères héroïnes de notre Astrée ; toutes les exagérations espagnoles foisonnent, et aussi toutes les faussetés espagnoles. […] Il prodigue aux pieds de ses héroïnes le trésor de ses respects et de ses tendresses. […] Il retire l’épopée du terrain ordinaire, celui où, sous la main d’Homère et de Dante, elle exprime des croyances effectives et peint des héros nationaux. […] Leurs héros ont des vertus humaines, non des vertus religieuses ; contre le crime, ils s’appuient sur l’honneur et l’amour du beau, non sur la piété et la crainte de Dieu.

1103. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Dans cet aimable roman où le jardinier, qui répond au nom parfumé de Jasmin Buguet38, cache un tendre amour pour la belle Favorite, il y a des héroïnes, les fleurs ; elles répandent leur arôme par tout le livre. […] Leurs héros ont une réalité frappante, précisément parce qu’ils ne se livrent pas, qu’ils conservent des coins inconnus, qu’ils sont variés, inconséquents, divers, contraires à eux-mêmes et aux apparences, comme l’est en réalité l’être humain. […] Bruxelles, Lacomblez, 1897. — Héros et Pierrots. […] Un héros. […] Bruxelles, Deman, 1907. — Les Visages de la vie (Les Visages de la vie, Les Douze Mois), Paris, Mercure de France, 1908. — Toute la Flandre, Les Héros.

1104. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Cette œuvre, qui complétera les travaux de Mesmer, de Lavater, de Gall, de Bichat. » Le biologiste que Balzac souhaitait d’être comme son héros, devait s’intéresser passionnément aux travaux, alors dans leur première gloire, de Geoffroy Saint-Hilaire, et c’est aussi le savant dont il prétend relever — insistons-y — comme romancier. […] Un document publié cette année même, les Souvenirs de Mme la générale des Garets, qui fut une des demoiselles d’honneur de l’Impératrice, nous apporte quelques lettres que Feuillet lui écrivait et qui pourraient tout naturellement prendre place dans un de ses récits et sous la plume d’un de ses héros. […] C’est la raison pour laquelle, chez Feuillet, les tragédies sont toujours racontées par le dedans et l’événement, souvent terrible, — ainsi la mort de M. de Campvallon dans Camors, le suicide de l’héroïne dans Julia de Trécœur, — je ne dirai pas esquivé, mais rapporté en quelques lignes, que l’on pourrait qualifier d’explosives. […] En même temps que la statue d’un héros est la consécration d’une gloire, elle rappelle des dangers courus et qui peuvent revenir, et elle affirme la nécessité de certaines vertus qui ont sauvé le pays. […] Solidement assis sur son cheval, l’épée à la main, ce héros, mort au champ d’honneur, après combien de batailles, regarde, vers la porte du donjon, reconstruit à la place où il avait le sien, deux statues, copiées de celles qui décoraient l’entrée de son autre demeure, le château d’Écouen.

1105. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Bien qu’elle en fût dès longtemps saturée sans le montrer et sans le dire, et qu’il y eût, dit-on, plus de domination que d’attrait dans l’espèce de subjugation qu’Alfieri exerçait sur elle, elle ne voulut pas l’avouer ; elle eût retranché quelque chose à son excuse, en retranchant un atome à la grandeur factice de son héros. […] L’esprit de parti a voulu en faire un héros d’un seul bloc ; voici ce que je tiens moi-même du plus honnête des hommes, le général de l’artillerie française à Wagram, Pernety : « Je l’avais placé sur le bord du Danube, la nuit qui précéda la bataille de Wagram.

1106. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Ce n’est qu’une chronique de la Ligue et de la conquête du royaume de France par le roi de Navarre, Henri IV ; mais le sujet du poëme était national, le héros était populaire, les épisodes touchants, les vers dignes de lutter par l’élégance et l’harmonie avec les chants de Virgile, du Tasse, de Camoëns. […] Il prit Jeanne d’Arc, il eut deux fois tort : premièrement, parce que Jeanne d’Arc, malgré l’étrangeté des crédulités populaires qui se rattachaient à sa légende, était consacrée dans l’imagination des peuples par son patriotisme et par les flammes de son bûcher ; secondement, parce qu’en souillant cette chaste figure par ses licences de style, il profanait tout à la fois la vierge et l’héroïne dans la femme.

1107. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Mais surtout les héros causent ; en paix, en guerre, en prison, ils causent, galamment, spirituellement, de la mort, de l’éducation, des femmes, de la politesse, des lettres, de tout enfin. […] L’essence du burlesque, c’est le manque de convenance : faire parler les dieux et les héros comme on parle aux faubourgs, aux halles, et mettre tout le détail de la forme en désaccord constant avec la nature du sujet.

1108. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Gounod : « Je suis pour la représentation, bien que Lohengrin ait un grand défaut : l’héroïne ne chante pas de valse. […] Sigurd apparaît comme un héros capable de résister à l’invasion germanique, et finalement… au wagnérisme.

1109. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Hélène, aux murs troyens, blanche fille du cygne, Attend l’arc d’Héraclès pour nommer son vainqueur, Héros, presse tes pas et retiens ta douleur : Aux oreilles des dieux toute plainte est indigne. […] Il y a dans Des Héros et des Dieux du meilleur et du pire LE REPOS DE CÉRÈS La terre se contracte, et sans bruit, sans parfum, Calaïs fait tomber au ras des routes nues Les feuilles qui, naguère écloses par les nues, Vêtaient si clairement d’ombre l’été défunt.

1110. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Elle parla « aux poètes comme on parle à des citoyens, à des héros ». […] Elle glorifie le lieu commun, préconise le plus humble bon sens, retourne le paradoxe pour le remettre à neuf, et prend pour son héros le vulgaire Chrysale.

1111. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Pour empêcher les nouveaux venus d’avoir le pas sur lui, il combat en héros, il chicane en avocat, il souffre en malade ; il éclate en expressions douloureuses comme s’il était coudoyé par des laquais. […] Rien de tout cela n’étonne quand on se souvient qu’après la condamnation de Fénelon, un jour, disputant avec le duc de Charost sur Fénelon et Rancé, il cria : « Au moins mon héros n’est pas un repris de justice. » M. de Charost suffoquait.

1112. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Chenavard ou Puvis de Chavannes n’ont pas de crayons plus nobles dans la série de leurs graves esquisses : Poëte, oubliais-tu les bas-reliefs antiques Racontant la naissance et le progrès des arts, Le soc, le bœuf, la ruche et les essais rustiques Faits par les jeunes gens sous les yeux des vieillards ; Partout, dans la campagne égale et spacieuse, Les efforts du labour, les merveilles du fruit, Et la rébellion farouche et gracieuse Des premiers étalons que le dompteur instruit ; Les sages ; l’alphabet écrit dans la poussière ; La chasse aventureuse et l’aviron hardi ; Les murailles, les lois sur les livres de pierre, Et l’airain belliqueux pour l’épaule arrondi ; Les femmes dessinant les héros dans la trame ; Les artistes au marbre inculquant leurs frissons, Et le berger poëte, inventeur de la gamme, Suspendant le soupir à la chaîne des sons ?

1113. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Je m’engage, sous la responsabilité de ma tête, à les démentir. » Telle alors, dans cette crise sociale, se montra plus d’une femme de cœur sous l’inspiration même du péril : s’il y eut bien des furies, il y eut aussi partout des Romaines et des héroïnes.

1114. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

L’amour de la gloire peut s’abandonner ; la colère, l’enthousiasme d’un héros ont quelquefois aidé son génie ; et quand ses sentiments étaient honorables, ils le servaient assez ; mais l’ambition n’a qu’un seul but.

1115. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Pour la seconde fois, une figure idéale se dégage9 après celle du saint, celle du héros, et le nouveau sentiment, aussi efficace que l’ancien, groupe aussi les hommes en une société stable.

1116. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Je crois la voir donner la main à Mme Dacier, cette autre Clorinde de la naïve érudition d’antan  Mlle de Montpensier est une héroïne de Corneille, très fière, très bizarre et très pure, sans nul sentiment du ridicule, préservée des souillures par le romanesque et par un immense orgueil de race ; qui nous raconte, tête haute, l’interminable histoire de ses mariages manqués ; touchante enfin dans son inaltérable et superbe ingénuité quand nous la voyons, à quarante-deux ans, aimer le jeune et beau Lauzun (telle Mandane aimant un officier du grand Cyrus) et lui faire la cour, et le vouloir, et le prendre, et le perdre  Le sourire discret de la prudente et loyale Mme de Motteville nous accueille au passage  Mais voici Mme de Sévigné, cette grosse blonde à la grande bouche et au nez tout rond, cette éternelle réjouie, d’esprit si net et si robuste, de tant de bon sens sous sa préciosité ou parmi les vigoureuses pétarades de son imagination, femme trop bien portante seulement, d’un équilibre trop imperturbable et mère un peu trop bavarde et trop extasiée devant sa désagréable fille (à moins que l’étrange emportement de cette affection n’ait été la rançon de sa belle santé morale et de son calme sur tout le reste)  A côté d’elle, son amie Mme de La Fayette, moins épanouie, moins débordante, plus fine, plus réfléchie, d’esprit plus libre, d’orthodoxie déjà plus douteuse, qui, tout en se jouant, crée le roman vrai, et dont le fauteuil de malade, flanqué assidûment de La Rochefoucauld vieilli, fait déjà un peu songer au fauteuil d’aveugle de Mme du Deffand  Et voyez-vous, tout près, la mine circonspecte de Mme de Maintenon, cette femme si sage, si sensée et l’on peut dire, je crois, de tant de vertu, et dont on ne saura jamais pourquoi elle est à ce point antipathique, à moins que ce ne soit simplement parce que le triomphe de la vertu adroite et ambitieuse et qui se glisse par des voies non pas injustes ni déloyales, mais cependant obliques et cachées, nous paraît une sorte d’offense à la vertu naïve et malchanceuse : type suprême, infiniment distingué et déplaisant, de la gouvernante avisée qui s’impose au veuf opulent, ou de l’institutrice bien élevée qui se fait épouser par le fils de la maison !

1117. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Théodore de Banville Dans cette tête brune, chevelue, aux joues larges et d’un pur contour, à la barbe légère, calme comme celle d’un lion, fière comme celle d’un dieu, aux yeux doux, profonds, infinis, où le front olympien abrite la connaissance et les images de toutes les choses, où le nez droit, large à sa naissance, est d’une noblesse sans égale, où sous la légère moustache, écartée avec grâce, les lèvres rouges, épaisses, d’une ligne merveilleusement jeune, disent la joie tranquille des héros, dans cette noble tête aux. sourcils paisibles, qui si magnifiquement repose sur ce col énergique de combattant victorieux, superbe dans ce blanc vêtement flottant et entr’ouvert sur lequel est négligemment noué un mouchoir aux raies de couleurs vives, — 

1118. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Emilia épouse un compagnon de Polipo, chez qui elle a été logée ; remarquez que cette héroïne ne paraît pas dans la pièce.

1119. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Il nous est facile à nous autres, impuissants que nous sommes, d’appeler cela mensonge, et, fiers de notre timide honnêteté, de traiter avec dédain les héros qui ont accepté dans d’autres conditions la lutte de la vie.

1120. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Les premiers chrétiens sont des visionnaires, vivant dans un cercle d’idées que nous qualifierions de rêveries ; mais en même temps ce sont les héros de la guerre sociale qui a abouti à l’affranchissement de la conscience et à l’établissement d’une religion d’où le culte pur, annoncé par le fondateur, finira à la longue par sortir.

1121. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Il ne reste que le héros incomparable de la Passion, le fondateur des droits de la conscience libre, le modèle accompli que toutes les âmes souffrantes méditeront pour se fortifier et se consoler.

1122. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Les actions réflexes, les actes habituels sont de cette nature, « Les actes volontaires se distinguent des actions réflexes par l’intervention d’une conscience, et le phénomène est très remarquable, en ce qu’il nous introduit, pour ainsi dire, dans un nouveau monde Nous sommes même libres, si cela nous plaît, de dire que l’esprit est une source de puissance ; mais nous devons alors entendre par esprit la conscience jointe à tout le corps, et nous devons aussi être prêts à admettre que l’énergie physique est la condition indispensable ; la conscience, la condition accidentelle187. » V « Tout ce qui a été exposé jusqu’ici188 relativement aux actions volontaires des êtres vivants, implique la prédominance d’une uniformité ou d’une loi dans cette classe de phénomènes, en supposant toutefois une complication de nombreux antécédents qui ne sont pas toujours parfaitement connus. » La pratique de la vie s’accorde en général avec cette théorie : nous prédisons la conduite future de chacun d’après son passé ; nous appelons Aristide un juste, Socrate un héros moral, Néron un monstre de cruauté.

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