Voici déjà, exprimées par Christophe Gluck, de fortes émotions d’une grandeur quasi antique. […] Et si maintes nuances nous échappent fatalement, entre tant de nuances diverses, nous percevons cependant la grandeur de l’ensemble. […] Mais la gloire de M. de Villiers, l’aspect sous lequel se réalise vraiment la grandeur aristocratique de sa nature, c’est la prestigieuse musique de ses phrases passionnées. […] Nous les revoyons de même âge, de même grandeur, malgré la différence de leurs formes ; et depuis qu’on lésa abattus le jardin nous semble désert ; et tous deux nous ont donné tant d’abri que nous aurions peine à savoir désormais lequel des deux nous en a donné davantage.
Le chevalier d’Aydie, dans sa jeunesse, offrait plus d’un de ces traits qui s’adaptent d’eux-mêmes à un héros de roman ; Voltaire, écrivant à Thieriot et lui parlant de sa tragédie d’Adélaïde du Guesclin à laquelle il travaillait alors, disait (24 février 1733) : « C’est un sujet tout français et tout de mon invention, où j’ai fourré le plus que j’ai pu d’amour, de jalousie, de fureur, de bienséance, de probité et de grandeur d’âme.
Le successeur de Royer-Collard fut éloquent, égal à son sujet, le dominant presque, et s’y mouvant avec aisance et grandeur.
Il habite volontiers parmi les grandeurs et les étonnements de l’autre monde.
C’est que la Réalité est une grande païenne … Un autre endroit a de la grandeur : c’est lorsque le curé de Marsailles, ayant absous Valère, s’agenouille à son tour ; se confesse à son pénitent, le remercie de l’avertissement courageux qu’il a reçu de lui sur ses prudences de prêtre-fonctionnaire… Mais vous trouverez que ce sublime-là sent trop la calotte, et vous préférerez sans doute ce doux entremetteur d’abbé Constantin.
Zola, en grandeur naturelle, peint par Manet, il y a dix ans.
La seconde dégagée, allongée, fluette dans sa grandeur élancée, avec des tournants et des rondissements d’arabesques, des extrémités arborescentes à la Daphné, est la femme de la Renaissance.
C’est un portrait de cette série, dont nous avons parlé, pendant qu’il faisait une esquisse de ma tête, et qu’il devait graver à l’eau-forte et que bien heureusement il n’a pas fait par ce procédé, qui lui aurait pris un temps énorme, étant donné la grandeur de ces images.
Vous voyez aussitôt surgir, dans ses grandes lignes simples, tout le paysage ; et en même temps surgissent tous les souvenirs héroïques qui ont la même simplicité dans la même grandeur.
Il est vrai que lorsqu’on parle de la petitesse de l’homme et de la grandeur de l’univers, c’est à la complication de celui-ci qu’on pense au moins autant qu’à sa dimension.
Amadis, c’est une tapisserie dont les figures se prolongent plus grandes que la grandeur naturelle. […] Peut-être nous autres, placés à distance plus grande, apprécierons-nous mieux la grandeur du chef des naturalistes et préfèrerons-nous l’entendre à nous scandaliser.
Dans l’obscurité de sa noire grandeur, avec l’unique réverbère qui éclaire sa cour d’honneur, je ne sais quel air de vétusté prend le palais de Rouher : il semble le domicile non de choses d’hier, mais de très vieilles choses mortes. […] Non, non, il n’y a plus, derrière ce mot République, une religion, un sentiment faux, si vous voulez, mais un sentiment idéal qui transporte l’humanité au-dessus d’elle et la fait capable de grandeur et de dévouement.
Les Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains. — À quelle intention Montesquieu a écrit cet ouvrage ; — et si peut-être il n’y faut voir qu’un « fragment » de l’Esprit des lois ; — ou si l’auteur s’est vraiment proposé d’y rivaliser « avec Tacite et avec Florus » ? […] Bengesco, Bibliographie, I, 373 et suiv.]. — De l’emploi des témoignages oraux dans le Charles XII ; — et qu’ils font une partie de la valeur du livre. — Les commencements de l’histoire philosophique dans le Charles XII [Cf. l’Essai sur les guerres civiles et les notes de La Henriade] ; — et, à ce propos, du mélange curieux d’admiration et d’indignation que Voltaire éprouve pour son héros. — Zaïre, 1732. — La publication des Lettres philosophiques, 1734. — Portée du livre et combien elle dépasse celle des Lettres persanes ; — si surtout on a soin de n’en pas séparer les Remarques sur les Pensées de Pascal ; — qui en sont contemporaines. — Le contenu des Lettres. — Religion et tolérance [Lettres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7]. — Gouvernement, politique et commerce [8, 9, 10]. — Science et philosophie [11, 12, 13, 14, 15, 16, 17]. — Littérature anglaise et condition des gens de lettres [18, 19, 20, 21, 22, 23, 24]. — De quelques idées communes à Voltaire et à Montesquieu : — sur la grandeur de l’institution sociale ; — sur les dangers de la religion, — Tantum, religio potuit suadere malorum !
La Femme de Claude nous a fort amusés l’autre soir par la curiosité même de sa constitution, — émus aussi par la grandeur des sentiments qui y sont traduits et l’importance considérable des idées qui y sont affirmées ou débattues. […] La scène a quelque grandeur. […] — il n’a perçu ni le moment où le premier consul a cessé d’être le soldat de la Révolution, ni le moment où l’empereur a commencé d’être le conquérant inique et dévorateur et, proprement, l’ennemi du genre humain ; et, accoutumé à confondre la grandeur de Napoléon avec l’intérêt de la France, il n’a su démêler ni le point où celui-ci se séparait de celle-là, ni le point où celle-là devenait injuste, oppressive, odieuse. […] Et je dois vous parler aussi de la douce petite aveugle Marguerite de Berghen, mystique amoureuse de Napoléon, qui le voit des yeux de l’âme, qui l’adore dans sa grandeur, jouit de sa gloire et languit de son déclin.
Il s’étale en plaques miroitantes sur les surfaces lisses du dallage, étoile de ses lueurs les boiseries brunes, avive de ses clartés l’éclat sévère du bronze, s’applique en feuilles minces aux parois de la nef, resplendit au cœur des rosaces épanouies, croise ses lamelles comme un treillis de roseaux clissés, scintille et flamboie avec un éclat fixe, surtout aux heures chaudes où le soleil, à travers les baies des colonnades bleues et rouges, darde, vers cet amoncellement de richesses, des flèches de feu… Tout autour de la salle, courent de hauts lambris teints de cinabre, et séparés en panneaux d’égale grandeur par de larges bandes, couleur d’or, qui se reflètent dans le pavé de marbre. […] Il vit un décor immense et mobile, si riche en métamorphoses, si prodigue de couleurs et de formes, en même temps si paisible malgré son apparente agitation, si doux et si avenant, malgré sa grandeur, que l’œil en était réjoui et le cœur apaisé : c’était la nature. […] Ce noble poète a eu l’ambition de dominer le bruit des paroles vaines, des clameurs éphémères, des luttes sans grandeur, des colères sans motif, des amours sans espérance et des passions sans but.
Max Leclerc est un homme actif qui, au sortir de l’École des sciences politiques, alla 1º au Brésil, où il vit quatre ou cinq révolutions et fut l’ami de plusieurs généraux olivâtres ; 2º en Allemagne, où il étudia spécialement des magistrats provinciaux, 3º en Amérique, où il monta au Capitole, observa les grandeurs et les décadences du saindoux, surprit des fraudes électorales, interviewa des curés démocrates et faillit périr dans un déraillement. […] Quels moyens de préparation ont été mis à la portée de cette élite, que nous rencontrons sur tous les points du globe, toujours prête, toujours en nombre, adaptée à toute la variété des œuvres à accomplir, ouvrière infatigable de la grandeur nationale ? […] La nuit opaque, où le train fuyait, prenait, pour eux, une grandeur spéciale comme un creuset de métamorphoses. […] Albert Sorel, c’est de là que les Russes tiennent leur foi, leur foi orthodoxe qui est chez eux le grand lien de la nationalité ; c’est de là aussi que vient leur politique, que procède toute leur destinée. » Ainsi se fondait, sur des traditions lointaines, sur des souvenirs enracinés dans l’âme des peuples, l’imposant édifice de la grandeur russe.
Saluons l’apparition dans un ciel brumeux d’une étoile nouvelle, étoile de moyenne grandeur et d’éclat modéré, mais ayant ses rayons à elle et non une lueur de reflet. […] quelques railleurs, et il y en a toujours contre tout ce qui est noblesse, générosité, grandeur de vues — excelsior en un mot (un des mots de M. […] La simplicité dans la grandeur, l’art atteignant les plus puissants effets sans que l’on sente l’art, voilà ce qu’on ne peut trop admirer.
« Les parents de Pasteur avaient une façon élevée de juger la vie, de l’apprécier avec ce goût de perfection morale qui seul donne à l’existence, si humble qu’elle soit, sa dignité et sa grandeur. » Voilà l’héritage intellectuel dont Pasteur portait en lui le dépôt, le milieu moral où son caractère s’était formé. […] Si j’ai toujours associé la grandeur de la science à la grandeur de la patrie, c’est que j’étais imprégné des sentiments que tu m’avais inspirés.
Ces trois portraits, de même grandeur, étaient de larges et solides peintures ; on voyait que les Kobus avaient toujours eu de quoi payer grassement les artistes chargés de transmettre leur effigie à la postérité.
Il y a un voile de grandeur ou de divinité sur d’autres grotesques.
Soulève enfin ton front cicatrisé ; Sans qu’à tes yeux leur gloire en soit flétrie, De tes enfants l’étendard s’est brisé… De tes grandeurs tu sus te faire absoudre, France, et ton nom triomphe des revers.
Or, il ne fallait, pour faire un théâtre unique, splendide, magnifique, un théâtre qui réunît en lui les qualités de tous les autres théâtres enfin, que reprendre l’œuvre d’édification où M. le baron Taylor l’avait abandonnée ; il fallait dire au roi : « Sire, la grandeur des souverains n’est pas toujours en eux-mêmes, mais quelquefois aussi dans les hommes qui les entourent. » Il fallait dire aux ministres : « Excellences, dans une époque où l’on demande et où l’on obtient des chambres cent vingt millions pour les monuments publics, et deux cents millions pour les fortifications de Paris ; demandez donc de temps en temps un demi-million pour l’art. » Il fallait dire au peuple : « Peuple, écoute et regarde », car toutes les idées politiques, philosophiques, sociales, contemporaines, sont dans ce théâtre, ce journal qui se lit à haute voix chaque soir à Paris devant quarante mille spectateurs ; en France, devant cent mille.
Je ne conteste point la grandeur farouche de son abbé Tigrane113, la merveilleuse psychologie dont il a éclairé Lucifer114 et Barnabé115 Mais j’avoue mon faible pour Monsieur Jean, une de ses dernières œuvres, et la plus parfaite : ce coin d’idylle du Quercy, avec ses châtaigneraies, ses sonneries de cloche, le petit Jean sur l’âne du maire, et la figure sauvage de Merlette à chaque tournant de route ; et je trouve aussi que le style de M. […] La réalité se déforme naturellement pour lui, comme pour ces bœufs dont on dit qu’ils voient les objets quatre fois au-dessus de leur grandeur vraie.
Au second cas, abstraitement, sans décors, ou en tel décor qui n’est qu’un rythme, il synthétise sa douleur spéciale et personnelle non telle qu’elle fut subie, mais telle qu’elle demeure à travers les transfigurations de tant d’errances et de stagnances à la vie et dans les idées ; et c’est ce point spécial de s’être refusé à toujours dire ses sensations dans les modes amples mais roides d’une anecdote ou d’une fresque, de faire parler sa voix par celle d’une effigie de comédien, qui fait la grandeur de Verlaine, et le caractérise, et fixe sa place parmi l’évolution des vrais poètes. […] Les poèmes de la première période (il a quinze ans) ne sont point sans réminiscences d’Hugo et de Musset, c’est à Hugo qu’il emprunte ce Forgeron : Le bras sur un marteau gigantesque, effrayant D’ivresse et de grandeur, le front vaste, riant Comme un clairon d’airain avec toute sa bouche Et prenant ce gros-là dans son regard farouche, Le Forgeron parlait à Louis XVI, un jour Que le Peuple était là, se tordant tout autour Et sur les lambris d’or traînant sa veste sale. […] Quoi qu’il en soit de l’avenir de la poésie française que tout fait prévoir beau, abondant et varié, si on veut la caractériser brièvement au cours du xixe , on peut dire que ce siècle vit l’éclosion du romantisme — préparée depuis le dernier quart du xviiie —, vit sa croissance, sa grandeur, sa maturité, et sa métamorphose en nouveaux éléments.
Les relations de ce que l’on appelle le physique avec le moral ne seraient plus soumises à l’empire de lois précises, mais seraient dans un état de tiraillement anarchique, ou de caprices, dans un état contraire à l’harmonie de la nature, sans vérité et sans grandeur. […] A, grains de blé niellé de grandeur naturelle. […] Un autre trait commun est encore la grandeur de l’effet comparée à la masse très faible du ferment.
Rien n’est écrit ici pour rendre un paysage, rien n’y sert qu’à exprimer une émotion, et c’est par un choc en retour naturel que l’émotion de l’artiste se transpose en un paysage lui-même ému… Cette manière, on la saisira plus clairement, peut-être, en rapprochant de cette vue de Tolède une vue du Taygète, dans le Voyage de Sparte, où toutes les valeurs, parfois les expressions, sont disposées de même : « Que de force et de grandeur dans les mouvements du Taygète, quand il s’appuie largement sur la plaine conseillère de voluptés, et qu’il se jette par cinq pointes neigeuses dans le ciel ! […] Or, le mot de Saint-Simon, qu’il était né avec un esprit au-dessous du médiocre, non seulement n’est pas faux, mais s’incorpore parfaitement à ce genre de grandeur, et Saint-Simon, dans le portrait qu’il fait du roi, sait bien lui-même l’y incorporer. […] Elles aussi ont déraciné des chênes, elles se sont battues, non pas quatre jours et quatre nuits, mais des années, toute leur vie, et toujours avec grandeur, et toujours avec loyauté, toujours avec générosité. […] Il saisira Balzac dans son unité et sa totalité, comme génie créateur, qu’aucune formule n’enferme, et qui, de la matière donnée dans un temps, a produit dans un ordre de grandeur éternelle une image de l’univers et de l’humanité. » En même temps que paraissait en Allemagne le Balzac où Ernest Curtius s’efforçait de réaliser, au moins en partie, ce programme, M.
Rien ne vaut mieux, pour se donner dès l’abord la mesure de son génie, que de voir avec quelle facilité il se rattache à son siècle, et comment il s’en détache aussi ; combien il s’y adapte exactement, et combien il en ressort avec grandeur.
Je n’aime pas plus que vous la fausse grandeur, le jargon des ruelles et les marquis portant des perruques de mille écus8 ; je conviens avec vous que cent cinquante ans d’Académie Française nous ont furieusement ennuyés.
Oubliez, en effet, la différence des genres et la supériorité de la grandeur tragique sur la verve comique ; et, cette différence des deux genres admise, comparez les deux écrivains au point de vue de la perfection de leur ouvrage.
* * * Négligeant ce qu’elle possède d’émotion et de grandeur, je voudrais insister davantage sur l’humanité de cette doctrine d’art.
Dès la première phase du développement de l’arbre, plusieurs des rameaux qui auraient pu devenir plus tard des branches principales se sont desséchés et sont tombés ; et ces branches perdues, de grandeurs diverses, peuvent représenter ces ordres entiers, ces familles, ces genres qui n’ont aujourd’hui aucun représentant vivant, et qui ne nous sont connus qu’à l’état fossile.
Nous ne voyons plus devant nous une surface plane, nous voyons à leur vraie distance, en grandeur naturelle et dans leur forme juste, les objets représentés. […] Il doit être aussi variable que celui qui s’établit dans la parole émue, par exemple lorsque nous décrivons un spectacle émouvant auquel nous avons assisté, entre la pensée que nous voulons exprimer et les intonations de notre voix ; tantôt ces intonations répondent à l’émotion que nous avons éprouvée, tantôt par une sorte de mimique symbolique elles se font semblables aux objets dont nous parlons, elles en figurent de quelque manière le mouvement, la grandeur, le caractère et jusqu’à la forme même.