Notre fondateur d’empires arriva dans cette ville, avec un écu dans sa poche: il est vrai qu’uniquement touché de sa grandeur future, il ne songeait guère à sa misère présente. […] Assis à ses côtés, il ne regrettait ni les grandeurs de la Russie ni les délices de la Pologne ; ce qu’il eût voulu ressaisir de lui-même, c’étaient les premières émotions de son enfance et les mouvements si purs d’une âme encore innocente. […] Mais la Providence, qui vient à notre secours lorsque nous ne voulons que les biens nécessaires, en réservait un à madame de la Tour, que ne donnent ni les richesses ni la grandeur ; c’était une amie. […] » Mais dans ce moment, une montagne d’eau d’une effroyable grandeur s’engouffra entre l’île d’Ambre et la côte, et s’avança en rugissant vers le vaisseau, qu’elle menaçait de ses flancs noirs et de ses sommets écumants.
Pour lui, l’important, c’est de trouver un grand sujet et une grande idée, et toujours, dans tous ses Salons, c’est au point de vue de l’idée qu’il discute le tableau qu’il a sous les yeux, ou qu’il l’invente quand le sujet abordé par le peintre lui semble manquer d’idéalité ou de grandeur. […] L’Encyclopédie est, dans l’ordre de la pensée et de l’érudition philosophiques, ce que furent, dans l’ordre de l’art, les cathédrales du moyen âge, — mais avec cette formidable différence que le sentiment qui animait les grands artistes du moyen âge a eu beau perdre de son énergie, de sa profondeur et de sa beauté dans le cœur des nations modernes, les magnifiques chefs-d’œuvre qu’on leur doit n’en existent pas moins à l’état de chefs-d’œuvre, enlevant d’admiration ceux qui les contemplent, tandis que l’Encyclopédie, dont on croyait faire quelque chose comme une cathédrale de Cologne ou de Strasbourg de l’impiété, ne fait plus guères l’effet que d’une masse informe, incohérente, sans grandeur réelle, dont se détournent également à cette heure l’imagination et la raison des hommes. […] … Ainsi, dernièrement, la Correspondance de Balzac fraîchement ouverte a laissé s’élever au-dessus d’elle un Balzac qui y était contenu dont on n’avait vu jusque-là que la grandeur intellectuelle, et dont on ignorait la grandeur morale.
Nous nous sommes complu à nous figurer que nous étions, dans l’histoire, le peuple martyr et que nous avions notre grandeur à bien subir notre passion. […] Lisons Servitude et grandeur militaires : « Vers la fin de l’Empire, je fus un lycéen distrait. […] Depuis la publication de Servitude et grandeur militaires en 1835, et jusqu’à l’année 1843, pendant sept ans, il n’écrit pas. […] L’idée modifie le sentiment ; elle lui donne plus de grandeur, une beauté plus pathétique. […] André Gide, dans le démêlé auquel nous assistons et qui confère à la littérature d’aujourd’hui sa grandeur.
Comme les Dieux au ciel, sur la terre les Rois Établissent aussi des souveraines lois : À la grandeur des Dieux leur grandeur se figure Comme au vouloir des Dieux leur vouloir se mesure. […] Nous le savons ; nous le sentons ; et que c’est là même une partie de la grandeur du spectacle ! […] Elles vous expliquent, en effet, — et nous y reviendrons sans doute, — le caractère de grandeur de notre tragédie classique : elles en font l’une aussi des impérissables beautés. […] De ne reculer devant aucun crime pour perdre une rivale ou pour conquérir un trône, il n’y verra qu’une preuve de résolution ou de volonté, de « grandeur d’âme » au besoin, comme il l’a dit lui-même de sa Cléopâtre. […] Il règne dans son Rhadamiste un air de grandeur et d’héroïsme qui rappelle quelquefois Corneille, et vous avez vu que, de loin en loin, des accents y vibraient qui ne sont pas indignes de Racine.
Car de petits êtres comme nous ne sont pas capables de garder en eux la grandeur de pareilles œuvres ; il faut que de temps en temps nous retournions vers elles pour rafraîchir nos impressions (12 mai 1825). […] Et quelle grandeur ! […] S’il convient déjà que le vainqueur, favorisé par le sort des armes, confirme par son témoignage que l’humanité doit beaucoup à la grandeur intellectuelle du vaincu, les Allemands, eux, ont contracté une dette toute particulière envers Molière. […] Et ce n’est plus seulement le bon sens qui raille ou s’indigne, il y a là une grandeur véritable, je ne sais quoi de plus profond, un sentiment plus élevé, une conception plus humaine et plus haute. […] Mais Molière (et c’est là sa grandeur suprême) est non seulement français, étroitement, purement français, par son horreur de toute hypocrisie, son amour de la vérité, de la netteté absolue dans les actions et dans les paroles, dans la vie et dans le style ; Molière est en outre profondément humain.
Je reconnais volontiers, avec Mme Sand, la grandeur du sujet, et, plus libéral qu’elle envers elle-même, je reconnais qu’elle en a tiré le plus souvent un grand parti, par l’intérêt de l’intrigue, le charme étrange de certaines situations, la vive peinture des sentiments et des caractères. […] Il y a une certaine grandeur morale, même dans une faute, à s’en reconnaître le libre auteur, plutôt que d’en chercher la lâche excuse dans une fatalité que nous faisons nous-mêmes en y croyant. […] Et ainsi l’âme, en retrouvant la figure humaine, se détend de la grandeur trop austère que lui imposent les cimes et les torrents. […] C’est qu’en effet la nature nous écrase de son silence et de sa grandeur quand la voix de l’homme ne vient pas l’émouvoir, quand ses muettes harmonies n’expriment pas une âme imaginaire que la nôtre conçoit et interprète. […] Elle arrive au comble de son art quand elle unit ces deux inspirations l’une à l’autre, et que, mêlant l’âme de l’homme à la nature, elle attendrit le paysage et ajoute à la grandeur la sympathie.
« Ce n’est pas la gaieté qui me plaît dans la lumière ; ce qui me ravit, c’est la précision qu’elle donne aux contours, et de tous les attributs propres à la grandeur, le plus beau, selon moi, c’est l’immobilité. […] « Et de ce tableau, que je copie sur nature, mais auquel il manquera la grandeur, l’éclat et le silence, et que je voudrais décrire avec des signes de flamme et des mots dits tout bas, je ne garderai qu’une seule note qui contient tout : “Bois en paix.” » « Bois en paix » est l’inscription arabe qui se trouve sur les tasses où les voyageurs boivent le café. […] « Que l’homme puisse rêver le rêve de Dieu et reconstruire dans sa monade l’architecture de l’infini, c’est là sa grandeur. » Non, ce n’est pas la grandeur. C’est une grandeur infinie où la grandeur de l’homme s’annule. […] Or, il nous faut, pour nous rendre compte de l’importance et du sérieux profond d’Amiel, surmonter le même obstacle et briser la même coque dure que pour saisir la grandeur de ce provincial qu’était Corneille.
Si vous voulez bien songer que Molière a écrit le rôle du Misanthrope, et vous représenter tout ce que ce rôle suppose de noblesse et de grandeur naïves, si vous voulez voir, par ce rôle d’Alceste, combien la nature avait fait l’âme de Molière grande et cornélienne, combien il était naturellement fait pour sentir toutes les joies et tous les bonheurs d’une vie foncièrement régulière et foncièrement honnête, et si après cela vous songez à Madeleine Béjart et à mademoiselle de Brie, à tout ce mélange affreux, vous conclurez avec moi qu’il a dû bien souvent ressentir le remords, l’hypocondrie de cette dégradation de sa grandeur naturelle ! […] Je ne dis pas qu’elle a tort ; c’est en effet par leurs aspects de sérénité, de grandeur, de forte conception qu’il faut les voir, si on ne veut les voir qu’en masse ; mais si on veut les étudier de plus près, les connaître distinctement, il faut détruire, et il faut essayer de ressusciter l’homme en chair et en os. […] CÉSAR Pour moi, je ne me suis jamais complu dans le spectacle de ma grandeur, et ce n’est pas maintenant que j’en voudrais faire un étalage. […] J’ai fait plus ; je ne me suis point irrité que Diogène méprisât ma grandeur parce qu’il méprisait également tout, et que, content de son tonneau, il ne prétendait pas gouverner le monde de concert avec moi. […] Un Montmorency qui n’était jamais sorti de son château ne pesait guère à côté de Masséna, devenu de simple soldat maréchal et sauveur de la France à Zurich ; mais il accablait de toute la grandeur de ses aïeux le duc de Gênes, petit-fils de quelque tabellion de village.
Il y a là une sorte de grandeur obscure et qui donne à rêver. […] Il en a indiqué la grandeur. […] C’est une œuvre terrible et farouche, d’une grandeur sauvage. […] Le grand poème de la Peau de bête est d’une puissance farouche, d’une sinistre grandeur. […] Cette belle figure émeut d’abord par sa grandeur et sa mélancolie hautaine.
Quelle est cette précieuse dont nous parle Somaize, « qui ne s’est pas seulement acquis, nous dit-il, beaucoup d’estime par sa beauté, mais encore par la grandeur de son âme et dont l’esprit ne s’est pas seulement arrêté à la bagatelle, mais s’est élevé jusqu’aux affaires de la première importance » ? […] Je dis seulement que sa grandeur n’est point faite de son isolement, et que, pour dépasser ses rivaux de toute la tête, il n’en est pas moins de leur famille. […] C’est qu’aussi bien, en même temps qu’une époque de l’histoire des mœurs, le changement en marquait une aussi de la grandeur française ; et, parmi tout cela, du milieu même des divertissements, l’action du maître se faisait sentir : l’énergie de sa volonté, la puissance de son application, l’ubiquité de son regard et le poids de son bras. […] On a soulevé là-dessus la question de savoir si « les caractères de grandeur qui distinguent le plus singulièrement le xviie siècle ne tiendraient pas à la marche générale de la civilisation européenne plutôt qu’à l’influence et aux destinées de la France ? […] VII, p. 107, p. 162]. — Comment la noblesse et la grandeur y dégénèrent : — en affectation [Nicomède, t.
Et de là vient sa véritable grandeur. […] Jusqu’à la fin, le génie de Poe s’est développé et a vécu dans une solitude tragique, sans que personne se soit trouvé pour en deviner la grandeur. […] William Morris, ce sont eux qui ont le plus hautement affirmé la grandeur de son œuvre. […] Zola, il rappelle, avec des accents de hautaine mélancolie, la grandeur de son entreprise, sa patience, ses luttes, et l’injustice des hommes. […] dans Pauvreté n’est pas vice, la pitié, l’universelle indulgence, ont trouvé une expression d’une éloquence, d’une grandeur extraordinaires.
Mme Bonaparte, après le radieux éclat de la première campagne d’Italie, se trouvait déjà un peu veuve, un peu répudiée, ce semble, et en proie à mille gênes comme à mille soucis, au sein des restes somptueux d’une première et passagère grandeur. […] M. de Chateaubriand porte de la grandeur, même dans la grâce ; je me figure qu’Homère eût été Homère encore jusque dans les proportions de l’Anthologie.
Il a parlé comme un ancien de la saison « où les tièdes zéphirs ont l’herbe rajeunie », quand tout aime et quand tout pullule dans le monde, « monstres marins au fond de l’onde, tigres dans les forêts, alouettes aux champs. »112 Il a retrouvé à l’occasion la grandeur et la magnificence de Lucrèce. […] Il est opprimé, quoique puissant, parce qu’il est laboureur et pacifique. « Il s’avance à pas lents, il rumine tout le cas dans sa tête » avant de prononcer la sentence ; et il la prononce avec le sérieux solennel et la grandeur majestueuse que les anciens avaient sentis lorsqu’ils ont comparé ses yeux à ceux de Junon.
Elle n’aurait pas échappé aux désordres inévitables dans un pays de premier mouvement, passionné par la grandeur même de ses dangers. […] Son rôle n’a que la parade de la véritable grandeur d’âme.
Les Tassi, race noble et militaire, déjà connus au douzième siècle, avaient leur château dans les environs de Bergame, non loin de Mantoue, terre féconde, qui ne paraît pas, au premier aspect, favorable à l’imagination, mais qui voit d’en bas les Alpes d’un côté, les Apennins de l’autre, et à qui ces deux hauts horizons noyés dans un ciel limpide inspirent on ne sait quelle grandeur et quelle élévation sereines, qu’on retrouve dans Virgile, dans le Tasse, dans Pétrarque, tous poètes de la basse Italie. […] « La fortune », dit-il dans cette lettre, « non contente de toutes mes adversités passées, vient, pour me rendre complètement malheureux, de m’enlever cette jeune et charmante femme, mon épouse, et de détruire par cette mort toute espérance de félicité pour moi, le seul soutien de mes pauvres enfants et la seule perspective de consolation qui me restât pour mes vieux jours ; je la pleure nuit et jour et je m’accuse de sa mort, parce que je n’aurais jamais dû, par une vaine ambition de grandeur, ou par un attachement trop grand à mon prince, l’avoir abandonnée ainsi que mes petits enfants et le gouvernement domestique de ma maison, entre les mains non de ses frères, mais plutôt de ses plus cruels ennemis !
« Giorgio, disait-il un jour avec enjouement à son ami Vasari, à l’époque où il remplissait déjà l’Italie de son nom et de ses œuvres, si j’ai eu quelque grandeur et quelque bonheur dans le génie, cela m’est venu d’être né dans la pauvreté et dans l’élasticité de votre air des collines d’Arezzo ; et c’est ainsi que je tirai, pour ainsi dire, du lait de ma nourrice, à Settignano, le ciseau et le maillet avec lesquels je fais mes figures. » III La famille de Ludovico Buonarroti devenue plus nombreuse avec les années, par la fécondité de sa femme, le père de Michel-Ange, pour élever ses fils, fut obligé de les mettre en apprentissage dans les manufactures de laine et de soie de Florence, qu’on appelait en Toscane les Arts, et qui, dans un pays gouverné par des artisans devenus princes, ne dérogeaient point à la noblesse des familles. […] Ce n’est point par la grandeur des États ou des titres, mais par la vertu seule que s’acquiert cet honneur, qu’il est glorieux de laisser à ses descendants.
Un officier indiscipliné, qui s’absente de son corps sans congé, grognon et grincheux, médisant du métier, dont il sent la servitude et pas du tout la grandeur, un soldat qui ne voit de la guerre que l’horreur, la misère, la brutalité, la face laide et mesquine : voilà Courier au régiment674. […] Il fut emporté par son imagination : ce petit homme positif avait la religion du succès ; indulgent aux triomphateurs, la grandeur militaire l’éblouissait, et la gloire militaire l’enivrait.
Un instant, il nous montre la victoire d’un devoir incontestable (Horace), puis d’un devoir plus douteux (Polyeucte) sur la passion ; mais bientôt cela ne lui suffit plus : ce qu’il exalte, c’est le triomphe de la volonté toute seule, ou tout au plus de la volonté appliquée à quelque devoir extraordinaire, inquiétant, atroce, et dans la conception duquel se retrouvent, avec la naïve et excessive estime des « grandeurs de chair » (Pascal), les idées de l’Astrée et de la Clélie sur la femme et les doctrines du XVIe siècle sur la séparation de la morale politique et de l’autre morale. […] Il suffit qu’ils aient, dans leur ordre, de la vérité, de la grandeur, de la beauté.
Tout entière construction du xiiie siècle, la théologie ressemble à une cathédrale gothique : elle en a la grandeur, les vides immenses et le peu de solidité. […] Plusieurs circonstances m’ont tout d’abord fait comprendre la grandeur du sacrifice que Dieu exigeait de moi, et dans quel abime me précipitait le parti que me conseille ma conscience.
Eux les naturels et les simples, pour qui aucune grandeur n’excédait la stature humaine, et qui, dans l’âge même de leurs monarchies héroïques, voyaient les rois d’Homère traités par leurs guerriers comme des compagnons couronnés. […] Mais le risible se mêle à l’horrible, et le poète grec, tout en élevant à la grandeur lyrique ces mômeries barbares, raille évidemment le roi méprisable qui s’étourdit avec leur vacarme.
Il y avait, chez ma mère, une femme de chambre jolie, ayant l’air bête, mais vous savez, il y a quelques figures, où l’air bête met une grandeur. […] Il répond : « La grandeur !
Cet air des salons donne à la poésie des finesses au lieu de grandeur. […] XXV Le retour dans la patrie, après le voyage en Italie où je l’avais rencontrée, n’est pas exprimé avec moins de simplicité et de grandeur : …………………………………………………… Que j’aime ces vallons où serpente l’Isère !
Elle se croit la grandeur et la beauté. […] Grande image, qui exprime bien le saisissement de qui l’a écrite, et qui, en la dressant dans sa grandeur, voulait faire partager aux autres le saisissement de son âme !
Il apostrophe ceux qui ne rougissent point des vertus et grandeurs paternelles, et qui se sentent de force à en soutenir l’héritage ; il les supplie de lui tendre la main et de lui prêter secours.
Guizot : « Il a la force, mais M. de Serre avait la grandeur ; son éloquence à lui se passait dans une région supérieure, — que vous dirai-je ?
Indépendamment des défauts et des torts corrélatifs, pour ainsi dire, à ses qualités, comme chez Rousseau, il en a de gratuits et par surérogation comme menteur, mal élevé, ami de Richelieu, sans décence et sans dignité dans sa grandeur.
Quand on peint un héros prêt à perdre l’existence, le souvenir de ce qu’il a fait, la grandeur de son caractère, captivent tout l’intérêt.
Rabelais seul avait « la tête épique », et serait le poëte national par l’espèce des idées et la grandeur des conceptions, si la folie de l’imagination, l’énormité de l’ordure et la bizarrerie de la langue ne l’avaient réduit à un auditoire d’ivrognes ou d’érudits.
Calinon dans un mémoire récent (Étude sur les diverses grandeurs, Paris, Gauthier-Villars, 1897) : « Une des circonstances d’un phénomène quelconque est la vitesse de la rotation de la terre ; si cette vitesse de rotation varie, elle constitue, dans la reproduction de ce phénomène une circonstance qui ne reste plus identique à elle-même.
Quant à l’ascétisme pur, il restera toujours, comme les pyramides, un de ces grands monuments des besoins intimes de l’homme, se produisant avec énergie et grandeur, mais avec trop peu de conscience et de raison.
La grandeur des personnages était donc bien importante !
Je ne cache pas leur grandeur, car la gloire en a une aussi.