La parfaite convenance, cet instinct de justesse dans toutes les conditions, qui donne aux bergers, comme aux rois, la même dignité et la même grâce d’attitude ou d’accent, gouvernait toute sa personne. […] Le jeune homme nous récita quelques vers, dans ce doux et nerveux idiome provençal qui rappelle tantôt l’accent latin, tantôt la grâce attique, tantôt l’âpreté toscane. […] si dans un verre d’eau vous aviez vu cette gentillesse et cette grâce reflétées, d’un trait vous l’auriez bue ! […] — « C’est bien vrai, Mademoiselle, dit le jeune apprenti ; mais la soif s’étanche aussi bien par l’agacement d’une groseille aux dents que par l’eau de toute la cruche ; et si, pour trouver de l’ouvrage, il faut essuyer les injures du temps, tout de même le voyage a ses moments de plaisir, et l’ombre sur la route fait oublier le chaud. » Le récit que Vincent fait de ses voyages à la jeune fille est incomparable en grâce, en vérité, en nouveauté et cependant en poésie. […] « Et le cantique de la mort résonnait là-bas dans la vieille église, etc., etc. » XXIX Voilà la littérature villageoise trouvée, grâce et gloire à la Provence !
Rien de douloureux, dans ces pays limitrophes de la France, comme un dîner de table d’hôte, ce dîner jusqu’à ce jour, où régnait le Français par le droit de la grâce, de l’esprit, de la gaîté ! […] princesse, vous ne savez pas quel service vous avez rendu aux Tuileries, combien votre salon a désarmé de haines et de colères, quel tampon vous avez été entre le gouvernement et ceux qui tiennent une plume… Mais Flaubert et moi, si vous ne nous aviez achetés, pour ainsi dire, avec votre grâce, vos attentions, vos amitiés, nous aurions été tous deux des éreinteurs de l’Empereur et de l’Impératrice. » Samedi 14 novembre Fin de journée assez grise. […] Je veux laisser un souvenir de cette pièce, qui fut vraiment pendant l’Empire, l’aimable domicile du gouvernement de l’art et de la littérature, le gracieux ministère des grâces. […] Lundi 16 novembre La princesse a une qualité charmante, une certaine grâce de cœur à regretter les amis qui partent. […] Ce petit ménage a le débraillé et la grâce d’un ménage d’étudiant.
Les gens que vous avez le plus écoutés autrefois sont infiniment secs, raisonneurs, critiques, et opposés à la vraie vie intérieure5 : si peu que vous les écoutassiez, vous écouteriez aussi un raisonnement sans fin, et une curiosité dangereuse qui vous mettrait insensiblement hors de votre grâce, pour vous rejeter dans le fond de votre naturel. […] Pourtant, comme il se mêle à tout cela bien de l’irréflexion et de la mode, selon notre usage français de tous les temps, il arrivera que pendant la très courte année où le duc de Bourgogne, devenu Dauphin après la mort de son père, se mettra un peu en frais de bonne grâce et en attitude de plaire, l’opinion se retournera subitement en son honneur, célébrera en lui une transformation soudaine, et, quand on le perdra quelques mois après, il sera pleuré comme un prince irréparable, les délices trop tôt ravies du genre humain. […] Mais, au milieu de tout, cette nature délicate, pure, favorisée d’onction et ornée d’une grâce divine, se retrouve et prend le dessus.
Les grandes choses, et qui sont simples à la fois, ont été dites de bonne heure : les anciens moralistes et poètes ont dessiné et saisi la nature humaine dans ses principaux et larges traits ; il semble qu’ils n’aient laissé aux modernes que la découverte des détails et la grâce des raffinements. […] [NdA] Saint Paul, parlant le langage de la grâce, a dit, pour marquer cette diversité des conditions et des vocations : « Chacun tient de Dieu son don propre, l’un d’une façon, l’autre d’une autre. » (Première épître aux Corinthiens, chap. […] Un autre, au contraire, est égal en beauté aux immortels, mais la grâce ne couronne point ses paroles. » (Odyssée, VIII, 167.)
Grâce à ce retour en tous sens de la critique vers le passé, le voilà redevenu un sujet présent ; on s’occupe de lui. […] » Or, cette prière qui est, je l’ose dire, plus forte et plus pénitente que Santeul, et qui a trouvé grâce auprès de ceux mêmes qui ont parlé de lui le moins favorablement, c’est M. […] Au reste, sans être Santeul, on comprend la joie, l’enivrement presque légitime qui devait inonder son cœur lorsque lui, fragile, mais croyant et fidèle, perdu dans la foule, il entendait le chœur entier des lévites et de l’assistance entonner quelqu’une de ces hymnes aux nobles accents, dont l’une au moins, le Stupete gentes, a été comme touchée du souffle sacré et mérite, ce me semble, de vivre. — Dans ce vent soudain sorti du sanctuaire, et qui tend aujourd’hui à tout balayer de Santeul et à n’y rien laisser de sa mémoire, s’il était permis de faire entendre un humble vœu littéraire, je demanderais grâce pour une seule hymne de lui, et pour celle-là.
L’esprit et la grâce qui animaient ce petit corps, l’étincelle qui en jaillissait à la première rencontre, la hardiesse et l’aisance, le don de l’à-propos, un soin vif entrecoupé parfois d’un air de rêverie et rehaussé d’un grain de caprice, faisaient de lui la personne la plus agréable et la mieux accueillie, et en particulier, auprès des femmes et des grands. […] On jouait aux muses, on jouait aux grâces et aux nymphes. […] Pourtant on ne peut s’empêcher de remarquer que si Boileau avait ajouté à ses talents de poète et à sa finesse de critique les grâces et le monde de Voiture, son art de vivre sur un pied de familiarité avec les plus grands et de jouer sans cesse avec eux sans s’oublier, il eût mieux ressemblé à Horace.
Dans la seconde guerre, en 1745, la correspondance de Frédéric nous le montre plein de bonne grâce et d’attention pour ses frères, ayant encore l’élan de cœur de la jeunesse ; il écrit à la reine sa mère, du champ de bataille de Friedberg (4 juin 1745) : « Madame, nous venons de remporter une très grande victoire sur l’ennemi. […] Le prince Henri était très supérieur au précédent par les qualités de l’esprit, par la grâce en société et par les talents à la guerre : peu s’en faut même, si l’on en juge par certaines histoires et par des panégyriques de rhéteurs, qu’on ne le mette au niveau presque du grand Frédéric, et qu’on n’établisse entre eux une espèce de parallèle par contraste, une rivalité. […] Le prince Henri remercie le roi, il se dit touché de ses bontés et de ses grâces.
Grâce à Dieu, si nous vous enseignons l’Antiquité, ce n’est pas pour vous déporter dans un autre monde et vous dénaturer tout ensemble. […] Dans ces fastidieux sujets où la conclusion est donnée et où l’on enfonce des portes ouvertes, il s’égayait lui-même et comptait bien égayer son monde par les malices et les grâces qu’il prodiguait tout le long du chemin. […] Mais un Charles Nodier verrait la chose autrement, avec fantaisie, boutade et poésie ; il n’aurait pas tant cherché « le sens philosophique de la poupée » ni « le progrès moral des joujoux », et Polichinelle, avec sa double bosse, aurait trouvé grâce devant lui.
Pur et suave Enfant, sœur des Grâces décentes, Ne sème point tes fleurs sur un sol dévasté ! […] Va chercher le jeune homme dont les bras peuvent s’entrelacer aux tiens avec grâce, mais ne me le dis pas. […] Grâce à lui pourtant, la fable lascive et faite pour les caresses de la muse d’Ovide devient presque auguste et majestueuse : Symbole fabuleux vêtu de volupté : Le Cygne est l’univers, Léda l’humanité.
Heureusement j’avais fait charger sur des mulets des pâtés, langues, et bonne provision de viandes froides, qui vinrent fort à propos et qui furent bientôt expédiées ; mais ce qui parut le plus extraordinaire et en même temps le plus agréable, c’est que nous fûmes servis à table par une demi-douzaine de très-belles filles, qui s’acquittèrent de très-bonne grâce de leur emploi. […] Foucault, nous dit sans aucun embarras le panégyriste académique, fut le seul intendant qui ne demanda point de troupes réglées : il aimait beaucoup mieux pouvoir concerter avec les missionnaires qu’ils avaient principalement à traiter dans leurs controverses, se chargeant de prêcher en son particulier les raisons d’État, et de procurer aux ministres de quelque mérite et à la noblesse indigente des grâces convenables. […] Et ces cruautés exercées comme des gentillesses par d’indignes soldats nous sont décrites de point en point, j’en fais grâce : « C’était là, nous dit la Relation protestante, le plus fort de leur étude et de leur application que de trouver des tourments qui fussent douloureux sans être mortels, et de faire éprouver à ces malheureux objets de leur fureur tout ce que le corps humain peut endurer sans mourir. » Je fais la part des exagérations et des invectives vengeresses chez des âmes ulcérées, et pourtant on n’invente pas absolument de pareils actes dans leur détail et avec toutes leurs circonstances.
L’« odyssée d’un vagabond » a de la grandeur et de la grâce parmi sa brutalité. […] Sauf quelques fantaisies à la Henri Heine, mais de plus de bizarrerie ou de vigueur que de grâce, ce ne sont que hennissements. […] De psychologie, tout juste ce qu’il en faut à un poète lyrique : même dans Monsieur Destrémaux, encore qu’il intitule bravement cette Nouvelle « roman psychologique » ; même dans Madame André, le meilleur de ses romans pourtant, où il a le mérite de nous faire accepter une situation hardie et où la femme (sauf le sacrifice monstrueux et inutile de son enfant) a de la grâce, de la dignité, presque de la grandeur, et aime bien comme une aînée, comme une maîtresse qui est un peu une mère ; mais Lucien Ferdolle se détache trop vite, avec une soudaineté trop odieuse, et le drame douloureux du déliement progressif est esquivé.
Ce qui semble naïveté chez eux n’est qu’une grâce et une fleur de langage qui orne leur maturité, et d’où leur expérience, si consommée qu’elle soit, prend à nos yeux je ne sais quel air de nouveauté précoce, qui la rend agréable et piquante, et qui l’insinue. […] Il disait avec une grâce parfaite, car son propos se retrouvait charmant dès qu’il le voulait : « Ma langue m’a porté grand dommage, aussi m’a-t-elle fait beaucoup de plaisir : c’est raison que je paie l’amende. » Si l’on ne se tenait sur ses gardes en lisant Commynes, on se prendrait par instants, non seulement à excuser et à goûter Louis XI, mais à l’aimer pour tant de bonne grâce et de finesse.
Je ne sais si Mme d’Aligre mena La Bruyère plus loin que l’amitié ; quant à Chaulieu, qui la posséda, la perdit et la reconquit tour à tour, il l’a célébrée elle et sa grâce, son esprit de saillie, ses vivacités brillantes et ses infidélités même, d’une manière qui fait un contraste piquant, mais non pas un désaccord avec le portrait nuancé de La Bruyère. […] Ces lettres, pleines de sentiment, de grâce, de vive estime pour un mérite personnel si rare qu’outrageait la fortune, font honneur au cœur autant qu’à l’imagination de Chaulieu. […] Au sein de la joie et des plaisirs, il avait rimé et chansonné mille folies aimables, chères à ses sociétés, mais aussi légères que l’occasion qui les faisait naître, et dont toute la grâce est dès longtemps évaporée.
Il narrait avec une grâce infinie ; toutes ces femmes sortaient charmées ; et l’auditoire grossit enfin à un tel point que, n’y ayant plus de quoi recevoir tout ce qui se présentait, les assemblées furent rompues. […] Ne me va point dire : Turpe senex miles ; car en tout cas on peut être capitaine et conquérant à tout âge : et en amour, pourvu qu’on y réussisse, on y a toujours bonne grâce. […] Le père Bouhours, l’un de ses admirateurs et de ses disciples, et qui l’assista dans ses derniers moments, a dit : Les malheurs d’autrui le touchaient plus que les siens propres, et sa charité envers les pauvres, qu’il ne pouvait voir sans les soulager, lors même qu’il n’était pas trop en état de le faire, lui a peut-être obtenu du ciel la grâce d’une longue maladie, pendant laquelle il s’est tourné tout à fait vers Dieu ; car, après avoir vécu en honnête homme et un peu en philosophe, il est mort en bon chrétien dans la participation des sacrements de l’Église et avec les sentiments d’une sincère pénitence.
C’est à lui que l’un de ces auteurs de brochures disait en 1812, en parlant du silence imposé aux journaux sur la dispute de Conaxa : Rendez-nous, monsieur, la malignité des journaux… rendez-nous leur fiel… Laissez-nous rire d’un sot écrivain ou d’un insolent plagiaire… Je n’exige pas, monsieur, que vous trahissiez vos devoirs, mais n’exigez pas non plus qu’ils oublient les leurs… Rendez aux journaux, je vous le demande en grâce, leur indépendance ; brisez le charme que vous avez étendu sur eux60. […] Racine, par exemple, y dit à Cavois : On le voit aisément, vous vivez à la Cour, Où la grâce et l’esprit ont fixé leur séjour ; Vous nous en retracez l’exquise politesse, Et cet art de louer avec délicatesse. […] On s’était accoutumé, par une sorte de déférence et de bonne grâce bien naturelle en France, à rattacher M.
Bref, sans entrer dans les détails du récit qui, d’ailleurs, ne manque pas de grâce et de délicatesse, Regnard et la belle Elvire sont délivrés ; le mari qu’on croit mort est plus qu’oublié. […] Regnard, quand il eut produit quelques-uns de ses meilleurs ouvrages en vers, eut la bonne grâce de dédier sa pièce des Ménechmes à Boileau, en se professant son disciple et en lui disant : Le bon sens est toujours à son aise en tes vers ; et Boileau, à quelqu’un qui, pour lui faire la cour, traitait devant lui Regnard de poète médiocre, eut la justice de répondre : « Il n’est pas médiocrement gai. » « Qui ne se plaît pas à Regnard n’est pas digne d’admirer Molière », a dit excellemment Voltaire. […] Le poète Palaprat répondait aussi aux censeurs de Regnard par un joli rondeau à la louange de son ami, commençant par ces vers : Il est aisé de dire avec hauteur, Fi d’une pièce, en faisant le docteur… Et le premier mot du rondeau revient heureusement à la chute, en s’appliquant à Regnard : De notre scène il sait l’art enchanteur, Il y fait rire, il badine avec grâce, Il est aisé.
Et dans la conversation que j’ai avec lui sur notre poursuite, il me confirme une chose qui m’avait été déjà dite : c’est que le ministère de la police, outre ce qu’il poursuivait en nous, poursuivait encore certaines idées littéraires : « Il ne voulait pas, me dit Rouland, de la littérature qui se grise et grise les autres, une idée, ajoute-t-il, que je n’ai pas à apprécier… » Oui, nous fûmes poursuivis, en l’an de grâce 1853, pour le délit de littérature anticlassique, de littérature révolutionnaire. […] Sa femme, fine, délicate, nerveuse, avec de beaux grands yeux noirs, semble une sorte de réduction de Mme Roland dont elle a l’exaltation républicaine, mais dans un petit corps plein de grâce parisienne, toutefois de la grâce un peu rêche de la bourgeoise distinguée.
Cela tient lieu d’une de ces invocations ou libations qu’on aurait faites dans l’antiquité à la pure source des grâces.
Antonin Lavergne, m’ont plu par une certaine grâce facile et pourtant élégante, qui n’est pas commune chez les versificateurs d’aujourd’hui.
. — De la grâce. — M. […] que nous la regrettons, et qu’il n’est rien de beau dans ce monde comme la grâce, qui recule indéfiniment la vieillesse ! […] Ulbach, une physionomie plus attirante par sa grâce mélancolique et résignée et qui fasse plus rêver que cette martyre provinciale, Louise. […] Il y faut une grâce, une légèreté de main qu’ont seuls quelques artistes élus. […] Grâce à cette incurie, les siècles suivants n’auront-ils pas à faire pour le nôtre ce que nous avons fait pour le seizième ?
Grâce à quoi, il fut nommé directeur de la Banque. […] Là encore ce qui dominait, c’est la grâce et la douceur. […] Il a une grâce infinie. […] Mais les femmes-victimes de 1830 avaient quelque grâce. […] J’ai même résisté à la grâce niaise de la jeune Néra.
Qu’il décrive les voyageurs de Libye, la grâce chétive des Watteau ou M.
Georges Rency Arthur Toisoul qui, avant Opéra, cette douce merveille, avait publié déjà Mai, livre de pure grâce et de délicate beauté, dont on a trop peu, oh !
Mais plus de mesure dans l’attaque, l’art de s’y faire des auxiliaires, plus de vérités de détail parmi les mêmes erreurs, des idées justes sur les arts écrites dans une prose aisée, l’honneur d’avoir travaillé sous Colbert aux merveilles de Versailles, des contes où le précieux même n’est pas sans grâce, tout cela, sans rendre la cause meilleure, diminue le ridicule de l’avocat. […] Il partage honnêtement les louanges entre Homère et lui, et, quoiqu’il se donne la plus grosse part, il fait celle d’Homère d’assez bonne grâce. […] Boileau n’avait pas mis la même grâce dans sa réconciliation avec Perrault. […] Comment ne s’y seraient-ils pas prêtés de bonne grâce ? […] Je sais bien que cet art d’accommoder les vérités scientifiques à notre ignorance toujours prévenue, n’est pas pur de toute fausse grâce, et qu’en faisant les honneurs de la science, Fontenelle ne s’est pas oublié.
La recette pour en fabriquer de pareils est si vieille et si connue qu’on pourrait la résumer en ces termes : Prenez deux ou trois couples de bergers et de bergères ; parez-les de tous les charmes, de toutes les grâces que vous pourrez imaginer ; faites-les tous, cela va sans dire, amoureux ; mais que des rivaux jaloux et des parents sévères traversent leur bonheur. […] Grâce aux machines, une multiplication des produits comparable à celle que l’imprimerie opéra pour les livres ; un confort tout nouveau répandu dans les couches moyennes de la société ; puis d’immenses agglomérations de travailleurs formées de toutes parts ; ici des mines de fer ou de houille ensevelissant dans leurs profondeurs toute une population souterraine exilée du soleil ; là des cités, noires de charbon et de fumée, s’improvisant sur un sol boueux d’ort montent, comme les mâts d’une flotte pétrifiée, de colossales cheminées de briques ; partout des faubourgs environnant les vieilles villes d’un cercle de manufactures et de masures sordides ; puis les campagnes se dépeuplant au profit de ces centrés de production, qui fonctionnent comme autant de foyers aussi intenses que dévorants : voilà quelques résultats, visibles au premier coup d’œil, de cette fièvre d’activité qui a transformé et bouleversé les conditions économiques du monde contemporain. […] Fréquemment c’est le roi qui considère comme un devoir du souverain de répandre ses grâces, sous forme de pensions ou de sinécures, sur des sujets dont les ouvrages honorent son règne. […] On entend Montesquieu répondre à quelqu’un qui lui offre une de ces faveurs jadis si bienvenues : « N’ayant point fait de bassesses, je n’éprouve pas le besoin d’être consolé par des grâces. » Voltaire reçut un jour un brevet de Franciscain pour je ne sais plus quel service rendu à un couvent de l’ordre de Saint-François et il s’amusa quelquefois à signer ses lettres : Capucin indigne. […] Grâce à l’accroissement de la population urbaine, les salles se sont agrandies et, grâce aux tournées en province ou à l’étranger, les villes les plus lointaines ont apporté leur contribution aux gains des auteurs dramatiques.
Elle a toutes les grâces, toutes les audaces et toutes les fiertés, elle est la princesse errante, Peau d’Âne sur les routes. […] Toute candeur, elle ignorait même sa grâce. […] On lui reproche ordinairement d’avoir voulu faire la fusion entre des tempéraments dissemblables, et ses Poèmes dialogues gardent trace d’un certain opportunisme, mais leur grâce chantante, leurs images imprécises charment souvent. […] Joachim Gasquet écouta les voix des créateurs de la grâce et de la force française. […] Mme Marie Weyrich se souvient de Baudelaire dans ses Jardins du Soir, Mme Cécile Périn a de la grâce et de la force.
Maurice Le Corbeiller avait écrit, pour la circonstance, une scène élégante, en prose et en vers, intitulée : La Nuit de juin… Dans ces vers, inspirés de Musset, à travers l’expression un peu flottante, quelque chose a passé de la grâce et de la tendresse du cher poète… M.
C’est le coloris de Boucher, sans ses grâces, sans son feu, sans sa finesse.
Tantôt l’on a recours à la grâce, et tantôt l’on se fie à la nature. […] Elle n’ose dire oui ; elle rougit et tremble ; il y a une grâce délicieuse dans cette pudeur effarouchée, dans ces effusions contenues. […] Vous transcrivez toutes les lettres, vous minutez toutes les conversations, vous dites tout, vous n’élaguez rien, vos romans ont huit volumes ; de grâce, prenez des ciseaux ; soyez écrivain, et non pas greffier archiviste. […] Vous l’entendrez blâmer un de ses amis d’avoir oublié le nom de Jésus-Christ, en récitant les grâces. […] La beauté est partie, mais la grâce demeure.
Pour Paul, on voyait déjà se développer en lui le caractère d’un homme au milieu des grâces de l’adolescence. […] Si l’habitant de la Rivière-Noire t’avait refusé la grâce de son esclave, je me serais battu avec lui. — Comment ! […] C’est là où j’ai appris d’un habitant que vous lui aviez ramené une négresse marronne, et qu’il vous avait accordé sa grâce. Mais quelle grâce ! […] Les jardins d’Éden ont moins de fraîcheur ; les amours d’Adam et d’Ève ont moins de grâce et d’innocence !
Sainte-Beuve Il y a dans la manière de Madame Tastu la nuance d’animation ménagée ; la blanche pâleur, si tendre et si vivante, où le vers est, pour la pensée, comme le voile de Saphoronie, sans trop la couvrir et sans trop la montrer ; la grâce modeste qui s’efface pudiquement d’elle-même, et enfin cette gloire discrète, tempérée de mystère qui est, à mon sens, la plus belle pour une femme-poète.
Prologue Nous, par la grâce du Figaro et notre propre volonté, secrétaire d’État au département de la Fantaisie, Vu l’internement du peuple turc en Asie Mineure ; Vu la cherté des loyers et l’exiguïté des logements parisiens ; Vu l’endurcissement des propriétaires ; Considérant que, par suite de l’internement du peuple turc en Asie Mineure, les appartements de Constantinople sont inoccupés ; Que la magnificence et la somptuosité orientales règnent avec profusion dans ces appartements ; Que les littérateurs, en leur qualité de gens d’imagination, ont évidemment droit à tout le luxe possible ; — Arrêtons : Article premier. — À partir du 15 janvier 1864, les hommes de lettres seront transportés à Constantinople sur des galères richement décorées.