Mais, la foi disparue, la morale reste ; pendant longtemps, mon programme fut d’abandonner le moins possible du christianisme et d’en garder tout ce qui peut se pratiquer sans la foi au surnaturel. […] Il me plairait d’expliquer par le détail et de montrer comment la gageure paradoxale de garder les vertus cléricales, sans la foi qui leur sert de base et dans un monde pour lequel elles ne sont pas faites, produisit, en ce qui me concerne, les rencontres les plus divertissantes. […] 1. — La pauvreté est celle des vertus de la cléricature que j’ai le mieux gardée.
Ayons en nous l’émotion complète de la Chose vivante, et, dans nos œuvres spéciales de littérature ou de musique, il se trouvera que nous la mettrons ; ayant vu tous les reflets, notre unique langage en gardera la marque ; ayant connu toute l’impression, notre poème ou notre tableau en sera imprégné ; la Chose sera exprimée, très fortement ; et notre œuvre, tout particulière, aura de très mystérieux palpitements d’universelle Clairvoyance. […] Voyez-le des jours abolis ne garder aucune anecdote énorme et fruste, comme par une prescience de ce qu’elle apporterait d’anachronisme dans une représentation théâtrale, Sacre d’un des actes de la Civilisation37. […] Que le feu qui me brûle purifie l’Anneau, de la Malédiction : vous, dans le flot dissolvez le, et, purement, gardez le brillant Or, qui, pour le Malheur, vous fut volé. » Elle se tourne vers le bûcher, où gît le cadavre de Siegfried, et elle arrache à un homme une forte torche.
C’est particulier comme ce romancier de cour a gardé un cachet de province. […] Et je revois cette gentille petite femme d’avocat, — mariée, il n’y avait pas, ma foi, plus de trois mois — qui, toujours en retard, me gardait seul, pour se faire accompagner au bois, à la tendue. […] Lundi 12 novembre Un curieux type à fabriquer avec ce marquis de Saint-Senne, vivant dans une mansarde, en face du plus beau tapis persan du seizième siècle connu, et possédant dans deux ou trois malles, — des malles des bonnes de la campagne, — les plus belles épées, les plus riches majoliques, et pour garder ces trésors, se privant de tout, et mangeant dans une crémerie.
Mais ce que l’on comprend très bien, venant de ceux-là qui ont salué l’aurore d’un pouvoir nouveau dans le déclin de cette royauté des Bourbons qui éteignit, on sait comment, le soleil de son Louis XIV, le comprend-on au même degré venant de ceux qui ont gardé au fond de leur âme l’amour espérant ou désespéré de cette malheureuse royauté, coupable et perdue ? […] Comme on aurait dit dans la langue des petits soupers qu’il regrette et qui le font rêver, il l’avait gardée pour la bonne bouche, cette intéressante histoire. […] Capefigue prie Dieu de nous garder, afin qu’il puisse écrire en paix, et sans qu’on y trouve à redire, l’histoire de Mme Du Barry, vous aurez toutes les justifications assez embarrassées de la préface et les motifs de sentiment que l’auteur de Madame la comtesse Du Barry se donne à lui-même encore plus qu’à nous pour écrire l’histoire d’une femme qu’on trouve bien à une certaine place de l’histoire, mais qui ne mérite pas l’honneur qu’on lui fait aujourd’hui d’un livre d’histoire.
Car, de son origine lunaire, Diane a gardé un caractère mystérieux. […] Mais, sous leurs traits épurés, ils gardaient les signes de leur conception primitive. […] Son masque d’histrion finit par dévorer les contours césariens qu’avait gardés sa figure. […] Il n’y a pas seulement de la haine, il y a du mépris dans l’image que le peuple a gardée de lui. […] Ils se gardent l’un l’autre mutuellement à vue.
Les détails sont dans le livre d’où je me garderai bien de les tirer. […] Très pressés, ils garderont pour toutes choses et toute leur vie cette allure de Juif errant, qu’il s’agisse d’amour, d’art ou de littérature. […] Sous ce masque de mort, je revoyais les lignes, les nuances dont le sortilège m’avait surpris et gardé si longtemps. […] Je me garderai bien de m’occuper du procès qui lui est fait et dont le résultat est trois mois de prison à Sainte-Pélagie. […] Même dans le sanctuaire mystique, où Pie IX avait baissé sa voix d’ancien cuirassier, il garda ses allures cavalières et son ton péremptoire.
N. vous gardait même après cette déclaration, elle vous aimerait comme ses yeux ; c’est moi qui vous le dis. […] La Savoie est au roi de Sardaigne depuis huit cents ans, personne ne peut lui faire une anicroche là-dessus ; pourquoi la lui garderait-on ? […] On l’a gardée trois ans, cinq ans, sept ans, trente ans, mais toujours elle est revenue. […] L’assaut est brillant, meurtrier ; mais j’en suis bien fâché pour la place, le gentilhomme valeureux ne la gardera pas. […] Particulièrement lié à Lausanne et à Genève avec beaucoup d’hérétiques, il sut cultiver et garder jusqu’à la fin leur amitié.
Sa mère était « une personne exemplaire, célèbre dans tout le voisinage par ses aumônes430. » Son père, étudiant à Christ-Church et déshérité comme protestant, avait fait seul sa fortune, et, parmi ses occupations d’homme de loi, avait gardé le goût des lettres, n’ayant point voulu « quitter ses libérales et intelligentes inclinations jusqu’à se faire tout à fait esclave du monde » ; il écrivait des vers, était excellent musicien, l’un des meilleurs compositeurs de son temps ; il choisissait Cornélius Jansen pour faire le portrait de son fils qui n’avait encore que dix ans, et donnait à son enfant la plus large et la plus complète des éducations littéraires431. […] Les unes se livrent, les autres se gardent. […] Pour garder de pareilles illusions après de pareilles expériences, il fallait être insensible à l’expérience et prédestiné aux illusions. […] Ô soyez les bienvenues, Foi aux regards purs, Espérance aux blanches mains, — ange, qui voles au-dessus de ma tête, ceint de tes ailes d’or, — et toi, Chasteté sainte, forme sans tache, — je vous vois clairement, et maintenant je crois — que lui, le Bien suprême, qui ne souffre les êtres mauvais — que pour faire d’eux les serviles ministres de sa vengeance, — enverrait un ange lumineux, s’il le fallait — pour garder ma vie et mon honneur contre tout assaut. — Me trompé-je ? […] Une femme sage, aux explications d’un étranger, « préfère les explications de son mari. » Cependant Adam écoute un petit cours d’astronomie : il finit par conclure, en Anglais pratique, « que la première sagesse est de connaître les objets qui nous environnent dans la vie journalière, que le reste est fumée vide, pure extravagance, et nous rend, dans les choses qui nous importent le plus, inexpérimentés, inhabiles et toujours incertains514. » L’ange parti, Ève, mécontente de son jardin, veut y faire des réformes, et propose à son mari d’y travailler, elle d’un côté, lui d’un autre. « Ève, dit-il avec un sourire d’approbation, rien ne pare mieux une femme que de songer aux biens de la maison, et de pousser son mari à un bon travail515. » Mais il craint pour elle, et voudrait la garder à son côté.
Ils se sont gardés d’imiter ses vertus, son colossal labeur et son dévouement à la science. […] Il s’est gardé de jamais laisser le sentiment ou l’imagination corrompre la probité, l’austérité et, si je puis dire, la chasteté de sa pensée. […] L’âme a gardé ses ailes ; elle passe à tire-d’aile dans le ténébreux moyen âge, et va croissant d’aspiration. […] Michelet garda toute sa vie les habitudes d’esprit contractées dans son enfance. […] N’en gardons pas les charges, si nous n’en voulons pas les avantages. » Néanmoins ses sentiments contre l’Empire étaient très vifs.
Lebrun « le plus jeune des poètes du premier empire. » Il a gardé, des temps où il a préludé, l’habitude d’un art sérieux, noble, et qui se respecte toujours ; il y a introduit, dans une seconde époque, une veine de franchise et de naturel qui, en ce temps-là, était neuve encore ; il a été novateur avec frugalité.
Il faut garder cela très-longtemps à la bouche, tout en causant, tout en faisant autre chose, sans trop aspirer ni sans faire comme si l’on fumait, mais respirer insensiblement et ne pas se lasser : le bien-être ne revient quelquefois qu’après plusieurs jours d’emploi.
Letronne était battu et que c’était bien le vrai cœur de saint Louis qu’il gardait bon gré mal gré, dans l’armoire des Archives.
Ces doux accents mêlés aux légendes devront, en effet, trouver plus d’un écho dans ces montagnes qui nous ont donné Nodier et Jouffroy, et Droz, et qui ont gardé le savant et bon Weiss.
Encore aujourd’hui, si éloignés que nous soyons de l’imitation corporelle, ils gardent avec eux une partie du cortège qui les entourait à leur naissance ; ils renaissent en nous accompagnés par l’image des gestes que nous avons faits lorsqu’ils sont venus sur nos lèvres ; ils traînent après eux la figure de l’objet qui pour la première fois vous les fait jaillir… De sorte qu’un mot bien choisi fait en nous comme un éveil de sensations ; par lui un point clair se détache, et tout alentour apparaissent et s’enfoncent par échappées les choses environnantes.
Le sentiment du style est précisément le discernement délicat de l’élasticité des mots : il faut posséder, par un don naturel ou une patiente étude, le secret de cette sorte de manipulation chimique, qui, par la combinaison des mots, change la couleur, le parfum, le son, la nature même de chacun d’eux et peut obtenir un tout, homogène et simple en apparence, où les éléments associés n’ont souvent gardé aucune de leurs propriétés individuelles.
Mais partout, et dans les plus cursives piécettes, se révèlent les qualités qu’ils contiennent ; et je crois que le vrai souvenir à donner à ce volume premier serait d’en garder dans sa mémoire quelques strophes qui sont des commencements de poèmes infinis, des débuts de sensations immortelles.
Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue.
Si beaucoup de mots latins n’ont pas gardé en français leur sens originaire, bien des mots du vieux français n’ont plus exactement en français moderne leur signification ancienne.
J’ai tâché de garder un milieu entre l’extrême indulgence qui avilit & l’extrême sévérité qui révolte.
Très souvent dans le cliché, un des mots a gardé un sens concret, et ce qui nous fait sourire, c’est moins la banalité de la locution que l’accolement d’un mot vivant et d’un mot évanoui.
Il ne lui a manqué que d’avoir gardé les chevaux à la porte d’un théâtre, comme Shakespeare. […] Maxime N… s’est formé presque tout seul dans le métier de la peinture, sans rien garder cependant de la tare de l’autodidacte. […] On l’admettra facilement pour Becque ; et quanta Verlaine, je garantis que s’il eut maille à partir avec la justice, il ne lui en garda point rancune. […] Gardons nos habitudes morales ou physiques, tout est là. […] — Tu es un habile traître, mais je saurai garder mon honneur, dit la Dame.
Il gardait habituellement cette feinte douceur dans son commerce avec les habitants de l’île. […] Les vainqueurs gardaient le privilège des armes, comme gage de la puissance. […] Ce qui semble plus méritoire de la part de cette princesse, c’est l’heureuse liberté que garda Shakspeare pour le choix de ses sujets. […] Ce siècle, si favorable à l’imagination et si poétique, gardait en partie l’empreinte de la barbarie subtile et affectée des savants du moyen âge. […] Il faut surtout aussi se garder de faire des systèmes applicables à notre temps, avec ces vieux monuments du règne d’Élisabeth.
Ces visages immobiles et contractés veulent garder la même attitude : ils répugnent aux sourires fugitifs et demi-formés ; ils ne savent se détendre, et leur rire est une convulsion aussi roide que leur gravité. […] ils y seront bien reçus. » L’habitude du despotisme fait les despotes, et le meilleur moyen de mettre des tyrans dans les familles, c’est de garder des nobles dans l’État. […] Nous ne pouvons garder à la fois qu’une attitude. […] Il la souleva de terre, la garda une minute serrée contre son cœur qui battait fort. […] Dès la première scène, on est pénétré de l’émotion modérée et noble qu’on gardera jusqu’au bout du volume.
Vous, du moins, vous êtes le regard de la jeune tendresse, un doux éclair qui caresse, je ne sais quoi qu’on adore, qui passe et que l’on croit garder, une femme en pétales qui s’effeuille au toucher, et qui renaît sous l’ardeur du désir qui la presse. […] Les pays d’Orient qui possèdent, malgré la « civilisation », une âme intoxiquée d’autoritarisme servile que les Européens d’Occident, ont gardé le pouvoir de pleurer et le respect des paroles justes. […] Du timide, a gardé cette faculté de méditation solitaire qui domine aussi bien la douleur du Livre de Pierre (extrait d’un de ses premiers romans) que les Voyages de Psychodore et qui le poussa aux audaces de la pensée. […] Tu venais de faire une expérience douloureuse de la contrainte ; tu avais pris la résolution d’y échapper en ne fréquentant plus que ton dieu intérieur, Tu quittas le boulevard Barbès pour t’installer dans cette rue Ravignan dont le nom, grâce è toi, gardera une saveur spéciale dans la mémoire des Lettrés. […] Il en différait, cependant, sensiblement et c’est peut-être pour cela qu’un sort injuste a pris soin de le garder hors des voies de la réputation qui eussent été celles de la confusion.
Sainte-Beuve a gardés de cette année d’étude et d’Université lui sont demeurés précieux. […] Sainte-Beuve, et se montra constamment d’une reconnaissance à toute épreuve (comme pouvait la ressentir un homme de sa trempe) pour un service que lui avait rendu le marchand de vin de la place Dauphiné : il l’avait gardé une fois quelque temps caché dans sa maison, je ne saurais dire aujourd’hui à quelle époque ni à quelle occasion de terreur (qui n’était plus celle de Robespierre) et où il y allait toujours, pour un conventionnel proscrit, de la tête. […] Les livres qu’il avait gardés de son père sont sur tous sujets. […] Sainte-Beuve a écrit depuis, dans ces dernières années (mais pour lui seul), un début d’article plus long, plus vif et plus complet sur César, qu’il a gardé en portefeuille.
Nous nous garderions bien, quand nous le pourrions, de chercher à suivre le réel biographique dans ce qui est surtout vrai comme impression et comme peinture, et d’y décolorer à plaisir ce que le charmant auteur a si richement fondu et déployé. […] Ô riant Quintigny, vallon rempli de grâces, Temple de mes amours, trône de mon printemps, Séjour que l’espérance offrait à mes vieux ans, Tes sentiers mal frayés ont-ils gardé mes traces ? […] Pour revenir, est-ce aller trop loin que de croire de Nodier bibliographe, lexicographe et philologue, qu’après tout, l’élève du chevalier Croft garda toujours quelque chose de lui, et que même pour les doctes excentricités qu’il jugeait en souriant et que depuis il nous a peintes, il s’en inocula dès lors quelques-unes avec originalité ? […] Les travaux même non voulus, les heures assujetties dont on se plaint, gardent au fond plus d’un correctif aimable, bien des enchantements secrets.
Sept cents familles de Cateau-Cambrésis55 dressent une supplique pour garder les dignes abbés et religieux de l’abbaye de Saint-André, leurs pères communs et bienfaiteurs, qui les ont nourris pendant la grêle ». […] Près de là, l’abbé de la Croix-Leufroy, « gros décimateur, et l’abbé de Bernay, qui touche cinquante-sept mille livres de son bénéfice et ne réside pas, gardent tout et donnent à peine à leurs curés desservants de quoi vivre ». — « J’ai dans ma paroisse, dit un curé du Berry88, six bénéfices simples dont les titulaires sont toujours absents, et ils jouissent ensemble de neuf mille livres de revenu ; je leur ai fait par écrit les plus touchantes invitations dans la calamité de l’année dernière ; je n’ai reçu que deux louis d’un seul, et la plupart ne m’ont pas même répondu. » — À plus forte raison faut-il compter qu’en temps ordinaire ils ne feront point remise de leurs droits. […] Ils ont seulement quelques vignes, qu’ils gardent six mois de l’année en faisant des factions et gardes jour et nuit avec tambours et charivari pour faire fuir les bêtes destructives. » 23 janvier 1753 « M. le prince de Conti s’est fait une capitainerie de onze lieues autour de l’Isle-Adam où tout le monde est vexé. » 25 septembre 1753 « Depuis que M. le duc d’Orléans jouit de Villers-Cotterets, il en a fait revivre la capitainerie, et il y a plus de soixante terres à vendre à cause de ces vexations de princes. » 99. Les vieux paysans avec qui j’ai causé autrefois dans le pays ont gardé la vive impression de ces vexations et de ces ravages Dans le Clermontois, ils racontent que les gardes du prince de Condé au printemps prenaient des portées de loups et nourrissaient les jeunes loups dans les fossés du château.
Ou je m’abuse, ou voilà l’esprit de la saine liberté, qui toujours sait garder un juste milieu. […] « Au dépens du bon sens garder de plaisanter. […] J’insisterai pourtant sur l’avantage de garder, autant qu’il se peut, la triple régularité dans toutes les principales compositions dramatiques. […] Cependant il faut se garder de confondre leurs différences convenables et nécessaires avec leurs variations capricieuses. […] Quiconque veut faire rire par le juste choix du ridicule, doit se garder de le confondre avec le burlesque et le grotesque.
La France, la révolution de 1830 le prouva bien, garda toujours rancune de 1815 à la Restauration. […] Il n’était pas facile de pénétrer dans cette maison, mieux gardée que le jardin des Hespérides. […] Balzac gardait un séreux d’augure, et malgré le proverbe, nous avions beau lever les yeux sur lui, nous ne le faisions pas rire ! […] C’est là une pente dont tout écrivain doit se garder. […] Rentré dans les brumes du Nord, il garda toujours dans l’œil le soleil de là-bas.
Mignet, comme auteur de notices et d’éloges, a à se garder de cette faculté d’omettre ce qui le gêne dans les sujets qu’il traite. […] Je souris de voir comme, en avançant dans la vie, on ne sait pas se garder ce penchant au retour, et comme on étale ingénument devant les générations nouvelles le contentement d’avoir été d’une génération meilleure.
Tiècelin y aperçoit un millier de fromages qu’on avait fait assoleiller ; la vieille qui devait les garder était rentrée au logis. […] L’un d’eux, Charuel, change de couleur à cette idée, et déclare honni celui qui ne maintiendra pas la cause du duc légitime (Charles de Blois)e, et qui s’en ira sans donner de coups d’épée. — « Cette chose m’agrée, dit Beaumanoir ; allons à la bataille, ainsi qu’elle est jurée. » Il revient à Bombourg, qui lui représente encore que c’est folie à lui d’exposer ainsi à la mort la fleur de la duché ; car, une fois morts, on ne trouvera jamais à les remplacer. — « Gardez-vous de croire, répond Beaumanoir, que j’aie amené ici toute la chevalerie de Bretagne, car ni Laval, ni Rochefort, ni Rohan et bien d’autres n’y sont ; mais il est bien vrai que j’ai avec moi une part de cette chevalerie et la fleur des écuyers… » Bombourg reprend la bravade et l’invective.
La Suisse, dans ses creux de vallées et ses plis de terrain, a gardé trace et souche de bien des langues. […] Mais traversée en bien des sens et formée d’une population mi-partie française, italienne et germanique, Genève aurait fort à faire pour garder une langue pure.