Prêtresses de ce Sanctuaire, La Paix, la Piété sincére, La Foi, Souveraine des Rois, Du Très-Haut Filles immortelles, Rassemblent en foule autour d’elles Les Arts animés par leurs voix.
Il faut qu’il sache se maintenir, au-dessus du tumulte, inébranlable, austère et bienveillant ; indulgent quelquefois, chose difficile, impartial toujours, chose plus difficile encore ; qu’il ait dans le cœur cette sympathique intelligence des révolutions qui implique le dédain de l’émeute, ce grave respect du peuple qui s’allie au mépris de la foule ; que son esprit ne concède rien aux petites colères ni petites vanités ; que son éloge comme son blâme prenne souvent à rebours, tantôt l’esprit de cour, tantôt l’esprit de faction.
Les poètes modernes ont tiré une foule de traits nouveaux du caractère chevaleresque.
Aristarque corrigea les poèmes d’Homère, et pourtant, sans parler de cette foule de licences dans la mesure, on trouve encore dans la variété de ses dialectes, ce mélange discordant d’expressions hétérogènes, qui étaient sans doute autant d’idiotismes des divers peuples de la Grèce. — 8.
Au contraire, le politique, fût-il un grand homme, ne subsiste que par l’assentiment d’une foule, parlementaire ou électorale. […] La Foule reste coite, attend sans doute, et le Poète comprend son devoir. […] Ainsi la foule apporte devant le jeu poétique une âme de foi. […] La foule se tait, étonnée, assez respectueuse, sauf quelques : Bien sûr — C’est cela — Oui, — et s’écoule. […] Mallarmé apprécie dans la foule, dans une réunion d’hommes simples, un capital vacant de bonne volonté, sur lequel asseoir peut-être un certain prestige, voire quelque royauté de l’art.
On trouve encore de ces vieux courtisans, qui « âgés de quatre-vingts ans, en ont bien passé quarante-cinq sur leurs pieds dans l’antichambre du roi, des princes et des ministres » « Vous n’avez que trois choses à faire, disait l’un d’eux à un débutant : dites du bien de tout le monde, demandez tout ce qui vaquera, et asseyez-vous quand vous pourrez. » C’est pourquoi, autour du prince, il y a toujours foule. […] Le matin, à l’heure qu’il a marquée d’avance176, le premier valet de chambre l’éveille : cinq séries de personnes entrent tour à tour pour lui rendre leurs devoirs, et « quoique très vastes, il y a des jours où les salons d’attente peuvent à peine contenir la foule des courtisans » D’abord on introduit « l’entrée familière », enfants de France, princes et princesses du sang, outre cela le premier médecin, le premier chirurgien et autres personnages utiles177 Puis on fait passer la « grande entrée » ; elle comprend le grand chambellan, le grand maître et le maître de la garde-robe, les premiers gentilshommes de la chambre, les ducs d’Orléans et de Penthièvre, quelques autres seigneurs très favorisés, les dames d’honneur et d’atour de la reine, de Mesdames et des autres princesses, sans compter les barbiers, tailleurs et valets de plusieurs sortes. […] Des huissiers font ranger la foule et au besoin faire silence. […] Je n’ai pas besoin de dire que le soir, à son jeu, à son bal, à son concert, la foule afflue et s’entasse. […] Quantité de couvents sont des asiles agréables et décents pour des dames veuves, pour de jeunes femmes dont les maris sont à l’armée, pour des filles de condition, et la supérieure, qui le plus souvent est demoiselle, tient avec aisance et dextérité le sceptre de ce joli monde féminin Mais nulle part la pompe, l’hospitalité, la foule ne sont plus grandes que dans les palais épiscopaux.
Or l’homme qui a le premier et le plus longtemps manié cette diplomatie nouvelle qu’on peut appeler du nom de la révolution française, la diplomatie moderne, la diplomatie de la France, c’est le prince de Talleyrand ; il l’a inspirée, maniée ou gouvernée presque constamment, soit comme membre des comités diplomatiques, en 1789 et 1790, soit comme envoyé secret à Londres, en 1791, jusqu’au 10 août, soit comme ministre des relations extérieures sous la république régularisée du Directoire, soit comme ministre du Consulat, soit comme membre du premier Empire, soit comme ministre de sa propre pensée, ayant pris, de sa pleine audace et de sa propre autorité, la France sous sa responsabilité en 1814, dans le gouvernement provisoire, gouvernement jeté entre la France vaincue et l’Europe armée pour restaurer à la fois la patrie envahie et la monarchie constitutionnelle des Bourbons, soit comme ministre plénipotentiaire et ambassadeur à la fois au congrès de Vienne, soit comme ministre de Louis XVIII à Vienne, à Gand et à Paris, après la seconde restauration des Bourbons, en 1815, soit comme ambassadeur de la royauté d’Orléans en Angleterre, après 1830, soit comme membre principal de la conférence de Londres, en 1831, pour se jeter une dernière fois entre la guerre européenne et la France après la révolution de la Belgique, soit enfin comme membre de la chambre haute et comme oracle consulté et obéi de la diplomatie française, régnant encore du sein de son repos majestueux sur les affaires du monde jusqu’à plus de quatre-vingts ans, soit même encore comme ministre honoraire à son dernier soupir, quand le souverain de la France vint recueillir, une heure avant sa mort, ce dernier soupir comme le secret de la Providence diplomatique, les rideaux fermés, la foule écartée, seul à seul avec l’homme du mystère. […] C’était un résumeur infaillible et divinatoire ; les résumeurs sont admirables dans les salons, jamais dans les foules ; les improvisateurs seuls sont les maîtres du moment ; la sagacité froide n’improvise pas, elle juge. […] Peu de temps après, il se retira pour toujours des affaires actives, se bornant, dans son magnifique loisir, à rechercher le commerce des hautes intelligences de tous les temps, à mépriser, avec une légitime insolence, la foule incapable de le comprendre, et à donner gratuitement des conseils aux rois, quand ils lui en demandaient. […] Son hôtel, ou plutôt son palais, était plein, depuis l’atrium jusqu’au salon, d’une foule immense et somptueuse, dans tous les costumes, sous toutes les décorations de toutes les époques où il avait joué les grands rôles de la vie sociale, et rendu des services publics ou des services personnels à cette multitude de clients. […] Cette foule rappelait les jours de 1814, où, dans un congrès intime entre l’empereur de Russie, le roi de Prusse, les ministres de toute l’Europe et le souverain diplomate, ce même palais d’un particulier avait vu disposer du sort de l’Europe, et la paix sortir de la guerre dans cette même capitale dont la guerre était tant de fois sortie pour le malheur de tous et pour la gloire d’un seul !
Cette foule considérable m’a causé dans ma vie beaucoup d’ennuis, mais cependant il faut leur pardonner ; ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. […] Les jeunes poètes qui se montrent maintenant en foule ne sont pas de vrais talents ; ce ne sont que des impuissants à qui la perfection de la littérature allemande a donné l’envie de créer. — Que les Français quittent le pédantisme et s’élèvent dans la poésie à un art libre, il n’y a rien d’étonnant. […] Si les années de guerre, en ne permettant pas à la poésie d’attirer sur elle un grand intérêt, ont été par là pour un instant défavorables aux muses, il s’est cependant, pendant cette époque, formé une foule d’esprits libres, qui maintenant, pendant la paix, se recueillent et font apparaître leurs remarquables talents. […] Mais quelle foule de circonstances favorables ne faut-il pas voir combinées pour que la nature réussisse une fois à le produire dans sa vraie beauté ! […] Ici, on se sent grand, libre comme la grande nature que l’on a devant les yeux ; on est comme on devrait être toujours. — Je domine dans ce moment une foule de points auxquels se rattachent les plus abondants souvenirs d’une longue existence.
Foule ! […] — Soudain toute cette foule et tout ce peuple et cette domination, s’arrêtent, le bonnet, le chapeau, ou la couronne à la main, devant l’opinion d’une douzaine de consciences que rien ne peut fléchir, et qui se dressent au milieu de ces abjections et de ces émeutes, semblables aux monts Apennins si quelque géant Adamastor les transportait sur la lisière de la plaine Saint-Denis ! […] Elle a salué toute cette foule enthousiaste avec une dignité bien sentie ; ses adieux ont été simples, touchants, sérieux ; elle tenait son cœur à deux mains, et elle aussi elle aurait pu dire comme cette héroïne de Corneille : — Tout beau, mon cœur ! […] Mademoiselle Mars aimait, à en mourir de joie, les enivrements de la foule, les applaudissements du parterre, l’enthousiasme du poète, la résurrection solennelle des vieux chefs-d’œuvre sauvés par sa parole, les luttes ardentes des premières représentations, s’il fallait imposer à un public rebelle, quelque renommée à son aurore ! […] Grande consolation, véritablement, pour la gloire consolée, et merveilleuse fortune pour la critique exposée, elle aussi, aux oublis de la foule indifférente, lorsqu’avant de mourir à son tour, elle se met à ressusciter cette gloire éteinte, à rappeler cette idole à la douce clarté de ses beaux jours !
La foule s’est à la longue habituée à considérer Molière choyé des grands, accueilli à la cour et dînant à la table du roi, où vraisemblablement, malgré les anecdotes et les tableaux, il n’a jamais dîné. […] Il savait bien qu’un jour ou l’autre il aurait raison de la foule. […] Il faut que je parle à une foule de peuple et à peu de gens d’esprit ! […] Une foule de gens en perruque le regardent et rient. […] Il y avoit grande foule de peuple, et l’on a fait distribution de mil à douze cens livres aux pauvres qui s’y sont trouvés, à chacun cinq sols.
Une insulte excite la colère, c’est-à-dire que certaines idées et sentiments d’honneur acquièrent tout d’un coup une extrême intensité ; une foule de pensées et d’images passent avec une vitesse extrême devant l’esprit, et il y a, comme disait Pascal, « précipitation de pensées » ; enfin la direction antérieure de notre volonté est brusquement modifiée et la volonté se porte tout entière à se défendre de l’insulteur. […] Un geste de l’olympien Goethe suffit un jour à calmer, dans un théâtre, le tumulte de la foule. […] Dans une foule compacte rassemblée au même lieu, les impressions se propagent avec une rapidité extrême et, en se communiquant, s’amplifient ; chacun reçoit de tous et tous reçoivent de chacun cette sorte d’électricité par influence à laquelle on a justement comparé l’émotion : de là les passions soudaines et les soudains emportements des foules.
Nous voyons clairement comment un artiste libre des influences de la race, du goût et des mœurs ambiantes, créant une œuvre qui est le signe de son âme, d’une âme dont le caractère n’est ni national ni actuel, ni conforme à celles dont les œuvres sont à l’apogée du succès, détache de la masse vague du public et attire à lui, comme par une force magnétiquedx, une foule d’hommes. Cette foule l’entoure parce qu’il l’exprime ; elle existe parce qu’il a paru ; le centre de force est dans l’artiste et non dans la masse, ou plutôt le centre de force est dans le caractère abstrait de ressemblance qui peut exister entre un artiste et ses contemporains. […] Que la France eût eu l’âme plus tragique, il est probable que Béranger serait allé réjouir quelque obscur caveau de ses odelettes, mais la foule les eût méprisées et dédaigné de les chanter. […] L’âge des « héros » coudoie « l’ère des foules ».
Comme il s’avançait au milieu des acclamations des guerriers, des sons perçants de la conque et de la trompette, confondus avec le bruit des chars, le hennissement des chevaux et le cri sauvage des éléphants, une foule de femmes, brûlant de voir le jeune héros dans tout l’appareil de sa grandeur, se précipitent sur les terrasses voisines de son passage. […] Le sentier qu’il foule à peine est jonché çà et là de l’herbe tendre qui s’échappe à demi broutée de sa bouche haletante. […] C’est là qu’à la vue des austérités effrayantes et sans bornes que s’infligent une foule d’anachorètes, vous jugerez si ces vertueux solitaires méritent que pour les protéger votre bras soit incessamment froissé par le nerf toujours tendu de votre arc invincible. […] » leur dit-il en langage vulgaire, « ne perdez pas de temps à mettre en sûreté les faibles animaux qui peuplent votre sainte retraite : tout annonce l’approche du roi Douchmanta (c’est lui-même), qui se livre au plaisir de la chasse. » Puis, reprenant le langage des vers, comme cela a lieu dans le drame toutes les fois que l’expression s’élève avec le sentiment ou avec la description : « Déjà », dit-il, « un tourbillon de poussière soulevé par les pieds des chevaux retombe sur vos vêtements d’écorce, tout humides encore et suspendus aux branches où ils achèvent de se sécher, semblables à ces nuées d’insectes qui, par un beau rayon de soleil, viennent s’abattre en foule sur les arbres de la forêt… « … Tenez-vous en garde surtout, ô pieuses ermites, contre cet éléphant sauvage chassé par la meute, qui répand l’effroi dans le cœur des vieillards, des femmes et des enfants !
Dans la foule d’écrits que je vous ai fait connoître sur l’histoire de notre Poésie dramatique, je ne sçais comment l’Histoire du Théatre François par M. de Fontenelle, a pu m’échapper. […] Rousseau & M. de Voltaire sont les plus connus dans cette foule immense. […] Sans prétendre régler les rangs de cette foule de concurrens qui se sont présentés tour-à-tour, voici ce que je pense sur chacun d’eux d’après Mr. […] L’Abbé Regnier des Marais, Pavillon, la Monnoye, méritoient peut-être une petite place dans cette nomenclature ; mais il faut nécessairement que dans une multitude immense, il y ait quelqu’un qui se perde dans la foule.
à jamais anéantis dans les flammes, le cœur ne saigne, et l’on partage pleinement la douleur du digne sénateur byzantin ; on comprend sous sa plume ce mélange de Jérémie et de mythologie grecque, ces pleurs pour une statue d’Hélène et pour la profanation des vases de Sion, ces réminiscences d’une double antiquité qui lui viennent en foule et qui ressemblent à des lambeaux d’homélies entremêlés d’un retour d’Anacréon. […] Nicétas, lu ainsi en regard de Villehardouin, provoque une foule de réflexions et de pensées.
Il parut de nouveau sur le bima, et proposa à la foule de relâcher « le roi des Juifs. » La proposition faite en ces termes avait un certain caractère de largeur en même temps que d’ironie. […] Ils agirent promptement 1136, et pour combattre la proposition de Pilate, ils suggérèrent à la foule le nom d’un prisonnier qui jouissait dans Jérusalem d’une grande popularité.
Mais quand même il y aurait des ouvrages vraiment indifférents entre le bien et le mal, ils sont à coup sûr peu nombreux et cela n’empêche nullement qu’il n’y en ait une foule d’autres qui inclinent et veulent incliner les esprits dans une direction facile à reconnaître. […] Au reste, ici comme toujours, entre les deux extrêmes il y a place pour une foule de degrés intermédiaires.
Tandis que son cœur bat d’une douleur insigne, Sous l’armure éclatante, d’argent fabuleux, Voici que doucement s’est éloigné le Cygne Dont la candeur semait des lys sur les flots bleu Et la nacelle, au loin de la foule éperdue, S’engloutit, bientôt, comme une neige fondue. […] Gramontbs Siegfried Clamant victoire en la liesse de l’été Le héros puéril fier de son jeune glaive Foule dans les gazons le dragon mort et lève Vers les arbres amis son bras ensanglanté.
Il constate, implacable : « Les fantaisies de Lycurgue coûtèrent à Sparte son intelligence ; les hommes y furent beaux comme des chevaux de course et les femmes y marchaient nues drapées de leur seule stupidité ; l’Athènes des courtisanes et de la liberté de l’amour a donné au monde moderne sa conscience intellectuelle. » Ce redoutable destructeur des apparences, seules divinités adorées par la tourbe, cet amoureux de l’unique réalité, l’individu, a bien conscience d’être un monstre fort haïssable non seulement pour la foule, mais aussi pour les « âniers innocents qui accompagnent mais ne guident pas la caravane ». […] La seconde, la seule déesse, celle que sa splendeur même cache aux faibles yeux de la foule, est « absolue ».
La superstition en faveur de l’antiquité nous fait supposer que les anciens se sont toujours exprimés de la manière la plus heureuse ; notre ignorance tourne au profit du modèle et au détriment de la copie : le traducteur nous paraît toujours, non au-dessous de l’idée que l’original nous donne de lui-même, mais au-dessous de celle que nous en avons : et pour rendre la contradiction entière, nous admirons en même temps cette foule de latinistes modernes, dont la plupart, insipides dans leur propre langue, nous en imposent dans une langue qui n’est plus ; tant il est vrai qu’en fait de langues, comme en fait d’auteurs, tout ce qui est mort a grand droit à nos hommages. […] Si quelquefois je me suis écarté ailleurs du sens qui pourrait être adopté par d’autres, quelquefois même de celui qui a été suivi par la foule des commentateurs et des traducteurs, je crois avoir eu pour cela de bonnes raisons.
On peut croire, néanmoins, qu’il trouva à cette Duchesse bleue un attrait un peu plus romanesque et par là même de plus d’efficacité sur la foule que la sévère étude psychologique qu’eût annoncée Trois âmes d’artistes. […] L’infatigable dramaturge Guilbert de Pixerécourt excellait à intituler ses sombres mélodrames de façon à exciter la curiosité de la foule.
Enfin, on peut y joindre cette foule de compliments et de panégyriques prononcés dans l’Académie française, qui fut pendant soixante ans une espèce de temple consacré à ce culte. […] On ne peut douter que cette foule de grands hommes qui parurent alors, ne fût le fruit d’un gouvernement attentif et éclairé.
Lucrèce, jouée samedi dernier, a eu, je le répète, un vrai succès ; la foule était accourue à cet Odéon désert.
Ses Mémoires venaient de paraître ; arrivèrent en foule à l’hôtel les félicitations empressées et curieuses ; on cherche madame de Genlis.
Que ne puis-je de même remédier aux défauts de composition, de goût et de clarté qui s’y rencontrent en foule !
Ce seroit avilir le Cothurne, ce seroit manquer à la fois l’objet de la Tragédie & de la Comédie ; ce seroit une espece bâtarde, un monstre né de l’impuissance de faire une Comédie & une Tragédie véritable. » Quoique M. de Voltaire ne fasse pas loi dans le genre comique, par le peu de succès de toutes ses Comédies, il grossit donc la foule de tous nos bons Littérateurs qui se sont élevés contre ces esprits médiocres, qui s’efforcent de rembrunir la Scène, ne pouvant l’égayer.
Dorat n’eût du mérite & du talent : ses Pieces fugitives ont un ton & une physionomie qui lui sont particuliers & le distinguent honorablement de la foule des Poëtes de nos jours.
Linguet se montre dans tout ce qu’il a écrit, par une richesse d’imagination, une chaleur & une vivacité d’images, une flexibilité & un coloris de style, qui le séparent avantageusement de la foule de nos Littérateurs, même célebres.
Voilà donc un nouveau moyen de situations poétiques, que cette religion si dénigrée a fourni aux auteurs mêmes qui l’insultent : on peut voir, dans une foule de romans, les beautés qu’on a tirées de cette passion demi-chrétienne.
Il fallait pour cela leur donner encore plus de transparence, plus de légèreté, moins de corps et de solidité ; mais en revanche leur chercher un caractère divin, et les mettre dans une activité incroyable ; comme on les voit dans le morceau de Bouchardon où Ulisse évoque l’ombre de Tiresias, et où cette foule de démons étranges accourent à son sacrifice.
On assemblait la famille ; les enfants venaient recevoir des leçons de vertu en entendant louer leur père ; le peuple s’y rendait en foule : le magistrat y présidait.
Le caractère individuel d’Homère, disparaissant ainsi dans la foule des peuples grecs, il se trouve justifié de tous les reproches que lui ont faits les critiques, et particulièrement de la bassesse des pensées, de la grossièreté des mœurs, de ses comparaisons sauvages, des idiotismes, des licences de versification, de la variété des dialectes qu’il emploie ; enfin d’avoir élevé les hommes à la grandeur des dieux, et fait descendre les dieux au caractère d’hommes.