Hirsch se sert d’un alexandrin modifié quant aux jeux des rimes, et d’ailleurs fort souple.
André Magre, aussi volontairement mélancolique et intime que son frère est sonore et oratoire ; j’ai fort goûté la finesse des impressions d’enfance.
………………………………………………………………… Et nous qui connaissons la certitude unique, Salomé, des instincts, nous te donnons nos cœurs aux battements plus forts que, les soirs de panique, l’appel désespéré des airains de douleur, et nous voulons qu’au vent soulevé par ta robe, et par ta chevelure éclaboussée de fleurs se déchire enfin la fumée de l’Idéal et des Labeurs.
Avec une versification, en général, noble, forte & élégante, ce Poëte auroit dû s’attacher à y répandre un peu plus de cette douceur, de ce moëlleux, qui, sans nuire à l’énergie, donne, si l’on peut s’exprimer ainsi, de l’embonpoint aux Vers, & les fait paroître faciles.
Nous voudrions bien pouvoir également, en faveur de cette Lettre, réformer ce que nous avons déjà dit de ses Poésies, & nous joindre aux six Journalistes qui ont honoré ce Poëte d’éloges fort au dessus de ses espérances, comme il nous en assure ; mais les raisons de M.
Qu’avoit fait Gomberville, pour mériter une si forte dose d’encens ?
Cette remarque ne nous empêchera pas de dire à sa louange, que, malgré son zele pour l’Encyclopédie, l’esprit philosophique ne l’a jamais entraîné dans aucun de ces démêlés, où la Philosophie de notre siecle a si fort prouvé combien elle étoit éloignée de la véritable Philosophie.
M. de Méhégan n’avoit sans doute pas lu tous ces Ouvrages où la Morale est si fort défigurée sous le pinceau philosophique ; ces Romans où la vertu n’est rien moins que le but de ceux qui les ont composés ; ces Tragédies où le sentiment a beaucoup plus d’appareil & de machinisme, que de naturel & de réalité ; ces tirades aussi déplacées qu’audacieuses, qui ne peuvent plaire qu’à des esprits gâtés, qui ne peuvent être pardonnées que par des ignorans qui ne sentent pas combien elles sont hors de propos.
Vous êtes bien fort, vous le voyez ; eh bien ! […] Je m’approchai encore sur le trottoir du côté de la portière où était Lamartine, et je lui dis : « Vous voilà empêché dans votre triomphe ; vous voyez comme vous êtes fort, si vous voulez en profiter.
Deplace avait un sens droit, une instruction ecclésiastique et théologique fort étendue ; il savait avec précision l’état des esprits et des opinions en France sur ces matières ardentes ; il pouvait donner de bons renseignements à l’éloquent étranger, et tempérer sa fougue là où elle aurait trop choqué, même les amis : motos componere fluctus. […] Ils sont fort ébahis de ce nouveau système et ont peine à comprendre comment on peut proposer à Rome de nouvelles vues sur le pape : cependant il faut bien en venir là. » Il faut bien !
Cette facilité qui s’offre à l’écrivain de laisser les choses aller selon leur cours naturel et de s’abstenir de les soumettre à un plan original, est une dangereuse et forte tentation. […] Ce qui fait le plus d’effet, c’est ce qu’on lit ou ce qu’on entend en dernier lieu : l’impression en est plus forte sur l’esprit, et la fortune du raisonnement en dépend.
Dès le mois de juin 1639, on avait fort avancé la lettre A. […] C’était un gentilhomme savoisien, simple et bonhomme, fort gueux, et à qui la pauvreté arracha quelque jour d’équivoques démarches : du reste, il n’avait de passion que pour la langue française.
Fort d’un si considérable exemple, j’ai tenté de le suivre. […] Le drame en un acte annoncé par l’affiche pose la question vieille mais éternelle de la femme fatale, de la Sapho de Daudet, la question des relations intellectuelles et des confidences possibles de frère à frère ; l’autre tragi-comédie incitait à parler du divorce, ou de la fidélité, ou de la jalousie, mais ces fantaisies physio-psychologiques, de trop fortes lectures récentes m’en avaient ôté le goût.
Il seroit inutile de répeter ici que l’impression de la symphonie ne sçauroit être aussi sérieuse que l’impression que la tempête véritable feroit sur nous, car j’ai déja dit plusieurs fois, que l’impression qu’une imitation fait sur nous, est bien moins forte que l’impression faite par la chose imitée. […] Mais quoique nous n’aïons pas travaillé beaucoup à perfectionner nos instrumens militaires, et quoique nous aïons si fort négligé l’art de les toucher qui donnoit tant de consideration parmi les anciens, que nous regardons ceux qui exercent cet art aujourd’hui, comme la partie la plus vile d’une armée, nous ne laissons pas de trouver les premiers principes de cet art dans nos camps.
Le plaisir d’écrire, c’était de vivre avec une pensée, de la mûrir, de la vêtir, de la faire forte et belle … Autrefois, on faisait un livre comme on élève un enfant, avec diligence, avec patience 28. » Quoi qu’on dise, Louis Veuillot n’eût donc pas désapprouvé une méthode comme la nôtre, qui enseigne, comme il en exprimait le désir, à méditer, à corriger, à produire avec labeur, avec diligence, avec patience. […] Une plaine quelconque… Et il ajoute : « L’originalité, la forte empreinte d’un génie vigoureux manque à Fénelon.
C’est là le grand mérite de Racine, la cause du charme qu’on éprouve en le lisant ; il a fort enrichi la langue, non par des expressions nouvelles, qu’il faut toujours hasarder très sobrement, mais par l’art heureux avec lequel il sait réunir ensemble des expressions connues, pour donner à son vers ou plus de force ou plus de grâce ; par la finesse avec laquelle il sait relever une expression commune, en y joignant une expression noble ; enfin par la simplicité unie partout à la noblesse, à la facilité et à l’harmonie. […] Alexandre, César, ce roi philosophe dont je viens de vous parler, tous d’aussi bonne maison que ces messieurs, et à ce que je crois, un peu plus grands hommes, seraient d’un autre avis, plus juste et plus flatteur pour celui dont je parle ; et le public, plus fort que tous les gens à la mode, le dédommagera, par son suffrage, de ceux qu’il n’aurait pas le bonheur d’obtenir : ce public, un peu dur quelquefois, mais toujours respectable, prendrait la liberté de dire à ses frivoles censeurs : Rien n’est si ridicule que de vouloir attacher du ridicule aux talents, et de paraître dédaigner ce qu’on n’est pas en état de faire.
Il va, il vient, il flâne, il trotte sur les pas de son vieux Tallemant, mais de repli véhément sur soi-même, de réflexion, d’appréciation pénétrante qui ouvre le flanc à cette société qui a la mort dans les entrailles et qui a l’air de vivre si fort, il n’y en a trace nulle part dans la préface ou dans les notes de ce bel esprit superficiel. […] N’est-ce pas à croire que pour l’esprit aussi « qui a compagnon a maître », selon le dicton du roi Henri III, puisque Paulin Paris, un homme accoutumé à l’histoire, avec tous les avantages que lui donne le temps ou il vit pour juger le temps où Tallemant écrivait, n’est pas plus fort, quand il s’agit d’en embrasser l’ensemble et d’en agiter les problèmes, que l’homme vulgaire qu’il a commenté ?
Avec des facultés très fortes, de l’acuité d’observation, de la profondeur dans l’accent, de l’emporter pièce dans l’empreinte, il voulut être un moraliste et n’y réussit pas, quoiqu’il ne se soit survécu à lui-même que sous ce nom, et quoique à cette heure il ne soit lu et compté que comme tel. […] Ils se laissaient prendre dans leur ordure, tandis que les hommes, plus grossiers et plus forts, luttent pour rester dans la leur !
On n’avait pas montré à ses ouvrages ce dédain et cette hostilité qu’on a pour tous les livres forts dans ce monde quand ils touchent à des idées faites ; car l’homme n’aime pas plus à être dérangé dans son esprit que dans son corps. […] Mais au point de vue du fait même, du fait raccourci, et de l’érudition, exacte et liardeuse, ce procès, — non, le mot est trop fort !
Mais l’histoire intégrale du xviiie siècle, une histoire allant d’une seule et forte venue d’une extrémité à l’autre de ce siècle, qui s’ouvre en 1700 aux affaires de la succession d’Espagne et qui se ferme en 1800 aux affaires d’une bien autre succession, — la succession de la Révolution française, — une pareille histoire, on la cherche en vain. […] Cela dit, et lui parti avec une si pauvre conception de l’Histoire, nous avouerons de fort bonne grâce qu’il va très bien.
Les plus forts, les plus gigantesques de ses chefs apparents, qu’il poussait devant lui sous le coup de fourche de son inflexible volonté, ne furent, entre ses mains de Briarée, que d’énormes pantins qu’il fit jouer et qu’il brisa. Ni Danton, ni Robespierre, ni Marat, ni celui qui devait se mettre en travers du boulet qui l’eût coupé en deux si la mort — venue à temps — ne lui eût épargné cette leçon cruelle, ni Mirabeau, ce Pitt manqué de la Monarchie française qui a ressuscité sans lui, ni aucun de ceux qui se sont taillé un bout de renommée dans la colossale famosité de la Révolution, ne furent des personnalités libres, puissantes par elles-mêmes, possédant ce qui investit les vrais chefs, les vraies têtes de gouvernement, c’est-à-dire : l’autorité incontestée d’un commandement, plus forte que les passions, qui frémissent de subir le commandement mais qui le subissent !
Pelletan n’a jamais été plus fort que la sienne ; il est plus que jamais entraîné par elle, comme tant d’esprits de ce temps de démence chez qui l’imagination, cette singesse de l’intelligence, comme disait Schiller, tord si souvent le cou à la raison. […] C’est qu’ici le tempérament de Pelletan a été plus fort que ses opinions de journaliste.
au moins fort singulier, un chevalier ou une chevalière d’Éon de la littérature. […] Eh bien, ce que le philosophe furibond ne manqua pas certainement d’appeler une capucinade, n’a-t-il pas influé sur l’esprit de Sainte-Beuve, trop détaché des choses religieuses pour bien comprendre, dans ses sévérités comme dans ses indulgences, dans ses ombres comme dans ses lueurs, cette capucine de bonne volonté, qui abaissa de bonne heure sur ses yeux restés pénétrants la pointe de son bonnet de dévote et qui le garda, jusqu’à sa mort, comme le capuchon de sa vieillesse, sans que pour cela ses anciens yeux d’escarboucle brillassent moins fort et vissent moins clair ?
Il le compare au géant Antée, fort dès qu’il touche la terre, mais faible dès qu’il rêve et devient fantastique. […] Dans la réalité intime, élevée et profonde, la seule qui soit littéraire, Hoffmann n’est pas plus fort, ce mot qui implique la fermeté et la droiture, que dans le fantastique, où Heine admet qu’il est inférieur.
Flanquer le Lara de Lord Byron en opéra-comique est tout à la fois une de ces spéculations et de ces caricatures qui dépassent en ridicule cette Histoire romaine en rondeaux de Benserade, dont le fort bon sens de Despréaux se moquait ! […] Eh bien, c’est cet esprit de contradiction, avec lequel je me ferais bien fort d’expliquer toute la vie de Lord Byron, c’est cet esprit qui nous l’a cachée, et qui nous l’a cachée, en la tachant… Comprimé par la règle anglaise, ce Grec, dilaté par la vie libre de la Grèce, se donna l’affreuse courbature de se faire fanfaron de vices, pour justifier et exaspérer les cris de paon de la puritaine Angleterre, cette paonne de vertu !
D’œuvres fortes, aucune. […] Il a la prudence des serpents d’alors, qui étaient forts plats ; il ne déduit pas longtemps ses idées, il les ombrage quand elles deviennent trop claires, et les brise dans cette plaisanterie, qui est une ressource, mais on n’en voit pas moins passer la lueur.
La sienne n’a rien de cette substance épaisse et forte. […] L’auteur de la Vie et de l’Intelligence n’est donc pas moins fort, parce qu’il est gracieux ; il n’est pas moins docte, parce qu’il est agréable et que tout le monde peut lire ses livres et les goûter.
L’inconséquence de ces deux esprits est plus forte qu’eux. […] On est entré, du premier pas, d’une telle roideur dans le fanatisme de la haine, qu’on ne peut s’avancer d’un degré de plus dans la frénésie à froid du mensonge et dans le souillement des choses sacrées… Avoir vécu vainement dix-huit cents ans de Christianisme et d’Histoire, pour se retrouver, à la fin de ce xixe siècle, qu’ils disent lumineux, de l’opinion de la canaille romaine et des plus atroces empereurs de cette canaille sur le compte des Juifs et des chrétiens, c’est encore moins fort d’absurdité et moins transcendant de sottise impudente, que d’avoir posé comme un fait scientifique et démontré la honteuse et humiliante folie du céleste Rédempteur du genre humain.
Ce qui reste d’eux là-dedans est la partie, plus forte que tout, la partie irréductible de leur génie. […] La première publication de ce mystique singulier, qui a depuis si simplement dit des choses si fortes, il l’intitula : « Pensées raisonnables sur Dieu. » Les phénomènes n’étaient rien pour lui, ce qui explique le prosaïsme de ses tableaux d’un autre monde.
Ce bonheur-là, je l’ai eu un jour, si on se le rappelle, quand je signalai l’un des premiers, si ce n’est le premier, le livre d’un inconnu (Revelière), intitulé magnifiquement : Les Ruines de la Monarchie française, sous lesquelles, par parenthèse, il pourrait bien rester enseveli… Eh bien, je vais avoir ce bonheur encore en parlant d’un autre livre, non moins substantiel, non moins fort d’observation et de raison que celui de Revelière, et aussi non moins ignoré… Ce livre s’appelle : Les Philosophes et la Philosophie, et il est d’un écrivain à peu près aussi inconnu que Revelière, c’est M. […] IV Mais si la psychologie de Descartes a fait fléchir la rigueur d’une définition qui devait être rigoureuse sous la plume d’un aussi fort chrétien que l’auteur des Philosophes et la Philosophie, n’oublions pas que partout ailleurs, dans son livre, il reste l’homme irréprochable de ce Spiritualisme qui meurt actuellement sous l’étreinte du plus brutal Matérialisme, et que le Christianisme peut, seul, ressusciter, en l’en arrachant !
Il y a des différences dans la gloire de Bossuet, comme il y a des places plus rayonnantes, plus condensées, plus blanches dans la lumière, mais de l’absence de lumière, mais de l’ombre positive à un seul endroit de cette vie étonnante, on la cherche en vain… Seulement, cette lumière qui partout l’inonde, et dont l’écrivain qui la retrace finirait par être ébloui, passant à travers les mœurs simples et fortes de cet homme trop grand pour n’être pas un bon homme, donne à cette vie, aveuglante d’éclat, des tons doux, charmants, attendris, qui nous reposent et qui nous touchent, et qui ont influé, sans qu’on s’en soit rendu bien compte jusqu’ici, sur ce qu’il y avait de plus beau et de plus profond dans sa pensée. […] Là, enfin il s’enveloppa dans sa fonction de simple chanoine, vivant entre sa maison studieuse et sa cathédrale, embrassant tous les soirs sa sœur et la quittant pour s’en aller à matines ; et cette vie régulière et cachée, racontée pour la première fois par Floquet, cette vie devenue de l’inconnu par l’éloignement et par le temps, cette pénombre au fond de la gloire, cette brune draperie tirée contre le jour, qui tombe toujours plus fort par la fenêtre de cette cellule, tout cela nous prend au cœur et nous fait entrevoir un Bossuet inattendu et touchant.
Fidèle aux habitudes de toute sa vie, Guizot prend encore cette forte et majestueuse position, mais il se contente de la prendre. […] nous nous attendions ici à une œuvre de protestantisme et de philosophie, dont nous n’aurions même pas discuté les principes dans une polémique inutile ; mais puisqu’il s’agissait du protestantisme et de Calvin, nous nous attendions, cependant, à une œuvre, sinon forte, au moins substantielle de l’ancienne substance de Guizot.