— C’est ton père, c’est moi, C’est ma seule prison qui t’a ravi ta foi… Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des héros, défenseurs de ma loi, C’est le sang des martyrs. — Ô fille encor trop chère !
Il y a une époque dans notre histoire où l’on a eu foi aux doctrines du Contrat social ; ce qui reste de cette foi est parmi les périls les plus pressants de notre temps. […] Ainsi, lorsque Rousseau revendique la religion naturelle contre le matérialisme de son temps, il n’invente rien, et c’est tant mieux ; mais il y a des restaurations qui valent autant que des inventions ; et la profession de foi du vicaire savoyard est de celles-là. […] Il est vrai qu’un hommage plus magnifique encore resterait infiniment au-dessous du plus simple acte de foi et d’amour d’une âme véritablement chrétienne ; mais puisqu’il y a des esprits qui ne peuvent pas devenir religieux par le cœur, ne faut-il pas remercier Dieu qu’il lui ait plu de se révéler à eux par la force de la logique dans les écrits d’un Descartes, par la force du sentiment dans ceux d’un Jean-Jacques Rousseau ? Le plus doux des chrétiens du dix-septième siècle, Nicole, qui recommandait de ne point dédaigner les preuves philosophiques de l’existence de Dieu, eût absous la première partie de la profession de foi du vicaire savoyard.
Sa curiosité, le vif intérêt qu’il prend à toute combinaison nouvelle viennent de sa foi au merveilleux. […] Si l’histoire de l’esprit humain n’est qu’une succession de systèmes qui se renversent, il n’y a qu’à se jeter dans le scepticisme ou dans la foi. […] Ces deux phases dans la création légendaire correspondent aux deux âges de toute religion : l’âge primitif, où elle sort belle et pure de la conscience humaine, comme le rayon de soleil, âge de foi simple et naïve, sans retour, sans objection, ni réfutation ; et l’âge réfléchi, où l’objection et l’apologétique se sont produites ; âge subtil, où la réflexion devient exigeante, sans pouvoir se satisfaire ; où le merveilleux, autrefois si facile, si bien imaginé, si suavement conçu, reflet si pur des instincts moraux de l’humanité, devient timide, mesquin, parfois immoral, surnaturel au petit pied, miracles de coterie et de confréries, etc. […] Puis, quand l’enthousiasme est tombé, quand la force originale et native s’est éteinte, on commence à définir, à combiner, à spéculer ce que les premiers croyants avaient embrassé de foi et d’amour. […] Il est prouvé que l’immense majorité de ceux qui suivirent le hardi korcischite n’avaient en lui aucune foi religieuse.
L’effet sans cause, ou Dieu, est absurde, et, si cet être sans cause n’était pas nécessaire, on pourrait le nier ; mais, comme il est nécessaire et évident, il faut le reconnaître, et reconnaître, par le même acte de foi et d’humilité, que notre sublime intelligence n’est cependant pas infinie, et que, toute vaste qu’elle soit, cette intelligence a une borne, et que cette borne est Dieu. […] Sa seule activité serait de contempler, sa seule moralité serait de réverbérer les lueurs de Dieu en elle ; son seul mérite serait de faire un acte perpétuel, mais fatal et involontaire, de foi dans la création et dans le Créateur. […] Quelles sont ces conjectures, selon la raison, selon la foi de tous les grands esprits, depuis Job jusqu’à nos jours, les plus vraisemblables et les plus saintes ? […] Pour que ce combat, dont l’immortalité est le prix, fût possible, il fallait qu’il y eût assez de ténèbres sur notre âme pour autoriser le doute, assez de lueurs pour éclairer la foi. […] Ou la philosophie de la résignation, de la foi, de l’acceptation, du repentir et de l’immortelle certitude. — Scio quod Redemptor meus vivit.
mon pauvre ami, j’avais, ma foi, assez à faire de penser à mon ménage et à la vie de tous les jours ! […] Se complaire dans un de ces états d’esprit intermédiaires entre la négation et la foi, que M. […] Les hommes très civilisés d’il y a cent trente ans étaient des êtres fins, secs, frivoles et de peu de foi. […] Cultivez vos amis, soyez homme de foi. […] Telle est même la pensée fondamentale d’un livre jadis célèbre et qui passa, ma foi !
On en suivrait aisément les traces et le progrès au sein de cette obéissance sans réserve et de cette foi universelle à la royauté de Louis XIV ; mais il est contenu, réglé, et comme contre-balancé par l’esprit de discipline. […] Rien n’est plus propre à faire naître la foi où à l’entretenir que l’unité et la tradition. […] Pour l’autre, s’il l’invoque, c’est avec une foi d’habitude, par devoir plutôt que par goût. […] Quoique l’esprit chrétien y domine, et que ce soit le prêtre de la religion révélée qui démontre le premier dogme de la religion naturelle, on y sent le disciple de Descartes cherchant Dieu par-delà la foi, et pensant à ceux qui n’en peuvent recevoir la connaissance que par la raison. […] Les dieux de Fénelon ressemblent à ces vaines figures de la Vierge auxquelles s’essayent les peintres, depuis que le protestantisme et la philosophie ont effacé de notre imagination cet idéal que Raphaël avait reçu de la foi du moyen âge.
Bouvard et Pécuchet, c’est le dernier mot, l’aboutissement nécessaire du réalisme sans foi, sans émotion, sans charité. […] Il y a plus de magnificence dans l’imagination de cet auteur anonyme, le peuple, et dans son humble cœur plus de poésie, parce qu’il y a plus de foi, de simplicité et de douleur. […] Les choses de la foi l’absorbèrent bientôt tout entier. […] Pour mesurer l’étonnement et l’irritation qui accueillirent la profession de foi de Gogol, il faut se reporter aux excellents travaux de M. […] En revanche, les apôtres de la foi nouvelle ont une auréole de générosité et de dévouement.
Stendhal ne croit à rien, et si l’admiration est une espèce de foi, et si donc il faut chercher ce qu’admirait Stendhal, il n’admirait que la force. […] Beaucoup plus capable de sourire, de gaîté, de bienveillance, d’indulgence et par conséquent d’action sur les hommes, Renan, tout compte fait, s’est peu soucié d’agir, ce qui veut dire — toujours — qu’en somme il avait peu de foi. […] Il a radicalement nié et refusé de voir les deux tendances humaines qui s’appellent l’altruisme et le mysticisme, dont l’une nous porte à vivre en autrui, l’autre nous porte à vivre dans le rêve, l’espérance ou la foi d’un autre monde que celui que nous voyons. […] Si une littérature, en un temps de foi déclinante, s’avise d’être religieuse, si, d’autre part, elle aime à se nourrir et à faire son entretien des antiques légendes, si au xixe siècle, par exemple, elle est entêtée de religion et de moyen âge, elle sera antiromantique par excellence. […] Sainte-Beuve aspire à la diffusion insensible du scepticisme parmi les hommes, comme d’autres à l’établissement d’une foi unique et à la communion de tous les hommes dans une unique foi.
Pour ceux qui connaissent son caractère de droiture, d’énergie et de franchise, ou qui ont apprécié la haute portée de son talent, c’était un besoin de manifester les sentiments d’estime et d’affection qu’ils lui portent : ceux qui partagent ses principes politiques ont dû lui savoir gré de cette généreuse ardeur toujours prompte à relever les provocations ou à venger les injures qui s’adressent à la cause de Juillet ; les hommes de cœur, enfin, qui, sans être attirés vers lui par une communauté d’opinion aussi étroite, ont pris en dégoût les honteuses palinodies qui font le scandale de notre temps, n’ont pu refuser quelque marque de sympathie à un écrivain dont la foi politique, éclairée et persévérante, va jusqu’au sacrifice de la vie.
J’en ai pesé chaque mot avec le plus grand soin ; c’est ma profession de foi en ce qui touche les choses humaines, et, quand la civilisation moderne aura sombré par suite de l’équivoque funeste de ces mots : nation, nationalité, race, je désire qu’on se souvienne de ces vingt pages-là.
Ma foi, je ne sais ce que c’est.
Là, il s’interrompt pour nous apprendre, qu’il a été à Lourdes, et qu’il a été frappé, stupéfié, par le spectacle de ce monde de croyants hallucinés, et qu’il y aurait de belles choses à écrire sur ce renouveau de la foi, qui pour lui a amené le mysticisme en littérature et ailleurs, de l’heure présente. […] Ma foi, en sa qualité de chirurgien, il demandait une alène, de la grosse ficelle, et le recousait sur place, puis, le faisait reconduire à l’ambulance entre deux chevaux qui le soutenaient. […] Daudet confessait, qu’après le four de Lise Tavernier à l’Ambigu, il avait été drôle comme tout, à un souper distingué, original, qu’avait donné son beau-père, mais après, quand il s’était trouvé tête à tête avec sa femme, il avait été pris d’une crise de nerfs, et, ma foi, qu’il avait pleuré, pleuré comme un enfant. […] À un moment, comme on parlait de la foi, il a dit que ce sentiment n’existait pas chez lui ; et il se comparait assez ingénieusement à un homme, qui habiterait une chambre, au-dessus de laquelle serait une autre chambre, où il aurait la perception qu’il se passe des choses… mais des choses qui ne l’intéressent pas du tout. […] Ma foi, vraiment on ne peut rien trouver de plus férocement antithétique.
Champfleury accomplissait sa découverte, un jeune peintre d’un très grand talent, ma foi ! […] Nous manquons d’une foi commune ; les schismes et les divisions nous entourent. […] — Il a perdu ses anciennes croyances ; mais qu’importe, puisqu’il croit encore à la nécessité d’une foi ? […] Mademoiselle Mantelli sera une fort belle personne, ma foi ! […] Et par ma foi !
La foi, il est vrai, était chancelante et ne pouvait plus s’attacher fermement à des doctrines ébranlées : aussi ces doctrines devaient-elles succomber un jour ; mais ce jour était retardé. […] Les chroniques n’attestent pas seules le nombre et la popularité des ménestrels ; d’époque en époque la législation en fait foi. […] Mais, en France, le clergé, après avoir élevé les théâtres, ne tarda pas à les foudroyer ; il en avait réclamé le privilège dans l’espoir d’entretenir ou d’échauffer ainsi la foi ; bientôt il en redouta l’effet et en abandonna l’usage. […] D’époque en époque notre littérature en fait foi. […] L’Italie seule et la France, patries du classique moderne, s’étonnent du premier ébranlement donné à ces opinions qu’elles ont établies avec la rigueur de la nécessité, et soutenues avec l’orgueil de la foi.
Il nous a rendu la candeur des gens du Nord, leur foi têtue.
Il y a trois belles choses, disait saint Paul : la foi, l’espérance, la charité ; la plus grande des trois, c’est la charité.
On peut en juger par l’Ouvrage immortel de la perpétuité de la Foi, fait en société avec Nicole ; par celui de l’Art de penser, non moins admirable dans son genre, & auquel il eut plus de part que ce dernier : la Grammaire générale & raisonnée qu’il composa avec Lancelot, est également digne du succès dont elle jouit.
Le flambeau de sa raison ne heurte jamais celui de la foi.
Ajoutez qu’on sent dans l’historien de foi un ton, nous dirions presque un goût d’honnête homme, qui fait qu’on est disposé à croire ce qu’il raconte.
Avec quelle noblesse et quel pathetique Virgile auroit-il traité une apparition de saint Louis à Henri IV la veille de la bataille d’Yvri, quand ce prince, l’honneur des descendans de notre saint roi, faisoit encore profession de la confession de foi de Geneve ?
de ces confesseurs de la foi livrés aux bêtes de la Révolution française ; mais il a aussi, chose plus méritoire, la vue très nette de ce que la France — la France terrienne, la France politique, — doit à ce clergé qu’elle a traité en 1792 avec une si cruelle ingratitude.
Il n’en va pas de même chez les partisans d’une philosophie basée sur l’étude de la nature et sur la foi dans la volonté humaine délivrée des dieux qu’elle s’imposa jadis. […] Quant à moi j’y découvre un amour profond de la vie, l’horreur de l’aberration chrétienne, la foi dans la science, et la divulgation de quelques-uns des mensonges dont la Bourgeoisie use pour duper Jacques Bonhomme. […] Mais une foi robuste le soutenait, et il ne cessa pas d’espérer que, tôt ou tard, l’esprit de liberté créerait un nouveau monde. […] Il semble que ce doive être, corroborée par la science, la foi de l’avenir. […] Pour formuler cet idéal, il abolit la foi aux entités, le respect de la souffrance, la notion de péché et de châtiment, celles de justice et de solidarité.
Il en diffère en ce point qu’il a foi, non pas aux médecins, comme Argan, mais aux livres de médecine. […] Son cas est d’avoir foi aux journaux. […] C’est affaire de foi, non d’expériences. […] Cependant un pays ne se reconstitue que sous l’empire d’une foi commune. En attendant cette foi, ayons du moins une passion.
A priori, qui pouvait se douter, qu’un jour il accepterait l’empirisme comme une foi, pire : comme une méthode ? […] — de son orgueil ou de sa foi ? […] Pour elle, non, il ne reniera pas sa foi. […] Phocas se sacrifie par devoir, par faiblesse, par lassitude, sous le poids d’une foi en laquelle, hélas ! […] Car autant négliger, ma foi !
À ses yeux, c’est le moyen providentiel qui préparait la prédication générale et rapide de la foi chrétienne. […] Le quinzième siècle se ferme presque par cet événement le plus mémorable qui ait paru dans l’histoire du monde, depuis celui qui a changé la foi des nations. […] Faudra-t-il rappeler que, dans l’ardeur de leur foi, ces prédicateurs devaient peu s’inquiéter de l’exactitude grammaticale ? […] Les barons du Limousin et du Périgord, qui m’avaient engagé leur foi, m’ont trahi. […] Le comte de Toulouse la protégeait ; le tuteur du vicomte de Béziers était soupçonné d’en faire partie : les temples des Albigeois étaient fréquentés ; leurs hymnes en langue vulgaire retentissaient librement ; et leur foi vivait paisible à côté de la foi catholique, dans les mêmes cités et dans les mêmes villages.
Si, en effet, le pouvoir départi à l’homme de ce concevoir autre qu’il n’est a pu apparaître sous un jour défavorable, une telle dépréciation avait pour origine la foi en ce concept d’une vérité dont on vient de montrer le caractère illusoire.
On aime encore à lire la profession de foi de l’illustre chancelier d’Angleterre, et la prière qu’il avait coutume de dire avant de se mettre au travail.
nous le verrons se développer avec les ans d’une étonnante manière, dans le sens de la foi, de l’enthousiasme et de la tendresse. […] Ce n’est plus à un moraliste de la fin du dix-huitième siècle que nous aurons affaire, c’est à un écrivain de l’ère nouvelle et laborieuse, à une mère attentive et enseignante, qui sait les épreuves et qui prépare des hommes ; à un philosophe vertueux occupé de faire sentir en chaque ordre l’accord du droit et du devoir, de l’examen et de la foi, de la règle et de la liberté. […] Ceux qui ne sont ni mère ni père, et qui n’ont pas la foi pure et simple du catéchisme, s’ils savent un peu le monde et la vie, arrivés à trente ans, sont bien embarrassés souvent en face de l’enfance. […] Si la manière de voir de Mme Guizot ne peut atteindre ni satisfaire ceux qui ont là-dessus une opinion très-arrêtée, de pure foi et rangée à la tradition rigoureuse, elle a cet avantage de répondre, de s’adapter à toutes les autres opinions et situations plus ou moins mélangées qui sont l’ordinaire de la société actuelle, et d’offrir un résultat praticable à Mme Mallard comme à Mme de Lassay.
Un homme ayant dit de mon temps : Je crois cela comme article de foi, tout le monde se mit à rire… Il y a un comité pour considérer l’état de la religion, mais cela est regardé comme ridicule. » Cinquante ans plus tard, l’esprit public s’est retourné ; « tous ceux qui ont sur leur tête un bon toit et sur leur dos un bon habit492 » ont vu la portée des nouvelles doctrines. […] Avec la Régence, « l’incrédulité se produit au grand jour ». « Je ne crois pas, dit encore la Palatine en 1722, qu’il y ait à Paris, tant parmi les ecclésiastiques que parmi les laïques, cent personnes qui aient la véritable foi ou qui croient même en Notre Seigneur. […] Dernier signe et le plus grave de tous Si les curés qui travaillent et sont du peuple ont la foi du peuple, les prélats qui causent et sont du monde ont les opinions du monde. […] c’est le clergé. » Et l’archevêque de Narbonne expliquant la résistance du haut clergé en 1791523, l’attribue, non à la foi, mais au point d’honneur. « Nous nous sommes conduits alors en vrais gentilshommes ; car, de la plupart d’entre nous, on ne peut pas dire que ce fût par religion. » V.
L’idéal que nous cherchons dans la représentation d’événements tragiques, nos pères le cherchaient dans la mise en scène de l’histoire de leur foi. […] Deux choses alors remplissent le moment présent : la foi sans la science de la religion, sans l’intelligence de ses rapports avec la civilisation ; la critique, qui n’a pas d’idées générales, et n’est guère que l’impression vive d’un malaise actuel. […] Voltaire oppose à la théorie de Corneille une raison qui, pour être très générale et très sommaire, n’en est pas moins invincible : « Il ne faut pas, dit-il, transporter les bornes des arts. » Tous les raffinements de l’esthétique échouent contre cette raison ; c’est un article de foi littéraire dans notre pays. […] Sur la foi d’un si excellent juge, on peut reprocher au Cid l’abus de l’esprit ; encore cet abus ne vient-il que de trop de fidélité dans la ressemblance avec la vie.
» Ainsi à ces époques, plus heureuses par là que les nôtres, et jusqu’en ces âmes dissipées, même au fort du libertinage, on croyait ; quelle que fût la surface et le soulèvement des orages, le fond était de la foi : on revenait à temps, et les grandes âmes allaient haut. […] En un mot, il y avait de la foi jusque sous le libertinage de ces temps-là, et il se glisse du scepticisme jusque dans nos croyances philosophiques d’aujourd’hui, et pourquoi ne pas ajouter : jusque dans nos professions chrétiennes ? […] Bossuet, orateur glorieux par ses premières oraisons funèbres, docteur déclaré par l’Exposition de la Foi, se vouait à l’éducation du Dauphin.
Le fourbe et fanatique Savonarole, qui voulait prendre pied sur un cadavre pour se montrer plus dévoué au peuple, osa troubler son agonie en venant lui offrir sa bénédiction dans des termes qui semblaient révoquer en doute sa foi chrétienne ; il l’interrogea sur ses sentiments. […] La foi fournissait les trésors. […] Alors il nous jeta quelques paroles toujours remplies, selon sa coutume, d’urbanité, d’affection et d’amitié ; il plaisantait même avec nous, et, en nous regardant tous deux : « J’aurais bien voulu, nous dit-il, que la mort eût différé son arrivée jusqu’au jour où j’aurais entièrement complété votre bibliothèque ; il ne s’en fallait pas de beaucoup. » À peine Pic s’était éloigné, que Jérôme de Ferrare, homme remarquable et par son savoir et par sa sainteté, prédicateur distingué de la science céleste, entra dans la chambre à coucher et l’exhorta à bien garder sa foi : « Oui, et inébranlable, répondit-il avec assurance » ; de prendre la résolution de vivre le plus irréprochablement possible : « Sans aucun doute, répondit-il encore avec fermeté » ; qu’enfin, s’il le fallait, il supportât la mort avec calme : « Rien ne m’est plus agréable que de mourir, si Dieu le veut. » Après cela, Jérôme se retirait, lorsque Laurent : « Hé !