Ainsi nous avons très rarement le portrait de l’esprit humain dans sa figure naturelle : on ne nous le peint que dans un état de contorsion ; il ne va point son pas, pour ainsi dire, il a toujours une marche d’emprunt… J’arrête la pensée au moment où lui-même il va en abuser, et tandis qu’il est juste encore et qu’il est clair. […] Et comment, par exemple, n’appellerait-on point précieux un observateur qui vous dit, en voyant dans une foule les figures laides faire assaut de coquetterie avec les figures plus jolies (la page est curieuse et dispense d’en lire beaucoup d’autres ; mais, à côté du bon Marivaux, il faut bien qu’on sache où est le mauvais) : J’examinais donc tous ces porteurs de visages, hommes et femmes ; je tâchais de démêler ce que chacun pensait de son lot, comment il s’en trouvait : par exemple, s’il y en avait quelqu’un qui prît le sien en patience, faute de pouvoir faire mieux ; mais je n’en découvris pas un dont la contenance ne me dît : « Je m’y tiens. » J’en voyais cependant, surtout des femmes, qui n’auraient pas dû être contentes, et qui auraient pu se plaindre de leur partage, sans passer pour trop difficiles ; il me semblait même qu’à la rencontre de certains visages mieux traités, elles avaient peur d’être obligées d’estimer moins le leur ; l’âme souffrait : aussi l’occasion était-elle chaude. […] Vous savez que j’étais bien mise, et quoiqu’elle (la dame) ne me vît pas au visage, il y a je ne sais quoi d’agile et de léger qui est répandu dans une jeune et jolie figure, et qui lui fît aisément deviner mon âge.
Nous avons besoin, pour ne pas sourire de pitié à la vue de ces conceptions grandioses, envolées en fumée et pour jamais évanouie, de nous souvenir de cette parole même du marquis de Posa : « Dites-lui, quand il sera homme, de garder du respect pour les rêves de sa jeunesse. » C’étaient en effet de purs rêves, c’étaient des jeux d’enfant sublime que ces scènes de Schiller ; ce sont des monstruosités de grandeur comme se les figure volontiers l’enfance dans ses contes d’ogres et de géants : et la première jeunesse, après l’enfance, est sujette à avoir aussi ses contes d’ogres et de géants au moral. […] Il est assez bien de figure et ses traits ne sont pas désagréables. Il a les cheveux bruns et lisses, la tête médiocre, le front assez peu élevé, les yeux gris, les lèvres moyennes, le menton un peu long, la figure très-pâle. […] Sa figure est laide et désagréable.
Sa figure, sans être belle, était perçante ; il était impossible d’apercevoir dans un théâtre ou dans un salon cette figure de fils des preux, fière, gracieuse, accentuée, sans demander quel était ce jeune gentilhomme, et sans se souvenir de lui. […] VIII Je faisais donc quelquefois effort sur moi-même et trêve à ma solitude absolue pour me faire recommander tantôt à M. de Rayneval, tantôt à M. d’Hauterive, tantôt à M. de Barante, tantôt à M. de Vaublanc, et leur demander protection ; ils me recevaient bien, mais en souriant de ma jeunesse et de ma figure, et me remettaient à d’autres temps. […] La figure et les manières du jeune homme plurent au futur souverain de l’empire.
C’est une digne et grave figure que celle de ce vieux statuaire incorruptible et fort, comme le marbre que taille sa main laborieuse. […] » Le petit Valtravers nous repose un peu de telle odieuse figure de dandy taré. […] Une ancienne maîtresse peut se résigner à voir son amant lui échapper par la tangente d’un mariage, mais on ne se la figure guère poussant à la noce qui doit l’évincer. […] Certes, le Rodin du Juif errant est une laide et grossière figure, taillée en épouvantail et coloriée des tons crus dont les peintres des enseignes foraines se servent pour enluminer leurs serpents de mer.
Quoi qu’il en soit, je ne me figure guère un Krupp, même français, la tête ceinte d’une auréole allumée au feu de sa forge, et tendant des mains, noires de poudre fulminante, vers le Dieu de miséricorde. […] C’est une figure étonnamment vraie que celle de ce fils de joie : la ressemblance est exacte, pas plus exagérée qu’adoucie ; l’homme est modelé en pleine boue, sans grossissement et sans bavochure. […] Ce trait de précocité est si fort, qu’il marque cette figure d’enfant comme d’une légère ride. […] Je ne sais guère, dans le théâtre contemporain, de figure plus attendrissante que celle de Raymonde, plus amoureusement femme et mère, mieux relevée par le repentir.
Soit en habit du matin, soit en habit de cour, ou en habit d’hiver, elle y paraît fine, mince, grande, noble, élégante et jolie ; d’une taille élevée et qui a tout à fait grand air ; une figure un peu ronde, une figure d’ange, et où la douceur s’allie à la malice, une bouche fine où la raillerie se joue aisément, de beaux yeux où éclatent l’agrément et l’esprit : en tout la grâce et la distinction même. […] cette figure-là n’a qu’à choisir, elle sera tour à tour, et à volonté, Esther ou Célimène 5. […] [NdA] Mme des Ursins, dans ses lettres à Mme de Maintenon, n’avait cessé de faire valoir son amie, depuis sa rentrée en grâce auprès de sa tante ; elle varie ses louanges sur tous les tons : « Elle n’a rien de fardé, et est d’ailleurs aussi aimable par l’esprit que par la figure… Vous trouveriez en elle des ressources infinies, personne n’ayant plus d’esprit, et n’étant plus amusante sans aucune malice. » Mme de Maintenon, à la fin, s’avoue presque vaincue : « Il est vrai que je m’accommode mieux de Mme de Caylus qu’autrefois, parce qu’elle me paraît revenue de l’entêtement qu’elle avait pour le jansénisme, étant difficile de se trouver agréablement avec ceux qui pensent différemment que nous : son visage est toujours aussi gracieux, mais elle a une taille qui la défigure fort ; du reste, je ne vois point de femme ici si raisonnable qu’elle. » (Lettre à Mme des Ursins, du 26 août 1714.)
Robert de Traz fouillait avec un grand talent, et la figure et la carrière militaires. […] Dégageons cette exquise figure des légendes qui s’étendent sur elle. […] Mettons qu’elle ne soit pas la seule, elle figure toutefois parmi les Internationales les plus puissantes. […] Le colonel Bramble, quelle figure charmante et réjouissante ! […] Et la figure de Byron magnifiquement le traverse.
La personne me salua et je vis s’épanouir la figure du stupide Em. […] Les figures sont belles et vivantes. […] Toutes les figures sont belles, véritables. […] Ce sera très grand, grandeur nature, 17 ou 18 figures. […] Ces imbéciles ont choisi des figures de sculpteurs.
Marillac est une des plus gaies figures que romancier de nos jours ait rencontrées : artiste avant tout, ayant pour le bourgeois le mépris du grognard de l’empire pour le pékin ; peintre, chanteur de salon, dramaturge en second ou en tiers, bousingot s’il n’y prend garde, jeune-france d’atelier sur toutes les coutures, en un mot vraie lune de Gerfaut : chaque grand homme de nos jours a son Marillac près de lui. […] La délicate et distinguée figure de Clémence se détache entre le roide et maigre personnage de sa vieille tante, mademoiselle Yolande de Corandeuil, et le frais visage, la gaieté étourdie de la sœur du baron, la charmante pensionnaire Aline.
Sa Figure de la terre & sa Vénus physique, ont été bien accueillies dans le tems, quoiqu’il y ait dans ce dernier livre des idées très-bizarres. […] On peut assurer que l’auteur y a fort bien analysé ses idées ; son livre est méthodique, instructif, suffisamment orné de figures & du style le plus analogue au sujet.
Il faut que dans une composition les figures se lient, s’avancent, se reculent, sans ces intermédiaires postiches que j’appelle des chevilles ou des bouche-trous. […] Répondez-lui de ma part que toutes ses figures lui crient qu’il en a menti.
C’est une figure dont Quintilien se sert pour montrer qu’un orateur ne doit pas déclamer comme un comedien, à cause de la necessité où il se jette en déclamant ainsi. […] Qu’on se figure que ce monde à qui les jeunes gens ont tant d’envie de plaire, faisoit du moins autant d’accueil au jeune homme éloquent qu’au jeune homme bon officier.
Champfleury a voulu se peindre lui-même sous les traits de Gérard, la figure la plus éclairée du livre avec celle de Mariette. […] La figure de cet enfant ne parle-t-elle pas ? […] Il y a dans son évêque un mélange de romantisme, d’éclectisme, de fantaisie, de sensiblerie qui gâte les côtés vrais de cette figure. […] D’abord, il le place en face d’une de ces figures de vieux révolutionnaires athées et roués dont Fouché fut le type le plus odieux. […] Nous allons encore nous trouver en face d’une figure de fantaisie.
L’album débute par la Danse du Batelier, qui a 43 figures. […] Coloration de la figure avec le blanc d’une face de pierrot, mais une robe aux tons changeants, semés de fleurettes de lespedèze, sur laquelle tranche le ton d’une ceinture verdâtre aux dessins jaune d’or. […] Un homme, un masque de Téngou, sur la figure, dansant et chantant, mène le branle de trois petits Japonais, aux joyeuses gambades. […] Diable à la figure verte, accroupi devant une pipe et une tasse de saké. […] Une femme qui fait sa toilette devant un miroir où se voit sa figure, et dont le bras droit tient, derrière elle, un autre miroir où se reflète le derrière de sa coiffure.
Au milieu du salon, il y a trois bassins de marbre blanc l’un sur l’autre, qui vont en apetissant, le premier étant fait en carré de dix pieds de diamètre et les autres étant de figure octogone. […] Les autres endroits sont peints ou de figures dont la plupart sont lascives, ou de moresques d’or et d’azur appliquées fort épais. […] Les bassins d’eau sont différents aussi, et en grandeur et en figure. […] Ces bassins sont tous de différentes figures, ronds, carrés et à plusieurs angles ; celui de la troisième terrasse est dodécagone, de trois cents pas de tour. […] Il y a un autre pavillon à l’entrée du jardin, et un autre au bout, qui sont semblables, à la figure et à l’ordonnance près.
La Vénus antique est belle, admirable sans doute ; mais qui a répandu sur les figures de Jean Goujon cette élégance svelte, étrange, aérienne ? […] Il faut qu’à cette optique de la scène, toute figure soit ramenée à son trait le plus saillant, le plus individuel, le plus précis. […] La plupart de ses biographes, et dans le nombre il en est qui sont historiens, ont laissé incomplète cette grande figure. […] Il se mit à tourner autour de cette haute figure, et il fut pris alors d’une ardente tentation de peindre le géant sous toutes ses faces, sous tous ses aspects. […] — Et qu’on ne pense pas, si l’action est bien gouvernée, que de la multitude des figures qu’elle met en jeu puisse résulter fatigue pour le spectateur ou papillotage dans le drame.
C’est ainsi que, voulant restituer à Robespierre son vrai caractère historique de fanatisme systématique et convaincu, d’aberration politique et sociale au commencement et de férocité désespérée à la fin, je recherchai avec soin pendant tout un hiver, à Paris, les moindres fils encore subsistants qui pouvaient se rattacher à cette figure, et dire non la vérité convenue, mais la vérité vraie et occulte sur ce tribun, précipité de sa dictature le 9 thermidor, journée dont Bonaparte, qui avait connu et fréquenté ce tyran du comité de salut public, disait à Sainte-Hélène que : « c’était un procès jugé, mais non instruit ». […] Il ne fallait lui demander que les figures. […] Dans ses accès d’enthousiasme, le sang chaud et méridional de Souberbielle, qui se portait à son front, lui donnait une figure sibyllique d’inspiré de l’échafaud ; ses cheveux blancs se hérissaient avec le frémissement de l’exaltation sur sa tête, et les reflets rouges de ses rideaux de lit cramoisis, transpercés par le soleil du matin et se répercutant sur ce lit de vieillard, semblaient filtrer non de la lueur, mais une teinte de sang. […] On a trouvé que le pinceau de l’historien caressait trop les détails intimes de cette figure, et que ce soin même du pinceau accusait une certaine indulgence coupable ou malséante pour le modèle. […] Ces sortes de figures sinistres doivent rester dans l’ombre des tableaux ; la lumière les jette trop en avant sur la scène.
Quand, dans le moyen âge de Rome papale, la belle et infortunée Cinci devint complice de la mort d’un tyran féodal, féroce et incestueux, qui était son père, et quand la juste inflexibilité du pape refusa la grâce d’une coupable, grâce que toute l’Italie demandait à cause de la fatalité, de l’innocence et de la beauté de la victime, un peintre illustre saisit son pinceau et retraça, pendant qu’elle marchait à l’échafaud, la figure angélique et la pâleur livide de la Cinci ; ce portrait rendit à la condamnée une vie immortelle. […] C’est évidemment d’appeler et de fixer l’attention et l’intérêt sur la figure d’un personnage que l’on va voir entrer en scène et agir sous vos yeux. […] Quand la nature veut nous intéresser à un événement où figure un homme ou une femme quelconque, que fait-elle ? […] IV C’est ainsi que j’ai raisonné, c’est ainsi que j’ai essayé d’écrire, c’est ainsi que j’ai été amené à faire beaucoup de portraits et à placer ces figures avant l’action, comme sur la scène on présente l’acteur avant le rôle, et non pas le rôle avant l’acteur, contresens à la logique de la nature dont Plutarque a donné l’exemple aux pédants de l’histoire. […] Quel peintre, même madame Lebrun, a porté plus de grâce et plus d’attendrissement sur cette figure ?
Ajoutez à ces deux figures des marquises de louage, des vicomtesses d’occasion, des femmes séparées, chassées, déclassées, des maris qui brillent par leur absence, et vous aurez le personnel de cette troupe de Roman comique conjugal. […] Et déjà la dame, sans plus songer à son amant mort se suspend au bras de son nouveau maître, lorsque le meurtrier par amour se métamorphose subitement en joyeux railleur, et lui lance en pleine figure un éclat de rire ironique ; puis la porte s’ouvre, et M. de Nanjac ressuscite pour l’accabler de son froid mépris, et M. de Thonnerins, et la petite Marcelle elle-même viennent assister à la curée de l’hypocrite prise au piège. […] A part la légère chicane que je lui faisais tout à l’heure, je ne connais pas, au théâtre, de plus sympathique figure que celle de cet élégant stoïcien, qui vergète les jupons fripés avec une fine et sifflante cravache de dandy. […] Ne serait-ce pas une étrange figure que celle du baron Hulot grimé en père noble ? […] Elle est triste à faire pleurer, cette figure si humble et si résignée d’épouse subalterne : une ombre en robe noire, un portrait de famille passé de ton et retourné contre la muraille !
Pourtant, n’y a-t-il ici rien de plus qu’un mécanisme, qu’une danse subtile d’atomes formant des figures variées en harmonie avec celles de l’univers ? […] Allons plus loin ; dans le monde inorganique lui-même, toute forme durable ou susceptible de répétition peut être, par analogie et par métaphore, appelée une mémoire ; le système solaire, qui reproduit périodiquement les mêmes figures, est une mémoire, comme le système respiratoire qui reproduit périodiquement les mêmes soulèvements de la poitrine. […] L’enfant répète toujours le même mot ou le même geste ; de même pour les êtres inorganiques, qui persévèrent dans le même mouvement ou dans la même figure. […] On croit qu’il y a des représentations de perceptions et de pensées, mais non de sentiments ; on se figure je ne sais quelles images réfléchies, je ne sais quels fantômes intermédiaires entre la réalité et la non réalité ; mais, en fait, on ne peut se rappeler une pensée qu’en la repensant, une impression éprouvée qu’en l’éprouvant de nouveau à un degré plus faible, une action accomplie qu’en la recommençant sans la continuer ni l’achever. […] Les uns perdent la mémoire des figures, d’autres des couleurs, d’autres d’une seule couleur, d’autres des nombres, d’autres de plusieurs nombres seulement.
Les souvenirs affluent plus nombreux chez mon ami, Nittis se revoit tel qu’il s’est apparu, la première fois, qu’il s’est regardé dans une glace : une petite figure toute pâle, dit-il, de grands cheveux filasse, — lui maintenant si brun ; — une petite blouse noire à pois blancs. […] Et la tentation de cet habit, est donnée aux gens qui en ont besoin, par un mannequin de la plus jolie figure qui soit, en carton rose, avec des yeux bleus, des cheveux blonds frisés, des moustaches noires : un mannequin à cravate blanche et à gants jaunes. […] Le ciel de Paris avec ses bleus délavés, la pierre grise des maisons, l’affiche en ses coloriages, tirant l’œil dans le camaïeu général, c’est merveilleux ; et dans ce tableau encore les figures ont le format qu’il faut au talent du peintre napolitain, le format de grandes taches spirituelles. […] Il est étrange, ce Rollinat, avec son air de petit paysan maladif, sa délicate figure tiraillée, et le perpétuel secouement nerveux de ses cheveux noirs. […] C’est curieux cette figure de la tata, de cette vieille dévouée, qui avait douze cents francs de rente, et qui s’était faite domestique de son neveu, et ne voulait personne pour l’aider dans ce service, où elle mettait une adoration jalouse.
Au défaut de bonnes fortunes dont son âge et sa figure l’excluoient, il y suppléoit par de l’argent, et l’intimité de son fils et de lui, de M. le prince de Conti et d’Albergotti, portoit presque toute sur des mœurs communes et des parties secrètes qu’ils faisoient ensemble avec des filles. […] Saint-Simon ne peut rencontrer ainsi une figure qui le mérite sans s’en emparer et la faire revivre. […] Que s’il arrive aux plus grandes figures, son pinceau s’y égale aussitôt et s’y proportionne. […] Quoiqu’il faille prendre garde de trop raisonner sur les portraits, et que l’air de jeunesse du nouvel époux jure un peu avec l’idée que donnent ses Mémoires, on remarque pourtant que sa figure et sa physionomie sont assez bien celles de son œuvre ; la figure est fine ; l’œil assez doux peut se courroucer et devenir terrible. […] Après sa retraite de la Cour, il venait quelquefois à Paris, et allait en visite chez la duchesse de La Vallière ou la duchesse de Mancini (toutes deux Noailles) : là, on raconte que, par une liberté de vieillard et de grand seigneur devenu campagnard, et pour se mettre plus à l’aise, il posait sa perruque sur un fauteuil, et sa tête fumait. — On se figure bien en effet cette tête à vue d’œil fumante, que tant de passions échauffaient.
Récamier vint trouver sa jeune femme ; sa figure était bouleversée, et il semblait méconnaissable. […] Il portait sur sa figure une certaine beauté incohérente comme son regard, mais c’était la beauté de Méphistophélès quand il aide Faust à séduire Marguerite. […] C’était alors une des plus gracieuses figures d’hommes de race qu’on pût rêver. […] ” dit-il, et en même temps il montra de la main à madame Récamier la flotte anglaise entrant à toutes voiles dans le port de Naples ; puis, se jetant sur un canapé et fondant en larmes, il couvrit sa figure de ses mains. […] Ballanche n’était là que pour en amortir les coups et pour en panser les blessures ; mais quelle touchante figure dans le tableau que ce philosophe amoureux sans récompense, et qui se nourrit de sa propre tendresse pourvu qu’on lui permette d’assister à la vie de celle qu’il aime !
S’il est plein de figures, on sent bien qu’il n’en a recherché aucune. […] L’entassement des figures ne fatigue pas. […] Fléchier excelloit dans le choix & l’arrangement des mots ; mais on y entrevoit beaucoup d’attention pour la parure, & trop de penchant pour l’antithèse qui est sa figure favorite. […] On pourroit même dire qu’il en avoit le talent, tant il manioit bien cette figure. […] Des images, des figures, de la magnificence dans le style, ce n’est pas l’éloquence, à proprement parler ; c’est plûtôt la poésie.
Derrière son récit, d’ailleurs si tranquille, Goethe, avec sa belle figure sereine, nous apparaît agité par la passion la plus commune aux héros : la vanité. […] Il est représenté surtout par la figure d’Adélaïde et par les scènes qu’elle inspire. […] (Tout en repoussant l’image, elle aperçoit tout à coup la figure réelle qui traverse la chambre à coucher. […] À côté de la figure de son protagoniste, il en plaça une autre, qui la compléta en lui faisant contraste. […] En même temps qu’il peignait son portrait embelli, Goethe était amené à peindre aussi les figures qui, dans la vie, accompagnaient la sienne.
Encore une belle figure, un grand portrait militaire de plus, que nous possédons, et cette fois non de profil et à demi, mais en pied et tout entier, grâce au travail de M. […] Figure attachante, originale, pleine de générosité et de candeur ; vieil officier gentilhomme devenu le plus allègre et le plus jeune des généraux républicains ; uniquement voué au drapeau, à la patrie ; sans arrière-pensée, sans grand espoir ; ne sachant trop où l’on allait, mais pressé, mais avide comme tous les grands cœurs de réparer les retards de la fortune et de signaler ses derniers jours par des coups de collier valeureux et des exploits éclatants ! […] Il y aurait maintenant à aborder la principale figure de cette laborieuse armée à son beau moment, Dugommier, le vainqueur de Toulon, le libérateur des Pyrénées.
C’étaient les figures du Nouveau Testament en chair et en os. C’étaient ces mêmes figures sculptées et peintes qu’on voit encore sur les retables d’autel de ce temps-là, et qui se mettaient à marcher et à agir devant les curieux édifiés. […] Chez un maître flamand, les figures, les poses peuvent être vulgaires, mais le ton est solide, ferme, éclatant, relevé, plein de ragoût ; il y a du style dans la diction.
mais Eugénie surtout l’a séduit, l’a enlevé, pauvre savant solitaire, comme ces nobles figures idéales, ces apparitions de vierges et de saintes qui se révélaient dans une vision manifeste à leurs fervents serviteurs ; il l’a aimée, il l’a adorée, il a poursuivi avec une passion obstinée et persévérante les moindres vestiges, les moindres reliques qu’elle avait laissées d’elle : il les a arrachées aux jaloux, aux indifférents, aux timides ; il a copié et recopié de sa main religieusement, comme si c’étaient d’antiques manuscrits, ces pages rapides, décousues, envolées au hasard, parfois illisibles, et qui n’étaient pas faites pour l’impression, il les a rendues nettes et claires pour tous : le jour l’a souvent surpris près de sa lampe, appliqué qu’il était à cette tâche de dévouement et de tendresse pour une personne qu’il n’a jamais vue ; et si l’on oublie aujourd’hui son nom, si quand on couronne publiquement sa sainte44, il n’est pas même remercié ni mentionné, il ne s’en étonne pas, il ne s’en plaint pas, car il est de ceux qui croient à l’invisible, et il sait que les meilleurs de cet âge de foi dont il a pénétré les grandeurs mystiques et les ravissements n’ont pas légué leur nom et ont enterré leur peine : heureux d’espérer habiter un jour dans la gloire immense et d’être un des innombrables yeux de cet aigle mystique dont Dante a parlé ! […] Ce sentiment ne prit point corps ni figure : Maurice, pauvre et n’ayant rien à offrir, alla à Paris suivre ses études, s’attacha à M. de Lamennais, le quitta, donna des leçons, essaya de la vie littéraire ; distrait et guéri, une jeune fille riche, une de ses élèves créole, se rencontra qui se prit de goût pour lui ; il se maria pour mourir presque aussitôt. […] Son idéal au fond, son rêve de bonheur, si elle était libre, si elle n’avait pas son père qu’elle ne peut quitter, ce serait la vie religieuse, celle du cloître ; son vœu secret d’âme recluse lui échappe toutes les fois qu’elle a occasion d’assister à quelque cérémonie de couvent : « Je n’aime rien tant que ces figures voilées, ces âmes toutes mystiques, toutes pétries de dévotion et d’amour de Dieu… Ces robes noires ont quelque chose d’aimanté qui vous attire. » Les plaisirs célestes, les joies mystiques la ravissent quand elle peut en goûter sa part, surtout à Noël, « la plus douce fête de l’année. » Les idées de vocation reviennent la tenter toutes les fois qu’elle va à Albi, au couvent du Bon-Sauveur, ou qu’elle assiste aux offices dans cette belle cathédrale : « Quel bonheur si cela devait durer toujours, si, une fois entrée dans une église, on pouvait n’en plus sortir !
J’aurais aimé encore à connaître cette figure de bon goût, la marquise de Montesson, et à assister chez elle aux dernières réunions de l’ancien régime dans ce qu’il avait de varié et de choisi. […] Cette figure intéressante du comte de Gisors, l’honneur de l’armée et « l’un des meilleurs sujets du royaume », est devenue l’objet d’une étude historique particulière sous la plume de M. Camille Rousset. — On verra plus loin le compte rendu de ce volume consacré à mettre en lumière une noble et touchante figure, de la famille des Hippolyte de Seytres et des Vauvenargues.
Puvis de Chavannes, par exemple, dont les viriles et douces figures séduisent par une noblesse pareille. […] — Il fallait étudier avec plus de soin la Figure, et pour y parvenir ils l’arrêtèrent glacée en une pose sculpturale, complétant ainsi la Poésie selon le mode exclusif de l’espace. […] Ce poète eût beaucoup perdu sans doute à ce changement de vision si, — comme le font les sculpteurs, — en rendant plus flottantes les lignes de ses figures, il n’avait préservé sous la vague étoffe la fermeté pure des contours, et s’il n’avait acquis pour elles un lointain favorable au songe qui les fait aimer par-dessus tout.
Pour les portraits, l’aspect, la physionomie des gens dont l’auteur peuple ses pages, ce qu’il évoque c’est non une énumération de traits au repos, le catalogue d’un visage et d’un corps, mais leur mouvement, leur attitude instantanée, leur figure surprise en un changement ou une révulsion. […] Et comme M. de Goncourt rend l’action d’un corps plutôt que son dessin, il note des changegements de figure, des mines plutôt que des visages. […] La physionomie de la Faustin lui apparaît tantôt dessinée en ombres et méplats lumineux, par une lampe posée près de son lit, tantôt s’assombrissant, se creusant sous une émotion tragique : Subitement sur la figure riante de la Faustin, descendit la ténébreuse absorption du travail de la pensée ; de l’ombre emplit ses yeux demi-fermés ; sur son front, semblable au jeune et mol front d’un enfant qui étudie sa leçon, les protubérances, au-dessus des sourcils, semblèrent se gonfler sous l’effort de l’attention ; le long de ses tempes, de ses joues, il y eut le pâlissement imperceptible que ferait le froid d’un souffle, et le dessin de paroles, parlées en dedans, courut mêlé au vague sourire de ses lèvres entr’ouvertes.
Et il revient sur le procès du peintre avec le journaliste anglais, qui avait parlé de l’impertinence de demander mille guinées pour « jeter un pot de couleur à la figure du public ». […] Ce visage était la ruine de la plus jolie, de la plus aimable, de la plus douce figure, avec seulement sur la chair pâlie, de la meurtrissure dans l’orbite de ses beaux yeux, et comme une dépression de fatigue dans les lignes de sa bouche. […] Une figure plate, un nez qui n’a rien de grec, des yeux à l’éclair fauve, des sourcils à la remontée un peu satanique, un enroulement autour de la tête de cheveux potassés, un buste aux seins attachés très bas : voilà la femme. […] » La bonne et douce figure du docteur disait un peu ses inépuisables charités. […] Tous les deux ou trois jours, une petite crise, à propos d’on ne sait quoi, et le dégoût croissant de la nourriture, et des suées de faiblesse, tous les matins, et de la rejaunisse à tout moment dans la figure.