Il avait du goût, on l’a vu, et même des expressions.
Benoist s’est montré préoccupé de ce soin : en faisant plus et mieux que d’autres, il est si indulgent pour ses devanciers, et pour l’un d’eux en particulier, qu’il me rend presque embarrassé dans l’expression des éloges que je lui dois ainsi que tout lecteur.
répondit Jomini en s’excusant, quand il y va du sort de l’Europe, de l’honneur de trois grands souverains et de ma propre réputation militaire, il est permis de ne pas peser toutes ses expressions. » L’empereur Alexandre, dans cette retraite, s’était séparé de l’empereur d’Autriche et du roi de Prusse et se trouvait à Altenberg dans les montagnes avec le prince de Schwartzenberg et le quartier général autrichien.
Ces productions de jeunesse que nous possédons attestent un sentiment vrai sous l’inexpérience extrême et la faiblesse de l’expression et de la couleur ; avec un peu d’attention, on y démêle en quelques endroits comme un écho lointain, comme un prélude confus des chœurs mélodieux d’Esther : Je vois ce cloître vénérable, Ces beaux lieux du Ciel bien aimés, Qui de cent temples animés Cachent la richesse adorable.
» L’étude en effet, qui, suivant sa propre expression, a des douceurs, mais mélancoliques et toujours uniformes ; ce genre d’étude surtout, héritage démembré des Mabillon, austère, interminable, monotone comme une pénitence, sans mélange d’invention et de grâces, pouvait suffire uniquement à la vie d’un dom Martenne, non à celle de dom Prévost.
d’Aumont ne restait pas court aux expressions de douleur et de regret de M. de Bouillon ; il enchérissait encore en assurance de dévouement, et, à l’offre que faisait l’autre de ses chers bras, il marquait peu d’étonnement, et disait, avec un verbiage emphatique et que j’aurais peine à rendre, que si au lieu d’une vie il en avait quatre, il les perdrait pour racheter celle du roi avec une satisfaction et un bonheur inimaginables, quoiqu’il priât d’observer qu’il était fort heureux dans ce monde.
« Je ne vous connais, monsieur, que par ce droit que vous vous êtes arrogé publiquement et de haut sur la direction et l’expression de ma pensée.
Juger ces événements, de quelques noms qu’on les désigne, c’est les faire rentrer dans l’ordre des idées existantes, des idées pour lesquelles il y avait déjà des expressions.
votre bénédiction, mon père, avant de me quitter. » Aussitôt, courbant la tête, abaissant son regard et offrant la plus parfaite image de la piété, il répondit de mémoire et sacramentalement aux paroles et aux prières du prêtre, nullement ému de l’expression de la douleur de ses familiers qui éclatait et ne se dissimulait plus.
Mais tout cela est négligeable, au prix de deux grandes œuvres, que Voltaire acheva en Prusse, et qui sont les expressions éclatantes de sa philosophie à cette date : je veux parler du Siècle de Louis XIV (1751) et de l’Abrégé de l’Histoire Universelle (1753).
Hugo ne s’est pas lassé de répéter ce type qui n’était même pas une expression sincère de sa propre personnalité : le laquais Ruy Blas, le bandit Hernani, l’aventurier Gennaro, le chevalier Otbert, le proscrit Rodolfo, ne sont que des variantes, les deux premières originales, les autres assez décolorées de Didier.
1º Si quelques-uns prétendent que nous possédons, selon votre expression, de « la poussière de critique », ils se trompent : la vérité est que la critique a été parfois mise en poussière par des bibliographes pressés et par des directeurs amis de la concision.
Je ne connais pas d’ouvrage plus tendu, si l’on peut se servir de cette expression comme d’un éloge ; pas un vers, pas un mot ne s’en pourrait retrancher ; chacun a sa place, chacun a sa destination, et cependant en apparence tout cela est simple, naturel, et l’art ne se révèle que par l’absence complète de tout ornement inutile.
En tout cas, il en restera la plus parfaite expression, et s’il arrive jamais que les principes de la science sociale se perdent dans quelque catastrophe universelle, nos enfants pourront les rapprendre dans ce livre immortel, le legs le plus précieux que le dix-huitième siècle ait fait à la France, le plus grand service que la France ait rendu à la société moderne.
Elles vivent par ces vérités supérieures qui, après avoir servi à réformer la société, servent encore à la perfectionner, et qui sont à la fois l’expression de ce qui s’est fait et l’idéal de ce qui reste à faire pour améliorer les sociétés humaines.
Voici pour sa justification : Mais qu’un homme de bien [l’expression est modeste] dénonce à la société l’ennemi & le calomniateur des talens, il fait une action honnête & juste.
. — Enfin, elle s’écrie avec un sentiment secret de sa misère et une expression qui ne laisse pas d’étonner : « Ah !
Lagier, elle, cherche à définir l’odeur sui generis du théâtre, cette odeur générale faite de l’odeur particulière du gaz mêlé à l’odeur de bois échauffé des portants, à l’odeur de poussière poivrée des coulisses, à l’odeur de la peinture à colle des décors, qui fait une atmosphère entêtante de toutes ces senteurs d’un monde factice, une atmosphère, qui, selon son expression, fait hennir, à pleins naseaux, l’actrice entrant en scène.
Peut-être les contes sont-ils — en principe — leur œuvre, ce qui expliquerait que, sur ce point, la littérature ne soit pas le reflet toujours fidèle de l’esprit de la race qui en fait son moyen d’expression.
C’est là qu’on pourrait employer la fameuse expression d’ouvrier conscient et organisé ; chaque soldat est bien une pièce consciente de la grande machine, et, dans une abnégation totale de lui-même, consent à n’être qu’un rouage mû par une volonté étrangère.
Ce sont ces intermédiaires et leur ordre rigoureux qui demeurent alors obscurs, soit qu’on érige ces intermédiaires en « sensations possibles », selon l’expression de Mill, soit qu’on attribue cet ordre, comme le fait Kant, aux substructions établies par l’entendement impersonnel.
On a si bien cru à la corruption impériale, que l’expression est devenue un cliché ; et, bien entendu, le théâtre passe pour avoir été à la fois l’un des signes et l’un des agents de cette corruption légendaire. […] Les personnages sont généraux et « représentatifs » à la manière d’expressions algébriques. […] Et, finalement, c’est bien l’Arya qui l’emporte, puisque le poète, sans proscrire le paradis de Mahomet ni celui de Rabelais, s’attarde au paradis de la famille, aux joies du foyer, aux veillées sous la lampe et aux gentillesses des enfants qui tettent, dans des pièces aussi « intimes » et aussi touchantes que le permettent la précision dure et un peu martelée de son expression, et tantôt la brutalité, tantôt la curiosité presque fatigante de son vocabulaire. […] Il n’est nullement prouvé que le maximum de vérité dans le détail produise le maximum d’expression totale. […] Vivants, ils le sont par le fond de leur être et par les passions et les sentiments plus que par l’expression.
Mais songez d’où venait Rousseau, où il avait vécu, à qui il se comparait : et vous verrez que ce qu’il exprime là, c’est, en somme, — retournée dans l’expression, — la pensée de Joseph de Maistre : « Je ne sais pas ce qu’est le cœur d’un coquin ; je sais ce qu’est le cœur d’un honnête homme : c’est affreux. » Et d’ailleurs, je le dis parce que cela est vrai, Jean-Jacques, quand il commença d’écrire les Confessions, à Motiers, en 1762, était devenu un fort honnête homme. […] Et alors il arrive que les répliques de Rousseau sont meilleures et plus intéressantes que son Discours. — D’une part, obligé de mieux méditer son sujet, de le serrer davantage, il atténue habilement et sans trop en avoir l’air ce qu’il y avait tout de même d’un peu gros dans la première expression de son facile paradoxe, et il le rend par là plus acceptable. […] Troisièmement, à mesure qu’il essaye de préciser l’idée de son premier Discours, les sentiments dont cette idée n’est que le produit et l’expression deviennent en lui plus profonds et plus violents. […] Et, plus loin, pour signifier sa réforme, il emploie des expressions solennelles, presque toutes d’un caractère religieux : Tout contribuait à détacher mes affections de ce monde… Je quittai le monde et ses pompes… Une grande révolution venait de se faire en moi, un autre monde moral se dévoilait à mes yeux… C’est de cette époque que je puis dater mon entier renoncement au monde… Et, de loin, il le croit.
. — Véhémence de l’impression et aspérité de l’expression. […] La force de l’impression intérieure qui, ne sachant pas s’épancher, se concentre et se double en s’accumulant, l’aspérité de l’expression extérieure, qui, asservie à l’énergie et aux secousses du sentiment intime, ne travaille qu’à le manifester intact et fruste en dépit et aux dépens de toute règle et de toute beauté, voilà les traits marquants de cette poésie, et ce seront aussi les traits marquants de la poésie qui suivra.
Aucun ne vous laissera dans l’âme cette harmonie paisible du beau antique que les Grecs, ou les Latins, ou les Indous appelaient la beauté suprême, parce qu’elle était à la fois vérité et volupté, et qu’elle produisait sur le lecteur un effet divin et éternel sentiment de l’âme à tout ce que l’on désire, qui la remplit sans la laisser désirer rien de plus, ivresse tranquille où les rêves mêmes sont accomplis, et où le style, où l’expression ne cherche plus rien à peindre, parce que tout est au-dessus des paroles. […] Chateaubriand atteint quelquefois ce double terme de la beauté suprême de l’expression et de la sensibilité de l’âme ; mais il n’y reste pas.
Le peuple comprend que cet énorme édifice est l’expression la plus concrète, la plus sensible, de toute une période du développement humain. […] Mouvement, expression, tournure, rimes et le je ne sais quoi, l’accent, le timbre, tout y est… Cela doit être dans Namouna, ou plutôt dans quelque pièce un peu oubliée des premières poésies. […] « La grande préoccupation de cet évêque, nous dit-il en rapportant les propres expressions de Darboy, est de former un épiscopat et, par conséquent, un clergé compact, unanime et marchant d’un même pas dans le sens de son époque et de son pays, et qui surtout ne soit pas trop dépendant de la cour de Rome, parce que ç’a été la cause du schisme religieuse du seizième siècle. » Une autre fois, Darboy a osé écrire, à propos de la nomination d’un évêque : « Ceux-là doivent être préférés, toutes choses égales d’ailleurs, qui croient que la société n’a pas moins besoin d’être consolée que d’être instruite, qu’il faut la plaindre et la servir encore plus que la blâmer et la craindre… » De telles paroles scandalisent l’auteur de la brochure. […] Tout ce que je sais, c’est que je n’ai jamais rencontré visage plus profondément mélancolique, d’une expression plus douloureuse, que celui de Darboy.
Devant la mairie de la rue Drouot, une foule si pressée que, selon une expression d’un homme du peuple, « on ne pourrait pas y jeter une noisette ». […] Puis parlant des hommes de 93, que, selon son expression, on leur jette sans cesse entre les jambes, il déclare que ces hommes n’ont trouvé devant eux que l’action militaire, mais que s’ils avaient eu à résoudre les énormes et difficiles problèmes du temps présent, ces fameux hommes de 93 n’auraient peut-être pas été plus adroits, que les hommes de 1871. […] Dans les détritus, à la porte des baraquements, les femmes cherchent, avec le bout de leurs ombrelles, des balles, qui étaient hier si nombreuses, que, selon l’expression d’un passant, la terre du Champ-de-Mars ressemblait à un champ, « où auraient pâturé des moutons ». […] Elle ne se plaint de rien, trouve son sort le plus heureux du monde, ne le changerait pas, selon son expression, contre celui de Badinguet.
Répétons-le en finissant : la France, la France civilisée (et les lettres ne sont-elles pas la civilisation même dans son expression la plus délicate ?) […] ne commence qu’à Fontenelle, c’est-à-dire au moment où la langue s’aiguisa davantage, où le trait d’esprit prévalut, où le style, au lieu d’être l’expression simple, la vibration sincère d’une grande pensée dans un grand cœur, songea un peu trop à lui-même, et essaya de se préférer à ce qu’il avait à exprimer. […] Leur figure est assez en relief dans son cadre pour qu’on puisse en saisir et en admirer l’expression et le contour ; mais elle y tient et s’y lie d’assez près pour que cadre et entourage contribuent à la majesté de l’ensemble. […] Couthon en tête : « Pas de ces expressions-là ! […] Même, si je ne craignais de trop défigurer une idée juste sous une expression paradoxale, j’appellerais M.
Mme de Saint-Pierre78, sans être jolie, a une figure qui plaît par l’expression de douceur et de bonté qui y est répandue, et surtout par un regard très gracieux.
L’auteur et l’homme chez Chateaubriand étaient deux ; Sismondi s’en aperçoit avec une surprise qui, dans son expression, ne laisse pas d’être naïve : « 14 mars 1813 (au sortir d’une conversation)… Chateaubriand considère l’Islamisme comme une branche de la religion chrétienne, dans laquelle cette secte est née, et en effet il a raison.
Cette substance intime dont se compose l’expression de la pensée et des sentiments ne varie-t-elle pas comme les organisations elles-mêmes ?
, il nous dit, dans cet admirable chapitre des Ouvrages de l’Esprit, qui est son Art poétique à lui et sa Rhétorique : « Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne : on ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant ; il est vrai néanmoins qu’elle existe, que tout ce qui ne l’est point est foible et ne satisfait point un homme d’esprit qui veut se faire entendre. » On sent combien la sagacité si vraie, si judicieuse encore, du second critique, enchérit pourtant sur la raison saine du premier.