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1175. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Qu’ils assistent aux drames plus ou moins déclamatoires des grands ou petits poètes de la scène ; qu’ils applaudissent aux féroces ambitions des héros de cour ou de rue dans les cours et dans les cités ; qu’ils savourent bien la connaissance du cœur humain étalé devant eux, en horreur, en admiration ou en ridicule, par les Eschyle, les Corneille, les Racine, les Shakespeare, les Aristophane, les Térence ou les Molière, ces sublimes choristes des hommes rassemblés, c’est là leur lot à eux ; mais quant à Homère, et surtout à l’Homère de l’Odyssée, qu’ils y renoncent !

1176. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Ce Comique, heureux imitateur de Ménandre, nous offre dans ses Drames le tableau de la vie bourgeoise, tableau où les objets sont choisis avec goût, disposés avec art, & peints avec des graces si naïves, que chacun s’y voit comme dans un miroir.

1177. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Sans doute, à regarder du dehors ces allées et venues, on ne voit que l’antagonisme des deux tendances, les vaines tentatives de l’une pour contrarier le progrès de l’autre, l’échec final de celle-ci et la revanche de la première : l’humanité aime le drame ; volontiers elle cueille dans l’ensemble d’une histoire plus ou moins longue les traits qui lui impriment la forme d’une lutte entre deux partis, ou deux sociétés, ou deux principes ; chacun d’eux, tour à tour, aurait remporté la victoire.

1178. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

De cette fonction relèvent le roman, le drame, la mythologie avec tout ce qui la précéda. […] Mais la réalité n’évolue vers la précision du drame que par l’intensification de l’essentiel et par l’élimination du surabondant.

1179. (1900) La culture des idées

Pour écrire un bon roman ou quelque drame viable, il faut ou élire un sujet si banal qu’il en soit nul ou en imaginer un si nouveau qu’il faille du génie pour en tirer parti, Roméo et Juliette ou Don Quichotte. […] Shakespeare n’a inventé que ses vers et ses phrases : comme les images en étaient nouvelles, cette nouveauté a nécessairement conféré la vie aux personnages du drame. […] Ainsi les feuilletonistes ont réussi à empêcher l’acclimatation en France de l’œuvre d’Ibsen ; ainsi les drames en vers, œuvre d’imitation par excellence, réussissent maintenant jusque sur les théâtres du boulevard !

1180. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

« Je ne me connais pas moi-même, et c’est ce qui quelquefois la nuit, quand j’y pense, me désole. » Quant à Byron, le douloureux document publié par son petit-fils, lord Lovelace, sous le titre d’Astarté, nous en a trop appris sur le drame intérieur qui se dissimule sous ses âcres confidences. […] Jean-Louis Faure, au drame où se joue son existence. […] Avec quelle netteté il nous détaille les pathétiques étapes de ce que j’appelais tout à l’heure un drame.

1181. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Au lieu de cela, Molière avait depuis longtemps en portefeuille, bien avant que le succès des Précieuses lui eut fait reconnaître la voie qu’il devait parcourir désormais, avant même peut-être que son établissement à Paris lui eut permis de l’entrevoir, une pièce qu’il avait composée alors que la tragi-comédie, le drame héroïque, étaient seuls en honneur. […] Cinq mois après la première représentation de ce chef-d’œuvre, au milieu des orages qui s’amassaient et éclataient sans cesse sur sa tête, quand l’air retentissait encore des vociférations effrénées qu’une fanatique hypocrisie avait proférées contre lui, Molière, dont le génie avait à tâche de prouver son mépris pour de si basses attaques, enrichit notre scène de l’imitation la plus heureuse et la plus enjouée du drame le plus original qui ait jamais été représenté sur aucun théâtre, Amphitryon. […] Les Romains avaient pensé que ce drame convenait mieux à cette solennité que le tableau en action de quelque haut fait de ce maître du monde.

1182. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Fidèle aux habitudes de mon esprit, je me prépare surtout à déterminer et à juger l’impression morale produite par ses drames, grande question qui me tourmente à mesure que j’avance, et sur laquelle je suis très préoccupé de dire assez, de ne pas dire trop166… » En dehors d’ailleurs du cadre et de l’appareil enseignant, l’admiration de Gandar pour Shakespeare ne l’aveuglait pas, et il restait à cet égard dans une mesure que les derniers venus, toujours portés à renchérir, ont trop souvent dépassée.

1183. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Ils réduisent le génie à l’éloquence, la poésie au discours, le drame au dialogue.

1184. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

C’était le génie de la révolution française en action dans une histoire ; c’était en même temps le drame du siècle.

1185. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Au moment où vous vous lancez pour la première fois dans le bruit et dans les orages du drame, puissent ces souvenirs de vie domestique et d’intérieur vous apporter un frais parfum du rivage que vous quittez !

1186. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Le fameux vase alhambresque, je l’avoue à ma honte, me fait l’effet d’un vase en carton peint, pour un drame littéraire et assyrien de l’Odéon.

1187. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Par l’universalité du lyrisme, — dans son œuvre poétique énorme : ses romans : Notre-Dame de Paris, Les Misérables, l’Homme qui rit ; sa critique : William Shakespeare ; ses drames : Les Burgraves, Hernani — il occupe le premier rang.

1188. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Les écoliers, à ce qu’il paraît, jouaient entre eux à l’Assemblée nationale ; on répétait à Saint-Étienne on à Tournon, on parodiait avec sérieux le grand drame de Paris ; l’un était Mirabeau, l’autre Barnave, un autre M. […] Les deux tragédies de Carmagnola et d’Adelchi, c’est-à-dire ce que le drame romantique a produit de plus distingué en Europe durant cette période de 1815 à 1830, ne sauraient sans doute se considérer comme un appendice de l’histoire littéraire du romantisme en France sous la Restauration ; mais il nous suffit que ces deux œuvres remarquables y tiennent par plusieurs de leurs racines.

1189. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Ils connaissaient en quelque sorte le drame comme la tragédie. […] L’homme le plus digne d’apprécier ce chef-d’œuvre de Thomas a dit que c’était un drame moral plein de majesté et d’intérêt, digne d’être représenté devant des sages et des rois .

1190. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Opposez la stricte unité de leur Messiade à leurs inventions théâtrales, où les unités, anciennement prescrites, ne sont jamais respectées ; il est étrange que chez eux les drames tragiques s’exemptent des lois de simplicité, si recommandables à la scène, et établies depuis Aristote, tandis que les poèmes épiques s’y réservent cette régularité qui ne leur est pas indispensable, et que les Grecs n’exigeaient pas absolument dans l’épopée. […] Vous savez que les caractères principaux sont ceux qui impriment le mouvement à l’action de l’épopée, ainsi qu’à celle du drame ; que les secondaires, modifiés par les premiers, concourent moins énergiquement au sujet, et n’y éclatent que dans ce demi-jour où les nuances accompagnent les couleurs vives et tranchantes.

1191. (1905) Propos littéraires. Troisième série

D’autres, comme Jean de Schélandre, s’aventurent, non sans puissance, dans le grand drame aux vastes proportions, aux développements amples, sorte de poème épique jeté sur la scène, et font songer à je ne sais quel Shakespeare français qui voudrait naître, mais qui ne s’est qu’ébauché, et n’a pas eu toute la force qu’il faut pour se déployer. […] S’il était un grand philosophe, allez donc, il ne songerait pas à faire des romans ou des pièces de théâtre ; s’il avait de grandes idées et très méditées et appuyées de beaucoup d’observations, elles seraient si impérieuses en son esprit qu’elles l’empêcheraient bien de faire un roman ou un drame. […] J’écoute un drame : ce n’est pas pour me faire une sociologie, et, même s’il en contient une, elle ne peut être que si confuse que j’aime mieux faire mes études sociologiques ailleurs. […] Thérèse Raquin était un drame bourgeois, sombre et violent, sans nuances, dont j’ai entendu dire par une dame, à cette époque éloignée : « Ce serait bien ennuyeux, si ce n’était pas si triste. » Le don d’apitoyer par l’horreur se montrait déjà.

1192. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Lessing l’a mise en œuvre à la fin du siècle dernier dans son drame philosophique de Nathan le Sage. […] Il collabora à la Biographie générale de Firmin Didot, et il écrivit des drames, car il était possédé du démon du théâtre. […] Féval tira un roman pour Le Siècle du drame de Sardou, que Mélingue, après Fechter, refusa de jouer. […] Il a abordé tous les genres de drames et de comédies, c’est le plus divers, le plus souple, le plus fertile en ressources de nos auteurs dramatiques.

1193. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Je ne connais qu’une scène d’un drame indien, en langue sanskrit, qui ait quelque rapport avec les adieux de Roméo et Juliette ; encore n’est-ce que par la fraîcheur des images, et point du tout par l’intérêt de la situation. […] Les drames de Shakspeare ne sont point (dans le sens d’une critique rigoureuse) des comédies ou des tragédies, mais des compositions particulières, qui peignent l’état réel de ce monde sublunaire. […] Quiconque se trouve placé dans la société de manière à voir beaucoup d’hommes et beaucoup de choses, s’il veut seulement se donner la peine de retracer tous les accidents d’une de ses journées, ses conversations avec l’artisan ou le ministre, avec le soldat ou le prince, s’il veut rappeler les objets qui ont passé sous ses yeux, le bal ou le convoi funèbre, le festin du riche et la misère du pauvre ; celui-là, dis-je, aura fait un drame à la manière du poète anglais.

1194. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

C’est même la tendance actuellement dominante en psychologie que de multiplier les personnages du drame intérieur, de représenter notre tête comme un théâtre où jouent une foule d’acteurs vraiment différents, ayant chacun un moi plus ou moins rudimentaire.

1195. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Car c’est incontestable, les costumes du passé, de grands noms vaguement entendus et le lointain d’une ancienne époque, imposent au peuple et le pénètrent d’un respect religieux qu’il n’a pas pour les drames qu’il coudoie, pour les personnages de son temps.

1196. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

La tristesse plate et dominicale de la province, à laquelle s’ajoute ici le deuil de l’horrible pierre du pays, la pierre ardoisée de Volvic qui ressemble à ces pierres de cachot, dans les décors de cinquième acte des drames du boulevard.

1197. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Catulle Mendès, nous a, par ses Grands Initiés 6, par ses Sanctuaires d’Orient, par ses essais captivants sur le Lied et sur le Drame, par toute son œuvre, ouvert des horizons jusqu’ici inconnus.

1198. (1899) Arabesques pp. 1-223

Puis il y eut les drames dans lesquels des fantômes maniaques s’épouvantent parce que la fenêtre est ouverte, ouverte, ouverte, parce que sept femmes et douze brebis dorment dans la prairie, parce qu’on a perdu la clef de la tour du Nord ou à cause de tout autre événement d’une importance aussi capitale. […] C’est pourquoi je cric casse-cou à ceux que je vois se diriger vers toi. » Les wagnériens prirent fort mal la palinodie de Nietzsche qui, après avoir défendu le drame musical, se mettait, tout à coup, à l’attaquer avec une vivacité non dépourvue de logique.

1199. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

C’était tout un nouveau monde qui s’ouvrait devant cet esprit vif et curieux ; ce mouvement, cette vie des affaires publiques faites au grand jour, ces luttes oratoires séduisaient, enivraient la jeune intelligence qui se penchait avec un sentiment d’envie vers le théâtre où ce drame émouvant se déroulait, comme un homme enfermé dans une tour silencieuse se penche, par une croisée, vers la grande ville dont les mille bruits et les frémissements lointains montent jusqu’à lui. […] Jamais ce spectacle ne fut plus curieux et plus attachant qu’au début de la restauration, parce que jamais changement de scène ne fut plus complet : tout se renouvelait à la fois, les décorations, le drame, les acteurs. […] Talma s’est plus d’une fois senti ému en écoutant le jeune poëte réciter d’une voix mélancolique un chant lyrique sur Saül, composition qui aspire en vain à quitter les ailes de l’ode, pour fouler la terre comme le drame. […] De même qu’à la fin de l’empire les souffrances intolérables que l’on endurait avaient rendu la France insensible à la gloire de Napoléon, et que, dans les premiers jours de la restauration, les écrivains et les lecteurs devaient lui refuser jusqu’à la justice, à mesure que le sentiment des souffrances s’éteignit, le souvenir des inconvénients de l’empire allait en s’effaçant, et la France, ce piédestal vivant qui avait plié sous le poids de la statue, pouvait, à l’aide du mirage qui se faisait dans les esprits à la voix des poëtes, être amenée à ne plus voir que l’élévation et l’éclat de la figure monumentale que l’histoire cédait à l’ode, au dithyrambe, à la méditation, à la chanson guerrière, au drame, au panégyrique, à l’épopée.

1200. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Avant lui Lessing avait eu la même pensée et voulait également faire un drame du docteur Faust.

1201. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Dans cette foule, deux hommes ont paru, d’un talent supérieur, original et contraire, populaires au même titre, serviteurs de la même cause, moralistes dans la comédie et dans le drame, défenseurs des sentiments naturels contre les institutions sociales, et qui, par la précision de leurs peintures, par la profondeur de leurs observations, par la suite et l’âpreté de leurs attaques, ont ranimé, avec d’autres vues et un autre style, l’ancien esprit militant de Swift et de Fielding.

1202. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Samedi 31 janvier La Fille Élisa, le drame interdit par la censure, a obtenu un succès considérable.

1203. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Il y a sans doute bien des artifices de composition dans ses romans et ses drames ; pourtant, dans les scènes particulières, dans les épisodes détachés de l’ensemble factice, il possède un sens du réel et arrive à une puissance lyrique dans la reproduction exacte de la vie que Zola, dans ses bonnes pages, a seul atteinte.

1204. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Amateur de calembours futiles et d’érudition sérieuse, Mazel a publié des livres de psychologie sociale et quelques drames historiques dont la réprésentation serait une tentative curieuse. […] Le même drame qui oblige les gens du monde à faire des visites et à en recevoir l’obligeait à travailler sans cesse, lui qui s’était interdit toute fréquentation mondaine. […] Drame antique, sujet antique, les Grecs et les Romains envahirent de nouveau la scène.

1205. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il lui parlait de son César, ce drame en vers, et il lui écrivait : « J’ai grande impatience de revoir César embelli encore ! 

1206. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Vous vous intéresserez aux passions par la sympathie de l’artiste ou par la compréhension du philosophe ; vous les trouverez naturelles en ressentant leur force, ou vous les trouverez nécessaires en calculant leur liaison ; vous cesserez de vous indigner contre des puissances qui produisent de beaux spectacles, ou vous cesserez de vous emporter contre des contre-coups que la géométrie des causes avait prédits ; vous admirerez le monde comme un drame grandiose ou comme un développement invincible, et vous serez préservé par l’imagination ou par la logique du dénigrement où du dégoût.

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