si ses discours, craints du chaste Lecteur, Ne se sentoient des lieux que fréquentoit l'Auteur, Et si, du son hardi de ses rimes cyniques, Il n'allarmoit souvent les oreilles pudiques.
Qu’il n’eût aucune connaissance de l’état général du monde, c’est ce qui résulte de chaque trait de ses discours les plus authentiques. […] Quelques-unes de ces pièces ont de l’analogie avec les discours de Jésus.
La rime, à ce qu’ils prétendoient, gêne plus qu’elle n’orne les vers : elle les charge d’épithètes ; rend la diction forcée, extraordinaire, emphatique ; énerve les pensées & allonge nécessairement le discours. […] On lit dans Montaigne une chanson en rimes Américaines traduite en François, &, dans un des discours du Spectateur d’Addisson, une autre traduction d’une ode Laponne rimée & pleine de sentiment.
Quand un orateur fait bailler et dormir son auditoire, ne passe-t-il pas pour constant qu’il a mal harangué, sans qu’on songe à s’informer si les personnes que son discours a jettées sur le côté sçavoient la rhetorique. Les hommes persuadez par instinct que le mérite d’un discours oratoire, ainsi que le mérite d’un poëme et d’un tableau, doivent tomber sous le sentiment, ajoutent foi au rapport de l’auditeur, et ils s’en tiennent à sa décision dès qu’ils le connoissent pour une personne sensée.
Il dit la toute-puissance magique de ces rhéteurs sur l’opinion, fanatisée jusqu’à la bêtise la plus incompréhensible, le pullulement innombrable de ces rhéteurs, la frénésie d’admiration qu’ils inspiraient, les sommes effroyables qu’ils gagnaient à débiter leurs discours, le vide immense ou la honteuse puérilité de ces discours artificiels, les mises en scène de toute espèce de ces trafiquants de paroles, qui péroraient à la minute et au commandement et qu’écoutaient respectueusement les empereurs, drapés dans leur pourpre, quand ils n’en étaient pas jaloux !
La Rue, moins célèbre que lui pour les discours de morale, mais né avec un esprit plus souple et une âme plus sensible, réussit mieux dans le genre des éloges funèbres ; il était en même temps poète et orateur ; il avait, comme Fléchier, le mérite d’écrire en vers dans la langue d’Horace et de Virgile, mais il n’avait pas négligé pour cela la langue des Bossuet et des Corneille. […] On ne peut lire plusieurs morceaux de ce discours, et la fin surtout, sans attendrissement ; mais, ce qu’on ne croirait pas, c’est que dans un éloge funèbre du duc de Bourgogne, il se trouve à peine un mot qui rappelle l’idée de Fénelon.
Ceux qui l’ont entendu plaider, assurent que ses Discours réunissoient le talent d’une éloquence mâle & vigoureuse, à cette douce chaleur de sentiment qui acheve le triomphe de la Justice & de la Vérité, en les faisant aimer de ceux même qui ont intérêt à les combattre.
Les analyses qu’il a faites des Discours dont il est l’Editeur, sont exactes, claires, précises, & très-propres à donner aux jeunes Orateurs Chrétiens, l’idée d’un plan bien concerté & bien rempli par l’enchaînement des preuves.
Le Monde savant ne pourra donc qu’adopter avec reconnoissance l’Eloge sublime qu’en a fait M. de Buffon, dans sa Réponse à son Discours de réception à l’Académie Françoise.
Tout le monde convient déjà qu'il est impossible de réunir plus de connoissances, de sagacité, d'érudition, plus de force & de clarté dans l'expression, qu'il en a mis dans les Discours & les Notes qui accompagnent cette Traduction.
En 1675, il remporta le prix de l’Eloquence à l’Académie Françoise, par un Discours qu’il composa, dit-on, la veille du jour où l’on devoit examiner les Ouvrages présentés au concours.
etc. » Ulysse, confident habile et discret d’Agamemnon, inspiré à propos par Minerve, sagesse divine, se répand alors de groupe en groupe et révèle à voix basse, aux chefs étonnés, que le discours d’Agamemnon n’est qu’une épreuve qu’il veut faire sur l’esprit public de l’armée. […] … » Ces supplications sur différents tons, et toujours repoussées par Achille, se poursuivent en discours et en répliques de la plus haute éloquence pendant toute la durée de ce chant. […] Le discours interminable, mais très riche en détails historiques, de Nestor à Patrocle, délasse les guerriers des fatigues du jour et retrace éloquemment la verbeuse nonchalance de la vieillesse qui aime à se vanter. Ce discours, très habile en même temps, attendrit Patrocle, qui court le rapporter à son ami Achille. […] Son discours est une des plus pathétiques élégies qu’un vieillard puisse proférer sur lui-même.
[Discours prononcé à l’inauguration du monument de Charles Loyson. — Le Temps (2 octobre 1899).]
Clément, [Denis-Xavier] Prédicateur du Roi, Abbé de Macheroux, né à Dijon en 1706, mort à Paris en 1771, est un des Orateurs Chrétiens de nos jours qui a le moins sacrifié au goût du siecle, & dont l’éloquence mâle & vigoureuse seroit plus propre à faire impression, si la plupart de ses Discours étoient moins diffus & moins négligés.
On trouve, dans le Recueil de ses Œuvres, quatre Sermons prononcés à l’assemblée des Etats de Languedoc, deux Instructions pastorales, un grand nombre de Harangues, qui, sans égaler l’éloquence des Discours de son prédécesseur, prouvent qu’il avoit du goût & des talens pour la Littérature.
[Discours pour la réception d’Aristide Bruant à la Société des gens de lettres (1899).]
. — Discours du bâtonnat.
Si sa carriere n’eût été abrégée par une mort prématurée, il eût pu figurer parmi nos excellens Orateurs, quoiqu’il n’ait fait que des Discours Latins.
Il a encore traduit la Poétique d’Aristote, Traduction que celle qu’en a donnée depuis M. l’Abbé Batteux n’a point surpassee, & qui est précédée d’un Discours très-lumineux & très-bien écrit sur la Poésie & sur les regles en général.
Bernard, & par le Discours sur la Cene, imprimé à la suite de cet Essai.
Les Recueils de l’Académie Françoise conservent plusieurs Discours de sa façon, qui annoncent un sage Littérateur & un Ecrivain élégant, mais souvent diffus.
Les Notes qui accompagnent ces deux Poëmes, ainsi que le Discours qui les précede, ont un mérite que l'Auteur ne doit qu'à lui seul.
Le moraliste, sans négliger l’occasion du contrôle lorsqu’elle se présente, peut plus aisément s’en tenir aux discours mêmes du personnage si ces discours sont de grande étendue et très abondants : car il a moins à s’inquiéter du détail et de l’exposé des faits que de celui qui parle, et il est impossible qu’en parlant si longuement de soi ou de ce qui est autour de soi, on ne se découvre. […] » À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne point se hasarder ainsi sans besoin : « Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur… Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière charmante et même naïve.
Daru fit à son sujet un excellent discours, plein de sens et de nuances : il y appréciait « les plans sages, la gaieté douce, le dialogue naturel, la versification pleine de grâce » de celui qu’on aurait pu indulgemment appeler un demi-Térence, de même qu’on avait dit de Térence que c’était un demi-Ménandre. […] Son discours eut beaucoup de succès. Il l’avait composé comme il fit plus tard pour plusieurs de ses discours académiques en ces années : sa voiture et le chemin de Saint-Cloud lui avaient tenu lieu de cabinet.
Cet heureux et infatigable chercheur a retrouvé dans les papiers Conrart, et a publié dans la troisième édition de Madame de Longueville une pièce fort curieuse, un Discours ou Mémoire d’une vingtaine de pages, intitulé Apologie de M. le prince de Marsillac. […] Mais venir soutenir qu’un morceau tout à fait inconnu jusqu’ici, — ou très peu connu, même en admettant qu’il ait couru et circulé en quelques mains vers 1649, — enlève à Pascal l’honneur d’avoir le premier dégagé la langue et va désormais s’introduire comme de droit, dans l’histoire de notre littérature, entre le Discours de la Méthode et les Provinciales, c’est vraiment imposer ses imaginations à un public trop docile ; c’est trop magnifiquement traiter La Rochefoucauld comme auteur, après l’avoir tant dénigré dans sa vie, au moral. […] Mais le Discours ou Mémoire retrouvé et publié par M.
Don Quichotte, après avoir écouté tous les détails sur la vocation obstinée du jeune homme, dont le seul crime est de trop aimer Homère et Virgile, et de vouloir converser tout le jour avec Horace, Tibulle et autres Anciens, répond aux craintes du père par un discours d’une merveilleuse sagesse, et qui, pour la grâce comme pour la modération, pourrait être tout entier (sauf quelques mots) d’un de ces aimables vieillards de Térence : « Les enfants, lui dit-il, sont une portion des entrailles de leurs parents ; il faut donc les aimer, qu’ils soient bons ou mauvais, comme on aime les âmes qui nous donnent la vie. […] Mais cette aimable vierge ne veut pas être maniée, ni traînée dans les rues, ni affichée dans les carrefours, ni publiée aux quatre coins des palais… Il ne faut la vendre en aucune façon… Elle ne doit jamais tomber aux mains des baladins ou du vulgaire ignorant ; et quiconque ne sait rien, fût-il seigneur et prince, doit être mis au rang du vulgaire… La conclusion de mon discours, seigneur hidalgo, c’est que vous laissiez cheminer votre fils par où l’entraîne son étoile… Grondez-le, s’il fait des satires qui nuisent à la réputation d’autrui, punissez-le et mettez son ouvrage en pièces ; mais s’il fait des discours à la manière d’Horace, où il gourmande les vices en général, avec autant d’élégance que l’a fait son devancier, louez-le alors… Si le poëte est chaste dans ses mœurs, il le sera aussi dans ses vers.
Bailly avait présenté au roi les clefs de la ville, en lui faisant un petit discours très respectueux, fort bon, auquel le roi répondit qu’il se verrait toujours avec plaisir et confiance dans sa bonne ville de Paris. […] Il avait proposé plusieurs noms, et le roi était disposé à examiner la question quand, à propos de troubles survenus sur une escadre, il a prononcé un discours de violent démagogue, à épouvanter les honnêtes gens. […] Je serais indigne du nom de notre mère, qui vous est aussi cher qu’à moi, si le danger me faisait fuir loin du roi et de mes enfants. » Et un autre jour, aux discours qu’on lui rapporte de Vienne, et qui feraient supposer que son frère la considère comme menée par La Fayette ou tel autre personnage du dedans, elle s’indigne, elle se révolte (20 janvier 1791) : « Nous sortons tous d’un sang trop noble, écrit-elle à M. de Mercy, pour qu’aucun de nous puisse soupçonner l’autre d’une telle bassesse ; mais il y a des moments où il faut savoir dissimuler, et ma position est telle et si unique que, pour le bien même, il faut que je change mon caractère franc et indépendant. » Elle chargeait le comte de Mercy de réfuter en bon lieu ces bruits malveillants que semaient les émigrés exaltés et la cabale du comte d’Artois, afin de donner prétexte et carrière à leurs plans aventureux.
On voit par là le respect que l’on doit aux discours de ville et du public : car que n’a-t-on pas dit contre lui, l’année dernière, et le tout à cause de Mlle Leduc, sa maîtresse ? […] Le roi ne parut point blessé de ce discours ; au contraire, il dit à M. le comte de Clermont de rester, et l’ordre accoutumé fut rétabli. » Le comte de Clermont était en veine de courage ces années-là. […] A ce discours, M. de Lœwendal, par les conseils duquel M. le comte de Clermont s’était toujours conduit, prit la parole et dit au comte d’Estrées : « Vous êtes donc l’orateur de l’armée ?
La lutte s’anima : chaque parti mettait toutes ses forces en ligne ; si La Fontaine vengeait négligemment les anciens dans son exquise Épître à Huet, Fontenelle apportait au secours de Perrault sa finesse charmante et ses airs séduisants d’homme impartial et détaché, dans son Discours sur l’Églogue et sa Digression sur les anciens et les modernes. […] Pendant que Perrault se donnait ainsi carrière, Boileau grognait en a parte, lâchant de temps à autre une épigramme lourdement indignée, dont son adversaire souriait, ou cette fâcheuse ode sur la prise de Namur, qui pouvait faire douter s’il entendait rien à Pindare, et qui donna aux modernes la joie de le battre avec ses propres armes, ou bien ce Discours indigné sur l’ode, qui n’est qu’une diatribe personnelle contre la « bizarrerie » d’un homme insensible aux beautés dont tout le monde convient. […] Jugez-en par Racine, un des deux ou trois écrivains du siècle à l’âme desquels la Grèce a vraiment parlé : qui s’attendrait que Racine voulût retrancher du Banquet de Platon, comme inutile et scandaleux, tout le discours d’Alcibiade, ce portrait de Socrate, ce pur chef-d’œuvre où l’enthousiasme et la moquerie se mêlent avec une grâce subtile ?
Et notez que cet éclat survient dans une des parties les moins importantes du sermon, dans le développement d’un argument accessoire Le style, souvent excellent, n’est pas toujours d’une entière pureté (c’est une critique que l’on peut se permettre, puisque le Père Monsabré apprend par cœur et récite ses discours, comme Massillon et comme les neuf dixièmes des orateurs). […] La confession nous est si naturelle, continue le Père Monsabré, qu’avant de passer à l’état d’institution chrétienne « elle était partout connue, prêchée, pratiquée. » Et là-dessus il nous cite « un législateur chinois », Socrate, Sénèque, saint Jean-Baptiste et un missionnaire qui a trouvé la confession établie chez les sauvages Fort bien ; mais alors comment l’orateur a-t-il pu nous dire, dans la première partie de son discours, que la confession, si elle avait été inventée par d’autres que Jésus-Christ, eût paru « une nouveauté énorme, une obligation oppressive, la plus répugnante des humiliations ? […] Ç’a été le bel endroit du discours, le moment du « frisson ».
Le vertueux romancier naturaliste qu’on entrevoyait dans Pot-Bouille, le monsieur du second, le seul locataire propre de la maison de la rue Choiseul, traverse l’Œuvre à la façon d’un bon Dieu, faisant le bien et prononçant des discours. […] I Voici le plus complet des discours ou Sandoz expose ses théories : « Hein ? […] Zola) par la lenteur puissante, par l’énormité et la simplicité de la plupart des personnages enfin par le retour régulier de sortes de refrains, de leitmotiv : descriptions de la cathédrale et du Clos-Marie à toutes les heures du jour et dans les principales circonstances de la vie d’Angélique ; énumérations des vierges du portail de Sainte-Agnès, et discours qu’elles tiennent à la jeune fille, selon les cas ; énumérations des ancêtres de Félicien de Hautecœur et de ses aïeules, les mortes heureuses ; énumérations d’outils de chasublier ; douleur secrète d’Hubert et d’Hubertine ; longueur du cou d’Angélique ; nez de monseigneur, etc.
Je le dirai tout d’abord, il n’y a d’original et de tout à fait particulier en lui comme écrivain, que ce que les anciens appelaient les mœurs, ce je ne sais quoi non seulement de doux et de paisible (mite ac placidum), mais de prévenant et d’humain (blandum et humanum), de discrètement aimable et de lentement persuasif qui monte et s’exhale d’une âme pure, et qui, pénétrant l’ensemble du discours, gagne insensiblement jusqu’aux autres âmes. […] « Évitez, mon cher fils, s’écrie d’Aguesseau, de tomber dans le même inconvénient (la négligence de l’histoire), et fuyez comme le chant des sirènes les discours séducteurs de ces philosophes abstraits, etc., etc… » On voit déjà, à ce ton, quel est le goût littéraire fleuri et cicéronien de d’Aguesseau. […] Tout le tissu du discours est rempli et comme nuancé de ces distinctions morales si senties et si touchantes.