Chez les Grecs, le ciel finissait au sommet de l’Olympe, et leurs dieux ne s’élevaient pas plus haut que les vapeurs de la terre.
Athalie, princesse impérieuse et séduisante, avait dominé son mari Joram ; elle l’avait entraîné dans l’idolâtrie ; elle avait même obtenu de lui la tolérance du culte de Baal, dieu syrien, ennemi de Jéhova, à côté du temple de Jéhova. […] J’ai mon dieu que je sers ; vous servirez le vôtre ; Ce sont deux puissants dieux. […] Ce sont deux puissants dieux. […] Enfin au dieu nouveau qu’elle avait introduit Par les mains d’Athalie un temple fut construit.
Quand les anciens, nos maîtres en tout, parce qu’ils ont marché les premiers, voulurent exprimer dans une seule figure la suprême beauté physique de l’homme, ils ne sculptèrent pas un enfant, ils sculptèrent Apollon, le dieu de la beauté à trente ans ; ils sculptèrent Hercule, le dieu de la force à quarante. […] Nous lui rendons justice sous ce rapport : ni Aristophane, ni Arioste, ni Voltaire, ni Beaumarchais, ni Camille Desmoulins, ces dieux rieurs de la facétie, n’ont surpassé ce jeune Allemand dans cet art méchant d’assaisonner le sérieux de ridicule et de mêler une poésie véritable à la plus cynique raillerie des choses sacrées. […] « Oui, j’aime fort aussi les dieux… ………………………………………………… ………………………………………………… « Vous me demandez si j’aime la sagesse ? […] Les rois, les dieux vaincus, le hasard triomphant, Rosalinde et Suzon qui me trouvent trop sage, Lamartine vieilli qui me traite en enfant.
À prier DIEU, répondait le pauvre, pour les honnêtes gens qui me donnent l’aumône. Tu passes ta vie à prier DIEU ? […] Cela ne se peut pas, répliquait Don Juan : DIEU ne saurait laisser mourir de faim ceux qui le prient du soir au matin. […] Il n’y a que ceux qui ne savent point combien les hommes agissent peu conséquemment, qui puissent être surpris qu’on se moquât publiquement au théâtre, des mêmes Dieux qu’on adorait dans les temples. […] On sait sur cela le mot du grand Condé : Les comédiens Italiens n’ont offensé que DIEU, mais les Français ont offensé les dévots.
Nous avions, encore inconscient et toujours rebroussé par des intrusions d’exotisme, le sentiment précurseur de notre dieu à nous, en qui, comme la race anglaise en lui, s’incarnerait notre antique et éternel « Moi » poétique ; de notre dieu qui allait venir, qui ne pouvait pas ne pas venir. […] Pour s’être fait dieu, on n’en mérite pas moins de n’avoir pas d’athée ; au contraire, il y a sans doute, humainement, une élévation plus méritoire dans un dieu parvenu qu’en un dieu éternellement né ; c’est peut-être pourquoi Jésus fut nommé le Fils de l’homme. […] À bien voir les choses par-dessus les luttes pour la gloire et les querelles de la vie, les grands hommes s’admirèrent, se vénérèrent, se magnifièrent les uns les autres ; chacun d’eux fut un dieu ayant d’autres dieux pour fidèles. […] Mais il ne vous a pas suffi de restituer les dieux dans leur gloire ; vous avez pris dans l’ombre et la vilenie des proses les hommes et les femmes, les gens pareils aux gens qui passent, et vous les avez contraints à devenir des dieux, eux aussi ! […] Mais c’était une charité de dieu.
Les protestans furent des sots lorsqu’ils se défirent du purgatoire et qu’ils gardèrent l’enfer : ils calomnièrent leur dieu et renversèrent leur marmite.
Il n’est personne qui n’admire le genie et la verve de Lucrece, l’énergie de ses expressions, la maniere hardie dont il peint des objets, pour lesquels le pinceau de la poësie ne paroissoit point fait : enfin sa dexterité pour mettre en vers des choses, que Virgile lui-même auroit peut-être desesperé de pouvoir dire en langage des dieux : mais Lucrece est bien plus admiré qu’il n’est lû.
Dans ses recherches philosophiques sur la sagesse poétique, on a vu ses opinions sur l’âge des dieux et sur celui des héros.
Le soin de sa gloire, l’intérêt de la nation, l’obéissance aux dieux, semblent l’avoir décidé d’abord pour le sacrifice. […] Je veux fléchir des dieux la puissance suprême. […] quels dieux me seraient plus cruels que moi-même ! […] Voilà l’amour paternel opposé à l’ordre des dieux et à l’intérêt de toute une armée. […] Ses héros sont plus grands que nature ; ce sont des dieux ou des hommes en commerce avec eux, et qui participent de leur puissance : ils franchissent les barrières de l’Olympe ; ils pénètrent les abîmes de l’enfer ; à leur voix la nature s’ébranle, les éléments obéissent, l’univers leur est soumis.
Elle fut sans doute écrite à l’occasion des premiers troubles civils et religieux qui déchirèrent la France (1560) ; elle ne s’adresse pas à Montaigne seul, mais aussi à un autre ami, M. de Bellot : Montaigne, toi le juge le plus équitable de mon esprit, et toi, Bellot, que la bonne foi et la candeur antique recommandent, ô mes amis, ô mes chers compagnons, s’écrie le poète (je traduis en resserrant un peu sa pensée), quels sont vos desseins, vos projets, vous que la colère des dieux et que le destin cruel a réservés pour ces temps de misères ? […] les dieux aussi semblaient nous conseiller la fuite, lorsqu’ils nous ont montré ces continents nouveaux qui s’étendent à l’Occident, et que de hardis navigateurs, pénétrant dans l’Océan immense, ont découvert un autre soleil et d’autres terres. Il est à croire, puisqu’ils voulaient perdre notre Europe et la remettre en friche par les dissensions et par les guerres, que les dieux, dans leur indulgence, préparaient un asile aux peuples fugitifs, et que c’est à cette fin qu’aux approches de ce siècle, du sein des vastes mers, ils ont fait jaillir un monde : — un monde vierge, humide encore, qui d’abord ne pouvait, dit-on, supporter qu’à peine les traces légères de quelques races errantes, et où maintenant le sol facile appelle la charrue, où les champs illimités n’attendent qu’un maître.
Folie, citée à comparaître, demande qu’un dieu plaide pour elle : elle craindrait, si elle plaidait en personne, les murmures de la cabale des jeunes dieux, toujours portés « du côté d’Amour. » La Folie n’est pas si folle. […] Il en coûte à Mercure de faire déplaisir à Vénus ; mais le devoir l’emporte, il obéira. — « Et toi, Vénus, dit Jupiter, lequel des dieux choisiras-tu ?
Cela seroit indigne de la majesté d’un dieu. […] Jules Romain dans sa chambre des géans à Mantoue, où il a représenté Jupiter qui les foudroye, fait voir tous les dieux effrayés ; mais Junon est auprès de Jupiter, elle lui montre d’un air assuré un géant sur lequel il faut qu’il lance la foudre ; par-là il lui donne un air de grandeur que n’ont pas les autres dieux ; plus ils sont près de Jupiter, plus ils sont rassûrés ; & cela est bien naturel, car dans une bataille la frayeur cesse auprès de celui qui a de l’avantage. . . .
De son temps on aimait l’Amitié ; on l’apostrophait dans tous les poèmes ; c’était un des dieux de la mythologie d’alors. […] André Chénier croit aux dieux de Théocrite et de Virgile, autant qu’ils y ont cru eux-mêmes, de cette foi du vrai poète dans les choses qu’il crée. […] Quand la mère, dans le Jeune Malade, invoque le dieu à l’arc d’or, nous nous associons à sa prière.
Ils parlaient dans une grande assemblée, au bruit des acclamations d’un peuple, en présence des dieux de la patrie, dont la statue s’élevait à côté de l’orateur. […] Souvent on invoquait les dieux ; et l’orateur, en regardant leurs statues ou leurs temples, les priait de sauver l’innocence, et de descendre, par leur inspiration, dans l’âme des juges pour les éclairer. […] Qu’on se représente une de ces fêtes, telle qu’on en donnait quelquefois dans la Grèce et dans Rome ; ces fêtes, ou, après des victoires, cent mille citoyens étaient assemblés, où tous les temples étaient ouverts, où les autels et les statues des dieux étaient couronnés de fleurs, où la poésie, la musique, la danse, les chefs-d’œuvre de tous les arts, les représentations dramatiques de toute espèce étaient prodiguées, et où la renommée et la gloire, en présence d’une nation entière, attendaient les talents.
Il n’y a point d’effort dans cette attente passive du dieu qui souffle les pensées et les phrases : et rien ne s’obtient sans effort.
Telle a été la manie de presque tous les Peuples : ils ont fait remonter leur origine le plus haut qu’ils ont pu, croyant la rendre plus illustre ; & pour cet effet, il a fallu inventer des Fables & se forger une longue suite de Rois, dont la tige se perd parmi les Dieux ou les demi-Dieux.
Est-ce là cet homme dont Sénèque a dit que celui qui doute de sa félicité peut aussi douter de celle des dieux ?
ce dieu qui digère, « Quoi ? […] Cela ne vous rappelle-t-il pas soudain la rapidité du vol de Mercure, le messager des dieux ? […] — Je ne me moque point ici des dieux, et le reproche que vous m’en faites part encore de votre ignorance ou de votre distraction. Pénétrez mieux mon génie, et soulevez le voile dont il s’enveloppe : la figure des dieux qui interviennent n’est pas moins allégorique que les autres rôles. […] Mercure, mourant de faim, implorant d’un valet quelque emploi qui le sauve de la disette, et l’avantage de servir de loin le nouveau dieu.
Les bêtes I Deux choses, au dix-septième siècle, étaient presque impossibles à un poëte : faire des dieux et faire des bêtes. […] Il se battait, dit-il, les flancs avec ses bras, Faisant tel bruit et tel fracas, Que moi, qui, grâce aux dieux, de courage me pique, En ai pris la fuite de peur. […] Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi ; Rois et dieux mettent quoi qu’on leur die. […] Il dit que du labeur des champs Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants, Parcourant sans cesser ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramène dans nos plaines Ce que Cérès nous donne et vend aux animaux ; Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l’honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l’indulgence des dieux.
Ce génie que la passion avait doué, était inspiré par elle, comme les prêtres par leur dieu ; il rendait des oracles lorsqu’il était agité ; il n’était plus qu’un homme lorsque le calme rentrait dans son âme. […] Ajax est un furieux, Oreste est poursuivi par la colère des dieux, Phèdre est dévorée par la fièvre de l’amour.
Car d’abord il est universel comme Homère : hommes, dieux, animaux, paysages, la nature éternelle et la société du temps, tout est dans son petit livre. […] Le cerf met au rang des dieux la reine qui avait jadis « étranglé sa femme et son fils » et la célèbre en poëte officiel.
Le front, très haut, se gonfle au-dessus des yeux en deux bosses qui ne font guère défaut dans les têtes des hommes de génie ; les sourcils bien fournis sont très rapprochés des yeux, et ces yeux vifs, perçants, impérieux et spirituels sont comme embusqués au fond de deux cavernes sombres, d’où, avec impartialité, ils regardent passer tous les dieux. […] Ce poète impersonnel, qui s’est appliqué avec un héroïque entêtement à rester absent de son œuvre, comme Dieu de la création, qui n’a jamais soufflé mot de lui-même et de ce qui l’entoure, qui a voulu taire son âme et qui, cachant son propre secret, rêva d’exprimer celui du monde, qui a fait parler les dieux, les vierges et les héros de tous les âges et de tous les temps, en s’efforçant de les maintenir dans leur passé profond, qui montre tour à tour, joyeux et fier de l’étrangeté de leur forme et de leur âme, Bhagavat, Cunacepa, Hy-pathie, Niobé, Tiphaine et Komor, Naboth, Quai’n, Néféroura, le barde de Temrah, Angantyr, Hialmar, Sigurd, Gudrune, Velléda, Nurmahal, Djihan-Ara, dom Guy, Mouça-el-Kébyr, Kenwarc’h, Mohâmed-ben-Amar-al-Mançour, l’abbé Hieronymus, la Xiraéna, les pirates malais et le condor des Cordillères, et le jaguar des pampas, et le colibri des collines, et les chiens du Cap, et les requins de l’Atlantique, ce poète, finalement, ne peint que lui, ne montre que sa propre pensée, et, seul présent dans son œuvre, ne révèle sous toutes ces formes qu’une chose : l’âme de Leconte de Lisle.
« Ô dieux ! ô dieux !
Il se jura évidemment de sacrifier à ces nouvelles idoles ou plutôt de considérer comme des idoles tout ce qui n’était pas ces dieux-là. […] Dans ces conditions, que peuvent croire les hommes relativement à leurs Dieux ? […] On combat un désir, c’est un sacrifice aux Dieux ; on se refuse une jouissance, c’est un sacrifice aux Dieux ; on retranche de son superflu et même de son nécessaire, c’est un sacrifice aux Dieux ; on se martyrise, c’est un sacrifice aux Dieux. […] Les dieux étaient de la ville, citoyens supérieurs de la ville et protecteurs éclairés, sévères et un peu jaloux de la ville. […] Mais voici, là-bas, plus loin, entre le monde de la Méditerranée et le monde oriental, un petit peuple, d’autre race, qui, sans doute, lui aussi, est patriote ; qui, lui aussi, a un dieu national, un dieu local, un dieu en quelque sorte provincial ; mais qui n’est pas aristocrate, qui est plébéien tout entier et qui a une morale toute particulière qui étonnerait bien un Romain ou un Grec.
Les dieux et les héros n’évoluent pour lui que dans le vague des pénombres, et ce n’est que sous les voiles de Cypris qu’il ose entrevoir les étreintes des courtisans et des éphèbes.
…………… Grands Dieux, pourrez-vous voir de la voûte étoilée, La foi si lâchement à vos yeux violée ?
C’est de lui qu’un Poëte a dit : Il reçut deux présens des Dieux, Les plus charmans qu’ils puissent faire : L’un étoit le talent de plaire ; L’autre, le secret d’être heureux.
Si Lusignan ne rappelait à sa fille que des dieux heureux, les banquets et les joies de l’Olympe, cela serait d’un faible intérêt pour elle, et ne formerait qu’un dur contresens, avec les tendres émotions que le poète cherche à exciter.
XVII Cependant le père, la mère, les oncles de Cicéron et ses amis le conjuraient de faire violence à son goût pour la retraite, et de ne pas priver la république, dans des temps difficiles, des dons que les dieux, l’étude, les lettres, les voyages, avaient accumulés en lui. « La vertu et l’éloquence ne lui avaient été données, lui disaient-ils, que comme deux armes divines pour la grande lutte qui se balançait entre les hommes de bien et les scélérats, entre la république et la tyrannie, entre l’anarchie des démagogues et la liberté des bons citoyens. » Cicéron céda à leurs instances, et sollicita la questure la même année où les deux plus grands orateurs du temps, ses maîtres et ses modèles Hortensius et Cotta, sollicitèrent le consulat, première magistrature de Rome, qui durait un an. […] Dieux immortels ! […] Je ne veux pas, mon cher Atticus, vous énumérer ces malheurs, dans lesquels j’ai été précipité bien moins par le crime de mes ennemis, que par la lâcheté de mes envieux. » (Allusion poignante à Pompée, à Crassus, à César.) « Mais j’atteste les dieux que jamais homme ne fut écrasé sous une telle masse de calamités, et qu’aucun n’eut jamais occasion de souhaiter davantage la mort ! […] Seulement Mirabeau n’eut jamais ces accents religieux de Cicéron qui sont la divinité de l’éloquence ; il en appela à la raison, jamais aux dieux de la patrie, dans ses harangues. […] Cependant son frère, son neveu, ses affranchis, ses esclaves, espèce de seconde famille que la reconnaissance, les lois et les mœurs attachaient jusqu’au trépas aux anciens, lui représentèrent qu’un homme tel que Cicéron n’était jamais vieux tant que son génie pouvait conseiller, illustrer ou réveiller sa patrie ; que Caton, en mourant, avait éteint prématurément lui-même une des dernières espérances de la république par une impatience ou par une lassitude de vertu ; que, s’il était résolu à mourir, il ne fallait pas du moins que sa mort fût inutile à la cause des bons citoyens, qui était celle des dieux ; que, Brutus et Cassius vivant encore, et rassemblant en Afrique des légions fidèles à la mémoire de Pompée et à la république, prêtes à combattre les armées vénales des triumvirs, il devait aller rejoindre ces derniers des Romains, raviver par sa présence et par sa voix une cause qui n’était pas encore désespérée tant qu’il lui restait Cicéron et Brutus ; ou, s’il fallait périr, périr du moins avec la justice, la vertu et la liberté.
« Il faudrait, ajoute-t-il, des dieux pour donner des lois aux hommes. […] Les gens de bon sens, oui : ceux-là disent tout bonnement qu’un gouvernement qui veut des dieux ou seulement des héros est une absurdité. […] ne vous faut-il que des dieux ? […] Ce sont en effet deux idoles ; mais les idoles sont des faux dieux. […] Rousseau allait être fait dieu.
Ils nous ont ouvert des temples et montré des dieux. […] Toutes les cités grecques ont tenu à consacrer l’effigie du dieu. […] Vraiment, ici, le dieu a toutes les attitudes et tous les visages. […] Les deux héros sont plus petits que le dieu. […] Le dieu est calme, impassible.
Mais les admirables couleurs dont il peint sa déesse, annoncent qu’il aurait pu conserver et rajeunir tous les dieux d’Homère. […] Le sénat répondit en votant des arcs de triomphe et des actions de grâces aux dieux. […] Que les dieux et les déesses me tuent plus cruellement que je ne me sens chaque jour dépérir, si je le sais ! […] On en faisait un magicien, un prophète, une espèce de dieu. […] s’écriait, dans de beaux vers, une femme de ce temps, que médite le père des dieux ?