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1032. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

… — Pardonnez-moi, j’ai… j’ai éprouvé la chose ; mais je n’en ai jamais su la raison, et je vous la demande. — Quelle question vous me faites là, cher abbé ! […] Je fesais en moi-même l’éloge de la médiocrité qui met également à l’abri du blâme et de l’envie, et je me demandais pourquoi cependant personne ne voudrait perdre de sa sensibilité et devenir médiocre ? […] La nature demande la chose nécessaire, il est fâcheux d’en être privé. Le goût la demande avec des qualités accessoires qui la rendent agréable. — Combien de bizarreries, de diversités dans la recherche et le choix rafiné de ces accessoires ! […] Que me demandez-vous ?

1033. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Les apparences sont-elles la réalité, ou faut-il la demander aux contre-apparences ? […] La Question demande à être examinée. […] Mais tout simplement parce qu’elle ne la demande pas. […] Mais on peut élargir philosophiquement le cercle où règne le dédain du mariage légal et dire : A quoi bon demander à la loi de nouer un lien que nous pourrons, dans quelques mois, lui demander de dénouer ? […] Voltaire, on le sait, demandait au café l’inspiration, quand elle tardait à venir.

1034. (1895) Hommes et livres

On l’eût bien étonné si on lui eût demandé sa protection. […] Il demande les choses même en leur apparence et grandeur naturelles. […] Voilà l’idéal : il consiste à réduire au minimum l’effort d’imagination demandé au spectateur. […] Sans cesse il demande des envois et en accuse réception. […] Idée simple, dont l’exécution ne demandait qu’une infatigable persévérance.

1035. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Si vous demandez à chacune de ces voix, pourquoi elle chante, elle ne saurait pas vous répondre. […] On était si accoutumé à ne le compter pour rien, et à confondre sa puérilité silencieuse avec une espèce d’idiotisme, qu’on ne se demandait même pas s’il avait un cœur. […] C’est le nom dont les paysannes de mon pays désignent ces aspirants timides à leur amour, qui veulent, comme Jacob, mériter beaucoup avant de demander quelque chose. XII Cependant la merveilleuse beauté de la Jumelle, célèbre déjà dans tous les villages voisins, attirait à son père de nombreuses demandes en mariage ; mais, chaque fois que son père lui parlait de ces propositions, faites pour flatter sa vanité, elle répondait qu’elle était trop jeune, qu’elle y penserait à la moisson, aux foins ou à la Noël de l’année suivante. […] » demanda-t-il à son guide. « La Marseillaise », lui répondit le paysan.

1036. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

« Après avoir donné au petit Antoine tout ce qu’il a voulu, je lui ai demandé une boucle de ses cheveux, lui offrant une des miennes. […] Nous faisons tous les ans des fioles de cette eau qu’on vient nous demander. » XXIII Un autre jour la gaieté des champs la saisit. […] « Une de mes amies demandait une fois des prières pour son chien malade ; je me moquai d’elle et trouvai sa dévotion mal placée. […] Y a-t-il rien d’indigne dans ses créatures, et ne peut-on pas lui demander la vie de celles que nous aimons ? Je suis portée à le croire et qu’on peut, excepté le mal, tout demander à Dieu, au bon Dieu.

1037. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Qu’on rabaisse son talent poétique tant qu’on voudra, il n’y attache pas lui-même plus de prix qu’il n’en mérite ; mais si on veut bien lui accorder au moins le bon sens le plus vulgaire et le plus usuel, comment supposera-t-on que si la haine qu’on lui impute était dans son cœur, que s’il avait prétendu exhaler ses propres sentiments en écrivant les imprécations d’Harold, il eût au même moment demandé à être renvoyé dans ce pays qu’il abhorrait, et qu’enfin il fût venu se jeter seul au milieu des ennemis de tout genre que la manifestation de ces sentiments aurait dû lui faire ? […] Des paysages de Léopold Robert, des moissonneurs, des vendangeurs, des bœufs accouplés ruminant à l’ombre, pendant que les enfants chassaient les mouches de leurs flancs avec des rameaux de myrte ; des muletiers ramenant aux villages lointains leurs femmes qui allaitaient leurs enfants, assises dans un des paniers ; de jeunes filles dignes de servir de type à Raphaël, s’il eût voulu diviniser la vie et l’amour, au lieu de diviniser le mystère et la virginité ; des fiancés, précédés des pifferari (joueurs de cornemuse), allant à l’église pour faire bénir leur félicité ; des moines, le rosaire à la main, bourdonnant leurs psaumes comme l’abeille bourdonne en rentrant à la ruche avec son butin ; des frères quêteurs, le visage coloré de soleil et de santé, le dos plié sous le fardeau de pain, de fruits, d’œufs, de fiasques d’huile et de vin, qu’ils rapportaient au couvent ; des ermites assis sur leurs nattes au seuil de leur ermitage ou de leur grotte de rocher au soleil, et souriant aux jeunes femmes et aux enfants qui leur demandaient de les bénir, voilà les spectacles de cette nature ; il n’y avait là rien pour la tristesse et la mort. […] Je dois avouer aussi que la beauté candide, et cependant incomparable, de la jeune fille ou femme qui fut, bien à son insu, l’héroïne de cette histoire, me resta profondément gravée dans les yeux, que mes yeux ne purent jamais l’oublier, et que toutes les fois qu’une apparition céleste de jeune fille ici-bas me frappa depuis, soit en Italie, soit en Grèce, soit en Syrie, je me suis demandé toujours : « Mais est-elle aussi délicate, aussi virginale, aussi impalpable que Fior d’Aliza, de Saltochio ?  […] demandai-je. […] LX Après le souper, je demandai timidement, en regardant tour à tour l’aïeule, le père, la fille, le récit qui m’avait été promis pour m’expliquer la profonde blessure du châtaignier.

1038. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Je me le demande. […] On se demande si le goût du pittoresque à outrance suffit à l’expliquer. […] … Afin d’exterminer le monde qui te nie, Tu feras ruisseler le sang comme une mer, Tu feras s’acharner les tenailles de fer, Tu feras flamboyer, dans l’horreur infinie, Près des bûchers hurlants le gouffre de l’Enfer ; Mais quand tes prêtres, loups aux mâchoires robustes, Repus de graisse humaine et de rage amaigris, De l’holocauste offert demanderont le prix, Surgissant devant eux de la cendre des justes, Je les flagellerai d’un immortel mépris. […] Satan lui-même se demande à quoi bon. […] Tandis qu’il songe le monde, tandis qu’il nous ravit par la grâce des mille vierges qui se baignent à ses pieds parmi les lotus et qu’il nous épouvante par le grincement des dents du géant pourpre qui à sa gauche broie et dévore l’univers ; tandis que sa seule inertie est la source de l’Être, qu’il s’incarne dans les héros, que les sages rentrent dans son sein par l’inaction  lui se demande tranquillement s’il ne serait pas le Néant.

1039. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Que sont devenus, je le demande, dans leur développement même, ceux qui se complaisaient, il y a quinze ans, à reconstruire le passé et à farder leur muse d’un vernis de Christianisme ? […] Aujourd’hui, je le demande, que sont devenus les anges chrétiens de leur poésie ? […] Laissons là ce sujet, qui demanderait un volume. […] À ceux qui le déclarent impie, nous demanderons : En quoi Goethe, dans Werther, a-t-il réellement outragé la foi, l’espérance, la charité ? […] En la réimprimant aujourd’hui, j’ai dû me demander si ce livre méritait les anathèmes dont on l’a si souvent chargé.

1040. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Au lendemain de 70, dans l’humiliation de la défaite, les jeunes Français, épouvantés, se demandaient quelles pouvaient être les causes d’un si grand désastre ; les uns cherchaient un remède, les autres une consolation. […] Lorsqu’on allait demander à M. de Goncourt, après son étude sur Outamaro, des renseignements sur telles ou telles japonaiseries, il paraissait fort embarrassé. […] Quand on venait lui demander des jugements sur les choses et les êtres, il renvoyait aux penseurs de profession, car en ce temps de division du travail, tous les écrivains ont leur spécialité. […] Mais demandez à nos grands critiques : ce désordre est le signe du génie. […] Tout son lyrisme en effet est plaqué sans goût, d’une façon artificielle, dans les passages où justement la scène demande à être simplement décrite.

1041. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Voltaire marche vraiment un peu vite, s’il veut être suivi par les Faguet, et demande aux intelligences poussives de trop rapides, répétés et haletants efforts. […] Les réalités fatigueraient peut-être et Charles-Brun est un discoureur trop intelligent pour donner à son public autre chose que ce qu’il demande. […] Seulement il ne savait pas dire non et il servait de second à quiconque le lui demandait. […] Camille Mauclair est le disciple rare qui ne demande qu’à se donner. […] Je lui demanderai toutefois de se rappeler, quand il écrit la seconde page, ce qu’il a dit dans la première.

1042. (1887) George Sand

Elle demandera alors si à tant de maux il n’y a pas de remède. […] Car, que demander à Mme Sand ? […] Et nous en viendrions à nous demander de quel côté il y a le plus d’invraisemblable. […] « Que de demandes touchantes ou saugrenues ! […] Elle parut mécontente, non que je fisse des réserves, mais que je les gardasse pour moi ; elle me demanda une franchise entière.

1043. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Une règle de prudence est d’abord de ne pas demander ce que l’on est certain de ne pas obtenir. […] demandait-il dans sa première préface de Britannicus. […] l’avenir est entrevu, la note est donnée ; c’est tout ce que l’on demande à des poètes de transition. […] Était-ce trop leur demander ? […] me demandera-t-il.

1044. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il sent qu’il a davantage à demander des conseils, s’y soumet assez docilement, tant que l’œuvre se fait. […] » Un Lorrain ou un Bourguignon aurait toujours envie de demander à M.  […] Évidemment on ne saurait y demander beaucoup de justice. […] Je puis demander à un commentaire qu’il me rende quelque chose du mouvement qui transmet ces lieux communs. […] Vous vous demandez quel est ce saint qui ne figure pas au calendrier.

1045. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Byron, trop petit et ne pouvant combattre le bourreau, s’approcha de lui rouge de fureur, les larmes aux yeux, et d’une voix tremblante demanda combien il voulait donner de coups. « Qu’est-ce que cela te fait, petit drôle ? […] Le premier meurt, et les survivants demandent qu’on l’enterre du moins à l’endroit où vient cette pauvre clarté. […] C’est le Seigneur avec les anges, puis avec le diable, qui vient lui demander la permission de tenter Faust, comme autrefois il a tenté Job. […] J’ai demandé — la folie comme un bienfait ; elle m’est refusée. —  J’ai affronté la mort ; mais dans la guerre des éléments — les eaux se sont écartées de moi, —  et les choses mortelles ont passé près de moi sans me faire mal. […] Il met à nu les procédés poétiques, se demande où il en est, compte les stances déjà faites, gouaille la Muse, Pégase et toute l’écurie épique, comme s’il n’en donnait pas deux sous.

1046. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

demande-t-on aussitôt qu’on y réfléchit. […] se demande encore Le Batteux : « est-il possible, dit-il, qu’ayant une infinité de règles dans les arts, et d’exemples dans les ouvrages des anciens et des modernes, nous ne puissions nous en former une idée claire et précise ?  […] On demande à rire, et l’on se révolte contre tout ce qui fait naître le rire. […] On se demandera d’où naquit l’intérêt que celui-ci put exciter dans Athènes ? […] Il eût été possible qu’un transport soudain suscitât Mérope à lever le poignard sur son fils, au moment de la reconnaissance ; et ce bel effet eût été pareil, sans que cette reine demandât d’être elle-même le bourreau d’Égisthe qu’elle croit le meurtrier de son enfant.

1047. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Il demandait à chacun : — Connaissez-vous Ducis ? […] » lui demanda-t-on. […] Il demande Suzanne en mariage. […] Demandons l’établissement d’un traitement réciproque, et voilà tout !  […] L…, je lui demandai des nouvelles de son fils.

1048. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

On peut se demander comment une société qu’on se figure si délicate et si polie, a pris plaisir à de telles œuvres : mais qu’on lise Tallemant, on ne s’étonnera plus. […] Non plus que Racine ou La Fontaine, il ne se soucie d’inventer ses sujets : il les demande à Plaute, à Térence, aux comédies littéraires des Italiens, à leur commedia dell’arte, aux contes italiens et français : il utilise Boccace, Straparole, Sorel, des nouvelles et des comédies de Scarron, des comédies de Larivey, de Desmarets et de bien d’autres. « Je prends mon bien où je le trouve », lui fait-on dire. […] On ne songe pas à se demander, dans Tartufe ou dans les Femmes savantes, si, réellement, tous les personnages ont dû venir dans cette même salle. […] On peut se demander s’il en a une, et si ce n’est pas nous qui la lui prêtons. […] Henriette est amoureuse sans roman ni romantisme, d’un bon et solide amour qui fera une éternelle amitié conjugale ; elle a l’esprit cultivé, lumineux, net ; elle est pratique, elle sait la vie, ne lui demande en fait de bonheur que ce qu’elle peut donner ; elle s’en contente, mais elle y tient, et le réclame énergiquement.

1049. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Quand on demandait à Descartes quel serait l’état de l’âme après la mort : « Adressez-vous, disait-il, à M. d’Igby, qui en a bien plus de connaissance que moi44 », se déchargeant ainsi sur un obscur théologien de ce qu’il y a de plus difficile dans le problème de l’existence de l’âme. […] Mais à quoi bon demander si le doute était possible pour Pascal ? […] Aucune littérature n’offre de pages comparables, pour le pathétique du raisonnement, aux prières de Pascal, et particulièrement à celles où il demande à Dieu le bon usage de la maladie. […] Comment donc s’étonner qu’après avoir demandé l’explication de ce mystère à deux ordres de vérités, dont l’un est à peine aussi sûr que l’instinct populaire, et dont l’autre offre de répondre à tout, il se soit attaché au dernier ? […] L’interlocuteur continuant à se plaindre, le père, après y avoir songé, lui demande s’il n’a pas quelque difficulté à dormir salis souper.

1050. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Wundt ne s’est pas demandé si, au lieu de ramener l’effroi à une sorte de surprise, on ne pourrait pas ramener la surprise à une sorte d’effroi. […] Darwin ayant demandé à un enfant de moins de quatre ans ce qu’il entendait par être content, l’enfant répondit : « cela veut dire rire, babiller et embrasser ; » ce jeune psychologue ne séparait point le sentiment de son expression. […] Il y a donc lieu de se demander si le fait de communication sociale ne commence pas dans l’organisme même avant de s’étendre à des organismes analogues ; s’il n’y a pas déjà une solidarité à la fois mécanique et mentale entre les parties associées d’un même organisme, — cerveau, cœur, muscles du visage, — avant que la passion ait rayonné d’un organisme à l’autre. […] Mais, demande avec raison Mosso, si un avantage aussi léger que la contraction des sourcils a pu produire par sélection un appareil musculaire compliqué, comment expliquer que cette même sélection naturelle n’ait point trouvé un remède au désavantage bien plus sérieux que produit, dans la crainte, la dilatation de la pupille avec obscurcissement de la vue55 ? […] Un littérateur, ami de Mosso, étant venu assister à ces expériences, Mosso lui demanda d’abord de lire un livre italien, puis de traduire à l’improviste un passage d’Homère : on constata aussitôt d’importantes modifications dans la forme du pouls.

1051. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Le Cheval, depuis que les Espagnols l’ont importé dans l’Amérique du Sud, s’y est naturalisé à l’état sauvage ; il s’est multiplié dans toute la contrée avec une vitesse de propagation sans pareille ; je devais donc me demander quel pouvait avoir été la cause de son extinction première sous des conditions de vie en apparence si favorables. […] Cette espèce eût été vivante, mais assez rare, aucun naturaliste n’aurait été surpris de sa rareté ; car nombre d’espèces sont rares dans toutes les classes et dans tous les pays ; et, si l’on demande quelles sont les causes de leur rareté, nous répondons que sans doute les conditions de vie locales leur sont défavorables en quelque chose. […] Et lorsque le professeur Phillips demande pourquoi les mollusques d’eau douce sont restés presque invariables, depuis une époque très reculée jusqu’à nos jours, nous pouvons répondre qu’ils ont dû être soumis à une concurrence moins vive que les mollusques qui vivent dans les stations plus vastes des mers. […] On demandera peut-être, par manière de raillerie, si je suppose que le Mégathérium et d’autres géants semblables ont laissé derrière eux dans l’Amérique du Sud, comme leurs descendants dégénérés, le Fourmilier timide et le Tatou indolent. […] On peut aussi demander où sont les restes de ce nombre infini d’organismes qui doivent avoir existé longtemps avant que les couches inférieures du système silurien ne se soient déposées.

1052. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Bernard-Leroy, nous avons trouvé dans l’une d’elles le même mot : « J’assistais à mes actions ; elles étaient inévitables 13. » En vérité, on peut se demander s’il existe une illusion aussi nettement stéréotypée. […] Mais il n’en resterait pas moins à se demander pourquoi et comment se crée plus spécialement le sentiment du « déjà vu » dans les cas — fort nombreux, croyons-nous — où il y a affirmation très nette d’une perception présente et d’une perception passée qui aurait été identique. […] Il nous est arrivé à tous de nous demander, en présence d’un spectacle nouveau, si nous n’y avions pas assisté déjà. […] On pourrait d’ailleurs se demander si aucune des hypothèses, même du premier genre, rend réellement compte du rejet, et si la faiblesse ou la subconscience d’une perception suffit à lui donner l’aspect d’un souvenir. […] Supposons en effet que le souvenir ne se crée pas tout le long de la perception même : je demande à quel moment il naîtra.

1053. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

» C’est le moins qu’on veuille demander. […] Elle a pris conscience de l’héroïsme qui lui est demandé. […] Ils demandent de l’air. […] Nous apercevons le philosophe et demandons le système. […] La demande de garanties n’émane pas de ses conseils.

1054. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Deux trous furent pratiqués à la muraille, et Montluc aussitôt se jeta dans l’un tête baissée : « Dieu me donna (alors), dit-il, ce que je lui avais toujours demandé, qui était de me trouver à un assaut pour y entrer le premier ou mourir. » Ce dernier vœu faillit se vérifier ; ses soldats, assaillis d’une grêle de pierres, ne purent le suivre, et n’eurent d’autre moyen de le secourir que de le tirer dehors par les jambes, quand, blessé et renversé à terre, il eut à faire sa retraite à reculons ; mais ils ne le tirèrent pas si bien que, roulant de haut en bas jusqu’au fond du fossé, son bras ne se rompît en deux endroits : « Ô mes compagnons ! […] Aussi, tant qu’il fut à l’étranger et qu’il ne fit la guerre qu’aux ennemis de la France, il résulta de sa méthode et de son humeur autant et plus de bons effets que de mauvais ; les vaincus mêmes préféraient en lui un chef et gouverneur sévère, mais obéi des siens, et qui les maintenait dans la discipline ; les villes prises l’envoyaient demander au général pour y tenir garnison et les protéger : « Car, en Piémont, dit-il quelque part, j’avais acquis une réputation d’être bon politique pour le soldat et empêcher le désordre. » Tel était Montluc dans son bon temps. […] Ne lui demandez pas les grandes vues militaires ni de stratégie, ni d’embrasser un échiquier bien étendu ; mais dans ce cadre indiqué, il semble un officier accompli, plein de ressources, ayant le coup d’œil et la main, électrisant son monde, combinant l’audace et l’art, et corrigeant la témérité par l’adresse.

1055. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Les Siennois se demandaient s’ils devaient en attendre l’effet, ou entrer dès lors en composition avec l’assiégeant. […] L’explication que lui donna Montluc, si elle se trouvait dans une histoire ancienne, serait célèbre, et nous la saurions dès l’enfance : Alors, je lui répondis (au roi) que c’était une chose que j’avais trouvée facile ; et comme je le vis affectionné à la vouloir entendre, connaissant qu’il prenait plaisir d’en ouïr conter, je lui dis que je m’en étais allé un samedi au marché, et qu’en présence de tout le monde j’avais acheté un sac et une petite corde pour lier la bouche d’icelui, ensemble un fagot, ayant pris et chargé tout cela sur le col à la vue d’un chacun ; et comme je fus à ma chambre, je demandai du feu pour allumer le fagot, et après je pris le sac, et là j’y mis dedans toute mon ambition, toute mon avarice, mes haines particulières, ma paillardise, ma gourmandise, ma paresse, ma partialité, mon envie et mes particularités, et toutes mes humeurs de Gascogne, bref tout ce que je pus penser qui me pourrait nuire, à considérer tout ce qu’il me fallait faire pour son service ; puis après je liai fort la bouche du sac avec la corde, afin que rien n’en sortît, et mis tout cela dans le feu ; et alors je me trouvai net de toutes choses qui me pouvaient empêcher en tout ce qu’il fallait que je fisse pour le service de Sa Majesté. […] Une autre nécessité plus pénible et qui suivit aussitôt après, c’est lorsqu’il dut demander et qu’il obtint, au moins en partie, l’expulsion des bouches inutiles.

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Dans les lettres de cette date à Mme de Brinon, Mme de Maintenon entre dans les plus minutieux détails d’économie ; elle envoie du beurre, quelque argent chaque mois : « J’ai des tabliers pour elles, mais je veux leur donner moi-même, et voir si elles ont du potage raisonnablement, car je vous dirai librement que je ne leur ai jamais vu la moitié de ce qu’il leur en faut, et que j’ai quelque soupçon qu’elles meurent de faim. » Depuis qu’elle est gratifiée des bienfaits du roi, elle ne songe qu’à les faire retomber sur celles qui sont pauvres comme elle l’a été ; mais elle n’aime pas à demander, elle pense qu’il faut apprendre à se suffire. Quand il s’agit de transférer l’établissement de Rueil à Noisy, elle ne veut pas qu’on se jette dans les superfluités ni qu’on renouvelle toutes choses : Conservez bien tout ce que vous avez pour l’autel, car j’ai dit que nous ne voulions point qu’on en fît, et que nous arrangerions les dedans à notre fantaisie ; je connais MM. les architectes du roi, ils nous accommoderaient de la façon du monde la plus régulière pour la symétrie et la plus incommode ; ne perdons pas le moindre banc et la plus petite chaise de paille ; tout nous servira, et nous en demanderons moins, qui est pour moi le souverain bonheur. […] Sur ce point, chrétiennement et toujours raisonnablement, repose toute l’éducation telle que la conçoit Mme de Maintenon et telle qu’elle voulut l’établir à Saint-Cyr : « Inspirer la religion et la raison, c’est là le solide de l’éducation de Saint-Cyr. » — « Le christianisme et la raison, qui est tout ce que l’on veut leur inspirer, sont également bons aux princesses et aux misérables. » Mais ceci demande quelque éclaircissement.

1057. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Je demande aujourd’hui à poursuivre cette espèce d’analyse pour les autres volumes, et à rendre quelque chose de l’effet général qui résulte d’une lecture suivie. […] Un Courtenay mousquetaire y fut tué, un descendant légitime de Louis le Gros et, à sa manière, un petit-fils de France. « Je voyais toute l’attaque fort à mon aise, écrit Racine à Boileau, d’un peu loin à la vérité ; mais j’avais de fort bonnes lunettes, que je ne pouvais presque tenir ferme tant le cœur me battait à voir tant de braves gens dans le péril. » Le roi, à ce siège de Mons comme l’année suivante à celui de Namur, s’offre bien à nous dans l’attitude sinon héroïque, du moins royale, et il satisfait à l’honneur, au courage, à tous ses devoirs, y compris l’humanité : « Jeudi 5 avril. — Le roi, en faisant le tour des lignes, a passé à l’hôpital pour voir si l’on avait bien soin des blessés et des malades, si les bouillons étaient bons, s’il en mourait beaucoup, et si les chirurgiens faisaient bien leur devoir. » La ville a demandé à capituler après seize jours de tranchée ouverte : « Le roi, dit Dangeau, a donné ce matin (9 avril) à Vauban 100000 francs, et l’a prié à dîner, honneur dont il a été plus touché que de l’argent. […] Dès le premier jour les dames de qualité s’effrayent de rester dans la ville ; on demande pour elles un passeport : « Le roi l’a refusé ; cependant les dames sont sorties et sont venues à une maison près de la Sambre.

1058. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

On demandait : 1. […] Enfin, on demandait une nouvelle ou pathétique, ou délicate, ou piquante, dont le sujet naturellement était laissé à l’inspiration des concurrents. […] Ce passage éloquent et tout semé d’images poétiques a enlevé les suffrages du jury : qu’il enlève aussi les vôtres, messieurs ; car la pièce entière ne pouvant vous être lu, comme va l’être tout à l’heure la première, je demande au moins à vous en dire le plus bel endroit :     Cherchez l’or, dit l’enfant qui souffre ;     Au travail, joug prématuré,     Je meurs ; — ni le beau ciel doré Ni le bel arbre vert ne viennent, à ce gouffre.

1059. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Cette plaie d’argent qu’il dissimulait fièrement devant d’autres, il la lui découvrait et lui demandait de lui venir en aide. […] Je te jure, mon cher Saint-Vincens, que je dis vrai ; ne me fais point l’injustice de douter de ce sentiment ; ce serait trop me punir, et tu dois tout oublier ; je te le demande à genoux, et t’embrasse de tout mon cœur. […] Si je m’étais trouvé à Aix, lorsque le parlement a fait son régiment, j’aurais peut-être eu la témérité de le demander.

1060. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Une de ses amies, frappée de son silence et de son abattement, lui demanda si elle était malade. — Je n’ai pas été bien dans ces derniers temps, répondit-elle, et même à présent je suis fort ébranlée. — J’aspirais à produire dans l’esprit d’Ellénore une impression agréable ; je voulais, en me montrant aimable et spirituel, la disposer en ma faveur, et la préparer à l’entrevue qu’elle m’avait accordée. […] Mais se détachant soudain du groupe des joueurs derrière lequel jusqu’alors il s’était tenu debout, mon rival s’avança vers nous d’un air affable, et le plus naturellement du monde, nous demanda de quoi nous parlions. […] Les plus délicats, et qui entrent d’ailleurs dans la donnée du livre, se demandent : Est-ce bien une preuve d’amour que cette jalousie tardive et soudaine qui vient un matin à Roger ?

1061. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

« Heureusement, nous dit Fouché (dans les mémoires publiés sous son nom et qui, dans cette partie du moins, offrent un cachet frappant d’authencité), heureusement il fut remplacé par le brave, modeste et loyal Joubert, bien propre à tout calmer et à tout réparer. » J’ai toujours peur, je l’avoue, toutes les fois que je vois un homme si habile et si fin donner tant d’éloges à un si honnête homme, et je me demande involontairement : « Que lui veut-il ? […] « L’armée d’Italie, dit à ce propos Jomini, avait changé six fois de chef en moins d’un an, lorsqu’après la réduction du Piémont elle perdit Joubert, qui demanda son remplacement par dépit de ne pouvoir conserver, pour son chef d’état-major, Suchet, avec lequel il était lié d’amitié. » Le refus qu’on lui faisait du général Suchet ne fut qu’une dernière marque de désaccord qui amena la rupture. […] Aux premières balles qu’il entendit, il courut leur demander le secret du sort ; il voulut se dédommager par son intrépidité de grenadier de son irrésolution comme général.

1062. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

M. de Laprade a fait tout l’opposé de ce que je demande ici. […] L’âge des plus beaux sermons, je vous le demande, a-t-il donc été suivi d’une si grande amélioration dans les mœurs ? […] C’est toute une croisade : on se demande à quel propos, et contre qui elle est dirigée : car l’industrie moderne, tout occupée à se développer, à conquérir le monde et à régner sur notre planète, ne pense guère pour le moment à se traduire en poésie.

1063. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Ai-je besoin, en parlant ainsi, de demander permission et licence à tous ceux qu’il a blessés, et dont la plupart sont de mes connaissances et de mes amis, dont quelques-uns même sont tout proche de moi ? […] D’un ton furieux donc, il demande des explications, etc. » (M.  […] Il a commencé par se demander à lui-même, avec quelque surprise, pourquoi l’idée lui est venue un peu tard de faire des vers : Ce n’est pas mon métier ni mon talent ; la prose M’irait mieux, si j’avais à dire quelque chose.

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