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498. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Aussi Napoléon, qui craignait une nouvelle chouannerie, n’exigeait des départements de l’Ouest qu’un contingent réduit. […] Ils sont de tempérament médiocre et craignent les gendarmes. […] Il craignait d’en savoir déjà trop. […] Il admirera malgré lui ce fils audacieux qui n’a craint ni Dieu ni son père. […] Ce grand homme craignait Dieu, mais il se moquait du monde.

499. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

Laissez-vous faire, ne craignez pas tant de sentir comme les autres, n’avez jamais peur d’être trop commun ; vous aurez toujours assez, dans votre finesse d’expression, de quoi vous distinguer.

500. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXI » pp. 281-285

C'est lui, d’ailleurs, qui, le premier, n’a pas craint d’inoculer à un public jusqu’alors plus sobre les émotions dépravantes des Mystères de Paris ; il a nourri imprudemment le monstre, et il en est menacé aujourd’hui.

501. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Je m’étais prêté volontiers à La Mennais, je ne m’étais point donné, et quand il outre-passa la ligne, d’ailleurs assez élastique et mobile, jusqu’où je croyais pouvoir l’accompagner et le suivre, je m’arrêtai et je ne craignis pas de le marquer nettement.

502. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

De mon humeur fantasque on craignait les courroux ; Et j’aurais, en jouant, toujours aimé de tous,     Brisé glaces et pierreries.

503. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

Pellissier montre combien le poëte est peu disposé à s’abuser sur des productions qui sont, avant tout, pour lui, des consolations secrètes, des épanchements solitaires : nous ne craindrons point, après M. 

504. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Au théâtre, elle devenait volontiers une clameur ; on pouvait en craindre l’éclat faute d’issues naturelles et suffisantes, et l’applaudissement montait assez haut pour sembler une explosion.

505. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Si vous rapprochez des tableaux ignobles de personnages héroïques, il est à craindre qu’il ne vous soit difficile de faire renaître l’illusion théâtrale : elle est d’une nature extrêmement délicate ; et la plus légère circonstance peut tirer les spectateurs de leur enchantement.

506. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XII. Demain »

Mais nous saurions vivre sans eux et nous ne désirons ni ne craignons que la foule envahisse notre fier séjour.

507. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

M. de Voltaire, entre autres, n’a pas craint d’avancer que Bossuet avoit des sentimens philosophiques bien différens de sa Théologie.

508. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

Ce ne sont pas toujours les choses purement naturelles qui touchent : il est naturel de craindre la mort, et cependant une victime qui se lamente sèche les pleurs qu’on versait pour elle.

509. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Il ne craint pas le travail.

510. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Lorsque le jeune Perronneau parut La Tour en fut inquiet, il craignit que le public ne pût sentir autrement que par une comparaison directe l’intervalle qui les séparait.

511. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Cette dernière était si jolie que son frère craignit que le roi ne la lui enlevât de force.

512. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Avec tout ce que nous savions de l’auteur, nous pouvions craindre que ces livres, d’une spécialité si restreinte et d’une technologie presque savante, pensés par un talent très fin, très particulier, très genuine, — comme ils disent si bien en Angleterre, — lequel ajoutait son originalité native à tous les schibboleth d’une société très élevée qui a aussi son genre de langage, ne franchît pas les limites de cette société et y concentrât son succès.

513. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

On le punit en s’en souvenant ; mais on ne craint pas de s’abuser.

514. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Considérons un peu ce que ce seul mot — dont je crains bien à la vérité que Boileau n’eût jamais voulu se servir — enveloppe de conséquences. […] Je crains au moins qu’il n’y ait quelque superstition dans l’admiration qu’il professe pour Pindare, par exemple ; et j’aimais mieux la franchise un peu bourrue de Malherbe. […] Mais je crains bien qu’en réalité ce ne soit là qu’une apparence, et que, de ce genre de comparaisons, l’auteur des Dialogues ne se serve à peu près uniquement que pour brouiller la question. […] Mais quand ils le disaient, je crains qu’ils n’en fussent eux-mêmes qu’à moitié convaincus. […] Vraies de la science et de l’histoire, je ne crains pas de dire qu’elles le sont encore plus, si c’est possible, de la critique et de l’histoire de la littérature

515. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Il y avait quelque chose de fort imposant dans ce cortège qui marchait avec une grande rapidité et comme s’il craignait d’être rattrapé par un ennemi. » Je passe sur le reste du voyage où les contrariétés mêmes, les retards et les coups de vent tournent à intérêt et sont au profit de la curiosité ; jamais six semaines d’une vie ne furent employées plus vivement (mars-mai 1845). […] Horace, en une ou deux circonstances, ne craignit pas d’aborder avec lui par lettres ce sujet délicat et intime, et il le fit avec une noblesse de cœur, une élévation de sentiments qui nous le montrent sous un jour vraiment nouveau. […] Mais, je le crains, le moment de faire un Horatiana est déjà passé.

516. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Le grand poëte ne lisait pas lui-même ; il eût craint peut-être en certains moments les éclats de son cœur et l’émotion de sa voix. […] Nous craignons, en mêlant trop du nôtre aux confidences du poète, de les altérer ; en les offrant vives, telles qu’elles se sont gravées en nous, de les trahir. […] On ne souhaite plus le retour des mois riants à la terre ; on le craint plutôt.

517. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Dans le récit, ou plutôt dans la discussion à laquelle il se livre, des amours de Mirabeau et de Sophie, nous craignons que M. […] Je suis fort heureux pour mon pauvre et spirituel Dumont (de Genève) que le poëte ne l’ait pas pris à partie ; il l’aurait, je le crains, assez pulvérisé. […] Tant qu’il resta au service, il était de ceux dont on pouvait dire comme de Boufflers : « Les neiges et les glaces étaient les tapis favoris de cet homme indomptable. » Après sa retraite, et à demi ruiné de fortune, il se cantonna dans un lieu très-âpre, sur un roc escarpé qui barre une double gorge sans cesse battue des vents du nord ; il y vécut dans les travaux de défrichement, changeant le roc en verger d’oliviers, adoré mais craint de ses vassaux, et la terreur des traitants et commis à la ronde.

518. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Ne crains donc, sœur, par crainte ne diffère ; Je suis ton roy, aussy je suis ton frère. Frère et petit n’as craint de me tenir Entre tes bras ; ne crains donc de venir Entre les miens, qui suis grand et ton roy : Car en croissant croist mon amour en moy. » Ainsy parla l’œil plain de charité, Et voz deux bras dirent : C’est veritté16.

519. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Malheur au personnage, qui tué sur la scène, ne sera pas mort comme elle prescrit d’expirer : à l’instant elle fera pleuvoir sur lui tant de pommes et de monnaies de cuivre qu’on aura quelquefois lieu de craindre qu’il ne s’ensuive un plus véritable trépas. […] il s’agit de nos plaisirs, non de la plus grande commodité de celui qui aspire à nous les donner ; et ces plaisirs sont fondés sur une illusion qu’il doit craindre d’affaiblir, et dont il ne restera rien du tout, s’il prétend nous transporter à sa guise sur tous les points du globe, ou nous faire vivre, ainsi que ses personnages, plusieurs mois ou plusieurs années en deux ou trois heures. […] Après tout, je crains bien que tant de supplices, de combats, de ballets et de machines ne soient les indices de la pauvreté du fond romantique.

520. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Je crains qu’il n’en soit de la poésie des imitateurs de Hugo au théâtre comme de la musique des imitateurs de Wagner. […] Poète en ses drames que gonfle un souffle énorme (l’épopée ; poète en ses études de critique, où il dit l’âme et le prodigieux génie de Wagner ; poète en ses fantaisies légères d’au jour le jour, harmonieuses et composées ainsi que des sonnets, en ses contes galants où, sous les fleurs de perversité et les voluptés féeriques et précieuses des boudoirs, percent parfois le piquant d’une ironie et l’amer d’un désenchantement ; poète en ses romans, surtout avec Zohar, aux baisers maudits ; même avec la Première maîtresse, et qui ne craint pas de descendre jusque dans le sombre enfer contemporain de nos avilissements d’amour, tout arrive à son cerveau en sensations, en visions de poète ; tout, sous sa plume ; se transforme en images de poète, exorbitées et glorieuses, la nature, l’homme, aussi bien que la légende et que le rêve. […] Mendès ne craint pas de se mêler à la multitude qu’il a créée, insultant les uns, louant les autres, consolant, bravant et cravachant.

521. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Flaubert, je le crains, n’eût pas trouvé le fardeau trop lourd ; les « néo-réalistes », en bravant la morale, ne sont-ils pas tout fiers de braver les philistins ? […] Il a remarqué en Afrique les fils des Numides étendus à terre tout de leur long : presque tous les acteurs de son récit se vautrent sur le sol ; ils mangent à plat ventre, ils boivent à plat ventre, à moins que, pour se désaltérer plus à l’aise, et sans craindre l’asphyxie, ils ne plongent la tête tout entière dans des jarres d’eau miellée. […] À écrire une œuvre sans âme, à peindre des scènes atroces, à se complaire dans la splendeur de l’horrible, à mêler ensemble le sang et la volupté, comme s’il y avait chez lui un penchant mauvais, — disons le mot, le mot terrible, puisqu’un des maîtres de la critique n’a pas craint de le prononcer à voix haute, — comme s’il y avait chez ce peintre des choses corrompues un coin d’imagination sadique.

522. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

J’ai envoyé un éclaireur, pas de ruses à craindre : nous sommes munis contre les surprises. » L’Éclaireur annoncé revient du camp des Argiens : Eschyle a fait de lui un poète plus grand encore que le Messager de ses Perses. […] Il sait que les larmes amollissent les plus fières vaillances ; il craint que la panique exhalée par ces chants de deuil ne gagne la ville comme une contagion. […] Tous les discours d’Étéocle sont d’un politique ferme et sage qui raisonne le danger sans le braver ni le craindre, pourvoit à tout, fait face à toute chance et se remet du reste à l’arrêt des Dieux.

523. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Pour du talent, de vrai talent, je crains qu’il n’en ait pas ; du moins son Marchand n’annonce rien du tout, et ne tient pas plus que sa Jeune Indienne ne promettait autrefois. […] je crains qu’il n’y ait toujours un peu d’arsenic au fond. […] Stahl-Hetzel ne pas craindre de me rappeler, pour faire l’agréable, qu’il y a eu un jour où, nommé professeur au Collège de France, il ne m’a pas été possible, de par les hommes de son opinion et ceux mêmes qui parlent si haut de liberté, de discourir librement des beautés et du génie de Virgile ; je m’étonne que M. 

524. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Mais je crains surtout qu’ils ne se méprennent sur la portée de son œuvre, et qu’ils ne se fassent, de la philosophie même, une idée trop courte et trop étroite. […] Il nous a promis de nous montrer, d’une part, que nous n’avions rien à craindre de l’apparition des comètes et, secondairement, que la conduite des hommes se moquait bien de leurs principes. […] Étaient-ils vraiment tant à craindre ? […] » Je ne doute pas que là-dessus Mine de Mérignac ne se soit empressée de lire le livre de Toland, et je ne crains pas d’ajouter qu’elle en aura mieux ou plus profité que Marais. […] Elle craint que « la philosophie n’altère la foi », et d’abord elle y renonce.

525. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Chassez vos rêves, docteur Faust ; au lieu de creuser votre front, arrosez-le, suivant la loi divine, de sueurs fécondes ; prenez la bêche, s’il le faut, et ne craignez pas de devenir une bête. […] Ce n’est pas la négation pure et simple de la Divinité qui est à craindre. […] Que de noms je citerais, si je ne craignais de réveiller des douleurs encore trop récentes ! […] Freytag y trouve plus à admirer qu’à craindre ! […] Itzig savait qu’en ce moment le vol de l’hypothèque s’accomplissait dans le comptoir ; il craignait que tout ne fût pas fini à temps.

526. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Augier, vers la fin de son discours, n’a pas craint de dire quelques vérités au spirituel public qui l’applaudissait.

527. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Tu frémis — Que crains-tu ?

528. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

Giraud, qui a la religion de la poésie, aurait-il craint de ne pouvoir se pardonner d’avoir écrit une œuvre poétique imparfaite, ou est-ce simplement le hasard qui a voulu qu’il jetât sa gourme en prose ?

529. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

Et puis il y a fort à craindre que ces Guêpes ne pullulent ; on parle déjà d’imitations ; allons !

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