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568. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Les premiers coups échangés sont ensuite un motif suffisant de continuer, par rancune, indéfiniment. […] Il aime commencer, aime peu à continuer, finit rarement et voudrait avoir terminé très peu de temps après avoir commencé. […] Donc la bataille continue. […] Donc, sur ce terrain encore, la bataille continue. […] L’anticléricalisme lui a fait un mal énorme ; il continuera à lui en faire un qui est difficilement calculable.

569. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il continua de lutter, assemblant autour de lui les quelques membres épars de ce qui avait été un parti. […] Les rosiers continuent-ils de s’épanouir et les blés de jaunir au soleil de mai ? […] Un autre homme la demande en mariage ; et il continue de garder le silence. […] La conversation continua de la sorte : « Que fait-elle ? […] Et Mérimée, cet homme qu’on disait si positif, continua, sans se décourager, de lui envoyer de tendres missives.

570. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

On n’aura plus des perceptions isolées, inexpliquées, mais la génération même, continue, des états mentaux. […] Le monde fut commencé par le hasard : il doit être continué par l’homme intelligent. […] Schwob a voulu simplement continuer la série des Mimes du vieux poète Hérondas. […] Je continuai de lire le livre de M.  […] Mais elle continua d’affirmer qu’elle ne s’était pas trompée.

571. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Leur prétention d’évoquer Corneille et Racine n’eut d’autre effet que de ressusciter Campistron et de continuer Luce de Lancival. […] Pour en revenir à des analogies où j’ai déjà insisté, Quarante-huit continue Quatre-vingt-neuf, et n’en est pas une parodie. […] et n’y aurait-il pas, si deux lecteurs même très raffinés lisaient ensemble la même page, un péril de cacophonie analogue à celle qui se produirait si deux violonistes jouaient une mélodie continue, — notez que je dis continue, — écrite sans aucune indication de mouvement, et sans aucune division en mesures ? […] Tous ses poèmes, dont quelques-uns sont de parfaits chefs-d’œuvre, le font des nôtres, non des leurs ; il est bien probable que, s’achevant selon son manifeste idéal, il nous eût continués, s’il n’était mort, tout jeune. […] Mais gardez-vous de croire que la préoccupation de l’art, — continue, comme il convient, — nuisît, chez Éphraïm Mikhaël, au libre développement de la personnalité.

572. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Et pourquoi n’ajouterais-je pas que, malgré la révolution qui s’est faite, Zaïre et Mérope continuent de « braver l’injure du temps », comme on disait au temps de Zaïre ? […] Elle n’est pas plus tôt commencée, qu’ils acquièrent les preuves que Rigollet a reçu de Ferney le manuscrit des Dialogues chrétiens ; cependant ils continuent d’agir. […] Malesherbes n’en continua pas moins, il faut le dire à l’honneur de sa patience et de son bon caractère, de s’intéresser à l’Encyclopédie. […] » Il continua toutefois de cumuler des bénéfices. […] Voilà des raisons bien fortes pour que vous continuiez à aimer les étrangers. » Ah !

573. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

S'il y a sous cette solitude et ce silence une vie intérieure, pontificale, à petit bruit, c’est un pouls de vieillard : on continue.

574. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schwob, Marcel (1867-1905) »

Lucien Muhlfeld Ceux qui regrettent qu’on ait retrouvé seulement une dizaine des Mimes du poète Hérodas, liront avec plaisir les Mimes de Marcel Schwob, continueront de goûter un savant plaisir.

575. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

Il puisoit, dans la sensibilité de son ame, la douceur, l’abondance, le pathétique, & l’élégance continue qui flattent dans ses Productions.

576. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

N’interrompez pas, laissez continuer, vous répondrez. […] Sainte-Beuve continuer la discussion, je trouverai l’occasion de revenir sur ce sujet. […] Continuez, monsieur Sainte-Beuve, parlez librement, le Sénat vous écoute. […] Vous continueriez, en vertu de certains articles positifs de la loi, de réprimer, de prévenir l’expression ouverte, la profession déclarée et la prédication de doctrines philosophiques que vous considérez comme dangereuses et antisociales.

577. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Pasdeloup continue ainsi : « Je crois que la France ne doit pas rester en dehors du mouvement musical qui peut se produire au-delà des frontières ; le devoir des Concerts populaires, qui ont toujours marché en avant, est de faire connaître à Paris des œuvres qu’on peut ne pas admirer, mais qu’il n’est pas permis d’ignorer et qu’une très grande partie de mon public est curieux d’entendre. » Quand les résultats de la lutte soutenue par M.  […]   A cette date de la mi-avril, la bataille wagnérienne prend une recrudescence inopinée ; la très grande majorité des journaux continuent à demander Lohengrin, les journaux anti-wagnériens sont peu nombreux mais ils deviennent d’une violence et d’un acharnement inouï. […] En attendant, nous continuerons nos études ; vous, messieurs de l’orchestre, vous êtes convoqués pour après-demain, le personnel des chœurs viendra répéter demain. » M.  […] Jusqu’à la fin de la semaine, le désarroi continue : puis, les affaires extérieures semblant s’arranger, M. 

578. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Les partis politiques de l’extrême droite à l’extrême gauche, continuent à s’accuser de toutes les noirceurs. […] Lautréamont commençait une œuvre, puis s’exaltait et la continuait dans une sorte de frénésie de l’intelligence. […] De même dans le passage célèbre : « Il se replace dans son attitude farouche et continue de regarder avec un tremblement nerveux… » (où il désigne un caillou) le caillou a été visiblement substitué à un nom d’être. […] La science moderne — continue-t-il — adopte comme principe absolu la nécessité de baser toute recherche sur un fait donné précis.

579. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il continue : Outre les ornements qui sont à ma cheminée, il y a au milieu de ma bibliothèque une grande poutre qui passe par le milieu de la largeur, de bout en bout, sur laquelle il y a douze tableaux d’hommes illustres d’un côté, et autant de l’autre, y ayant assez le lumière par les croisées opposées ; si bien que je suis, Dieu merci, en belle et bonne compagnie avec belle clarté. […] Il ne croit guère aux indulgences, il croit aux prières : « Les prières des gens de bien servent merveilleusement. » Quand il est près d’être continué dans sa charge de doyen (novembre 1651), sentant le poids et les devoirs qu’elle lui impose, il écrit à un ami : « Je me recommande à vos grâces et à vos bonnes prières. » Il a sur la mort en toute rencontre des réflexions philosophiques dont il relève la banalité par un sentiment vif et un certain mordant d’expression : M. le comte de R. est mort comme il a vécu. […] Quoi qu’il en soit, c’en est assez pour montrer que, dans le cabinet de Gui Patin, le grand crucifix pouvait, en toute sincérité, occuper la première place, et que le bon Dieu, comme on disait et comme il disait en langage de famille, continuait de régner en effet sur cet assemblage un peu disparate de personnages si divers et sur la conscience du maître lui-même.

580. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Le fait est qu’il faut une loupe pour nous apercevoir en France ; mais, en Amérique, on nous considère avec un télescope ; l’illusion dure encore, bien que nous continuions à être polis comme de pauvres diables, et que nous n’ayons pu encore nous habituer au sans-gêne et aux manières impertinentes des gens de conséquence. […] Royer-Collard fatigué et sentant sa robuste constitution fléchir se décide enfin à quitter la scène publique ; il renonce à faire partie de la Chambre et à continuer de siéger au sein de ces débats journaliers auxquels il n’assistait plus guère depuis longtemps que par son dédain et son silence. […] A partir de cette époque, vous avez eu de grands jours ; mais l’action continue a cessé : c’est par l’époque de la Restauration que vous marquerez dans notre histoire.

581. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Wolf a fait son 89 sur Homère ; mais Virgile, comme la Constitution anglaise qui se perfectionne sans se détruire, a continué de durer48. […] Depuis, on n’a jamais rien eu de raisonnable à opposer contre, et pourtant on continue chez nous d’imprimer obstinément en tête des éditions latines Virgilius. […] Et pour n’en citer qu’un exemple, dès la seconde strophe, Corydon suppose un jeune chasseur qui dédie à Diane la tête d’un sanglier et les cornes d’un cerf ; et, si ses chasses continuent à être heureuses, il promet à la déesse, au lieu d’un buste, un socle de marbre, d’où elle s’élancera en pied avec le cothurne couleur de pourpre.

582. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle continuait de vivre en présence de ces chères âmes absentes et disparues ; elle les invoquait sans cesse. […] Tu peux continuer à relever l’âme de ta pauvre sœur par la considération dont je sais que tu l’entoures. […] — Et pour rompre un moment cette note continue, que nous aurons pourtant à reprendre, je veux citer, en finissant cette fois, une lettre d’un tout autre genre, toujours triste (car Mme Valmore était vouée aux tristesses), mais en même temps d’une grâce légère, d’une engageante et toute ravissante charité84.

583. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Bayle alla continuer ses études à Genève en 1670, et il y devint précepteur, d’abord chez M. de Normandie, syndic de la république, et ensuite chez le comte de Dhona, seigneur de Coppet. […] Ses migraines, il nous l’apprend, l’obligeaient souvent à des jeûnes de trente et quarante heures continues. […] Il s’était pris d’admiration et d’émulation pour la belle invention des journaux par M. de Sallo, pour ceux que continuait de donner à Paris M. l’abbé de La Roque, pour les Actes des Érudits de Leipsick.

584. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Et il serait presque indispensable d’avoir continué ses études, dans un collège ecclésiastique et même d’avoir passé quelques mois au grand séminaire ou tout au moins d’y être allé voir pendant quelque temps ses anciens compagnons. […] Mais il a passé son enfance chez un curé de campagne et il a dû continuer un certain temps à voir des prêtres : on sent qu’il connaît ce monde à fond et qu’il l’a observé de près et à loisir. […] … Mon oncle continua, scandant chaque mot : — Ce n’est pas mon miroir à barbe seulement que je lui prêtais, mais aussi mes rasoirs, ma savonnette, mon plat et souvent mes livres.

585. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Je continue cependant avec courage l’avancement de ma pensée. […] Nous entrâmes, dès la première minute, en contact immédiat, et dès lors nos rapports se continuèrent sur un pied tout à fait singulier et dont le n’avais jamais trouvé l’analogue en moi. […] Nous ne nous abordâmes point de front ; nous ne fîmes qu’exposer, moi, la nature de mes doutes lui, le jugement qu’il devait en porter comme orthodoxe. fut extrêmement sévère et me déclara nettement 1ºqu’il n’était nullement question de tentations contre la foi, terme dont je m’étais servi dans ma lettre, par l’habitude que j’avais contractée de me conformer à la terminologie sulpicienne pour me faire entendre, mais bien d’une perte totale de la foi ; 2º que j’étais hors de l’Église ; 3º qu’en conséquence je ne pouvais approcher d’aucun sacrement, et qu’il ne m’engageait pas à pratiquer l’extérieur de la religion ; 4º que je ne pouvais sans mensonge continuer un jour de plus à paraître ecclésiastique, etc.

586. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Nous avons, au seizième siècle, des conteurs que La Fontaine a connus, qu’il a très bien connus probablement presque tous, lesquels continuent la tradition du moyen âge, non seulement la continuent en la conservant, puisque le plus souvent ce sont des fableaux qu’ils remettent au style du jour et à la mode du temps, soit qu’ils les aient lus, ce qui n’est pas probable, soit qu’ils les aient tenus de la tradition orale toujours vivante, toujours solide et toujours féconde. […] La scène continue, avec moins de beauté littéraire.

587. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

L’existence, nous dit-elle, peut être un dégagement constant, un acheminement, un déploiement qui commence ici-bas et se continue quand l’être « en partant pour le ciel » épanouit ce qu’il avait créé dans son intérieur. La vie éternelle, si je comprends bien ce jeune lévite mystérieux, n’est pas un repos ; ébauchée ici-bas, elle ne change pas de qualité après la mort ; après la mort, les hommes continuent le noble labeur de la terre. […] A défaut de la consécration suprême, ils possèdent cette gloire de continuer à être utiles.

588. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Ce passage nous en explique deux autres, où les politiques croient à tort qu’Homère désigne la monarchie : c’est lorsque Agamemnon veut abaisser la fierté d’Achille, et qu’Ulysse persuade aux Grecs, qui se soulèvent pour retourner dans leur patrie, de continuer le siège de Troie. […] Dans les comices par tribus, le peuple continua à voter sur les lois tribunitiennes ou plébiscites [ce qui pendant longtemps n’avait signifié que : lois communiquées au peuple, lois publiées devant les plébéiens, plebi scita ou nota, telle que la loi de l’éternelle expulsion des Tarquins, promulguée par Junius Brutus]. […] Si la variété de tant de causes et d’effets observés jusqu’ici dans l’histoire de la république romaine, si l’influence continue que ces causes exercèrent sur ces effets, ne suffisent pas pour établir que la royauté chez les Romains eut un caractère aristocratique, et que la liberté fondée par Brutus fut restreinte à l’ordre des nobles, il faudra croire que les Romains, peuple grossier et barbare, ont reçu de Dieu un privilège refusé à la nation la plus ingénieuse et la plus policée, à celle des Grecs ; qu’ils ont connu leurs antiquités, tandis que les Grecs, au rapport de Thucydide, ne surent rien des leurs jusqu’à la guerre du Péloponnèse79.

589. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Nous rentrons, le général Thiébault et moi ; la conversation continua quelques moments sur le même texte et sur le même ton. […] (Le général Lasalle parle à quelqu’un qui entre, et le général Thiébault continue :) C’est le premier officier de troupes légères de l’Europe ; Nansouty, premier officier de grosse cavalerie.

590. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Chez le président Jeannin, quand le conseiller politique avait épuisé ses raisons auprès du duc, l’ami intime, le serviteur fidèle conservait la place et continuait de le servir quand même. […] Sur cet avis, à quelque prix que ce fût, il voulut faire voile, et s’en alla sur le port, où la bonne fortune lui présenta le vice-amiral de Zélande, qui avait ordre de le passer avec trois vaisseaux de guerre qu’il avait laissés à la rade… Il partit, continue Saumaise, quelque résistance que lui fît l’amiral, et fûmes trois jours entiers les voiles abattues et pliées, à n’aller que par marée, quelquefois à la bouline et toujours avec travail ; cependant notre bon vieillard, quelque malade qu’il fût, ne se voulut coucher et dit qu’un homme de bien ne passait point la mer dans un lit.

591. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Je résolus donc, autant que je pourrais, de continuer à lui donner tous les conseils dont je pourrais m’aviser pour son bien, mais de ne jamais m’opiniâtrer jusqu’à le fâcher comme ci-devant, quand il ne les suivrait pas ; de lui ouvrir les yeux sur ses vrais intérêts, chaque fois que l’occasion s’en présenterait, et le reste du temps de me renfermer dans un très-morne silence ; de ménager, d’un autre côté, dans le public, mes intérêts, de telle façon que celui-ci vît en moi le sauveur de la chose publique dans l’occasion. » Le grand chancelier Bestoucheff, à la veille d’une chute et d’une entière disgrâce, s’inquiétait également de l’avenir, comme si de rien n’était, et il avait préparé un plan en prévision du décès de l’Impératrice : d’après ce projet, le grand-duc eut été proclamé comme de droit empereur ; mais en même temps, la grande-duchesse eût été déclarée avec lui « participante à l’administration. […] C’est là-dessus (avril 1759) que nous en restons avec les Mémoires inachevés ; et les trois années qui précèdent l’avénement à l’Empire et la grande usurpation de Catherine continuent de se dérober à nous dans leur entière obscurité et leur mystère.

592. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Sa digne mère, dont il est le portrait, continue de vivre pour jouir d’un tel fils, et il suffit d’avoir eu l’honneur de la voir une fois pour sentir tout ce qui a dû présider de pieux, de tendre et d’antique à cette première éducation du foyer. […] La vocation, c’était évidemment, quant au but, l’histoire religieuse ; quant à la méthode, c’était d’étudier chaque forme, chaque production du génie humain, historiquement, non dogmatiquement ; et, dans cette étude historique, de ne pas s’en tenir au fait en lui-même, ni à la série et au recueil des faits, mais d’envisager le tout sous l’aspect de production et de végétation vivante continue, depuis la racine, depuis la germination sourde, et à travers tous les développements, jusqu’à la fleur.

593. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Mais le poëte, à son tour, pour vivre, pour arriver jusqu’à nous et continuer de régner dans toute sa splendeur, a besoin du critique, c’est-à-dire du serviteur fidèle et zélé qui le recueille même après des siècles, qui rassemble son héritage épars, qui recouse avec une piété diligente et discrète les plis de sa robe dispersée. […] Elle s’est revêtue, sans qu’au fond la sincérité en souffre, de toute sa moralité brillante et d’une teinte de clarté plus continue ; le service envers le genre humain, ce bienfait perpétuel qui émane d’une noble lecture, a été plus complet.

594. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Et ces virtualités devaient se développer plus tard selon une évolution continue et définie. […] De telles âmes ne se laisseront pas persuader aisément de la supériorité intellectuelle et morale de la société ; elles continueront à voir dans cette dernière une machinerie plus ou moins habile destinée à mater et à duper les individus et le sentiment qu’elles éprouveront vis-à-vis d’elle sera surtout la défiance.

595. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Chateaubriand aurait-il été ce qu’il est, si le XIXe siècle eût continué de plain-pied le XVIIIe ? […] Vous admirez Luther, Descartes, Voltaire et vous anathématisez ceux qui, sans songer à les imiter, continuent leur œuvre, et s’il y avait de nos jours des Luther, des Descartes, des Voltaire, vous les traiteriez d’hommes antisociaux, de dangereux novateurs.

596. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

L’ancêtre ou le père continuait à vivre sous la terre, d’une existence affaiblie sans doute, mais aussi réelle et aussi distincte que celle que le soleil avait éclairée. […] Au déclin du polythéisme, Cicéron écrivait encore : « Nos ancêtres ont voulu que les hommes qui avaient quitté cette vie fussent comptés au nombre des dieux… Rendez aux dieux Mânes ce qui leur est dû ; ce sont des hommes qui ont quitté la vie, tenez-les pour des êtres divins. » Dans cette vie muette et voilée qu’il continuait sous la tombe, le mort gardait ses passions terrestres : des haines et des amours brûlaient sous sa cendre, une éruption pouvait toujours sortir de ce volcan mal éteint.

597. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

En effet, littérairement parlant, ce volume des Confidences vient bien après Jocelyn, La Chute d’un ange, les Recueillements poétiques, et il continue, sans trop de décadence, cette série de publications dans lesquelles les défauts de l’auteur vont s’exagérant de plus en plus, sans que ses qualités pour cela disparaissent. […] Ils ne comptaient pas, comme Roméo et Juliette, les pas des astres dans la nuit par le chant du rossignol et par celui de l’alouette, mais par le bruit des rondes… Le poète continue ainsi à s’enflammer sur ces nuits délicieuses, sur ces entrevues des deux amants, et à vouloir nous y intéresser.

598. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Songez qu’il écrit de cette furie à tout ce qui est hors de Paris et voit tous les jours tout ce qui y reste : ce sont les d’Hacqueville… C’est ainsi qu’elle le surnomme, et elle continue d’en parler comme s’il était plusieurs. […] Les deux dernières ont su concilier dans une rare mesure l’exactitude et l’atticisme ; mais la première seule nous offre cette imagination continue, cette invention de détail qui anime tout ce qu’elle touche, et dont on jouit également chez La Fontaine et chez Montaigne.

599. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Que l’on enlève à un animal, une poule ou un pigeon par exemple, les deux hémisphères cérébraux, l’animal ne meurt pas pour cela : toutes les fonctions de la vie organique continuent à s’exercer ; mais il perd tous ses sens et tous ses instincts, il ne voit plus, il n’entend plus ; il ne sait plus ni se défendre, ni s’abriter, ni fuir, ni manger, et s’il continue de vivre, c’est à la condition que l’on introduise mécaniquement de la nourriture dans son bec.

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