Peu d’Auteurs ont su aussi bien conduire la marche du récit, & ont aussi bien connu le mécanisme de notre versification. […] Gaillard, Poëte d’ailleurs très-médiocre : Voyez la poule active, ou l’agile perdrix, Sous son aile inquiete assemblant ses petits, Habile à les conduire, ardente à les défendre, Craignant tout, bravant tout, &c.
Hatin, aucun principe souverain ne s’élève et n’éclaire la route dans laquelle il va tout à l’heure s’avancer, et l’auteur n’a, pour nous faire voir clair dans cette histoire à travers laquelle il veut nous conduire, que de vieilles phrases éteintes depuis longtemps à force d’avoir servi. […] Hatin, qui conduit jusque-là l’histoire de la Gazette, ne va pas plus loin dans son premier volume, et, de fait, la Gazette n’est-elle pas, à elle seule, toute la grande presse politique, comme dit Μ.
Le xviiie siècle s’est conduit avec Mahomet comme s’il revenait des Croisades. […] Quand on aperçoit Mahomet, au milieu des arabes grossiers et idolâtres du viie siècle, il fait presque l’effet d’un patriarche des premiers temps, ce lent voyageur du désert qui conduit ses troupeaux comme un patriarche, et qui trafique des choses du commerce avec cette probité et cette prudence consommée qui séduisit Kadidja et qui l’avait fait nommer, bien jeune encore, parmi les tribus : « L’homme fidèle et sûr !
On disait à cause de leurs longues nuits qu’ils habitaient près des enfers, et les habitants de Cumes, voisins de la grotte de la Sibylle qui conduisait aux enfers, reçurent, à cause de cette prétendue analogie de situation, le nom de Cimmériens. […] De même le Pont où Jason conduisit les Argonautes, dut être la terre la plus voisine de l’Europe, celle qui n’en est séparée que par l’étroit bassin appelé Propontide ; cette terre dut donner son nom à la mer du Pont, et ce nom s’étendit à tout le golfe que présente l’Asie, dans cette partie de ses rivages où fut depuis le royaume de Mithridates ; le père de Médée, selon la même fable, était né à Chalcis, dans cette ville grecque de l’Eubée qui s’appelle maintenant Négrepont. — La première Crète dut être une île dans cet Archipel où les Cyclades forment une sorte de labyrinthe ; c’est de là probablement que Minos allait en course contre les Athéniens ; dans la suite, la Crète sortit de la mer Égée pour se fixer dans celle où nous la plaçons.
A l’âge de 22 ans, il publia l’Histoire naturelle & politique du Royaume de Stam, qu’il composa à Siam même, où il avoit été conduit fort jeune par des Missionnaires de la Congrégation de S.
Des réflexions solides, des comparaisons justes, des applications lumineuses, font ressortir avec intérêt les matieres, & conduisent sans fatigue l’esprit à la conviction.
V Ceci nous conduit à une nouvelle vue de la nature des corps ; un corps est un faisceau de ces pouvoirs qu’on vient de décrire. […] Cette familiarité avec l’idée de quelque chose de différent de chaque chose que nous connaissons nous conduit aisément et naturellement à former la notion de quelque chose de différent de toutes les choses que nous connaissons, collectivement aussi bien qu’individuellement. […] En étendant ainsi à l’ensemble de toutes nos expériences une relation intérieure qui existe entre ses diverses parties, nous sommes conduits à considérer la sensation elle-même — la réunion totale de nos sensations — comme ayant son origine dans des existences antécédentes et qui dépassent la sensation. Nous y sommes conduits par le caractère particulier de ces couples uniformes que l’expérience nous dévoile parmi nos sensations. […] Mais la théorie, aidée de cette addition, nous conduit beaucoup plus loin et nous permet de compléter les vues que nous avons présentées sur les rapports du physique et du moral.
Si ceux qui viendront après moi jugent que cette méthode m’a conduit à mon but plus heureusement que d’autres, cette petite digression pourra, avec le temps, éclairer et fortifier quelque disciple de l’art que je professe. […] « Ainsi garrotté comme un malfaiteur, dépouillé de son épée, de ses pistolets (car on poussa l’indignité jusqu’à fouiller ses poches), il est conduit immédiatement au château de Vincennes. […] Le guet à cheval, ajoute Barbier, l’a conduit le long du faubourg, et il y avait des détachements de soldats aux gardes, de distance en distance, le long des allées de Vincennes.” […] « On avait défendu dans les cafés de Paris de parler du prince Édouard, parce que l’on se donnait la liberté de blâmer le roi. » Il fut conduit de Vincennes hors du royaume avec décence, mais le cri public protesta pour lui. […] Charles-Édouard s’y était rendu en toute hâte dès qu’il avait appris le départ de sa fiancée, chargeant un de ses amis, lord Carlyll, d’aller recevoir la princesse à Lorette et de la conduire à Macerata.
J’étais conduit, grâce à lui, à une observation plus précise dans les deux voies ; et l’idée de l’unité, ce qu’a d’harmonieux et de complet chaque être individuel considéré en lui-même, le sens enfin des mille apparitions de la nature et de l’art se découvraient à moi chaque jour de plus en plus. […] Krœuter, de vouloir bien me conduire partout. […] Les portes et les rues qui en partent conduisent à tous les bouts du monde. […] Si j’avais pu me retirer davantage de la vie publique et des affaires, si j’avais pu vivre davantage dans la solitude, j’aurais été plus heureux, et j’aurais fait bien plus aussi comme poète16. » Il ajoutait : « Pour moi, dans ce que j’ai eu à faire et à mener, je me suis toujours conduit en royaliste. […] Napoléon aurait blâmé Goethe d’avoir montré Werther conduit au suicide, non pas seulement par sa passion malheureuse pour Charlotte, mais aussi par les chagrins de l’ambition froissée.
Il la quitta bientôt pour une autre : il eut même la cruauté de conduire Nina dans une île déserte, dans le dessein de l’y abandonner. […] Viens donc, ô Malvina, viens, en chantant, me conduire dans la riante vallée de Lutha ; élèves-y mon tombeau. […] Nos faibles descendants me verront et admireront la haute stature des héros du temps passé, ils se cacheront dans leurs grottes et ne regarderont le ciel qu’en tremblant, car je marcherai dans les nuages et les orages rouleront autour de moi. » « Conduis, fils d’Alpin, conduis le vieillard dans les bois. […] Le vent du nord conduisit le vaisseau de Fingal à Morven ; mais l’esprit de Loda était assis sur sa nue, derrière suivait le vaisseau de Frothal ; il se penchait en avant pour diriger les vents favorables, et pour enfler toutes les voiles ; il n’a pas oublié le coup que Fingal lui a porté, et il redoute encore le bras du roi de Morven. […] Je suis venu pour lui conduire son amante au travers des flots. » La crédule Daura le suit : elle appelle Armar ; mais l’écho du rocher répond seul à ses cris : « Armar, Armar, mon amant, pourquoi me laisses-tu dans ces lieux mourante de frayeur ?
Ici encore l’analogie nous paraît conduire à des conclusions bien risquées. […] La pauvreté des matériaux fournis à Aristote par ses devanciers conduit à se demander comment et par quelles ressources un seul homme a pu élever un monument tel que l’Histoire des animaux. […] Et c’est encore l’idée de la finalité qui le conduit à cette conclusion. […] Enfin, il n’est pas impossible qu’une théorie qui fait de l’âme la raison d’être et la fin de l’organisme ait conduit Aristote à rechercher entre le physique et le moral de l’homme ces relations plus spéciales qui sont l’objet de la physiognomonie. […] Puis d’autres comparaisons, faites à des points de vue différens, le conduisent à d’autres rapprochemens, et tous ces groupes d’importance inégale sont par lui placés sur la même ligne, sans qu’il lui vienne à l’esprit de les subordonner les uns aux autres selon une rigoureuse hiérarchie.
Buffon, qui estimait Massillon le premier de nos prosateurs, semble l’avoir eu présent à la pensée lorsque, dans son Discours sur le style, il a dit : Pour bien écrire, il faut donc posséder pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement l’ordre de ses pensées et en former une suite, une chaîne continue, dont chaque point représente une idée ; et, lorsqu’on aura pris la plume, il faudra la conduire successivement sur ce premier trait, sans lui permettre de s’en écarter, sans l’appuyer trop inégalement, sans lui donner d’autre mouvement que relui qui sera déterminé par l’espace qu’elle doit parcourir. […] s’écrie-t-il, vous qui vîtes dans leur naissance les dérèglements des pécheurs qui m’écoutent et qui, depuis, en avez remarqué tous les progrès, vous savez que la honte de cette fille chrétienne n’a commencé que par de légères complaisances et de vains projets d’une honnête amitié : que les infidélités de cette personne engagée dans un lien honorable n’étaient d’abord que de petits empressements pour plaire, et une secrète joie d’y avoir réussi : vous savez qu’une vaine démangeaison de tout savoir et de décider sur tout, des lectures pernicieuses à la foi, pas assez redoutées, et une secrète envie de se distinguer du côté de l’esprit, ont conduit peu à peu cet incrédule au libertinage et à l’irréligion : vous savez que cet homme n’est dans le fond de la débauche et de l’endurcissement que pour avoir étouffé d’abord mille remords sur certaines actions douteuses, et s’être fait de fausses maximes pour se calmer : vous savez enfin que cette âme infidèle, après une conversion d’éclat, etc. […] Mais surtout on raconte que Rollin, alors principal du collège de Beauvais, ayant conduit un jour ses pensionnaires entendre un sermon de Massillon sur la sainteté et la ferveur des premiers chrétiens, les enfants en sortirent si touchés, qu’ils se livrèrent les jours suivants dans leur innocence à des austérités et à des mortifications qu’il fallut modérer.
Il écrivit au roi, qui était à Nîmes, pour demander une personne de qualité et autorisée, qui le conduisît jusqu’à Venise, lieu désigné pour sa retraite, craignant ou feignant de craindre quelque danger en chemin de la part des princes d’Italie ; il désirait peut-être se mettre par là à l’abri de tout soupçon de nouvelles intrigues. […] L’armée qu’on lui donnait présentement à conduire avec le titre de lieutenant général était plus considérable ; il n’en devait garder qu’une partie. […] En cela le duc de Rohan payait encore la peine de son passé : il avait beau s’être conduit dans les dernières années avec tout l’éclat et toute la loyauté possible, il n’avait pas la conscience nette ni la mémoire libre ; il supposait aux autres des desseins que ces soupçons de sa part leur auraient suggérés peut-être, et il ne revoyait de loin la France qu’avec une sombre perspective de procès, de Bastille et d’échafaud.
Et voilà comment se conduisait et comment finissait gaiement cette boutade de guerre, cette visite à main armée avec ou sans violons, une algarade ! […] Il m’avoua qu’il se sentait ému, et dans le moment je le pris par le bras et le conduisis vers l’autel, où il se mit à genoux devant M. l’évêque, qui lui donna l’absolution. […] Les historiens de notre époque, qui voudront être complets et définitifs sur cette branche religieuse du règne de Louis XIV, auront ici souvent à consulter Foucault pour montrer par plusieurs faits qu’il constate, à quelles absurdités et à quelles, impossibilités, l’on est conduit, quand on veut tenir un royaume comme le curé d’une paroisse tient un catéchisme de persévérance.
Un jour, le père le prit par la main, et le conduisit au chef de son atelier auquel il dit : « Je t’amène mon fils ; tu lui feras carder la laine comme un simple ouvrier, et, s’il ne travaille pas comme il faut, voici un fouet avec lequel tu le châtieras. » On dit que depuis ce moment l’enfant ne se plaignit plus du travail du collège. […] Retenant quelque chose de son ancien langage de prédicateur, il eût été homme à dire : « Il nous faut un nouveau Ciel, un nouveau peuple, une nouvelle terre. » Cela le conduisit tout d’abord à siéger à la Montagne. […] S’il ne la perd point, il aura de l’honneur, et par l’honneur nous pourrons le conduire à toute sorte de bien.
Sorel938, où les faits bien choisis, bien contrôlés, bien évalués, conduisent d’eux-mêmes la réflexion du lecteur à saisir les états moraux collectifs ou individuels qui s’y révèlent. […] À tous, littérateurs ou autres, il nous a donné cette générale leçon, d’avoir trouvé la paix de la conscience et le bonheur en cette pauvre vie, simplement parce que la vérité toujours l’a conduit. […] Par-là, comme par ces Souvenirs que je rappelais, il nous conduit à des ouvrages qui sont tout juste l’opposé de ceux dont je me suis occupé au commencement de ce chapitre, aux mémoires, aux lettres, aux récits et impressions de voyages.
L’envie de briller & de surprendre par des choses neuves, conduit à ces excès. […] Le feu n’est un mérite dans le discours & dans les ouvrages que quand il est bien conduit. […] Agir avec liberté, c’est agir avec indépendance ; procéder avec franchise, c’est se conduire ouvertement & noblement. […] Se conduire galamment, se tirer d’affaire galamment, veut même encore dire, se conduire en homme de coeur. […] Où le conduisez-vous ?
Ses Amusemens philosophiques offrent une variété de sujets qui plairoit davantage, par les vûes excellentes qui y étincellent de temps en temps, pour peu que le style en fût plus naturel, & dégagé d’un entortillage que l’Auteur a peut-être pris pour de la force, mais qui n’est, dans le fond, qu’un effort pénible d’imagination, qui conduit à l’obscurité.
Du côté du midi, des enfilades de salles et d’appartements ouvrent par un perron sur une vallée étroite, reste d’une terrasse, où des pentes gazonnées, des bouquets de cèdres et de sapins et un lac conduisent l’œil jusqu’au-delà de la vallée, et le font remonter sur une large colline où la route blanche et vide serpente entre une forêt de chênes. […] Je l’ai fait conduire dans le désert, vers la ville qu’il dit avoir découverte ; il me doit bien des facilités apportées à son voyage, et il s’en est montré peu reconnaissant ; mais je sais oublier les ingrats. […] Il revenait chez moi, quand un caprice de curiosité le conduisit chez les Ansariés, où il a péri on ne sait trop comment. […] On va vous conduire dans la chambre qui vous est destinée. […] Je les renvoyai de là, et je repris lentement le chemin qui conduit à Saïde. » XXXIX Je reprends : Et maintenant que j’ai vécu, et que j’ai connu le néant et l’ironie de la vie dans le monde des réalités politiques, j’ai pris de lady Esther Stanhope une tout autre idée que celle que j’en ai eue à Djoum dans la nuit que je passai avec elle dans son ermitage du Liban.
« Faust entre dans la prison ; Marguerite croit qu’on vient la chercher pour la conduire à la mort. » MARGUERITE, se soulevant sur lit de paille, s’écrie Ils viennent ! […] Viens ; mais conduis-moi dans la demeure éternelle : je ne puis aller que là. […] Pars, suis le chemin qui borde le ruisseau ; traverse le sentier qui conduit à la forêt ; à gauche, près de l’écluse, dans l’étang, saisis-le tout de suite, il tendra ses mains vers le ciel ; des convulsions les agitent. […] » L « C’est de la poésie, s’écrie-t-elle ailleurs, que toute cette manière de considérer le monde physique ; mais on ne parvient à le connaître d’une manière certaine que par l’expérience ; et tout ce qui n’est pas susceptible de preuves peut être un amusement de l’esprit, mais ne conduit jamais à des progrès solides. — Sans doute les Français ont raison de recommander aux Allemands le respect pour l’expérience ; mais ils ont tort de tourner en ridicule les pressentiments de la réflexion, qui seront peut-être un jour confirmés par la connaissance des faits. […] Madame de*** m’a bien dit : Allez-y si vous voulez, je comprends qu’un jeune homme de votre âge et qui fait des vers se prive avec peine de l’occasion de voir cette femme de génie ; mais je ne puis vous y conduire moi-même, on croirait ici et à Genève que je change de religion.
Les lecteurs des Contes surhumains auront été déjà conduits jusqu’aux soubassements premiers du Portique : ils en attendront avec impatience l’édification absolue.
Il ne sera pas inutile de remarquer que ce n’est pas la multitude des vers qui conduit un Poëte à l’immortalité.
Caussin, [Nicolas] Jésuite, né à Troies en Champagne en 1580, mort à Paris en 1651, se conduisit dans la place de Confesseur de Louis XIII, avec des sentimens & une probité qui donnerent de l’ombrage au Cardinal de Richelieu.
Ses Tragédies, au dessous du médiocre, prêterent au ridicule ; son injustice contre Racine fit tort à son jugement, & prouva que les femmes sont encore plus extrêmes que les hommes, quand l’esprit de cabale les conduit.
On fera grace à la froideur & au défaut de rapidité, en faveur des réflexions sensées de l’ordre, du naturel, & de l’équité qui a conduit la plume de l’Auteur.
Le moyen de ne pas s’échauffer quelquefois, quand on se laisse conduire par une imagination sans frein, ou par un esprit enthousiaste !
Tandis que sa réaction contre la scolaslique le conduit au point de vue objectif en cosmologie, ses études psychologiques ramènent le point de vue subjectif ; il croit que la raison peut résoudre les problèmes théoriques et métaphysiques. […] Appliquée aux faits de la conscience adulte, l’analyse de Berkeley est inattaquable220 ; à moins qu’on veuille nier que la conscience est immédiatement affectée par les sensations, et affirmer qu’elle l’est immédiatement par les objets externes : ce qu’aucun métaphysicien ne voudra faire, car cela le conduirait à soutenir que la conscience n’est rien que ces sensations produites dans l’organisme par les influences externes ; et par suite à faire disparaître l’esprit comme substratum. […] Il est vrai que par une ambiguïté déplorable de langage, il peut conduire à comprendre que la pensée est une sécrétion, tandis qu’en réalité il voulait dire qu’elle est une fonction. […] Cousin est digne du respect qui s’est attaché à son nom, à part l’usage plus que suspect qu’il a fait des travaux d’élèves et d’auxiliaires, sans l’avouer. » Son activité sans relâche le conduisit de Reid à Kant, de Kant aux Alexandrins ; il édita Proclus et l’aurait mis sur le trône de la philosophie, si le public y avait consenti.
Pour n’en prendre qu’un exemple, n’est-il pas d’un usage presque universel, dans le roman, le drame, la poésie, de conduire au couvent les héroïnes désespérées ? […] Ces sortes de vocations en retour ne sont, dans le domaine des faits, qu’une très infime exception, et nous pourrions tous plaindre une supérieure qui aurait à conduire une congrégation d’héroïnes de romans revenues de leurs illusions, mais non pas de leurs souvenirs. […] Elle nous conduisit dans une salle vaste, sans autre ornement que la lumière, où étaient assises le long des murailles, sur trois rangs et laissant une avenue entre elles, les deux cent cinquante novices de l’ordre, toutes blanches aussi. […] Elle répond qu’elle serait disqualifiée, qu’au lieu d’être une créatrice d’œuvres personnelles, je ne puis dire tirées, mais portées à un seul exemplaire, elle conduirait une fabrique où le modèle, copié et recopié cent fois, deviendrait banal.
Le Romancier a sur l’Historien l’avantage de pouvoir conduire le sujet qu’il traite, au lieu que c’est le sujet qui conduit l’Historien. […] Il doit promener ses Lecteurs plutôt que paroître les conduire, & eux-mêmes ne doivent point s’appercevoir qu’on les conduit.
je prie que la pitié, qui t’a conduit sur la terre, te fasse prendre en gré cette fertile contrée. […] « Ô toi », disait-il en beaux vers223 à l’évêque de Lombez, « heureuse et belle âme espérée dans les cieux, qui marches revêtue et non appesantie de notre humanité, pour que les chemins te soient plus faciles, servante fidèle et bien-aimée de Dieu, voici que ta barque, déjà détournée de ce monde aveugle vers un meilleur port, reçoit le souffle d’un vent occidental, qui, par cette sombre vallée où nous pleurons nos fautes et celles d’autrui, la conduira dégagée des écueils antiques à cet Orient où elle aspire. » Rien de plus animé que ces images, dans la langue du poëte ; rien de plus guerrier que son espérance et son appel : « Tout homme », s’écrie-t-il, « entre la Garonne et les monts, entre le Rhône, le Rhin et les flots de la mer, suit le drapeau chrétien. […] la tête couronnée de pourpre et d’une blanche auréole, le bon Pasteur conduit vers vous, sans écart, son troupeau chéri. Il va, et ses heureuses brebis le suivent là où il les nourrit de roses immortelles et d’une fleur qui s’épanouit plus abondante, plus elle est cueillie ; il les conduit à la montagne du bien suprême ; il les baigne dans la source de l’immortelle joie ; il leur donne la pleine moisson, le pasteur et le pâturage, le seul parfait bonheur.
Il est mort à Bicêtre, où la misere l’avoit forcé de se retirer, & où la Muse de l’Histoire ne devroit pas conduire ses Eleves, si le Siecle avoit autant d’humanité réelle, qu’il se flatte d’avoir de politesse & de philosophie.
Il eut le malheur de se voir destitué de sa Charge, pour un crime de faux auquel ses dissipations l’avoient conduit ; & la gloire des Lettres, qui d’ailleurs ne remplace jamais celle de la probité, ne le dédommage pas du tort qu’il fit par là à sa réputation.