Mais ce qui ne nous a pas intéressé le moins dans la lecture de ces volumes, ce sont les divers endroits qui nous servaient à reconnaître et à composer dans notre pensée l’image de l’auteur même. […] Madame de La Fayette écrivait à madame de Sévigné : « Votre présence augmente les divertissements, et les divertissements augmentent votre beauté lorsqu’ils vous environnent : enfin, la joie est l’état véritablement de votre âme, et le chagrin vous est plus contraire qu’à personne du monde. » Ninon écrivait encore à Saint-Évremond : « La joie de l’esprit en marque la force. » L’auteur de ces Souvenirs, à mesure qu’ils se déroulaient devant nous, et que nous nous plaisions à composer son image, nous paraissait ainsi une personne chez qui la joie, une joie qui n’exclut nullement la sensibilité, est compagne de la force de l’âme.
La sagesse s’acquiert, parce qu’elle est toute composée de sacrifices ; mais se donner un goût, mais inspirer un penchant, sont des mots contradictoires. […] Alors le malheur est long comme la vie, il se compose de vos fautes et du sort, il vous humilie et vous déchire.
Passant encore en revue chacune de ces séries, on prend chacune des idées qui les composent comme le petit centre d’un groupe inférieur, et l’on ne s’arrête que lorsqu’on a épuisé les idées que l’analyse du sujet avait fournies, lorsque sont déterminés ainsi la place de chaque partie dans le tout, et son rapport au tout et aux autres parties. […] Ainsi Bossuet, prêchant sur la Providence à Dijon et à Paris, compose deux discours tout à fait dissemblables par l’ordre et le tour particulier des pensées.
En effet la rime la plus riche ne fait qu’un effet bien passager. à n’estimer même le mérite des vers que par les difficultez qu’il faut surmonter pour les faire ; il est moins difficile sans comparaison de rimer richement que de composer des vers nombreux et remplis d’harmonie. […] Dans les contrées envahies par les barbares, il s’est formé un nouveau peuple composé du mélange de ces nouveaux venus et des anciens habitans.
Une expression naturelle de regret se mêle dans la parole d’Arago au sentiment d’orgueil que lui inspire la vérité inaltérable, mais peu accessible, des sciences : Les sciences exactes, a-t-il dit dans sa notice sur Thomas Young, ont sur les ouvrages d’art ou d’imagination un avantage qui a été souvent signalé : les vérités dont elles se composent traversent les siècles sans avoir rien à souffrir ni des caprices de la mode ni des dépravations du goût. […] La difficulté de composer ces notices, lorsqu’on est secrétaire perpétuel pour les sciences mathématiques, est très grande et presque insurmontable, si l’on veut unir toutes les nécessités et les convenances, y compris les convenances oratoires : ou bien l’on néglige et l’on sacrifie en partie l’exposition des travaux de l’homme dont on parle ; ou bien, si l’on entre dans le détail de cet exposé, on devient nécessairement inintelligible pour la foule du public, même instruit et lettré, qui assiste à une séance publique de l’Institut. […] Ce n’est point sur les dernières biographies académiques composées par M. […] Arago a composées avec le plus de goût et de succès est celle du célèbre Écossais James Watt, ce héros de l’industrie, cet Hercule ingénieux du monde moderne ; il se complaît, après une enquête complète et consciencieuse qu’il est allé faire sur les lieux, à nous exposer ses procédés d’invention en tout genre, ses titres à la reconnaissance des hommes.
Delécluze dans son livre sur David, ouvrage singulièrement composé, dont une moitié est au point de vue de la biographie d’Étienne, et l’autre moitié au point de vue de la biographie régulière de David : ce sont deux moitiés de volume, collées ensemble et d’un ton tout différent. […] « David était sorti de l’atelier ; Charles Moreau et Mme de Noailles s’étaient remis au travail, mais Étienne resta assis auprès du poêle, essayant vainement de composer un seul et même homme de l’ancien ami de Robespierre et du nouveau protecteur des émigrés. […] Il y avait donc, à tous égards, peu d’à-propos à venir lire à haute voix, dans un salon, et devant un auditoire ainsi composé, ce qui se lit des yeux sans inconvénient et avec assez d’intérêt dans le cabinet. […] La scène est belle, touchante, bien composée ; je n’en ai retranché que quelques réflexions qui la ralentissent.
Il avait d’ailleurs amassé en portefeuille un certain nombre de pièces légères ; il avait composé son Passage du mont Saint-Bernard, une Satire sur les Romans nouveaux, couronnée par l’Académie de Lyon, et sa pièce des Plaisirs du Poète. […] Son premier recueil d’Élégies est de 1812 ; il en avait composé la plupart dans les années qui avaient précédé, et sa Chute des Feuilles, par où le recueil commence, avait, un peu auparavant, obtenu le prix aux Jeux Floraux. […] C’est alors que les beautés attrayantes, volages, passaient et repassaient plus souvent devant ses yeux : Elles me disaient : « Compose De plus gracieux écrits, Dont le baiser, dont la rose, Soient le sujet et le prix. » A cette voix adorée Je ne pus me refuser, Et de ma lyre effleurée Le chant n’eut que la durée De la rose ou du baiser. […] Le troisième livre d’Élégies de Millevoye se compose d’espèces de romances, auxquelles on en peut joindre quelques autres encadrées dans ses poëmes.
Le législateur prend les hommes en masse, le moraliste un à un ; le législateur doit s’occuper de la nature des choses, le moraliste de la diversité des sensations ; enfin, le législateur doit toujours examiner les hommes sous le point de vue de leurs relations entre eux, et le moraliste considérant chaque individu comme un ensemble moral tout entier, un composé de plaisirs et de peines, de passions et de raison, voit l’homme sous différentes formes, mais toujours dans son rapport avec lui-même. […] en s’approchant par la réflexion de tout ce qui compose le caractère de l’homme, on se perd dans le vague de la mélancolie ; les institutions politiques, les relations civiles vous présentent des moyens presque certains de bonheur ou de malheur public ; mais les profondeurs de l’âme sont si difficiles à sonder ! […] Enfin, la pitié est encore nécessaire pour trouver un terme à la guerre intérieure ; il n’y a point de fin aux ressources du désespoir, et les discussions les plus habiles, et les victoires les plus sanglantes ne font qu’augmenter la haine ; une sorte d’élan de l’âme, tout composé d’enthousiasme et de pitié, arrête seul les guerres intestines, et rappelle également le mot de patrie à tous les partis qui la déchirent. […] C’est bien là certainement l’une des causes de la pitié ; mais l’inconvénient de cette définition, comme de toutes, est de resserrer la pensée que faisait naître le mot qu’on a défini : il était revêtu des idées accessoires et des impressions particulières à chaque homme qui l’entendait, et vous restreignez sa signification par une analyse toujours incomplète quand un sentiment en est l’objet ; car un sentiment est un composé de sensations et de pensées que vous ne faites jamais comprendre qu’à l’aide de l’émotion et du jugement réunis.
Je dirai tout à l’heure un mot de l’esprit dans lequel a été composée cette petite brochure, quand j’aurai moi-même causé un moment avec le maître, et essayé de m’en rafraîchir l’idée. […] Mais on n’y dit rien des livres pantagruéliques qu’il avait déjà composés et qu’il devait composer encore ; et Rabelais ne se crut en aucun temps obligé de se les interdire. […] Dans le premier livre de Rabelais, dans ce livre de Gargantua, qui ne fut pas composé le premier en date peut-être, mais qui est le plus suivi, le plus complet en lui-même, ayant un commencement, un milieu et une fin, on trouve quelques admirables chapitres, pas trop sérieux, pas trop bouffons, et où les grandes parties sensées de Rabelais se déclarent.
Ils furent composés en différens temps, & repandus aussi d’une manière différente. […] On n’a d’autres ouvrages de lui que des extraits du Journal des sçavans, quelques mémoires de mathématique, & l’excellent factum qu’il composa pour détruire l’accusation intentée contre lui. […] Le géomètre écrivit son factum en poëte, & le poëte composa le sien en géomètre.
Il y a de la verité dans une symphonie, composée pour imiter une tempête, lorsque son chant, son harmonie, et son rithme nous font entendre un bruit pareil au fracas que les vens font dans l’air et au mugissement des flots, qui s’entrechoquent ou qui se brisent contre des rochers. […] Les musiciens composent souvent des symphonies pour exprimer des bruits que nous n’avons jamais entendu, et qui peut-être ne furent jamais dans la nature. […] Mais on ne sçauroit être pathétique sans avoir du génie, et il suffit d’avoir professé l’art, même quand on s’y seroit appliqué sans génie, pour composer sçavamment en musique, ou pour rimer richement en poësie.
De quoi se compose leur trésor propre au service de la patrie ? […] Et le jeune Gustave Escande, de la Fédération Universelle des Étudiants chrétiens, écrit à ses amis : « Il m’est très doux de penser que des centaines de milliers de jeunes gens dans le monde luttent comme moi pour arriver à l’idéal que nous nous sommes composé : “Faire le Christ Roi”. » Mais la voix de ces jeunes lévites du droit n’est nulle part mieux persuasive que dans la prière que voici, d’un petit soldat protestant du pays de Monthéliard, qui mourait à l’ambulance de la gare d’Ambérieu. […] (Lettre du 10 août, p. 237, Roger Allier, volume composé pour un cercle de parents et d’amis.)
Sagon & la Huéterie, au désespoir d’être ainsi désignés, donnèrent promptement contre Marot la grande généalogie de Fripelippes, composée par un jeune poëte champestre. Cette idée de poëte champestre devint un fonds de plaisanterie ; & le rondeau suivant parut : Qu’on meine aux champs ce coquardeau, Lequel gaste, quand il compose, Raison, mesure, texte & glose, Soit en ballade ou en rondeau.
Il composa rapidement une critique contre le Berger fidèle. […] Ce poëte, devenu fou de sa qualité de gentilhomme, s’imagina qu’il étoit déshonoré pour avoir composé des vers.
Le langage se composait encore d’images, de comparaisons, faute de genres et d’espèces qui pussent définir les choses avec propriété ; ce langage était le produit naturel d’une nécessité, commune à des nations entières. — C’était encore une nécessité que les premières nations parlassent en vers héroïques (livre II, page 158). — 15. De telles fables, de telles pensées et de telles mœurs, un tel langage et de tels vers s’appelèrent également héroïques, furent communs à des peuples entiers, et par conséquent aux individus dont se composaient ces peuples.
La valeur littéraire se compose de deux éléments : la richesse de la matière et l’habileté de l’art. […] L’alliance de toutes ces contradictions donne au poète sa physionomie propre et compose son originalité. […] De quoi la poésie se compose-t-elle toujours ? […] Les gredins qui la composaient seraient devenus des héros, martyrs de leur foi républicaine. […] Cette société se composerait-elle d’individus vicieux, égoïstes ?
Plutarque, qu’il lisait dans Amvot, composait le fonds principal de sa connaissance historique. […] Bernardin, dans ses voyages, avait toujours beaucoup écrit ; il composait des mémoires pour les bureaux, il rédigeait des journaux pour lui ; arts, morale, géographie, affaires du temps, il tenait compte de tout. […] Bien des pages de Paul et Virginie ne sont que le composé poétique et coloré de ce dont on a dans le Voyage le trait réel et nu. […] quel magnifique ensemble, et bien harmonieux en apparence, on se plaît à en composer ! […] Les seuls vers imprimés, je crois, et peut-être les seuls composés par Bernardin, se trouvent dans la Décade philosophique (10 brumaire an III)65, et ont pour sujet la naissance de sa fille Virginie.
Zola se met à son bureau tous les matins très régulièrement et il compose ce qu’il appelle l’ébauche. […] Vers la fin de 1850, il reprend un drame déjà esquissé par lui sur la mort de Siegfried, il le retouche, commence à composer sa musique. […] La transformation est composée d’évolutions comme l’évolution était composée d’inventions, seulement tandis que l’évolution impliquait la systématisation logique des inventions successives, la transformation implique, au contraire, plus d’incohérence et d’opposition entre elles. […] Et ce que nous appelons le développement d’une invention est un composé plus ou moins systématique d’évolutions, de transformations, de déviations et d’avortements. […] Réciproquement une déviation se compose d’évolutions discordantes, et un développement par déviation contient d’ailleurs des parties où c’est l’évolution qui domine.
Leur mouvement rapide, leur divertissante animation, la vraisemblance de ton du dialogue composent un spectacle plein d’attraits. […] Elles composent sa règle et sa doctrine : en écrivant de la sorte il se conforme à son idéal du beau. […] Marcel Boulenger a composé de traits épars, mais rassemblés avec un choix voulu, le tableau d’une société charmante et policée, où la vie serait désirable. […] Compose-t-il une grammaire à loisir ? […] Très attrayants, ils sont construits et combinés avec une habileté qui démontre que l’auteur sait composer comme il sait écrire.
Le dialogue des deux bergers se compose de phrases courtes et vives ; mais chacune de ces phrases porte coup. […] La fuite de Marianna et ses longues rêveries au bord de la mer composent un tableau d’une mélancolie touchante. […] La famille Marceau, établie dans la même maison, au même étage, compose un tableau charmant. […] Sandeau a composés depuis l’époque de ses débuts. […] J’ai dit que ce roman me paraît le plus achevé de tous les récits composés par M.
Voilà donc le Hamlet de Shakespeare composé tout au moins en 1591, c’est-à-dire neuf ans plus tôt qu’on ne croyait. […] Selon Malone, cette pièce aurait été composée en 1598. […] Mesure pour mesure, selon Malone, fut composée en 1603. […] Selon Malone, Shakspeare aurait composé cette pièce en 1604. […] Cette comédie paraît avoir été composée en 1604.
La premiere est qu’il est bien difficile qu’un poëme de quelque étenduë, et qui ne doit pas être soutenu par le pathetique de la declamation, ni par l’appareil du théatre, réussisse s’il n’est pas composé sur un sujet qui réunisse les deux interêts ; je veux dire sur un sujet capable de toucher tous les hommes et qui plaise encore particulierement aux compatriotes de l’auteur, parce qu’il parle des choses ausquelles ils s’interessent le plus. […] Quoique ce poëme ne nous touche plus que parce que nous sommes des hommes, il nous touche encore assez pour nous attacher : mais un poëte ne sçauroit promettre à ses ouvrages une fortune pareille à celle de l’éneïde, qui est celle de toucher sans cet interêt qui a un rapport particulier au lecteur, à moins d’une grande présomption, principalement s’il compose en françois.
Il est impossible, dit on, de composer de meilleurs vers à moins que d’être poëte. Qu’il évite seulement de se commettre avec le public attroupé, je veux dire de composer pour le théatre.
Cet ancien grammairien après avoir dit que les pieces de théatre étoient composées de choeurs, de dialogues et de monologues, ajoute : les dialogues sont les endroits d’une piece où plusieurs personnes conversent ensemble. […] Lucien dans l’écrit qu’il a composé sur l’art de la danse, tel que l’avoient les anciens, dit en parlant des personnages tragiques, qu’on leur entend prononcer de temps en temps quelques vers iambes, et qu’en les prononçant ils n’ont attention qu’à bien faire sortir leur voix, car les artisans ou les poëtes qui ont mis les pieces au théatre ont pourvû au reste.
Dès onze ans, Mlle Necker composait des portraits, des éloges, suivant la mode d’alors. […] L’Essai sur les Fictions, composé alors, renferme déjà toute la poétique de Delphine. […] On jouait souvent à Coppet des tragédies, des drames, ou les pièces chevaleresques de Voltaire, Zaïre, Tancrède si préféré de Mme de Staël, ou des pièces composées exprès par elle ou par ses amis. […] L’Essai sur le Suicide, qui parut en 1812 à Stockholm, était composé dès 1810, et les signes d’une révolution morale intérieure chez Mme de Staël s’y déclarent plus manifestes encore. […] Villemain en ses belles leçons sur Mme de Staël, le dominateur de la France fut tellement blessé du bruit que faisait ce roman, qu’il en composa lui-même une critique insérée au Moniteur.
Il se compose de parties hétérogènes qui se complètent les unes les autres. […] Un organisme est composé de tissus dont chacun vit pour son compte. […] Ce sont, dans l’un et dans l’autre, les mêmes parties essentielles, composées d’éléments analogues. […] L’œil se compose de parties distinctes, telles que la sclérotique, la cornée, la rétine, le cristallin, etc. […] La machine qu’est l’œil est donc composée d’une infinité de machines, toutes d’une complexité extrême.
Ogier, à vingt ans, composait une héroïde à l’imitation d’Ovide sur la sotte histoire que voici et qui courait, dit-il, tout Paris : « Un M. de F., après des recherches passionnées, épouse Mlle de P., fille de beaucoup de mérite, mais peu accommodée des biens de la fortune, puis incontinent après son mariage l’abandonne lâchement. […] Composé, on le voit, en vue d’un patron, comme la plupart de ses autres écrits, celui-ci du moins nous traduit la plus chère des pensées de l’auteur, sa véritable et intime passion. […] Tous ses écrits de cette époque ne furent plus composés qu’en vue de quelque circonstance particulière et en quelque sorte domestique ; moins que jamais le public apparut à sa pensée, ce grand public prochain qui allait être le seul juge. […] De toutes ces productions de Naudé composées durant le séjour d’Italie et couvées, pour ainsi dire, sous le manteau et sous la pourpre, on ne lit plus maintenant, on ne cite plus guère à l’occasion que ses Coups d’État ; et, par leur renom de machiavélisme, ils ont presque entaché sa mémoire. […] Je pense que j’en mourrai, si Dieu ne m’aide (25 novembre 1653). » — Les érudits composèrent à l’envi des vers latins sur la mort du confrère qui les avait si libéralement servis.
Il n’est pas dit pour cela, que le bonheur soit rentré dans son âme, mais l’espérance et la crainte ont pris en elle un autre cours ; et c’est de l’activité de ces deux sentiments que se compose la vie morale. […] Le bonheur est tellement composé de sensations relatives, que ce ne sont pas les choses en elles-mêmes, mais leur rapport avec la veille ou le lendemain, qui agit sur l’imagination. […] L’homme social met trop d’importance au tissu de circonstances dont se compose son histoire personnelle. […] Un professeur Suédois, nommé Robeck, a écrit un long ouvrage sur le Suicide, et s’est tué après l’avoir composé ; il dit dans ce livre qu’il faut encourager le mépris de la vie jusqu’à l’homicide de soi-même. […] Le don de l’existence est un miracle de chaque instant, la pensée et le sentiment qui la composent, ont quelque chose de si sublime que l’on ne peut sans étonnement contempler son être à l’aide des facultés de cet être.
Où est le physicien de nos jours chez qui l’on puisse apprendre à composer un discours et une tragédie ? […] L’homme est-il composé de deux principes ? […] Aussi les commentateurs n’ont pas manqué de mettre le Traité de l’âme en tête de ces admirables et nombreux ouvrages qui composent l’histoire naturelle dans l’encyclopédie d’Aristote. […] Tout être, toute substance se compose de trois éléments, qu’y peut distinguer la raison : la matière d’abord, qui n’est par elle-même rien de déterminé, et n’est qu’une simple puissance ; la forme, qui détermine l’être, lui donne un nom, le fait ce qu’il est ; puis, en troisième lieu, l’être lui-même, composé de la matière et de la forme, l’être tel que nos sens nous le montrent. […] Il a réduit l’homme à un principe unique, tandis que l’homme est évidemment composé de deux principes, que sa raison distingue parfaitement, si d’ailleurs elle ne les voit jamais matériellement séparés.
Ce talent, quand on l’analyse à froid aujourd’hui, se compose surtout de trois choses : L’art de la composition ; La finesse du style ; La vibration du cœur sous le mot. Béranger compose une chanson comme un poème épique ou comme un drame en cinq actes. […] S’il avait eu même à parler à des Écossais, race ossianique, contemplative, rêveuse et mélancolique comme ses grèves, ses lacs, ses montagnes, il aurait composé quelques-unes de ces ballades touchantes qui font, comme dit Dante : chanter et pleurer à la fois. […] Le grand poète, c’est le sort ; nous ne sommes que les personnages avec lesquels il compose ses drames. […] Il composa le plan et les premiers chants d’un poème épique intitulé Clovis ; puis il écrivit dans les intervalles des Méditations poétiques ; enfin il pensa à chercher dans la tragédie une de ces renommées soudaines et éclatantes qui grandissent comme l’aloès en un soir, aux rayons du lustre, sur une scène à dix mille échos.
« Le tout, comme dit Du Verdier, bien troussé et fait d’une grande dextérité d’esprit, ressentant entièrement cette forme de composer ancienne, remplie de toute naïveté et gaillardise. » Dans l’épigramme, Saint-Gelais n’a pas dégénéré de Marot. […] Dans le temps donc que Saint-Gelais, créature gentille, comme l’appelle Marot, aiguisait quelques douzains à la manière italienne, ou chantait ses vers sur des airs qu’il avait composés lui-même84, de jeunes esprits se formaient dans les écoles restaurées par là Renaissance, et retrouvaient l’idéal de la poésie dans les grands poëtes de l’antiquité. […] Les Regrets, espèces de Tristes composées à Rome durant le séjour que Du Bellay y fit avec le cardinal son parent, ont paru ennuyeux même à l’historien ingénieux et peut-être prévenu de la poésie de ce temps85. […] La même illusion fit prescrire l’emploi de mots composés à la manière de la langue grecque, et ce qu’il appelait le provignement des vieux mots. […] Pour enrichir la langue poétique, ce n’était pas assez des emprunts faits à tous les patois, que Ronsard appelle des dialectes, ni des mots composés, ni des vieux mots rajeunis, ni des mots grecs ou latins francisés ; il conseilla d’en aller chercher jusque dans la boutique des artisans.
Han d’Islande, depuis longtemps composé, avait paru antérieurement. […] L’amour d’Éthel et d’Ordener, l’invincible union du noble couple, le dévouement fabuleux du héros, composent le fond essentiel, l’âme de l’action : le chapitre xxiie, qui est le point central et culminant du livre, ne nous montre pas autre chose ; on y trouve le canevas exactement tracé, le motif d’un des plus touchants souvenirs d’amour des Feuilles d’Automne ; mais la crudité du dessin, l’impitoyable précision que l’auteur a mise à décrire les portions hideuses, cruelles, et à faire saillir le nain, le bourreau, le mauvais conseiller Musmédon, a donné le change aux autres sur son intention, et par moments l’en a dérouté lui-même. […] Il a composé dans Notre-Dame le premier en date, et non certes le moindre des romans grandioses qu’il est appelé à continuer pour l’avenir.