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861. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

L’honneur leur appartient d’avoir ouvert la porte À quiconque osera d’une âme belle et forte Pour vivre dans le ciel en la terre mourir.

862. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Quelques phrases au hasard : « Un ciel gris-perle avec des matités de cendre çà et là et des irisations de nacre vers le bas… Notre phoque familier allongeait sa tête de jeune chien entre les seins pointus et couleur de safran de ma petite amie, et parfois léchait doucement ses cheveux brillants d’huile.

863. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Quelle rage de songer qu’avec les sommes que la sotte opulence prodigue selon son caprice on pourrait remuer le ciel et la terre !

864. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Il en résulte un ébranlement, un froissement incroyable pour l’âme : car lorsque, exalté par la pensée, l’esprit s’élance dans les plus hautes régions, soudain l’expression, au lieu de le soutenir, le laisse tomber du ciel en terre, et le précipite du sein de Dieu dans le limon de cet univers.

865. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Mais le soleil de l’art n’étant pas le même que le soleil de la nature ; la lumière du peintre, celle du ciel ; la chair de la palette, la mienne ; l’œil d’un artiste, celui d’un autre ; comment n’y aurait-il point de manière dans la couleur ?

866. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

V Les poëtes de la cour commençaient de célébrer dans leurs vers les merveilles de sa figure et les trésors de son esprit : En votre esprit le ciel s’est surmonté ; Nature et art ont en votre beauté Mis tout le beau dont la beauté s’assemble, écrit du Bellay, le Pétrarque du temps ; Ronsard, qui en était le Virgile, trouve, toutes les fois qu’il en parle, des images, des suavités et des finesses d’accent qui prouvent que la louange venait de l’amour et que son cœur séduisait son génie. […] Ils signalèrent leur attachement à la cause du pape par le meurtre du calviniste Anne Dubourg, confesseur héroïque de la foi nouvelle. « Six pieds de terre pour mon corps et le ciel infini pour mon âme, voilà ce que j’aurai bientôt !  […] s’écrie son poëte et son adorateur, le grand Ronsard, en apprenant ce prochain retour de la jeune reine en Écosse : Comme le ciel s’il perdoit ses étoiles, La mer ses eaux, le navire ses voiles, ..........

867. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Benserade fait descendre du ciel les Muses et toutes les divinités pour célébrer la gloire du nouvel Apollon, du roi-soleil. […] Ainsi, par qui nous ont été révélés le ciel de feu et la végétation luxuriante des tropiques ? […] Il a écrit62 : « Ô peuples des siècles futurs, lorsque par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres, quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait. » Mais celui qui sentait si bien que la terre doit compenser la banqueroute du ciel, celui qui comprenait que les misérables, privés, comme a dit plus tard Jaurès, de la vieille chanson qui berçait la misère humaine, doivent nécessairement réclamer leur part immédiate de soleil et de joies, ce même Musset parlait bientôt d’un autre ton.

868. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Entre lui et le reste des hommes, rien de commun que l’air du ciel. […] si vous entendiez parler de la Pauvreté chrétienne qui se dépouille elle-même entre les mains de Dieu, de cette « dame tant aimée » dont Dante a chanté, dans son Paradis, les noces mystiques avec saint François d’Assise, et que Giotto a ceinte, dans ses fresques, de la couronne d’épines du Calvaire, pour celle-là, pour cette fille du ciel, l’orgue n’a pas assez d’hymnes, l’encensoir n’a pas assez de parfums, la canonisation pas assez de cymbales, de flambeaux et de tabernacles ! […] Sous la pluie d’or miraculeuse qu’elle épanche, les palais surgissent, les jardins se dessinent, le bronze fermente, les statues s’élancent du marbre fait chair, les toiles s’animent et se colorent, les tissus ondulent en flots mouvants de pourpre et de soie, les diamants jaillissent de la terre obscure, comme les étoiles du ciel de la nuit, et viennent d’eux-mêmes se poser sur la couronne des rois, sur le front des femmes ?

869. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Je viens d’acheter une garde de sabre, où dans un ciel écorné par un quartier de lune d’argent, d’arbres qu’on ne voit pas, tombent à travers le ciel neigeux, deux jaunes feuilles d’automne. […] Vous ne vous doutez pas ce qu’est le ciel là-bas, il est tout bleu, d’un gros bleu semé de grande étoiles d’argent.

870. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Dès trois heures et demie, l’aube blanchissait le ciel, vers ces taillis de Wavre, où l’immobile Grouchy retint ses 50 000 hommes, attendant un ordre pour rompre les faisceaux. […] Sur le Nil, le long des vastes plages pâles, et sous le ciel ardent où montent les futaies de hautes palmes, le jeune voyageur semble las de tout ce qui est contemporain. […] Tels, ces anachorètes qui, sous ce même ciel, près de ce même fleuve, bâtissaient des cabanes de branchages et d’argile, afin d’y coûter, loin des vains bruits du monde, l’austère plaisir de la solitude. […] Ils veulent que leurs enfants échappent à cette contagion et soient munis d’un antidote contre le délicieux poison de ce ciel qui endort les énergies. […] Car, sous le ciel d’Asie, toutes sortes de puissances méchantes contribuent à exaspérer le venin de ces potions homicides.

871. (1925) Proses datées

Il faisait beau ; le ciel était pur sur la douce campagne française, son lent fleuve, sa fière forêt. […] La lune monte au ciel nocturne. […] La mer matinale était belle, le ciel clair, et le vent vif, mais modéré. […] Certes, je l’ai retrouvée toujours séduisante et belle et, cependant, sous le torride ciel d’août, elle n’avait plus son charme princier. […] La coupole est ouverte au sommet pour que la pluie du ciel puisse arroser la tombe, formée d’une longue caisse de marbre rectangulaire pleine de terre, d’une terre aussi desséchée que celle que nous foulons en sortant et sur laquelle nos pas résonnent durement, tandis qu’au ciel durement bleu les dômes surchauffés des turbés voisins se gonflent comme s’ils allaient éclater dans la chaleur silencieuse.

872. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

. — Toutes nos sensations de couleur sont ainsi projetées hors de notre corps et revêtent les objets plus ou moins distants, meubles, murs, maisons, arbres, ciel et le reste. […] « Des points lumineux mobiles apparaissent dans le champ de la vue, quand on regarde fixement une surface uniformément éclairée, par exemple le ciel ou un champ de neige, notamment pendant une marche active ou quelque autre mouvement du corps. » En cas de pléthore ou de congestion, « lorsque après s’être baissé on se redresse brusquement, on voit une foule de petits corps noirs et pourvus de queues qui sautent et courent dans toutes sortes de directions ». — Divers narcotiques, et notamment la digitale, provoquent des flamboiements dans les yeux. — Pareillement, quand une maladie de l’œil enflamme ou irrite la rétine, on aperçoit des éclairs et des étincelles, et, dans les opérations chirurgicales qui entraînent la section du nerf optique, le patient voit, au moment où l’instrument tranche le nerf, de grandes masses de lumière. — Mais la rétine et le nerf optique tout entier ne sont eux-mêmes que des conducteurs intermédiaires ; ils servent à exciter les centres optiques de l’encéphale, voilà tout. […] Cela nous dispense d’imaginer en détail la longue sensation musculaire de vingt enjambées, la longue sensation tactile et musculaire de la main promenée sur tout le contour de la surface. — Grâce à cette vitesse des opérations optiques, nous pouvons saisir, en un temps très court et par une perception qui nous semble instantanée, un objet tout entier, une chaise, une table, un personnage, bien plus, si l’objet est éloigné, une prairie entière, tout un groupe d’arbres, un édifice, l’enfilade d’une rue. — Vous voilà à une fenêtre, vous ouvrez les yeux, et, tout d’un coup, au moyen d’un très petit mouvement des yeux et d’un imperceptible mouvement de la tête, tout le paysage vous apparaît, avec ses divers plans, terrains, verdures, ciel, nuages, avec les innombrables détails de leurs formes, de leur relief et de leurs creux. […] Aussi l’atlas tactile et musculaire ne comprend-il point d’images qui correspondent aux très petits objets, à la forme et à la proximité de deux fils dans une mousseline, ni d’images qui correspondent à la diversité des plans colorés, à la présence, à la forme, au mouvement de tous les objets situés hors de la portée de notre main, comme les nuages, le ciel et les astres ; primitivement du moins, toutes ces images manquent dans l’atlas musculaire et tactile ; si elles y entrent, ce n’est qu’ultérieurement et à peu près, grâce à la traduction réciproque que nous pouvons établir entre les deux atlas. […] Nous avons trouvé que les objets que nous nommons corps ne sont que des fantômes internes, c’est-à-dire des fragments du moi, détachés de lui en apparence et opposés à lui, quoique au fond ils soient lui-même sous un autre aspect ; qu’à proprement parler ce ciel, ces astres, ces arbres, tout cet univers sensible que perçoit chacun de nous, est son œuvre, mieux encore son émanation, mieux encore sa création, création involontaire et spontanément opérée sans qu’il en ait conscience, épandue à l’infini autour de lui, comme l’ombre d’un petit corps dont la silhouette, à mesure qu’elle s’éloigne, va s’élargissant et finit pour couvrir de son immensité tout l’horizon. — Nous avons trouvé ensuite que nulle de nos sensations n’est située à l’endroit du corps où nous la plaçons, que plusieurs d’entre elles, quoique étant nôtres, nous apparaissent comme étrangères à nous, que, parmi celles-ci, quelques-unes nous semblent les qualités permanentes d’un être autre que nous ; tandis qu’elles sont en effet des moments passagers de notre être. — Ainsi l’illusion s’est montrée dans tous nos jugements, à propos du monde extérieur comme à propos du monde interne, et nous ne sommes plus étonnés de voir le philosophe bouddhiste réduire le réel aux événements momentanés de son moi.

873. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

On peut dire que ce fut dans ce petit monde hellénique, au bord de ces golfes abrités, glauques et cléments, parmi des paysages dociles, de menus horizons, sous ces ciels propices que l’humanité se réveilla. […] Et leur souffle empesté éteint l’éclat du ciel ! […] Ce sont d’antiques races, et tout y apparaît décrépit, délabré ; une sombre patine obscurcit le ciel lui-même. […] Un homme qui lève les yeux au ciel, cela nous évoque, si nous en comprenons l’intime pathétique, de paradisiaques sentiments. […] Voilà un homme qui casse des roches, les scie par cubes — grinçants, coriaces — les superpose, les brûle de chaux, comme s’il avait une science complète de l’hydraulique, des fleurs, des polarisations des lois qui commandent le ciel et la terre. » * *   * Ces intentions d’harmonie, qui nous ont tant ébloui chez Saint-Georges de Bouhélier, alors qu’il établissait sa conception du monde, ce sont elles encore, et surtout, qui vont nous enchanter au cours de son œuvre véhémente.

874. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

À ce prix, inquiet sur ce seul point, rassuré sur le reste, je me résigne à vivre en exil, à ne point revoir la maison natale, et, avec cette amère certitude, j’attendrai le décret du destin, soit que l’ennui d’un ciel étranger doive m’enlever avant l’heure, soit qu’il plaise à la Parque de me laisser longtemps survivre. […] Nous nous cherchions avant que de nous être vus… : je crois par quelque ordonnance du ciel.

875. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Dans cette disposition où il se trouvait quelquefois de prier le ciel pour que les maux de fortune allassent encore plus loin, il était néanmoins obligé de convenir que la Convention, par certains de ses décrets (notamment par son décret final sur la contribution de guerre), lui laissait bien peu à désirer, et qu’elle agissait exactement comme si elle eût voulu combler ses intentions et ses souhaits d’un dépouillement absolu de chacun54. […] Dans le cours de cette même année (1795), Saint-Martin publia sa Lettre à un ami, ou Considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la Révolution française, avec cette épigraphe tirée des Nuits d’Young : « Le ciel dispose toutes choses pour le plus grand bien de l’homme. » Cette brochure fut peu lue ; mais, éclairée pour nous aujourd’hui par le livre des Considérations de M. de Maistre, elle a une grande valeur comme indication et comme présage ; il n’en faut point séparer l’Éclair sur l’association humaine, qui parut deux ans après (1797).

876. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

On est à bord d’un navire ; le capitaine veille à la manœuvre : la mer est calme, le ciel serein, le vent propice ; la folle galère bondit de vague en vague et fend les flots. […] De même, dans les Lorettes vieillies, dans ces figures de portières, de mendiantes et de balayeuses, au-dessous desquelles on lit : « … a figuré dans les ballets » ; ou bien : « On a fait des folies pour Dorothée » ; ou bien : « Et moi, ma livrée était bleu de ciel » ; dans cette autre série des Invalides du sentiment, où figurent tous les éclopés de l’amour et des passions, il a montré et étalé l’affreux revers.

877. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Ne voit-on pas qu’une onde, à sa source limpide, En passant par la fange y perd sa pureté, Que d’un ciel d’abord pur, un nuage rapide Bientôt ternit l’éclat et la sérénité ? […] Ce sont des pointes de clochers « montrant du doigt le ciel », comme chez Wordsworth ; et çà et là aux endroits plus accentués, des silhouettes gothiques, des tours de cathédrales dessinant leurs dentelles de pierre sur des couchans enflammés.

878. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Lorsque l'enfant rit, le ciel rit : tout est sérénité, lumière, joie. […] Dire qu’il existe sous le ciel des gens qui s’adonnent avec passion à l’horticulture, qui aiment les fleurs jusqu’à la manie, et qui n’aiment point les enfants !

879. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

ses vers sentent toujours le ciel. […] L’une, la noble châtelaine du Cayla, sous son beau ciel du Midi, dans des lieux aimés, dans une médiocrité ou une pauvreté rurale qui est encore de l’abondance, avec tous les choix et toutes les élégances d’un intérieur de vierge ; l’autre dans la poussière et la boue des cités, sur les grands chemins, toujours en quête du gîte, montant des cinq étages, se heurtant à tous les angles, le cœur en lambeaux, et s’écriant par comparaison : « Où sont les paisibles tristesses de la province ? 

880. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

La terre et le ciel sont changés. […] Vous y auriez notre rivière sous les yeux, notre plaine devant vos pas, nos vignobles en perspective, et un bon quart de notre ciel sur votre tête.

881. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

La Vierge descend du ciel pour essuyer le front mouillé de sueur d’un baladin qui s’est fait moine, et qui ne sachant rien dont il puisse servir Notre-Dame, fait devant son image ses plus beaux tours et ses plus brillantes culbutes. […] Ce n’est pas qu’il n’y tienne : le martyre n’a pas d’attrait pour lui, et il n’écoute pas son cellérier qui lui conseille, et aux autres de sa compagnie, de se faire égorger pour aller dans le ciel, au lien de subir la prison du Sarrasin.

882. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Une sainte épouvante a gonflé leurs narines Sous des dieux apparus loin de leur ciel natal… Elle les voit si beaux ! […] Hugues Le Roux le disait dans une élégante Chinoiserie : « Toutes les choses de ce monde sont réverbérées, les ponts de jade dans les ruisseaux des jardins, le grand ciel dans la nappe des fleuves, l’amour dans le souvenir.

883. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

L’enchanteur aux paroles magiques n’évoquait, pas seulement la personne des dieux, mais aussi leur cortège et leur attirail, leurs chars aériens et leurs hippogriffes, leurs descentes sur la terre et leurs ascensions vers le ciel. […] La pluie qui tombe du Ciel générateur féconde la Terre ; alors elle enfante, pour les mortels, la pâture des bestiaux et le grain de Déméter. » — Ailleurs, il pousse ce cri qui dissout l’Olympien sculpté par Phidias, et disperse dans l’infini son corps et son âme, sa foudre et son sceptre, sa barbe pluvieuse et sa chevelure rayonnante ; « Zeus est l’air, Zeus est le ciel, Zeus est la terre, Zeus est tout ce qu’il peut y avoir au-dessus de tout. » Dans un Chœur de l’Orestie, le Dieu qu’on invoque semble invité à choisir lui-même son nom, dont le poète n’est pas sûr. — « Zeus !

884. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Tandis que Claude rêve, accoudé au coin de la table, elle vient se poser auprès de lui ; et, là, droite dans sa robe blanche aux plis droits, elle lui chante, en ut mineur, une déclaration d’amour surnaturelle et incorporelle qui l’ajourne aux hymens lumineux du ciel, aux calendes de l’Éternité. « Leur sublime s’amalgame », comme dit Saint-Simon de madame Guyon et de Fénelon. […] Pas de milieu humain : le ciel et l’enfer.

885. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

C’est parce que notre œil est configuré de manière à voir le ciel rond et voûté, que l’homme a ensuite inventé la coupole, le dôme du temple, soutenu de colonnes, qui est une chose belle à voir. […] Si l’on pouvait avoir sur ce plafond une belle fresque, un ciel peint à la Raphaël, ce serait tant mieux.

886. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Je ne sais pas agir, je passe mon temps à contempler. » Approchons donc avec respect du grand contemplateur, et recueillons quelques-unes de ses belles paroles comme des germes que nous sèmerons ensuite chacun dans notre propre terrain, et qui y lèveront assez diversement, mais toujours avec fruit et vers le ciel. […] Bonaparte vient directement du ciel… comme la foudre. ».

887. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Elle le fit avec succès, avec éclat ; elle donna des cours, comme c’est l’usage de tout temps en Suisse ; elle eut des élèves des deux sexes ; et, il y a quelques années, on montrait encore, près de Lausanne, dans un petit vallon, l’estrade ou tertre de verdure élevée en guise de chaire ou de trône par les étudiants du lieu, et d’où la belle orpheline de Crassier décernait les éloges ou les prix, ou peut-être même, aux beaux jours d’été, faisait à ciel ouvert ses leçons. […] Ainsi, loin de regretter le monde qui nous fuit, nous le fuyons à notre tour ; nous échappons à des intérêts qui ne nous atteignent déjà plus ; nos pensées s’agrandissent comme les ombres à l’approche de la nuit, et un dernier rayon d’amour, qui n’est plus qu’an rayon divin, semble former la nuance et le passage des plus purs sentiments que nous puissions éprouver sur la terre à ceux qui nous pénétreront dans le ciel.

888. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Lorsque mes vestes de basin lui étaient renvoyées, elle regardait vite si la chaîne d’argent qui suspendait la croix avait noirci ma boutonnière ; et, lorsqu’elle y voyait cette marque de mon triomphe, toutes les mères du voisinage étaient instruites de sa joie ; nos bonnes religieuses en rendaient grâces au ciel ; mon cher abbé Vaissière en était rayonnant de gloire. […] J’en pris à témoin le ciel et la nature… Ah !

889. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Tantôt ce même soleil qui avait vu jeter les fondements de ces cités se couchait majestueusement à mes yeux sur leurs ruines ; tantôt la lune se levant dans un ciel pur, entre deux urnes cinéraires à moitié brisées, me montrait les pâles tombeaux. […] Voici donc un tableau général et en raccourci de l’aspect et du sol des États-Unis à la date où Volney les a visités, en 1797 ; pas un mot n’est à perdre ni à négliger : Telle est, en résumé, dit-il, la physionomie générale du territoire des États-Unis : une forêt continentale presque universelle ; cinq grands lacs au nord ; à l’ouest, de vastes prairies ; dans le centre, une chaîne de montagnes dont les sillons courent parallèlement au rivage de la mer, à une distance de 20 à 50 lieues, versant à l’est et à l’ouest des fleuves d’un cours plus long, d’un lit plus large, d’un volume d’eau plus considérable que dans notre Europe ; la plupart de ces fleuves ayant des cascades ou chutes depuis 20 jusqu’à 140 pieds de hauteur, des embouchures spacieuses comme des golfes ; dans les plages du Sud, des marécages continus pendant plus de 100 lieues ; dans les parties du Nord, des neiges pendant quatre et cinq mois de l’année ; sur une côte de 300 lieues, dix à douze villes toutes construites en briques ou en planches peintes de diverses couleurs, contenant depuis 10 jusqu’à 60 000 âmes ; autour de ces villes, des fermes bâties de troncs d’arbres, environnées de quelques champs de blé, de tabac ou de maïs, couverts encore la plupart de troncs d’arbres debout, brûlés ou écorcés ; ces champs séparés par des barrières de branches d’arbres au lieu de haies ; ces maisons et ces champs encaissés, pour ainsi dire, dans les massifs de la forêt qui les englobe ; diminuant de nombre et d’étendue à mesure qu’ils s’y avancent, et finissant par n’y paraître du haut de quelques sommets que de petits carrés d’échiquier bruns ou jaunâtres, inscrits dans un fond de verdure : ajoutez un ciel capricieux et bourru, un air tour à tour très humide ou très sec, très brumeux ou très serein, très chaud ou très froid, si variable qu’un même jour offrira les frimas de Norvège, le soleil d’Afrique, les quatre saisons de l’année ; et vous aurez le tableau physique et sommaire des États-Unis.

890. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

L’antithèse de Shakespeare, c’est l’antithèse universelle, toujours et partout ; c’est l’ubiquité de l’antinomie ; la vie et la mort, le froid et le chaud, le juste et l’injuste, l’ange et le démon, le ciel et la terre, la fleur et la foudre, la mélodie et l’harmonie, l’esprit et la chair, le grand et le petit, l’océan et l’envie, l’écume et la bave, l’ouragan et le sifflet, le moi et le non-moi, l’objectif et le subjectif, le prodige et le miracle, le type et le monstre, l’âme et l’ombre ; c’est cette sombre querelle flagrante, ce flux et reflux sans fin, ce perpétuel oui et non, cette opposition irréductible, cet immense antagonisme en permanence, dont Rembrandt fait son clair-obscur et dont Piranèse compose son vertige. […] « Et comme le soleil n’arrive pas aux aveugles, ainsi les ombres dont je parlais tout à l’heure n’ont pas le don de la lumière du ciel.

891. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Au haut, vers le ciel, sur des nuages, la religion assise, un voile ramené sur son visage, tenant un calice à la main. […] Caesar a le bras droit étendu, l’autre tombant, les regards attendris et tournés vers le ciel.

892. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Rien ne serait plus beau que cette strophe, si l’original ne l’était davantage, parce qu’il est plus simple : J’ai dit, je ne verrai plus mon peuple ; et mes yeux las de se tourner vers le ciel se sont fermés. […] Il fait noir comme dans un four ; Le ciel s’est habillé ce soir en scaramouche, Et je ne vois pas une étoile Qui montre le bout de son nez.

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