Les livres de Philon, de Josèphe, les fragments de Nicolas de Damas, et, sous la même influence, d’autres écrits tout chrétiens, offrent partout cette idée, que Clément d’Alexandrie étendit jusqu’à ne faire du polythéisme et de la poésie des Hellènes qu’une contrefaçon et un plagiat de la Bible. […] Les terribles guerres civiles d’où sortirent la réforme et la grandeur de l’Europe, s’entretenaient aux sources de cette parole biblique dont le Psalmiste et les prophètes sont les coryphées ; et l’imagination des chrétiens d’Europe et d’Amérique en garda longtemps le rayon et l’empreinte.
Il serait touchant de rapprocher les détails de sa fin prématurée, et sa mort si courageusement chrétienne, de la triste agonie du roi son père.
Dites que notre littérature est sans choix, désordonnée, impure, pleine de scandales, d’opium et d’adultères ; et l’on va vous citer des œuvres pures, voilées, idéales même avec symbole et quintessence, des amours adorablement chrétiennes, des poëtes qui ont l’accent et le front des vierges.
Quelquefois, en effet, les Samaritains le recevaient mal, parce qu’ils le supposaient imbu des préjugés de ses coreligionnaires 665 ; de la même façon que de nos jours l’Européen libre penseur est envisagé comme un ennemi par le musulman, qui le croit toujours un chrétien fanatique.
Mais tout à coup éclate ce couac anachronique : « Il a dû naguère, à Guernesey, s’amuser beaucoup des journaux religieux, qui annonçaient, avec une douce charité chrétienne, que, frappé par Dieu dans son orgueil, Victor Hugo venait d’être atteint de folie. » Et Claretie nous raconte encore, en plein 1902 : « On entourait le poète qui, souriant devant cette mort, qui n’est heureusement pas près de le toucher, disait parfois avec sa gaîté robuste : — Il est peut-être temps de désencombrer mon siècle. » Que contiennent ces vieux articles mal repeints que Claretie et Fasquelle nous vendent honnêtement pour du neuf ?
De là l’existence de Dieu attaquée par des sophismes, & les Athées confondus par des argumens invincibles : la Religion Chrétienne combattue par des objections captieuses, & célébrée par les plus sublimes éloges.
de son indétermination au christianisme, du partage de son cœur entre le dieu des chrétiens & le sultan.
II Le nom attaché à cette édition des Philippiques fait écho à une gloire si militaire et si chrétienne qu’il est impossible de ne pas le remarquer, et qu’on se demande si ce de Lescure est un descendant du pieux héros de la Vendée.
Goethe l’est bien, lui, en sa double qualité d’Allemand et de panthéiste, et M. de Laprade, qui n’est que Lyonnais, — le Schiller lyonnais, moins les drames, — M. de Laprade, qui n’a pas la vaste circonférence de tête du grand Goethe, est panthéiste aussi à sa manière, un panthéiste chrétien, vague et ambigu, mais le panthéisme mitigé ne mitigé pas l’ennui.
Est-il chrétien ? […] Ses plus beaux vers sont ceux où le panthéiste semble regretter chez lui le chrétien. […] Son fanatisme musulman n’était pas moins féroce que le fanatisme chrétien des croisés. […] S’il est dans l’histoire une personne auguste qui soit chère à son cœur, c’est saint Louis, le roi très chrétien. […] Guizot où la pure note chrétienne soit plus accentuée et plus vibrante.
Mais combien il est plus vibrant dans les prières chrétiennes ! […] Tout ce vague paganisme ne prend un sens un peu net que par opposition au christianisme, à la conception chrétienne de l’homme et de la vie, à l’esprit de la morale chrétienne. […] Ce sont, d’ailleurs, des Grecs qui ont fait les dogmes chrétiens ; ce sont des Grecs, pourrait-on dire, qui ont altéré la pureté du christianisme primitif. […] Et la façon la plus grossière et la plus sauvage même de comprendre le dogme chrétien vaut encore mieux pour le bonheur et la dignité des simples. […] Il est resté prêtre ; il donne à la négation même le tour du mysticisme chrétien.
Les lecteurs ne devraient donc pas être plus surpris de rencontrer Phèdre et Myrrha dans l’enfer chrétien que l’épouse de Putiphar et les filles de Loth. […] C’est au siècle de la catholicité la plus souveraine que le chantre de la Lusiade conduit son héros portugais et chrétien à la découverte des Indes par l’entremise de Vénus et des Néréides, et qu’il oppose à la mission du pieux explorateur le courroux de Bacchus, défenseur de l’Asie. […] Une époque antérieure à celle de Roland m’a permis d’employer le concours des mêmes moyens en une épopée légère, inédite encore, et intitulée la Mérovéide, où je célèbre la victoire des Francs sur Attila dans la Gaule, alors idolâtre et chrétienne à la fois. […] Les chrétiens, à peine échappés au péril, ayant témérairement publié que l’épée de saint Paul avait mis en fuite le roi des Huns dont la colère les épargna, Genséric ne garda pas la même modération, et sa vengeance brûla les murs de Rome peu de temps après. […] À ces maximes, que de chrétiens l’auraient méconnu peut-être aujourd’hui, comme autrefois les Juifs !
Bonne pour la « canaille », ce que Voltaire ne pardonnait pas à la religion chrétienne, c’était tout justement l’humilité de ses origines. […] Sommes-nous en pays chrétien ? […] Si, par exemple, de tout ce que le christianisme a suscité dans notre littérature d’apologies ou d’expositions de lui-même, il ne nous restait que l’Institution chrétienne de Calvin, les Pensées de Pascal, et le Génie du christianisme, est-il quelqu’un qui doute que l’on reconnût aisément dans ces trois ouvrages, non seulement des génies différents, mais aussi et d’abord des états différents de la conscience chrétienne ? […] Et si de la forme, alors, on passait au fond, et que l’on cherchât de quelle conception de la religion, de quelle manière de comprendre ses rapports avec la vie, de quel état des âmes chrétiennes, ou de quelle crise de la foi le Génie du christianisme, les Pensées ou l’Institution chrétienne peuvent être contemporains, ne verra-t-on pas bien qu’il fallait, pour que Chateaubriand pût écrire son livre, que Pascal eût écrit le sien, comme aussi que Pascal ne pouvait pas écrire ses Pensées au xvie siècle, mais seulement après la révolution religieuse dont l’Institution chrétienne demeure l’évangile ? […] On a soutenu plus d’une fois que le christianisme était fait quand Jésus apparut, et, comme les dogmes chrétiens ne sont que la métaphysique des Grecs, on a voulu que la morale chrétienne aussi ne fût que celles des philosophes païens, d’Aristote et de Platon, de Cicéron et de Sénèque.
À côté du positiviste, il y avait le chrétien. […] Tout cela est très chrétien. […] Il avait du chrétien encore l’amour du devoir intellectuel. […] Oui, Renan fut ce jour-là tout à fait dans l’esprit chrétien. […] Il a recommandé la méthode positiviste et la morale chrétienne ; la raison scientifique et l’esprit chrétien dans ce qu’il a de plus pur et même dan ?
Il est renégat et vient avec des musulmans assiéger des chrétiens, d’anciens amis, Minotti, le père de la jeune fille qu’il aime. […] Les musulmans le méprisent, les chrétiens l’exècrent, et sa gloire ne fait que publier sa trahison. […] Des deux familles divines, la grecque et la chrétienne, aucune ne paraissait capable de rentrer dans le monde épique. […] Il n’est, chrétien que par souvenir et poésie. […] » — « Cultive ton jardin, resserre-toi dans un petit cercle, rentre dans le troupeau, deviens bête de somme. » — « Redeviens croyant, prends de l’eau bénite, abandonne ton esprit aux dogmes et ta conduite aux manuels. » — « Fais ton chemin, aspire au pouvoir, aux honneurs, à la richesse. » Ce sont là les diverses réponses des artistes et des bourgeois, des chrétiens et des mondains.
S’étant enfin affranchie de la mysticité, elle considère le romantisme, art chrétien, comme la pire maladie dont ait souffert l’esprit français. […] Il n’a point la puissance suffisante pour nous mettre en garde contre les retours, toujours à craindre, de la religiosité et du mysticisme chrétien. […] Elles glorifiaient l’acte de chair dans les très hautes fêtes de la Nativité et de l’Incarnation, et la Cène chrétienne a certainement célébré la transfiguration des Nourritures, dans le plus simple, le plus pur et le plus sublime des mythes. […] Je crois être ainsi dans la tradition chrétienne, sinon dans celle des prélats bénisseurs de canons, dans la tradition républicaine, sinon dans celle des Français mitrailleurs de Crétois, et aussi, par surcroît, dans la pure doctrine internationaliste.
. — Il y en a d’autres qui (raisonnement à part) ont la sensibilité chrétienne , et je suis de ce nombre.
M. de Maistre, qui, dans admirables pages sur l’art chrétien, s’est pris à regretter que Molière, avec sa veine, n’ait pas eu la moralité de Destouches, est tombé, contre son ordinaire, dans une inadvertance ; il a demandé là une chose impossible et contradictoire.
La religion chrétienne, telle qu’elle est professée en Angleterre, et les principes constitutionnels tels qu’ils sont établis, laissent une assez grande latitude aux recherches de la pensée, soit en morale, soit en politique.
Quand le vrai chrétien s’est acquitté de ses devoirs, son bonheur ne le regarde plus ; il ne s’informe pas quel sort lui est échu, il ne sait pas ce qu’il faut désirer ou craindre, il n’est certain que de ses devoirs ; les meilleures qualités de l’âme, la générosité, la sensibilité, loin de faire cesser tous les combats intérieurs, peuvent, dans la lutte des passions, opposer l’une à l’autre, des affections d’une égale force ; mais la religion donne pour guide un code, où, dans toutes les circonstances, ce qu’on doit faire est résolu par une loi.
J’écrivais : « … Je veux bien que Frédégonde, chrétienne peu éclairée, ait conçu cette ruse grossière et en ait espéré le succès.
L’avarice était le péché capital 495 ; or il faut bien remarquer que le péché « d’avarice », contre lequel la morale chrétienne a été si sévère, était alors le simple attachement à la propriété.
Mais la France n’eut pas ce bonheur ; ses poëtes nationaux étaient presque tous des poëtes païens ; et notre littérature était plutôt l’expression d’une société idolâtre et démocratique que d’une société monarchique et chrétienne.
Les autres écrits de Nicole ne valent pas celui-ci ; il offre beaucoup de vérités communes exprimées longuement ; quoiqu’on y sente un philosophe qui connoît le cœur humain ; un philosophe qui est toujours chrétien.
Les seuls points sur lesquels il importerait peut-être d’insister un peu davantage seraient la divinité de Jésus-Christ avec sa présence réelle dans l’Eucharistie ; l’un est la base de la croyance et du culte chrétien, l’autre le sujet principal du grand schisme.
Les guerres qui se faisoient alors en Grece, ressembloient à celles qui se sont faites si souvent sur les frontieres du païs-bas espagnol ; c’est-à-dire, à des guerres où le peuple court le risque d’être conquis, mais non pas d’être fait esclave et de perdre la proprieté de ses biens ; et où il n’est pas exposé aux malheurs qui lui arrivent dans les guerres qui se font encore entre les turcs et les chrétiens.
En effet, quelque condamnation que je fasse de la Révolution d’Angleterre, comme de toute révolte quelconque contre le pouvoir par quelque peuple chrétien que ce puisse être, je suis loin cependant, pour rester juste, d’envelopper dans une égale réprobation les mauvais jours de la Révolution d’Angleterre et ceux de la Révolution française, qui se continue de nos jours.
On a dit que la plus grande corruption des partis, c’était l’espérance, et rien n’est plus juste… L’oubli des injures, plus crétin que chrétien des Légitimistes, est un espoir.
Les Traditionnelles, publiées à la date de 1857, sont un recueil de vers souvent pleins de largeur, d’élévation, de sentiment chrétien qui est une poésie, — mais auquel l’auteur n’en ajoute pas une autre, — de mouvement lyrique accentué, mais dans une sphère d’idées déjà parcourue.
Ces compositions hybrides et morbides, mystérieuses, mystagogiques, qui traitent de magie et de surnaturalités et charrient dans leur flot noir ou brumeux toutes les superstitions et tous les songes de l’humanité, l’auteur des Illuminés les avait lues, et peut-être y avait-il cru, le temps de les lire ; car il n’était préservé par rien, ce sceptique à impression, qui se teignait pour une minute de tous les milieux par lesquels il passait, et qui nous a avoué quelque part qu’il avait été chrétien, polythéiste, mahométan, bouddhiste, enfin de dix-sept religions, tour à tour.
— toute la perfection et toute la rondeur d’un génie, qui se soutint dans l’outre-mer de son ciel, mais dont l’orbe pur s’échancra… Nulle part, en Europe, ni en Angleterre, où ils avaient Coleridge, ni en Allemagne, où ils avaient eu Klopstock, le peintre aussi de la Pitié chrétienne, il n’y avait un poète de ce rayon de lune sur le gazon bleuâtre, un poète de la tristesse et la chaste langueur du poète d’Eloa.
Grec, comme André Chénier, par le génie, l’auteur de Mirèio a sur André, tombé de son berceau byzantin dans le paganisme de son siècle, l’avantage immense d’être chrétien, comme ces pasteurs de la Provence dont il nous peint les mœurs et nous illumine les légendes.