à ton jeune avenir renais et chante encor. […] Sans doute, et je l’espère, un jour apprivoisée, à l’autel de ce Dieu que tous viendront bénir, Dans un bosquet du temple heureuse et reposée, Tu chanteras en chœur l’immortel avenir.
En Allemagne, une servante, le dimanche, lit Schiller et l’entend ; maintes fois vous rencontrez un piano dans une arrière-boutique ; les mineurs flamands, leur ouvrage achevé, chantent en parties ; partout en pays protestant la Bible, du moins, est lue et même sentie par le peuple. […] C’est d’eux que naquit la race des cigales, et elles ont reçu ce don des Muses, de n’avoir plus besoin de nourriture sitôt qu’elles sont nées, mais de chanter dès ce moment, sans manger ni boire, jusqu’à ce qu’elles meurent.
La « chère âme » qu’elles chantent est d’ailleurs une des plus dégoûtantes, une des plus répulsives que l’humanité puisse connaître et, malgré les belles cadences, malgré l’éclat coloré ou lumineux de certaines images, les allégories qui expriment cette pourriture folle ne parviennent pas à me séduire. […] Tout comme Néron chante dans sa joie délirante de vers qu’il n’a point faits et déshonore Homère de sa bave impériale, Annunzio clame, bacchant écumant, des images volées à Shelley, des chansons cambriolées dans Maeterlinck, des « pensées » prises à tous, à ceux qui pensent et à ceux qui ne pensent pas.
Il rapporte que Livius Andronicus, qui, suivant l’usage de ce temps-là, jouoit lui même dans ses pièces, s’étant enroué à force de répéter un morceau qu’on redemandoit, obtint la permission de faire chanter ses paroles par un jeune comédien, & qu’il se contenta de les accompagner du geste. […] Andronicus, qui d’abord chantoit son cantique ou sa cantate, & qui exécutoit, alternativement ou en même temps, les intermédes de danses, ayant altéré sa voix, chargea un autre acteur de chanter, & dansa, par ce moyen, avec plus de liberté & de force.
Dites-moi aussi les vers que je vous entendis chanter un soir : j’en ai bien retenu les nombres, mais j’en ai oublié les paroles. […] Par exemple, cet auteur dans le troisiéme chapitre du livre onziéme de ses institutions, où il donne des leçons si curieuses sur le soin qu’un orateur doit avoir de sa voix, et sur la recitation, dit, en parlant de plusieurs mauvaises manieres de prononcer : " il n’y a point de désagrément dans la prononciation qui me choque autant que d’entendre dans les écoles et dans les tribunaux, chanter la modulation théatrale.
On entend, par exemple, distinctement le passage où Suetone dit que Caligula aimoit avec tant de passion l’art du chant et l’art de la danse, que même dans les spectacles publics il ne s’abstenoit pas de chanter tout haut avec l’acteur qui parloit, ni de faire le même geste que l’acteur qui étoit chargé de la partie de la gesticulation, soit pour approuver ce geste, soit pour y changer quelque chose. On remarquera que Suetone emploïe ici les termes de chanter et de prononcer, comme des termes sinonimes en langage de théatre, et qu’il emploïe de même le mot de danse et celui de faire les gestes.
Ses goûts s’annoncèrent dès son enfance ; il parlait à peine, qu’il chantait déjà : sa vie ne fut, pour ainsi dire, qu’une longue fête ; parvenu à son dix-septième lustre, il tirait encore des sons mélodieux de sa lyre octogénaire ; enfin, les Muses avaient présidé à sa naissance, et les Muses ont reçu son dernier soupir. […] Hélas, Messieurs, les colonels font de la tapisserie, et les abbés chantent dans les boudoirs.
Imagination militaire, ce qui veut toujours un peu dire imagination chevaleresque, il s’est profondément pénétré de la personnalité de ce peuple arabe, — le seul peuple réellement poétique qu’il y ait maintenant sur la terre, et dont la description ressemble aune page de la Bible oubliée dans des feuillets de ce Khoran qui ne sera bientôt plus pour l’humanité qu’un livre oublié, — une poésie chantée ! […] le nécessaire social du peuple arabe y est complet, et si, comme on l’a ingénieusement et justement remarqué, le caractère du poème épique est de renfermer tous les éléments de la civilisation qu’il chante, un poète qui aurait le génie d’un tel poème n’aurait besoin, pour en faire un sur les Arabes, que de consulter les œuvres de Daumas.
… Rigault s’agite comme un beau diable, pour qu’on ne s’imagine pas qu’Horace ait chanté le pouvoir absolu et qu’il eût du pouvoir la même conception que Bossuet (textuel). […] Poétiquement, Horace me fait l’effet d’une espèce de Ronsard romain, mais avec beaucoup plus de goût, de mesure, de tact que le Ronsard français, et avec une bien autre langue, une langue dans laquelle Virgile avait chanté !
dans la passion qui casse presque toujours son instrument ou sa voix parce qu’elle joue ou chante trop fort ! […] Ce Boufflers me plaît moins que l’autre, et je chante comme l’autre : Tous les goûts sont dans la nature, Le meilleur est celui qu’on a !
… Il y a, je ne sais où, un adorable conte d’une bergère qui a trouvé un os de femme qu’elle prend pour un ivoire et qu’elle dole avec son couteau pour voir ce que c’est, quand, tout à coup, voilà que l’os se met à chanter mélodieusement qu’il est celui d’une pauvre femme assassinée. […] Les vers oubliés et retrouvés d’Agrippa d’Aubigné ont-ils chanté aux éditeurs, à mesure qu’ils les retrouvaient, une pareille mélodie ?
» faisait chanter le bon Mermet à un chœur de guerriers sarrasins, et le décor final de son Roland à Roncevaux était sinistre à souhait. […] Un jour que, fatigué, il se reposait dans ce verger, un petit oiseau vint se poser sur un arbre et se mit à chanter délicieusement. L’homme, qui l’avait vu et entendu chanter, tendit un filet et le prit. […] je ne chanterai ni pour prix ni pour prière. — Si tu ne chantes pas, je te mangerai. — Et comment me mangeras-tu ? […] A la fontaine sos le pint Par une matinée vint, Son vis239 lava a la fontaine ; Et li oiseaus a haute alaine, Qui ert sor le pint, li chanta Un lai ou deliteus chanta.
L’entretien achevé, Siegfried saisit les morceaux qui doivent représenter les débris du glaive, les met au feu, les fait rougir, puis les forge et chante : “Heaho, heaho, hoho !” […] Sous prétexte de rendre intelligible le sens des textes chantés, ils en arrivèrent à subordonner complètement la musique à la parole, d’où vint le récitatif dramatique. […] Mozart a chanté ses derniers lieder. […] — Elle sonne étrangement à nos oreilles, la langue des Rousseau, des Schiller, des Shelley, des Byron, qui furent ensemble les porte-paroles de cette destinée de l’Europe que Beethoven sut chanter ! […] Alors nous chantons, nous empruntons le secours de la musique, naturellement et sans effort.
S’il voit, dans son village natal, passer une procession de communiantes, il est amusé, retenu par cette impression de blancheur innocente, et, désespérant de fixer avec des couleurs matérielles cette candeur fragile, il chante délicatement son bonheur.
On ne le connaît plus guère, aujourd’hui, le poète qui chantait ainsi, voilà quarante ans, la chanson de la neige.
Aussi fut-elle tout cela, comme l’exigeaient impérieusement la mode et les convenances ; mais quels démentis cruels donnaient à ce parti pris nécessaire son beau front droit, ses grands yeux plus éveillés que les cloches de matines, son petit nez retroussé comme ceux qui changent les lois d’un empire, et l’arc de sa jolie bouche, et son menton rose, et les énormes boucles de cheveux clairs, lumineux, couleur d’or, tombant à profusion sur un buste dont les blanches, éclatantes et superbes richesses chantaient glorieusement à tue-tête la gloire de Rubens, ivre de rose !
Maxime du Camp, avec moins de fini, se rattache par le côté de Théophile Gautier à l’école de Victor Hugo ; il aime et cultive la description pour elle-même, il la cherche ; un de ses premiers soins a été de visiter cet Orient que le maître n’avait chanté que de loin et sur la foi du rêve… Il y a de beaux vers, surtout des poussées éloquentes.
Fuster a trouvé des développements fort touchants, et sa muse y a pris prétexte à chanter aussi bien les grandes guerres, l’héroïsme, que le charme de la nature et les phases d’un amour qui s’éteint et se ranime.
J’avais entendu parler ainsi sur la place de Nohant… Tous ces échos-là chantaient encore plus près de mon cœur que de mon oreille.
Jean Lorrain excelle à donner une poésie aux vieilles pierres et à faire chanter l’âme des maisons anciennes.
Sainte-Beuve Armand Renaud, après s’être terriblement risqué aux ardentes peintures d’une imagination aiguë et raffinée, en est venu à chanter ses propres chants, à pleurer ses propres larmes ; maître achevé du rythme, de recherches en caprice, et après avoir épuisé la coupe, il a trouvé des accents vraiment passionnés et profonds.
Ivanhoé Rambosson… Mais il ne déteste pas les vers affligés d’une certaine boiterie mélancolique : Des cloches et des hymnes chantent dans mon cœur… ………………………………………………………… Dans les agrès allègres voltige un vol blanc D’hirondelles amies, et la frêle chaloupe Berce à la vague les fleurs lasses de sa poupe Dans un cortège impérial de goélands… M.
Les seules voix qui chantent ne montent plus de la multitude ; elles tombent de hauteurs inaccessibles au vulgaire et viennent se perdre sans échos dans le bruit des locomotives et le hurlement de la Bourse. […] Il vint, chanta et fut adoré. […] Comme dans la légende orphique, l’herbe, l’arbre, la pierre, souffrent, pleurent, parlent, chantent ou rêvent ; le sens mystérieux des bruits universels nous est révélé. […] Entre le grand prêtre qui sacrifie au maître-autel et l’orateur sacré dont l’éloquence véhémente alterne avec les plaintes majestueuses de l’orgue, il y a place, au fond du chœur réservé, pour la voix solitaire qui chante l’hymne mystique. […] L’herbe, l’arbre, la source, le vent, la mer, chantent, parlent, souffrent, pleurent et rêvent ; le sens mystérieux des bruits universels nous est révélé.
Et plus tard encore, dans ses Étrangères, le bruit qu’il n’avait pu faire avec ses Grains de mil et son Penseroso, ses articles et ses notices, il essayait de le faire en innovant, dans notre poésie, le vers de quatorze et de seize syllabes : Quand le lion, roi des déserts, pense à revoir son vaste empire, Vers la lagune, allant tout droit, dans les roseaux il se retire ; ou encore : Les chênes de la forêt, à l’ombre épaisse et tranquille Aujourd’hui, comme autrefois, m’ont chanté leur grave idylle… Qu’était-ce donc qu’Amiel, et où le mettrons nous ?
Même quand il chante en beaux vers dans la Lyre d’airain la patrie vaincue, il s’abstient de tout cri désordonné, de tout ce qui pourrait blesser l’oreille sensible d’un homme de goût.
Jules Barbey d’Aurevilly Il est des poètes comme, par exemple, M. de Lamartine, dont je serais au désespoir de diminuer la grandeur, qui n’ont pour ainsi dire qu’une âme de profil ; mais celle du poète qui a osé écrire l’Enfer après Dante et qui vient de chanter Paris, est une âme de face, largement ouverte à toutes les émotions et à tous les contrastes, qui sait rire jusqu’aux lapines et pleurer jusqu’au rire, comme pas un de bous !
Des pastels anciens, des portraits de famille se fanaient aux murs, tristement, et tandis que, près de nous, rôdait un doux sourire de femme attentive, surveillant la bouilloire où chantait l’eau des tisanes, le moribond, comme dans une protestation dernière, en dépit du mauvais sort, me confiait ses projets d’avenir.
Il n’est Berger qui son mal ne regrette, Et près de lui Bergeres du hameau Viennent chanter, filant leur quenouillette, Pour consoler ce triste Pastoureau.
Parce que Scudery aura dit dans une Epître Dédicatoire à M. le Duc de Montmorency, pour lui marquer qu'il est le premier de sa famille qui se soit fait Auteur : Je suis sorti d'une Maison où l'on n'a jamais eu de plume qu'au chapeau ; parce que son Poëme d'Alaric aura commencé par ce Vers : Je chante le Vainqueur des Vainqueurs de la Terre.
Le bonheur des élus, chanté par l’Homère chrétien, nous mène naturellement à parler des effets du christianisme dans la poésie.
Il dit des Parisiens : « Laissez-les chanter la canzonette : ils pagaront. » Il supporte les impertinences avec une patience plus que chrétienne. […] Laissant là ta morale, Tu peux, comme au vieux temps, chanter la pastorale, Les roses, le sainfoin, le pasteur Corydon, La belle Amaryllis et son mol abandon, Le miel de l’Age d’or, les jeux dans les prairies Tous nos hommes d’Etat aiment les bergeries Rien de tel pour calmer les noires passions Et nous donner l’horreur des révolutions. […] Les littérateurs proprement dits, ceux qui dans leurs œuvres n’ont point de visée pratique, mais qui chantent pour chanter ou content pour conter, sont alors portés à maudire le bruit qui couvre leur voix. […] Aussi comptez ceux qui depuis Béranger et Victor Hugo, jusqu’à Lamartine, Quinet, Barbier, ont chanté, en l’exaltant ou en le maudissant, l’homme à la redingote grise, le vaincu de Waterloo, sa vieille garde et ses grenadiers épiques.
Dès que la France balbutie, elle commence de chanter. […] Jodelle, qui chantait des pœans à Arcueil, se hausse jusqu’à traduire Euripide, Baïf jusqu’à imiter Sénèque. […] Chante-moi, d’une musette bien résonnante, et d’une flûte bien jointe, ces plaisantes églogues rustiques à l’exemple de Théocrite et de Virgile. […] Solitaire, il pense, il crée, il chante ; et il ne veut d’autre joie, après les affres de la conception et de la réalisation poétiques, que celle d’entendre ses poèmes répétés par l’écho des mystérieuses profondeurs. […] Le poète, lui, a chanté son vers selon son rêve et son haleine, mais nous, de qui l’on ne peut exiger que nous ayons absolument le même rêve et la même haleine que lui, retrouverons-nous la mesure de son vers indéfini ?