Mais, quand un homme a eu le bonheur de parler sa pensée au lieu de l’écrire, pourquoi, du moins, ne pas la conserver comme il l’a parlée, et lui ôter, en faisant un livre, de sa vie première et de son bouillonnement de source ?
La génération à laquelle nous avons l’enivrant bonheur d’appartenir, ne l’a guères étudiée que dans Thiers, Michelet, Louis Blanc et Lamartine, qui s’est, hélas !
», au lieu de nous donner de vraies lettres inspirées, comme Mesdames de Souza et de Staël savaient en écrire à ceux qui avaient le bonheur d’être aimés d’elles ou de leur plaire, — car on n’écrit bien les lettres qu’à ces conditions !
Pour lui, la destinée se retourna contre le bonheur de sa naissance.
Esprit très élevé et très cultivé, heureux et fier dans sa pensée d’être un enfant du xixe siècle, — de ce xixe siècle qui a encore le temps, avec les vingt années qui lui restent à durer, de faire baisser la tête à ses fils et de diminuer l’orgueil et le bonheur d’en être un, — il a été la victime de la culture de son époque et de la culture de son esprit.
Gœthe disait que le bonheur d’Achille, tombé si jeune sous la flèche de Pâris, était d’être toujours un immortel jeune homme, dans la pensée des générations.
Frédéric Mistral, nouvellement découvert, et dont le nom, beau comme un surnom, convient si bien à un poète de son pays, un homme né et resté dans la société qu’il chante, ayant le bonheur d’avoir les mœurs de ses héros et d’être un de ces poètes complets, dont la vie et l’imagination s’accordent, comme le fut Burns, le jaugeur.
Le malheur de la vie des poètes est d’ailleurs toujours le bonheur de leur gloire.
Pensez, à leur exemple, que le bonheur est la liberté, et que la liberté est dans la grandeur de l’âme. » Il s’adresse ensuite aux pères de ces guerriers.
Il pourra, il devra parler de son bonheur ; ainsi ses discours au banquet s’excusent. […] Et celui-là dira : Que celui qui tient un bonheur, qu’il se cache. […] et d’autres : Si ton bonheur était une amitié Tu ne parlerais point de le risquer. […] Racine eut le bonheur qu’au XVIIe siècle la poésie lyrique personnelle fût tenue à la cour en maigre considération et que tout poète rêvât de consécration théâtrale. […] Nous trouverons par bonheur à nous reposer dans le métier scrupuleux de M.
. — Sa popularité, son bonheur et sa vie. — Sensibilité et virginité permanentes du tempérament poétique. — En quoi il est d’accord avec la nature. — Locksley Hall. […] quelle folie dans ses cris, dans cette ivresse, dans cette tendresse qui voudrait se répandre sur tous les êtres et appeler tous les êtres au spectacle et au partage de son bonheur ! […] Il n’a pas été un simple dilettante ; il ne s’est pas contenté de goûter et de jouir ; il a imprimé sa marque dans la pensée humaine ; il a dit au monde ce que c’est que l’homme, l’amour, la vérité, le bonheur.
Mais, ce qui ne sera peut-être pas au goût de toute l’Europe, il prétend que les hommes ont trop de besoins et trop peu de force pour que le superflu des uns ne soit pas le nécessaire des autres ; en conséquence il peint le luxe des couleurs les plus odieuses, le montre partout comme l’écueil du bonheur public, et affecte de prouver, par les événements, que la décadence des mœurs, qui en est la suite nécessaire, a entraîné celle des deux dynasties Hia et Chang. […] L’empereur Kien-long avait régné pendant une longue période de sa vie avec une vertu, un talent et un bonheur qui faisaient confondre son autorité avec celle de la Providence. […] Si mes fils et leurs descendants s’en tiennent à cet usage, la dynastie ne saurait périr, parce qu’elle sera favorisée du Ciel, aux ordres duquel elle sera toujours soumise, et qu’elle aura l’affection des hommes dont elle tâchera de faire le bonheur.
Il portait son bonheur en lui-même, dans son caractère et dans ses vertus. […] J’ai eu le bonheur de résider pendant plusieurs années à cette cour, et d’assister, dans la familiarité intime du prince, à tous ses actes, à toutes ses intentions, à toutes ses pensées les plus secrètes d’amour pour son peuple et de perfectionnement pour ses institutions ; il n’y eut jamais alors plus de libéralisme sur un trône. […] L’extrême modicité des impôts, la fécondité du sol, le bonheur de la paix recouvrée et de la petite patrie agrandie, faisaient le reste ; on était un peu humilié, mais on était heureux.
L’un nous montre leur impuissance pour notre bonheur ; l’autre, leur étroite affinité avec nos travers et nos vices ; celui-ci, l’obstacle incessant qu’elles font à notre paix avec nous-mêmes et avec les autres ; celui-là, leur présence, soit visible, soit inaperçue, dans toutes nos actions et toutes nos pensées. […] Sa théorie des passions, c’est un peu la morale du plaisir, ou du bonheur, comme Voltaire appelait honnêtement le plaisir, professée par un homme meilleur que ce qu’il enseigne. […] Penser tout cela était du bonheur, le dire tout haut était témérité.
La propriété considérée comme une permission du peuple souverain qui peut, s’il lui plaît, l’abolir, et qui, en l’abolissant, ferait disparaître le brigandage, les rapines et la violence ; la destination de l’homme, qui n’est pas de travailler et de mériter, mais de jouir ; le luxe, comme cause unique de la pauvreté ; le bonheur, non par le devoir ni par la raison, mais par le tempérament : toutes ces doctrines ont reparu, et, pour la dernière fois plaise à Dieu ! […] Désirer l’union d’un peuple en une seule famille, l’union des nations en un seul peuple, faire de l’État un père et de tous les citoyens des enfants entre lesquels sa main partage également les fruits du travail commun, tout cela met en paix l’utopiste sur ce qu’il a négligé de faire pour répandre un peu de bonheur autour de lui. […] Quand il sera touché de ce goût du vrai que le païen Cicéron regardait comme la plus noble prérogative de l’homme ; quand, averti par son instinct, il soupçonnera que la connaissance du monde où il vit est nécessaire à son bonheur, ces premiers indices qui prouvent que l’âme est adulte, même dans les plus jeunes enfants, ne hâteront pas d’une heure le moment où Rousseau se résignera enfin à lui apprendre à lire.
Nous qui ne croyons pas qu’avec l’argent on puisse se procurer ni un sens, ni même un bonheur de plus, nous userions de l’argent expérimentalement, nous ferions des folies de dépenses pour essayer entre quatre murs notre originalité, et la légèreté spécifique d’une grosse somme, et le soufflet qu’on peut donner aux adorations de la foule et de la plèbe des riches. […] C’est ça qui m’a porté bonheur. […] Et dans la vie, incapable de discernement, incapable d’un conseil : le sens pratique des hommes et des choses lui manquant absolument, si bien qu’il s’entêta quelque temps à vouloir marier sa petite-fille avec un prétendu qu’il assurait devoir faire son bonheur, et dont il disait les mérites dans cette phrase : « Il m’a très bien expliqué le baromètre !
De Tourbet. » Un des bonheurs de notre vie, cette dépêche ! […] Et ce vrai bonheur d’hier est devenu un vrai chagrin d’aujourd’hui. […] 26 octobre Le vin, le haschich, l’opium, le tabac, ont été libéralement offerts à l’homme par la nature, comme les bonheurs de l’oubli de vivre, comme des poisons contre l’ennui d’être.
Il était trop ravi pour renfermer en lui-même son ivresse, et trop communicatif pour ne pas nous associer à son bonheur. […] « Il n’a donc jamais, celui-là, dans ses infortunes, levé les yeux vers le ciel, ou dans son bonheur abaissé ses regards vers la terre ? […] L’oiseau qui a perdu ses petits chante encore ; c’est encore l’air du temps du bonheur qu’il redit, car il n’en sait qu’un ; mais, par un coup de son art, le musicien n’a fait que changer la clef, et la cantate du plaisir est devenue la complainte de la douleur.
Est-ce le bonheur ou quelque autre chose ? […] On comprendra enfin dans quel sens le progrès peut être indéfini, car la vertu est chose tout intérieure, et si la science et le bonheur rencontrent dans les conditions de notre nature et de notre existence ici-bas des limites nécessaires, l’homme, par son libre effort vers le bien, peut toujours et sans cesse élever au-dessus d’elle-même la hauteur morale à laquelle il est déjà parvenu. […] Elle est pour l’humanité l’obligation, sourdement sentie d’abord comme un besoin, acceptée plus tard librement comme une dignité et un devoir, de tendre dans toutes les directions vers un idéal de beauté, de vérité, de bonheur, de perfection.
Transformée, « civilisée », cette jeune paysanne reprend conscience d’elle-même et devenue « indulgente » pour la beauté des autres, admiratrice même de cette beauté et par conséquent délivrée du souci d’être mal jugée, indépendante enfin, armée d’une conception de l’honneur plus personnelle et plus fière que celle qui lui était imposée, elle connaît des bonheurs insoupçonnés, une quiétude profonde et douce. […] Pierre Servain oublie son bonheur, sa jeune femme, Claire, jolie assez et sans volonté, simple et toujours un peu étonnée, qui s’enfuit avec un quelconque rapin auréolé de gloire pseudo-militaire. […] Ce Pierre Servain est un faible qui passe à côté du bonheur, être sans volonté que guette la folle ; Claire est un petit oiseau sans cervelle, une médiocre intelligence et un bon cœur peut-être… Et tout cela est si vrai !
Tout à fait vers la droite Aglaure écartant un rideau regarde d’un œil colère et jaloux le bonheur de sa sœur. […] Mais dans les arts, comme en amour, un bonheur qui n’est fondé que sur l’illusion ne scauroit durer. […] C’en est un quatrième qui a apparemment de l’amitié pour moi, qui partage mon bonheur et ma reconnoissance, et qui me propose d’éterniser les marques de bonté que j’ai reçues de la grande souveraine, car c’est ainsi qu’on l’appelle, comme on appelloit, il y a quelques années, le roi de Prusse, le grand roi, et je lui répons, élevez son buste ou sa statue sur un pié d’estal ; entrelassez autour de ce pié d’estal la corne d’abondance ; faites-en sortir tous les simboles de la richesse.
On ajoute que la même tragédie fut soumise au jugement du cardinal de Fleury, ministre supérieur aux Richelieu et aux Mazarin, si le bonheur des peuples est le chef-d’œuvre des ministres. […] Tout contribua donc au bonheur de cette œuvre équivoque, où le bouffon se mêle au pathétique, où le plus mauvais ton s’allie à la délicatesse et au sentiment : bizarre assemblage qu’un critiqua du temps crut devoir appeler un monstre dramatique. […] Ils ne regardaient comme tyran que le citoyen qui, par l’influence de son génie, de ses talents, de ses vertus, parvenait à comprimer les factions, à rétablir l’ordre, à ramener le bonheur et la paix : c’était là le monstre qu’on devait exterminer. […] Le salut de la patrie demandait un chef ; et quel bonheur pour elle d’en avoir trouvé un, tel que César ! […] Qu’est-ce qu’une belle tragédie auprès de la vertu et des mœurs, ou, pour me faire mieux entendre, auprès de la tranquillité publique et du bonheur de la société ?
Flaubert croit donc, en a la possibilité du bonheur, au moins provisoire. […] — Il porte bonheur, celui qui embrasse. […] L’homme n’est pas une fin en soi ; tout bonheur égoïste n’est qu’illusion ; l’ordre réside dans le sacrifice. […] Maurice, ayant expié, connaîtra enfin la paix et le bonheur. […] « Il avait le droit de vivre aussi sa vie à lui, son bonheur !
Nos soldats, aux trousses de l’ennemi, repassent par les routes de malheur devenues des routes de bonheur. […] Puis j’ai demandé le suprême bonheur de la vie à un être dont j’avais détruit le père, l’unique appui. […] Aristide Truffaut lui envie son bonheur. […] S’il aboutit à quelque bonheur, la solution que son exemple recommande n’est-elle pas digne d’estime ? […] » dit-il ; et voilà son bonheur, c’est qu’il y ait tant de questions que l’on soit certain de n’en pas manquer.
Aussi désire-t-elle quelqu’un qui prend, qui ne se donne et ne s’abandonne pas lui-même, qui, au contraire, veut et doit enrichir son moi par une adjonction de force, de bonheur et de foi. […] Sainte-Marie, je vous adore et je vous loue : il n’est plus comme autrefois. » Brièveté de la sensation amoureuse… Fugacité du bonheur… amertume dans la volupté… Cœur qui se brise et se complaît aux pointes où il vient se meurtrir… Joignez-y l’ardeur de destruction, la rage d’anéantissement qui toujours accompagne les extrêmes de la volupté sensuelle… vous les reconnaissez ces thèmes fameux, dont les variations firent la renommée littéraire des Romantiques, depuis Chateaubriand jusqu’à notre moderne Barrès. […] Par bonheur, aucun des traits physiques que lui prête le romancier ne venait contrarier ceux que ressuscitait ma mémoire. […] Ici, par une interversion des lois naturelles, l’amant ne poursuit plus le bonheur, mais la torture de son objet, et si les sanglots viennent aviver le frémissement de la machine nerveuse, c’est encore un témoignage nouveau, ajouté à tant d’autres, de sa main-mise sur elle. […] de l’une à l’autre moins grande est la distance que de la coupe aux lèvres pour les autres mortels qui s’acharnent à la poursuite du bonheur ?
Le mot maîtresse me plongeait dans le ravissement, depuis certaine phrase de mon père où il m’était apparu lourd de bonheurs sous-entendus. […] Et quel bonheur pour quelqu’un qui aime à faire sa prière, comme il l’avoue dans Mon cœur mis à nu, que de prévoir les critiques mielleux qui, sans oublier de le blâmer, pour la forme, le plaindront de cette liaison avec une fille, dont il était sûr de l’infériorité, à priori et plutôt deux fois qu’une, puisque la société ne saurait avoir le caprice de bien considérer une putain (et de une) de couleur (et de deux). […] Mais, l’éblouissant, dont, l’homme veut doubler ses ténèbres, cette clarté absolue qu’il invente derrière les heures obscures, cet invisible, par quoi, il entend purifier, remplacer l’univers, dès que le crépuscule se met à en effacer le dessin, les couleurs, toutes ces chimères compensatoires, ces bêtes à bon Dieu qui ne sont pas, hélas, des coccinelles, se vengeront sur les jours et sur les nuits, qu’elles déchireront de leurs griffes, étoufferont de leurs monstrueux membres gothiques, meurtrières à l’intelligence et au cœur de l’homme qui les laisse rôder autour de son âge moyen, tout comme, à son moyen âge, elles assassinèrent, à jamais, le bonheur, les élans du monde chrétien. […] Le sacrifice le plus grand témoigne de la volonté d’atteindre, coûte que coûte, au plus grand bonheur, à la plus grande paix. […] Les paradoxes évangéliques sur le bonheur des affamés et des pauvres d’esprit servent encore de titres, d’épigraphes, de thèmes aux livres de nos littérateurs.
Les oiseaux, les fleurs, une belle soirée de la fin d’avril, une belle nuit lunaire commencée le soir avec le premier rossignol, achevée le matin avec la première hirondelle, ces choses qui donnent le besoin et le désir du bonheur, vous tuent ! […] Il la suivait, cette Sylphide, par les prairies, sous les chênes du grand mail, sur l’étang monotone où il restait bercé durant des heures ; il lui associait l’idée de la gloire. « Elle était pour lui la vertu lorsqu’elle accomplit les plus nobles sacrifices ; le génie, lorsqu’il enfante la pensée la plus rare. » Il y a à travers cela d’impétueux accents sur le désir de mourir, de passer inconnu sous la fraîcheur du matin. « L’idée de n’être plus, s’écrie-t-il, me saisissait le cœur à la façon d’une joie subite ; dans les erreurs qui ont égaré ma jeunesse, j’ai souvent souhaité de ne pas survivre à l’instant du bonheur.
Le bonheur de vivre vaut-il, pour une pareille société, la peine de mourir ? […] Sayous donc furète avec beaucoup de loyauté et beaucoup de bonheur ces découvertes dans tous ces recoins du monde français, et nous fait des portraits fins, vrais, originaux, critiques de toutes ces figures d’hommes et de femmes qui gravitaient en ce temps-là dans la sphère de l’esprit français, de la langue française et de la philosophie française.
Vous ne tenez pas plus que moi à l’ordre de choses sous lequel nous avons le bonheur de vivre ; mais vous ne voudriez pas, je le sais, jeter le pays dans une révolution mal préparée et dangereuse, qui retomberait sur votre responsabilité. […] Je le remerciai et je refusai, ne voulant pas m’enchaîner par un intérêt quelconque au gouvernement que cependant j’aimais. « Je suis fâché, lui répondis-je, de vous voir entrer dans cette voie, et je crains que cette Étoile ne soit jamais l’astre de votre fortune et de votre bonheur. » Elle ne le fut pas, en effet, mais la réunion de ces deux journaux dans sa main le rendit pendant longtemps l’organe le plus puissant de la politique de M. de Villèle et de l’opinion royaliste.
Elle me confondait avec sa propre vie, Voyait tout dans mon âme ; et je faisais partie De ce monde enchanté qui flottait sous ses yeux, Du bonheur de la terre et de l’espoir des cieux. […] Combien, en effet, n’aurais-je pas été plus heureux dans la suite de mes jours agités, si j’avais cédé à ses larmes et aux miennes, repris mes vêtements de jeune pêcheur à la margellina, épousé celle que j’aimais, et continué avec elle, dans cette simple famille de camilleurs, l’existence où j’avais trouvé le bonheur ?
Si nous avons jamais le bonheur de réunir nos deux genres de spectacle en un seul, nous serons aussi avancés qu’en Angleterre. […] Si par bonheur la scène se couvre de morts, l’enthousiasme et l’allégresse n’ont plus de borne.
Je me reprocherais de ne pas citer cette phrase de la lettre de René à Céluta : « Je vous ai tenue sur ma poitrine au milieu du désert, dans les vents de l’orage, lorsque, après vous avoir portée de l’autre côté du torrent, j’aurais voulu vous poignarder pour fixer le bonheur dans votre sein et pour me punir de vous avoir donné ce bonheur !