Elle a eu l’orgueil de son bien-être, la joie de sa sécurité, inaccessible à l’invasion, et redisant avec Waller : « Les chênes de nos forêts ont pris racine dans les mers ; et nous marchons de pied ferme sur la vague houleuse. » Ou bien encore : « Comme les anges du ciel, nous pouvons, d’un vol rapide, descendre où il nous plaît ; mais personne, sans notre gré, ne peut arriver sur nos bords. » Quant à des créations lyriques liées seulement aux débats intérieurs de la liberté anglaise, nous n’en connaissons pas, à moins que ce ne soient les vers rudes et négligés du vieux Daniel de Foe, et cet hymne au pilori, que l’honnête et pieux auteur de Robinson, puni comme libelliste, fit jaillir du fond de sa conscience indignée.
Il m’est si souvent arrivé d’être en contradiction involontaire avec les maximes de La Harpe, que je me félicite de me trouver cette fois de son avis, et mon impartialité se plaît à transcrire son propre argument : il prouve en ces termes que l’esprit général du poème s’accorde avec celui du sujet. […] Les périls qu’Olinde et son amant courent l’un pour l’autre sur le bûcher, où la fureur veut leur faire expier leur généreux héroïsme, n’occupent point assez de place dans l’action pour vous distraire de son intérêt majeur : il suffit seulement à pénétrer le lecteur du sentiment des infortunes que subissent les chrétiens, et accroît le désir qu’il a d’arriver au terme de leur délivrance ; c’était le but du Tasse, et son épisode y tend avec justesse. […] puisqu’au milieu de tant de maux il est urgent qu’au moins votre protection ne me quitte pas, et surtout quand j’arrive au terme où se multiplient les exploits que je dois agrandir, accordez-moi, vous seules, votre faveur. […] Ici, la même sombre couleur attriste un grand nombre de chants : plus loin, il arrive à son purgatoire, où des expiations continuelles font durer une lamentable monotonie ; enfin il monte vers son paradis, où l’imagination ne tarde pas à se fatiguer autant des torrents de lumière sans borne dans laquelle nagent les bien heureux, que de la longue horreur des ténèbres où gémissent les damnés. […] Vers ou des noms de parenté ne semblent arriver ensemble que pour rimer, et que surcharge un verbe inutilement répété deux fois.
Des courriers arrivent annoncer que les maris ne résistent plus à leurs longues privations ; ils sont à bout ; personne n’y tient ; tout s’insurge ; les Spartiates sont en feu ; les Béotiens se meuvent : le soulèvement est général ; et le retour des femmes peut seul apaiser une si rare et si étrange insurrection. […] Ce n’est plus la parodie des choses réelles, des événements arrivés, ni la caricature des personnes connues et vivantes : c’est la fidèle peinture du vrai, la représentation exacte des penchants de l’homme, et les portraits ressemblants des vices et des manies de tous les temps et de tous les lieux, abstraction faite des individus. […] S’il est nécessaire que les acteurs d’une pièce se transportent d’un lieu en un autre, on ne fera pas difficulté de le souffrir : comme on le voit dans le Médecin malgré lui, dans le Festin de Pierre, et dans la plupart des comédies d’intrigues : ces pièces pécheraient par le vraisemblable, si le fagotier exerçait la médecine dans son bois et non dans une maison ; si les aventures de dom Juan se passaient toutes dans sa chambre ; si les accidents, qui n’arrivent que dans les rues ou dans les places, s’effectuaient dans l’intérieur de l’asile des personnages. […] Cependant l’amant de la demoiselle arrive inopinément sur les pas de Sganarelle occupé à chercher l’original du portrait qu’il a saisi : la ressemblance du jeune homme avec la miniature restée en ses mains le frappe si vivement, qu’il jette cette exclamation comique où brille l’esprit de Molière, « C’est mon homme ! […] Le nouveau Sganarelle n’est pas assez sage, au bout de cinquante-trois ans, pour ne pas vouloir épouser une demoiselle de dix-neuf ans, et pour n’avoir pas besoin de consulter partout sur ce qui lui arrivera indubitablement : c’est une chose exquise que de lui faire interroger la franchise d’un vieil ami pour en exiger une réponse qui l’approuve dans sa fantaisie : c’est une idée très folle que de lui faire demander à des Bohémiennes, prophétesses de hasard, ce qui sera ou ne sera pas de sa bonne aventure : mais c’est du comique par excellence que de l’adresser à un docteur pyrrhonien, que de le choisir pour juge d’un tel cas, et que de lui faire dire en le questionnant sur l’article de son mariage.
XIII Enfin, de rampe en rampe et de croupe en croupe, on arrive, après trois ou quatre heures de marche, au dernier plateau du Jura. […] On écoutait les vers de lord Byron, apportés de Ravennes ou de Venise par la mémoire des derniers arrivés de l’Adriatique ; quelquefois on me demandait quelques-unes de mes propres Méditations, composées la veille au bord des cascatelles de Tibur.
Plus d’une fois le bruit d’une boule qu’on lançait et des quilles qu’elle faisait tomber arrivait sourdement jusqu’à moi. […] Je me sentais toute troublée ; jamais rien de pareil ne m’était arrivé, et personne n’avait rien à dire sur mon compte.
VII Ainsi arriva jusqu’à nos jours la papauté politique. […] Que serait-ce si, dans une guerre européenne contre nous, vous vous réunissiez, ce qui ne manquerait pas d’arriver, à une coalition du Nord et de l’Angleterre contre nous ?
Là-dessus la mort arrivait. […] Au lieu de marier Emile, son gouverneur le fait voyager pendant trois ans, pour « l’instruire des diverses formes de gouvernement. » Enfin, voilà les deux amants de nouveau réunis et le jour du mariage arrivé.
Cette impuissance interne, il l’attribue aux autres hommes ; il déprécie leurs efforts, conclut de son avortement au leur, arrive à la doctrine essentielle du pessimisme qui éclate dans ses œuvres classiques, Hamlet, Werther, Faust : l’affirmation que l’humanité est une foule impuissante de victimes, engagées dans une vaine lutte contre une destinée cruelle, immuable et ironique. […] En leur vieillesse, ces âmes impassibles, tantôt déchirées, tantôt exultantes, parviennent à la sérénité ; elles résolvent en une synthèse supérieure, les deux contradictoires de la morale humaine, et arrivent à connaître scientifiquement, c’est-à-dire indifféremment, le mal et le bien, comme les deux termes d’une évolution inqualifiable.
Lié avec tous les membres distingués de cette aristocratie élective qu’on appelle le Sacré Collège, il les avait vu arriver à Rome, y remplir successivement les divers degrés des fonctions de l’Église et de l’administration au Vatican, puis s’élever de dignités en dignités jusqu’à ces épiscopats, à ces cardinalats, à ces principautés, à cette papauté qui les rendaient arbitres de la politique sacrée ou profane du monde catholique. […] Le vendredi saint du grand jubilé de 1300, Dante, arrivé, comme il le dit, au milieu du chemin de sa vie, désabusé de ses passions et de ses erreurs, commença son pèlerinage en enfer, en purgatoire et en paradis.
Jamais, jusqu’ici, on n’était arrivé à nous donner à ce point l’exacte impression de cette hallucination. […] Le procédé littéraire est presque tout scientifique, on devine à quelles observations, à quels efforts l’auteur s’est astreint pour arriver à bien connaître le mécanisme du rêve, pour s’en rendre maître et réussir à nous donner ces contes saisissants de vérité.
Quelquefois, dès le matin, il lui arrivait des demi-douzaines de duchesses qui lui prenaient son temps et lui coupaient sa correspondance.
Voulant donner idée de la félicité et de la gloire des saints en l’autre vie, voulant développer les desseins de Dieu dans l’accomplissement de ses élus et comment il les prend, les manie, les prépare et n’arrive que tout à la fin à leur donner le coup de maître, l’orateur, qui cherche à se rendre compte à lui-même, établit une dissertation élevée autant et plus qu’il ne prêche un sermon ; il dut peu agir cette fois sur les esprits de son auditoire et en être médiocrement suivi.
On a raconté qu’étant à Dijon pendant la tenue des états, en août 1697, un soir, à un souper chez M. le duc, ce dernier se divertit à pousser Santeul de vin de Champagne, et de gaieté en gaieté il trouva plaisant de verser sa tabatière pleine de tabac d’Espagne dans un grand verre de vin, et de le faire boire à Santeul pour voir ce qui en arriverait.
Cela est si vrai, que lorsqu’il veut se corriger lui-même, Ronsard n’a pas la main sûre ni le tact heureux ; il lui arrive de retrancher, on ne sait pourquoi, de ses dernières éditions des vers qui sont charmants, et du petit nombre de ceux qui paraîtront tels à tous les yeux.
« La nuit de notre exil, dit-elle, peut avoir des ombres, mais elle n’a point de ténèbres. » Elle excelle à ces nuances incroyables, à cet art d’opposer entre eux les mots les plus voisins parle sens, de manière à multiplier la pensée en la divisant, et à faire croire peut-être à plus de choses possibles qu’il n’y en a ; c’est ainsi qu’ailleurs elle dira, en jouant sur ces mots unisson, union, unité : « Il n’y a rien de si attractif pour les belles âmes qu’une belle âme ; et quand cette harmonie qui se devine existe, il faut peu de chose pour que, partant de l’unisson, on arrive à prétendre à l’unité.
Saint-Marc Girardin, le maître direct et contigu de Rigault, quand il moralise, comme cela lui arrive si volontiers à propos de tout, est bien autrement net et dégagé.
À peine si quelques esprits réfléchis songeaient à s’étonner du changement complet de décoration et de rôles. « Tout arrive en France », avait dit un jour La Rochefoucauld à Mazarin ; et Henri IV disait : « En France, on s’accoutume à tout. » On eut, dès ce temps de la Fronde, à y bien regarder, des échantillons de tous les genres de personnages qu’on a vus se produire depuis dans des révolutions plus grandioses et plus sérieuses : Retz, un Mirabeau-Talleyrand ; — un duc d’Orléans spirituel et lâche.
Didron, ce vrai pionnier du moyen âge, n’a cessé d’être un provocateur et un promoteur utile et des plus méritants dans cette branche de recherches qui semblent aujourd’hui arrivées à leur terme.
Après la scène du sacrifice, où l’on jette entre les bras de la statue d’airain jusqu’à quatorze enfants, on a aussitôt la pluie ; le ciel se détend, et bientôt la chance tourne aussi, la face des affaires change, et l’on arrive un peu vite à la scène du défilé de la Hache, où la plus grande partie de l’année barbare est cernée.
Il était arrivé à ce point de la vie où la route au sommet et déjà au déclin se partage.
Dans les visites que nous allions faire dans l’après-midi du dimanche à notre aimable et cordial professeur, il nous entretenait souvent de ces idées de réforme, de ces plans d’amélioration pour le sort du grand nombre, de ces rêves de bon et philanthropique gouvernement et de régime sensé, humain, égal pour tous, essentiellement moderne ; le souffle, qui lui était venu, le matin, de cet ancien ami de Joseph II, respirait dans ses paroles et arrivait jusqu’à nous ; il nous communiquait, tout pénétré qu’il était, une véritable inspiration de bienfaisance.
Je n’aime point cette besogne, mais il faut bien s’y résoudre, car, sans cela, nous aurions vu arriver non pas les calendes de janvier 1736, mais celles de 1836, avant que la Compagnie eût pu se trouver d’accord. » Au moment de mettre sous presse, on fut encore arrêté quelque temps, du fait de l’imprimeur : « Coignard, écrivait l’abbé d’Olivet (8 avril 1736), a depuis six semaines la lettre A, mais ce qui fait qu’il n’a pas encore commencé à imprimer, c’est qu’il n’avait pas pris la précaution de faire fondre des E accentués, et il en faudra beaucoup parce qu’en beaucoup de mots nous avons supprimé les S de l’ancienne orthographe, comme dans despescher, teste, masle, que nous allons écrire dépêcher, tête, mâle, etc. » Le xvie siècle avait été hardi ; le xviie était redevenu timide et soumis en bien des choses ; le xviiie reprit de la hardiesse, et l’orthographe, comme tout le reste, s’en ressentit : elle perdit ou rabattit quelque peu, dès l’abord, de l’ample perruque dont on l’avait affublée.
Il a écrit dans sa Vie d’Ésope : « Comme Planudes vivoit dans un siècle où la mémoire des choses arrivées à Ésope ne devoit pas être encore éteinte, j’ai cru qu’il savoit par tradition ce qu’il a laissé. » En écrivant ceci, il oubliait que dix-neuf siècles s’étaient écoulés entre le Phrygien et celui qu’on lui donne pour biographe, et que le moine grec ne vivait guère plus de deux siècles avant le règne de Louis-le-Grand.
Il importe de créer en France des liens qui puissent rapprocher les partis, et l’urbanité des mœurs est un moyen efficace pour arriver à ce but.
Nous voici arrivés au centre des sciences morales, il s’agit de l’homme en général.
De plus, comme il arrive souvent aux constructeurs des morales les moins morales, l’auteur répare par la rectitude de sa nature l’insuffisance de son système : comme il sent en lui la bonne volonté, la chaude sympathie, des formes affectueuses d’égoïsme, il érige son instinct en loi générale de l’humanité, et il se fait d’optimistes illusions sur le penchant inné des hommes à « faire tous ce qu’à un seul voyaient plaire ».
Et enfin, par une sorte de contradiction, tandis que nous imaginons de nouveaux aspects de l’univers, il arrive qu’une fois bien entrés dans ces visions, nous y sommes mal à l’aise et vaguement angoissés, nous y sentons le regret nostalgique des visions connues, familières, et que l’accoutumance nous a rendues rassurantes… Ainsi il y a dans l’exotisme quelque chose de délicieux et de mélancolique.
Spinoza, on le sait, expliquait toutes nos passions par le désir, la joie et la peine, qu’il ramenait à l’inclination fondamentale de tout être : « être et persévérer dans son être. » Jouffroy arrivait à la même conclusion sous une autre forme et d’une autre manière.
Aussi cela arriva-t-il.
Enfin, le monstre arrive, annoncé par ces fanfares injurieuses, un monstre de la plus pure et de la plus calme beauté.
Charles, posté à Longjumeau, place le connétable de Saint-Pol à Montlhéry, et veut combattre à Longjumeau ; Louis XI veut éluder le combat : c’est le contraire qui arrive.
Mais de telles choses n’arrivaient que sous Tibère, et nous n’avons plus à espérer de ces bonheurs-là aujourd’hui.