Cette jeune fille s’appelait Clémence de Bourges. […] Il est clair qu’il était constamment en butte à ce que Gœthe appelle les puissances démoniaques. […] Il les appelle « une postérité dégradée de Régnier ». […] Il voulait pour son ouvrage un titre battant neuf, et il finit par l’appeler Idylle héroïque. […] Cela s’appelle se comporter inhumainement.
Est-on ce qu’on appelle un gentleman farmer (un gentilhomme cultivateur) ? […] Par la même raison, il a échoué dans cette seconde sorte de tristesse que j’ai appelée tristesse des souvenirs. […] Ne l’appelons plus notre mère, mais notre tombe. […] Ce fleuve s’appelle Tacoutché-Tessé ou la rivière de Colombia. […] Elle les exprime par des volontés qui s’appellent lois.
« Ayons dans tout ce que nous faisons ce qu’on appelle en peinture une manière large », il se ressentait de Trianon. […] Mais l’empereur Joseph meurt (20 février 1790), son adoré Joseph II, comme il l’appelle, et avec lui la fortune du prince de Ligne s’arrête ; sa carrière se brise ou du moins se ferme. […] Je suppose un cas horrible, imprévoyable, et possible pourtant à des tigres-singes, comme vous a appelés M. de Voltaire ; on peut culbuter un roi, mais jamais le trône… Êtes-vous faits pour être des hommes, mes enfants, les plus jolis enfants du monde ? […] s’écriait-il dans les moments de solitude, on les appelle doux et tendres, et, de telle façon qu’ils soient, je les déclare durs et amers… L’image des plaisirs innocents de l’enfance retrace un temps qui nous rapproche de celui où nous n’existerons plus. […] « Tout cela est très joli, disait-il des incrédulités fanfaronnes, quand on n’entend pas la cloche des agonisants. » Personne n’a mieux parlé que lui du principe de l’irréligion chez Voltaire, « de ce désir d’être neuf, piquant et cité, de rire et de faire rire, d’être ce qu’on appelait alors un écrivain hardi », toutes choses qui, selon lui, avaient plus animé Voltaire qu’aucune conviction positive.
S’il ne les avait pas lus lui-même, il s’était fait lire quelque chose de Tite-Live, de Langey, de Guichardin (dont il a oublié le nom, mais qu’il appelle un bon auteur) : « Il me semblait, dit-il quelque part, lorsque je me faisais lire Tite-Live, que je voyais en vie ces braves Scipions, Catons et Césars ; et quand j’étais à Rome, voyant le Capitole, me ressouvenant de ce que j’avais ouï dire (car de moi j’étais un mauvais lecteur), il me semblait que je devais trouver là ces anciens Romains. » Voilà le degré de culture de Montluc ; c’était assez, avec son esprit naturel et son amour de la gloire, pour le mener, sans imitation directe, à être l’émule de ces anciens qu’il connaît peu. […] Il n’y a prince au monde, remarque-t-il à ce propos, qui ait la noblesse plus volontaire que le nôtre : un petit souris de son maître échauffe les plus refroidis ; sans crainte de changer prés, vignes et moulins en chevaux et armes, on va mourir au lit que nous appelons le lit d’honneur. […] Sur cette idée un peu folle, ainsi qu’il l’appelle, il avait donné ordre à un sien valet de lui tenir son cheval turc prêt à monter derrière le bataillon ; mais une fugue du valet mit du retard à l’entreprise, et Montlue, après un temps de galop, vit qu’il lui fallait renoncer à ce supplément d’honneur et de gain. […] Après, trois trésoriers de l’armée les pavèrent à chacun cinq sous ; et comme nous retournions aux tentes, les autres soldats appelaient les nôtres pionniers, gasladours (gâteurs, gâcheurs, gâte-métier). […] Car un des caractères de ce siège, et qui le distingue des autres sièges également soutenus à outrance dont l’histoire a gardé les noms, c’est que le sentiment qui anime les chefs de ceux qui résistent et qui s’opiniâtrent ainsi, est un sentiment que j’appellerai éclairé ou civilisé, un sentiment tout d’honneur chez Montluc, tout de patriotisme et d’indépendance chez les Siennois.
Parmi les modernes, Louis XIV, quoiqu’on ait publié ce qu’on appelle ses œuvres, ne saurait être appelé un écrivain. […] Henri a de l’esprit, de la gaieté et de la familiarité dans l’esprit ; il appelle l’ennemi le nouveau marié, le beau danseur, toutes choses qui supposent le sourire sous la moustache déjà grisonnante. […] Montluc a parlé quelque part de cette antique qualité de la noblesse de France, à laquelle il suffit d’un petit souris de son maître pour échauffer les plus refroidis : « Et sans crainte de changer prés, vignes et moulins en chevaux et armes, on va mourir au lit que nous appelons le lit d’honneur. » Henri exprime ce même feu de dévouement en deux mots et en le peignant aux yeux. […] Jung croit que c’est par mépris, par orgueil de race, que Henri aurait ici appelé goujats de simples fantassins, tandis que par ce mot il entendait seulement ce que chacun entendait alors, des valets de soldat qui surchargeaient les marches, et dont Maurice de Nassau s’appliqua le premier à débarrasser les armées.
En définitive, les édits furent conservés dans toute la partie essentielle qui tient à ce que nous appelons tolérance ; mais les bastions et les fortifications des villes rebelles, de celles des Cévennes en particulier, qui avaient été prises de cette espèce de manie et de maladie dans la présente guerre, et qui s’étaient toutes fortifiées à la huguenote, comme on disait, durent être rasés aux dépens et de la main même des habitants qui les avaient construits ; il n’y eut plus, à partir de ce jour-là, un cordon de petites républiques possibles à travers la France : il n’y eut qu’une France et des sujets sous un roi. […] Rohan fut appelé à la Cour au printemps de 1634 ; il ne s’y rendit toutefois qu’avec lenteur, et s’arrêta en chemin sous prétexte d’une maladie qui n’était peut-être que le soupçon. […] Sur ces entrefaites, Serbelloni, se souvenant que le duc de Rohan avait été un rebelle à son roi, essaya de le tenter : il lui envoya un gentilhomme appelé Du Clausel, ancien agent du duc auprès de la Cour d’Espagne dans les guerres civiles ; le nom de la reine Marie de Médicis était fort mêlé à cette intrigue. […] Et puis il tenait par ses parentes au parti des « dames brouillonnes de la Cour », comme les appelle Richelieu (songeant à la duchesse de Chevreuse) ; on pouvait l’impliquer dans leurs intrigues plus qu’il n’aurait voulu. […] Quoi qu’il en soit, il est, par le rare assemblage de ses mérites, une des figures originales de notre histoire ; et, quand pour le distinguer des autres de son nom et pour caractériser ce dernier mâle de sa race, quelques-uns continueraient de l’appeler par habitude le grand duc de Rohan, il n’y aurait pas de quoi étonner : à l’étudier de près et sans prévention dans ses labeurs et ses vicissitudes, je doute que l’expression vienne aujourd’hui à personne ; mais, la trouvant consacrée, on l’accepte, on la respecte, on y voit l’achèvement et comme la réflexion idéale de ses qualités dans l’imagination de ses contemporains, cette exagération assez naturelle qui compense justement peut-être tant d’autres choses qui de loin nous échappent, et on ne réclame pas.
Une fois, mon salon était rempli d’hôtes de condition, d’Émigrés nouvellement arrivés qui devaient dîner avec moi ; je suis appelé pour une affaire imprévue ; en sortant du salon pour passer dans mon cabinet, je ferme étourdiment la porte à double tour, et mets la clef dans ma poche. […] À un moment, on appelle Mme Necker, qui se lève de la table et sort de la chambrea. […] Dans un spirituel chapitre écrit plus tard et qui a pour titre : « Ce que nous avons été et ce que nous sommes, ou l’an 1789 et 1824 », il se reporte à ses souvenirs d’alors ; il montre la ligne de démarcation précise qui sépare deux mondes, cette grande cordillière placée entre deux siècles, ainsi qu’il appelle la Révolution : « Elle sépare, dit-il, des hommes si différents d’eux-mêmes que ceux qui, comme moi, ont vécu dans les deux époques sont étonnés d’être les mêmes hommes. » Il ne se fâche pas, il ne s’insurge pas contre l’irréparable, comme de Maistre ; il ne monte pas sur la montagne pour prophétiser ; mais il la traverse en voyageur de bonne volonté par les cols et les passages qui sont devant lui, et il se plaît à en comparer ensuite les versants opposés et les pentes. […] les émigrés jugeaient très bien les étrangers avec qui ils étaient appelés à vivre, et ne comprenaient jamais les hommes de leur propre pays. […] Ce collège ou syndicat, placé au-dessus du bailli, était destiné à réviser les procès, à contrôler les comptes : véritable tribunal en seconde instance, et duquel on pouvait encore appeler aux douze cantons ; mais on conçoit qu’un appel à douze souverains et à douze pays était à peu près illusoire.
Ce qu’il faut dire d’abord, c’est que ce qu’on appelle les Œuvres de Mme Swetchine, ce ne sont pas précisément des œuvres ni des écrits destinés par elle au public. […] Les premières des Pensées ont été écrites en 1811 et s’appellent Airelles. […] La vieillesse qui ressemble au groupe d’Ariane, c’est comme Lamennais tout à l’heure qui ressemblait à Clorinde ; j’appelle cela un manque de goût. […] J’ai voulu, en contraste a ces idées de Mme Swetchine, me donner ce que j’appelle une douche de sens naturel et d’humble sens commun, dussé-je avoir beaucoup à rabattre des trop hautes prétentions humaines. […] Mais on assiste au travail et au conflit ; il fut long et pénible ; il lui fallut du temps avant d’apaiser et d’éteindre en Dieu ce qu’elle appelait son ardeur de personnalité.
Et puis cette grande dame française qui leur tombe là comme la foudre, brillante, causante, interrogeante, représentant si bien de sa personne cette nation que William Cowper appelle « la nation ingérante » ou qui aime à se mêler de tout, cela les dérange dans leur travail et les tire de leurs habitudes ; ils ne s’y prêtent d’abord qu’en rechignant ; ils s’en inquiètent, jusqu’à ce qu’ils l’aient connue et qu’ils sortent de son entretien fixés et rassurés. […] Dans tout ce que nous appelons philosophie, par conséquent dans toutes les questions élevées et décisives, on se trouve en désaccord avec elle, et toutes les conversations n’y peuvent rien. […] ) Il n’y a pas en elle de sens pour ce que nous appelons poésie ; d’une œuvre de ce genre elle ne s’assimile que la passion, l’éloquence, l’esprit général ; mais si le bon lui échappe parfois, elle n’estimera jamais le mauvais. […] Ce grand voyageur intellectuel (comme lui-même il s’appelait), qu’une douleur de cœur, la perte d’une jeune fille qu’il aimait d’un amour paternel, venait de frapper sensiblement, était alors sous l’influence mystique, sous la magie des écrits du théosophe Saint-Martin, tandis que Mme de Staël se sentait plutôt attirée vers Fénelon. […] Thiers nous appelle encore.
Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc63, et à ce propos de l’ancien théâtre français Lundi 27 octobre 1862 Ce mystère (c’est ainsi qu’on appelait les pièces sérieuses et religieuses de notre ancien théâtre) est, à vrai dire, une sorte de drame historique dont Jeanne d’Arc est l’héroïne ; il a été composé et sans doute représenté à Orléans au xve siècle, de 1429 à 1470. […] Selon lui, cette abbaye de Gandersheim aurait été au xe siècle comme la royale maison de Saint-Cyr au xviie , un théâtre de représentations dramatiques choisies ; il l’appelle un des glorieux berceaux de l’art des Lope de Vega, des Calderon et des Corneille. […] Ce témoignage sincèrement rendu à ce qu’on appelle le haut moyen âge, il faut voir le drame religieux se détachant par degrés de l’autel, traduit, délayé en langue vulgaire (et bien vulgaire en effet) ; il nous paraîtra déchu. […] On avait déjà commencé de la lui faire dans les drames farcis : on appelle ainsi de petits drames dans lesquels, par égard pour l’auditoire et le populaire qui n’entendait pas le latin, on consentait, à introduire une part de français. […] Après quoi la Figure Dieu, qui vient de former le premier homme du limon, l’appelle par son nom Adam ; celui-ci répond : Sire !
C’est alors qu’il est bon de se partager, de se faire à temps un goût, une étude durable, ce que j’appellerai un cabinet de curiosités ou un cloître pour la seconde moitié de la vie, la partie de whist ou d’échecs des longues heures paisibles. […] Or, ces grands ambitieux avaient rencontré sur leur chemin des auxiliaires ou des adversaires dans les alliés latins et italiotes ; la lutte que ceux-ci avaient entreprise contre Rome, la guerre sociale, comme on l’appelle, était venue traverser et compliquer le duel flagrant des deux précurseurs de Pompée et de César. […] La Providence permet quelquefois ces tardives et terribles réparations. » Maintenant voici le récit du préteur battu de verges : la condition des Italiens, c’est-à-dire des plus favorisés des sujets de Rome, de ceux qu’on appelait alliés, en va cruellement ressortir. […] Il voyageait avec sa femme, ses officiers, ses affranchis, ses esclaves, en un mot ce que l’on appelait sa cohorte. […] Cicéron ne s’en passait pas ; si corrompu qu’on fût à Rome à cette date, il y avait encore dans quelques âmes de beaux restes de ce ce qu’on peut appeler la religion romaine (jus), des fantômes, si vous voulez, mais de beaux fantômes.
C’est une vue essentiellement logique qui nous mène à joindre ces noms, et parce que, des deux idées poétiques dont ils sont les types admirables, l’une, sitôt qu’on l’approfondit, appelle l’autre et en est le complément. […] Je ne veux point, couvert d’un funèbre linceuil, Que les pontifes saints autour de mon cercueil, Appelés aux accents de l’airain lent et sombre, De leur chant lamentable accompagnent mon ombre, Et sous des murs sacrés aillent ensevelir Ma vie et ma dépouille, et tout mon souvenir. […] Toute femme m’agrée… Ennemi déclaré de ce qu’il appelle l’honneur, c’est-à-dire de la délicatesse, préférant comme d’Aubigné l’estre au parestre, il se contente d’un amour facile et de peu de défense : Aymer en trop haut lieu une dame hautaine, C’est aymer en souci le travail et la peine, C’est nourrir son amour de respect et de soin. […] Regnier avait le cœur honnête et bien placé ; à part ce que Chénier appelle les douces faiblesses, il ne composait pas avec les vices. […] C’est alors qu’un soir, après avoir assez mal dîné à Covent-Garden, dans Hood’s tavern, comme il était de trop bonne heure pour se présenter en aucune société, il se mit, au milieu du fracas, à écrire, dans une prose forte et simple, tout ce qui se passait en son âme : qu’il s’ennuyait, qu’il souffrait, et d’une souffrance pleine d’amertume et d’humiliation ; que la solitude, si chère aux malheureux, est pour eux un grand mal encore plus qu’un grand plaisir ; car ils s’y exaspèrent, ils y ruminent leur fiel, ou, s’ils finissent par se résigner, c’est découragement et faiblesse, c’est impuissance d’en appeler des injustes institutions humaines à la sainte nature primitive ; c’est, en un mot, à la façon des morts qui s’accoutument à porter la pierre de leur tombe, parce qu’ils ne peuvent la soulever ;— que cette fatale résignation rend dur, farouche, sourd aux consolations des amis, et qu’il prie le Ciel de l’en préserver.
Ce qui renouvelait en France le même esprit, c’était le ton, les manières de ce qu’on appelait la bonne compagnie. […] D’ailleurs il faut, pour réussir dans ce genre dangereux, qui réunit la grâce des formes à la dépravation des sentiments, une finesse d’esprit extraordinaire ; et l’exercice un peu fort de ses facultés auquel on est appelé dans une république, fait perdre cette finesse. […] Si l’on appelle politesse les formes de galanterie du siècle de Louis XIV, certes, les premiers hommes de l’antiquité n’en avaient pas la moindre idée, et ils n’en sont pas moins les modèles les plus imposants que l’histoire et l’imagination même puissent offrir à l’admiration des siècles. […] Heureusement on n’est presque jamais appelé dans la vie à supporter la vulgarité des manières en faveur de l’élévation des sentiments. […] L’on n’appelait aux grandes places, dans l’ancien régime, que les individus accoutumés, dès leur enfance, aux privilèges et aux avantages d’un rang supérieur ; le pouvoir ne changeait presque rien à leurs habitudes : mais dans la révolution, des magistratures éminentes ont été remplies par des hommes d’un état inférieur, et dont le caractère n’était pas naturellement élevé : humbles alors sur leur mérite personnel, et vains de leur pouvoir, ils se sont crus obligés d’adopter de nouvelles manières, parce qu’ils occupaient un nouvel emploi.
Je l’appelle volontiers synthèse, dans le sens spécial que je vais expliquer. […] Les plus profonds linguistes ont été étonnés de trouver, à l’origine et chez les peuples qu’on appelle enfants, des langues riches et compliquées. […] Le style analytique appelle à son secours une ponctuation compliquée, destinée à disséquer les membres divers. […] Créer aujourd’hui ces grandes unités religieuses, ces grandes agglomérations d’âmes en une même doctrine qui s’appelle les religions, ces ordres militaires du Moyen Âge, où tant d’individualités nulles en elles-mêmes se fondaient en vue d’une même œuvre, serait maintenant impossible. […] Fichte, qu’en France, bien entendu, on eût appelé un impie, faisait tous les soirs la prière en famille ; puis on chantait quelques versets avec accompagnement de piano ; puis le philosophe faisait à la famille une petite homélie sur quelques pages de l’Évangile de saint Jean, et, selon l’occasion, y ajoutait des paroles de consolation ou de pieuses exhortations.
Elles nous suffisent pour découvrir déjà en Chaulieu un sentiment de fierté qu’il eut toujours depuis, ce que Saint-Simon appelait de l’audace, mais qui méritait un meilleur nom, et qui partait de ce sentiment réfléchi par lequel un esprit indépendant se juge soi-même et les autres. […] Dans une des lettres nouvelles, on le voit, après un voyage en Nivernais, qui a été des plus fatigants, arriver à une terre appelée les Bordes ; il faut entendre comme il en décrit les délices : « On y mange quatre fois par jour ; on y dort vingt heures, et il n’y a pas de lit que le Sommeil n’ait fait de ses propres mains. » Et il entre alors dans tous les détails sur les avantages du lieu, et sur certains agréments de garde-robe qu’il décrit au long à sa belle-sœur avec un enthousiasme, avec une sorte de verve lyrique que je me garderai de citer ; nous sommes devenus trop petite bouche pour cela. […] Chaulieu ne quitta presque pas un jour, dans ses dernières années, le prince qu’il appelait son bienfaiteur et son ami, et avec qui il vivait depuis quarante ans dans le sein de la confiance et de l’intimité : « Ces sortes de mariages de bienséance, sans être un sacrement, disait-il, ont la même force que les autres, et se peuvent quasi aussi peu dissoudre. » Dans l’assertion grave de Saint-Simon, il faut faire la part de l’aversion bien connue du noble écrivain pour les gens de peu, redoublée de celle qu’il avait pour les poètes et rimeurs. […] Nous avons bien des choses à regretter du passé et de ce qu’on appelle le Grand Siècle, nous en avons encore plus à répudier énergiquement. […] On ne peut s’empêcher de conclure qu’il a été bien funeste à ce délicat esprit d’appeler, au secours d’une indolence chez lui si naturelle, la paresse raisonnée de Chaulieu, et d’insister sur une doctrine qui a pour effet immédiat d’amollir les courages et de supprimer le ressort des âmes.
Il est pourtant deux traits d’exception à cet égoïsme presque universel, et Mallet les relève, comme il est juste de les relever aussi : 1º le peuple, ce qu’il appelle le bas peuple (mais cela s’étend très loin), n’a pas cessé, selon lui, d’être atteint de son hydrophobie, il n’en est nullement revenu : « C’est toujours un animal enragé, dit-il, malgré sa misère profonde. » Cette rage qui survit même à la souffrance et à la misère, c’est la soif de l’égalité et la haine du tyran. Et Mallet insiste en plus d’un endroit sur ce fanatisme d’égalité qui fait le fond de ce qu’il appelle la religion révolutionnaire. 2º Il n’est pas moins obligé de reconnaître, comme trait d’exception à cet égoïsme de la masse du public, le sentiment militaire dévoué : le soldat, l’officier a beau avoir son arrière-pensée, « des différences d’opinions et de motifs n’entraînent aucune différence dans la manière de combattre : un esprit, un sentiment communs animent tous les soldats. […] Mallet, selon moi, n’appelle pas de son vrai nom cette disposition du soldat français à s’oublier sous le drapeau, quand il l’attribue surtout à la vanité ; il faut appeler cette vanité de son vrai titre social, qui est l’honneur. […] Pellenc, je définirai Mallet du Pan un Pellenc énergique, d’une trempe supérieure, qui n’a pas peur, qui, consulté par les cabinets, dit ce qu’il pense, mais aime encore mieux le dire à tous, au public, exhalant sa pensée, ses vues, son indignation d’honnête homme et d’homme sensé, sans quoi il est condamné à ce qu’il a appelé lui-même le « tourment du silence ».
Se coiffer de manière à ne pouvoir mettre un chapeau sur sa tête, et alors tenir son chapeau sous le bras, et se remplir le nez de tabac, peuvent s’appeler des ridicules peut-être, mais ce ne sont pas des vices ; ce ne sont que les effets de la tyrannie de la mode. […] J’aime à croire que Franklin, s’il n’avait suivi que son penchant, et s’il avait dû choisir parmi nous son personnage de prédilection et son idéal, serait plutôt allé embrasser M. de Malesherbes, « ce grand homme », comme il l’appelle, qui venait le voir à Passy, et qui, renonçant à la vie publique et s’amusant à de grandes plantations, désirait obtenir par lui les arbres du Nord de l’Amérique non encore introduits en France. […] Franklin avait le bon sens gai, net et brillant ; il appelait la mauvaise humeur, la malpropreté de l’âme. […] Les récentes découvertes d’Herschell semblaient l’appeler à un futur et sublime voyage de découverte céleste à travers les sphères. […] C’est là ce qu’on peut appeler du Franklin en délire.
Un peu avant que Scudéry appelât Corneille : Corneille déplumée, Green avait appelé Shakespeare : Corbeau paré de nos plumes. […] Quoique Weber soit mort, circonstance atténuante pour ceux qui sont coupables de génie, on se moque de lui en Allemagne, et depuis trente-trois ans un chef-d’œuvre est exécuté par un calembour ; l’Euryanthe s’appelle l’Ennuyante. […] Les rhétoriques, inquiètes des contagions et des pestes qui sont dans le génie, recommandent avec une haute raison, que nous avons louée, la tempérance, la modération, le « bon sens », l’art de se borner, les écrivains expurgés, émondés, taillés, réglés, le culte des qualités que les malveillants appellent négatives, la continence, l’abstinence, Joseph, Scipion, les buveurs d’eau ; tout cela est excellent ; seulement il faut prévenir les jeunes élèves qu’à prendre ces sages préceptes trop au pied de la lettre on court risque de glorifier une chasteté d’eunuque. […] Au-dessus de l’effrayante arche de l’Arveyron, au milieu de la Mer de Glace, ce paradis appelé le Jardin, l’avez-vous vu ?
Il était de facultés, de nature, ce que j’appelle de main de Dieu, admirablement fait. […] Il l’appela de ce nom ridicule de Philarète qu’il lui donna sans le baptême, comme on donne le nom à un chien. […] Je l’ai déjà appelé Arlequin, Arlequin qui, avec son demi-masque, est le noir matou de Bergame. […] Comme ce titre pouvait s’appliquer à tous les ouvrages de l’auteur, qui n’a fait que voyager à travers les livres toute sa vie, et qui, même, sans les livres d’autrui, n’en aurait pas probablement écrit un seul, il s’est cru obligé, pour être clair et précis, de donner un sous-titre à son titre, et il a appelé son livre L’Angleterre politique, — ce qui aurait parfaitement suffi, puisqu’il ne s’agit dans ce volume que de l’Angleterre et de quelques écrivains anglais. […] Aujourd’hui il n’y a plus que celui-là, si même il peut encore s’appeler un rayon !
On ne voit pas moins bien, si je ne me trompe, quelles en sont les liaisons avec ce que nous appelons aujourd’hui du nom de « sociologie ». […] Mais on peut du moins avec vérité les en appeler les transfuges. […] On dépouille la courtisane de l’auréole poétique dont le romantisme l’avait couronnée, et au lieu de Marion Delorme ou de Lélia, elle s’appelle Marguerite Gautier [Cf. […] Et, de fait, s’il y a dans notre langue une poésie que l’on puisse appeler « scientifique » n’est-ce pas celle de Leconte de Lisle ? […] Et d’autres enfin dans le même temps, qui s’appellent Volney, Daunou, Ginguené, Fauriel ; — de qui l’on peut rapprocher Raynouard ; — font entrer l’exégèse [Cf.
Comment ce mouvement produit-il ce qu’on appelle une note, c’est-à-dire une lettre harmonieuse de cet alphabet de bruit ? […] Où ne l’entendez-vous pas sous ce qu’on a appelé de tout temps l’harmonie chantante des sphères ou le grand concert de la création ? […] C’est la musique de Dieu entendue de toutes ses créatures, même de celles que nous appelons inintelligentes. […] Dryden représente dans cette ode le plus fameux musicien et compositeur de la Grèce, Timothée, appelé pour charmer les oreilles d’Alexandre le Grand et de ses compagnons de guerre à Persépolis. […] « J’ai été appelé aujourd’hui chez le trésorier intime ; il m’a reçu avec la plus grande politesse, et m’a demandé, au nom de l’empereur, si je ne pourrais pas rester encore quelque temps à Vienne.
C’est toujours une erreur d’en appeler à la justice ; mais c’est de la démence d’en appeler à la justice d’un groupe social. […] Toute maladie appelle des spécialistes. […] Aux temps de la foi, on appelait les prêtres les médecins des âmes. […] Ce qu’on appelait le plaisir, quand elle n’était pas là, devient le mal. […] On appelle cela « l’écriture artiste »
Une bonne moitié de ses nouvelles appartient au genre qu’on appelle « gaulois ». […] Il peut bien les appeler des « préférences », si le mot lui semble moins pédantesque. […] Il a tout lu ; j’entends : ce qui s’appelle lire. […] C’est proprement ce qu’on appelle : inventer. […] C’est ce qu’on appelle en philosophie la question du mal moral.
Dans toute conversion, il y a quelque chose qui nous échappe et qu’il faut bien appeler, comme le font les convertis eux-mêmes, « l’action de la grâce ». […] Veuillot n’a guère moins lutté contre le socialisme, sous toutes ses formes, que contre ce qui s’est appelé le libéralisme bourgeois et qu’on nomme aujourd’hui le radicalisme. […] Ce qu’il a combattu et haï dans la République, ce ne fut jamais la République, mais l’impiété : et, quand il appelait de ses vœux Henri de Bourbon, il n’exigeait point pour ce prince le titre de roi. […] J’en appelle à cette meilleure part de toi-même, qui t’élève quelquefois au-dessus de tant de misères, j’en appelle à ton génie, qui t’a permis souvent de voir, de sentir et d’admirer ce qui est grand et beau, et pur. […] Je l’appellerais Mme Tartufe, si elle n’était d’esprit laïque.
— Mais la plupart des voix les appellent en arrière. […] On l’appelle l’amoureux des onze mille vierges. […] On peut appeler cela une vraie trouvaille ! […] Il s’appelait Alfred de Vigny. […] Mais un dernier et grave sujet m’appelle.
Ceci dit, les jeunes, comme on les appelle, se sont lancés dans la voie de l’insolite. […] Le roman est donc appelé à charmer les loisirs de tous. […] Quels services n’a-t-elle pas rendus et n’est-elle pas appelée à rendre ! […] C’est ce qu’on appelle la science des valeurs et des rapports. […] Aussi est-il absolument inexact de l’appeler un novateur.
Il s’appelle le siècle de Napoléon. […] En 1828, le commissaire du roi s’appelait M. le baron Taylor ; en 1844, le commissaire du roi s’appelle M. […] Gustave Planche appelle M. […] Heureux ceux que ces gens-là cessent d’appeler leur ami ! […] Cependant, j’en appelle à M.
Je peux faire prendre la parole à une pierre, mais que gagnerai-je à appeler cette pierre d’un nom allégorique ? […] Ce que le voyageur tremblant adorait en passant dans ces solitudes, était quelque chose d’ignoré, quelque chose dont il ne savait point le nom, et qu’il appelait la Divinité du lieu ; quelquefois il lui donnait le nom de Pan, et Pan était le Dieu universel.
Elevé tendrement au sein d’une famille où s’était conservée la tradition des liens d’une parenté patriarcale, il fut un de ceux qui appelèrent et réalisèrent avec le plus de ferveur la hiérarchie dans la grande parenté de l’espèce humaine ; il s’efforça d’harmoniser ce qu’il y a de religieux dans les sentiments de famille avec la dévotion à l’humanité nouvelle révélée par Saint-Simon. […] Puis s’arrachant au vague, il en vint à s’occuper scientifiquement et historiquement des religions révélées, et c’est au fort de ces études opiniâtres dans lesquelles s’absorbait sa précoce pensée, que, le nouveau christianisme de Saint-Simon lui étant apparu sous son véritable jour, il se fit une révolution en lui ; que ses études, jusque-là confuses, s’enchaînèrent ; que le chaos du passé se déroula harmonieusement à ses yeux, et qu’il saisit la raison divine des choses, s’écriant à la vue de l’Église de toutes parts croulante et de la synagogue encore debout : « Oui, nous marchons vers une grande, vers une immense unité : la société humaine, du point de vue de l’homme ; le règne de Dieu sur la terre, du point de vue divin ; ce règne que les fidèles appellent tous les jours par leurs prières depuis dix-huit ceints ans. […] Guizot (Nouveaux Lundis, tome IX, page 98.) « Pour sa peine, dit-il en parlant du sage désillusionné, qui se résigne à la science pure, vous l’appelez sceptique : ne croyez pas l’humilier.
De la littérature latine sous le règne d’Auguste L’on regarde ordinairement Cicéron et Virgile comme appartenant tous les deux au même siècle appelé le siècle d’or de la littérature latine. […] Les jouissances du pouvoir et des intérêts politiques remportent presque toujours sur les succès purement littéraires ; et quand la forme du gouvernement appelle les talents supérieurs à l’exercice des emplois publics, c’est vers l’éloquence, l’histoire et la philosophie, c’est vers la partie de la littérature qui tient le plus immédiatement à la connaissance des hommes et des événements, que se dirigent les travaux. […] Il existe des histoires appelées avec raison histoires philosophiques ; il en existe d’autres dont le mérite consiste dans la vérité des tableaux, la chaleur des récits et la beauté du langage ; c’est dans ce dernier genre que les historiens grecs et latins se sont illustrés.
Ce sont de ces verbes que les grammairiens appellent impersonnels, parce que personne n’agit par eux ; mais La Fontaine a si bien préparé ces deux expressions, par ce mot tranche de roi des airs ; ces mots, pleut, vente, semblent en cette occasion si naturels et si nécessaires, qu’il y aurait de la pédanterie à les critiquer. […] C’est ce qu’on appelle une rime provinciale. […] Chez l’animal qu’on appelle homme, On la reçut à bras ouverts.
Elle s’appelle la femme ; elle est née de l’homme. […] Aussi Milton appelle-t-il la femme, fair defect of nature, « beau défaut de la nature. » La manière dont le poète anglais a conduit la chute de nos premiers pères mérite d’être examinée. […] Dieu envoie son Fils pour juger les coupables ; le juge descend ; il appelle Adam : « Où es-tu ?