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269. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Nous avons écorché le centaure jusqu’aux genoux, mais le vieil animal marche en traînant sa peau. […] Je classerai les sciences et les études, comme notre historien naturaliste, M. de Buffon, a classé les animaux, comme il eût classé les minéraux et les végétaux. Il a parlé d’abord du bœuf, l’animal qu’il nous importe le plus de bien connaître ; ensuite du cheval ; puis de l’âne, du mulet, du chien ; le loup, l’hyène, le tigre, la panthère, occupent d’après sa méthode un rang d’autant plus éloigné dans la science, qu’ils sont plus loin de nous dans la nature, et que nous en avons eu moins d’avantages à tirer ou moins de dommages à craindre.

270. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Les sens, que l’homme a en commun avec les animaux, ne feraient de lui qu’un animal plus parfait à cause de la perfection relative de ses organes, la parole seule en fait un être intelligent et moral, c’est-à-dire l’homme. […] L’homme seul, entre les animaux, a le sentiment de l’existence, et il ne l’a que par la parole.

271. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Maurice de (1810-1839) »

L’auteur suppose qu’un être de cette race intermédiaire à l’homme et aux puissantes espèces animales, un centaure vieilli, raconte à un mortel curieux, à Mélampe, qui cherche la sagesse, et qui est venu l’interroger sur la vie des Centaures, les secrets de sa jeunesse et les impressions de vague bonheur et d’enivrement dans ses courses effrénées et vagabondes.

272. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

L’homme raffiné trouve niaises les choses auxquelles le peuple et l’homme de génie prennent le plus d’intérêt, les animaux et les enfants. […] L’infini est dans toutes nos facultés et constitue, à vrai dire, le trait distinctif de l’humanité, la catégorie unique de la raison pure qui distingue l’homme de l’animal. […] Le paysan sans religion est la plus laide des brutes, ne portant plus le signe distinctif de l’humanité (animal religiosum). […] Esprit signifiant seulement tout ce qui n’est pas corps, ce raisonnement équivaut à celui-ci : il y a deux classes d’animaux, les chevaux et les non-chevaux.

273. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

On pourrait aisément établir une symétrie parfaite entre la division de la physique organique et celle ci-dessus exposée pour la physique inorganique, en rappelant la distinction vulgaire de la physiologie proprement dite en végétale et animale. Il serait facile, en effet, de rattacher cette sous-division au principe de classification que nous avons constamment suivi, puisque les phénomènes de la vie animale se présentent, en général du moins, comme plus compliqués et plus spéciaux que ceux de la vie végétale. […] Or il est certain que la distinction entre la physiologie végétale et la physiologie animale, qui a une grande importance dans ce que j’ai appelé la physique concrète, n’en a presque aucune dans la physique abstraite, la seule dont il s’agisse ici. La connaissance des lois générales de la vie, qui doit être à nos yeux le véritable objet de la physiologie, exige la considération simultanée de toute la série organique sans distinction de végétaux et d’animaux, distinction qui, d’ailleurs, s’efface de jour en jour, à mesure que les phénomènes sont étudiés d’une manière plus approfondie.

274. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Taine l’aurait inventée qu’il n’y aurait pas de quoi en être bien fier ; car cette méthode est bornée comme le matérialisme, dont elle est le produit, par conséquent insuffisante… Elle consiste, en effet, à étudier une société comme un naturaliste étudie un animal. Mais une société dont il ne faut pas séparer l’homme, comme l’ont fait les théories les plus fausses du xviiie  siècle, et qui sont restées le plus populaires en raison même de leur fausseté, est autre chose qu’un animal qui ne relève que du microscope et du scalpel et qu’on étudie du dehors, pour en expliquer le dedans. […] Il ne pense donc, comme tout anatomiste, qu’à l’animal qu’il a entre les mains. Et puisqu’il ne croit pas, comme nous, à l’esprit immortel de l’homme et à sa chute, l’animal qu’il a entre ses mains d’anatomiste, c’est la Bête humaine, et la Bête humaine tombée dans cet état anormal et convulsif, dans cet état d’épilepsie dégradante qui s’appelle une Révolution.

275. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Il nous l’a peint cependant plus criminel encore que Macbeth ; mais il voulait montrer ce caractère sans remords, sans combats, sans mouvements involontaires, cruel comme un animal féroce, non comme un homme coupable, dont les premiers sentiments avaient été vertueux. […] Le caractère de Caliban, dans La Tempête, est singulièrement original ; mais la forme presque animale que son costume doit lui donner, détourne l’attention de ce qu’il y a de philosophique dans la conception de ce rôle.

276. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Car d’abord il est universel comme Homère : hommes, dieux, animaux, paysages, la nature éternelle et la société du temps, tout est dans son petit livre. […] A ces mots, l’animal pervers (C’est le serpent que je veux dire, Et non l’homme, on pourrait aisément s’y tromper).

277. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Je ne voyais pas assez nettement à cette époque les arrachements que l’homme a laissés dans le règne animal ; je ne me faisais pas une idée suffisamment claire de l’inégalité des races ; mais j’avais un sentiment juste de ce que j’appelais les origines de la vie. […] J’entrevoyais que le damier morphologique des espèces végétales et animales est bien l’indice d’une genèse, que tout est né selon un dessin dont nous voyons l’obscur canevas.

278. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Pour lui, la réflexion est un état contre nature ; il écrit cette phrase énergique : « L’homme qui médite est un animal dépravé. » Il se plaît à railler la raison, à l’humilier, à la fouler aux pieds ; il proclame la royauté, que dis-je ? […] Les choses de la matière, pour parler avec Molière, agissent souvent Sur les productions d’esprit et de lumière, et l’historien n’a pas le droit de dédaigner, comme faisaient les Femmes Savantes, la partie animale si intimement liée à la partie spirituelle.

279. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Il voudrait qu’on déterminât d’abord les émotions les plus générales, celles qui sont communes à tous les animaux ; puis celles qui nous sont communes avec les races inférieures ; puis celles qui nous sont propres ; puis l’ordre d’évolution de celles qui nous sont propres. […] Et cela est vrai non-seulement de nos semblables, mais même des animaux.

280. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Il ne faut pas oublier que les lois de l’esprit peuvent être des lois dérivées des lois de la vie animale, et que par conséquent elles peuvent dépendre en dernière analyse des conditions physiques... […] Les enfants, les jeunes animaux, les personnes privées de quelque sens, ceux qui nés aveugles ont recouvré la vue, les gens élevés dans la séquestration, comme Gaspard Hauser76 : ce sont là de nombreuses sources d’information dont malheureusement on a fait très rarement usage.

281. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Les deux chapitres283 qu’il a consacrés à étudier ce fait psychologique chez l’homme et chez les autres animaux, à en montrer les conséquences sociales, à rechercher comment la puissance intellectuelle et les aptitudes morales ont dû jouer un grand rôle dans le struggle for life de l’homme contre la nature, contre les autres espèces animales, contre les formes inférieures de sa propre espèce, renferment un grand nombre de faits intéressants, de vues curieuses et neuves ; bref, sont très propres à initier à la nouvelle méthode philosophique les esprits imbus des idées courantes. — Son Expression des Emotions traite un point de la corrélation du physique et du moral.

282. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

L’idée de ce qui est vivant attachée par les premiers observateurs à l’animal tout entier fut ensuite reléguée, dans la cellule. L’animal ne fut plus qu’un édifice aux formes diverses construit en grande partie avec de la substance morte pour abriter la vie multiple des cellules.

283. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Un médecin, homme d’esprit et grand dialecticien fait un livre pour établir que dans notre païs et sous notre climat, les légumes et les poissons sont un aliment aussi sain que la chair des animaux. […] Ses contemporains, sans se mettre en peine de démêler la source de son erreur, le condamnent sur leur propre expérience, qui leur apprend sensiblement que dans notre païs la chair des animaux est une nourriture plus aisée et plus saine que les poissons et les légumes.

284. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Telle est l’image que fait un poëte grec d’un asne, animal qui dans son païs étoit bien fait et qui avoit le poil luisant, au lieu qu’il est vilain dans le nôtre. D’ailleurs cet animal que nous ne voïons jamais que couvert pauvrement et abandonné à la populace pour la servir dans les travaux les plus vils, sert ailleurs de monture aux personnes principales de la nation, et souvent il paroît couvert d’or et de broderie.

285. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 69-73

N’en soyez point jaloux, innocens animaux ; Contre tant d’ennemis ce n’est point un remede ; Elle fait, ou plutôt elle agrandit nos maux, Lorsque, dans un besoin, nous implorons son aide.

286. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 10, objection tirée des tableaux pour montrer que l’art de l’imitation interesse plus que le sujet même de l’imitation » pp. 67-70

Nous donnons plus d’attention à des fruits et à des animaux répresentez dans un tableau, que nous n’en donnerions à ces objets mêmes.

287. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

À la déposition des témoins, il a des inquiétudes des yeux animales, des mordillements de moustaches, des crispations de coins de lèvres qui lui tournent un moment la bouche de côté, comme dans un plâtre de guillotiné. […] L’entente du gouvernement et de l’opinion publique pour l’exil des morts à 30 kilomètres de Paris, pour l’expropriation de la tombe qui croyait à sa perpétuité, pour le dépotage et le rempotage des débris aimés de vos parents, dont le lacet des chemins de fer fera trembler le sommeil des os, sous les tunnels infinis… Que les journalistes sans concession de famille ne s’en émeuvent pas : c’est naturel ; mais que les autres qui ne sont pas journalistes, donnent secrètement la main aux utilitaires qui veulent faire de la dépouille humaine et des entrailles d’un cimetière, une usine de noir animal, ça m’indigne. […] » Et le voilà s’acharnant après le janséniste, qui par déférence pour la princesse et son protégé, écoute le coloré récit de ce roman animal. […] * * * — Nous en sommes venus à appeler le vent, la pluie, la tempête : c’est l’enveloppement et l’assourdissement des bruits humains et animaux. […] Nous n’avons obéi à aucun petit et misérable sentiment dans ce portrait, ayant bien certainement plutôt à nous louer qu’à nous plaindre du critique ; nous avons été tout bonnement mordus par ce désir d’analyste, de pousser à fond la psychologie d’une individualité très complexe, ainsi qu’un naturaliste, amoureux de sa science, disséquerait et redisséquerait un animal, dont l’anatomie lui semblerait avoir été incomplètement ou mal définie par ses confrères.

288. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Dans La Guerre et la Paix, le prince André Bolkonsky, ardent, aigu, tenace avec la sentimentalité secrète des penseurs amers, est mené du tumulte des champs de bataille à l’activité verbeuse des salons politiques, séquestré dans son bien, enlacé dans un délicat amour, perdu par le dédale de croyances abandonnées et reprises, mêlé à mille événements historiques et intimes, agité de pensées et d’émotions innombrables jusqu’à ce que, blessé mortellement, il paraisse, en sa longue agonie, dans le déchirement de tous les voiles, entrevoir la solution de toutes les détresses, pour s’éteindre comme distrait de cette terre par de formidables intuitions ; le prince Pierre, lourd, énorme, charnu et charnel comme un animal, mais sourdement miné des mêmes inquiétudes, épris et déçu des hommes, jeté hors de lui-même par les systèmes théosophiques et religieux qui l’attirent tour à tour, s’abandonne à ses poussées de foi et d’appétits, s’appesantit de la grosse sensualité de ses compagnons de club, jusqu’à ce que, dans le trouble de Moscou pris, s’affolant confondu dans la foule et frôlant la mort, il rencontre, parmi les prisonniers auxquels il s’appareille, un pauvre hère de doux soldat paysan qui le console et le met pour toujours en paix par quelques simples mots de bonté, crise dont il émerge presque guéri, heureusement marié, mais avec on ne sait quel désarroi brouillon encore dans un esprit mal dégrossi et aventureux aux hasards politiques. […] Il semble que le romancier soit au centre et à la suite des lentes ondes de mouvement qui font se durcir et s’effriter les roches, pousser et se flétrir tes plantes, s’affermir et vieillir les animaux, qui poussent les enfants à l’adolescence, les jeunes gens enthousiastes et mobiles à l’âge des décisions égoïstement rassises, qui fanent les femmes et les hommes, les talent ou les raidissent peu à peu en une vieillesse radoteuse ou rageuse et les portent ainsi de la naissance à la mort par d’insensibles gains et d’irréparables pertes. […] Le prince Pierre est sans doute par certains côtés le Russe et la Russie, lourd, bon, à peine dégrossi, avec de pesants instincts animaux, sourdement inquiet cependant et ne sachant comment vivre ; mais il est aussi un débauché ordinaire, un idéologue enthousiaste de Napoléon, de la franc-maçonnerie, un homme timide, gauche, myope, amoureux, d’une certaine sorte d’humeur avec ses domestiques, un mari ayant avec sa femme des relations particulières de colère et de faiblesse. […] Nul comme cet auteur ne suscite sans cesse la sensation de la simple chaire humaine blanche, rose, rouge et molle, imbibée de sang, traversée d’os et de nerfs, arrondie en forme de membres gros ou menus, produisant cette notion presque animale de communauté, de tiède contact qui naît du milieu des foules, sur les champs de bataille, dans les hôpitaux, partout où les hommes sont prostrés ou amalgamés dans la perte de tout ce qui les érige en individualités distinctes. […] Mêlée de vues bornées chez Lévine et sa femme, de morgue chez Wronsky, d’exaltée amertume chez Anna, de sèche étroitesse chez Karénine, cette bonté élémentaire et comme animale éclate pure cependant et puissante chez ce groupe d’êtres de haut rang, et dans le grave tableau de la mort de Nicolas Lévine, où son frère et la femme de celui-ci viennent simplement et cordialement s’asseoir au chevet de ce pauvre agonisant à côté de la prostituée dont il a fait sa compagne et, plus haute encore et plus belle, quand Anna adultère au su de son mari, et croyant mourir des couches de la fille de son amant joint la main de l’homme pour qui elle s’est perdue à celle de l’homme qu’elle a trahi et induit Karénine à pardonner avec tant de noblesse à son ennemi que le comte Wronski reste troublé de devoir s’incliner devant celui qu’il méprisait.

289. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

Les histoires de l’Ancien Testament ont rempli nos temples de pareils tableaux, et l’on sait combien les mœurs patriarcales, les costumes de l’Orient, la grande nature des animaux et des solitudes de l’Asie, sont favorables au pinceau.

290. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Entre la vie purement scientifique et la vie animale, il y a un milieu qui est la vie propre de l’homme, et qui le caractérise entre toutes les espèces de la nature, c’est la vie pensante et réfléchie. […] La dialectique de Platon, qui ramenait chaque classe d’êtres à un type absolu, et qui admettait l’homme en soi, l’animal en soi, le feu en soi, modèles éternels et parfaits des réalités imparfaites, a été convaincue par Aristote de prendre des abstractions pour des réalités. Qui a jamais compris l’existence d’un animal en général qui ne serait pas un certain animal en particulier ? Et s’il est un tel animal, comment pourrait-il être parfait ? […] Si l’on entend par là l’être en général, il ne peut pas exister plus que l’homme en général, l’animal en général.

291. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

ÉCLAIRCISSEMENTS Le travestissement d’un génie, ou d’un animal, en femme pour se venger de quelqu’un est un procédé fréquent dans les contes de tous les pays.

292. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

En fait, la différence de l’homme le plus humble au plus relevé des animaux est cent fois plus considérable que celle de ce même animal au ver de terre ou à l’étoile de mer. […] Dans la morne porcherie de Zola, il semblait qu’eût poussé une auge à part, contenant un animal aussi sommaire, mais, plus vif. […] Mais il n’a de la ressemblance avec l’animal que l’apparence. […] Des animaux très faibles ont survécu à des animaux très forts, soit que ceux-ci aient abusé de leurs forces pour courir trop de risques, soit que l’inoffensif ait plus de chances de durée que l’offensif. […] Le catoblépas, qui se rongeait les pieds, sans s’en apercevoir, était un animal intelligent et éveillé, à côté de lui.

293. (1902) Propos littéraires. Première série

C’est un bel animal bien portant et jeune. […] On peut très bien traduire par : a un animal ». […] Ils s’avisèrent que ce n’était pas à une société animale qu’il fallait comparer la société humaine, mais plutôt à un animal, et que les métaphores en devenaient plus précises. […] Donc, la société est un animal. […] L’animal est encore supérieur. — La tendance moderne est de ramener l’animal social à un degré très inférieur, en supprimant la spécialisation des organes, en supprimant la division du travail physiologique.

294. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Ces sucs remplissent le sang d’un homme du nord d’esprits animaux formez en Espagne, et sous les climats les plus ardens.

295. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Non pas libre assurément, mais esclave de la faim, de la soif, du froid, de l’arbre qui lui donne ou lui refuse son fruit, de l’herbe qui pousse ou qui sèche sous sa main, de l’animal faible ou féroce qu’il dévore ou dont il est dévoré, de sa nudité qui l’expose à toutes les intempéries de l’atmosphère, esclave de tous les éléments, enfin ; voilà l’homme naissant fastueusement déclaré libre par J. […] Mais si un tel principe calomnie les animaux, c’est qu’il blasphème encore plus l’homme, animal doué de moralité dans ses actes et dont le plus sublime est devoir. […] Il s’approprie les fruits de l’arbre, l’herbe des sillons, la chair des animaux, nourriture sanglante, presque criminelle, et, si on l’en exproprie, il meurt dépossédé de sa part à l’alimentation nécessaire à la vie, convive affamé chassé du banquet terrestre ; et ce banquet même tarit pour tous les convives : car, si la terre n’est pas possédée par celui qui l’ensemence et la moissonne, nul n’a intérêt à la cultiver et à l’ensemencer.

296. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Spontanéité de la simple tendance chez les êtres inorganiques, spontanéité de l’instinct chez les animaux, spontanéité de la volonté chez l’homme, spontanéité de l’amour en Dieu, voilà la liberté à tous ses degrés. […] Alors il faudrait dire que l’animal a la conscience aussi bien que l’homme ; car il est évident qu’il ne sent, ne perçoit, n’agit pas sans savoir qu’il sent, perçoit et agit. […] Cela peut se concevoir à la rigueur pour l’animal, auquel il est permis de refuser la conscience, tout en lui attribuant, outre la sensibilité et la mémoire, une certaine intelligence et le sentiment confus de son individualité. Mais, si l’animal ne se distingue pas de sa sensation et ne s’affirme pas comme moi, il est certain que cette distinction et cette affirmation sont le fait propre de la personnalité humaine.

297. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

La Bruyère écrivait juste un siècle avant 1789607 : « L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et remuent avec une opiniâtreté invincible. […] Aussi bien, en ce temps-là, toute calamité pèse sur l’avenir autant que sur le présent ; pendant deux ans, en 1784 et 1785, dans le Toulousain, la sécheresse ayant fait périr les animaux de trait, nombre de cultivateurs sont obligés de laisser leurs champs en friche. — En second lieu, quand on cultive, c’est à la façon du moyen âge. […] Dans le Quercy et ailleurs, point de bas, ni de souliers, ni de sabots. « Impossible, dit Young, pour une imagination anglaise de se figurer les animaux qui nous servirent à Souillac, à l’hôtel du Chapeau Rouge ; des êtres appelés femmes par la courtoisie des habitants, en réalité des tas de fumier ambulants.

298. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

La subordination des animaux à l’homme, celle des sexes entre eux ne choque personne, parce qu’elle est l’œuvre de la nature et de l’organisation fatale des choses. […] Je dis dans leur mesure ; car l’égalité absolue est aussi impossible dans l’humanité que le serait l’égalité absolue des espèces dans le règne animal. […] Ce qui est déplorable, c’est qu’une portion de l’humanité soit à ce point dégradée qu’elle ne compte guère plus que l’animal ; car tous les hommes sont appelés à une valeur morale.

299. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Si la fougue animale des colères ou des convoitises primitives l’a poussé au meurtre et au vol, plus tard, après l’assouvissement, aux jours du malheur ou de maladie, sur les conseils de sa concubine ou de sa femme, il se repent ; il restitue au double, au décuple et au centuple, il prodigue les donations et les immunités3. […] Avec ses compagnons, il défriche et construit ; il domestique les animaux demi-sauvages, établit une ferme, un moulin, une forge, un four, des ateliers de chaussure et d’habillement.

300. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Il faut se rappeler que, dans les idées juives, antipathiques à l’art et à la mythologie, la simple forme de l’homme avait une supériorité sur celle des chérubs et des animaux fantastiques que l’imagination du peuple, depuis qu’elle avait subi l’influence de l’Assyrie, supposait rangés autour de la divine majesté. […] Dans le Livre de Daniel, au milieu de la vision des empires représentés par des animaux, au moment où la séance du grand jugement commence et où les livres sont ouverts, un être « semblable à un fils de l’homme » s’avance vers l’Ancien des jours, qui lui confère le pouvoir de juger le monde, et de le gouverner pour l’éternité 370.

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