L’esprit divin, incréé, illimité, infini, tout-puissant et tout parfait, si nous appliquons ce mot à Dieu, l’Être des êtres ; l’esprit créé, borné, fini, impuissant et imparfait, si nous appliquons ce mot à l’âme de la nature, à l’âme de l’homme, ou à toutes les autres espèces d’âmes dont il a plu à Dieu de douer les différents êtres sortis de sa création à divers degrés. […] Nous avons chaud ou nous avons froid à l’âme en regardant cette physionomie : voilà tout ce qu’il est permis de conclure. […] Eux seuls ils ont la parole à la tribune des âmes ; ils sont les orateurs de la morale ; la chaire est leur trône. […] une voix qu’on écoute en silence, à laquelle nul ne répond que par une inclination de front ou par des larmes dans les yeux, applaudissements muets de l’âme ! […] Mais approchez en particulier, ô vous qui courez avec tant d’ardeur dans la carrière de la gloire, âmes guerrières et intrépides !
. — Âmes slaves, nouvelles (1890). — Vespérales (189/1). — Roses remontantes (1897). […] Remy de Gourmont La fréquentation des poètes lyriques anglais, allemands, russes, le tourment d’une âme qui ne veut pas désespérer, quoiqu’elle sache l’inutilité des révoltes et combien sont précaires, puisqu’elles sont limitées, les réalisations humaines, — et le désir de rythmer de telles émotions et de se les rendre sensibles, il y aurait bien là de quoi faire un poète, même en négligeant d’autres causes, le don naturel, la sensibilité native, l’orgueil de se vouloir égaler à son propre idéal. […] On voit la variété et la distinction de ce livret de vers, et quel succès il mériterait si la culture du talent était, même quelquefois, récompensée à l’égal de la culture des jardins ; mais que les âmes jouissent de la grâce qui leur est départie, et qu’elles en jouissent, égoïstes, en attendant que les autrui qui méritent d’y communier forcent les portes de la cellule pour prendre part — en voleurs — au festin mystique.
Rousseau, dans le récit qui nous occupe, s’est attaché à montrer, durant une belle nuit d’été, le premier homme qui s’avisa de philosopher et de réfléchir, et il a prêté à cette philosophie naissante tout le charme, au contraire, de l’admiration et de la foi, toute l’ivresse d’un premier ravissement : Ce fut durant une belle nuit d’été que le premier homme qui tenta de philosopher, livré à une profonde et délicieuse rêverie et guidé par cet enthousiasme involontaire qui transporte quelquefois l’âme hors de sa demeure et lui fait, pour ainsi dire, embrasser tout l’univers, osa élever ses réflexions jusqu’au sanctuaire de la nature et pénétrer, par la pensée, aussi loin qu’il est permis à la sagesse humaine d’atteindre. […] Son parler était simple et doux, et pourtant profond et sublime ; sans étonner l’oreille, il nourrissait l’âme : c’était du lait pour les enfants et du pain pour les hommes. […] Il y avait loin encore de l’âme tendre, jalouse, exigeante, susceptible, dévorée d’un immense besoin de retour, de celui qui disait : « J’étais fait pour être le meilleur ami qui fût jamais, mais celui qui devait me répondre est encore à venir », il y avait loin de cette âme seulement refoulée et douloureuse à celle qui devait tourner toute chose en poison, à ce Jean-Jacques, par exemple, qui, en apprenant la mort de Louis XV, s’écriait : « Ah ! […] Si vous-même vous êtes né pauvre et assujetti, si, aux prises avec la vie commune, vous ne rougissez pas d’en nommer les moindres détails, et si vous ne vous rebutez pas aux misères mêmes de la réalité ; si, en revanche, vous ne faites pas fi des joies bourgeoises ou populaires, si les souvenirs de l’enfance n’ont pas cessé de vous émouvoir, si l’aspect de la vallée ou de la montagne natale, le seuil de la ferme où vous alliez, enfant, vous régaler de laitage et de fruits les jours de promenade, rit en songe à votre cœur, alors vous trouverez votre compte avec Rousseau, même dans ces quelques lettres qu’on nous donne ici ; vous lui passerez bien des préoccupations vulgaires en faveur des élans de sensibilité et d’âme par lesquels il les rachète ; vous l’aimerez pour ces accents de cordialité sincère que toute son humeur ne parvient pas à étouffer. […] On n’a jamais à craindre avec lui, même dans ses écarts, de ces contradictions qui tiennent aux sources de l’âme et qui choquent dans le lecteur ami des hommes quelque chose de plus sensible encore que le goût42.
Un poëte lyrique, c’est une âme à nu qui passe et chante au milieu du monde ; et selon les temps, et les souffles divers, et les divers tons où elle est montée, cette âme peut rendre bien des espèces de sons. […] Or, sans faire d’hypothèse gratuite, sans demander aux hommes plus que leur siècle ne comporte, on conçoit, ce me semble, dans cette atmosphère de souvenirs et d’affections, une âme tendre, chaste, austère, effrayée de la contagion croissante et du débordement philosophique, fidèle au culte de la monarchie de Louis XIV, assez éclairée pour dégager la religion du jansénisme, et cette âme, alarmée, avant l’orage, de pressentiments douloureux, et gémissant avec une douceur triste ; quelque chose en un mot comme Louis Racine, d’aussi honnête, et de plus fort en talent et en lumières. […] Alcée se met donc à chanter en ces termes : Des sociétés temporelles Le premier lien est la voix, Qu’en divers sons l’homme, à son choix, Modifie et fléchit pour elles ; Signes communs et naturels, Où les âmes incorporelles Se tracent aux sens corporels. […] Le fantastique en effet n’est autre chose qu’une folle réminiscence, une charmante étourderie, un caprice étincelant, quelquefois un effroyable éclair sur un front serein ; c’est un jeu à la surface dont l’invisible ressort gît au plus profond de l’âme de la Muse. Que les faciles et soudains mouvements de cette âme se ralentissent et se perdent ; que ce jeu de physionomie devienne calculé et de pure convenance ; qu’on sourie, qu’on éclate, qu’on grimace, qu’on fasse la folle à tout propos, et voilà la Muse devenue une femme à la mode, sotte, minaudière, insupportable ; c’est à peu près ce qui arriva de l’art au xviiie siècle.
Il eût été digne de connaître face à face ce génie qu’il admirait confusément, et d’allumer son âme au tonnerre même. Dans le temps où il travaillait à sa pièce du Roi Léar, il écrivait : Nous portons, nous autres, des volcans dans notre âme : nous sommes lions ou colombes. […] J’ai soin de mes deux santés : je tâche de les faire marcher ensemble, et de n’avoir mal ni à l’âme ni au corps. […] Je vous assure que mon âme, autrefois si avide d’impressions, actuellement s’y dérobe par faiblesse, et ne peut supporter ce qui l’émeut trop et ce qui l’agite. […] Son âme forte et riche, un peu rude de surface, n’acquit toute sa saveur et sa maturité qu’à un âge très avancé.
La foi que les Grecs avaient à de telles causes, donnait nécessairement moins d’indépendance et de variété aux affections de l’âme. […] Eschyle ne présente aucun résultat moral : il n’unit presque jamais par des réflexions la douleur physique16 à la douleur de l’âme. Un cri de souffrance, une plainte sans développement, sans souvenir, sans prévoyance, exprime les impressions du moment, montre quel était l’état de l’âme avant que la réflexion eût placé au dedans de nous-mêmes un témoin de nos mouvements intérieurs. […] On voit dans ces trois auteurs et leur talent personnel, et le développement de leur siècle ; mais aucun d’eux n’atteint à la peinture déchirante et mélancolique que les tragiques anglais, que les écrivains modernes nous ont donnée de la douleur ; aucun d’eux ne présente une philosophie sensible, aussi profondément analogue aux souffrances de l’âme. […] Il arrive quelquefois que les dogmes mythologiques ajoutent, dans les ouvrages des anciens, à l’effet des situations touchantes ; mais plus souvent la puissance de ces dogmes dispense du besoin de convaincre, de remonter à la source des émotions de l’âme ; et les passions humaines ne sont plus alors ni développées, ni approfondies.
Cela me désoriente et me scandalise que le poète des Blasphèmes ait eu le front de nous montrer de si braves gens, des âmes si vraiment religieuses et si entièrement soumises à la loi du devoir. […] Et j’ai songé : « Admirons les effets de la grâce divine, ou simplement peut-être de cette douceur, de cet assagissement, de cette résignation, de cette sérénité qu’apporte l’expérience aux âmes bien nées ! Juste au moment où Maurice Bouchor fait sa prière à tous les dieux, voilà que l’homme aux yeux d’or et à la peau cuivrée, qui a si savamment rugi les Blasphèmes, s’attendrit à son tour, et qu’il se penche avec respect sur de bonnes âmes, aryennes jusqu’à la plus scrupuleuse vertu… Je vais maintenant guetter le Courrier français. […] Il a l’âme ouverte à tous les sentiments de la vie, et il les mêle — et fougueusement — à ses peintures. […] Respectons les joies simples des simples et ne médisons pas des albums d’Épinal en qui leurs âmes trouvent, malgré tout, des motifs de rêve et de désintéressement.
Cette femme, qui n’était pas un bas-bleu, quoiqu’elle ait écrit, cette femme qui heureusement pour elle n’était qu’une femme et non pas un homme, comme le disaient les hommes, lesquels en disant cette sottise, croyaient lui faire un compliment, et à eux aussi, cette vraie femme de Mme de Staël, d’un cœur si passionné et si sincère et d’une sagacité si enflammée, est morte sans avoir révélé tout ce qu’elle avait, sans doute, vu dans l’âme et dans l’esprit de lord Byron. […] Villemain, cette absence d’âme, pour juger l’âme la plus orageuse qui ait jamais secoué un homme ! […] que dirait le grand poëte qui a écrit sur les bleues de son pays tant de choses d’une moquerie et d’une justesse meurtrières, en voyant un bas-bleu le raconter, le traduire, l’interpréter, vouloir creuser dans son âme et dans son génie ! […] Lord Byron qui, comme quelques-uns de ses héros, est resté par bien des côtés un mystère, après ce livre, continuera d’en être un… Il semblait cependant qu’une femme, une nature de femme, ne devait pas être entièrement incapable de comprendre quelque chose à cette âme de lord Byron, à cette âme violente et douce, égoïste et magnanime, contradictoire comme toutes les femmes de la terre, et qui avait les deux sexes comme Tirésias.
Esprit médiocre, n’ayant pour tout talent que la gravité de son état, âme de rhéteur, doctrine trop souvent erronée, le cardinal de Bausset pouvait nous raconter Bossuet, mais le montrer vivant ou le juger, cela lui était impossible. […] Mais le bonheur de Goethe tient surtout à l’insensibilité de son âme, tandis que sous la croix pectorale de Bossuet il y avait un cœur qui pouvait être déchiré… Cette incroyable félicité de Bossuet commença pour lui avec la vie. […] Famille, vocation, facultés, mouvement naturel à son âme, tout était d’accord et le poussait du même côté, — du côté de Dieu. […] Avec un regard très fin et très juste de critique qu’on ne s’attendait pas à trouver embusqué dans le fourré d’une érudition si profonde, Floquet a très bien vu l’influence de la vie intime et cachée sur le génie de Bossuet et sur son âme. […] En psalmodiant David ou en méditant Jérémie, sous ces vitraux devenus obscurs, au déclin de complies où l’Esprit de Ténèbres — dit le Psaume — rôde de plus près autour de nous, Bossuet s’assimilait par l’intelligence une tristesse qui ne devait jamais atteindre la sérénité de son âme, et qu’il devait pourtant exprimer !
La douleur fait de ces terribles jachères dans nos âmes. […] Eh bien, c’est après avoir lu cette pièce de L’Arbre devenu vieux et celle de la Soif de l’infini, qu’on se demandera comment une pareille âme de poète peut se pelotonner assez pour vouloir tenir dans ce mouchoir de poche d’un sonnet… et s’escamoter dans ce mouchoir ? […] Il s’est plaint, avec la passion d’une âme enfermée sous une écorce, de ces choses de Dieu qui nous écrasent : l’immobilité et l’éternité. […] L’âme, chez lui, tient encore une plus grande place… Il aime le soleil, mais il n’en est pas le Memnon. […] On pourrait faire une anthologie, à l’usage des âmes qui ont souffert et qui se souviennent, avec beaucoup de vers de Jules de Gères, trempés, imbibés et parfumés de mélancolie, ayant la séduction amère et douce de la mélancolie : Cette séduction intime, sœur des larmes, Et qui va droit au cœur de quiconque a pleuré.
Amédée Pommier fut lié de bonne heure avec Victor Hugo, et il le fut tard ; car cette âme profonde et fidèle ne se détachait pas. […] Le proverbial genus irritabile vatum n’existait pas pour Amédée Pommier, pour ce poète encore plus exceptionnel par son âme que par son talent. […] C’est, sans nul doute, de vivre entre elles deux, qui lui avait donné cette tranquillité d’âme avec laquelle il avait accepté une destinée littéraire que les hommes de son temps auraient dû lui faire plus brillante. […] La merveille, c’est que ces notes soient distinctes et pénètrent dans nos âmes comme la pointe aiguë d’un ciseau dans le marbre. […] L’impression de cela ne peut pas s’écrire, et bien des âmes en furent remuées.
Le pouvoir des nobles, qui pendant plusieurs siècles combattit le pouvoir des rois, ne donnait point aux âmes l’élévation et le genre d’activité dont elles ont besoin pour les lettres. […] Elle eut la fermeté d’un moment, qui conçoit et fait de grands sacrifices, et n’eut pas cette fermeté plus rare qui soutient l’âme par sa propre force, quand elle n’est plus animée par les regards et par l’effort même que demande tout ce qui est difficile. Son amour pour la gloire était plutôt une coquetterie inquiète, qui tenait à l’esprit, qu’un de ces sentiments profonds qui subjuguent l’âme et la remplissent : aussi obtint-elle plus de célébrité que de gloire. […] Chez un peuple barbare ou qui cesse de l’être, et où l’on commence à écrire, les orateurs et les poètes sont avertis de leurs talents par leurs passions, et par les secousses que des objets extraordinaires donnent à leur âme. […] L’orateur qui, au bout de quinze cents ans, veut ou croit employer cette langue, a donc deux torts ; il ne peut bien apprécier la valeur des signes, et les signes ne peuvent recevoir l’empreinte de son esprit et de son âme, qu’il voudrait leur donner.
C’est là que je respirais la sainte componction de la douleur de l’âme chrétienne dans la statue de la Madeleine, statue pour ainsi dire d’une âme et non d’une femme, où le corps s’évanouit pour laisser apparaître l’âme, contresens sublime de la sculpture, qui n’exprime ordinairement que des formes et de la beauté. […] Quiconque a vu ce bloc gigantesque, qu’on admire aujourd’hui dans la galerie du prince Torlonia à Rome, sent que la force et la grâce sont sœurs dans l’âme des puissants génies. […] La sagesse et la terreur divines descendent de toutes les hauteurs de ce front, de tous les poils de cette barbe, de tous les plis de ce vêtement sur l’âme du spectateur. […] Le saint est l’idéal du christianisme, parce que la sainteté est le beau dans l’âme ! […] Or, voyager, c’est traduire ; c’est traduire à l’œil, à la pensée, à l’âme du lecteur, les lieux, les couleurs, les impressions, les sentiments que la nature ou les monuments humains donnent au voyageur.
Durant plusieurs générations, les seigneurs de Mauréac, du Parlement de Bretagne, ont occupé une des quatre charges de présidents aux enquêtes, presque toujours « ordonnés pour tenir la Tournelle », — honneur redoutable que justifiaient d’ailleurs des travaux successifs sur les édits criminels, par suite une connaissance héréditaire des âmes scélérates et une pratique familiale de la question « selon l’usage de Rennes », c’est-à-dire de la torture par brûlement des pieds et des jambes. […] Moyennant quoi l’on voit se dégager à demi des ténèbres qui les rendent redoutables quelques-unes des lois qui semblent présider au développement moral du monde : lois de solidarité, de réversibilité, de responsabilité collective, d’expiation familiale ; et par suite on entrevoit d’étranges communications, non encore définies, des âmes entre elles et de celles des vivants avec celles des morts, de subites et effrayantes lacunes de la personnalité et de l’identité du moi, et des sortes de substitutions de consciences […] Et ces châtiments d’innocents offensant en nous une irréductible idée de justice, comment ne ferions-nous pas ce rêve d’une transmission et d’une réincarnation des âmes Mais cela n’arrange rien du tout, puisque ces âmes ne se doutent point qu’elles ont déjà vécu ni qu’elles rachètent leurs fautes antérieures… — Laissez-moi tranquille !
L’épisode de Ruth, raconté dans la grotte sépulcrale où sont ensevelis les anciens patriarches, a de la simplicité : On ne sait qui des deux, ou l’épouse ou l’époux, Eut l’âme la plus pure et le sort le plus doux. […] Les hommes qui se consacrent au culte des Muses se laissent plus vite submerger à la douleur que les esprits vulgaires : un génie puissant use bientôt le corps qui le renferme : les grandes âmes, comme les grands fleuves, sont sujettes à dévaster leurs rivages. […] Ces globes habités par des êtres différents de l’homme, cette profusion d’anges, d’esprits de ténèbres, d’âmes à naître, ou d’âmes qui ont déjà passé sur la terre, jettent l’esprit dans l’immensité.
Qui n’a pas, au lointain de son âme, un porche d’église illuminée au fond d’un village sur lequel tombe la neige ? […] Cette heure faisait le lien des âmes. […] On connaît le camarade qui l’entonné ; on l’a vu souffrir, être un brave ; on sait que son âme est simple, pure, fraternelle, Tout s’achevait et s’épurait dans la Marseillaise. […] Au cours de cette nuit qui mérite de demeurer comme une cime dans l’histoire religieuse de l’humanité, l’âme déploya ses ailes au-dessus du corps sacrifié.
Il lisait Byron, soyez en sûr, bien moins dans le texte anglais que dans ses propres sentiments à lui et dans son âme. […] De là des hauts et des bas continuels, des alternatives de beau temps et d’orage qui transportent ou abattent l’âme humaine. […] corps où rien n’est immonde, Âme où rien n’est impur ! […] Toute notion de droit, tout respect de la propriété semblaient éteints dans nos âmes. […] Dans la seconde, rajeuni par Méphistophélès, plein d’une sève juvénile que le malin esprit lui a communiquée en échange de son âme, Faust se jette tête baissée et cœur béant dans le tourbillon de la vie ; mais au fond, on sent que sa joie n’est pas celle d’une âme naïve.
Il n’est point accordé de terme aux âmes condamnées !… Pourquoi n’es-tu pas un être créé sans âme ? ou pourquoi est-elle immortelle, cette âme que tu as ? […] Assiste-moi, mon Dieu, et reçois mon âme ! […] Cette âme altière était pourtant ouverte à de plus douces émotions.
La machine à vapeur et la mull-jenny élèvent en Angleterre des villes de trois cent, de cinq cent mille âmes. […] Son âme était trop pleine, il n’avait pas besoin d’aller bien loin chercher des sujets. […] Comment pourrait-il découvrir ou oserait-il montrer la structure des âmes barbares ? […] Pour les âmes ainsi faites, la grande consolation, c’est la nature. […] Ce poëme, qui est l’histoire d’une plante, est aussi l’histoire d’une âme, l’âme de Shelley, la sensitive.
Rambosson n’ait pas cru devoir nous présenter ses poèmes dans l’apparente incohérence de leur chronologie ; il a préféré les motiver par des sous-titres qualificatifs : Dans le Bruit du Vent ; Ritournelles de More, d’Âme d’Orgueil, d’Âme légendaire, etc. Cependant il est permis de saisir l’âme de M.
Mais les divisions ne tardèrent pas de se produire, et les secousses croissantes déjouèrent presque aussitôt ce premier entrain de son âme. […] C’est aussi dans la même épreuve que cette âme sérieuse se trempait à la vertu. […] Ainsi le combat allait bien à cette âme ; elle naissait à la passion sérieuse du vrai, à la chaleur de la raison. […] Jouez, jouez, âmes écloses ; Croyez au sourire des choses Qu’un matin d’or vient empourprer ! […] Voilà pourquoi je ne puis plus soutenir au spectacle, ou dans les romans, ou dans les poëmes, sous les noms de Tancrède, ou de Zaïre, ou d’Othello, ou de Delphine, n’importe, la vue des grandes douleurs de l’âme ou de la destinée.
Il y aura des secrets encore, et encore des chants nouveaux pour la dernière âme de poète. […] Pourquoi pas alors, à la place de l’immortalité de l’âme, un sujet plaisant, par exemple ? […] Pendant qu’il vous parle, votre âme est ailleurs. […] L’âme en songes de gloire ou d’amour se consume. […] Que dirai-je des effets de cette littérature sur les âmes ?
. — Albertus ou l’Âme et le Péché (1833). — Les Jeune-France (1833). — Mademoiselle de Maupin (1835). — Fortunio (1838). — La Comédie de la Mort (1838) […] Jules Barbey d’Aurevilly Il y a enfin une âme ici (dans Émaux et camées), une âme ingénue et émue dans cet homme voué, disait-il, au procédé ! […] Homère, Âme, et du haut de Dieu tu vas voir Jéhovah. […] Ton âme a donc rejoint le somnolent troupeau Des ombres sans désirs, où t’attendait Virgile, Toi qui, né pour le jour d’où le trépas t’exile, Faisais des Voluptés les prêtresses du Beau ! […] les dieux (si les dieux y peuvent quelque chose) Devraient ravir ce corps dans une apothéose, D’incorruptible éther l’embaumer pour toujours ; Et l’âme, l’envoyer dans la Nature entière Savourer librement, éparse en la matière, L’ivresse des couleurs et la paix des contours !
Gall répond qu’on ne voit pas pourquoi l’âme ne se servirait pas de plusieurs organes tout aussi bien qu’elle se sert d’un seul. Lors même que le cerveau ne serait pas un organe complexe, un composé d’organes, il n’en est pas moins, puisqu’il est matériel, un tout composé ; or, l’unité de l’âme n’est pas compromise par cette multiplicité de parties : pourquoi le serait-elle par la multiplicité des organes ? […] Que ces localisations soient plus ou moins générales, cela importe peu ; toujours est-il que l’âme manifeste son activité par plusieurs organes différents, car on ne peut nier que la sensibilité et la coordination des mouvements n’appartiennent à l’âme aussi bien que l’Intelligence. […] L’école cartésienne même, suivant en cela les traces de l’école thomiste, définissait les passions « des mouvements de l’âme liés à des mouvements corporels ». […] La seconde faute des phrénologues est d’avoir compliqué leur hypothèse physiologique de ce qu’ils appelaient la crânioscopie, qui consistait, comme on sait, à reconnaître et à mesurer les facultés de l’âme par l’inspection extérieure du crâne.
Qui n’aurait cru que cette âme, haute et passionnée, minée par le travail et vaincue par les événements, allait plier sous la défaite et s’éteindre dans le désespoir ? […] C’est la sublimité de sa nature que son âme entrevoie l’infini et y aspire ; c’est l’infirmité de la condition actuelle que sa science se renferme dans le monde fini où il vit. […] Le problème c’est la complexité, la dualité de l’être humain, physique et moral, âme et corps. […] Le comment de cette action reste un mystère ; l’action est certaine et répond au besoin de l’âme. […] Il a changé le monde ; il a régénéré l’âme humaine.
Comme ils jouissent à leur aise, en fait de réputation, d’une fortune bornée, mais très suffisante pour eux, et que personne ne leur dispute, ils se piquent, entre autres qualités, d’un grand zèle patriotique pour la littérature ; car le patriotisme dans les âmes vulgaires (je ne dis pas dans les grandes âmes) n’est guère que le sentiment de son bien-être, et la crainte de le voir troubler. […] Il en est de même de l’homme ; sans cesse le penchant le ramène au repos, et sans cesse l’agitation que ses désirs lui ont imprimée, l’en fait sortir pour le chercher encore, jusqu’à ce que son âme, usée peu à peu par ces désirs mêmes, et par la résistance qu’elle a éprouvée pour les satisfaire, jouisse enfin d’une triste et tardive tranquillité. […] Le trésor des remèdes de l’âme ; mais le trésor des remèdes de l’âme ne me paraît pas plus riche que tant de vastes pharmacopées qui annoncent des remèdes pour tous les maux du corps, et qui guérissent fort peu de malades. […] Tant pis pour vous cependant, si Corneille et Bossuet ne vous ont pas élevé l’âme, si Racine ne vous a pas arraché des larmes, si Molière ne vous a pas paru le plus grand peintre du cœur humain, si vous ne savez pas. […] Une partie de votre âme se rassasiait jusqu’au dégoût, tandis que l’autre périssait d’inanition ; vous auriez dû pressentir qu’un plaisir unique, auquel on se livre sans réserve, est trop sujet à s’user, et que le bonheur est comme l’aisance, qui se conserve par l’économie.
Mais, excepté quelques âmes pieuses et mystiques, qui donc garda, pour la rappeler, l’impression de ce livre, un des plus impressifs pourtant qui aient jamais été écrits ? […] C’est une question d’édification et d’âme, toute de lui à Dieu, et qui ne regarde en aucune sorte messieurs les journalistes contemporains. […] Cazalès n’a songé qu’à glorifier, devant Dieu et devant ceux qui l’aiment, une de ces âmes, rares parmi les Saints eux-mêmes, et comme on en peut compter une cinquantaine au plus, parmi ces milliers de Saints, nés au giron fécond de l’Église catholique, depuis dix-huit cent soixante-dix-sept ans ! […] Et parce que la cause de ce résultat est surnaturelle, faut-il renoncer à caractériser, comme nous le ferions dans un poëte inconnu s’il venait à naître, le genre de beauté qu’elle a laissé derrière elle à la Critique et à la Littérature, ces deux jouisseuses, dont l’adorable âme en Dieu qu’elle était, cette sœur Emmerich ne se doutait pas ! […] Mais heureusement pour nous, et j’ose dire heureusement pour elle, — car l’âme des saints doit être avide, même dans le ciel, de faire, par leur exemple, d’autres saints sur la terre, — il y eut dans sa vie, toujours cachée ou empêchée, le hasard providentiel de la rencontre d’un poëte et d’un cœur religieux, sans lequel nous n’aurions aujourd’hui ni l’immense poëte qu’elle fut, elle, ni la sainte aux grâces transcendantes, que M.
Une âme ! […] De ce petit cadre ciselé dans l’or, ôtez l’âme ; que restera-t-il ? […] L’âme éclaire, illumine, colore, ennoblit tout cela. […] Il prend l’âme à ce moment rapide où elle s’absorbe en ce Dieu dont elle émane, et il fixe ce moment pour en faire l’état normal permanent, officiel, dogmatique, de cette âme. Ce n’est pas tout encore : au lieu de voir dans cet acte volontaire, spontané, de l’âme qui s’élève vers Dieu, une preuve qu’il y a là deux termes distincts, l’âme et Dieu, l’être créé et le Créateur, il les confond en un seul être ; et de cette prise de possession de la divinité par l’âme, il déduit sa doctrine, qui fait de l’âme une portion intégrante de la Divinité.
Et une âme morte c’est aussi une âme extrêmement habituée. […] Une âme morte est une âme extrêmement habituée. […] Une âme morte est une âme habituée à la limite. […] Une âme morte est une âme trop bourrée de son passé. […] Une âme morte est une âme résiduelle à la limite.
L’âme du monde féodal se dissout : les principes qui faisaient sa force, se dessèchent ou se corrompent. […] Elle se dissout ou se dessèche ; l’âme et la sève s’en retirent. […] Mais dans tout cet esprit, tout cet art, il n’y a pas un grain de poésie : ni intimité, ni personnalité : pas un mot qui sorte de l’âme ou la révèle. […] Leurs besoins, leurs souffrances, leurs aspirations, leur âme, cela ne l’occupe pas ; il ne s’en doute pas. […] Je ne sais combien de choses, du reste, et de gens il a en aversion : grogner est la disposition habituelle de son âme.
Je ne pense pas qu’il y ait eu, même parmi les saints, une âme plus incapable d’ironie ou d’observation malveillante que l’âme angélique de Marceline. […] Il me semble que je les ai reçues trois fois, tant mon âme en est pleine ! […] Mais quelle âme ! […] Il ne faut pas éclater en sanglots devant ces âmes harmonieuses qui chantent pour consoler le monde. […] C’était une société à souhait pour son âme frôleuse de confesseur laïque.
Il y a toujours sans doute beaucoup de tendresse et de douce intimité dans les lettres du philosophe à sa maîtresse ; mais la passion éclatante, épurée, et par moments sublime, a disparu dans une causerie plus molle, plus patiente, plus désintéressée ; les nouvelles, les anecdotes, les conversations sur toutes choses, s’y trouvent comme auparavant ; une analyse ingénieuse et profonde du cœur y saisit toujours et y amuse ; mais la verve de l’esprit supplée fréquemment à la flamme attiédie de la passion ; un gracieux commérage, si l’on peut parler ainsi, occupe et remplit les heures de l’absence ; on s’aime, on se le dit encore, on ne sera jamais las de se le dire ; mais par malheur les cinquante ans sont là qui avertissent désagréablement le lecteur et le désenchantent sur le compte des amants ; les amants eux-mêmes ne peuvent oublier ces fâcheux cinquante ans qui leur font l’absence moins douloureuse, la fidélité moins méritoire, et qui introduisent forcément dans l’expression de leurs sentiments les plus délicats, je ne sais quelle préoccupation sensuelle qui les ramène à la terre et les arrache aux divines extases de l’âme où s’égare et plane en toute confiance la prodigue jeunesse. […] Pour l’amour noble, idéal, comme pour la poésie, il n’y a que deux âges, jeunesse et vieillesse ; dans l’intervalle, quand l’amour profond et passionné existe, il faut qu’il se cache et se garde des témoins ; il intéresse malaisément un tiers ; il se complique de mille petitesses et misères du corps et de l’âme, d’obésité, d’ambition : on a peine à y croire, on ne peut l’admirer. Lamartine a dit, en parlant du souffle de la poésie : Ce vent qui sur nos âmes passe, Souffle à l’aurore ou souffle tard ; Il aime à jouer avec grâce Dans des cheveux qu’un myrte enlace Ou dans la barbe du vieillard. […] Entre ces limites, l’intérêt le plus gracieux, celui des jeunes filles et des jeunes gens qui n’ont pas encore aimé, est surtout pour l’amour jeune, adolescent, plein de pudeur et de mystère, pour le premier et le plus frais amour ; l’admiration et la sympathie des âmes fortement remuées par les passions s’attachent de préférence à l’amour plus complet, plus sévère et aussi plus fatal, tel qu’il éclate souvent au milieu de la virilité ou même sur le déclin, résumant et consumant du dernier coup toutes les puissances de notre être. […] Diderot, qui avait déjà aimé plus d’une fois et avec passion, mais qui avait fini par trouver à sa femme trop peu d’esprit, et à madame de Puisieux trop peu d’honneur, recueillit toute son âme, toute sa chaleur égarée de cœur et de vertu, toutes ses facultés surabondantes de sensibilité et de génie, pour les consacrer à tout jamais au seul être qu’il en jugeât digne.