A l’âge normal de la virginité, cet isolement du monde, nécessaire à la croissance de l’individualité physique, est une source de force et de profit, loin d’être néfaste. […] L’homme qui dès lors, a l’âge de l’amour, se livre aux voluptés solitaires et s’enferme en son propre être, ne jouit que de lui-même, de son pauvre et triste moi. […] Infiniment las et vieilli avant l’âge, sa mélancolique existence s’assombrit de plus en plus, parfois même jusqu’à la folie ou au suicide. […] » Il nous faut ici faire une remarque : que le jeune garçon, à l’âge de la croissance physique et du développement cérébral, soit momentanément plus « intellectuel » que le jeune homme qui fait ses premières armes sur le terrain de l’amour, cela, je ne le nie pas.
La chute et les légendes héroïques de l’Empire ouvrirent une source nouvelle aux imaginations françaises ; et, sans partialité contemporaine, il faut, dans l’époque qui suivit, reconnaître un âge poétique. […] Ce qui restait de cet éclat réfléchi sur la première moitié de l’âge suivant ne jeta plus, après Rocroi, qu’une pâle et funèbre lueur, sous ces voûtes de l’Escurial où s’endormit plus tard une race française, également déchue de son origine et de sa conquête. […] Ne paraîtra-t-elle pas souvent, jusque dans son abondance native, une imitation de notre art moderne, et ne nous rendra-t-elle pas comme une image affaiblie de notre dernier âge poétique ? […] Mais dona Gomez, avec la maturité de l’âge et de la douleur, trouva mieux encore dans son âme, et l’indépendance même de la pensée vint donner à ses vers un accent original.
Tout amoureux qu’ils étaient cependant des âges chevaleresques et monarchiques, des légendes et des prouesses, le spectacle de nos exploits et de nos désastres récents, les grandes révolutions contemporaines, surtout la merveilleuse destinée de Napoléon et sa double chute, les avaient fortement remués : champions du vieux temps, et remplis d’affections modernes, ils étaient novateurs, même en évoquant le passé. […] Né dans les camps, élevé au milieu de nos guerriers, il avait de bonne heure parcouru l’Europe à la suite de nos drapeaux ; son jeune cœur était déjà oppressé d’une foule d’ineffables sentiments, à l’âge ordinaire des jeux et de l’insouciance.
Elle était avant nous, elle survit aux âges ; Elle n’est point à l’homme, et ses propres nuages Ne l’obscurciront pas. […] L’Hymne au Christ respire une pieuse et filiale inquiétude sur l’avenir humain de la religion ; le poëte ressent profondément la plaie du christianisme dans notre âge : Ô Christ !
Votre âge ne vous permet pas l’hésitation. […] Ils vous annonceront des déconvenues ; ils vous diront que la vie ne tient pas ce qu’elle promet, et que, si on la connaissait quand on s’y engage, on n’aurait pas pour y entrer le naïf empressement de votre âge.
D’abord calviniste, il fit abjuration dans un âge assez tendre. […] A l’âge de plus de 50 ans, dès qu’il en arrivoit à Roterdam, il s’affubloit de son manteau, couroit à ce spectacle comme un enfant, & il étoit le dernier à se retirer.
Admirons en tout ceci la Providence divine qui, nous ayant donné comme pour la garde de notre corps des sens, à la vérité bien inférieurs à ceux des brutes, voulut qu’à l’époque où l’homme était tombé dans un état de brutalité, il eût pour sa conservation les sens les plus actifs et les plus subtils, et qu’ensuite ces sens s’affaiblissent, lorsque viendrait l’âge de la réflexion, et que cette faculté prévoyante protégerait le corps à son tour. On doit comprendre d’après ce qui précède, pourquoi les descriptions héroïques, telles que celles d’Homère, ont tant d’éclat, et sont si frappantes, que tous les poètes des âges suivants n’ont pu les imiter, bien loin de les égaler.
Il fut heureux, mais nous avons peu de détails sur cette époque de sa vie, qui dura moins longtemps que ses jours agités ; il perdit par la mort cette femme, mère de ses deux enfants, avant qu’ils eussent l’âge de connaître leur mère. […] Il y jouissait des égards que son âge et la célébrité de l’auteur de Paul et Virginie lui assuraient partout. […] Elle ignorait la nature du sentiment qu’elle avait pour lui ; était-ce un dieu qui lui apparaissait sur la terre dans une forme qui n’avait point d’âge et dont la chevelure blonde semblait parer l’immortalité ? […] Son cœur, que l’infortune avait gardé pur, et qui était, pour ainsi dire, conservé jeune dans la glace du malheur, avait la pudeur timide de l’âge et ne s’avouait pas ce qu’il éprouvait pour cette enfant. […] C’était gracieux comme son âge et poétique comme son sujet.
Le crédit des mères des rois de Perse est grand, tandis qu’ils sont en bas âge, et la mère d’Abas II en avait aussi un fort grand, et qui était des plus absolus. […] On le lui menait toujours le plus proche qu’il se pouvait du lieu où était le roi, à cause de son grand âge et de ses infirmités, et afin qu’il eût moins de pas à faire. […] On dit que le mari étant parvenu à l’âge de soixante-dix ans, on le faisait entrer dans le sérail, à l’occasion de quelques maladies difficiles et dangereuses, comme n’y ayant plus rien à craindre d’un vieillard de cet âge ; mais sa femme, remarquant qu’on ne voulait plus recevoir que les ordonnances qu’il faisait, et qu’elle allait perdre son crédit, dit un jour au roi que son mari venait d’engrosser une jeune esclave de dix-huit ans, sur quoi il ne lui fut plus permis de voir les femmes du sérail. […] Ce premier ministre ayant prononcé ces paroles avec une grande démonstration de douleur, et avec un air plein de majesté, qu’à l’âge de soixante ans il a merveilleuse et insinuante, se tut, comme attendant que quelqu’un parlât et donnât son avis. […] Hamzeh-Mirza lui-même, pour qui vous avez prostitué vos consciences, ne vous en saura pas de gré un jour ; il vous regardera comme des chiens, qui ne lui auront procuré cet honneur que dans le désir de faire curée, et qui, dans l’espérance de s’engraisser pendant son bas âge, auront laissé Dieu et la loi, le Prophète et le livre, l’explication, la droite raison et la justice.
Les vraies beautés ne sont pas ainsi, les vrais talents encore moins : ils se renouvellent, s’augmentent longtemps, se soutiennent et varient avec les âges. […] Le grand poète lyrique, à cet âge de calme et de mélancolique puissance, s’il se dérobe un instant aux obsessions des affaires et du monde pour remettre le pied dans ses solitudes, sent donc aussitôt et à chaque pas déborder en lui des chants involontaires ; il les livre comme la nature fait ses germes, il ne les compte plus. […] Jocelyn, c’est Paul lui-même, c’est Lamartine à cet âge, c’est notre adolescence à tous dans sa fleur d’alors développée, épanouie. […] quand son enfant sera d’âge, nous dit-il en finissant, son cher petit, bégayant encore, et qui sait déjà reconnaître l’étoile du soir, comme il le réjouira avec de tels sons ! […] Dans son dernier recueil, Wordsworth, comme Lamartine, se montre accessible aux progrès futurs de l’humanité ; et, à son âge, et poëte comme il l’est de la poésie des bois, des lacs, de la poésie volontiers solitaire, son mérite d’acceptation est grand.
Ce sentiment, qui paraît être excité surtout aux époques de grande concurrence et de plénitude, au second ou au troisième âge des littératures très-cultivées, sentiment utile et bon, à vrai dire, en tant qu’il n’est qu’avertissement et aiguillon, devient faux s’il renferme une crainte sérieuse et une tristesse jalouse. […] Vers l’âge de douze ans, il jouait la tragédie en grec à sa pension, dans les exercices de la fin de l’année ; il sait encore et récite aujourd’hui à nos oreilles un peu déconcertées tout son rôle d’Ulysse, de la tragédie de Philoctète. […] Cousin en philosophie ; ainsi, d’un âge un peu moindre, toute cette partie stoïque et puritaine de l’École normale, les Jouffroy, Dubois, etc… ; ainsi plus jeune nous-même, à la suite de nos amis, avons-nous fait en notre temps. […] Villemain au milieu des chaleureux et systématiques de son âge ; ainsi eût été parmi ses contemporains plus ardents M. […] Son inspiration, sa gloire, c’est d’étudier, de ranimer et d’éclairer les monuments accomplis des âges.
MADAME DE KRÜDNER197 Dans les personnes contemporaines dont les productions nous ont amené à étudier la physionomie et le caractère, nous aimons quelquefois à chercher quels traits des âges précédents dominent, et à quel moment social il serait naturel de les rapporter comme à leur vrai jour. […] Ses passions, ses tendresses et ses gaietés lui faisaient encore trop de bruit dans cet âge heureux pour qu’elle entendît autre chose. […] Mme de Montolieu est encore ainsi : Caroline de Lichtfield, qui a tant charmé une première fois à quinze ans, ne peut se relire, pas plus que Claire d’ Albe ; Valérie, au contraire, a un coin durable et à jamais touchant ; c’est une de ces lectures qu’on peut se donner jusqu’à trois fois dans sa vie, aux différents âges. […] Comme on retrouve là cette frêle et tendre adolescence jetée au bord de l’abîme, cette nature d’âme aimable, mystique, ossianesque, parente de Swedenbourg, amante du sacrifice, ce jeune homme qui, comme René, a dépassé son âge, qui n’en a su avoir ni l’esprit, ni le bonheur, ni les défauts, mais que le Comte, d’une voix moins austère que le Père Aubry pour Chactas, conviait seulement à ces douces affections qui sont les grâces de la vie, et qui fondent ensemble notre sensibilité et nos vertus ! […] Le séjour à Berlin, l’intimité avec la reine de Prusse, et les événements de 1806, y mirent le comble ; c’est vers ce temps, en Suède, je crois, au milieu d’une vie encore toute brillante, mais à l’âge où l’irréparable jeunesse s’enfuit, qu’une révolution s’opéra dans l’esprit de Mme de Krüdner ; qu’un rayon de la Grâce, disait-elle, la toucha, et qu’elle se tourna vers la religion, bien que pourtant d’abord avec des nuances légèrement humaines, et sans le caractère absolu et prophétique qui ne se décida que plus tard.
Cet instinct est surtout développé dans tous ces êtres chantants par les circonstances intérieures ou extérieures de leur vie, par l’âge, par les climats, par les saisons. […] Le vin, modérément, mais libéralement distribué par rations inégales, selon le travail et l’âge, brillait dans les verres. […] Ce Daphnis était un jeune toucheur de bœufs du château, que mon oncle avait pris par charité à une pauvre veuve du village d’Arcey, et qui, de berger de chèvres, était devenu avec l’âge toucheur de bœufs. […] Didier m’aimait beaucoup, je l’aimais moi-même comme celui qui était le plus rapproché de mon âge parmi les serviteurs de la ferme. […] Des yeux rêveurs, une bouche pensive, des dents de lait, petites, rangées dans leurs alvéoles roses comme celles d’un agneau à sa première herbe ; un teint que l’ombre perpétuelle des feuilles dans ce pays de forêts conservait aussi blanc, mais moins délavé, que celui d’une enfant des villes ; une taille ferme, des bras ronds, des mains effilées, des pieds cambrés et délicats, qui brillaient comme deux pieds de marbre d’une statue quand elle les plongeait nus dans le courant de la source en lavant les toisons dans l’eau courante ; un caractère doux, sérieux avant l’âge ; des silences, des rougeurs, des timidités qui la faisaient aimer de toutes ses compagnes et respecter de tous ses compagnons de travail dans la maison et dans les champs, telle était la Jumelle.
« Il faisait fournir des barques et des canots à ceux qui voulaient fuir ; il anéantissait les lettres et les notes qui auraient pu servir de témoignage du zèle qu’on avait montré pour lui, des injures qu’on avait proférées contre Vitellius ; il distribuait des gratifications avec mesure, et nullement comme un homme qui n’a rien à ménager après lui ; ensuite il s’appliqua à consoler le fils de son frère, Salvius Coccéianus, enfant en bas âge, qui tremblait et qui pleurait, louant sa tendresse, gourmandant son effroi, l’assurant que le vainqueur ne serait pas assez barbare pour refuser la grâce de ce neveu, à lui, qui avait conservé à Rome toute la famille de Vitellius, et qui allait, par la promptitude de sa propre mort, mériter la clémence de ce rival : car ce n’était point, ajoutait-il, dans une extrémité désespérée, mais à la tête d’une armée demandant à combattre, qu’il épargnait volontairement à la république une calamité nouvelle ; qu’il avait assez de renommée pour lui-même, assez d’illustration pour ses descendants ; que le premier, après les Jules, les Claude, les Servius, il avait porté l’empire dans une nouvelle famille ; que son neveu devait donc accepter la vie avec une noble assurance, sans oublier jamais qu’Othon fut son oncle, et cependant sans trop s’en souvenir. » VIII « Après ces soins donnés aux autres, il prit quelques moments de repos. […] Rassuré un moment sur les dispositions de ce général, ajoute Tacite, Vitellius et son armée, se croyant sans compétiteur, se vautraient à Rome dans tous les excès de cruauté, de pillage et de débauche dont ils avaient rapporté l’habitude de leur long séjour chez les barbares. » XI Pendant ces désordres, Vespasien, mûri par l’âge et par sa sollicitude pour ses deux fils, délibère avec lui-même s’il cédera au vœu de ses légions, qui le provoquent à l’ambition du pouvoir suprême. […] Il avait une mère affaissée par les années, qui toutefois, par une mort opportune, échappa, peu de jours avant, au spectacle de la catastrophe de sa maison, n’ayant gagné elle-même à la souveraineté de son fils que des chagrins et une estime générale. » XVIII « Le 15 des calendes de janvier, à la nouvelle de la défection des légions et des cohortes à Narni, Vitellius sort de son palais, vêtu de deuil et entouré de sa famille éplorée ; on portait près de lui, dans une petite litière, son fils en bas âge comme dans une pompe funèbre. […] Il demanda qu’on lui conservât un souvenir, qu’on prît en pitié son père, sa femme et l’âge innocent de ses enfants. […] « Nous ne craignons pas Vespasien ; son âge, son caractère modéré, nous rassurent : mais les exemples durent plus longtemps que les caractères.
Ils y verront par quelles séries d’événements et de dégoût de la monarchie d’Orléans et du gouvernement à suffrage restreint dit parlementaire, je fus induit à composer cette Histoire des Girondins si violemment et souvent si injustement accusée, et dans quel esprit je la juge, je la justifie ou je la condamne aujourd’hui où l’âge qui apaise tout et où la mort qui n’a plus d’ambition sur la terre laissent parler la conscience de l’écrivain et de l’homme politique, comme la postérité parlera de lui si elle daigne en parler, car nos œuvres et nos livres meurent souvent avant nous. […] Balayer de la scène le moyen âge et installer à sa place un âge de justice, de logique, de vérité, de liberté, de fraternité, conçu d’une seule pièce et jeté d’un seul jet ; En religion, conserver la belle morale et la sainte piété chrétienne, en détrônant les intolérances ; En politique, supprimer les féodalités oppressives des peuples, pour les admettre aux droits de famille nationale, et leur laisser la faculté de grandir au niveau de leur droit, de leur travail, de leur activité libre ; En législation, supprimer les privilèges iniques pour inaugurer les lois communes à tous et à tous utiles ; En magistrature, remplacer l’hérédité, principe accidentel et brutal d’autorité, par la capacité, principe intelligent, moral et rationnel ; En autorité législative, remplacer la volonté d’un seul par la délibération publique des supériorités élues, représentant les lumières et les intérêts généraux du peuple tout entier ; Enfin, en pouvoir exécutif, respecter la monarchie, exception unique à la loi de capacité, pour représenter la durée éternelle d’une autorité sans rivale, sans éclipse, sans interrègne ; honorer cette majesté à perpétuité de la nation, mais la désarmer de tout arbitraire, et n’en faire que la majestueuse personnification de la perpétuité du peuple : voilà la véritable Révolution française, voilà le plan des architectes sages et éloquents des deux siècles. […] Je le répète, mes traditions de famille m’avaient fait une seconde nature de mon attachement à la royauté séculaire de la France, aux vertus si mal récompensées de l’honnête Louis XVI, aux malheurs de sa race, à la haute et sage modération de Louis XVIII, ce roi conciliateur de la royauté et de la liberté par la charte, même au caractère chevaleresque de Charles X, tombé dans une faute, mais laissant après lui un enfant de la couronne innocent par son âge du coup d’État qui lui avait enlevé sa patrie. […] Il me répondit avec beaucoup de bonté qu’il était étonné que son nom, depuis si longtemps égaré et enseveli dans le coin de terre où il desservait une humble paroisse, fût parvenu jusqu’à moi ; que, son âge et ses infirmités l’empêchant de se déplacer lui-même, il me recevrait dans son pauvre presbytère et me dirait tout ce que sa mémoire lui rappelait de ces tragiques événements. […] La seconde femme de Danton, qu’il avait épousée à l’âge de quinze ans, vivait à l’époque où j’écrivais les Girondins, et vit, je crois, encore aujourd’hui.
Le goût peut-il être une loi souveraine et universelle qu’on doive appliquer indistinctement à tous les peuples, à tous les âges ! […] Le goût, c’est la sanction des âges, c’est l’arrêt de l’humanité. […] Il est rare que, dans le premier âge, on s’attache à lui faire connaître autre chose que la valeur des lettres et les résultats de leurs combinaisons. […] C’est que, par malheur, on ne comprend l’avantage de bien lire qu’à l’âge où il répugne d’apprendre, à l’âge où le temps manque pour l’étude, absorbé qu’il est par les affaires ou les plaisirs.
Un autre et non moindre avantage de cette manière de concevoir la science est de nous la représenter comme animée d’un mouvement qui modifie d’âge en âge, — et on pourrait dire de génération en génération, — le système de rapports qu’elle est. […] À cet égard, et pour cette seule raison, dès que la science est conçue comme un système de rapports, la science, d’âge en âge, est donc perpétuellement, et en un certain sens, tout entière à refaire. […] Et si L’Avenir de la science est une œuvre de sa jeunesse, qui ne sait que son âge mûr ne s’est on quelque manière employé qu’à essayer de réparer au moyen de la science les brèches que son exégèse croyait avoir faites dans l’édifice dix-huit fois séculaire de la morale et de la religion ?
Comme une aigle aux ailes immenses Agile habitante des cieux, Franchit, en un instant, les plus vastes distances, Parcourt tout de son vol et voit tout de ses yeux, Tel, à son gré changeant de place, Bossuet à notre œil retrace Sparte, Athènes, Memphis aux destins éclatants ; Tel il passe, escorté de leurs grandes images, Avec la majesté des âges Et la rapidité du temps227. […] Il n’y a point de discours qui puisse représenter le trouble et l’orage où se voit une jeune femme qui ne vient que de sortir de la maison de son père, qui ne sait point les affaires, et qui, étant plongée dans l’affliction, doit prendre de nouveaux soins, dont la faiblesse de son âge, et celle de son sexe, sont peu capables. […] Ceux qui sont jeunes peuvent espérer de vieillir ; mais, à mon âge, je n’ai plus que la mort à attendre. […] Courtisan de l’envie, il la sert, la caresse, Va dans les derniers rangs en flatter la bassesse, Jusques aux fondements de la société Il a porté la faux de son égalité ; Il sema, fit germer, chez un peuple volage, Cet esprit novateur, le monstre de notre âge, Qui couvrira l’Europe et de sang et de deuil. […] Il nous a vendu cher ce brillant héritage, Quand, libre en son exil, rassuré par son âge, De son esprit fougueux l’essor indépendant Prit sur l’esprit du siècle un si haut ascendant.
Non, Monsieur, bien loin de mettre de l’amertume dans mes récriminations, j’emploierai avec vous ce ton paternel que peut me permettre mon âge ; et dans la critique même de votre conduite, j’écarterai cette ironie amère plus déchirante que l’injure, et cette fausse pitié plus insultante que le mépris. […] Je conçois très bien, Monsieur, qu’un homme de votre âge ait cherché avec ardeur un nouveau chemin pour arriver plus tôt à des succès ; mais je ne conçois pas qu’en y entrant, vous ayez eu besoin de salir les réputations anciennes et modernes2. […] Il suffisait pour cela qu’une phrase blessât la coquetterie de l’actrice en faveur, qu’on y parlât mal de l’âge ou de la beauté du personnage qu’elle représentait, que l’acteur son rival fût plus applaudi qu’elle, qu’elle eût un congé pour aller faire ses récoltes départementales, ou enfin qu’il lui plût de ne pas jouer la pièce par un simple caprice, pour une partie de plaisir de quelques jours. […] Les théâtres, vrais thermomètres de la prospérité publique, sont tout à la fois le soutien des lettres et des beaux-arts ; en entretenant un certain luxe, ils encouragent le commerce, appellent l’or de l’étranger, amusent les oisifs, instruisent le peuple, et rendent au vieillard les charmes des illusions du jeune âge. […] Je ne tirerai pour moi aucune conséquence de cette anecdote : je n’ai point l’orgueil d’être un grand maître ; mais si dans l’art dramatique les gens de lettres et le public ont bien voulu me reconnaître une importante qualité, celle de charpenter une pièce, de préparer une situation et d’enchaîner les scènes, je me ferais toujours un plaisir d’offrir à qui me les demanderait des conseils qui seraient le résultat du travail, de l’âge et de l’expérience.
Dès l’âge de trente ans, Rivarol eût pu viser le plus noble but et l’atteindre. […] C’était une existence à refaire et aux environs de cet âge qui, pour la plupart des hommes marque le commencement de la période reposée. […] Il avait pour lui, même à cet âge de la jeunesse finie et de la vieillesse toute proche, le don prestigieux du magnétisme physique. […] J’avoue que le poème épique, par exemple, n’appartient plus à notre âge. […] La Bruyère et La Rochefoucauld, Molière et Racine attestent que l’âge classique a eu ses psychologues, et de premier ordre.
Je m’attachai à cet homme qui avait tous les agréments et tous les âges, omnis Aristippum decuit color . […] Que ne puis-je, en nommant ici les plus aimables, les rappeler de même, et moi avec elles, à l’âge heureux où nous étions lors des moments aussi doux qu’innocents que j’ai passés auprès d’elles ! […] Elle était un peu maigre, comme sont la plupart des filles à son âge ; mais ses yeux brillants, sa taille fine, son air attirant, n’avaient pas besoin d’embonpoint pour plaire. […] Quel âge avait votre sœur lorsque vous la perdîtes ? […] Mais cette lecture nous avait mis sur le front et sur les lèvres un sceau de mélancolie et de gravité qui n’était pas de notre âge, et qui distinguait notre groupe de ceux qui nous précédaient et qui nous suivaient.
Dans quelques-unes des couches les plus récentes, bien que sans nul doute fort anciennes, si on mesure leur âge par années, une ou deux espèces seulement cessent de se montrer : et de même une ou deux espèces seulement sont nouvelles, c’est-à-dire apparaissent pour la première fois, soit dans la contrée, soit, autant que nous pouvons le préjuger, à la surface de la terre. […] Car, si toutes les espèces d’un même groupe descendent d’une seule et même espèce antérieure, il est évident qu’aussi longtemps que des espèces appartenant à ce groupe apparaissent dans la longue série des âges, aussi longtemps quelques-uns de ses représentants ont dû continuer d’exister, afin de pouvoir donner naissance soit à des formes nouvelles et modifiées, soit aux formes anciennes perpétuées sans modifications. […] Cette observation ne s’applique évidemment qu’à ces groupes qui ont éprouvé de grands changements dans le cours des âges géologiques ; et il serait difficile de prouver que cette proposition est de vérité générale ; car, çà et là, on trouve un animal vivant, tel que le Lépidosirène, qui par ses affinités se rattache à des groupes extrêmement tranchés. […] Les espèces les plus extrêmes en caractères ne sont ni les plus anciennes ni les plus récentes ; et celles qui sont intermédiaires en caractères ne sont pas intermédiaires en âge. […] Dans un chapitre, j’essayerai de montrer que l’adulte diffère de son embryon par suite de variations survenues pendant le cours de la vie des individus, et héritées par leur postérité à un âge correspondant.
Ils y adhéraient si fortement que je ne pus les en détacher, même en les secouant hors de l’eau, bien qu’à un âge plus avancé ils se fussent laissés tomber d’eux-mêmes. […] Mais la difficulté qu’on pourrait trouver à l’expliquer disparaît dans l’hypothèse que la Nouvelle-Zélande, l’Amérique du Sud et d’autres terres australes ont toutes reçu, il y a de longs âges, une partie de leur population d’un point intermédiaire, bien qu’éloigné, c’est-à-dire des îles antarctiques, à l’époque où elles étaient couvertes de végétation, avant le commencement de l’époque glaciaire. […] Ainsi, la durée de chaque espèce et groupe d’espèce est continue dans la succession des âges : du moins, les exceptions à cette règle sont si rares, qu’elles peuvent, avec droit, être attribuées à ce que nous n’avons pas encore découvert en quelque dépôt intermédiaire les formes qui paraissent y manquer, bien qu’on les trouve dans les formations immédiatement inférieures ou supérieures. […] Soit que l’on considère la longue série des âges, soit que l’on compare entre elles des provinces éloignées sur la surface du globe, on trouve également que quelques organismes ont entre eux de grandes analogies ; tandis que d’autres, appartenant à une classe ou à un ordre différent, ou même à une autre famille du même ordre, diffèrent considérablement. […] En effet, que nous considérions les formes de la vie qui se sont modifiées pendant la succession des âges dans la même partie du monde, ou celles qui ont varié par suite de leurs migrations en des contrées distantes, dans l’un et l’autre cas tous les êtres de la même classe ont été rattachés les uns aux autres par le lien d’une génération régulière ; et plus deux formes quelconques ont entre elles une parenté étroite, plus elles se trouvent rapprochées l’une de l’autre dans le temps et dans l’espace, parce que, dans l’un et l’autre cas, les lois de variation ont été les mêmes, et que les modifications ont été accumulées en vertu de la même loi de sélection naturelle.
. — Ces hommes, nul ne les a remplacés ; ils sont encore les plus élevés et les plus vigoureux malgré l’âge qui vient et les événements qui les oppriment… Je ne veux pas abuser des citations, mais il est impossible de ne pas montrer tout d’abord à l’auteur combien son appréciation des faits est arbitraire et sa classification des hommes inexacte. […] Ici nous retrouvons des paroles connues et qui ont été proclamées il y a plus de vingt-cinq ans. — L’âge d’or, qu’on place toujours en arrière, est devant nous. — Aimons, travaillons, fécondons l’imprescriptible progrès. — La littérature, dans l’avenir, aura à formuler définitivement le dogme nouveau. — Tout cela encore est bien vague, bien peu défini ; Déroulant devant nous le mouvement scientifique et le mouvement industriel de notre temps, l’auteur essaie de préciser ce rôle qu’il assigne au littérateur, au poète, et qui est, selon lui, d’expliquer la science, de la revêtir de charme et de lumière : « Il se passe parfois, dit-il, de planète à planète, de fer à aimant, de mercure à mercure, de chlore à hydrogène, des romans extraordinaires qu’on dissimule pudiquement derrière des chiffres et des A+B. » L’auteur voudrait que le poète expliquât et rendît sensibles à chacun de nous ces mystères. […] Étudions l’antiquité comme tous les âges antérieurs au nôtre, pénétrons-nous de son esprit pour la comprendre et l’admirer dans le vrai sens ; mais tâchons dans nos œuvres d’exprimer, ne serait-ce que par un coin, l’esprit de notre siècle, de dire à notre heure ce qui n’a pas été dit encore, ou de redire, s’il le faut, les mêmes choses d’une manière et d’un accent qui ne soit qu’à nous.
Il est bien celui, en un mot, duquel Saint-Simon a dit que « ses grands travaux faisaient encore honte, dans une vieillesse si avancée, à l’âge moyen et robuste des évêques, des docteurs et des savants les plus instruits et les plus laborieux ». […] Nous assistons, grâce au journal de Le Dieu, aux derniers sermons de Bossuet, qu’il prêche à l’âge de soixante-quatorze et soixante-quinze ans : le 1er novembre 1701, jour de la Toussaint, « il recueille les restes de ses forces pour exciter les cœurs à l’amour de Dieu, dans un sermon de la béatitude éternelle. » Une autre fois, le 2 avril 1702, dimanche de la Passion, il fait un grand sermon dans sa cathédrale pour l’ouverture du jubilé : Il réduit tout à ce principe : Cui minus dimittitur, minus diligit, que plus l’Église était indulgente, plus on devait s’exciter à l’amour pour mériter ses grâces et parvenir à la vraie conversion. […] Bossuet voulut, à cet âge, faire aussi des vers, et cela va sans dire, des vers religieux ; il s’appliqua à traduire en vers français quelques-uns des psaumes ; il s’en remettait pour la révision à l’abbé Genest, un des abbés de la Cour naissante de Sceaux, auteur d’une tragédie sacrée, un assez pauvre poète et, je pense, un mince critique ; mais Bossuet, qui traduisait ces psaumes par esprit de pénitence, les lui soumettait avec une égale humilité.
On dirait que l’humanité en avançant est surtout soigneuse de s’observer tout le long de sa route, de se décrire, de laisser de soi, aux différents âges, des portraits ressemblants, tels quels, qui serviront ensuite de termes de comparaison, de documents biographiques et historiques, aux curieux, qui viendront après. […] quel âge ? […] Notre-Dame Attendez l’âge de vieillesse !
À cet âge, en effet, une singulière impatience prend quelquefois aux plus honnêtes, une démangeaison irrésistible ; elles veulent, elles aussi, tâter du fruit défendu avant qu’il soit trop tard. […] Sa femme attendait avec impatience ce premier signe de l’âge raisonnable. Clotilde est belle, de sa pleine et entière beauté, jeune encore, trente-quatre ans et demi, pas davantage ; elle est dans l’âge de la crise, mais le danger n’est pas le même pour elle que pour l’épouse précédente ; car elle, elle aime son mari, son Fernand ; elle fait, il est vrai, ménage on étage à part depuis huit ou dix ans, mais elle guette le moment de le reconquérir.
C’est un âge en tout assez fâcheux pour le poëte entré dans la postérité (s’il n’est pas décidément du petit nombre des seuls grands et des immortels) que de devenir assez ancien déjà pour être hors de mode et paraître suranné d’élégance, et de n’être pas assez vieux toutefois pour qu’on l’aille rechercher à titre de curiosité antique ou de rareté refleurie. […] Il y a là, pour les noms qui survivent, un âge intermédiaire, ingrat, qui ne sollicite plus l’intérêt et appelle plutôt une sévérité injuste et extrême, à peu près comme, pour les vivants, cet espace assez maussade qui s’étend entre la première moitié de la vie et la vieillesse. […] Comme Florian, comme Legouvé, comme Millevoye, comme bien des talents de cet ordre et de cette famille, Léonard ne put franchir cet âge critique pour l’homme sensible, pour le poëte aimable, et qui a besoin de la jeunesse.
Mais, tandis que la majorité voit luire l’âge d’or dans les brouillards de l’avenir, quelques-uns n’espèrent le salut que du retour au passé. […] Avant que l’âge ne l’eût empâté et bouffi de graisse, il offrait l’image d’un adolescent aimable, au corps svelte moulé de complets ajustés. […] La revue La Connaissance (9, galerie de la Madeleine) annonce la publication d’extraits du Mémoire secret de Barras d’où il résulterait que Louis XVII, dont l’évasion du Temple ne fait plus aucun doute, serait mort à l’âge de vingt ans en Allemagne.
Après André Chénier — et je suis surpris que ce sujet n’ait tenté aucun des grands poètes contemporains — il restait à glorifier la même patrie, mais sous un tout autre aspect, dans l’éclat de ses actes héroïques, dans le rayonnement de ses idées, dans l’illumination de ses chefs-d’œuvre ; il restait à chanter l’hymne filial, non plus seulement à ce corps toujours renouvelé de la France, mais à son âme transmise d’âge en âge et non moins opulente et non moins féconde, l’hymne à la France pensante et créatrice, nourricière des intelligences et fertile pour le genre humain. […] La vérité morale avait été explorée, scrutée, pénétrée par l’âge précédent, par le siècle des La Bruyère et des Bourdaloue : alors la vérité sociale fut recherchée pour la première fois, pour la première fois exposée avec quel rayonnement du génie et de l’esprit français !
On peut entrevoir l’époque prochaine où, tel le mammouth ou le plésiosaure des périodes paléontologiques dont les cadavres surgissent de terre ça et là, la cathédrale apparaîtra, aux yeux de l’homme de demain, comme l’organisme-type d’un âge disparu. […] Des choses énormes les séparent ; et c’est moins à deux races qu’ils se rattachent, qu’à deux âges de l’humanité. […] Ces deux conceptions adverses, représentées ici par un livre et par une série de vingt toiles, ces deux conceptions en lutte durant tout un âge, valent d’être résumées, ne fût-ce que pour témoigner de leur antagonisme constant sur un terrain où l’on croit trop souvent qu’elles n’ont point accès, celui de la littérature et de l’art.
Ses deux philosophies sont l’effet de deux facultés diverses : l’une, qui est l’imagination poétique, aidée par la jeunesse, l’emporte vers la philosophie pure et vers les idées allemandes ; l’autre, qui est l’éloquence, chaque jour plus puissante, soutenue par l’âge, finit par devenir maîtresse, et l’entraîne vers le spiritualisme oratoire, dans lequel il s’est assis et endormi. […] Ce fut le premier âge de sa pensée, et c’est alors qu’il fut pris par la philosophie allemande. […] L’âge le refroidit et le mûrit.