Tel est le sujet de la comédie politique, diplomatique et un peu physiologique, qui aurait pu être un excellent conte drolatique sous la plume rabelaisienne de Balzac, mais qui n’est point un conte, et dont le très peu drolatique Baschet nous fait le détail, — Armand Baschet, un Capefigue correct, cravaté, tiré à quatre épingles, curieux peut-être ici comme le garçon d’honneur d’une noce, mais solennel comme un notaire et impassible comme un chambellan : Se gardant bien de rire en ce grave sujet ! Et, précisément parce qu’il n’y rit pas, ne le rendant que plus comique, son sujet, selon le précepte de tout bon comique : qu’il faut raconter gaîment les choses sérieuses, et celles qui ne le sont pas… sérieusement. […] Ni le testament de Charles II, dont Henri Delatouche a fait une comédie, ni le renvoi de la princesse des Ursins, qui en serait une si belle s’il y avait un homme en France capable de manier un sujet de cette force-là, ni sa prise de bec à bec avec la femme qu’elle avait faite reine et qui l’en paya en la faisant jeter, sans une chemise de rechange, à la frontière, ne valent l’impayable comédie de ce mariage de Louis XIII, qui n’a besoin que de trouver un Beaumarchais pour être plus comique que le Mariage de Figaro. […] Comment Thomas Carlyle, qui a été si cruellement rieur dans des sujets poignants, — qui, dans son Histoire de la Révolution française nous a raconté avec la méprisante gaîté d’un fossoyeur de Shakespeare les folies d’étiquette imbécile qui perdirent tout, lors de la fuite de Louis XVI et de Marie-Antoinette à Varennes, — nous aurait-il peint cette situation, exceptionnelle, même au théâtre, — et tout ce que cette situation engendre ! […] Je n’ai donc rien à dire, sur ce point, à l’infortuné Baschet ; mais je suis plus en droit, et je me sens plus en courage, de lui faire un autre reproche : c’est de n’avoir pas su, puisqu’il touchait à ce sujet scabreux du mariage de Louis XIII, quelle riche mine de comique il avait là sous la main !
Presque tous les modernes qui ont traité le même sujet, depuis ce grand homme, ont été de son avis. […] L’éloquence n’est jamais que dans le sujet ; et le caractère du sujet, ou plutôt du sentiment qu’il produit, passe de lui-même et nécessairement au discours. […] De la propriété des termes naissent trois différentes qualités : la précision dans les matières de discussion ; l’élégance dans les sujets agréables ; l’énergie dans les sujets grands ou pathétiques. […] En quoi consiste donc la convenance du style au sujet ? 1°. à n’employer que des idées propres au sujet ; c’est-à-dire, simples dans un sujet simple, nobles dans un sujet élevé, riantes dans un sujet agréable ; 2°. à n’employer que les termes les plus propres pour rendre chaque idée.
Il assigne à Bourdaloue son vrai rang pour l’admirable ordonnance des plans, pour la « belle et constante unité » des sujets, pour la parfaite et chrétienne justesse des développements toujours en vue de la sanctification de son auditoire. […] Ne perdant point de vue sa carrière dans le monde, l’abbé Maury recueillit en 1777 ses Discours choisis sur divers sujets de religion et de littérature, et il se mit en mesure de postuler un fauteuil à l’Académie française. […] En tout, il aimait les grands sujets, les sujets qui ont du corps et de la prise ; il aimait les grandes routes, sûr qu’il était, avec sa carrure d’esprit et ses développements nombreux, d’y dominer la foule et d’y tenir le haut du pavé. […] » on l’a vu, averti par un simple mot du sujet en question, traverser la salle, monter à la tribune, et y remporter un de ses triomphes. […] Le soir, je le revis encore ; nous parlâmes longuement sur différents sujets qu’il rasa à tire-d’aile.
Nul exorde n’exposera-t-il le sujet ? […] Un sujet est le fonds de tous les genres d’écrits ; et le choix du sujet est spécial à chacun. […] Le sujet qu’ils exposent est expressément limité ; et ce sujet entier, vous le trouvez complètement rempli quand vous arrivez au septième livre du poème. […] Quel sujet vous a-t-il annoncé ? […] Qu’exprimai-je en exposant le sujet ?
L’autre est le mystère de la Destruction de Troye, œuvre d’un écolier lettré, qui, pour intéresser le public à un sujet peu nouveau, lui a donné la forme alors la plus goûtée. […] Ainsi s’avilit la grandeur essentielle des sujets par la complaisance des poètes pour les bas instincts du peuple. […] Tout n’est donc pas à mépriser dans les mystères : il reste vrai pourtant qu’ils valent par leurs sujets, et moins que leurs sujets, moins aussi à l’ordinaire que les récits qu’ils traduisent. […] Mais leur interdire les mystères sacrés, c’était leur défendre d’exister : leurs sujets étaient tout dans leurs drames ; ils n’avaient pas d’art dont ils pussent appliquer ailleurs les principes et les formes. […] L’auteur est inconnu : la nature du sujet fait conjecturer qu’il était basochien et voulait amuser les gens du Palais.
Ici l’auteur se laissera aller sans nécessité, et même à contretemps, à développer quelque idée favorite ; il s’épanchera sur ce qui lui tient au cœur, sans trop regarder si c’est de son sujet. […] Pour peindre ce sujet ondoyant et divers, qui est l’homme, il ne faut pas être régulier et correct : aligner, tailler, disposer symétriquement tous ces propos sceptiques, comme a fait ce lourd scolastique de Charron, c’est un contresens et une trahison. […] Shakespeare prend ses sujets dans des chroniques anglaises ou danoises, dans les auteurs italiens ou dans Plutarque. […] Sophocle reprend les sujets d’Eschyle, et Euripide y revient après Sophocle. Les sujets sont à tout le monde ; chaque écrivain qui veut se les approprie, sans croire voler ses devanciers, comme nos peintres peuvent faire des Sainte Famille après Raphaël, des Adoration des Mages après Rubens, comme nos sculpteurs réalisent après les Grecs les types de Diane et de Vénus.
Quel spectacle et quel grand sujet ! Et quel grand sujet par lui-même ! […] C’est un mauvais sujet qui ferait pitié aux mauvais sujets du xviiie siècle, qui étaient les bons mauvais sujets. […] et le beau sujet de roman ! […] Il fallait, par exemple, grandir le père jusqu’à la hauteur de l’admirable père de Mirabeau, et le mauvais sujet jusqu’au terrible mauvais sujet son fils.
Il reste donc à examiner quels sont les sujets de comédie qui peuvent le mieux réussir dans un état libre. […] Je vais rappeler un exemple remarquable des sujets nouveaux que peut traiter la comédie, et du nouveau but qu’elle doit se proposer. […] Les circonstances de la vie privée suffisent à l’effet du drame, tandis qu’il faut, en général, que les intérêts des nations soient compromis dans un événement, pour qu’il puisse devenir le sujet d’une tragédie. […] Le nom de M. de Malesherbes, sa noble et terrible destinée, seraient le sujet de la tragédie du monde la plus touchante. […] Les préceptes de l’art tragique ne mettent pas aux sujets que l’on peut choisir autant d’entraves que les difficultés mêmes attachées à l’exigence de la poésie.
D’où il suit que comme un nom peut être le sujet d’une proposition, de même ce sens total exprimé par un accusatif avec un infinitif, peut aussi être, & est souvent le sujet d’une proposition. […] Ce qu’on peut dire à ce sujet, se réduit à deux points. […] Mais revenons à notre sujet. […] Je l’ai appris en me rappellant ce qui s’est passé à ce sujet par rapport à moi. […] Voici quelques remarques à ce sujet.
On conçoit que la plupart de ces orateurs ou sophistes, dont l’art et le talent était de s’affecter avec rapidité de tous les sujets, devaient avoir une imagination vive et un esprit enthousiaste ; l’un, nommé par la ville de Smyrne pour aller en ambassade vers un empereur, adresse sur-le-champ une prière aux dieux, pour qu’ils lui accordent l’éloquence d’un de ses rivaux ; un autre ne méditait jamais que la nuit. […] » Mais par quel art ces hommes singuliers pouvaient-ils parvenir à parler sur-le-champ avec éloquence sur toutes sortes de sujets ? […] D’ailleurs, pour être vraiment éloquent, il faut un sujet qui intéresse l’orateur ; il faut un peuple qui s’intéresse au sujet. […] Ce prince lui proposa un sujet, et il fut charmé de son éloquence. […] Son panégyrique de Marc-Aurèle, surtout, est trop inférieur au sujet.
Mais dès qu’un pareil être sort de cet état d’inconscience où on le situe et, brisant son unité, se pose vis-à-vis de lui-même en une infinité d’objets pour une infinité de sujets, il ne semble pas possible de donner à cet acte une autre explication que le désir de prendre conscience de soi-même et de se donner à soi-même en représentation. […] En dehors de ces deux tentatives d’explication qui, ni l’une ni l’autre n’atteignent leur objet, il n’en reste pas d’autre que celle qui consiste à voir dans la conséquence même réalisée par la distinction de l’être eu objet et en sujet, la fin poursuivie par l’existence phénoménale : or cette conséquence, c’est la connaissance de soi, dont l’existence, avec tous ses modes, n’est plus ici que le moyen. Se diviser à l’infini, associer selon les proportions les plus variées le sujet, avec l’objet, se faire l’acteur de toutes les aventures afin d’en être le spectateur, tel apparaît le vœu de l’être phénoménal, à la fois inventeur et deviner d’énigme, auteur des charades sans nombre dont il cherche et divulgue le sens. […] En chaque individu conscient se trouve reconstitué, selon un mode réduit et par juxtaposition de parties, un équivalent de l’unité primitive : en chaque individu se montrent liées l’une à l’autre et réunies en un même lieu psychologique les deux attitudes selon lesquelles l’être parvient à se représenter à sa propre vue : l’attitude active de l’objet, l’attitude contemplative du sujet. […] Cet ensemble de croyances au moyen desquelles le sujet qui connaît est déterminé à être pour lui-même un objet d’étonnement, d’étude et de contemplation, apparaît ainsi que la manœuvre la plus avisée de l’être phénoménal pour satisfaire son désir de connaissance de soi-même.
On se proposera, en commençant ou en finissant, d’exposer son sujet ou de faire ressortir sa conclusion, non pas de manifester qu’on s’est conformé à de certains procédés et qu’on connaît les règles. […] On s’imagine volontiers qu’il faut de toute nécessité pour le début une idée ingénieuse, un tour saisissant, et l’on va au besoin chercher hors du sujet. […] De cette persuasion encore, où l’on est que l’exorde doit être rare et surprenant, viennent ces exordes à ricochets, comme on pourrait les appeler, qui visent une idée très étrangère au sujet, pour rebondir brusquement vers lui par un retour inattendu : ces exordes en cascade, où d’une idée très générale on descend à une autre, et de celle-ci à une autre encore, jusqu’à ce qu’au dernier degré on rencontre celle qui ouvre le sujet, comme dans les jardins français une eau, tombant de vasque en vasque et de marche en marche, s’arrête enfin et se repose dans le bassin inférieur. […] Il y a des écrits qui n’ont pas de sujet délimité, où l’on rassemble tout ce que la circonstance et le besoin présentent.
Restout Le premier morceau de celui-ci a pour sujet : Orphée descendu aux enfers pour en ramener Euridice. Quel sujet pour un poète et pour un peintre ! […] Si son Pluton et sa Proserpine sont mesquins, n’ont rien de majestueux et de redoutable ; si son Euridice est niaise ; si ses juges infernaux ont un faux air d’apôtres ; si son Orphée est plus froid qu’un ménétrier de village qui suit une noce pour un écu ; si ses Parques sont tournées à la française, il faut le lui pardonner ; le sujet était trop fort pour son âge. […] Si dans un tableau ce qui occupe le plus d’espace, remplit le milieu, arrête l’œil, et se montre uniquement, en est le sujet principal, la table a ici tous ces caractères. […] Il faut être bien hardi pour tenter ce sujet après le Poussin.
Il fixe l’attention des artistes par l’ingratitude du sujet ; mais celui de La Rochelle est infiniment plus piquant. […] Madame Geoffrin, femme célèbre à Paris, a fait exécuter par Vernet la Bergère des Alpes, sujet d’un conte de Marmontel. […] Pour pallier l’ingratitude de son sujet, l’artiste s’est épuisé sur un grand arbre qui occupe toute la partie gauche de sa composition ; il s’agissait bien de cela ! c’est qu’il ne faut rien commander à un artiste, et quand on veut avoir un beau tableau de sa façon, il faut lui dire, Faites-moi un tableau, et choisissez le sujet qui vous conviendra ; encore serait-il plus sûr et plus court d’en prendre un tout fait. […] Il y a à Avignon un certain Balechou, assez mauvais sujet, qui court la même carrière qu’eux, et qui les écrase.
Mais l’auteur s’étant plus resserré, a traité son sujet avec plus de sécheresse. […] Il auroit pu néanmoins retrancher plusieurs traits éloignés de son sujet. […] Il a le mérite d’avoir créé les sujets de la plûpart de ses piéces, qu’il n’a puisées que dans son imagination. […] l’ait trouvé trop peu varié, il faut avouer que l’auteur a tiré tout le parti possible de son sujet. […] Si les sujets sont monotones, les détails sont très-variés, & ce sont précisément ces détails qui en sont tout le danger.
Ils ne présentent, pour la plupart, qu’une pompeuse déclamation sans ordre ni méthode, sur des sujets également étrangers à la Religion & à l’Eloquence, & plus dignes du Fauteuil académique, que de la Chaire de vérité. […] Plus ambitieux de plaire que de toucher, d’étaler des connoissances que de convertir, il n’a absolument rien d’énergique, rien qui soit senti : on croit entendre un Dissertateur bel-esprit, plutôt qu’un Orateur pénétré de son sujet, & jaloux d’en pénétrer les autres. De là, le défaut de liaison & de suite dans ses idées, d’assortiment dans l’ensemble, de caractere dans son style, tantôt philosophique, tantôt religieux, & toujours froid ; de là, ces figures étrangeres au sujet & préparées avec effort, ces tours étudiés, ces expressions symétriques qui supposent de l’esprit, mais qui décelent un cœur vide de sentimens, & par conséquent incapable de toucher les autres cœurs & de s’en rendre le maître. Si l’Eloquence consiste à faire passer dans l’ame d’autrui le sentiment dont on est soi-même pénétré, à s’emparer fortement d’un sujet, à en connoître toutes les ressources, & à les déployer avec autant de méthode que d’énergie, M. l’Abbé Maury ne sauroit figurer parmi les Orateurs vraiment éloquens.
La matière de la connaissance nous est fournie par le dehors et par les objets extérieurs ; la forme vient de l’intérieur, du sujet même capable de connaître. […] Tantôt le rapport lie l’attribut au sujet comme inhérent au sujet même, comme renfermé logiquement et nécessairement dans la nature du sujet, en sorte qu’en exprimant ce rapport vous n’exprimez pas deux connaissances différentes, mais vous présentez deux points de vue ou deux formes de la même connaissance. […] En disant : tous les corps sont pesans, j’affirme du sujet corps un attribut qu’il ne renferme point logiquement. Il ne suffit plus ici d’analyser le sujet pour en tirer l’attribut ; car j’aurai beau décomposer la notion de corps, la notion de pesanteur n’en sortira pas comme partie intégrante. […] Le caractère commun des jugemens de cette espèce est de rapporter à un sujet un attribut qui n’y était pas renfermé logiquement.
C’était encore un bien riche sujet d’Épopée que celui de la Lusiade. […] Les hommes qui se consacrent au culte des Muses se laissent plus vite submerger à la douleur que les esprits vulgaires : un génie puissant use bientôt le corps qui le renferme : les grandes âmes, comme les grands fleuves, sont sujettes à dévaster leurs rivages. […] Klopstock est tombé dans le défaut d’avoir pris le merveilleux du christianisme pour sujet de son poème. […] Malheureusement il est gâté par cette teinte doucereuse de l’idylle, que les Allemands répandent presque toujours sur les sujets tirés de l’Écriture. […] Quant à l’auteur du poème de Noé, il a succombé sous la richesse de son sujet.
Il ne s’agit que du théâtre qui tire ses sujets de l’histoire religieuse et des légendes dévotes. […] Miracles et farces, sujets et accessoires, je ne vois pas ce que les mystères auront de plus que le Jeu de saint Nicolas. […] Voilà le sujet, il est banal. Mais ce sujet s’encadre dans une peinture de mœurs villageoises : déjà les pastourelles artésiennes dans leur forme lyrique y inclinaient. […] On y trouvera une bibliographie très complète du sujet, jusqu’à la date où l’ouvrage a été publié.
« Une série continue de changements étant ainsi le sujet de la psychologie, son œuvre c’est de terminer la loi de leur succession. […] Le rapport qui s’établit entre le sujet et l’objet, dans l’acte de la perception, est d’une triple espèce. […] Si on la rapproche par la pensée des tentatives de Locke et de Condillac sur ce sujet, la genèse sensualiste paraîtra d’une simplicité enfantine. […] Peut-être même avons-nous déjà excédé les limites de notre sujet. […] Dans ce tableau, les états de la première classe représentent l’objet, ceux de la seconde classe le sujet.
Le sujet doit marcher avec vitesse ; une scène qui n’est point un nouveau pas vers la fin, est vicieuse. […] Il faut que les raisonnements répondent à la grandeur du sujet. […] Le sujet d’Armide est encore plus simple. […] Le choix et la disposition du sujet, l’ordonnance et la marche de tout le drame, sont l’ouvrage du poète. Le sujet doit être rempli d’intérêt, et disposé de la manière la plus simple et la plus intéressante.
Le champ des généralités est bien vague ; la meilleure manière de se connaître est d’en venir au fait et de se donner rendez-vous sur un terrain déterminé, sur un sujet précis. […] Nous aurions pu, Français, citer l’exemple de Millevoye, de Parny, qui réussissent dans l’élégie, dans les petits sujets personnels, et qui sont ennuyeux dans les longs poëmes chevaleresques. […] Le monde est si grand et si riche, la vie si variée, que jamais les sujets pour des poésies ne manqueront. […] Un sujet particulier prend un caractère général et poétique, précisément parce qu’il est traité par un poëte. […] Une préface excellente est en tête de cette traduction et, je dois le dire, elle laisse de bien loin en arrière nos préface et avertissement pour l’intelligence élevée au sujet et pour la justesse des appréciations.
Si vous ne croyez pas à l’action personnelle de Dieu sur le monde, abandonnez cet accablant sujet d’Attila ! […] Amédée Thierry n’a pas craint d’aborder avec des curiosités rapetissantes, des proportions qu’on ne retrouve dans aucun autre sujet historique, quel qu’il soit ! […] Et cette infériorité paraît d’autant mieux que les sujets qui tentent l’imagination de M. […] Or, cette puissance qu’il fallait formidable pour être en harmonie avec le sujet qu’il avait choisi, M. […] Peintre donc, mais peintre tempéré et savant dans un sujet qui demandait à l’Art ses plus magnifiques violences, M.
Des sujets amoureux et de M. […] Muller, l’homme aux Sylphes, le grand amateur des sujets poétiques, — des sujets ruisselants de poésie, — a fait un tableau qui s’appelle Primavera. […] Ary Scheffer, examinons le sujet du tableau intitulé Saint Augustin et sainte Monique. […] Cependant il y a des sujets privés, qui sont bien autrement héroïques. […] La vie parisienne est féconde en sujets poétiques et merveilleux.
Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines J’ai rapporté plusieurs raisons pour montrer que les poëtes tragiques doivent placer leur scene dans des tems éloignez de nous. Des raisons opposées me font croire qu’il faut mettre la scene des comedies dans les lieux et dans les tems où elle est répresentée : que son sujet doit être pris entre les évenemens ordinaires, et que ses personnages doivent ressembler par toutes sortes d’endroits au peuple pour qui l’on la compose. […] Je crois néanmoins devoir tâcher de debroüiller ici cette confusion, pour faciliter l’intelligence de ce qui me reste encore à dire sur le sujet que je traite actuellement. […] Retournons à notre sujet. […] Ces farces, dont le sujet éternel est le train de vie de gens de mauvaises moeurs et d’un certain étage, sont autant contre les regles que contre la bienséance.
Il choisit un sujet connu, parce qu’il ne voulut point qu’il fût étranger aux spectateurs. […] La simplicité du Poëme est rehaussée par des fictions aussi neuves que le sujet. […] Il ressemble au voyage dont il est le sujet. […] Cette apparente obscurité vient autant du sujet, que de la maniere dont il est traité. […] A l’aide de quelques fictions, cette action héroïque a fourni le sujet de l’ouvrage de M.
Il me suffit à présent de remarquer qu’Horace n’a pas cru qu’il y eût de sujets particuliers à l’ode. […] Voilà l’ode en possession de tout ; et l’on juge aisément de-là, que ce ne sont point les sujets qu’elle traite, qui forment son caractére particulier. Ce n’est pas que le choix des sujets soit indifférent. […] Ils en ont la plûpart, si l’on appelle exorde le commencement d’un ouvrage, lorsqu’on peut l’en séparer, sans en tronquer le véritable sujet. […] Il croyoit apparemment que l’ode ne convenoit qu’à de grands sujets.
La première, c’est que, les tragédies des Grecs n’ayant roulé d’abord que sur des sujets terribles, l’esprit des spectateurs étoit plié à ce genre de spectacles. […] Quel spectacle attendrissant il eut encore offert, s’il avoit traité le sujet des Troyennes ! […] La simplicité naïve, la gaieté décente, la diction pure & noble même, autant que le sujet le comporte, en sont leurs principaux caractères. […] Les plus considérables, & les seules peut-être qui méritent le nom de parodie, sont celles de ces poëmes qu’on détourne à un autre sujet par le changement de quelques expressions ; ou bien celles de ces poëmes faits exprès dans le goût sublime sur un sujet qui ne l’est pas. […] Dont il seroit un beau sujet.
Le nom de pantomime, qui signifie imitateur de tout, étoit donné à cette espece de comédiens, apparemment parce qu’ils imitoient et parce qu’ils expliquoient toutes sortes de sujets avec leur geste. […] Le commentateur de Sidonius rapporte même à ce sujet l’épigramme ancienne qu’on va lire, et dont on ne connoît point l’auteur… etc. […] En effet, Lucien dit que rien n’étoit plus difficile que de trouver un bon sujet pour faire un pantomime. […] Nous rapporterons dans la suite un passage de Seneque le pere qui avoit pû voir Pylade et Bathylle, dans lequel il est dit que Pylade réussissoit beaucoup mieux que Bathylle dans les sujets tragiques, mais que dans les sujets comiques Bathylle réussissoit beaucoup mieux que Pylade. […] Mais on peut faire voir qu’il n’y eut alors que les pantomimes de chassez, et que Tacite par une négligence excusable en un pareil sujet a mis le nom du genre pour le nom d’une de ses especes.
Hachette ; on peut dire qu’il éclata aux yeux de ce public de l’Université par sa polémique sur les Classiques chrétiens de l’abbé Gaume (1852), un sujet auquel il avait pensé de tout temps et dont il était plein. […] On peut être critique de bien des sortes : 1° sur des écrivains d’autrefois, sur d’anciens sujets qu’on traite et qu’on rajeunit sans les altérer et sans les fausser ; 2° sur des auteurs modernes et des sujets à l’ordre du jour. 3° On peut être un critique polémique encore, soutenant des luttes, débattant des questions contre des adversaires. 4° On peut être aussi critique dissertateur et moraliste, essayant de tirer de chaque sujet d’observation qui s’offre une moralité pratique, une leçon. […] Baour-Lormian est-il un sujet ancien ou moderne ? […] Dans ces fastidieux sujets où la conclusion est donnée et où l’on enfonce des portes ouvertes, il s’égayait lui-même et comptait bien égayer son monde par les malices et les grâces qu’il prodiguait tout le long du chemin. […] Je me suis vu, à ses débuts, l’objet de ses malices entremêlées de douceurs ; il me ballottait, il avait bien envie d’en faire plus ; le sujet lui semblait appétissant ; assez longtemps il hésita : puis, tout bien considéré, un jour il prit le parti de ne pas déclarer la guerre et d’offrir gracieusement l’olivier.
on a fait tout cela pour Louis XIV ; nous savons maintenant jour par jour le compte de ses maladies, de ses indispositions, la nature de ses fièvres, le sujet et la matière de ses indigestions ; on ne nous fait grâce de rien. […] Jamais roi qui passa pour se bien porter ne fut plus souvent malade ou près de l’être, plus fréquemment indisposé et plus sujet à des incommodités diverses. […] On a beau être roi, on est homme, on est jeune homme et sujet à tous les maux et à toutes les disgrâces des jeunes fils d’Adam. […] Cet accident ne dura qu’un moment, et son ventre s’ouvrit favorablement sur l’heure même, etc. » Il y a là tout un sujet de discussion ouvert pour les médecins savants qui ont du loisir. […] Le Roi en a fait le sujet d’un agréable Appendice.
« On peut assurer, dit-il, que l’Académie changea de face à ce moment ; de peu connue qu’elle étoit, elle devint si célèbre, qu’elle faisoit le sujet des conversations ordinaires. »— Perrault, en effet, avait bien vu ; cet homme d’esprit et d’invention, ce bras droit de M. […] Le fameux discours de Buffon lui-même, qui fut une sorte d’innovation par la nature du sujet, n’excéda en rien les bornes habituelles. […] Il y a toujours beaucoup d’intérêt, selon moi, à voir un bon esprit, un esprit judicieux, aborder un sujet qu’on croit connaître à fond, et qui est nouveau pour lui. […] Royer-Collard, « sur cette tombe qui semble avoir voulu se dérober à nos hommages » ; puis il est entré dans son sujet. […] Molé n’y a pas manqué ; le ton s’est élevé avec le sujet ; la grandeur méconnue du cardinal était vengée en ce moment non plus par l’académicien, mais par l’homme d’État.
Ainsi on aura à revenir plus d’une fois sur ce sujet et à rouler dans le cercle des arguments. […] J'aimerais mieux un simple narré, tel que pouvait faire dom Le Nain38, que l’éloquence affectée. » — Ce n’est ni aux bénédictins, ni même aux jésuites qu’on songe à plaire de nos jours, mais à flatter madame Sand, à ne pas choquer M. de Lamennais, à chatouiller M. de Béranger, leurs noms et leurs doctrines, et de là une dégradation véritable du sujet. […] Jamais, notez-le bien, en aucun temps, les poëtes n’ont mené un tel deuil de leur jeunesse enfuie et ne se sont répandus à ce sujet en de tels gémissements. […] Lisez pourtant, parcourez les œuvres de tous, vous y verrez à divers degrés les mêmes sujets de tristesse, vous y entendrez les mêmes soupirs et, par moments, les mêmes cris : « Mais toi, idole de ma jeunesse, Amour dont je déserte le temple à jamais, s’écrie George Sand dans les Lettres d’un voyageur, adieu ! […] Nous demandons pardon à nos lecteurs de cette longue digression trop morale peut-être, mais nul exemple mieux que la vie de Rancé ne pouvait y donner sujet et illustrer la démonstration.
Peintre froid, mais excellent dans les petits sujets ; c’est comme Le Guide. […] Ce Parocel que j’ai tant maltraité, ce Brenet sur lequel j’ai un peu exercé ma gaieté, obtiendraient peut-être de vous et de moi quelque éloge, si l’un né chaud, bouillant, se chargeait d’une décoration ou de quelques-uns de ces ouvrages éphémères qui demandent beaucoup d’imagination et de faire ; et l’autre, d’un sujet historique, si les besoins domestiques ne le pressaient point, et s’il n’entendait pas sans cesse à ses oreilles le cri de la misère, qui lui demande du pain, des jupons, des souliers, un bonnet. […] Je ne parle pas de celle qui dit son rosaire, qui fait de sa cour un couvent, et qui n’est pourtant pas une petite femme ; mais de celle qui donne des lois à son pays qui n’en avait point ; qui appelle autour d’elle les sciences et les arts, qui fonde les établissemens les plus utiles, qui a su se faire considérer dans toutes les cours de l’Europe, contenir les unes, dominer les autres, qui finira par amener le polonais fanatique à la tolérance ; qui aurait pu ouvrir la porte de son empire à cinquante mille polonais, et qui a mieux aimé avoir cinquante mille sujets en Pologne ; car vous le savez tout aussi bien que moi, mon ami, ces dissidens persécutés deviendront persécuteurs, lorsqu’ils seront les plus forts, et n’en seront pas moins alors protégés par les russes. […] Voici le sujet du tableau de Vien. […] C’est que je m’en suis moins inquiété ; j’ai dit à Vien : voilà le sujet, voilà comme je le conçois.
Saint Grégoire VII et saint Bernard sont deux grands et difficiles sujets qui demandent plus, pour les traiter dignement, que de l’art oratoire, et MM. […] Par cela même qu’un sujet a moins d’étendue, tout homme intelligent qui y touche le creuse davantage. […] Après avoir tâté ce fier sujet de saint Bernard, qui n’est pas un aérolithe tombé dans l’histoire, mais qui a des racines dans le passé, qu’il faut découvrir, et d’autres racines dans l’avenir, qu’il faut suivre encore, M. de Montalembert, à qui les habitudes oratoires ont ôté le degré d’attention nécessaire pour approfondir un sujet, a laissé là le sien, mais du moins a voulu utiliser les lectures qu’il avait faites pour le traiter. […] Il y en a un autre qui est la faute du sujet, si faute on peut dire, mais que M. de Montalembert n’a pas diminuée. […] Je l’ai dit, c’est la faute du sujet, mais rien chez celui qui nous le montre n’irise le rayon de cette perfection, sans tache et sans nuance, comme la lumière pure, pour nous le faire supporter !
« Elles seront reliées entre elles par l’unité d’un sujet de composition. « Le sujet de composition, toujours moral, transparaîtra nécessairement sous les diverses formes esthétiques évoquées. « Elles exprimeront le sujet par correspondance. […] « Le poème symbolique est celui qui, évoquant par le vers des formes esthétiques logiquement reliées entre elles dans l’unité d’un sujet de composition, a pour objet la réalisation du Beau.
L’ancienne comédie prenait des sujets véritables pour les mettre sur la scène, tels qu’ils étaient ; ainsi ce misérable Aristophane joua Socrate sur le théâtre, et prépara la ruine du plus vertueux des Grecs. […] Les sentiments, le langage, les actions qui leur sont appropriés, ont, par leur violence et leur atrocité même, quelque chose de merveilleux, et toutes ces choses sont au plus haut degré conformes entre elles, et uniformes dans leurs sujets. […] Au caractère d’Achille, dont la peinture est le principal sujet de l’Iliade, ils rapportèrent toutes les qualités propres à la vertu héroïque, les sentiments, les mœurs qui résultent de ces qualités, l’irritabilité, la colère implacable, la violence qui s’arroge tout par les armes (Horace). Dans le caractère d’Ulysse, principal sujet de l’Odyssée, ils firent entrer tous les traits distinctifs de la sagesse héroïque, la prudence, la patience, la dissimulation, la duplicité, la fourberie, cette attention à sauver l’exactitude du langage, sans égard à la réalité des actions, qui fait que ceux qui écoutent, se trompent eux-mêmes.
Il veut enfin que les pensées soient conformes à l’élévation du sujet et la diction conforme aux pensées. […] Ce point, s’il n’est éclairci, sera donc un éternel sujet de contestation entre le bon goût et le mauvais goût. […] Leur commerce fut bientôt troublé par l’orgueil du bel esprit, qui du monarque et du sujet étranger fit presque des rivaux. […] Le seul nœud de continuité qui lie ces deux sujets ensemble, est la durée pathétique des lamentations de cette veuve de Priam. […] Mais trop peu de sujets se prêtent à cette rigueur.
Thiers faisait ses premières armes ; alors, comme aujourd’hui, on était fort tenté, au début, d’écrire sur toutes sortes de sujets. […] Sa plume, qui court comme sa parole, a de plus, dans les grands sujets, des vigueurs généreuses. Ces grands sujets le ravissent tout naturellement et lui saisissent le cœur. […] Tout annonce qu’il est résolu à mettre en valeur chaque portion de son sujet. […] Pas un effet cherché ; l’animation n’est que celle du sujet, l’éloquence n’est que celle des choses.
. — Le fond est aussi sérieux qu’il le fallait pour un pareil sujet. […] C’est ce qui explique la prédilection de certains coloristes pour un sujet si commun. […] Muller croit-il plaire au public du samedi en choisissant ses sujets dans Shakespeare et Victor Hugo ? […] Il manque de caractère, il manque de son sujet. […] — Son eau-forte est très-hardie, et son sujet très-bien conçu
Voici le sujet de ces fameux plaidoyers. […] Il y a quelques endroits foibles dans ses discours, mais c’est souvent une suite nécessaire de la différence des sujets. […] Son style est naturel sans en être moins éloquent ; & il sçait embellir un sujet sans le charger. […] On y trouve deux Sermons sur chaque sujet de morale. […] Il sçait également bien manier les sujets nobles, comme les sujets plus simples.
Sans avoir égard à cette considération personnelle, il en est une beaucoup plus importante, puisée dans la nature même du sujet, et qui montre clairement pourquoi il n’a pas été possible jusqu’ici de s’élever à une conception encyclopédique véritablement satisfaisante. […] Mais, avant de procéder à la classification méthodique de ses différentes parties, il me reste à exposer, relativement aux sciences proprement dites, une distinction importante, qui achèvera de circonscrire nettement le sujet propre de l’étude que nous entreprenons. […] Jusqu’alors on n’a pu recueillir à ce sujet que des matériaux plus ou moins incohérents, qui sont même encore fort incomplets. […] L’explication précédente est assez développée pour motiver la manière dont j’ai circonscrit le sujet général de nos considérations. […] Je ne dois point passer à une autre considération sans mettre le lecteur en garde à ce sujet contre une erreur fort grave, et qui, bien que très grossière, est encore extrêmement commune.
Daru sous l’Empire n’est pas de ces sujets qui s’effleurent. […] vous avez traité on ne peut mieux l’assemblée, votre sujet et le saint qui partageait avec vous les honneurs de la fête. […] Je roule dans ma tête un sujet qui, suivant l’usage, me paraît le plus beau qui se soit présenté à moi. […] Je crois que vous verrez d’un coup d’œil combien ce sujet est vrai, riche et varié. […] Une légère inadvertance commise à ce sujet, ou plutôt au sujet du vrai titre des fonctions de M.
L’Académie française avait proposé pour sujet d’un prix, à décerner en 1855 « une étude critique et oratoire sur le génie de Tite-Live », ajoutant à cet énoncé un programme développé où se posaient les diverses questions relatives à l’auteur et aux circonstances de sa vie, aux sources et à l’autorité de son histoire, au caractère et à la beauté de son monument. […] Taine, dont l’ouvrage a obtenu le prix, a traité ce sujet avec un talent qui en est digne, et avec plus d’originalité même qu’on n’en demandait. […] Michelet et de lui donner presque avantage sur Tite-Live, soit à propos de l’antique Étrurie, ou même au sujet d’Annibal. […] Chaque sujet de l’histoire littéraire, traité de la sorte et soumis à cette espèce de réactifs, chaque nom célèbre d’écrivain, remis en question, retourné et comme refondu dans ce moule, va devenir nouveau. […] Si l’impression qui en reste est celle de la force, la qualité qui jusqu’ici lui a le plus manqué est la douceur, la grâce : un des derniers articles qu’il a écrits, et qui a pour sujet ou pour prétexte La Princesse de Clèves, de Mme de La Fayette, montre pourtant qu’il sait toucher, quand il le veut, les cordes délicates et qu’il a en lui bien des tons.
Quoi qu’il en soit, il y avait à tirer parti du sujet. […] Rien de plus incohérent et de plus artificiel que les Adieux à Rome, sujet de la sixième Messénienne. […] Mais le sujet est-il bien choisi ? […] Delavigne, en prenant son sujet plus au sérieux, a réussi également, à sa manière, dans la voie de comédie moyenne qu’il s’est choisie. […] Par la Popularité, il est rentré dans sa manière plutôt que dans ses sujets : il pourra mieux choisir.
Avant même de considérer quel est le sujet de ce roman, qu’il me soit permis de féliciter l’auteur de cette pensée honorable, qui lui a fait demander tout d’abord au travail et à l’étude une consolation. […] Il accumule tout d’abord tant d’éloges à leur sujet, qu’il est bien aisé de sentir que cette fois l’éloge ne tire point du tout à conséquence. […] Ce devait être un livre qui aurait eu pour sujet le règne de Louis XV, et pour titre La Fin du monde. […] Il changea alors courageusement de plan et de batterie, et se mit, pour plus de contraste, à chercher un sujet dans le siècle, non plus de Louis XV, mais de Louis XIV. […] Voilà un bien grave sujet, et on se demande de quel droit le roman y peut entrer.
L’Académie française a mis au concours l’Éloge de Chateaubriand, et elle a bien fait : c’est le plus grand sujet littéraire du xixe siècle, et la mort l’a fixé et refroidi depuis un temps suffisant. […] Comment en douter, lorsqu’on a étudié à fond le sujet si complexe, si brillant, si coloré, qui s’appelle Chateaubriand ? […] Je reviendrai tout à l’heure, avec plus de détail, sur l’ensemble des conditions qui me semblent à réunir pour aborder avec avantage de tels problèmes biographiques ; mais, en ce qui est de Chateaubriand, l’auteur d’abord s’est peint lui-même, s’est analysé en tous sens dans des portraits de jeunesse ; il s’est réfléchi et projeté à tout moment dans ceux mêmes de ses écrits subséquents qui, par le sujet, auraient dû être le moins personnels ; il s’est, dans sa vieillesse, raconté de nouveau et avec toutes sortes de variations dans des Mémoires dits d’Outre-Tombe. […] c’est cette méthode ou plutôt cette pratique qui m’a été de bonne heure comme naturelle et que j’ai instinctivement trouvée dès mes premiers essais de critique, que je n’ai cessé de suivre et de varier selon les sujets durant des années ; dont je n’ai jamais songé, d’ailleurs, à faire un secret ni une découverte ; qui se rapporte sans doute par quelques points à la méthode de M. […] Il vient un moment dans la vie où il faut éviter autant que possible aux autres l’embarras de tâtonner à notre sujet ; et où c’est l’heure ou jamais de se développer tout entier.
L’écrivain s’y est donné tout développement dans l’intervalle, et ne s’est refusé aucune des excursions ou des vues qui pouvaient agrandir son sujet et l’éclairer. […] En n’évitant aucune des faces importantes de son sujet, l’auteur réussit particulièrement dans les endroits qui demandent un sentiment littéraire exquis. […] Bien jeune, et brillant de tous les succès, il avait abordé ce sujet sévère par une sorte de caprice de goût, pour en extraire la fleur et nous en donner le parfum. […] S’il trahit par endroits un peu d’inquiétude et d’incertitude, dès qu’il est dans le plein du sujet il devient tout à fait grave et beau. […] Il entre dans son sujet de haute lice ; il a l’élévation de ton aisée, naturelle, l’ampleur du tour, la propriété lumineuse et simple de l’expression.
Elle veut épuiser le sujet de la Femme. […] … Elle cultive un sujet vertueux et elle fait des apologies ! […] « L’homme, dit-il, est le souverain ; la femme, le ministre ; l’enfant, le sujet » ; ce qui fait une hiérarchie devant Dieu, et non pas une égalité. […] Et garde-toi de rire, on ce grave sujet ! […] ils croiraient faire un péché d’indécence si, dans un sujet grave, ils n’outraient pas la gravité.
Cénac-Moncaut est le maître de son sujet, je le crois. […] Avec sa chronique, Cénac-Moncaut a évité la difficile alternative imposée à son talent par son sujet, mais il nous a donné le droit de dire de son livre : C’est beaucoup trop, ou pas assez ! […] Cénac-Moncaut, dont l’ouvrage suppose des années d’efforts et d’études, doit donc être profondément pénétré de l’importance, de la virtualité et de l’originalité instructive du sujet qu’il traite. […] Entre les deux dates dans lesquelles Cénac-Moncaut renferme son sujet, puisque la féodalité est toute l’histoire, c’était la féodalité qu’il devait regarder dans le fond de l’âme, par-dessus la tête des faits. […] Les rois de France, nouveaux seigneurs du haut Languedoc, font déposer leurs cendres à Saint-Denis, et pas un de leurs sujets de ces contrées ne va s’agenouiller sur leur pierre funéraire.
Mais si Brutus est le héros de la pièce, César sa puissance, sa mort, en voilà le sujet. […] Cette nouvelle, réimprimée, traduite, imitée dans plusieurs langues, fournit à Arthur Brooke le sujet d’un poëme anglais, publié en 15627, et où Shakspeare a certainement puisé le sujet de sa tragédie. […] De cette manière de concevoir le sujet, Voltaire a tiré des beautés admirables. […] Plusieurs pièces sur le même sujet avaient déjà été mises au théâtre ; il avait été aussi le fond de plusieurs ballades. […] On n’en connaît, avant celle de Shakspeare, aucune autre sur le même sujet.
On pouvait craindre qu’en se renfermant dans ce sujet qui se rattachait à des vogues fugitives et déjà si anciennes, si parfaitement évanouies, il ne rencontrât point des sources d’intérêt bien vives et bien actuelles. […] Baour-Lormian avait cherché des prétextes et des thèmes d’exécution ; on a eu la période d’Ossian et de la poésie nuageuse, celle de Joseph et des sujets bibliques. […] C’est précisément le sujet que M. […] Ponsard a traité ce sujet avec sa franchise de bon sens, en homme qui a déjà sa propre expérience acquise, et qui ne craint pas d’exprimer avec mesure ses jugements à lui sur les plus grands noms.
Les poètes eurent seulement l’attention de ramener au sujet ces chants qui auparavant étaient pris de sujets tout différents. […] En effet, ou le chœur parlait dans les entr’actes de ce qui s’était passé dans les actes précédents, et c’était une répétition fatigante ; ou il prévoyait ce qui devait arriver dans les actes suivants, et c’était une annonce qui pouvait dérober le plaisir de la surprise ; ou enfin il était étranger au sujet, et par conséquent il devait ennuyer. […] Comment les anciens conservaient-ils si scrupuleusement un usage si sujet au ridicule ?
Avant de passer à la description du culte, il nous reste à examiner quelques sujets que nous n’avons pu suffisamment développer dans les livres précédents. Ces sujets se rapportent au côté physique ou au côté moral des arts. […] Tels sont les sujets que nous réunissons dans ce livre, sous le titre général d’harmonies, etc.
Telle est l’idée générale de ce volume qui se compose d’une suite de petits Mémoires, et dans lequel l’auteur semble n’avoir pris son sujet principal que comme un prétexte à quantité de remarques nouvelles, à des dissertations curieuses, et, ainsi qu’on aurait dit autrefois, à des aménités de la critique. […] — Et quand il est arrivé sur ces divers points à des résultats nets et précis ; quand, ayant franchi les préliminaires, et s’étant pris au texte même de la traduction en vers grecs, il l’a restitué et expliqué, ne croyez pas que l’auteur s’enferme dans les limites trop étroites d’un sujet qui pourrait sembler aride. […] Rossignol et à en tirer la matière d’une étude un peu développée, ce serait sur cette première partie, relative à la belle époque et antérieure à la portion byzantine du sujet, que je m’arrêterais le plus volontiers et que je m’oublierais comme en chemin. […] La IVe églogue, il faut en convenir, y prêtait assez naturellement, et le sujet s’en trouva bientôt travesti au point d’être donné sans détour pour une prédiction de l’avènement du Christ. […] Le pur où sa modestie lui permettra de sortir des questions trop particulières et de se porter avec toutes les ressources de son investigation et de sa science sur des sujets d’un intérêt plus ouvert, il est fait pour marquer avec nouveauté son rang dans la critique et pour se classer en vue de tous.
La sécheresse des matieres abstraires y disparoît sous l’abondance des images ; le Théologien y est toujours d’accord avec le Poëte, & le Poëte toujours égal, toujours fécond dans la diversité des sujets & dans la maniere de les traiter. […] Le Poëte s’y écarte trop souvent de son sujet. […] Racine n’a pas assez senti la différence des deux sujets qu’il a voulu traiter. […] Non seulement un Poëme didactique n’offre point de difficultés insurmontables dans la nôtre, mais encore il est très-peu de sujets qui puissent arrêter un Auteur né avec le génie propre à fournir cette carriere. […] « La Poésie veut bien se charger de donner des préceptes, mais sur des sujets qui soient dignes de son langage, & dans lesquels elle se puisse faire entendre à tout le monde, sans descendre à des expressions techniques, qui lui sont étrangeres, & qui sont à peine intelligibles pour le demi-quart des Lecteurs ».
Elle écrivit ces feuilletons charmants du vicomte de Launay, chef-d’œuvre de la légèreté féminine, qui est pour le dix-neuvième siècle ce que les lettres de Mme de Sévigné sont pour le dix-septième, mais Mme Sophie Gay n’eut pas un pareil bonheur… Mme Sophie Gay, qui a fait une montagne de romans que je ne conseillerai à, personne de gravir, et dans lesquels je retrouve, ensemble ou tour à tour, les influences, déteintes ou mélangées, de Picard, de Droz, de Sénancourt, et surtout de Mme de Genlis, non pour la raison, que Mme de Genlis avait, mais pour l’agrément, que Mme de Genlis n’avait pas, Mme Sophie Gay a, comme sa fille, voulu une fois faire son livre de femme, — un livre dans lequel la prétention virile et l’imitation des littérateurs de son temps qui avaient eu du succès, — ces deux choses qui constituent le bas-bleuisme, — pouvaient n’être absolument pour rien, et ce livre, dont le titre frappe au milieu des autres titres de ses œuvres (la Physiologie du Ridicule), prouve au contraire combien chez Mme Gay, le bas-bleu avait rongé la femme, et combien elle était peu propre à traiter un sujet qui demandait plus qu’aucun autre les qualités naturelles à la femme, c’est-à-dire de la grâce sincère et, à force de finesse de la profondeur. […] Il n’y a qu’une femme qui ait assez de pointe d’aiguille ou d’épingle dans l’esprit pour toucher, aux endroits qu’il faut, ce sujet trop fin pour les gros doigts de l’homme, et c’est surtout ici que le sexe de l’auteur est nécessaire au sujet et à la valeur des aperçus. […] le bas-bleu qu’elle était le manqua, ce sujet de femme ! […] Elle se ressouvint qu’elle était l’auteur du Moqueur amoureux, — un joli sujet qu’elle a manqué aussi, — et son livre fut une moquerie. Mondaine et pédante, superficielle et lourde, en même temps — car les bas-bleus ont ces défauts contradictoires, — Mme Sophie Gay, l’auteur de la Physiologie du Ridicule, au lieu de traiter sincèrement son sujet, en fait une mauvaise plaisanterie, et le rire de cette moqueuse n’est ni assez amer ni assez gai pour que nous puissions lui pardonner les mensonges et les superficialités de son ironie….
— Eh bien, aujourd’hui, voici que Saint-Victor, impatienté, publie enfin un vrai livre, un livre avec son unité de sujet, de composition et de portée : — c’est Les Deux Masques, Il faut croire que l’on se taira, à présent ! […] L’auteur des Deux Masques, parmi tant d’autres facultés, n’a pas au même degré le génie sévère et perscrutant de la Critique, qui perce et déchire un sujet, et, du bec et des ongles, va au fond de ses défauts et de ses beautés. […] et qui lui obéit… Ce livre des Deux Masques est de l’érudition assimilée au sujet comme l’aliment s’assimile au sang dans les veines. […] Ils ne s’appliquent pas seulement au sujet. […] Cet Édelestand du Méril, imbécilement oublié par l’Institut, comme le sera probablement Saint-Victor, parce qu’il ne possédait pas la faculté si grande et si respectée en France d’être un pédant solennel, avait tout ensemble rétréci et dilaté le sujet abordé aujourd’hui par Saint-Victor.
Il y avait là une extrême variété de sujets que l’auteur avait rassemblés dans une contexture habile, et rendus dans un style soigné, étudié, et dont l’élégance allait parfois jusqu’à la parure. […] Il excelle à analyser et à déduire les parties compliquées de son sujet, mais il ne les rassemble jamais sous un point de vue soudain et sous une expression de génie. […] Il entre quelque chose d’incomplet, même dans les idées justes que Gibbon énonce à ce sujet. […] En mon particulier, j’ai eu toutes sortes de sujets d’être contente de lui, et il est très vrai que son départ me fâche beaucoup. […] Il écrit à son vieil ami Deyverdun, à Lausanne, pour le consulter, pour le tâter à ce sujet, et pour voir si, en qualité de vieux garçons, ils ne pourraient pas compléter leurs existences dépareillées en les mariant ensemble.
Pour éclaircir un point donné, il faut avoir parcouru dans tous les sens la région intellectuelle où il est situé, il faut avoir pénétré tous les alentours et pouvoir se placer en connaissance de cause au milieu du sujet. […] On ne peut, en effet, exiger de celui qui entreprend ces vastes histoires une égale connaissance spéciale de toutes les parties de son sujet. […] Il la trouva traitée sans aucune intelligence du sujet. […] Dans l’état actuel, on peut dire qu’il y a des recherches inutiles, en ce sens qu’elles absorbent un temps qui serait mieux employé à des sujets plus sérieux. […] Nous ne pouvons hasarder sur ce sujet aucune hypothèse raisonnable.
La loi des moyennes ne pourrait ici donner de résultats qu’appliquée à des sujets appartenant à une catégorie intellectuelle semblable et ne serait valable que pour cette classe. […] Dans un roman, il y a au dehors, le vocabulaire, la syntaxe, la rhétorique, le ton, la composition, et il y a, au dedans, les personnages, les lieux, l’intrigue, les passions, le sujet, etc. […] L’examen du contenu et du sujet, au contraire, devra être changé et réduit. […] De la sorte ; des œuvres de critique littéraire, portant elles-mêmes sur des œuvres de critiques antérieurs, servent, sans absurdité, de sujet à des analyses. […] L’étude du contenu se réduira à l’analyse de la teneur habituelle des images, et, plus nettement, des sujets, des visions, de la région intellectuelle dans laquelle le poète se sera complu. — Il est inutile de poursuivre ces considérations.
Aurez vous sujet de dire ? […] En ce sens la comunication est une figure de pensée, et par conséquent elle n’est pas de mon sujet. […] Les anciens étoient homes, et par conséquent sujets à faire des fautes come nous. […] l’home est sujet à la mort ; cela est vrai dans le sens collectif, et dans le sens distributif. […] Le sens concret au contraire, c’est lorsque l’on considère le sujet uni au mode, ou le mode uni au sujet ; c’est lorsque l’on regarde un sujet tel qu’il est, et que l’on pense que ce sujet et sa qualité ne font ensemble qu’une même chose, et forment un être particulier ; par exemple : ce papier blanc, cette table quarrée, cette boite ronde ; blanc, quarée, ronde sont dits alors dans un sens concret.
En prenant pour sujet l’histoire de Venise, il se donnait une ample et neuve matière dans laquelle trouveraient place naturellement toutes les observations de sa vie publique et les fruits de son expérience sur les gouvernements et sur les hommes. […] De plus, elle était peu connue, du moins en ce qui regarde l’administration intérieure, et c’est un grand bonheur de votre sujet que ces mystères de la police vénitienne que vous avez eus à pénétrer pour les mettre ensuite au grand jour. […] Le séjour qu’il avait fait autrefois en Bretagne dans les premières années de la Révolution, et le caractère isolé et tout à fait distinct de cette province, le déterminèrent à la choisir pour le sujet premier de son étude. […] C’est moins en chroniqueur et en peintre de mœurs locales qu’il envisage son sujet qu’en publiciste : l’intérêt lent, mais réel et qui tend au dénouement, est dans la réunion finale. […] [NdA] On se rappelle, sur ce même sujet, les fragments de Mémoires du duc de Bellune, publiés dans Le Moniteur (13, 14 et 21 mai 1853).
— si tu ris ici, si tu trouves ceci un amusement, un sujet de plaisanterie, j’aime mieux que tu ries à la mort de ta mère… » La mort de ta mère ! […] voilà le magnifique sujet du livre que Michelet vient de publier. Sujet poétique, scientifique, politique, encyclopédique ; car la mer est tout cela. […] Pour les autres, c’est-à-dire pour ces gens d’imagination moyenne qui est l’imagination publique, il ne faut ni de trop grands titres, ni de trop grands sujets. […] C’est le poisson, en effet, bien plus que la mer, qui est le vrai sujet du livre de Michelet.
Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en donne de nombreux exemples dans son grand travail sur ce sujet. […] Le traité du docteur Prosper Lucas, en deux gros volumes, est le meilleur et le plus substantiel de ceux qui ont été écrits sur ce sujet. […] Après en avoir bien délibéré, j’ai donc choisi le groupe des Pigeons pour en faire le sujet de mes observations. […] Pour bien évaluer tout ce qu’ils ont pu, il est presque indispensable de lire quelques-uns des nombreux traités spéciaux écrits sur ce sujet, et de voir les produits eux-mêmes. […] Darwin lui-même chez toutes les races à produire des sujets huppés et pattus, caractères que la C. livia ne présente jamais, et que M.
Edouard Fournier comme une source inépuisable de sujets. […] On a critiqué cette manière de montrer le sujet ; on ne saurait trop la louer. […] Alexandre Dumas, pour avoir à ce sujet rappelé récemment la fable : Ah ! […] Mais à quoi bon m’étendre sur ce sujet ? […] » Au lieu d’extraire simplement la poésie naturelle de son sujet, M.
Hors des croyances et de la critique des abus présents, il n’y a pas de sujets. […] Le poète reçoit ses sujets de l’histoire et de la nature humaine ; Corneille croyait qu’il doit les inventer. […] et peut-il y avoir ressemblance avec la vie là où la vie elle-même n’est pas tout le sujet ? […] Il suffit de la feuilleter d’un doigt distrait, pour trouver des sujets à situations. […] L’histoire littéraire du temps parle de sujets essayés par lui, puis rejetés après une première ébauche.
Presque tous les sujets sur lesquels Gærtner a fait ses expériences étaient en pots et probablement placés dans une chambre. […] De sorte que certains sujets, ou même tous les individus de certaines espèces, se prêtent mieux à un croisement qu’à la fécondation naturelle. […] Noble m’a assuré qu’il élevait pour la greffe un grand nombre de sujets d’un hybride entre les Rhod. […] Dans l’un et l’autre cas, la stérilité est plus ou moins complète, et l’élément mâle est le plus sujet à être affecté ; quelquefois cependant, c’est l’élément femelle. […] Les plantes hybrides provenant d’un croisement réciproque se ressemblent généralement beaucoup ; et il en est de même des sujets métis réciproquement croisés.
C’est une série de petits sujets d’histoires qu’il a vus et qu’il a sentis, presque tous provençaux ; car Daudet est provençal. […] mais, il faut bien le reconnaître, il s’en retrouve par la vulgarité du sujet qu’il traite. […] Le sujet du roman de Jack est prosaïque, commun, oui ! […] Daudet n’a pas été le chercher loin, ce sujet. […] Sujet énorme d’un roman oublié par Balzac.
C’est dans les Greffes criminels qu’il en a pris les sujets ; tel est du moins celui du Fabricant de Londres, Piece en cinq Actes & en prose, jouée & sifflée au Théatre François en 1771. Tel est encore le sujet de l’Honnête Criminel, qui, à la faveur du sentiment qui y regne, n’a pas laissé de réussir sur des Théatres de Société. […] Courtial, qui a traité en prose le même sujet.
Le sujet des Essais. […] Le sujet des Essais. […] La popularité de Montaigne a été l’ouvrage du temps ; aussi n’a-t-elle pas été sujette aux retours. […] Les sujets de ses chapitres sont tantôt quelque axiome de morale, tantôt une vertu, une passion, une coutume, quelqu’un des mobiles qui font agir les hommes. C’est sur ces sujets qu’il nous convie à entrer en méditation avec lui.
Mais l’espace me manque pour développer ce sujet. […] Mais nous aurons à revenir sur ce sujet dans un prochain chapitre. […] Ce sujet a été admirablement élucidé par M. […] Quand nous arriverons à notre chapitre sur la géologie, nous aurons, du reste, à revenir sur ce sujet. […] J’aurai à revenir sur ce sujet dans le chapitre où je traiterai de la classification.
Plus retenus dans les sujets, ils l’ont été dans leur style. […] S’ils sont habillés de noir, c’est signe que Diane leur a donné quelque sujet de tristesse d’incarnat, c’est aveu de souffrance ; de vert ou de bleu, c’est marque d’espérance ou de jalousie. […] Ce second recueil, le véritable titre de Bertaut, se compose de paraphrases de psaumes, de chants funèbres sur les morts royales, de diverses pièces en vers héroïques sur des sujets élevés. […] Est-ce un oubli injuste, et y a-t-il sujet de réclamer pour une gloire méconnue ? […] La langue du peuple n’est pas sujette aux variations de la mode ; elle est dans tous les temps la langue naturelle des passions.
Il s'exprime ainsi lui-même à ce sujet. […] Pourquoi faut-il, au contraire, que, par une fatalité qui n'établit pas son mérite dans les Esprits clairvoyans, il ne se soit presque jamais attaché qu'à des sujets* traités avant lui ? […] Pour s’épargner la peine d’imaginer, il a puisé chez les Etrangers des sujets & des plans, qu’il a habillés ensuite à sa mode ; Zadig, Memnon, le Monde comme il va, sont presque entiérement tirés de l’Anglois : mais, il faut l’avouer, la maniere dont il s’est approprié ces sujets, dont il les a enluminés ; mais les réflexions ingénieuses & pleines de sens dont il les a enrichis ; mais les traits sins & agréables dont il les a assaisonnés, l’en rendent comme le Créateur. […] Tristan a fourni le sujet de Mariamne. […] Le sujet de Trancrede est tiré d'un Roman, intitulé la Comtesse de Savoie.
Ce qu’il laisse échapper à ce sujet dans son Introduction, est d’une éloquence douloureuse. […] Tout ce qu’ajoute M. de Tocqueville sur cet intéressant sujet et en conséquence de sa distinction lumineuse, mérite d’être étudié, et appartient à l’idée la plus fondamentale qui le préoccupe, celle de nos destinées européennes futures. […] Le livre de M. de Tocqueville, si on le parcourait complètement, fournirait sujet à l’examen de toutes les questions capitales de la politique moderne ; nous n’avons voulu que le caractériser dans sa tendance et dans l’esprit qui l’a dicté. […] Le style dans lequel est écrit l’ouvrage de M. de Tocqueville est simple, sobre, mesuré avec une sorte d’harmonie régulière, séante au sujet. […] Tocqueville m’adressa à ce sujet la lettre suivante, qu’un hasard me fait retrouver.
Otez la fausse manière qui gâte son esprit, Blaze de Bury aurait du talent, et dans ce cas il nous eût donné un petit chef-d’œuvre, car c’est vraiment de la matière à chef-d’œuvre que le sujet qu’il a choisi. Tout manqué que son livre puisse être, malgré l’indigence absolue de conception supérieure et les vices d’un langage prétentieux et déplacé, le sujet qu’il traite n’en reste pas moins d’un intérêt prodigieux, qui prend l’esprit et le passionne. […] Voilà, en aussi peu de mots que possible, le sujet touché par Blaze de Bury, la tragédie mise par lui en camée et à laquelle il fallait laisser ses colossales proportions. Blaze de Bury n’a été ni assez historien, ni assez moraliste, ni assez poète, pour traiter ce sujet, révélé dernièrement par des curieux allemands et anglais, des alchimistes historiques qui cherchent l’inconnu et le trouvent parfois. […] Encore une fois, c’était le fond de pareilles âmes que l’historien digne d’un pareil sujet devait nous montrer.
que le docteur Favrot ne fût et ne soit très capable encore de l’écrire, mais pour une raison ou une autre, qu’il connaît sans doute mieux que moi, il a passé des mains compétentes mais trop rapides sur l’ensemble d’un sujet qu’il fallait attaquer et creuser fort et ferme… Il a fait moins un livre que le programme d’un livre qu’il complétera peut-être un jour, en le reprenant en sous-œuvre. […] Il y a bien fait de l’histoire, — de l’histoire plus ou moins amusante, si on peut employer ce mot en un sujet si lugubre, — plus ou moins intéressante pour la curiosité oisive. […] C’étaient là les deux terreurs que ce livre devait respirer, les deux drapeaux noirs qu’il fallait arborer et déployer sur ce sujet des sépultures. […] III Le talent, le plus grand talent, pris à la source où le talent se puise, à la source sacrée des émotions profondes, n’aurait donc pas été de trop dans ce tragique sujet des inhumations précipitées ; car s’il n’est pas tout à fait impossible, hélas ! […] Beaucoup d’érudition sans pédantisme, un style clair, mais nul point de vue ouvert, en profondeur ou en largeur, même sur le faux, et nulle chaleur d’âme (les matérialistes en ont quelquefois malgré eux) dans un sujet qui en demandait une immense.
La comparaison des deux écrivains n’est donc pas un hors-d’œuvre littéraire, c’est le sujet. […] Montesquieu s’y plaît, et comme il arrive aux hommes de génie, dans leur sujet de prédilection, il y excelle. […] Personnages des plus considérables dans toute histoire, hommes qui emportent tout dans l’histoire de leur pays, les Gracques seront à jamais un sujet de jugements contradictoires, et admirés, même de ceux qui les condamnent. Pourquoi le sujet n’a-t-il pas tenté la pénétration de Montesquieu ? […] Si le sujet de l’Esprit des lois appartient au dix-huitième siècle, la pensée, qui est autre chose que le sujet, n’appartient qu’à Montesquieu, et cette pensée est plus dans les parties de son livre où il contredit son époque que dans celles où il veut lui complaire.
Voltaire a donc très bien fait de séparer ces deux choses, et ce devait être l’esprit de son sujet. […] et quel besoin aurait eu l’auteur d’étendre ce sujet et de le conduire plus loin ? […] Encore cet exorde, aussi gracieux que rapide, contient-il la plus simple exposition de son riche et vaste sujet. […] Tout ce que les Muses antiques ont proclamé, cède à la valeur d’un sujet qui en surpasse l’élévation. […] Accusera-t-on l’austérité du sujet pour justifier Klopstock de la tristesse de ses chants ?
Cette brusque obligation d’entrer dans des sujets pour lui nouveaux et d’en parler au fur et à mesure de l’étude lui fut très utile. […] Il ne consacra pas moins de trente-quatre leçons à ce grand sujet. […] À peine est-il maître d’un sujet, que force lui est de passer à un autre. […] Un tel sujet était fait pour l’attirer et le fixer par toutes sortes d’affinités grandioses et morales. […] J’ai recueilli à ce sujet les marques d’étonnement les plus naïves et de très précieux témoignages d’estime.
Diane (Fontanges) en était le sujet. […] Madame de Maintenon écrit à ce sujet à madame de Saint-Géran, le 26 mai : « Le roi fuit avec trop d’affectation madame de Montespan. […] Cette lettre disait entre autres choses : « Le roi commence à penser sérieusement à son salut et à celui de ses sujets. […] Madame de Maintenon écrit à ce sujet à Gobelin, le 2 juin, de Saint-Germain, une lettre où se trouvent de légères traces de son secret amour pour le roi et une nouvelle indication de la tendresse du roi pour elle. […] Par les dernières paroles qu’on vient de lire, j’ai déjà passé les bornes de mon sujet.
Je veux mourir si ni vous, ni moi, ni personne eût jamais deviné le sujet de ce tableau. à droite, un palais. […] Il a beau dire : c’est l’instant où Jupiter, s’apercevant qu’on lui a servi à manger l’enfant de la maison, le ressuscite, le rend à sa mère et condamne le père aux enfers… je lui répondrai toujours : ce sont trois instans et trois sujets très-distingués. […] De la manière dont ce sujet est composé, il ne peut guère y avoir que le mérite du technique ; la figure principale tourne le dos, et un dos n’a pas beaucoup d’expression ; voyez pourtant ce dos, car il en vaut la peine, et la manière dont cette figure est assise sur son coussin, la vérité des chairs et du coussin. […] Beau sujet, digne d’un Raphaël.
Il ne faut pas que les figures s’estropient l’une l’autre en se cachant reciproquement la moitié de la tête ni d’autres parties du corps, lesquelles il convient au sujet que le peintre fasse voir. […] Elle demande que tous les personnages soient liez par une action principale, car un tableau peut contenir plusieurs incidens, à condition que toutes ces actions particulieres se réunissent en une action principale, et qu’elles ne fassent toutes qu’un seul et même sujet. […] Si la peinture peut avoir des épisodes comme la poësie, il faut dans les tableaux, comme dans les tragedies, qu’ils soient liez avec le sujet, et que l’unité d’action soit conservée dans l’ouvrage du peintre comme dans le poëme. […] Un petit nombre des personnages sans nombre dont il est rempli, se trouve être attentif au miracle de la conversion de l’eau en vin qui fait le sujet principal.
On cite encore à ce sujet les faits & gestes du petit Pere André. […] Elle se faisait lire en dépit du sujet & du nombre des volumes. […] Un sujet aussi heureux promettoit beaucoup ; malheureusement les talens du Poëte répondaient mal au sujet. […] Lemiere dans celui qu’il nous prépare sur le même sujet. […] Le sujet n’en comporte pas de meilleur ; mais n’est-ce pas un vice dans un Ecrivain que de traiter un sujet vicieux ?
vaste sujet, qu’avec son énorme connaissance du Moyen Âge Louandre pouvait traiter mieux que personne, et qu’il a étriqué, on doit bien le dire, dans le moule que le rationalisme lui a fait. Le rationalisme a, pour toutes choses, de petits moules dans lesquels les grands sujets se cassent ou se racornissent. […] Rationaliste plus ou moins, malgré sa distinction d’intelligence, Louandre n’a pas compris tout ce qu’il pouvait tirer du sujet de son livre ; mais un poète ne s’y serait pas trompé. L’un des plus grands de ce siècle, et qu’on n’accusera pas, tout poète qu’il fut, de manquer du sens profond de la réalité, — car c’est précisément ce sentiment incomparable qui fit le plus pur de sa gloire, — Walter Scott avait pensé toute sa vie à traiter le sujet qui a tenté Louandre, et sur ses derniers jours il écrivit, trop à la hâte, hélas ! […] Plusieurs passages de son trop petit livre nous font regretter qu’il ne se soit pas laissé entraîner à la tentation de traiter son sujet en poète, sans parti pris, sans dogmatisme, évoquant la vie du passé qui nous fait tant rêver quand même elle ne nous instruit pas.
Ayant perdu des biens considérables, il ouvrit une école et y acquit des richesses immenses ; le fils d’un roi lui paya soixante mille écus un discours ou il prouvait très bien qu’il faut obéir au prince ; mais bientôt après, il en composa un autre, où il prouvait au prince qu’il devait faire le bonheur des sujets. […] Ce n’est pas qu’Isocrate ne blâme ce sujet ; mais il le traite, dit-il, pour faire voir à un rhéteur qui l’avait manqué, comment il aurait dû le traiter lui-même. […] Le troisième éloge est, pour l’exécution et le sujet, d’un mérite fort supérieur à celui-là ; c’est l’éloge funèbre d’un roi, adressé à son fils : ce roi, grand homme assez obscur, se nommait Évagoras, et était souverain de l’île de Chypre. […] Quoi qu’il en soit, jamais peut-être orateur, dans aucun pays, ne traita un si beau sujet. […] Isocrate prit enfin le parti de répondre ; ce discours d’un vieillard, qui, pour réfuter l’envie, fait la revue de ses pensées depuis quatre-vingts ans, et avant de descendre au tombeau, rend compte à la patrie et aux lois, de l’usage qu’il a fait de son éloquence, n’était pas moins susceptible de pathétique que de force ; mais l’ouvrage, avec des beautés, est bien loin d’avoir ce caractère ; le sujet est grand, l’exécution est faible.
C’est elle qui, par les portraits qu’elle a faits de ses premiers officiers et de son monde, a fourni d’inépuisables sujets de grotesques aux romanciers qui ont voulu amuser aux dépens des petites cours allemandes d’alors. […] Parmi les lettres qui mènent à l’entière réconciliation, il faut surtout citer celle du 21 février 1748, dans laquelle la margrave s’épanche avec une tendresse sans réserve : Permettez-moi, lui dit-elle, que je vous ouvre mon cœur, et que je vous parle avec confiance et sincérité sur un sujet qui m’a causé depuis quelques années le plus mortel chagrin. […] Et elle entre dans l’explication sur le chapitre de Mlle de Marwitz et sur les sujets de plainte qu’elle a contre elle. […] les sujets de différends que nous avons eu étalent si minces dans leur origine, que ç’aurait été bien méconnaître les lois de l’amitié que de se brouiller sérieusement pour des choses qui en valaient si peu la peine. […] Il raille fort piquamment sur le sujet de ce dernier, et je vous avoue, mon cher frère, que je n’ai pu m’empêcher de rire en lisant l’article ; car il est tourné si comiquement qu’on ne saurait garder son sérieux.
— Mais nous mettrons un peu d’ordre dans notre étude, et avant d’arriver à l’archevêque, qui est notre sujet principal, nous dirons de son biographe ce qu’il importe de savoir. […] On saura désormais, grâce à son utile travail, tout ce qu’on peut savoir au juste sur les deux légendes qu’on est sujet à confondre, sur le Père Le Jeune de l’Oratoire, le Père Senault, et autres précurseurs plus ou moins oubliés. […] Dès l’âge de quatorze ans, il savait si bien le latin que non seulement il composait en prose et en vers, mais qu’il était en état de discuter à l’instant en latin et dans les meilleurs termes sur n’importe quel sujet, comme s’il devait avoir un jour à disputer la palme aux plus habiles humanistes. […] Les docteurs de Sorbonne, fiers d’un talent et d’un candidat qui devait faire honneur à leur maison, écrivirent à ce sujet une lettre de félicitation à son oncle l’archevêque de Rouen, et le jeune Harlay eut de lui promesse d’obtenir l’abbaye de Jumiéges, si la reine y consentait. […] Le catholique et le chrétien cédèrent le pas au sujet ; Dieu et le pape ne vinrent qu’à la suite : le roi avant tout, ce fut sa devise.
Là même encore, les idées et les sujets le trahissent plus peut-être que le talent. […] C’est un sujet, d’ailleurs, que je me suis mis dès longtemps en réserve pour l’avenir64. […] Il était plein de bons mots, de reparties et de franchise ; il parlait avec feu, mais seulement dans les sujets qui lui tenaient à cœur, c’est-à-dire sur les matières littéraires. […] Les courtisans s’étaient d’abord un peu égayés de voir les deux poètes à cheval, à la suite de l’armée, ou à la tranchée, étudiant consciencieusement leur sujet. […] C’est assez de ces anecdotes pour montrer que le sujet de Despréaux n’est pas si triste ni si uniformément grave qu’on le croirait.
D’une part, toute valeur suppose l’appréciation d’un sujet, en rapport défini avec une sensibilité déterminée. […] Comment un état de sentiment peut-il être indépendant du sujet qui l’éprouve ? […] Mais quel est le sujet par rapport auquel la valeur des choses est et doit être estimée ? […] Parce qu’un état se trouve dans un grand nombre de sujets, il n’est pas, pour cela, objectif. […] Mais c’est la manière dont la chose affecterait le sujet collectif, et non plus le sujet individuel, qui en ferait la valeur.
L’esclave même veut donner de la dignité à ses fers ; à plus forte raison le sujet libre, et qui obéit aux lois sous un monarque. […] Il y emploie près de vingt pages à dire qu’il ne sait comment s’y prendre pour traiter un sujet si grand. […] Il y a des sujets qui ne peuvent manquer de réussir. […] En 1595, on vit dans Paris un éloge dont le sujet est à jamais respectable ; c’était l’éloge du président Brisson, pendu quatre ans auparavant pour la cause des rois. […] Le sujet vous entraîne, et l’on oublie l’orateur pour ne penser qu’au héros.
Le sujet peut-il être plus vivement exposé ? […] Mon art ne livre à la risée que les justes sujets de blâme et de critique. […] et sur quoi roulera votre sujet ? […] La fille que vous avez vue souffletée l’a-t-elle été sans sujet ? […] Voilà comme on donne aisément leur juste étendue aux sujets de la comédie.
Ce n’est pas seulement le plus beau des sujets, c’est le sujet même de tous les sujets, ce qui reste à dire quand tout a été dit, ce que l’on sent bien que nul ne dira jamais. […] Le sujet des sujets, et en vingt minutes, et devant le premier auditoire du monde ! […] C’est là tout le problème de la poésie pure, tout le sujet de nos éclaircissements. […] Notre sujet-la poésie pure-le veut ainsi. […] … c’est là un sujet difficile et que nous ne pouvons aborder encore.
Or ces facultés résident en lui d’une façon stable ; par elles, il sent, il se souvient, il perçoit, il conçoit, il combine des images et des idées, il est donc une cause efficiente et productrice. » — On arrive ainsi à considérer le moi comme un sujet ou substance ayant pour qualités distinctives certaines facultés, et, au-dessous de nos événements, on pose deux sortes d’êtres explicatifs, d’abord les puissances ou facultés qui les éprouvent ou les produisent, en suite le sujet, substance ou âme qui possède les facultés162. […] Dans tous ces verbes se trouve le verbe être, et tous ces jugements contiennent le sujet je, lié par le verbe être avec un participe qui désigne un attribut. Or, en tout jugement, le verbe est énonce que l’attribut est un élément, un fragment, un extrait du sujet, inclus en lui, comme une portion dans un tout ; c’est là tout le sens et tout l’office du verbe être ; et il en est de même ici que dans les autres cas. […] Au premier moment, comme l’a très bien vu Condillac, il n’est rien que la sensation de saveur ; au second moment, rien que la souffrance ; au troisième moment, rien que le souvenir du concert. — Non qu’il soit un simple total ; car le verbe est, qui joint le sujet à l’attribut, énonce non seulement que l’attribut est inclus dans le sujet comme une portion dans un tout, mais encore que l’existence du tout précède sa division. Quelle que soit l’origine d’un jugement, toujours l’attribut est par rapport au sujet un fragment artificiel par rapport à un tout naturel.
Si l’on transportait le même sujet, la même tragédie, dans les pays où les croyances sont différentes, rien ne serait plus différent aussi que l’impression que l’on en recevrait. […] On ne pouvait refuser la pitié à qui se présentait avec une branche d’olivier ornée de bandelettes, ou tenait embrassé l’autel des dieux : tel est le sujet unique de la tragédie des Suppliantes. […] Mais combien on voit néanmoins dans le même sujet la différence des siècles et des mœurs ! […] Les trois tragiques grecs ont tous traité les mêmes sujets ; ils n’en ont point inventé de nouveaux ; les spectateurs n’en avaient nullement le désir ; les auteurs n’y songeaient pas, et ils n’y auraient peut-être pas réussi. […] Sophocle n’eût point trouvé dans sa tête le sujet de Tancrède, ni Voltaire celui d’Œdipe.
La musique, afin de rendre l’imitation qu’elle fait des sons naturels plus capable de plaire et de toucher, l’a réduite dans ce chant continu qu’on appelle le sujet. […] La basse continuë et les autres parties aident beaucoup le chant à exprimer plus parfaitement le sujet de l’imitation. […] Faut-il s’étonner, c’est le sens de ses paroles, que notre musique ne fasse point les effets que celle des anciens sçavoit faire, puisque les chants les plus variez et l’harmonie la plus riche ne sont que des fadaises sonores et des niaiseries harmonieuses, quand le musicien ne sçait pas faire un usage sensé de ces chants et de cette harmonie, pour bien exprimer son sujet, et quand il ne sçait pas animer encore sa composition par un rithme convenable à ce sujet, de maniere que cette composition exprime quelque chose, et qu’elle l’exprime bien. […] Les symphonies convenables au sujet et bien caracterisées, contribuent donc beaucoup à nous faire prendre interêt dans l’action des opera, où l’on peut dire qu’elles joüent un rôle. […] La musique ne sçauroit être bonne, si elle n’est pas conforme aux regles generales de ces deux arts sur le choix des sujets, sur la vrai-semblance, et sur plusieurs autres points.
Hector Malot, qui, du moins, a une plus longue haleine, qui lient plus longtemps son sujet, publie, à son tour, une histoire qui fait l’effet d’un palimpseste, — d’un palimpseste dont les lettres reparaissent peu à peu, altérées, jaunies, pâlies, mais distinctes cependant, et telles qu’on les avait lues autrefois ! […] Le sujet accepté ou subi, car le talent, cette vibration, c’est parfois la vibration d’un horrible coup qui nous fut porté, le sujet accepté ou subi, l’auteur a-t-il au moins varié le sujet tombé dans sa tête, qui n’a pensé que sous le coup qui l’a frappée ? […] Et ce manque radical d’originalité dans le sujet et les personnages des Victimes d’amour, il est aussi dans les détails. […] Hector Malot tout ce qui appartient à notre époque et ce qui passera avec elle, toutes les choses qui sont le domaine commun pour qui plante sa plume dans un sujet moderne, et les lectures contemporaines et la langue générale des romans actuels, que resterait-il à ce communiste littéraire qui vit sur l’apport social bien plus que sur son propre talent ?
Jamais on n’aurait trouvé dans Fanny, dans Catherine d’Overmeire, ni dans Daniel (le plus mauvais de ses romans avant ceux d’aujourd’hui), quelque chose de comparable au commencement d’Un Début à l’Opéra, qui est purement et simplement une dissertation technique et numérotée sur l’intérieur de l’Opéra, l’administration supérieure, le directeur, les sujets de la danse, les protecteurs du corps du ballet, les auteurs, compositeurs, professeurs, maîtres de ballet, les habilleuses, les coiffeurs, les chefs de claque, les abonnés, les feuilletonistes ; et qui, placée là en dehors du roman, comme un feuilleton à part, pouvait se publier toute seule, puisqu’elle ne se rattache en aucun lien appréciable à l’économie du récit qui va suivre. […] III Rien de pareil ne s’était encore vu, même dans Feydeau, et il a si bien senti lui-même la puanteur de son sujet, choisi probablement par fanatisme d’exactitude, que lui, l’homme de la réalité exacte, et qui persifle si joliment les moralistes dans sa préface, a cru devoir se faire provisoirement moraliste contre l’épouvantable drôle, son héros, et le timbrer, pendant tout le temps que dure son récit, des épithètes de misérable, d’homme affreux, de coquin, comme s’il était, Feydeau, un des vertueux dont il se moque ! […] Mais Feydeau, qui n’avait pas d’idées à lui, a cru, en outrant l’infamie de son héros, dissimuler mieux un sujet de roman déjà traité et qui ne lui appartenait pas… Ce sujet, c’est celui de Leone Leoni. […] Madame Sand, qui faisait un livre, a traité ce sujet en se plaçant en plein centre d’âmes et de drame tète à tête, et, quoique sa main de femme ait un peu tremblé sur le scalpel et ne l’ait pas enfoncé aussi avant qu’il le fallait, elle en a mis pourtant la pointe à la place juste, tandis que Feydeau, venu après elle et faisant un feuilleton, a enroulé autour du Leone Leoni de madame Sand, dissous et délayé dans une boue plus liquide et plus infecte que la boue qui avait servi la première fois à la confection de ce type, un tas d’événements en arabesques qui sont des prétextes à feuilleton, mais qui ne font rien, absolument rien au sujet.
Il faut admirer l’orateur qui, à force d’art, d’esprit, de peinture de mœurs et de philosophie, tantôt délicate et tantôt profonde, vient à bout de suppléer à ce que son sujet lui refuse72, et il ne faudrait pas condamner ceux qui ont eu moins de succès. […] Quinze ans après l’oraison funèbre de Turenne, Fléchier traita un autre sujet, aussi beau peut-être, quoique d’un genre différent ; c’était l’éloge du fameux duc de Montausier. […] Cette oraison funèbre offre cependant des morceaux qui ne sont pas indignes du sujet. […] Oserais-je dans celui-ci, où la franchise et la candeur sont le sujet de nos éloges, employer la fiction et le mensonge ? […] Il est étonnant que Fléchier ait passé si légèrement sur un pareil sujet.
En face de cette doctrine, l’idéalisme représente le sujet pensant comme le principe même des lois universelles et des relations nécessaires que l’on croit découvrir dans les objets extérieurs : c’est la forme du miroir qui explique celle de l’image, et par cela même de l’objet représenté. […] Il n’y a point d’objet sans sujet, de monde sans une pensée qui le conçoit ; les idées qui semblent me venir du dehors, c’est moi qui les forme, et, comme le disait Kant, ce n’est pas la pensée qui se conforme aux choses, ce sont les choses qui se conforment à la pensée. […] Mais, selon nous, une troisième théorie des idées est possible : c’est celle qui, sous l’opposition du sujet pensant et du sujet pensé, chercherait une unité plus profonde, une action commune à l’esprit et aux choses, un processus universel dont la « représentation intellectuelle » est un moment et une manifestation incomplète.
Aussi les poètes se lassèrent-ils à la fin de ces éloges bachiques, qui apparemment devenaient froids, comme les louanges réitérées sur le même sujet, et qui d’ailleurs tournaient plus au profit des prêtres de Bacchus, qu’au plaisir des spectateurs. […] En un mot, il n’y a point encore là de vraie tragédie ; il peut au plus y en avoir un léger crayon ; car, outre que le sujet des récits de l’acteur était une action suivie, l’accessoire l’emporta peu à peu sur le principal. […] Mais les tragédiens ont été obligés d’en rectifier l’art pour l’ajuster à la tragédie : il faut des coups de maître pour exposer heureusement un sujet sur le théâtre ; au lieu qu’il n’est besoin que d’une belle simplicité, qui toutefois est rare, pour commencer un poème épique. […] Un sujet de pure imagination préviendrait le spectateur incrédule et l’empêcherait de concourir à se laisser tromper. […] Il en trouve six, qui sont le sujet ou la fable, les mœurs, les sentiments, la diction ou le style, la musique et la décoration.
Le second est sur un sujet proposé par l’Académie de Besançon, & on peut dire qu’il n’est pas indigne du Prix qu’il a remporté. […] L’Orateur saisit avec beaucoup de justesse cette assertion ; il en développe les preuves avec goût, avec aisance, avec solidité, & d’un ton toujours convenable au sujet. […] Nous ne dirons pas que dans celle qu’elle a composée sur l’Incendie de l’Hôtel-Dieu, elle ait atteint le sublime & l’énergie de ce genre de Poésie ; mais on ne peut méconnoître dans cette petite Production plusieurs traits de vivacité & de sentiment, préférables au jargon philosophique de la Voix du Peuple, Epître composée par un Académicien sur le même sujet.
Son génie heureux & facile, qui savoit se plier à tout, le rendit trop indulgent à lui-même ; il auroit dû se défier de la grande facilité, qui l'entraîne sans lui permettre ni le choix ni la correction ; de l'intempérance d'idées, qui s'appesantit sur un sujet & ne le quitte qu'après l'avoir épuisé. […] L'invention des sujets, les graces de la narration, la douceur du coloris, le choix des termes, l'aisance de la versification, forment de ces petits Poëmes autant de chef-d'œuvres. Dans le premier, dont le sujet est une Mouche qui se noye dans du lait, on est étonné de trouver réunis, sous un argument aussi mince, la variété des détails à la fraîcheur des peintures & à la délicatesse de la morale.
Nous pouvons donc admettre que l’aperception proprement dite est la réaction intellectuelle du sujet par rapport aux objets, réaction qui, en établissant un lien des objets au sujet et à ses divers modes de sentir ou d’agir, relie par cela même les objets entre eux. Cette réaction intellectuelle est d’ailleurs produite par un intérêt quelconque que le sujet sentant et agissant prend à ses sensations, en vertu de leur rapport à son état total ; l’intérêt sensible produit une concentration de l’activité intellectuelle dans la direction de tel objet, avec conscience plus ou moins claire de la réaction du sujet sur l’objet. […] On prétend que Léonard de Vinci recommandait à ses élèves, lorsqu’ils cherchaient un sujet de tableau, d’étudier avec soin l’aspect des surfaces de bois ; on finit par voir se dessiner, au milieu des lignes confuses, certaines formes d’animaux, des têtes humaines, des groupes pittoresques.
Un grand prêtre, un devin, une vestale, une sibylle, voilà tout ce que l’antiquité fournissait au poète ; encore ces personnages n’étaient-ils mêlés qu’accidentellement au sujet, tandis que le prêtre chrétien peut jouer un des rôles les plus importants de l’Épopée. […] La Fête-Dieu, Noël, Pâques, la Semaine-Sainte, la fête des Morts, les Funérailles, la Messe, et mille autres cérémonies, fournissent un sujet inépuisable de descriptions26. […] Enfin, le sacrifice antique n’est pas même banni du sujet chrétien ; car il n’y a rien de plus facile, au moyen d’un épisode, d’une comparaison ou d’un souvenir, de rappeler un sacrifice de l’ancienne loi.
Quant au sujet, M. […] Le dernier auteur, qui ait écrit sur ce sujet, est M. […] Leur sujet n’avait rien d’élevé. […] Quant au sujet des propos de M. […] Sur tous les sujets, excepté en littérature, M.
Le sujet, pour être mince, n’en était que plus délicat ; il s’agissait de le broder agréablement, sinon de le créer. […] Du trait dans la conversation, des pointes à tout propos, quelque chose de vif et de sémillant dans son bon temps ; avoir sur chaque sujet de passage une provision de bons mots plus ou moins préparés, comme on a des pastilles dans une bonbonnière d’écaille qu’on fait circuler aux mains des dames ; ne voir guère dans tout ce qui est sur le tapis, même dans ce qui est sérieux, que prétexte à paillettes et à étincelles ; ne jamais sortir d’un salon sans assurer et signaler sa sortie par un dernier petit trait qu’on lance en fuyant : tel était, tel nous vîmes pendant des années ce galant homme, homme d’esprit assurément, mais des plus précieux et non pas médiocrement frivole. […] Il se plaisait, dans les heures bien rares que lui laissait le monde, à écrire sur toutes sortes de sujets, et particulièrement à se souvenir de ses succès de salon, à en fixer la mémoire, à noter ses premières aventures d’esprit, à dénombrer ses nobles relations, et (plus homme de lettres en cela et moins homme du monde qu’on ne l’aurait cru) à tenir registre de tous les jolis mots qu’il avait semés dans sa carrière. […] Un noble tableau du premier empire, une brillante image de la société sous la Restauration, un généreux et chaleureux hommage à l’empire actuel et à l’empereur, à la croisade italienne, grosse d’avenir, ont rehaussé le sujet et mis en jeu des sympathies diverses qui se sont confondues à la fin dans un seul et même applaudissement.
Déjà plein du sujet qu’il allait méditant, Rapin11 vantait le parc et célébrait l’étang. […] Fut d’enseigner leur siècle et de le maintenir, De lui marquer du doigt la limite tracée, De lui dire où le goût modérait la pensée, Où s’arrêtait à point l’art dans le naturel, Et la dose de sens, d’agrément et de sel, Ces talents-là, si vrais, pourtant plus que les autres Sont sujets aux rebuts des temps comme les nôtres, Bruyants, émancipés, prompts aux neuves douceurs, Grands écoliers riant de leurs vieux professeurs. […] Tout poëte aujourd’hui vise au parlementaire ; Après qu’il a chanté, nul ne saura se taire : Il parlera sur tout, sur vingt sujets au choix ; Son gosier le chatouille et veut lancer sa voix. […] Mais aujourd’hui laissons tout sujet de satire ; A Bâville aussi bien on t’en eût vu sourire, Et tu tâchais plutôt d’en détourner le cours, Avide d’ennoblir tes tranquilles discours, De chercher, tu l’as dit, sous quelque frais ombrage, Comme en un Tusculum, les entretiens du sage, Un concert de vertu, d’éloquence et d’honneur, Et quel vrai but conduit l’honnête homme au bonheur.
L’ensemble de ces travaux, que l’amitié, nous l’espérons, se fera un devoir de recueillir, formerait l’ouvrage le plus ingénieux et le plus complet sur ce sujet délicat. […] Montaigne, La Rochefoucauld, La Bruyère, Bourdaloue, lui ont fourni le sujet de considérations neuves et pénétrantes. […] On n’a rien écrit sur ce sujet de plus intimement vrai et de plus justement senti. […] Vinet n’a pas eu le même bonheur que Topffer ; il a vu son cher pays en proie aux violents, la culture de quinze années détruite en un jour, ses meilleurs amis dispersés ; il a bu tout le calice d’amertume dont était capable sa nature tendre, et il est à croire que, tout en sentant qu’il en souffrait et qu’il en mourait, sa belle âme en tirait un nouveau sujet de rendre grâces et de bénir.
Ce sont, dans Virgile, ses propres sujets, les mêmes images. […] Les sujets sont peu de chose. […] Le sujet est plus vaste, mais c’est un sujet. […] Sujet de discours français développé par un bon élève. […] Son antithèse semble toujours née du sujet.
Ce cas est tout à fait celui de la femme distinguée dont le livre de MM. de Goncourt m’a rafraîchi le souvenir, et que depuis longtemps je désirais remettre en lumière, sans me croire suffisamment instruit à son sujet. […] Dans une conversation assez vive qu’il eut à ce sujet avec le roi, Mme de Pompadour présente, celle-ci l’interrompit sur quelqu’une de ses assertions, en lui disant : « Vous ne mentez jamais, Monsieur ? […] Un jour que le comte de La Marche, fils du prince de Conti, demandait à M. de Choiseul, alors ministre de la guerre, la croix de Saint-Louis pour un officier, comme M. de Choiseul refusait de la donner en disant que le sujet ne la méritait pas encore, le comte de La Marche insista ; M. de Choiseul tint bon, quoiqu’il ne fût pas d’usage de refuser là-dessus un prince du sang. […] allez regarder à Versailles, dans la galerie du haut, le tableau d’Olivier qui a pour sujet « le thé à l’anglaise dans le Salon des Quatre-Glaces au Temple. » MM. de Goncourt l’ont très-bien décrit. […] que ne suis-je auprès de vous, ne fût-ce que pour vous voir une demi-heure par jour et causer avec vous sur ces sujets !
Le sujet de Caton est tout indiqué pour un sujet d’opposition. […] L’Institut, qui était en retard sur les événements publics, avait proposé pour sujet du prix de poésie (1803) ce mot de Montesquieu : « La vertu est la base des Républiques. […] Il n’y a de poétique que l’idée d’avoir mis en scène ce sujet abstrait et d’en avoir attribué le développement à un personnage historique. […] C’est que le succès prolongé au théâtre n’appartient point à tel ou tel genre qu’on croit neuf, mais au talent seul qui anime et fertilise les genres et les sujets. […] Les traits piquants qu’on pourrait raconter à son sujet seraient nombreux, et il faudrait être un Fontenelle pour les présenter avec la discrétion qui sied.
L’auteur des pages qu’on va lire était déjà préoccupé de ce grand sujet qui dès longtemps, nous venons de le dire, sollicitait intérieurement sa pensée, lorsqu’un hasard, il y a quelques années, le conduisit sur les bords du Rhin. […] Ainsi l’histoire, la légende, le conte, la réalité, la nature, la famille, l’amour, des mœurs naïves, des physionomies sauvages, les princes, les soldats, les aventuriers, les rois, des patriarches comme dans la Bible, des chasseurs d’hommes comme dans Homère, des titans comme dans Eschyle, tout s’offrait à la fois à l’imagination éblouie de l’auteur dans ce vaste tableau à peindre, et il se sentait irrésistiblement entraîné vers l’œuvre qu’il rêvait, troublé seulement d’être si peu de chose, et regrettant que ce grand sujet ne rencontrât pas un grand poëte. Car, là il y avait, certes, l’occasion d’une création majestueuse ; on pouvait, dans un sujet pareil, mêler à la peinture d’une famille féodale la peinture d’une société héroïque, toucher à la fois des deux mains au sublime et au pathétique, commencer par l’épopée et finir par le drame. […] Selon lui, le poème doit avoir la forme même du sujet. […] Loin de là : si une œuvre aussi incomplète valait la peine d’être discutée à ce point, on surprendrait peut-être beaucoup de personnes en leur disant que, dans la pensée de l’auteur, il y a eu tout autre chose qu’un caprice de l’imagination dans le choix de ce sujet et, qu’il lui soit permis d’ajouter, dans le choix de tous les sujets qu’il a traités jusqu’à ce jour.
Avouons même que ces détails rustiques, déjà peu piquants par eux-mêmes, ont encore quelquefois l’inconvénient de trancher avec le sujet, et d’y être ridiculement déplacés. De toutes les églogues de Virgile, la meilleure peut-être, sinon comme églogue, au moins comme pièce, est celle de Corydon et d’Alexis ; et assurément on ne dira pas que ce soit là un sujet pastoral. […] Cependant, pour acquérir le droit d’être plus sévère à l’avenir, elle a pris le parti, depuis quelques années, de laisser aux poètes le choix des sujets, mais elle voit avec peine que les auteurs semblent se négliger à proportion de la liberté qu’elle leur laisse, et de la rigueur qu’elle a résolu de mettre dans ses jugements. […] L’esprit exige que le poète lui plaise toujours, et il veut cependant des repos : c’est ce qu’il trouve dans La Fontaine, dont la négligence même a ses charmes, et d’autant plus grands que son sujet la demandait. […] En effet un long ouvrage doit ressembler, proportion gardée, à une longue conversation, qui pour être agréable sans être fatigante, ne doit être vive et animée que par intervalles ; or dans un sujet noble les vers cessent d’être agréables dès qu’ils sont négligés, et d’un autre côté le plaisir s’émousse par la continuité même.
Les Pieces qu’il a composées en ce genre, annoncent une adresse heureuse pour ajuster le merveilleux au fond du sujet, & le faire naître des circonstances amenées sans effort . […] Pourvu qu’on choisisse bien son sujet, qu’on en regle ingénieusement l’economie, qu’on distribue ses personnages avec choix, que les situations forment des tableaux, pourvu que la fable soit susceptible d’incidens extraordinaires, de divertissemens délicatement variés & tirés du fond même de l’intrigue, de décorations pompeuses ou agréables, on sera toujours sûr de remplir l’objet de cette partie de nos spectacles, & de la sauver des dégoûts d’une ennuyeuse monotonie. […] Des sentimens nobles & fermes, l’amour de la Patrie, le triomphe des Arts, le danger du vice, le tableau des vertus, la terreur du crime, l’amour de l’humanité, &c. ne sont-ils pas des sujets capables d’occuper comme d’embellir la Scene ?
Boileau relevait vivement, dans une lettre de Huet, cette méprise qui dans la beauté des ouvrages donnait tout au sujet, rien à l’art et à l’auteur. […] Mais trouver les paroles dignes du sujet ! […] Cela se fait-il par la vertu essentielle du sujet ? […] Mais il a voulu enseigner aux écrivains qu’en poésie la forme seule peut donner un prix infini aux choses : avis à ceux qui croient que le sujet est tout. […] Il réduit le lyrisme à l’ode, et là, il n’atteint pas dans son fond l’inspiration de Pindare, et s’arrête à dresser un catalogue des sujets.
Elle lui mande tout ce qu’elle lui eût dit de vive voix ; il n’y a pas de petites nouvelles ni de petits sujets. Si elle n’a rien à dire, c’est encore un sujet que de le dire. […] N’est-ce pas écrire sans sujet que d’écrire sur un sujet si épuisé ? […] Mais où le sujet manque, ces lettres sont courtes, sèches, sans épanchement. […] « Je ne fus jamais un sujet académique », dit-il à la fin de ses Mémoires.
Avec les grands sujets, ils ont perdu le grand style. […] Mais, par votre tempérament, votre hérédité, votre race, êtes-vous aptes à concevoir tel ou tel sujet ? […] Et justement voilà le type du sujet littéraire et vraiment classique, — parce que cela ne prouve rien ! […] Et d’abord le sujet apparent ne compte pas. […] Il nous dira d’abord qu’il a longtemps ignoré la forme de son sujet.
À défaut d’invention, on fut trop heureux de trouver un sujet de critique qui, pendant deux ou trois ans, fournit matière à des quantités d’écrits et à toutes les conversations. […] La Motte, qui croyait que l’esprit supplée au talent et qui s’était mis à faire des vers, avant tout raisonnables, dans tous les genres et sur tous les sujets, se dit que l’Iliade d’Homère était une matière qui s’offrait d’elle-même, et il eut l’idée de prendre pour canevas la traduction de Mme Dacier, en y changeant, corrigeant, retranchant tout ce qui lui paraîtrait convenable ; il voulait faire d’Homère quelque chose de bien. […] Tous deux ont cet avantage de si bien raisonner en gens d’esprit qui décomposent leur sujet et le traitent à faux ou à côté du vrai dans tous les sens, qu’ils vous impatientent, vous irritent et vous forcent, pour peu que vous ayez un esprit franc, à mieux raisonner, ou du moins à conclure mieux qu’eux. […] Le père Hardouin partait de ce point que personne jusque-là n’avait entendu le sujet de l’Iliade, qu’il proclamait d’ailleurs le chef-d’œuvre le plus ingénieux de l’esprit humain en son genre ; il venait donc révéler à tous pour la première fois ce sujet tel qu’il se flattait de l’avoir découvert : ce n’était pas du tout la colère d’Achille comme on l’avait cru généralement, mais bien la destruction, selon lui, et l’extinction de la branche d’Ilus, décrite et racontée tout en l’honneur d’Énée qui était de la branche cadette. […] — Mais imaginez cependant la gaieté des espiègles modernes et des irrévérents mondains lorsqu’ils virent les partisans de l’Antiquité aux prises entre eux et ne pouvant s’accorder sur le sujet même du poème qu’ils offraient comme modèle à l’admiration et à l’imitation de tous.
C’est ainsi qu’au sein de chaque sujet, de chaque situation donnée, il a opéré avec une sorte de détermination certaine et suivie, qui ne perdait aucun de ses coups. […] Les nouveaux sujets qui l’occupent désormais promettent, non pas un mélange, mais bien un emploi uni et concerté de ses facultés les plus belles. […] On n’approche du sujet que par degrés, à travers un prélude ménagé ; on s’y apprivoise. […] Au moment où, par le sujet et par la manière, il a l’air de se ressouvenir le moins des modèles enseignés, tout d’un coup il les rejoint et les touche au vif sur un point, parce que, ainsi qu’eux, il a visé droit à la nature. […] Dans les Coéphores d’Eschyle, qui sont le même sujet, le chœur se montre plus excitant.
À dessein, dans leur besoin obstiné de traiter des sujets rationnels, ils choisirent du moins les sujets les plus vagues et les plus indifférents. […] Mais quels sujets siéent à la poésie ? […] Taine, ce n’est pas de choisir son sujet, mais d’appliquer à un sujet quelconque, une fois choisi, l’appareil complet de la méthode que l’on sait. Tous les sujets n’ont été ainsi pour M. […] Le sujet choisi par M.
Amédée Renée, publie en ce moment un volume, non plus de récit épisodique, mais de véritable histoire politique sur un sujet bien connu, tant de fois étudié, mais qui n’est jamais épuisé : Louis XVI et sa Cour 62. […] L’esprit dans lequel le livre est conçu est un bon esprit ; j’appelle ainsi celui qui consiste à ne pas arriver sur le sujet avec une prévention et un système, à se pénétrer de l’esprit même de l’époque qui est en cause, à recueillir tous les témoignages, à s’éclairer de toutes les dépositions et à nous rendre avec gravité, avec bon sens et modération, le résultat de cette enquête si délicate et si compliquée. Les quatorze ou quinze années du règne de Louis XVI, antérieures à la Révolution, seront toujours un sujet de méditation et d’étude pour ceux qui cherchent à se rendre compte de la manière dont les révolutions se forment, se préparent, et de ce qu’il faudrait faire pour les prévenir et les éviter. […] Après tout ce qui a été écrit et peint ou colorié sur ces sujets, il n’y a plus qu’une grande exactitude et une scrupuleuse recherche du vrai qui puisse attacher encore.
Car on n’a pas à rechercher toujours la même sorte de clarté : chaque sujet a sa clarté propre, réglée par sa destination qui l’adresse à tel ou tel public. Un philosophe écrivant pour des philosophes, un archéologue écrivant pour des archéologues, un savant écrivant pour des savants, n’ont qu’à appliquer aux choses les termes techniques de leur science spéciale : ils ne veulent pas être compris de tout le monde, et il leur suffit d’être entendus de ceux qui connaissent ces vocabulaires particuliers, et plus ils mettront de rigueur dans cet emploi des mots techniques, plus ils préciseront leur pensée et éclairciront leur sujet. […] La besogne est délicate, et plus le sujet est spécial, plus le problème se complique. […] Ceux-là d’abord s’offrent à l’écrivain qui traite un sujet spécial.
Ainsi le sujet de l’imitation, c’est-à-dire, les évenemens de la tragédie et les expressions du tableau, font une impression legere sur les peintres et sur les poëtes sans génie, qui sont ceux dont je parle. […] La poësie du tableau de Monsieur Coypel, qui représente le sacrifice de la fille de Jepthé ne les saisit point, et ils l’examinent avec autant d’indifference que s’il représentoit une danse de païsans ou quelque sujet incapable de nous émouvoir. […] Nous avons avancé que les gens du métier étoient encore sujets à tomber dans une autre erreur en formant leur décision. […] Le poëte dont le talent principal est de rimer richement, se trouve bien-tôt prévenu que tout poëme dont les rimes sont négligées ne sçauroit être qu’un ouvrage médiocre, quoiqu’il soit rempli d’invention, et de ces pensées tellement convenables au sujet, qu’on est surpris qu’elles soient neuves.
Les contemporains jugent très-bien du mérite réel d’un ouvrage, mais ils sont sujets à se tromper quand ils jugent de son mérite de comparaison, ou quand ils veulent décider sur le rang qui lui est dû. Ils sont sujets à tomber alors dans une des deux erreurs qu’on peut faire en prononçant sur ce point-là. […] Je finis le sujet de Ronsard en faisant une remarque. […] Mais chacun fera de lui-même toutes les refléxions que je pourrois faire ici sur ce sujet-là.
Le jour suivant, Alberti, continuant de traiter le même sujet, explique à fond la doctrine de Platon sur le but et la véritable destination de la vie humaine, et il s’attache à l’éclaircir par les opinions des plus célèbres sectateurs de ce philosophe. Enfin, Alberti consacre les entretiens du troisième et du quatrième jour à un commentaire sur l’Énéide, et il tâche de démontrer que, sous le voile de la fiction, le poëte a prétendu représenter les dogmes principaux de cette philosophie qui a été le sujet des discussions précédentes. […] Je composai aussi quelques sonnets sur ce sujet ; et pour les rendre plus touchants, je m’efforçai de me persuader que j’avais perdu moi-même l’objet de mon amour, et de faire naître dans mon âme tous les sentiments qui pouvaient me rendre capable d’émouvoir la compassion des autres. […] L’or fut son premier sujet et lui enchaîna sans bruit tous les autres. […] « Dis-moi quel sujet t’amène en ces lieux ?
… Le sujet qu’il traitait n’était-il pas encore le Christianisme et Rome, le fond commun sur lequel il avait buriné ses Césars ! […] Il reste terre à terre, portant le poids de son sujet, un sujet magnifique qui a été touché par des mains sans force ou indignes, mais qui n’a jamais été écrit. […] Dans ce grand sujet de Rome et la Judée, dans ce vis-à-vis énorme, mais si facile à la rhétorique et aux déclamations, du monde de l’ancien Testament aboli, de la Synagogue dispersée par l’épée romaine, et de la chaire de Saint-Pierre érigée debout, dans l’apocalypse d’un monde nouveau, il aurait fallu une touche si mâle et si ferme, il aurait fallu quelque reflet surnaturel de saint Paul et de saint Jean réunis, formant le rayon d’une inspiration plus que pittoresque et plus que littéraire, et, au lieu de cela, nous avons un peintre grêle de salon, — presque un feuilletoniste d’histoire, quelque chose comme un Pontmartin historique ; car Champagny, dans ce dernier livre, a beaucoup de Pontmartin ! […] Seulement, Pontmartin n’abat pas sur sa tête des sujets comme Champagny vient d’en abattre un sur la sienne.
Chaque mot aura désormais sa place marquée dans le discours, et il faudra qu’il l’occupe : défense de placer désormais le sujet après le verbe, ou l’attribut avant le sujet ! […] si Molière est demeuré pour beaucoup d’hommes un maître de conduite. — Exagérations des Moliéristes à ce sujet, — et de Sainte-Beuve lui-même [Cf. […] — Témoignages à ce sujet [Cf. […] L’Histoire des variations des églises protestantes, 1688. — Discussions récentes à ce sujet [Cf. […] C’est d’une de ces nouvelles que Racine a tiré le sujet de son Bajazet.
Au reste, il n’a aucune intention révolutionnaire : et dans la mesure où ses sujets le comportent, il se soumet aux unités. Elles s’étaient établies sans bruit dans la comédie : il était plus facile d’y réduire les sujets de pure invention dont l’ordonnance est à la disposition de l’auteur. […] Molière n’était pas gai, et ses sujets aussi ne sont pas gais. […] De là vient que, parmi tous les sujets qui se sont ‘ offerts à son génie, il a choisi toujours de préférence ceux qui louchaient aux conditions du bonheur domestique et de la vie de famille. […] Son sujet posé, il en tire tout ce qu’il contient de rire, avec une logique extravagance, sans aucun souci de la réalité ni de la vraisemblance.
En France, un roman a toujours pour sujet l’idée d’une faute. […] Qui peut être sûr de découvrir chaque semaine un sujet original ? […] Victor Hugo n’a pas vu la puérilité de ses sujets dramatiques. […] Jamais sujet ne fut plus d’actualité. […] C’est Bouilhet qui lui trouva le sujet de Madame Bovary.
On était arrivé cependant, en examinant bien les divers écrits de Vauvenargues, à n’y pas voir seulement un jeune homme plein de nobles et généreux sentiments, de pensées honorables à l’humanité, doué d’un talent d’expression singulièrement pur, et d’une sorte d’ingénuité élevée de langage, — le meilleur des bons sujets et le modèle des fils de famille ; ce premier Vauvenargues qui se dessine, en effet, dans quelques réflexions et maximes souvent citées de lui, ce premier Vauvenargues que chaque âme honnête porte en soi à l’origine avant le contact de l’expérience et la flétrissure des choses, était dépassé de beaucoup et se compliquait évidemment d’un autre en bien des points de ses ouvrages. […] Il fit une maladie grave et qui mit ses jours en danger en 1739 ; les lettres que lui adresse Vauvenargues à ce sujet sont les plus précieuses de cette correspondance, en ce qu’elles jettent quelque lumière sur les vrais sentiments en matière de religion et les croyances de celui qui les écrivait. On a fort discuté sur le christianisme de Vauvenargues, et d’habiles gens en ont fait le sujet d’un examen particulier. […] C’est un neutre indulgent et parfois sympathique ; et quant à ces traités particuliers sur le libre arbitre et sur d’autres sujets où il a paru imiter le style et suivre les sentiments de Pascal, il nous en donne la clef un peu plus loin dans cette lettre même (10 octobre 1739) ; car, après un assez long développement et qui vise à l’éloquence, sur les combats du remords et de la foi au lit d’un mourant, il ajoute : J’aurais pu dire tout cela dans quatre lignes, et peut-être plus clairement ; mais j’aime quelquefois à joindre de grands mots, et à me perdre dans une période ; cela me paraît plaisant. […] Gilbert, faisant à merveille son devoir d’avocat et d’ami de Vauvenargues, observe d’ailleurs avec justesse qu’on ne doit pas prendre trop au sérieux une idée en l’air, et dont Vauvenargues avait été le premier à faire bon marché et à rire. — La seule conclusion que je veuille tirer, c’est que nous avons désormais en Vauvenargues un sujet plus compliqué qu’on ne l’imaginait, un sujet plus mélangé et plus humain, et moins pareil (au moral) à une belle statue d’éphèbe.
Le récit nous est fait par Roger lui-même, non le héros (il n’y a plus de héros de roman ni d’héroïne, depuis longtemps ils sont morts), mais le sujet et le patient, le malade et la victime du poison de jalousie. […] J’ai voulu refaire à ce sujet une lecture d’Adolphe. […] ne daignant même pas pénétrer jusqu’au cœur les sujets oiseux que j’avais imprudemment choisis, mais qu’il me condamnait maintenant à poursuivre, comme s’ils eussent été les seuls qu’il jugeât dignes de moi. […] Ce n’est pas que du temps d’Adolphe on ne fût aussi sensualiste, aussi sensible aux choses réelles et palpables, aussi sujet aux choses de la bile et du sang, qu’on peut l’être aujourd’hui ; l’Adolphe véritable, si je me l’imagine bien, ne s’en faisait pas faute. […] Ne mêlons point l’Évangile en un tel sujet ; c’est bien assez de Salomon.
Parfois une anecdote contemporaine l’inspire, comme dans le Curé et le mort : parfois il reçoit le sujet de quelqu’un qui le lui donne à mettre en vers ; jamais de lui-même il n’a inventé sa matière. […] De plus, quand il s’agit de fables, c’est une preuve de goût notable, que de se refuser l’honneur facile de créer des sujets. L’apologue est de sa nature une forme très primitive et très naïve : la réflexion individuelle ne peut guère plus créer des sujets de fables que des sujets d’épopée ; et ces formes symboliques ne sauraient être compréhensives et vivantes qu’à condition de dériver d’une source populaire ou d’être au moins consacrées par une longue tradition. […] Il n’a pas versifié les sujets d’Ésope et de Phèdre : il a traduit des visions personnelles de la vie, que sa réflexion faisait transparaître à travers les lignes maigres et sans caractère des thèmes traditionnels. […] C’est en lui, non dans son auteur, qu’il a trouvé le pittoresque et la poésie du sujet.
Walckenaer publia en 1840 un ouvrage dont le sujet est cher à tous ceux qui ont retenu quelque chose des études de l’Antiquité, une Histoire de la vie et des poésies d’Horace, en deux gros volumes. […] Walckenaer fait preuve d’une grande richesse de ressources, d’une instruction abondante qui environne en quelque sorte toutes les parties de son sujet, et vous y transporte sans trop de fatigue. […] Walckenaer, laborieux, infatigable, occupé de bien des recherches à la fois, amassait des notes sur chaque sujet, mais il n’en tirait point parti à l’instant même. […] On peut dire que, dans ce sujet cordial et riche, M. […] Un Rapport sur les manuscrits inédits de Fréret abonde en recherches neuves, selon son usage ; ce genre de labeur sur tout sujet lui semblait facile et était comme passé dans sa nature.
Il n’avançait point, parce qu’il ne le pouvait, parce qu’il s’élevait souvent des sujets de division entre les trois maréchaux. […] La force du sujet a même obligé La Fontaine à suivre l’intention du premier auteur, jusqu’au dénouement, où il l’abandonne. […] Lequel valait mieux de goûter tous ces avantages de la paix et de la vertu, ou de t’expatrier, toi et la plus grande partie de tes sujets, pour aller restituer une femme fausse et perfide à son imbécille époux, qui a la constance de la redemander pendant dix ans ? […] Mon sujet est petit, cet accessoire est grand. […] Mais le sujet ne permettait pas une effusion de sentimens aussi touchante.
Brumoy possédoit trop supérieurement l’esprit d’analyse, le génie de la traduction, les finesses du goût, pour pouvoir être facilement égalé par des Littérateurs qui n’ont eu ni autant d’application que lui, ni autant d’avantage du coté du sujet. […] Son Virgile Chrétien consiste, comme le Virgile Païen, en Eglogues, en Géorgiques & en un Poëme épique en douze Livres, avec cette différence, que les sujets de dévotion sont substitués aux sujets de la Fable.
LE moyen de ne rien sçavoir en Chronologie, ce seroit de lire tout ce qu’on a écrit sur ce sujet si important & si embrouillé. […] Il n’y a rien parmi les anciens que l’on puisse comparer à Lucien qui nous a laissé sur ce sujet intéressant un petit traité, qu’on trouve dans ses œuvres, de la traduction d’Ablancourt. […] Un livre qui a rapport au même sujet est le Traité du P.
À l’élégance du vêtement, à l’éclat des couleurs, on le prendrait presque pour un morceau de Boucher ; et puis si on ne savait pas le sujet, on ne le devinerait jamais. […] Il porte dans la société le caractère du sujet qu’il traite dans son atelier ; triste ou gai ; folâtre ou sérieux ; galant ou réservé selon la chose qui venait d’occuper son pinceau. […] J’aime assez dans un tableau un personnage qui parle au spectateur sans sortir du sujet.
À la tête des plus spirituels entre les mauvais sujets, il usa et abusa de toutes les licences de son quartier et de son temps. […] « Chose étrange, dit à ce sujet M. […] Passa-t-il ses derniers jours en Poitou, comme on peut l’inférer de l’anecdote qu’on lit dans Rabelais et qui nous découvre un dernier tour pendable de l’incorrigible mauvais sujet ? […] Dans la Ballade des seigneurs du temps jadis, Villon a aussi son refrain heureux et approprié au sujet. […] Ne venons pas prononcer, à son sujet, le nom de Bossuet, ni même celui de Byron et des don Juan modernes.
Si Le Prince n’y prend garde, s’il continue à se négliger sur le dessin, la couleur et les détails, comme il ne tentera jamais aucun de ces sujets qui attachent par l’action, les expressions et les caractères, il ne sera plus rien, mais rien du tout ; et le mal est plus avancé qu’il ne croit. […] Ici les têtes sont mal touchées et les vêtemens lourds, ici ou dans un autre morceau dont le sujet est le même. […] Cependant il est inférieur à celui que l’artiste exposa il y a deux ans et dont le sujet est précisément le même. […] Il faut d’aussi bons yeux pour voir le fond et découvrir le père et la mère, qui sont toutefois au pied du lit et sur le devant, que de pénétration pour deviner le sujet qui les amène ! […] Si cet artiste n’eût pas pris ses sujets dans des mœurs et des coutumes dont la manière de se vêtir, les habillemens ont une noblesse que les autres n’ont pas, et sont aussi pittoresques que les nôtres sont gothiques et plats, son mérite s’évanouirait.
Voltaire, au reste, est bien loin d’avoir embrassé tout entier le sujet de la Henriade. […] Agathon mit sur le théâtre des sujets de pure invention : l’art alors fut perdu. […] Pour nous l’erreur était bien facile, parce que les véritables sujets tragiques des anciens, transportés sur nos théâtres, ne pouvaient être que des sujets d’imagination. Cependant ces sujets étaient doués d’une telle fécondité de poésie qu’ils purent encore exciter toute notre admiration. […] Mais il est remarquable que nous essayâmes bien vite les sujets d’invention.
Il nous fallait un sujet, un corps de vérités, d’où sortît un enseignement pratique ; un langage approprié, naturel, où les mots ne fussent que les signes nécessaires des choses. […] Voilà enfin un sujet, et quel sujet ! […] Qui donc oserait se dire ou incompétent ou médiocrement touché du sujet ? […] Il ne manque à la langue de Descartes que ce qui n’y était pas nécessaire : et c’est une beauté de cette langue que de s’être privée des beautés qui n’appartenaient pas au sujet. […] Mais sous l’empire de cette règle, qui ne gêne que nos défauts, la prose française allait recevoir de grands accroissements de la variété des sujets et du génie propre de chaque auteur.
Preuve éclatante, si jamais il en fut, de l’indifférence du sujet dans une œuvre d’art ! […] Sur les autres sujets, non moindre désaccord. […] Ils choisirent à dessein, dans le besoin obstiné de traiter des sujets rationnels, les sujets les plus vagues et les plus indifférents. […] Ils forgèrent des sonorités précieuses, d’admirables rythmes subtils ou élargis : mais ils négligèrent le sujet émotionnel non moins que le sujet notionnel : leurs musiques s’épandent au hasard, trouvailles ingénieuses de manœuvres. […] Il adopta volontiers pour sujet l’émotion produite, dans une âme étrangement pensive, par la création et la contemplation de rêves philosophiques.
La Menardiere, qui, dans sa Poétique, avoit traité avant lui de l’Art dramatique, n’a fait que commenter ce qu’Aristote & Castelvetro ont écrit sur le même sujet. […] Le choix du sujet, par exemple, la contexture du plan, l’art de préparer les incidens, de nouer & de dénouer l’intrigue, la nécessité de soutenir l’action, la disposition des actes, la coupe & la liaison des scènes, & cent autres particularités sur lesquelles les Anciens ne sont entrés dans presque aucun détail, sont présentés chez lui avec une clarté de principes & une sûreté de goût, qui le mettent bien au dessus de tous ceux qui se sont exercés à écrire sur la Théorie & la Pratique du Théatre. […] L’Abbé d’Aubignac eut même sujet de se plaindre de ce que ce Poëte ne fit aucune mention de lui, soit dans ses Préfaces, soit dans son Discours sur les trois Unités.
Toute composition dont on s’en tient à nommer le sujet, sans ajouter ni éloge ni critique, est médiocre. […] Il est de 8 pieds de haut, sur 5 de large.C’est bien pis, quand on cherche le sujet, et qu’après l’avoir appris ou deviné, on s’en tient à dire, comme de la Guérison miraculeuse de St Roch ; c’est un pauvre assis à terre, vis-à-vis d’un ange qui lui dit je ne sais quoi. […] Il y a des auteurs qui savent distribuer leur matière ; il y a des peintres qui savent ordonner un sujet.
On neglige pour contempler ce tableau tragique les sujets grotesques et les compositions les plus riantes des peintres galands. Un poëme, dont le sujet principal est la mort violente d’une jeune princesse, entre dans l’ordonnance d’une fête ; et l’on destine cette tragedie à faire le plus grand plaisir d’une compagnie qui s’assemblera pour se divertir. […] Ces actions, dit tout le monde, sont des sujets heureux.
Corneille est rejeté vers les sujets antiques, horace, etc. […] Rome est sujette d’AIbe ! […] Le pauvre grand homme plia sous l’orage, et, laissant de côté les sujets modernes, revint aux sujets anciens, se jeta dans les bras des Romains. […] Quelle brillante attaque du sujet ! […] De la seconde, Cosroès, il n’a emprunté que le sujet.
Si jamais sujet fut vaste et capable d’emporter la pensée dans les plus hautes régions, à coup sûr c’est le sujet des Feuilles d’automne. […] Le sujet choisi par le poète n’est pas traité. […] Le sujet, pris au sérieux, semblait promettre une étude psychologique ; M. […] Le sujet choisi par M. […] Sandeau, une connaissance profonde du sujet qu’il a choisi.
Deschanel, et même ne l’est pas du tout, c’est que, dans une page fort intéressante, il essaye d’imaginer ce que deviendrait le même sujet traité dans la forme romantique : on assisterait aux expériences de Locuste, au banquet où Britannicus est empoisonné. […] « la forme la plus actuelle de l’art, par conséquent l’appropriation des sujets anciens aux publics modernes, l’adaptation des faits d’autrefois aux croyances et aux sentiments présents »52. Donc Euripide a fait oeuvre romantique en traitant le sujet d’Iphigénie de manière à plaire aux Athéniens de son temps, et Racine en le traitant de la façon la plus agréable aux hommes du XVIIe siècle. […] Et faut-il un bien plus grand effort pour entrer dans le sujet d’Athalie que dans celui d’Iphigénie en Aulide ? […] Chacune de ses pièces nous offre un sujet antique ou exotique approprié au goût des contemporains de Louis XIV et par suite nous présente à la fois l’homme des temps lointains ou des « pays étranges », l’homme du XVIIe siècle et l’homme de tous les temps.
Horace trouve partout des sujets pour ses pinceaux, et il peint tour à tour une chasse, des chevaux, des batailles, des marines, des caricatures pleines d’esprit, d’effet et de vérité. […] Avec cette heureuse liberté qu’il se donne, aucun sujet ne lui est interdit, aucune manière de le traiter ne lui est imposée. […] Les anciennes écoles, selon lui, ont très-peu cherché cet idéal qu’on adore et qu’on exalte après coup en elles ; le plus souvent, elles n’ont fait que reproduire exactement la nature qu’elles avaient sous les yeux : il suffisait, pour nous donner l’impression élevée qui en sort, que cette nature fût généralement belle, et que les organisations d’élite qui s’y appliquaient sussent y choisir leurs sujets. […] Peu importe la différence des temps, des mœurs et des sujets qu’il reproduit : son procédé d’imitation est le même, et il a le même caractère de naturel et de vérité, et, comme eux encore, il se distingue par une fécondité extraordinaire. […] En dehors de l’originalité qui lui était propre et de la vérité moderne où il était maître, son pinceau rencontrait partout, et jusque dans les sujets où il était dépaysé, de ces bonheurs d’expression et de facilité qu’il portait avec lui.
Je m’arrêterai à ce dernier sujet, qui est tout littéraire, et je ne rougirai pas d’insister à mon tour sur un point et un moment de l’histoire de la langue qu’un studieux magistrat n’a pas craint de signaler à notre attention. […] Que ne restait-il pas à faire aux écrivains pour le détail de la diction, pour la souplesse, pour la grâce, la douceur, et l’application heureuse et facile à tous les sujets ! […] Les objections qu’on lui a faites après coup, il les avait prévues d’avance, et il y répond ; il a, à ce sujet, des passages d’une véritable portée. […] Vaugelas semble dire comme un bon professeur à l’élève brillant qui a fini ses études : « Maintenant vous savez écrire ; il ne vous reste qu’à trouver de beaux et heureux sujets, des emplois originaux à votre talent. […] Combien n’ai-je pas à dire encore au sujet et à l’occasion de Vaugelas, et sur la différence profonde qu’il y a de son moment au nôtre !
Il y a quelques jours que, causant avec un magistrat homme d’esprit, à qui ses fonctions n’ont point fait oublier les lettres, après quelques propos sur divers sujets : « Savez-vous que c’est moi, me dit-il, qui, le premier ai relevé le corps de Paul-Louis Courier dans le bois où il fut assassiné ? […] Mais, pour peindre, il en revient encore aux anciens ; il voudrait, comme André Chénier, traiter un sujet moderne dans le goût antique ; et pour cela il ne faut pas que le sujet soit trop considérable ni très compliqué. […] Mais il faut dire quelque chose de la grande découverte de Courier en ces années, et de sa grosse querelle au sujet d’un pâté d’encre ; sans quoi, d’ailleurs, on ne devinerait pas assez ce qu’il était dès lors, assez vif à la brouille et à la querelle, et prompt à riposter dès qu’on le piquait. […] En traduisant dès lors le fragment inédit, en l’assortissant et en le joignant à la version d’Amyot qu’il publia après l’avoir corrigée en beaucoup de points (Florence, 1810), Courier entrait comme par occasion dans cet essai de style un peu vieilli, à la gauloise, qu’il s’appropriera désormais, qu’il appliquera à d’autres traductions et même à des sujets tout modernes, et qu’il fera plus tard servir à son personnage politique de paysan tourangeau. […] Je crois, pour vous dire ma pensée, que ni moi ni autre aujourd’hui ne saurait faire œuvre qui dure ; non qu’il n’y ait d’excellents esprits, mais les grands sujets qui pourraient intéresser le public et animer un écrivain, lui sont interdits.
Je choisirai d’habitude et de préférence quelques sujets dans la littérature française des deux derniers siècles (sans toutefois m’y enfermer, et sans exclure absolument les contemporains), et je parlerai aujourd’hui de l’auteur du Voyage d’Anacharsis, de l’abbé Barthélemy. […] La critique littéraire, qui doit être heureuse et fière de s’élever toutes les fois qu’elle rencontre de grands sujets, se plaît pourtant, par sa nature, à ces sujets moyens qui ne sont point pour cela médiocres, et qui permettent à la morale sociale d’y pénétrer. […] Barthélemy avait songé d’abord à faire voyager un étranger, un Français, en Italie, vers le temps de Léon X, et à peindre par ce moyen la pleine et riche Renaissance ; mais, à la réflexion, il se trouva moins propre à un tel sujet, qui le tirait de son domaine favori et le jetait dans un monde d’art, de poésie moderne et de peinture, dans tout un ordre de sujets qui lui étaient médiocrement familiers, et il transporta alors cette idée en Grèce, en supposant un Scythe qui la visiterait vers le temps de Philippe. […] Il a de jolies et douces pensées à ce sujet. […] En avril 1763, pour la séance publique d’après Pâques, il eut à lire une dissertation sur la langue copte : Nous le savions d’avance, dit Gibbon, et chacun blâmait ce choix d’un sujet épineux qui ne paraissait fait que pour les assemblées particulières.
C’est la manière infiniment nouvelle et infiniment profonde dont il a abordé, après tous les autres, un sujet tant abordé déjà et percé de tant de rayons de lumière, jaillis d’une masse d’esprits si divers ! […] Le génie métaphysique de Saint-Bonnet (car son talent va jusque-là) n’a pas eu peur du génie historique et politique de de Maistre sur un sujet, — catholique en ceci encore qu’il admet et que même il appelle toutes les compétences de l’esprit. […] Ils ont tous les trois fait des livres sur le même sujet : la Douleur, — sujet mystérieux et terrible ! […] Caro ne parlera jamais, — doit être mis à part de tous les autres livres qui ont jamais touché à ce sujet. […] Dans ce sujet d’un livre qui prêtait le plus à la lâche sentimentalité des hommes, on ne trouvera, pour mettre autour de son cœur navré par l’éternelle douleur de la vie, que des choses d’une vigueur sublime… Saint-Bonnet, l’auteur de la Chute, — de ce livre dont nous n’avons, hélas !
Le sujet du livre de M. […] Seulement, aucun d’eux ne l’a touché à fond et n’a essayé d’épuiser dans un vaste ensemble ce grand sujet de la Pauvreté en toutes ses manifestations pittoresques, touchantes, grotesques et terribles. […] Dans mes impressions, à moi, les Gueux des Champs sont très supérieurs aux deux autres, et sans que le talent du poète y soit pour tout, mais par le fait aussi du sujet, de son atmosphère, de ses paysages, de ses superstitions et de ses mœurs. […] Là il y a réellement de grandes et fortes beautés ; là l’accent profond, la couleur vraie, l’âcre senteur du sujet et en beaucoup de pièces ses lueurs terribles ; car toute misère est terrible quand l’Idée n’est pas là pour la désarmer. […] Fait pour être naïf puisqu’il est poète et qu’il a des sensations vraies, il devient dandy par intensité, — par amour de son sujet peut-être, — et le dandysme est toujours de l’affectation.
L’introduction de cet ouvrage qui a pour sujet « la Méthode en psychologie », est très sévère pour la métaphysique et pour l’emploi exclusif de cette méthode que les Anglais appellent introspective : (l’observation intérieure de Jouffroy et de l’école spiritualiste). […] « Cette doctrine qui réconcilie Locke et Kant sera, dans une génération ou deux, universellement acceptée et la controverse séculaire sur ce sujet cessera. » Nous ne prolongerons pas cette revue rapide. […] Elle est l’œuvre commune du sujet sentant et de l’objet senti289. […] La perception est un produit qui diffère de ses deux facteurs (sujet. objet), comme l’eau diffère de l’oxygène et de l’hydrogène. Les corrélatifs « sujet » et « objet » sont les deux termes les moins inexacts, pour exprimer l’antithèse fondamentale de la connaissance et de l’existence.
À considérer les choses d’un point de vue plus positif, il semble possible de situer cette cause productrice de la réalité phénoménale dans un désir du sujet. À vrai dire, il est impossible en théorie de construire quoi que ce soit en dehors du sujet, en dehors du moi humain. La création de l’objet et du sujet qui, du point de vue métaphysique, est tenue pour l’œuvre de l’être universel mû par un désir de possession de soi-même dans un état de connaissance, s’accomplit en chaque moi humain. […] La douleur et le plaisir déterminent ici et fixent le sujet qui disperse hors de lui, parmi les perspectives de l’espace et du temps, les causes de ses douleurs et de son plaisir. […] Elle consiste à tenir pour une conséquence inévitable et métaphysique de la distinction de l’être en objet et en sujet l’intervention de ces notions de temps, d’espace et de cause.
S’il avait à repasser aujourd’hui sur ce sujet, je ne doute pas qu’il ne le traitât autrement, et cependant je serais fâché qu’il ne l’eût pas traité comme il l’a fait, dussent quelques parties de cette première œuvre être un peu trop abrégées et incomplètes. […] Là encore, on l’a pu croire quelquefois entraîné, fasciné, tant il pénétrait avec satisfaction et avec plénitude dans toutes les branches de son sujet, tant il se laissait porter avec la pensée de son héros à toutes les conséquences, et jusqu’aux extrêmes splendeurs, jusqu’aux éblouissements de l’Empire. […] Il n’insiste pas trop sur les gaucheries et les inexpériences inévitables dans tout noviciat, il est plutôt frappé de la promptitude de certains députés à se saisir des sujets qui occupaient l’opinion publique, et à conquérir aussitôt une part d’influence plus grande qu’on ne l’aurait cru. […] Le soir on n’avait pas dans Paris d’autre sujet de conversation. […] Thiers, qui d’ailleurs se montre si attentif à en signaler les parties recommandables, notamment le rétablissement des finances dû au baron Louis, est plus sévère que M. de Viel-Castel au sujet des négociations diplomatiques, et sur le chapitre de M. de Talleyrand au congrès de Vienne.
Sainte-Beuve au sujet des encouragements à donner aux gens de lettres. […] Trois moyens : 1° Soulager les infortunes des écrivains pauvres, au nom de l’empereur, en ménageant l’amour-propre ; 2° Fondation annuelle pour prix à des sujets désignés par une Commission ; 3° Logement au Louvre pour la représentation nouvelle de la littérature, et rapports directs de cette Société avec l’empereur ou son ministre d’État, en dehors de l’Instruction publique. […] Et quant à la direction morale à indiquer aux travaux de l’esprit, il suffirait peut-être d’une fondation annuelle par laquelle on proposerait des sujets à traiter soit pour la poésie, soit pour la prose, des sujets nationaux, actuels, pas trop curieux ni trop érudits, mais conformes à la vie et aux instincts de la société moderne. Une Commission nommée chaque année pourrait désigner ces sujets proposés à l’émulation de tous.
Le sujet philosophique de Ruy Blas, c’est le peuple aspirant aux régions élevées ; le sujet humain, c’est un homme qui aime une femme ; le sujet dramatique, c’est un laquais qui aime une reine. La foule qui se presse chaque soir devant cette œuvre, parce qu’en France jamais l’attention publique n’a fait défaut aux tentatives de l’esprit, quelles qu’elles soient d’ailleurs, la foule, disons-nous, ne voit dans Ruy Blas que ce dernier sujet, le sujet dramatique, le laquais ; et elle a raison.
Seulement, a-t-il compris au même degré que ce sujet demandait bien plus que des facultés littéraires et des connaissances bibliographiques ? […] C’était donc, avant tout, pour mettre la main fructueusement sur un pareil sujet, un esprit compétent aux choses de la politique qu’il fallait, dominant plus ou moins ce côté de l’esprit humain, et capable, non pas de raconter uniquement les faits et gestes du journalisme, qui furent, par parenthèse, bien plus souvent les Gesta diaboli que les Gesta Dei per Francos, mais aussi d’essayer une solution des grands problèmes que le journalisme a posés et n’a pas encore résolus. […] Il est sujet, sinon à des étourderies, du moins à des étourdissements. […] Par une de ces préoccupations familières aux gens qui se coiffent d’un sujet jusqu’aux yeux, l’auteur de l’Histoire de la Presse a voulu voir le journalisme partout, même à Rome, mais il n’a pas compris que ce journalisme, dont les grands pontifes avaient exclusivement le monopole, était précisément la condamnation de celui-là dont il cherche beaucoup trop haut la conception dans l’histoire ; car elle n’appartient qu’à ces derniers temps. […] Que les volumes qui vont suivre, et dans lesquels le sujet à traiter sera moins grêle que dans celui-ci, nous dédommagent d’une compilation qui devrait être un livre littéraire, du moins, s’il n’est pas un livre politique comme il le faudrait.
C’est, en effet, une épopée, mais une épopée bucolique, dont l’amour d’une jeune fille est le sujet, et la mort de cette jeune fille le dénoûment. […] Il n’y a pas de sujets épiques, il n’y a que des facultés… L’épique existe ou peut exister à toutes les périodes de l’histoire, à toutes les marches des civilisations, en haut ou en bas, à tous les moments d’ascension ou de déclin des littératures. […] Il sera possible enfin dans tous les sujets, soit qu’il chante le combat, à coups de bâton d’un bouvier, dans un cabaret, ou la rêverie d’une buandière battant son linge au bord du lavoir ! […] On pourrait très bien supposer que le poète fruste, salin et amer, découvert aujourd’hui comme une perle dont on ne m’a pas assez montré l’huître, fût, par hasard, quelque lettré moderne qui, blasé des corruptions et des hauts goûts de nos décadences, aurait reculé, par impatience de sensation nouvelle, jusqu’aux formes délaissées de la Bible et d’Homère, et eût fait de l’archaïsme en provençal, avec une habileté plus ou moins scélérate… Seulement, quoiqu’il en pût être, imitateur ou spontané, l’homme quelconque qui a enlevé ces douze chants sur un sujet qui serait vulgaire, si ce n’était pas la rabâcherie immortelle de l’amour, et donné à Daphnis et Chloé des proportions d’Iliade, est en définitive un poète que l’on peut mettre, ici ou là ! […] Et il y puise, sans les épuiser l’une et l’autre… Jamais poète n’a tordu plus vigoureusement un sujet que M.
L'un des traits les plus singuliers et les plus réguliers de la société de Paris, c’est que tous les quinze jours environ on a un sujet, un lieu commun de conversation nouveau, grand ou petit, comète ou révolution, tremblement de terre ou vente de charité, ou question d’Orient, ou Colomba, ou Lucrèce : on cause partout de la même chose, l’invention est rare, même pour les sujets de conversation ; chaque personne qui entre remet sur le tapis l’éternel dada. […] Bref on finit par en être excédé et par crier grâce, surtout quand il n’arrive pas de nouveau sujet, de nouveau tremblement de terre, de nouveau chef-d’œuvre. Quand le même sujet dure un mois ou trois semaines, oh !
Walewski depuis qu’il observe le monde, c’est le danger, dit-il, auquel se trouve exposée une jeune femme qui, jetée sans défense parmi les médisances des salons, peut voir, dès le premier pas, sa réputation compromise et son avenir perdu : il en a fait le sujet de sa pièce. […] Il aurait pu en faire le sujet de sa préface, et l’aurait rendue moins hautaine et moins naïve, mais plus amusante. […] Il considère son sujet en plein, sans tant de façon, rondement ; il voit ce qu’il en peut faire avec esprit, avec verve, avec bon sens à travers ; son parti pris, il va ; il s’agit, avant tout, que son feuilleton ait vie, qu’il se meuve, qu’il amuse ; son feuilleton, c’est sa pièce à lui, il faut qu’elle réussisse ; il ne l’écrit pas ce feuilleton, il le joue. […] Walewski, l’essentiel reproche à lui adresser, c’est de n’avoir pas fait en grand, avec son sujet, précisément comme M.
Or, cette cause est sujette par sa nature à bien des vicissitudes comme à une infinité d’altérations. […] Elles y doivent être sujettes à divers changemens. […] Comme il est des païs plus sujets au tonnerre que d’autres, il est aussi des années où il tonne dix fois plus souvent dans le même païs qu’en d’autres années. à peine entendit-on deux coups de tonnerre à Paris l’été de 1716. […] C’est elle qui rend encore certaines années plus sujettes aux maladies que d’autres.
Section 10, objection tirée des tableaux pour montrer que l’art de l’imitation interesse plus que le sujet même de l’imitation On pourroit objecter que des tableaux où nous ne voïons que l’imitation de differens objets qui ne nous auroient point attachez, si nous les avions vûs dans la nature, ne laissent pas de se faire regarder long-tems. […] Ces tableaux ne sont point regardez aussi long-tems que ceux où le merite du sujet est joint avec le merite de l’execution. […] Les tableaux de l’école lombarde sont admirez, bien que les peintres s’y soïent bornez souvent à flater les yeux par la richesse et par la verité de leurs couleurs, sans penser peut-être que leur art fût capable de nous attendrir : mais leurs partisans les plus zelez tombent d’accord qu’il manque une grande beauté aux tableaux de cette école, et que ceux du Titien, par exemple, seroient encore bien plus précieux s’il avoit traité toujours des sujets touchans, et s’il eut joint plus souvent les talens de son école aux talens de l’école romaine.
On ne se souciait pas des exigences de son sujet, et le grand point n’était que de se faire valoir. […] Le sujet d’Andromaque et comment Racine l’humanise. — Apparition de la psychologie […] Pas plus que Scarron n’avait reconnu dans sa Précaution inutile le sujet de l’École des femmes. […] Remarquez bien ces titres, Messieurs ; ce sont ceux des sujets de Racine ; et notez également les dates. […] — Une autre conséquence du romanesque est encore la diminution de l’intérêt général du sujet. — III.
Le roman est bourré de digressions, de dissertations, où l’auteur s’étale sur tous les sujets qui l’intéressent autour et à propos de son sujet : cette composition est caractéristique du goût romantique : et par là, comme par tant d’autres aspects de son génie, V. […] Il a mêlé tous les tons, tous les sujets, tous les genres. […] Voilà pourquoi il a souvent traité des sujets italiens. […] En réalité le roman de Mérimée est essentiellement objectif : il se répand autour de son sujet, mais le récit lui-même est impersonnel. […] Quelque sujet qu’il ait choisi, Mérimée le traite avec une puissance singulière d’expression.
Son cours sur la Littérature anglaise dépassa-t-il jamais, par la profondeur et le saisissement du sujet, le bout des lèvres d’une causerie ? […] C’est, dans l’intérêt d’un dégourdissement de facultés quelconques, l’attaque d’un sujet faite par une main audacieuse ou prudente, mais toujours rapide, car qui s’appesantit sur un sujet ne l’essaie plus. […] non, il n’y en a pas, car on ne change pas de nature avec le sujet de ses livres. […] Il ne pouvait pas comprendre la nature éloquente, violente et passionnée jusqu’aux larmes de Fox, de ce fastueux et furibond mauvais sujet de Fox, de ce Mirabeau anglais qui eut le hasard d’avoir un père aussi fou de tendresse pour son fils que le marquis de Mirabeau avait de dureté pour le sien. […] Mais l’âme de cet éclatant mauvais sujet, que fut Fox, resta, au milieu de ses incroyables excès, indestructiblement généreuse, et c’est cette générosité indestructible qui fit son éloquence.
Chaque sujet avait un supplément. […] Voilà une grande lettre qu’il vient de m’écrire à ce sujet. […] C’est lui qui en avait tracé les caractères et donné le sujet. Ce sujet était une allusion à l’époque. […] Il la composa en prenant pour sujet une aventure récente et connue.
Vous avez tout le temps de choisir votre sujet, de vous en pénétrer, de l’ordonner, de l’exécuter. […] Il a pris pour sujet d’un de ses tableaux Mercure amoureux qui change en pierre Aglaure qui l’éloignait de sa saur Hersé. […] C’est une chose à laquelle les peintres et les acteurs sont sujets à se méprendre.
Il semblait qu’un sujet ainsi traité ne dût fournir qu’un acte. Mais c’est le caractère du vrai génie, de répandre sa fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme. […] Molière voulut aussi traiter ce bizarre sujet. […] Le sujet du Misanthrope a réussi chez toutes les nations longtemps avant Molière, et après lui. […] Il s’est fait à lui-même un sujet stérile, privé d’action, dénué d’intérêt.
Boileau, à ce sujet, a dit de Saint-Amant : Ce poète avait assez de génie pour les ouvrages de débauche et de satire outrée, et il a même quelquefois des boutades assez heureuses dans le sérieux : mais il gâte tout par les basses circonstances qu’il y mêle. […] mais c’est cette opinion même qui renferme toute la question de goût au sujet du poète dont nous parlons. […] C’est donc de Regnier, c’est de Rabelais que Saint-Amant relève, et il se rattache à eux par le côté qui n’est certes pas le plus délicat ; mais il ne déshonore pourtant point la parenté par l’entrain et l’espèce de fureur poétique qu’il porte en ces sujets de goinfrerie et de débauche. […] C’est un mauvais genre appliqué ici au sujet qui s’en offense le plus, et qui est le plus propre à en faire mesurer la petitesse et la difformité. […] Je ne dirai presque rien de ce poème raillé par Boileau : il n’a pas la prétention d’être tout à fait une épopée ; c’est une idylle, et dont le sujet n’est proprement que l’exposition du berceau de Moïse par ses parents, et la découverte qu’en fait quelques heures après la fille de Pharaon.
Ce sujet étudié avec tant de soin, ce dessein obstinément suivi, ces travaux, ces recherches, ces voyages, ces lectures, tout cela ne se concilie guère avec le délire ou le charlatanisme. […] Flaubert ajoute ce détail au sujet des ravages que causent les catapultes : « Dans la rue de Kinisdo, une femme qui accouchait fut écrasée par un bloc de marbre, et son enfant avec le lit emporté jusqu’au carrefour de Cinasyn, où l’on retrouva la couverture. » Admirable exactitude ! […] Et voilà les sujets que l’art nouveau se plaît à étaler sous nos yeux, voilà les problèmes qui lui paraissent dignes d’étude et les beautés qu’il veut qu’on admire ! […] Flaubert, j’ai regret à le dire, a passé à côté d’un grand sujet sans paraître en soupçonner la valeur. […] Je modifie légèrement le premier vers pour l’appliquer à mon sujet.
Sa Muse a commencé trop tard à garder le silence, puisqu'elle ne s'est exercée que sur des sujets licencieux ou bizarres, dont notre Littérature pouvoit très-bien se passer. Ce n'est pas qu'il ne soit né avec du talent : il est peu d'exemples d'une versification aussi énergique & aussi vigoureuse que la sienne ; mais sa verve ayant presque toujours choisi le vice pour sujet, son esprit doit en tirer peu de vanité : au contraire, son nom est devenu un opprobre aux yeux de quiconque conserve encore de la pudeur. […] Ce qui a paru de lui dans le Public, se réduit à des Odes au dessous du médiocre, à une Satire sur le Goût, dont les principes sont assez judicieux, & la versification heureuse par intervalles ; à un Poëme intitulé Mon Odyssée, qu'on croiroit avoir été fait pour des Lecteurs tudesques, tant le style en est dur & baroque, tant les rimes en sont bizarres : qu'on ajoute à cela la pauvreté du sujet, & l'on aura l'idée du plus pitoyable Ouvrage qui ait été fait depuis d'Assoucy jusqu'à nous, puisque le Héros de ce Poëme est M.
Un contemporain de Montesquieu, mais qu’on ose à peine citer à son sujet, le frivole abbé de Voisenon, a pourtant sur lui quelques traits heureux et bien rendus : Il était si bon père qu’il croyait de bonne foi que son fils valait mieux que lui. […] Tantôt vous auriez entendu traiter les sujets les plus relevés, et tantôt vous auriez entendu rire de grand cœur à l’occasion de quelque conte exquis. […] Dans une conversation que nous avions sur ce sujet, il s’écria : O fortunatos !
Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite Quand on a fait reflexion que la tragedie affecte, qu’elle occupe plus une grande partie des hommes que la comedie, il n’est plus permis de douter que les imitations ne nous interessent qu’à proportion de l’impression plus ou moins grande que l’objet imité auroit faite sur nous. […] Si la comedie ne corrige pas tous les défauts qu’elle jouë, elle enseigne du moins comment il faut vivre avec les hommes qui sont sujets à ces défauts, et comment il faut s’y prendre pour éviter avec eux la dureté qui les irrite et la basse complaisance qui les flatte. […] Mais la comedie, suivant la définition d’Aristote est l’imitation du ridicule des hommes ; et la tragedie, suivant la signification qu’on donnoit à ce mot, est l’imitation de la vie et du discours des heros ou des hommes sujets par leur élevation aux passions les plus violentes.
Au reste, il y aura, selon l’écrivain, selon le sujet, selon le lecteur, mille degrés depuis la simplicité rigoureuse jusqu’à la plus souple complexité. […] Corneille avait bien vu le péril d’un sujet, si dramatique dans le récit de l’historien, mais si rebelle, en effet, à la forme dramatique. […] Hugo démolit bruyamment les trois unités, mais il avoue qu’après tout un sujet concentré vaut mieux qu’un sujet dispersé, sauvant ainsi ce qu’il y avait d’essentiel dans les unités, l’unité d’action et d’intérêt. […] Dans ce trajet, la vitesse sera plus lente ou plus accélérée, selon le sujet et selon le lecteur.
C’est encore une remarque du même auteur et de plusieurs botanistes, que les organes très multiples sont aussi très sujets à des variations de structure. […] Waterhouse avait déjà faite sur ce sujet, et j’ai pu me convaincre pleinement qu’elle était de valeur générale, du moins quant à ce groupe d’êtres organisés. […] J’aurai, du reste, à revenir sur ce sujet dans le chapitre sur la Classification. […] Rollin assure que la Mule commune, provenant de l’Âne et du Cheval, est particulièrement sujette à avoir des raies sur les jambes. […] Ainsi que nous l’avons vu tout à l’heure chez plusieurs espèces du genre Cheval, les rayures sont plus apparentes et plus fréquentes chez les jeunes sujets que chez les vieux.
Villemain semble avoir épuisé le sujet dans une de ses plus belles leçons sur la Littérature du dix-huitième siècle. […] Nommé en 1739 intendant du Jardin du roi, et associé de l’Académie des sciences en cette même année, Buffon n’était encore connu que par l’une des traductions dont j’ai parlé et par quelques mémoires sur des sujets assez particuliers. […] Ce titre d’Histoire naturelle était un peu vague alors ; il l’était pour Buffon même qui, embrassant son sujet dans toute sa généralité, voulait bien tâcher de le préciser, mais à condition de ne jamais le restreindre. […] Un sujet profondément médité, la contemplation, le silence et la solitude, c’étaient là sa matière et ses instruments. […] Buffon, en entrant dans ce vaste sujet, même après dix années d’études, s’y trouvait encore trop peu préparé.
Là où La Bruyère, dans ses Caractères, a manqué de l’art des transitions, Hello n’en a pas eu besoin, lui, tant l’Homme, qui est le sujet de son livre, en remplit bien toutes les parties, sous les noms divers qu’il leur donne ! […] Lui qui n’est pas un religieux dans son cloître, mais à qui le mépris du monde en a bâti un dans son cœur, il n’a pas craint de toucher à des sujets qui auraient épouvanté un esprit moins essuyé que le sien des écumes du siècle. […] L’auteur a eu l’héroïsme de son sujet à trente endroits où les écrivains de ce temps auraient pris la fuite comme des pleutres, devant ce moulin à vent du ridicule contre lequel ils ne se battent pas ! […] Seulement, comme ici le sujet change en tournant les pages et que toutes ces physionomies de Saints s’entresuivent, l’inconvénient de cette brièveté, de cette percussion d’une lumière incessante et interrompue, n’existe plus au même degré que dans l’Homme, où le sujet demeure immobile sous le regard du lecteur et la plume de l’écrivain qui doit le creuser. […] La flamme qu’il avait dans l’esprit, je n’aurais pas voulu la voir passer si vite sur des sujets qu’elle eût pu magnifiquement dévorer.
Je ne sais qui l’a remarqué : « Villemain polit tellement la surface de son sujet que, comme un globe trop glissant, il finit quelquefois par lui échapper des mains. » Dans le cas présent, la difficulté de concilier la défense universitaire et le respect à la religion a pesé évidemment sur Villemain. […] Et puisque nous voilà de rencontre sur un sujet si fertile, nous pousserons plus avant l’appréciation. […] Les détracteurs de Villemain lui ont souvent fait un sujet de reproche de ses qualités habiles de diction, comme si elles excluaient chez lui des qualités plus solides. […] Quand les sujets manquent, on se jette sur le Genoude et on en taille une tranche : il y a de quoi tailler.
Il bavardoit sur tous les sujets. […] Un mauvais cœur, un esprit caustique, une mémoire chargée d’anecdotes scandaleuses contre les auteurs morts & vivans ; ses épigrammes & sa réputation d’homme à bons mots ; son avarice sordide, quoiqu’il eut amassé, par toutes sortes de voies, des biens considérables ; sa fureur de primer partout ; sa profession de parasite : voilà ce qui le rendit l’objet de la haine, ou le sujet des plaisanteries des auteurs. […] Ils sont adressés à un de ses amis, qui réussissoit aussi bien que lui dans la poësie Latine, & qu’il presse de lancer à son cour des traits contre Montmaur* : Tu chantas les héros ; aujourd’hui l’on t’invite A choisir pour sujet un odieux Thersite, D’un esprit aussi bas que son extérieur, Organe des forfaits, fléau de la pudeur, Que ta muse s’apprête A punir cette malebête. […] On vit briller, dans cette attaque générale, Feramus, un des plus élégans & des plus agréables latinistes de son temps ; Sarrasin, ce père de l’enjouement & de la bonne plaisanterie, à qui les vers ne coûtoient aucune peine ; toujours intéressant, quelque sujet qu’il traite, également recherché de son vivant des femmes, des gens de lettres & de cour ; Charles Vion d’Alibrai dont les poësies ont un tour original & naïf.
quels sujets à traiter, si j’avais su faire pour l’innocence du philosophe ce que vous avez fait pour l’intelligence de ses écrits ! […] Tu es resté le sujet de nos fréquents entretiens ; et tu resteras le sujet des leurs. […] Cette vérité affligeante est le sujet d’un quatrain de Pibrac, que le grand Condé répétait souvent, soit qu’il eût lui-même éprouvé les suites funestes de la calomnie, soit qu’il en eût observé les effets sur d’autres personnes : Quand une fois ce monstre nous attache, Il sait si bien ses cordillons nouer, Que bien qu’on puisse enfin les dénouer, Restent toujours les marques de l’attache.
Elle fit aller un peu plus de monde à la tragédie de Pradon qu’il n’y en auroit été, par le motif seul de voir comment le concurrent de Racine avoit traité le même sujet que ce poëte ingénieux. […] C’est par d’autres raisons qui ne sont pas du sujet que je traite ici. […] Les notres ne sont point sujets à de pareils orages, et le calme et l’ordre y regnent avec une tranquilité qu’il ne sembloit pas possible d’établir dans des assemblées qu’une nation aussi vive que la nôtre forme pour se divertir, et où une partie des citoïens vient armée et l’autre désarmée. […] Ils peuvent en faire valoir les beaux endroits, en excuser les mauvais, comme ils peuvent aussi extenuer le mérite des plus beaux, soit en disant qu’ils sont pillez, soit en les mettant en paralelle avec les vers d’un autre poëte qui aura traité un sujet semblable.
Aimé Martin, écrivain élégant et philosophe de l’école de Bernardin de Saint-Pierre et de Jean-Jacques, aborde aujourd’hui le même sujet ; et, tout en restant fidèle aux traditions de ses maîtres, il les ravive par une analyse nouvelle et par la connaissance des travaux essayés depuis eux. […] Aimé Martin, dans les détails de laquelle nous voudrions plus longuement entrer, est, comme toutes les philosophies individuelles qui se croient évidentes, des plus sujettes à contestation. […] Il y a semé des aperçus justes, des observations élevées ; il a animé un sujet grave de mouvements honnêtes et généreux ; son style et sa parole sont restés fidèles à l’harmonie de ses maîtres.
L’action est intéressante malgré la sévérité du sujet, et M. […] Il ne faut pas chercher à comparer cette œuvre dramatique au beau poème de Victor Hugo sur le même sujet ; le maître est le maître ; mais un sentiment vrai appartient à tous, et cette pensée du pardon pour Caïn est aussi personnelle à M. […] Le sujet est d’une grandeur singulière, et d’avoir osé s’y attaquer seulement n’est pas d’un esprit médiocre.
Bourdaloue est toujours égal à son sujet & à lui-même : Corneille oublie souvent le sien, & l’abaisse par des négligences. […] De là il tire le sujet de ses Tableaux, toujours rendus avec le coloris qui leur convient. […] Quelques-uns des sujets qu’il a traités, étoient propres à lui fournir de grands traits.
Le jeune avocat d’Aix apprit tard le sujet de ce concours ; il ne put s’y mettre que peu avant le terme expiré, et ce fut de janvier à mars 1821, en trois mois à peine, qu’il écrivit l’excellent travail par où il marqua son entrée dans la carrière. […] Celui-ci y trouva même sujet d’écrire à celui qui pouvait devenir un juge l’un de ces rares petits billets qui semblèrent de tout temps la suprême faveur. […] Ce qu’il y avait d’extrêmement neuf et de singulièrement hardi dans l’œuvre de M ignet, c’était l’application qu’il faisait de ces lois, telles qu’elles lui apparaissaient, à un sujet si récent et à la représentation d’une époque dont tant d’acteurs, de témoins ou de victimes, existaient encore. […] Cette publication met, en quelque sorte, la diplomatie79 à la portée de ceux qui ne bougent pas de leur fauteuil, et l’offre en spectacle et en sujet de méditation à l’homme d’étude et au moraliste ; elle leur permet de saisir le fin du jeu et d’en extraire la philosophie à leur usage. […] Si la mort, qui frappe à coups pressés dans les rangs des mêmes générations, ne met pas toujours de la variété dans ses choix et apporte inévitablement quelque monotonie dans l’ordre des sujets qui se succèdent, elle fait passer aussi un à un devant l’historien-orateur les principaux représentants de toutes les grandes idées qui ont eu leur jour.
Ils ne pouvoient cependant ignorer que c'est-là le plus grand sujet de triomphe pour les Philosophes, le fondement sur lequel ils appuient leurs déclamations contre le Christianisme, le prétexte dont ils se servent pour décrier ses dogmes & condamner sa morale. […] Vainement la politique s’efforceroit-elle de suppléer à ses maximes & à l’ascendant de ses inspirations : la politique humaine est chancelante & sujette à l’erreur ; il lui faut un soutien pour la diriger constamment vers la justice & la vertu ; & la Religion seule peut le lui fournir. […] Par elle les Souverains sont assurés de la soumission sincere de leurs Sujets, & les Sujets, de la justice & de l’amour de leurs Souverains. […] Un homme qui ne tient par aucun rapport à ses semblables, ni par aucun sujet de crainte ou d'espérance à l'Auteur de tous les êtres, ne persiste-t-il pas opiniâtrement dans la férocité, source de ses attentats ? […] Le mal du Philosophe est un aiguillon pour sa malice, un sujet pour ses révoltes, un ferment pour son humeur, un motif d’injustice & d’iniquité.
Marmontel nous a communiqué sur ce sujet les réflexions suivantes. […] Les unes regardent le choix du sujet, les autres la composition. Du choix du sujet. […] parce qu’il est le seul que le sujet de son poëme ait intéressé vivement. […] D’où vient qu’avec le plus beau sujet & le plus beau génie, Lucain n’a pas fait un beau poëme ?
Et j’ai eu l’idée de ce sujet, et je l’aurais traité si déjà dans Morella je n’avais traité un sujet analogue. […] Auprès des poèmes qu’il consacre à ces sujets, les peintures de M. […] Ses poèmes, quand ils n’ont pas pour sujet la démocratie américaine, ont pour sujet Walt Whitman. […] Il prit pour sujet Coleridge, le célèbre poète et métaphysicien. […] Couperus, j’essaie au moins d’en indiquer rapidement le sujet.
Quoique le point de départ et le sujet principal de ses études semblassent devoir circonscrire d’abord le cercle de son public et de ses lecteurs, il a su l’étendre, dès son entrée dans la carrière, par la supériorité et la variété de son coup d’œil, sa manière neuve d’envisager et de présenter chaque question, et la rare distinction de sa forme. […] Il y en a qui rétrécissent et diminuent tous les sujets qu’ils traitent, il y en a qui les dessèchent ; lui, il les élève et les ennoblit, il les transforme sans les dénaturer ; il les revêt d’un mélange heureux de gravité et d’élégance ; il les fixe surtout et les situe en leur lieu et à leur point précis, dans leurs rapports avec les autres régions, sur la carte du monde intellectuel. […] Renan était désigné par l’Académie des Inscriptions pour une mission érudite en Italie ; il y prépara son livre d’Averroës et de l’Averroïsme (1852), qui fut d’abord son sujet de thèse pour le doctorat. […] Il préludait en attendant, et ne voulait aborder ce grand sujet qu’après s’être fait une autorité et s’être gagné la faveur du public par des œuvres d’un caractère purement scientifique ou littéraire, et où sa préoccupation, son arrière-pensée religieuse, ne pût pas être trop soupçonnée. Il y réussit jusqu’à un certain point, et donna preuve de sa science et de son art dans une quantité, d’essais ingénieux et neufs, hautement et finement pensés, sur tout sujet.
L’invention s’accompagne forcément d’un certain arrangement des parties et arrête certaines expressions : il est impossible de trouver les idées qui conviennent à un sujet, sans prendre déjà, une sorte de parti sur la place qu’on leur assignera et les termes qui les traduiront. […] Si l’on n’avait d’abord, par une aventureuse et libre recherche, récolté de tous côtés les matériaux qu’on emploiera, si l’on n’avait poussé son exploration en tous sens, un peu au hasard, prenant sans compter, fourrant pêle-mêle dans son sac tout ce qui pourra servir, sans trop s’embarrasser de savoir comment et quand il servira, si l’on n’avait battu tous les buissons, à gauche, à droite, devant, derrière, fait mille tours, s’arrêtant, allant, revenant, s’écartant, comme le chasseur qui sait qu’il y a du gibier dans une région, sans savoir où il est, il serait prématuré de choisir l’ordre selon lequel on traitera son sujet. […] L’énoncé du sujet marquera les limites extrêmes hors desquelles il ne faut pas s’écarter, il donnera aussi le sens général dans lequel il faut marcher.
On sent qu’il n’est pas de notre sujet de faire l’histoire complète de l’art. […] Or, il est aisé de prouver trois choses : 1º que la religion chrétienne, étant d’une nature spirituelle et mystique, fournit à la peinture un beau idéal, plus parfait et plus divin que celui qui naît d’un culte matériel ; 2º que, corrigeant la laideur des passions, ou les combattant avec force, elle donne des tons plus sublimes à la figure humaine, et fait mieux sentir l’âme dans les muscles, et les liens de la matière ; 3º enfin, qu’elle a fourni aux arts des sujets plus beaux, plus riches, plus dramatiques, plus touchants, que les sujets mythologiques.
Les deux figures sont de chair ; mais elles n’ont ni l’élégance, ni la grâce, ni la délicatesse qu’exigeait le sujet. […] Le sujet est charmant ; mais qu’exige-t-il ? […] C’est que c’était là le sujet d’un bas-relief et non d’un tableau.
Les termes de ma proposition préviennent tout sujet de le soupçonner. […] Le sujet de la tragedie est l’avanture funeste de Macarée fils d’éole, et de Canacée soeur de Macarée. […] L’action de la tragedie revolta contre Speroné Speroni les beaux esprits d’Italie, mais on est obligé de condamner leur delicatesse quand on a lû la dissertation que cet auteur composa pour justifier le choix de son sujet.
Enfin, sollicité par la gravité même de son sujet, M. […] Le sujet social du livre est mal étreint. […] Le fantaisiste médiocre s’astreint à trouver des « sujets drôles », de réjouissantes blagues. […] Ce donc que j’entends par l’heureux choix de ses sujets n’est pas le bonheur des anecdotes, dont les Charivaris et les Tam-Tam de 1860 ou les Fliegende Blätter d’aujourd’hui servent aux confrères pauvres de mine inépuisable ; non, c’est l’ingénieuse façon de voir, sa compréhension personnelle de tout fait-divers. […] C’est un sujet frais, c’est-à-dire un mode neuf de situation vraie et connue, avec son expression littéraire conforme, inédite.
Bataille et Basetti ; je les prendrai et je le raconterai en quelques mots… Il faut bien que les pauvres gens qui ne demandent qu’à lire sachent de quoi il s’agit dans un livre dont on leur parlera certainement, parce qu’il est sur un sujet scabreux et scandaleux. […] Ainsi l’inceste, l’adultère en famille, avec ses transes, ses infamies, ses lâchetés, ses intimités haletantes, ses horreurs de toute espèce, voilà le sujet du livre de MM. […] Sujet épouvantable, qu’il fallait toucher avec les mains pures, passées au charbon d’Isaïe, d’un artiste consommé. […] J’en connais deux parmi ces quatre, et je vous jure que le pouls y bat trop vite, que le sang les infiltre trop, que la passion y met des tremblements trop convulsifs pour avoir cette domination et cette sûreté des mains pures qu’ont les grands artistes, quand ils touchent à des sujets ardents et fangeux. […] Quant aux détails du livre en question, sont-ils assez soignés, assez trouvés, assez puissants du reste, pour que l’art ait caché de son voile de prestiges les monstruosités du sujet ?
Mais lorsque Wagner s’y mit définitivement en 1857, il y avait longtemps que le sujet l’occupait (VI, 378 : et Works and Mission of my Life, 54). […] Je ne puis ici m’étendre sur ce sujet. […] C’est le tragique amour de Siegmund et de Sieglinde qui éveilla le premier désir de pouvoir traiter ce sujet avec tous les développements qu’il comportait. […] Les mots secondaires, prépositions, adverbes, etc., acquièrent une importance égale à celle des sujets et des verbes. […] Les motifs, par leur répétition, parleur enlacement du sujet, nous montrent derrière cette simple légende un sens plus profond.
C’est ainsi que quelques pièces latines, composées à l’imitation de Térence, mais sur des sujets d’édification, par Hrotsvitha, une religieuse allemande du xe siècle, du monastère de Gandersheim en Saxe, lui paraissent avoir dû être représentées en effet, et il y voit un fait considérable. […] Noël, la Passion, Pâques et la Résurrection, c’étaient autant de sujets de dialogues ou de petites scènes dramatiques admises dans la liturgie ou tout à côté. […] Le sujet est le Paradis perdu et ses conséquences, le même sujet que celui de Milton. […] Ici, dans notre pauvre drame, rien, ou aussi peu que possible ; pas même de ces effets tout naturels que suggérait immédiatement le sujet. […] Fournel nous promet de développer un jour ce sujet qui lui est familier et qu’il a longuement mûri, dans un ouvrage à part.
L’Antiquité, au contraire, ne comporte pas, de notre part, le roman historique proprement dit, qui suppose l’entière familiarité et l’affinité avec le sujet. […] Ici, dans le sujet choisi par M. […] Si c’est une des conditions indispensables du sujet, une de ses nécessités et de ses beautés caractéristiques, qu’on soit ainsi perpétuellement broyé, n’est-il pas permis de s’en plaindre ? […] Cela ne veut pas dire qu’il ne faille traiter que des sujets de son temps ; mais, en prenant même des sujets éloignés, il faut qu’il y ait communication vive et réverbération d’une époque à l’autre. […] Si ce ne sont pas là des plaisanteries de l’auteur, le lecteur est sujet à les prendre pour telles, et il n’aime pas à être moqué.
Et nous ne chercherons même pas notre excuse dans l’identité des sujets traités. […] Il y a longtemps déjà que je portais le sujet dans ma tête ; il y a longtemps que je voulais décrire un cas de lèpre, avec tous les phénomènes qui accompagnent cette triste maladie dont on ne voit plus, en Europe du moins, que de rares échantillons. […] C’est à l’hôpital de cette ville que j’ai vu pour la première fois des sujets atteints de fièvre typhoïde. […] Je connaissais d’autant mieux cette affection que mon père avait pris pour sujet de thèse de doctorat la fièvre typhoïde. […] Le vaste monde est ouvert, il n’est pas de sujet qu’il ne puisse aborder, et il devra dès lors s’occuper d’histoire, de philosophie, de sciences ; il touchera à tous les métiers, il examinera toutes les professions.
Malgré mon désir de ne pas les détacher et les séparer du sujet, je dois remarquer encore qu’il a fait révolution en ce genre au théâtre et dans les bals costumés. […] Il y mettait des dessins proprement dits, costumes et sujets divers, sans ironie ni satire. […] Gavarni excelle à ces légendes qui, en deux mots, vous mettent au cœur du sujet, de l’intrigue ou de la situation, et vous disent tout. […] Ce qui est vrai, c’est que son goût primitif l’eût peut-être tourné davantage vers les sujets de grâce et de sentiment ; mais on avait affaire, dans les journaux auxquels il collaborait, à un public mêlé auquel on portait un grand respect. […] Je n’ai qu’à peine entamé ce fécond sujet.
Mais il n’en est pas moins vrai qu’écrire pour être lu du public est de moins en moins une rareté et une marque à part, que tout le monde aujourd’hui est sujet à se faire imprimer plus d’une fois dans sa vie, et que le maniement du langage dans ses emplois les plus divers n’a plus rien de mystérieux. […] Cela est vrai, depuis le souverain qui, lorsqu’il est fait pour l’être, parle des matières d’État avec élévation, avec dignité et simplicité, jusqu’à l’homme spécial et plein de son sujet qui, pour peu qu’il soit à la fois homme d’esprit, se trouve être son meilleur truchement à lui-même. Il nous faut en prendre décidément notre parti, écrivains et gens de lettres : tout homme d’esprit qui est d’une profession, s’il a à s’en expliquer devant le public, surpasse d’emblée les lettrés, même par l’expression ; il a des termes plus propres et tirés des entrailles mêmes du sujet. […] Deschanel inaugura à Bruxelles et poursuivit dans les principales villes de la Belgique de libres conférences où les femmes étaient admises, et dans lesquelles il traitait des sujets de littérature sérieuse ou aimable. […] Sans être précisément le jardinier en même temps que le convive, il est bon d’avoir, au sujet du fruit qu’on goûte, le plus de notions possible, surtout si l’on a charge bientôt soi-même de le servir et de le présenter aux autres.
Comme le sujet général, qui est l’idée de royauté, ne prête pas à un récit continu, il devient quelquefois un prétexte ; l’auteur en profite pour se porter aux plus hautes questions historiques qui se lèvent à droite ou à gauche autour de lui : il met le siége devant tous les hauts clochers. Le choix de quelques-uns des sujets secondaires qu’il traverse, et qu’il enserre dans le principal, pouvant sembler arbitraire, c’est avoir fait preuve déjà de beaucoup d’esprit que d’avoir su les grouper de la sorte et les établir. […] M. de Saint-Priest se sera dit qu’il y avait là un sujet tout neuf : retrouver les vieux titres de nos races monarchiques et ceux aussi de l’Église à ces époques. […] Plus la forme était différente et plus le terrain des deux sujets éloigné, plus aussi la noble lutte avait tout son jeu. […] En croyant les faire païens, Longus, ou l’auteur, quel qu’il soit, de Daphnis, faisait Dionysophane et Cléariste chrétiens à son insu. » Ce sont de vraies oasis que de telles pages en si grave sujet.
On conçoit, par le titre même de l’ouvrage, quel rapport en unit le sujet à celui des Fables qui de l’antiquité gréco-latine furent transmises en si grand nombre au moyen âge. […] Cette inégalité apparaît d’abord dans le maniement de ce qu’on pourrait appeler l’intrinsèque irréalité du sujet. […] De telles absurdités, évidemment, détruisent le sujet, et supposent une absolue méconnaissance des conditions esthétiques selon lesquelles, par sa constitution même, il peut être traité. […] Dédier que les auteurs de fabliaux : n’ont point mis à contribution les recueils de contes d’origine certainement orientale, tels que la Discipline de Clergie ou le Directorium humanæ vitæ ; que dans les sujets communs à l’Occident et à l’Orient il n’est pas toujours certain que la rédaction orientale — la plus anciennement écrite — soit la source réelle et primitive des versions occidentales ; que la tradition orale où puisaient nos conteurs renfermait des contes de toute provenance, où l’Inde a pu apporter son contingent, mais autant et pas plus que n’importe quel autre pays77 ; enfin que la plupart des sujets de fabliaux ont pu naître n’importe où, étant formés d’éléments humains et généraux, et ne portant aucune marque d’origine. […] Il avait trouvé aussi au xve siècle un héritier dans la farce : héritier de l’esprit plutôt que des sujets, car dans les œuvres qui nous sont parvenues on voit rarement qu’un fabliau ait été repris en farce, comme le Vilain Mire se retrouve dans le Médecin malgré lui.
Mais les Troyens, dont le sujet est très solennel et très austère, les ennuieraient encore bien plus que Lohengrin ! […] *** Les relations du roi de Bavière et de Wagner — un sujet d’étude si intéressant ! […] Enfin, vous m’interrogez à son sujet, chère amie. […] Je cherchais vainement cette œuvre dans tout ce que l’on a écrit à son sujet. […] Cette biographie doit former un livre en deux volumes et offrir, dans une langue appropriée, peut-être fantaisiste, eu égard au sujet, la représentation exacte et détaillée et la vie artistique comme de la vie intime du grand maître.
Bien avant Molière, elle a dit plus d’une chose très sensée à ce sujet. […] Et on se met d’examiner ce que doit être une conversation pour être agréable et digne d’une compagnie d’honnêtes gens ; et, pour cela, elle ne doit être ni trop limitée aux sujets de famille et domestiques, ni tournée aux sujets purement futiles et de toilette, comme il arrive si souvent aux femmes entre elles : « N’êtes-vous pas contrainte d’avouer, remarque un des interlocuteurs de Mlle de Scudéry, que qui écrirait tout ce que disent quinze ou vingt femmes ensemble, ferait le plus mauvais livre du monde ? […] Sur tout sujet du monde elle fait ainsi, elle donne un petit cours complet, trop complet souvent, et où elle combine les exemples historiques qu’elle a rassemblés, avec les anecdotes qu’elle recueille dans la société de son temps. […] Il est de petits essais d’elle qui s’annoncent d’une manière charmante, tels que celui De l’ennui sans sujet. […] Le premier sujet désigné par Balzac même était De la louange et de la gloire : Mlle de Scudéry le traita et obtint le prix, au grand applaudissement de tout ce qui restait de vieux académiciens du temps de Richelieu.
Ceux qui écrivent par humeur, sont sujets à retoucher à leurs ouvrages ; comme elle n’est pas toujours fixe, et qu’elle varie en eux selon les occasions, ils se refroidissent bientôt pour les expressions et les termes qu’ils ont le plus aimés. […] Le Cid enfin est l’un des plus beaux poèmes que l’on puisse faire ; et l’une des meilleurs critiques qui aient été faites sur aucun sujet est celle du Cid. […] tout genre d’écrire reçoit-il le sublime, ou s’il n’y a que les grands sujets qui en soient capables ? […] Le sublime ne peint que la vérité, mais en un sujet noble, il la peint tout entière, dans sa cause et dans son effet ; il est l’expression, ou l’image la plus digne de cette vérité. […] Un homme né chrétien et Français se trouve contraint dans la satire, les grands sujets lui sont défendus, il les entame quelquefois, et se détourne ensuite sur de petites choses qu’il relève par la beauté de son génie et de son style.
Sous un bon souverain c’est le meilleur des sujets ; c’est le plus patient sous un souverain insensé. […] La capacité ou l’incapacité d’un sujet rare par son intelligence ou par sa stupidité décide la sorte d’instruction forte ou faible qui lui convient. […] Ce sont les sujets de l’État les plus inutiles, les plus intraitables et les plus dangereux. […] Si j’étais souverain et que je pensasse que tous les jours de fêtes et de dimanches, entre onze heures et midi, cent cinquante mille de mes sujets disent à tous les autres et leur font croire, au nom de Dieu, tout ce qui convient au démon du fanatisme et de l’orgueil qui les possède, j’en frémirais de terreur. […] Après cette observation, je reviens à la comparaison que j’ai faite d’un cours de la science universelle à une grande avenue à l’entrée de laquelle il se présente une foule de sujets qui crient tous à la fois : « Instruction, instruction !
Il remporta, en 1817, le premier prix de philosophie au concours général ; le sujet était l’énumération des preuves de l’existence de Dieu. […] Entre son fils, sa belle-fille, ses deux petits-enfants qui jouent avec lui, il cause sur les sujets les plus élevés. […] Le sujet du cours fut précisément la littérature du Nord, dont Ampère était tout rempli. Ce fut encore ce sujet qui l’occupa dans la première suppléance que lui offrit Fauriel à la Faculté des lettres en 1832. […] Sainte-Beuve a fait le sujet des premières pages de son livre de Chateaubriand.
On assure qu’en allant choisir à ce moment le père Lacordaire, dont elle aurait pu se souvenir plus tôt, elle a songé à autre chose encore ; je veux dire qu’elle a désiré voir appliquer ce beau talent d’orateur à un sujet qui lui était particulièrement cher, au panégyrique d’un éminent académicien mort avant l’âge et enlevé dans la ferveur de ses œuvres. […] Car voyez la perspective : d’un côté, un dominicain avec M. de Tocqueville pour sujet, c’est-à-dire la démocratie américaine pour champ illimité ; et de l’autre côté, pour vis-à-vis, le directeur de l’Académie, M. […] La composition m’a paru aussi assez irrégulière et disproportionnée ; plusieurs fois, l’orateur, après avoir atteint tout d’un trait jusqu’aux limites de son sujet et au terme de la carrière qu’il avait à retracer, a dû revenir sur ses pas et en arrière. […] Ç’a été le sujet d’un long parallèle, dans lequel tous les avantages, toutes les vertus, toutes les piétés ont été libéralement reconnus ou octroyés au démocrate américain ; quant à l’européen, il a été si maltraité que j’aurais vraiment envie de dire quelque chose en sa faveur et à sa décharge, si c’était le moment et le lieu.
Inepte ou capable, il serait à propos qu’un sujet s’y arrêtât pendant un certain intervalle de temps. […] Il est donc à propos que l’enseignement de ses sujets se conforme à sa façon de penser et qu’on leur démontre la distinction des deux substances, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la certitude d’une vie à venir, comme les préliminaires de la morale ou de la science qui fait découler de l’idée du vrai bonheur, et des rapports actuels de l’homme avec ses semblables, ses devoirs et toutes les lois justes ; car on ne peut, sans atrocité, m’ordonner ce qui est contraire à mon vrai bonheur, et on me l’ordonnerait inutilement. […] Fénelon a traité le même sujet. […] C’est d’ailleurs, ainsi que l’agriculture, le sujet de deux discours faciles à faire.
Vous n’aurez plus une poignée de sujets riches, vous aurez une nation riche… mais, dites-moi, à quoi bon la richesse, sinon à multiplier nos jouissances ? […] Que celui qui a de l’or puisse avoir des palais, des jardins, des tableaux, des statues, des vins délicieux, de belles femmes ; mais qu’il ne puisse prétendre sans mérite à aucune fonction honorable dans l’état ; et vous aurez des citoyens éclairés, des sujets vertueux. […] La vertu, la vertu, la sagesse, les mœurs, l’amour des enfans pour les pères, l’amour des pères pour les enfans, la tendresse du souverain pour ses sujets, celle des sujets pour le souverain, les bonnes loix, la bonne éducation, l’aisance générale ; voilà, voilà ce que j’ambitionne… enseignez-moi la contrée où l’on jouit de ces avantages, et j’y vais, fût-ce la Chine… mais là… je vous entends.
En voilà suffisamment pour concevoir sans peine que l’air doit être sujet à une infinité d’altérations résultantes du mélange des corpuscules qui entrent dans sa composition, qui ne sçauroient être toujours les mêmes, et qui ne peuvent encore y être toujours en une même quantité. […] Ces causes que j’appelle étrangeres, rendent l’air sujet à des vicissitudes de froid et de chaud, de sécheresse et d’humidité. […] Mais cette discussion n’est pas essentiellement de notre sujet, et nous ne le sçaurions trop débarrasser des choses qui ne sont point absolument necessaires pour l’éclaircir. […] Suivant que l’air est sec ou humide, suivant qu’il est chaud, froid ou temperé, nous sommes gais ou tristes machinalement, nous sommes contens ou chagrins sans sujet : nous trouvons enfin plus de facilité à faire de notre esprit l’usage que nous en voulons faire.
Il avait eu le tort de vouloir éclipser, en l’imitant dans les mêmes sujets, le grand Corneille. […] Son ami chercha promptement un autre sujet de conversation, et lui dit, quand il fut seul avec lui : “Pourquoi parlez-vous devant elle de Scarron ? […] Mme de Maintenon en fut charmée, et sa modestie ne put l’empêcher de trouver dans le caractère d’Esther, et dans quelques circonstances de ce sujet, des choses flatteuses pour elle. […] Donnez-lui maintenant un sujet, et il va devenir l’Euripide et le Sophocle chrétien. Ce sujet, il le couvait déjà dans Athalie.
Ces Articles prouvent combien cet Ecrivain est capable de joindre le mérite de penser avec justesse, à celui de s’exprimer avec grace, quand il ne cherche pas à sortir de lui-même, & à appliquer ses talens à des sujets qui leur sont étrangers. […] quel sujet pour une Epître ! Et quel Poëte, même médiocre, n’eût pas réussi avec un pareil sujet ?
Rapin prit sur lui de traiter ce sujet, & il l’a fait avec une supériorité de talent qui prouve la beauté de son génie. […] Cet Ecrivain laborieux travailloit alternativement sur des sujets littéraires & sur des sujets de Religion ; ce qui faisoit dire à l’Abbé de la Chambre, que ce Jésuite servoit Dieu & le monde par semestre.
Comme le sujet en est plus intéressant, plus compliqué que celui du Siége de Dunkerque, l'Ecrivain y déploie plus librement les richesses de son esprit. […] La fécondité de sa verve s'est exercée sur toutes sortes de sujets, & dans presque tous les genres, depuis le Poëme héroïque jusqu'au Madrigal. […] Dans son Eglogue des Amours d'Orphée, il a imité, avec autant d'élégance que de succès, l'Episode des Géorgiques, sur le même sujet.
Le talent d’un tel poète est à coup sûr un digne sujet d’étude. […] C’est une nécessité du sujet qu’il faut accepter. […] Est-il probable que Toussaint ignore le nombre de ses sujets ? […] Le sujet du nouveau drame de M. […] La pièce du nouveau volume sur le même sujet n’a rien de politique.
. — Division du sujet. — Définition de l’attention. […] Rappelons les remarques et les calculs de Galton à ce sujet. […] On a établi depuis que les mouvements de l’estomac et du tube intestinal tout entier sont sujets à l’inhibition. […] L’examen de cette question ne pourra être tenté utilement qu’après avoir parcouru l’ensemble de notre sujet. […] Nous pouvons donc, en vue de notre sujet, distinguer deux catégories de mystiques.
Dans leur premier essor, nécessairement théologique, toutes nos spéculations manifestent spontanément une prédilection caractéristique pour les questions les plus insolubles, sur les sujets les plus radicalement inaccessibles à toute investigation décisive. […] Les diverses considérations indiquées dans ce Discours ont déjà démontré implicitement l’impossibilité d’aucune conciliation durable entre les deux philosophies, soit quant à la méthode, ou à la doctrine ; en sorte que toute incertitude à ce sujet peut être ici facilement dissipée. […] En outre, la sage réserve avec laquelle l’esprit positif procède graduellement envers des sujets très faciles doit faire indirectement apprécier la folle témérité de l’esprit théologique à l’égard des plus difficiles questions. […] Mais il importe surtout de comprendre, en général, au sujet d’une telle critique, qu’elle. n’a pas seulement une destination passagère, à titre de moyen anti-théologique. […] Malgré l’extrême difficulté de ce grand sujet, j’ose assurer que, convenablement traité, il comporte des conclusions tout aussi certaines que celles de la géométrie elle-même.
La proposition en ayant été faite dans un repas, Callisthène prononça sur ce sujet un discours dont Arrien nous a conservé les principales idées. […] Du reste, je m’arrête ici sur ce sujet. […] « Toutes les parties du sujet que nous nous proposions de traiter sont donc à peu près épuisées. […] « Quoi qu’il en soit, la démocratie est plus stable et moins sujette aux bouleversements que l’oligarchie. […] « Dans la République, Socrate parle aussi des révolutions ; mais il n’a pas fort bien traité ce sujet.
C’est une erreur que de ne voir entre les unes et les autres de ces catégories qu’une nuance de raffinement ; il importe de ne pas confondre les sujets et les formes avec les diverses façons de voir ces sujets et de manier ces formes. Un seul et même sujet (paysage, figure, situation morale) sera senti très différemment, selon le tempérament de l’artiste ; et la forme d’expression devrait être adéquate à cette façon de sentir, c’est-à-dire personnelle. […] Qu’il s’agisse donc des formes, des sujets ou de l’inspiration lyrique, épique ou dramatique, j’aboutis toujours au résultat de mes conclusions générales : la liberté disciplinée. […] Tous les sujets lui sont bons quand il les domine ; en les tirant du chaos informe, il les purifie. […] Ce mot est attribué à Platon ; mais à tort. — Mon ami, le philosophe Maurice Millioud, m’écrit à ce sujet : « Le mot n’est pas dans Platon.
Pour achever le contraste, tandis que les génies poétiques de ce temps trahissent, presque tous, en leurs vers une allure plus ou moins aristocratique, soit par culte de l’art, soit par prédilection du passé féodal, soit par mystérieuse chasteté d’idéal dans les sentiments du cœur, Béranger est le seul poëte qui, indépendamment même du choix des sujets, ait gardé la rondeur bourgeoise, l’accent familier, la tournure d’idées ouverte et plébéienne ; par où encore il semble descendre en droite ligne de cette forte lignée à tempérament républicain, qu’on suit, sans hésiter, dans les trois derniers siècles, et de laquelle étaient Étienne de La Boëtie, les auteurs de la Ménippèe, Gassendi, Guy Patin, Alceste un peu je le crois, et beaucoup d’autres. […] par quelle combinaison toute neuve de sujets et de chants a-t-il trouvé moyen de satisfaire aux convenances morales de l’âge, des rapports privés, à l’attente du pays et à sa propre gloire ? […] Il était seulement à craindre qu’un progrès si tardif, qui transportait et concentrait sur des sujets vastes, presque désintéressés, et dans une atmosphère plus calme, les facultés du poëte, n’allât pas assez loin en richesse abondante et en fertilité majestueuse. […] Ailleurs, comme dans Jeanne la Rousse, la poésie, éludant le côté sévère et périlleux du sujet, c’est-à-dire le braconnier, tourne au sentiment, à la complainte gracieuse et touchante. […] Les Quatre Âges abordent le même sujet sous forme directe, sur un ton de lyrisme grave et didactique : c’est l’hymne auguste du philosophe, ce sont les vers dorés de la science nouvelle.
Ce n’était pas seulement le souvenir si vif de la dernière séance et de ses piquantes péripéties qui avait attiré cette fois une affluence plus considérable encore, s’il se peut, sous la coupole désormais trop étroite de l’Institut : le sujet lui-même était bien fait pour exciter une curiosité si empressée, et il l’a justifiée complètement. […] Empêché par les lois mêmes de la célébration et de la transformation académique de serrer son sujet de trop près, l’ayant toujours en présence, mais à distance, il s’est élevé sans en sortir. […] Il n’y aurait, après tout ce qui a été dit, qu’une manière de rajeunir le sujet, ce serait de le prendre d’un peu près et de l’étudier plus familièrement. […] Lorsqu’il a ensuite abordé son sujet, on a senti, à la façon dont il l’a traité, qu’il aurait pu même ne point chercher d’abord à l’élargir. […] Ou bien le talent insensiblement s’altère, non point dans les détails du métier (il y devient souvent plus habile), mais dans le choix des sujets, dans la nature des données et des images, dans le raffinement ou le désordre des tableaux.
Ils n’ont point été inventeurs de nouveaux sujets de poésie, comme le Tasse et l’Arioste. […] Ce n’est pas l’invention poétique qui fait le mérite de cet ouvrage ; le sujet est presque entièrement tiré de la Genèse ; ce que l’auteur y a ajouté d’allégorique en quelques endroits, est réprouvé par le goût. […] L’amour a été jusqu’à présent le sujet de ces sortes de romans. […] La plus féconde des idées philosophiques, le contraste des qualités naturelles et de l’hypocrisie sociale, y est mise en action avec un art infini, et l’amour, comme je l’ai dit ailleurs54, n’est que l’accessoire d’un tel sujet. […] Les sujets ne sont pas les mêmes ; mais la manière de les traiter, mais le caractère général de cette sorte d’invention appartiennent exclusivement aux écrivains anglais.
Voïons ce qu’on peut sçavoir à ce sujet. […] Les états de l’Asie ont toujours été aussi sujets que les états de l’Europe aux revolutions politiques ; mais il semble que les états de l’Asie aïent été moins sujets que les états de l’Europe aux revolutions morales. Dans l’Asie, les coutumes, la maniere de se vêtir, enfin les usages nationnaux, n’ont jamais été aussi sujets au changement qu’ils l’ont été, et qu’ils le sont encore dans les parties occidentales de l’Europe. […] Mais notre sujet ne demande pas que nous suivions la saltation dans tous les usages qu’ils en faisoient.
Il a mieux aimé être agréable, être piquant, et même çà et là surprenant, sur des sujets usés et aplatis par le rouleau de tant de pédants qui passe dessus depuis des années ! […] Madame de Maintenon est, en effet, encore un sujet d’histoire humaine, et nous allons aborder maintenant un sujet d’histoire surnaturelle ! […] Or, parmi ces femmes vertueuses dont Babou nous a donné les images, il y en a une qui fut une sainte, et qui n’est un sujet d’histoire que dans le livre des Anges, si, comme je le crois, ils suivent du ciel les mouvements de nos âmes et sont, là-haut, nos historiens ! […] N’est-ce que le caprice du talent, tenté par un sujet d’une beauté infiniment difficile pour une plume de ce temps ?
III C’est donc tout simplement ennuyeux, ce double et ambitieux travail d’une histoire et d’un roman qu’on nous donne comme un chef-d’œuvre, et qu’un traducteur de loisir a déterré, comme l’auteur avait déterré son sujet de La Papesse Jeanne. Ce sujet, en effet, n’est plus qu’une vieille loque historique percée par la science et répudiée par le mépris. […] Or, je suis de ceux-là encore qui pensent, de plus, que le talent, quand il est grand, peut s’emparer de la platitude d’un sujet et venir à bout glorieusement de cette platitude. […] Excusé, sinon absous, comme tant d’autres talents qui ont touché à des sujets scabreux, par le charme magique qu’ils ont su y répandre, et quoique ici le sujet pût brûler les doigts les plus purs, le romancier n’était pas tenu d’y mettre forcément des turpitudes ; mais l’historien, sous aucun prétexte, ne devait refaire, en la faussant, l’Histoire, pour justifier son roman et donner des racines à son conte dans ce qu’il cherche à établir comme la vérité.
En l’absence d’une histoire générale et unitaire de la papauté, le plus beau sujet par parenthèse qu’une tête d’ensemble puisse entreprendre, mais qu’avec les hâtes et les distractions de ce malheureux siècle, qui ne peut ni ne veut s’asseoir, on n’entreprendra point demain, il est excellent d’avoir de ces monographies qui enferment une époque dans une circonscription déterminée et qui la creusent. […] … Et, en effet, elle appartient à tout ce qui est catholique, l’histoire de l’Église, tentante même pour ceux qui ont le malheur de ne pas l’être mais dont les facultés, si elles sont de noble origine, sont entraînées vers ce magnifique sujet, magnétisées par sa beauté suprême… On peut le dire sans témérité : il n’y a pas, dans les annales du monde, deux pareils sujets d’histoire pour l’esprit humain. […] Nul d’entre eux ne s’avise de nier la majesté de ce sujet grandiose, qui renferme plus qu’aucun autre, à quelque place qu’on la choisisse, tout ce qui constitue le jeu des forces vives de l’humanité. […] Et, par parenthèse (c’est ici le lieu de le dire), nous attendons toujours, sur ce sujet, le second volume du père Olivier (des Dominicains).
Dans Seymour, comme dans les autres Anglais, violence et amour de l’excessif ; manière simple, archibrutale et directe, de poser le sujet. […] Mais que dire de ces plagiaires français modernes, impertinents jusqu’à prendre non seulement des sujets et des canevas, mais même la manière et le style ? […] J’imagine devant les Caprices un homme, un curieux, un amateur, n’ayant aucune notion des faits historiques auxquels plusieurs de ces planches font allusion , un simple esprit d’artiste qui ne sache ce que c’est ni que Godoï, ni le roi Charles, ni la reine ; il éprouvera toutefois au fond de son cerveau une commotion vive, à cause de la manière originale, de la plénitude et de la certitude des moyens de l’artiste, et aussi de cette atmosphère fantastique qui baigne tous ses sujets. […] Il se rapproche ainsi par un côté du malheureux Léopold Robert, qui prétendait, lui aussi, trouver dans la nature, et seulement dans la nature, de ces sujets tout faits, qui, pour des artistes plus imaginatifs, n’ont qu’une valeur de notes. Encore ces sujets, même les plus nationalement comiques et pittoresques, sont-ils toujours par Pinelli, comme par Léopold Robert, passés au crible, au tamis implacable du goût.
Ce jugement paraîtra sans doute extraordinaire ; mais si l’éloquence consiste à s’emparer fortement d’un sujet, à en connaître les ressources, à en mesurer l’étendue, à enchaîner toutes les parties, à faire succéder avec impétuosité les idées aux idées, et les sentiments aux sentiments, à être poussé par une force irrésistible qui vous entraîne, et à communiquer ce mouvement rapide et involontaire aux autres ; si elle consiste à peindre avec des images vives, à agrandir l’âme, à l’étonner, à répandre dans le discours un sentiment qui se mêle à chaque idée, et lui donne la vie ; si elle consiste à créer des expressions profondes et vastes qui enrichissent les langues, à enchanter l’oreille par une harmonie majestueuse, à n’avoir ni un ton, ni une manière fixe, mais à prendre toujours et le ton et la loi du moment, à marcher quelquefois avec une grandeur imposante et calme, puis tout à coup à s’élancer, à s’élever, à descendre, s’élever encore, imitant la nature, qui est irrégulière et grande, et qui embellit quelquefois l’ordre de l’univers par le désordre même ; si tel est le caractère de la sublime éloquence, qui parmi nous a jamais été aussi éloquent que Bossuet ? […] Mais si jamais il parut avoir l’enthousiasme et l’ivresse de son sujet, et s’il le communiqua aux autres, c’est dans l’éloge funèbre du prince de Condé. […] le digne sujet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; … agréez ces derniers efforts d’une voix qui vous fut connue ; vous mettrez fin à tous ces discours. […] Personne ne saisit plus fortement ce que son sujet lui présente, mais quand son sujet l’abandonne, personne n’y supplée moins que lui.
Nous avons donc élaboré à ce sujet un système tel quel, dont nous croyons devoir sans retard, exposer ici les traits principaux. […] Du reste, le sujet de Modeste Mignon était très propre à seconder ses intentions en ce genre. […] Disons-le donc, il y a peu d’invention dans les sujets. […] Mais laissons ce sujet sur lequel nous aurons plus d’une occasion de revenir dans la suite. […] Si un poète est épris de ces anciennes mœurs, au point de choisir pour sujet de ses chants, ce qui est fort naturel, que n’imite-t-il Goethe ?
A ce sujet, M. […] Elle se trompe également quand elle tranche la grande et délicate question de savoir si le cerveau est le sujet ou simplement l’organe de la vie psychique : des conditions ne sont pas des causes. […] C’est que l’organe est non-seulement la condition, mais le sujet et la cause des phénomènes psychiques. […] L’école dont nous parlons oublie l’être de la conscience, l’individu, le moi, sujet et cause véritable de tous les phénomènes de la vie psychique, sinon de la vie physiologique. […] C’est l’organe ou plutôt l’élément organique qui est l’être véritable, le sujet et la cause de tous les phénomènes biologiques.
Xenophon donna aussi plusieurs autres ouvrages sur des sujets historiques. […] Quinte-Curce qui traita le même sujet en latin, est plus Rhéteur. […] Son style est noble & conforme à ses sujets. […] Ce fut moins la faute de l’auteur que du sujet. […] au lieu d’approfondir son sujet, semble avoir fait son capital d’embellir les ornemens postiches qu’il y ajoute.
On dit volontiers du mal de la rhétorique, et à moi-même cela a pu m’arriver quelquefois : pourtant dans ces genres officiels et où la cérémonie entre pour quelque chose, dans ces sujets que l’on ne choisit pas et que l’on ne va point chercher par goût, mais qui sont échus par le sort et imposés avec les devoirs d’une charge, il y a un art, une méthode et des procédés de composition qui soutiennent et qui ne sont nullement à dédaigner ; si on peut les dénoncer et les blâmer par instants en les voyant trop paraître, on souffre encore plus lorsqu’ils sont absents et qu’au lieu d’un orateur on n’a plus devant soi qu’un narrateur inégal, à la merci de son sujet, avec tous les hasards de la superfluité ou de la sécheresse. […] Quand ces développements concernent l’art même dont il traite et les sciences dont il est l’organe, ce ne sont point à proprement parler des lieux communs, ce sont des parties intégrantes et naturelles de son sujet. […] À ces juges impétueux et qui sont sujets à secouer du geste la balance, il y aurait, s’ils daignaient écouter, à opposer maint passage excellent de ton, irréprochable de pensée et de goût : tel est, dans l’Éloge de M. de Lassone, ce morceau exquis sur Fontenelle et que peu de personnes ont lu, car l’Éloge de Lassone n’a pas même été recueilli dans les Œuvres de Vicq d’Azyr : Plusieurs médecins, dit-il, se sont vantés d’avoir compté Fontenelle parmi leurs malades, quoique ce philosophe si paisible et qui a vécu si longtemps n’ait dû que rarement avoir besoin des secours de notre art : M. de Lassone se félicitait seulement de l’avoir eu pour protecteur dans sa jeunesse, et pour ami dans un âge plus avancé. […] Mais le sujet principal est bien embrassé et développé ; Buffon y est caractérisé par cet amour du grand qui le distingue en toutes choses. […] Le Comité de salut public avait publié une instruction à ce sujet.
Le cardinal de Rohan, beau, brillant, de la plus noble libéralité et de la plus gracieuse prévenance, spirituel même si on ne s’arrêtait qu’à l’air et au-dehors, était un très grand seigneur des plus sujets à être séduit. […] Ce curieux voyage est le sujet d’un volume publié en 1789, sous le privilège, comme on disait, de l’Académie des sciences, et sous le titre d’Observations faites dans les Pyrénées, pour servir de suite à celles que l’auteur avait déjà faites sur les Alpes dix années auparavant. […] Il y a toujours de la composition dans les paysages de Ramond ; le plus souvent il n’y a que la couleur vraie donnée par le sujet. […] Ce sujet auquel il m’a convié est trop neuf, il a trop besoin de démonstration et de preuve aux yeux du lecteur pour que je l’étrangle ainsi et que je ne lui accorde pasw, dans un dernier article, tout le degré de développement qui lui est dû. […] Il ne cachait pas même à ses amis qu’il avait vu ou qu’il croyait avoir vu des choses fort extraordinaires, mais lorsqu’on le pressait à ce sujet, il rompait la conversation et refusait de s’expliquer.
Maxime du Camp nous en fournit l’occasion et le sujet. […] Voyez, s’écrie-t-il : le dernier sujet du prix de poésie décerné par l’Académie française a été : L’Acropole d’Athènes ! […] Il y a quelques années, l’Académie proposait pour sujet de prix la Découverte de la Vapeur, qui est précisément un des thèmes recommandés dans le prograMme moderne de M. du Camp. […] Cette stérilité tient moins aux sujets extérieurs qu’aux talents mêmes et aux génies : on les dirait à sec. […] Ce n’est là qu’un commencement d’une pièce fort longue et qui a pour sujet la métempsycose.
Il étudiait beaucoup cependant, il approfondissait chacun des sujets en discussion, et dans les questions non politiques, non ministérielles, ses collègues aimaient à le choisir comme le rapporteur le plus sûr, le plus consciencieux. […] Dans ces Mémoires, d’ailleurs, le grand Frédéric ne parle guère que de batailles, ce à quoi je n’entends rien… Ce que j’aurais voulu surtout savoir, c’est comment Frédéric menait son gouvernement, et les réflexions que ce sujet lui suggérait ; mais j’imagine qu’il dédaignait trop cette partie de sa vie pour s’appliquer à la faire comprendre au lecteur. […] Y a-t-il en effet dans le sujet que j’ai choisi de quoi faire le livre que j’ai rêvé, et suis-je l’homme qu’il faut pour réaliser ce rêve ? […] Cette méthode, qui est singulière et toute personnelle, une vraie méthode a priori, est chez lui invariable et inflexible ; il n’a pas l’idée de la modifier selon les sujets, il faut que les sujets s’y accommodent et arrivent bon gré mal gré sous sa prise. […] J’admirais autant que personne, tout en m’étonnant un peu de cette éloquence disproportionnée au sujet ; et, comme j’aime aussi la liberté à ma manière, je fus tenté de demander s’il y avait désormais une orthodoxie académique établie sur M.
Jésus et sa mère Maintenant je n’ai plus à citer de ce vieux Mystère qu’une scène véritablement pathétique et où le sujet a heureusement inspiré l’auteur, soit qu’il ait eu le premier l’idée, soit plutôt qu’il l’ait prise ailleurs et simplement perfectionnée. […] On le voit, la situation donnée par le sujet est belle, touchante, aussi touchante que possible ; mais, dans toute la première partie, l’exécution manque un peu. […] Les questions, les répliques s’entre-croisent ; c’est un vrai dialogue et sur le sujet le plus sensible, le plus émouvant, le plus tendre au cœur des chrétiens. […] Ils en ont loué le sujet et l’intention plus que l’exécution. […] Ils sont les premiers à reconnaître ; « Que l’imagination des auteurs, quand ils traitaient des sujets religieux dont les points fondamentaux étaient fixés par l’Ancien ou le Nouveau Testament, ne pouvait se donner carrière que dans quelques scènes épisodiques et dans le dialogue naïf, familier, souvent trivial, des personnages secondaires, tels que les bergers, les soldats, les démons ; que l’exactitude des tableaux, le langage plus ou moins vrai qu’on prêtait aux personnages, l’effet comique qui résultait des facéties de quelques-uns, constituaient le principal mérite de l’ouvrage aux yeux du public, et en faisaient tout le succès ; que toute espèce d’idée d’unité était absente de ces compositions et étrangère à la pensée des auteurs ; qu’on ne songeait nullement alors à disposer les faits de façon à les faire valoir par le contraste, à concentrer l’intérêt sur certaines scènes, à tenir en suspens l’esprit du spectateur et à l’amener de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, jusqu’au dénouement.
Delacroix, qui dans ses études sur le mysticisme a déjà annexé à l’étude de l’homme un domaine jusqu’ici trop abondonné, entamera, comme le prouve son livre d’aujourd’hui, son sujet avec un esprit plus ouvert et plus souple. […] Delacroix insiste uniquement sur les lectures de Stendhal-et c’est son droit, c’est surtout la coutume des historiens de la philosophie de voir leur sujet sous l’angle un peu spécial des dérivations d’idées issues de lectures. […] Delacroix a choisi pour exposer la « théorie » de Stendhal une méthode analytique qui fausserait son sujet s’il s’agissait par exemple de Rousseau, mais qui ici, ayant pour effet de ramener l’exposé de Stendhal à celui de ses maîtres ou demi-maîtres, les idéologues, s’accepte parfaitement. […] Depuis le livre de Stendhal rien n’a paru sur ce sujet de considérable qu’après la physiologie de M. […] Ce livre n’a pas eu besoin d’être habillé de vert par Alcan pour exprimer une philosophie authentique et pour proposer sur l’éternel sujet des idées neuves et bien pesantes.
Le sujet était l’éloge de M. Campenon, sujet fort mince et fort maigre en vérité ; il a fallu, de part et d’autre, se jeter sur les lieux communs, et les prétextes mêmes n’abondaient pas, tant M. […] Hugo avait reçu du critique plus d’une épigramme : on voulait voir comment le poëte, directeur de l’Académie, répondrait dans un sujet si délicat où il se trouvait juge et partie.
La plupart de ces Ouvrages péchent par le choix du sujet, les autres par le plan ou l’exécution, tous par le défaut de naturel & de simplicité. […] Mais tous ces dons d’un esprit agréable sont-ils suffisans pour se soutenir, & peut-on ignorer que rien n’est plus sujet à perdre ses charmes ? […] Ses Fables, fruits d’une imagination riante & séconde, & du don d’inventer heureusement un sujet, eussent mérité la seconde palme de l’Apologue, s’il eût eu autant d’attention à consulter la Nature & le goût, que de facilité à s’abandonner à son génie.
Il y a donc un écueil caché dans ce sujet ; voici quelles sont nos conjectures à cet égard. […] Quand nous aurons, sur un sujet chrétien, un ouvrage aussi parfait dans son genre que les ouvrages d’Homère, nous pourrons nous décider en faveur du merveilleux de la fable, ou du merveilleux de notre religion ; jusque alors il sera permis de douter de la vérité de ce précepte de Boileau : De la foi d’un chrétien les mystères terribles, D’ornements égayés ne sont point susceptibles. […] Nous couronnerons ce que nous avons dit sur ce sujet par une vue générale de l’Écriture : c’est la source où Milton, le Dante, le Tasse et Racine ont puisé une partie de leurs merveilles, comme les poètes de l’antiquité ont emprunté leurs grands traits d’Homère.
Tels sont les petits hommes, tels aussi doivent être les petits poèmes. » Mais évidemment il cherchait encore ses sujets, et la forme neuve et curieuse de ce talent en éveil ne savait où s’appliquer avec suite et vigueur. Ici nous trouvons un rapport (un seul rapport, il est vrai) de Cowper à La Fontaine : comme celui-ci, le génie de Cowper a besoin d’être excité, soutenu par l’amitié ; il lui faut un guide, quelqu’un qui lui indique ses sujets, comme presque toujours quelque beauté, une Bouillon ou une La Sablière, les commandait à La Fontaine. […] Le printemps le dissipait trop pour qu’il pût beaucoup s’y recueillir ; il aimait mieux en profiter avec l’abeille et avec l’oiseau : mais les soirs d’hiver, près de son intelligente et silencieuse amie, dans ce doux confort domestique qu’il a si bien exprimé, ayant là près de lui la bouilloire qui chante, et la tasse pleine de cette liqueur « qui égaye et qui n’enivre pas », il s’appliqua pour la première fois à traiter en vers d’assez longs sujets, tout sérieux d’abord et presque théologiques, qui montrent, à leur titre seul, le fond de ses pensées : Le Progrès de l’erreur, La Vérité, L’Espérance, etc. […] Un jour qu’elle lui conseillait de faire des vers blancs, des vers sans rimes, ce qui est très conforme au génie de l’idiome breton, il répondit qu’il n’attendait pour cela qu’un sujet : « Un sujet ! […] Durant six livres ou chants, il parcourt une série de sujets ou de vues les plus variés, sans une composition précise, mais avec l’unité d’un même esprit et d’un même souffle.
Chez lui rien d’essayé, rien de livré au hasard de la jeunesse : il est entré tout armé ; il a pris place avec une netteté, une vigueur d’expression, une concentration et un absolu de pensée qu’il a appliqués tour à tour aux sujets les plus divers, et dans tous il s’est retrouvé un et lui-même. […] Cet essai est, à première vue, la chose la plus étrange et la plus inattendue, eu égard au sujet. […] Taine a choisi le fabuliste pour sujet de sa thèse française ; mais, depuis quelques années, les brillants candidats au grade de docteur nous ont habitués, le lendemain matin de leur réception, à lire des livres plutôt que des thèses proprement dites : il a suffi pour cela que le brocheur enlevât la page finale où se lisait le visa de M. le doyen. […] Taine a montré le même sujet de fable traité dans les trois manières, Le Renard et la panthère — par Ésope (genre didactique) —, puis par un des ysopets du Moyen Âge (genre enfantin), — et enfin Le Singe et le léopard de La Fontaine (genre de génie, et qui est la perfection) : Ce même sujet, dit-il, trois fois raconté, distingue les trois sortes de fables. […] Le ton propre à chaque sujet s’observerait jusque dans ces parties extrêmes, où, de l’admiration au point de départ, on serait allé graduellement jusqu’à une demi-contradiction.
Le sujet traité par M. d’Alton-Shée n’est autre que celui du séducteur marié, ou plutôt de l’homme à bonnes fortunes et du libertin marié (car le mot de séducteur a une acception un peu plus particulière) ; un tel sujet, sous un de ses aspects ou sous un autre, n’a pu manquer de venir plus d’une fois à la pensée des auteurs dramatiques, et l’on pourait dresser, en effet, une assez longue liste de pièces dont les titres sont plus ou moins dans ce sens. […] Il s’est allé prendre au piège ; il a aimé un jour, ou bien il n’a pu posséder qu’en faisant semblant d’aimer ; il s’est lié, il s’est rangé à son tour dans la classe des époux, et le voilà lui-même sujet à toutes les vicissitudes qu’il a fait tant de fois subir aux autres. […] Tel est le sujet abordé et mis en action par M. d’Alton-Shée avec beaucoup de vigueur et de franchise. […] Dans son désir de changer le sujet de conversation, Emma prend le journal des mains de M. de Noirmont et se met à lire le feuilleton à haute voix : « Théâtre-Italien. — Ouverture. — Don Juan […] Quelle est donc la passion de rechange que je propose au comte Herman, âgé de quarante-deux ans et trop sujet aux tendres rechutes ?
Au fond, le sujet de Fontenelle n’est autre que celui du livre de M. […] Du premier jour, Fontenelle a donné la mesure de critique qu’il convient d’apporter dans un tel sujet. […] Vinet, c’est l’absence complète du sentiment religieux : ce sujet magnifique n’a pu fournir à son auteur le moindre mot, le plus léger aperçu de philosophie ou de cosmologie religieuse. […] Son seul tort, philosophe comme il était et ne voulant point simuler ce qu’il ne pensait pas, c’est, par son ton badin, d’avoir semblé souvent parodier la grandeur du sujet. […] Journalistes et improvisateurs si aisément tentés sur tous sujets, soyons avertis de nous méfier et d’être prudents.
Il y a bien des violences, et des plus grossières dans les Châtiments : mais comme le sujet efface ou atténue les petitesses de l’auteur ! […] La précision pittoresque de certaines descriptions ne doit pas nous faire illusion : la plus simple, la plus vraie, la plus réaliste, est toujours une « légende morale »877, le sujet apparent n’étant que l’équivalent concret du sujet fondamental. […] Gautier mettait encore dans ses vers des sujets de tableaux : Banville n’y met rien, que des souplesses étonnantes de versification. […] Il n’en est guère qui, grâce à la probité du métier, n’aient eu la bonne fortune de donner la forme qui dure à quelque sujet bien rencontré ; et l’on formera, l’on a formé déjà de charmantes anthologies, où tout est de premier ordre, parce que chacun fournit très peu. […] Coppée ni la sincère énergie ni la large pitié que de tels sujets exigent.
Dans les Walpole, il est vrai, le talent de Macaulay commence d’apparaître, mais ce n’est pas dans Robert, sujet politique et plaidoirie whig, qu’il se montre, c’est dans Horace, sujet humain et littéraire, qui allait aux instincts et au genre de sagacité de ce grand critique littéraire en puissance, mais seulement en puissance, car il y est resté ! […] L’étude sur Johnson est aussi mâle que son sujet. […] Diverses, en effet, et même différentes : supérieures ici, inférieures là, selon les sujets que l’auteur y aborde. […] L’Histoire de la Grèce par Mitford, — les Orateurs athéniens, — le Dante, — Pétrarque, — John Bunyan, — les Poètes comiques de la Restauration, — Dryden, — Goldsmith, — la vie de Lord Byron par Thomas Moore, sont des sujets dans lesquels Macaulay a pu déployer toutes les ressources de sa pensée et de son style. […] Cette critique qui le prend de haut ne ressemble nullement, je l’ai dit déjà, mais il faut insister, aux critiques étroites, microscopiques et pointilleuses, qui se collent le nez sur leur sujet pour mieux le voir.
Ce héros devint pour Pétrarque le sujet d’une épopée latine. […] En traitant trois fois le même sujet, il a trouvé moyen d’être toujours nouveau. […] Dire en effet que la peinture peut aborder tous les sujets, c’est une vérité trop vraie. […] Ce qui importe, c’est de déterminer quels sont les sujets permis, quels sont les sujets interdits à la peinture, car le pinceau, plus libre sans doute que le ciseau, ne peut cependant pas aborder tous les sujets. […] Toutes ses paroles révèlent la connaissance profonde du sujet qu’il traite.
Quelques remarques sur ces erreurs ne sont pas hors de mon sujet. […] La recherche est délicate ; mais elle est dans mon sujet, et la vérité me la commande. […] Le sujet ne se développe pas, et l’esprit de l’auteur s’épuise. […] Aucun sujet n’y convenait mieux que les aventures de Télémaque. […] Par le choix du sujet, Fénelon mettait sans cesse son élève en présence de lui-même.
Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! […] cet art réduit à néant nos dernières illusions à ce sujet. […] En ce livre, des défauts ne sont sensibles (faut-il y voir une vindicte exercée par le sujet lui-même ?) […] que Rivière sur ce sujet-là est en accord avec le tréfonds le plus intime de l’expérience individuelle !) […] « Le vrai titre du chapitre à son sujet devrait être, De la Sainteté.
Clément s’efforce de prouver que le Poëme de la Peinture n’est qu’une amplification de quelques passages de celui de du Fresnoy * sur le même sujet, & d’élever ce dernier au dessus du premier, sous prétexte qu’il le trouve plus instructif & plus original. […] Indépendamment de l’instruction qu’on fait répandre sur différens sujets, il faut encore posséder l’art de rendre les objets intéressans, afin de les insinuer avec autant d’agrément que de solidité. […] Il se transforme en son Original, évite ses défauts, s’approprie ses beautés, & , en les adoptant au sujet qu’il traite, il sait leur donner une forme & un caractere qui les lui rend propres. […] Nous ne pousserons pas plus loin cet Article, quoique nous nous fussions proposé d’y prouver encore, contre l’Auteur des Observations critiques, non seulement que le Poëme de l’Abbé Marsy est très-didactique, mais encore qu’il n’est pas impossible d’en faire un sur le même sujet, dans notre Langue, dont la lecture soit intéressante.
Celui de Racine étoit assez riche pour plaire, & intéresser, sans le secours de ce ressort, qui n’a point été employé dans Athalie, le chef-d’œuvre des Théatres anciens & modernes : rien en effet de plus simple, de plus sublime, de mieux conduit, que cette Piece, & cependant point de sujet plus difficile à traiter. […] Ils avoient, à la vérité, des objets de culte, des sujets nationaux capables de captiver, d’attacher, d’emouvoir le Spectateur, sans recourir à ce sentiment trop foible pour des Républicains ; mais quand ces sujets leur auroient manqué, ils eussent dédaigné tout ce qui n’étoit pas propre à repaître & à soutenir l’élévation de leur ame. […] Or il s’agissoit de savoir par où Corneille & Racine devoient être caractérisés ; & après avoir vu ce que les Critiques ont pensé sur ce sujet, j’en suis revenu au mot de M. le Duc de Bourgogne ».
L’auteur y est poète et grand poète, c’est-à-dire grand peintre, comme sans dessein et en suivant le mouvement de son sujet. […] N’oublions pas surtout ce trait qui donne tant à penser : … Fait périr maint bateau ; Le tout au sujet d’un manteau. […] La Fontaine en a fait de charmans sur des sujets moins heureux. […] Bonne satire de l’humanité en général ; puis vient la satire de la société, de l’homme civilisé qui n’a fait, par les conventions sociales, que multiplier les sujets de discorde.
On peut reprocher au Paradis perdu de Milton, ainsi qu’à l’Enfer du Dante, le défaut dont nous avons parlé : le merveilleux est le sujet et non la machine de l’ouvrage ; mais on y trouve des beautés supérieures, qui tiennent essentiellement à notre religion. […] Le berceau de Rome chanté par Virgile est un grand sujet, sans doute ; mais que dire du sujet d’un poème qui peint une catastrophe dont nous sommes nous-mêmes les victimes, qui ne nous montre pas le fondateur de telle ou telle société, mais le père du genre humain ? […] Il aperçoit l’énormité du crime : d’un côté, s’il désobéit, il devient sujet à la mort ; de l’autre, s’il reste fidèle, il garde son immortalité, mais il perd sa compagne, désormais condamnée au tombeau.
Et cependant le sujet historique que Labutte n’a pas craint d’aborder n’en restera pas moins un des plus intéressants et des plus magnifiques sujets qu’un homme d’imagination et de science pût traiter, s’il l’avait compris. […] Est-ce cette mâle conception de l’Histoire qui a fait choisir, entre tous, à Labutte, le sujet, si indifférent à l’opinion, de son livre ? […] Un mensonge superficiel et inanimé que n’a pu vivifier et réchauffer cette prétention à la couleur locale qui est une des ambitions du xixe siècle, et que l’écrivain a manquée comme tout le reste, précisément dans le sujet d’histoire qui semblait l’admettre le plus !
« Trop longtemps les sujets et le prince ont eu des intérêts différents ; aujourd’hui le prince ne peut plus être heureux sans les sujets, ni les sujets sans le prince40. […] « Vous avez des amis parce que vous l’êtes vous-même, car on commande tout aux sujets, excepté l’amour.
Les deux empereurs51 lui écrivirent à ce sujet la lettre la plus honorable. […] On respire au moins quand, parmi tant de sujets d’éloges, ou ridicules ou atroces, on en trouve un de raisonnable : mais le sujet du discours est ce qu’il y a de mieux dans le discours même. […] Il eût mieux valu dire que sa valeur n’était rien à son humanité ; qu’empereur il fut modeste et doux ; que maître absolu, il donna, par ses vertus, des bornes à un pouvoir qui n’en avait pas ; qu’il n’eut point de trésor, parce qu’il voulait que chacun de ses sujets en eût un ; que les jours de fêtes, il empruntait la vaisselle d’or et d’argent de ses amis, parce qu’il n’en avait point lui-même ; qu’il fut humain en religion comme en politique ; et que, pendant tout le temps qu’il régna, tandis que les autres empereurs, persécuteurs des chrétiens, lui donnaient l’exemple d’une superstition inquiète et féroce, il ne fit jamais, dans ses États, ni dresser un échafaud, ni allumer un bûcher.
Les sujets proposés en ces années par l’Académie française sont d’un ordre élevé et qui fournissait une juste arène aux jeunes talents. […] Le sujet de poésie proposé par l’Académie pour 1831 était la Gloire littéraire de la France. […] Il y a cependant, dans les séances intérieures de l’Académie, des jours de grande discussion et comme de bataille rangée sur des sujets littéraires importants. […] La salle de l’Académie était un peu petite pour ces orages imprévus qui d’un rien grossissaient à vue d’œil, et les sujets en eux-mêmes prêtaient rarement à ces débordements d’éloquence. […] La poésie, en effet, paraît fuir depuis longtemps ces concours et s’abstenir des sujets proposés : elle n’y est que de nom.
Je dois voter l’acceptation de la loi, et c’est ainsi que je me trouve en dernier lieu au nombre des inscrits pour ; mais la vérité est que j’avais d’abord demandé la parole pour parler sur la loi : car mes réserves à son sujet sont telles, que je semblerai le plus souvent parler contre. […] Quoique ce puisse sembler déjà de l’histoire ancienne, je demande à exprimer ma pensée à ce sujet ; car il est possible que, plus tard, la question revienne de droit au Sénat même, sous forme de sénatus-consulte. […] Tout a été dit sur ce sujet par les Royer-Collard, les Camille Jordan, les de Serre, — j’entends parler de M. de Serre en son bon temps, avant son repentir et ses défaillances, avant son fameux Jamais ! […] J’ai sous les yeux un mémoire ou une note très-digne de considération, qui m’a été remise à ce sujet et qui, répondant point par point aux arguments allégués, conclut à l’admission et au rétablissement de la preuve contre les fonctionnaires. […] Vacherot, une petite indiscrétion, qui ne nous éloigne point du sujet.
Dans les trois tragédies qui se rapportent à la famille des Atrides, la première a pour sujet la mort d’Agamemnon ; la seconde, la punition de Clytemnestre ; la dernière, l’absolution d’Oreste par l’Aréopage. […] J’aurais donc eu à lutter, dans une traduction, contre un premier obstacle, et j’en aurais rencontré un second dans le sujet en lui-même. […] Les tragédies mêmes qui ont pour sujet des traits de nos propres annales sont exposées à beaucoup d’obscurité. […] Les rencontres fortuites, l’arrivée de personnages subalternes, et qui ne tiennent point au sujet, leur fournissent un genre d’effets que nous ne connaissons point sur notre théâtre. […] L’isolement dans lequel le système français présente le fait qui forme le sujet, et la passion qui est le mobile de chaque tragédie, a d’incontestables avantages.
Durant près de dix ans qu’elle écrivit dans cette feuille sur toutes sortes de sujets, sur la morale, la société, la littérature, les spectacles, les romans, etc., etc., on ne saurait se faire une idée, à moins de parcourir les articles mêmes, du talent varié, de la fécondité et de la justesse originale qu’elle déploya. […] Un talent si élevé, une franchise de plume si à l’aise en chaque sujet, n’éveillaient pas toujours une bienveillance très-sincère. […] Mlle de Meulan avait eu fréquemment l’occasion d’écrire quelques pages sur l’éducation et d’essayer ses idées à ce sujet. […] On l’y pouvait trouver un peu rude d’abord ; sa raison inquisitive, comme elle dit quelque part, cherchait le fond des sujets ; mais l’intérêt y gagnait, les idées naissaient en abondance, et, sans y viser, elle exerçait grande action autour d’elle. […] Le sentiment qu’elle inspire est tel que les termes d’estime et de respect peuvent seuls le rendre, et que c’est presque un manquement envers elle, toujours occupée d’être et si peu de paraître, que de venir prononcer a son sujet les mots d’avenir et de gloire 15 mai 1836.
Un article qu’il écrivit un jour à la recommandation du libraire Paulin, au sujet d’un Discours de W. […] Chaque jour, après le dîner, une heure durant, il lui faisait faire des devoirs, des dictées, dont Sophie était l’occasion et le sujet. […] Il y a, en un mot, des moments où mes semblables, comme à Térence, me sont bien chers ; il y en a d’autres où ils me semblent bien ridicules, bien injustes, bien plats : témoin ce qui s’est passé hier dans le sujet qui nous occupe. […] En général, c’est ce qu’on peut opposer au procédé que suit en tout sujet l’esprit de M. […] On ne croirait point vraiment qu’il s’agisse du même sujet et du même thème.
Ainsi les actions violentes et sanguinaires ne sçauroient être le sujet d’une églogue. […] Puisque les bergers d’égypte et d’Assyrie sont les premiers astronomes, pourquoi ce qui se trouve de plus facile et de plus curieux dans l’astronomie ne seroit-il pas un sujet propre pour la poësie bucolique ? […] La scene des églogues, ainsi que celle des comedies, doit être placée dans nos campagnes, et leur sujet doit être une imitation des évenemens qui peuvent y arriver.
Il sort presque toujours de son sujet par la multiplicité & par l’attirail de ses épisodes. […] On fit de cette ridicule querelle le sujet de quelques farces. […] Il n’a encore rien paru de si raisonnable & de si profond sur ce sujet. […] Un autre défaut, c’est qu’il aime à s’égayer jusques dans les sujets les plus graves & les plus sérieux. […] Pourquoi tant d’autres dîgressions étrangeres à son sujet ?
Esprit Fléchier, né en juin 1632 à Pernes, dans le Comtat-Venaissin, d’une honnête famille, mais appauvrie et réduite au petit commerce, annonça d’abord les dispositions d’un sujet parfait. […] C’est à ce sujet que Chapelain lui écrivait une lettre que j’ai sous les yeux, inédite, datée du 18 janvier 1662, portant à l’adresse : M. […] Tout y est du sujet, et le sujet sublime de soi n’y est du tout point ravalé par les expressions fort latines, et par les nombres fort soutenus et fort arrondis. […] Ce mariage fut célébré poétiquement par Fléchier, qui était déjà dans la maison ; il fit à ce sujet une élégie en vers français dans le goût d’alors qui précédait la venue de Despréaux. […] Il faisait profession de divertir ses amis et patrons, et de les faire rire à tout sujet.
Remaniements et manipulations diverses des sujets épiques. […] Il ne compose pas : il n’organise pas l’unité diffuse du sujet par la dépendance et la proportion des parties ; il suit l’action, il ne la conduit pas. […] Ou bien l’on démarque des traditions étrangères pour les rendre au sujet que l’on traite : ainsi le chien de Montargis, vieux conte qu’on trouve déjà dans Plutarque et dans saint Ambroise, vient se mêler aux aventures de la reine Sibille, une des incarnations de l’épouse innocente et calomniée. […] La victoire remportée par Louis III à Saucourt sur le pirate Hastings est le sujet du poème de Gormont et Isenbart, dont un fragment de 600 vers a été retrouvé en 1876. […] Geste (du latin gesta, pluriel neutre qui devint un substantif féminin) prit le sens d’Histoire : une Chanson de Geste est donc proprement une chanson qui a pour sujet des faits historiques (ou donnés pour tels).
Je n’entends pas par là l’authenticité de l’événement qui sert de sujet à une tragédie, ni cette notoriété qui résiste au scepticisme d’un Niebuhr. […] Leur solidité s’explique par le choix libre et savant de leurs sujets. […] Un jour, pourtant, on lui commanda des sujets religieux. […] Ces deux grands poètes n’ont pas seulement le style de leurs sujets, ils ont un style personnel, et ce style c’est leur âme. […] Mais entre Britannicus et Tibère il n’y a de commun qu’un sujet romain.
Les chants et la grande poésie des choeurs relevaient l’extrême simplicité des sujets grecs, et ne laissaient apercevoir aucun vide dans la représentation : ici, pour remplir la carrière de cinq actes, il nous faut mettre en oeuvre les ressorts d’une intrigue toujours attachante, et les mouvemens d’une éloquence toujours passionnée. […] Telles sont les plus heureuses productions de l’art, celles qui par la force du sujet réussiraient même dans la main d’un homme médiocre ; et quand l’exécution en est digne, ce sont les chefs-d’oeuvre de l’esprit humain. […] Où sont ceux qui répètent, sans connaissance et sans réflexion, que le ton de Racine est toujours le même ; que tous ses sujets ont les mêmes couleurs et les mêmes traits ? […] Je ne considère pas ici la prodigieuse difficulté de tirer cinq actes d’un sujet qui n’offrait qu’une scène ; de faire une tragédie de ce qui paraissait devoir n’être qu’une élégie. […] C’est là sans doute posséder la science des couleurs locales, et l’art de marquer tous les sujets d’une teinte particulière qui avertit toujours le spectateur du lieu où le transporte l’illusion dramatique.
Au milieu de ces idées et de ces conseils politiques, Roederer ne cessait de varier les applications de sa plume et de parler à son public sur mille sujets littéraires qui se présentaient. […] C’est à ce sujet que le ministre de la Police dit au Directoire : « Citoyens directeurs, vous m’avez dérangé ma liste. […] J’ajouterai qu’ils ne s’amusent pas à traiter tant de sujets littéraires purement agréables et désintéressés, et à les traiter avec feu, avec nouveauté, au risque de déplaire à plusieurs. […] je ne me rappelle pas… » — « Si fait, c’est au sujet des contributions levées en pays ennemi. […] — Le style de Roederer a emprunté ici de sa simplicité nerveuse au sujet même qu’il avait sous les yeux et qui présidait à sa pensée ; il s’est reflété en lui comme un rayon du modèle.
Sans dédaigner les sujets exotiques, Dumas fut le premier à deviner l’attrait que pouvait avoir l’histoire de France pour le public, et le premier se mit à exploiter les vastes recueils de chroniques et de mémoires que Guizot, Buchon, Petitot venaient de publier. Il trouvait dans Anquetil le sujet de son Henri III : mais le Journal de l’Estoile lui fournissait la copieuse enluminure du sujet. […] Aussi a-t-il beau dresser pédantesquement toute la bibliographie d’un sujet ; la couleur historique jure avec le thème poétique ; elle fait l’effet d’être plaquée ; elle s’écaille. […] Mais ensuite Ponsard revient aux sujets modernes : il tire de l’histoire les scènes saisissantes de Charlotte Corday (1830) et du Lion amoureux (1866). […] C*** sur le même sujet).
Les biens des seigneurs durent originairement n’être sujets à aucune charge publique. Plus tard, par successions, par déshérences ou par confiscation pour rébellion, ils furent incorporés au royaume, et cessant d’être ex jure optimo, devinrent sujets aux charges publiques. […] On peut voir à ce sujet l’inconséquence de Bodin. […] Les consuls, pendant leur règne, étaient, comme on sait, sujets à l’appel, de même que les rois de Sparte étaient sujets à la surveillance des éphores : leur règne annuel étant fini, les consuls pouvaient être accusés, comme on vit les éphores condamner à mort des rois de Sparte. […] On prend ordinairement dans ce passage le mot hostis dans le sens de l’adverse partie ; mais Cicéron observe précisément à ce sujet que hostis était pris par les anciens latins dans le sens du peregrinus.
mais le pieux registre que garde ma mémoire de toutes tes tendresses en ce lieu, survit toujours à bien des orages qui ont effacé mille autres sujets moins profondément gravés. […] Après le dîner, qui avait lieu à trois heures, si le temps le permettait, on allait au jardin où, entre Mme Unwin et son fils, il s’entretenait jusqu’au thé de sujets sérieux et chrétiens. […] Cependant il était fort amusant à sa manière ; ses maussaderies mêmes étaient un sujet de divertissement, et, dans ses jeux, il gardait un tel air de gravité, et il s’acquittait de ses repas avec une telle solennité de manières, qu’en lui aussi j’avais un agréable compagnon. […] Il ne se donnait que de courts sujets qui avaient trait aux choses du moment, quelquefois à la politique (car c’était le temps de la guerre d’Amérique, et Cowper était à bien des égards un Anglais de vieille roche) ; mais le plus ordinairement, il ne s’agissait dans ses vers que des accidents de son jardin. […] Je n’en ai point assez pour faire de grandes choses, et ces petites choses sont si fugitives, que lorsqu’on attrape un sujet, on ne fait que remplir sa main de fumée.
Louis XIV, en annonçant au prince de Vaudemont la nomination de Catinat, disait de lui : « C’est un homme sage que son expérience et son mérite ont élevé à la place où il est, et dont vous aurez autant de sujet d’être content que vous l’avez été jusqu’à présent du comte de Tessé. ». […] La volonté chez la plupart des hommes est sujette à se rouiller avant l’intelligence, et celle-ci me demeurant des plus nettes et des plus lucides. […] On a d’admirables lettres de lui à ce sujet, adressées à son frère, non plus son cher Croisilles (il était mort depuis peu, et la douleur de cette perte s’ajoutait aux autres douleurs), mais à son frère aîné, conseiller d’honneur au Parlement ; il lui disait : « Au camp d’Antignate, le 22 août 1701. […] Dès qu’il s’agissait du Piémont et de la frontière d’Italie, le souvenir de ses anciens succès, de son expérience et de sa spécialité en pareil sujet, ramenait à lui ; on lui demandait des mémoires détaillés, et il se faisait un plaisir de les donner. […] Ceux qui l’ont entendu, ont gardé le meilleur souvenir de cet Éloge véridique et approprié au sujet ; des allusions à nos récentes victoires d’Italie fournirent d’heureux mouvements à l’orateur.
Sorti de cette forte souche bourgeoise, mais ayant reçu en propre de la nature une inclination des plus expansives, Diderot fut le mauvais sujet de la famille, et il en devint la gloire. […] Voilà un vilain côté et sur lequel nous aurons trop de sujet de revenir. […] Si l’Encyclopédie fut l’œuvre sociale et principale de Diderot en son temps et à son heure, sa principale gloire à nos yeux aujourd’hui est d’avoir été le créateur de la critique émue, empressée et éloquente : c’est par ce côté qu’il survit et qu’il nous doit être à jamais cher à nous tous, journalistes et improvisateurs sur tous sujets. […] C’est qu’ils sont à côté du sujet, c’est qu’ils le traitent au point de vue littéraire, dramatique, qui est le point de vue cher aux Français. […] Pourtant de tels discoureurs, quand ils sont comme lui imbus de leur sujet, pénétrés d’un vif sentiment de l’art et des choses dont ils parlent, sont utiles en même temps qu’intéressants : ils vous conduisent, ils vous font faire attention, et tandis qu’on les suit, qu’on les écoute, qu’on en prend avec eux et qu’on en laisse, le sens de la forme et de la couleur, si l’on en est doué, s’éveille en nous, se fait et s’aiguise : on devient insensiblement bon juge à son tour et connaisseur, par des raisons secrètes qu’on ne saurait dire et que la parole n’atteint pas.
Necker au milieu d’un cercle de gens de lettres, dont la conversation parcourait des sujets qui ne lui devinrent familiers que par degrés ; mais il y avait autre chose encore. […] À tout moment l’orateur académique se définit involontairement à travers son sujet et semble se désigner lui-même. […] Necker, qui eut du succès malgré le choix du sujet ou plutôt à cause du sujet qui était alors de mode, fut son ouvrage Sur la législation et le commerce des grains, qui parut en 1775 ; c’était une attaque contre les théories absolues du ministère de Turgot et contre les économistes qui voulaient une entière liberté d’exportation. […] Dans l’intervalle, il avait eu l’idée d’écrire sur les hommes et sur leurs caractères en société, et, quoiqu’il n’ait laissé sur ce sujet que des remarques éparses et des fragments de Pensées, il s’y est assez bien peint par un côté imprévu pour que j’y insiste ici. […] Necker appelle la « législation des sous-entendus », et il trouve des expressions pour nous la traduire : … La souveraine habileté d’une maîtresse de maison, et peut-être son plaisir, si elle est en même temps grande dame, c’est de laisser voir qu’elle entend toutes ces différences, mais de le faire avec délicatesse, afin de ne donner à personne un juste sujet de plainte.
Il lui est même arrivé d’intervenir et d’écrire sur ce sujet malheureux. […] Tous ceux de la nation dont on a connaissance et qui ont laissé quelque monument de littérature, y trouveront place, tant ceux dont les écrits sont perdus, que ceux dont les ouvrages nous restent, en quelque langue et sur quelque sujet qu’ils aient écrit. […] On y aura un tableau vivant et animé, non des faits d’une nation policée, puissante, belliqueuse, qui se borne à former des politiques, des héros, des conquérants, mais des actions d’un peuple savant, qui tendent à former des sages, des doctes, de bons citoyens, de fidèles sujets. […] Le critique allemand Jacob Grimm a fait à ce sujet un livre de recherches et de discussion très admiré et réputé classique dans son genre. […] Le sujet du Renard, de ses tours et de ses aventures, était un des thèmes que ceux des trouvères qui ne se piquaient pas d’être héroïques adoptaient et remaniaient le plus volontiers.
Je le lis depuis des années déjà, je remarque de lui, surtout dans le Journal des Débats, des articles de littérature, de philosophie, d’histoire, de politique toujours, mais enfin des articles très variés et sur toutes sortes de sujets, et je ne les trouve réunis nulle part. […] Il étudia dans le Journal inédit d’un ambassadeur français à Londres (Hurault de Maisse) la politique d’Élisabeth à l’égard de la France et de Henri IV ; ce fut le sujet de sa thèse française. […] Prevost-Paradol fit ses débuts ; il choisit pour premier sujet l’étude des écrivains moralistes : on y pouvait voir une sorte d’à-propos et de convenance heureuse par rapport à la cité qui a produit Vauvenargues. […] Quand je vois ce qu’il a encore, il ne me paraît pas qu’il ait trop sujet de se plaindre. […] Le vieux Michaud de l’Académie, journaliste spirituel, celui que l’empereur Napoléon appelait un mauvais sujet, avait une maxime : « On ne dit bien que ce qui est difficile à dire. » 21.
L’intérêt réel est tout entier dans le sujet même, pleinement et sincèrement compris et aimé, et traité franchement et grassement, si je puis dire. […] Dans cette belle fable de Pandore, par où il commence, il avait déjà fait dire par Jupiter à Prométhée : « Tu es tout joyeux de m’avoir volé le feu et de m’avoir attrapé, long sujet de repentir pour toi et pour les hommes à venir ! […] C. de Lafayette que Buffon dirait ce qu’il disait des chantres des Jardins, des Saisons et des Mois son temps, qu’ils parlaient tous comme s’ils n’avaient jamais vu ni les mois, ni les jardins, ni les saisons : ici tout nous montre l’homme pratique qui habite au cœur de son sujet. […] C. de Lafayette rivalise avec lui sur le même sujet, mais il y a mis un peu plus de coquetterie peut-être, un sentiment de peintre plus encore que de fermier et de paysan. […] C. de Lafayette : observation et vérité, jointes à ce qui en est presque inséparable, l’amour de son sujet.
Vuillart revient sur le sujet qui lui est cher et qui nous intéresse ; il ajoute de dernières particularités : « J’ai de petits paralipomènes à vous faire, monsieur, sur le sujet de M. […] Le discours ne fut guère qu’un lieu commun, un peu approprié au sujet ; mais la réponse y fut toute propre et mérite d’être retenue. […] Comme il est sourdaud et qu’il ne pouvait prendre plaisir, avec toute la nombreuse et belle assemblée, à écouter le répondant qui se fit admirer, il se dédommageait en parlant d’une chose qui lui tient fort au cœur : car ce silence lui paraît très-malhonnête et très-offensant, et s’il n’était aussi occupé qu’il l’est d’un déménagement (car il quitte le logis du cloître Notre-Dame où il était près le Puits, pour un autre qui a vue sur le jardin du Terrain), il aurait déjà produit quelque chose de vif : car il n’est pas aussi mort à lui-même sur pareil cas qu’on a sujet de croire que l’aurait été M. […] Racine ; car, comme il avait le cœur fort pénitent depuis longtemps, il y a sujet de le croire, par la miséricorde du Seigneur, en possession de ce bienheureux repos où l’on prie efficacement pour ceux qui sont dans le trouble des passions de la vie. » Touchante et sainte confiance ! […] Parlez-moi de Faust, de Béatrix, de Mignon, de Don Juan, d’Hamlet, de ces types à double et triple sens, sujets à discussion, mystérieux par un coin, indéfinis, indéterminés, extensibles en quelque sorte, perpétuellement changeants et muables ; parlez-moi de ce qui donne motif et prétexte aux raisonnements à perte de vue et aux considérations sans fin.
Il s’est trompé sur le choix d’un sujet : il a cru le prendre éloigné de la mémoire des hommes, et pourtant populaire ; ce n’était qu’une légende de clercs et de lettrés, ancienne il est vrai, et qui s’était perpétuée de Frédégaire à Jean Lemaire et Jean Bouchet. […] Il s’est trompé d’abord, ici encore, sur la définition du genre : il n’en a pas saisi l’essence, il n’a su que cataloguer les sujets traités par les anciens (notons que Boileau ne fera guère mieux). […] Son génie est surtout lyrique : mais en maint endroit, dès qu’il s’agit des sujets graves et moraux, l’idée prend le dessus sur le sentiment, le raisonnement sur l’effusion, et le lyrisme tourne en mouvements oratoires. […] Par ses sujets, ses idées, son inspiration, il indique une déviation aristocratique de la Pléiade qui, sous l’influence italienne, et se vidant de plus en plus de sentiment pour faire prédominer l’esprit, aboutira à la délicatesse tout intellectuelle des Précieux. […] Bien ne compensa suffisamment eu lui la rudesse de la langue : Amyot, Montaigne ont été sauvés par leurs sujets, par l’objectivité, la généralité des choses dont ils parlaient.
Et pourquoi ne se hasarderait-on pas de temps en temps dans la critique à traiter quelques-uns de ces sujets qui ne sont pas personnels, où l’on parle non plus de quelqu’un, mais de quelque chose, et dont nos voisins, les Anglais, ont si bien réussi à faire tout un genre sous le titre modeste d’essais ? Il est vrai que, pour traiter de tels sujets qui sont toujours un peu abstraits et moraux, il convient de parler dans le calme, d’être sûr de son attention et de celle des autres, et de saisir un de ces quarts d’heure de silence, de modération et de loisir, qui sont rarement accordés à notre aimable France, et que son brillant génie est impatient à supporter, même quand elle veut être sage et qu’elle ne fait plus de révolutions. […] Buffon, dans son Discours sur le style, insistant sur cette unité de dessein, d’ordonnance et d’exécution, qui est le cachet des ouvrages proprement classiques, a dit : Tout sujet est un ; et, quelque vaste qu’il soit, il peut être renfermé dans un seul discours. […] Pourtant, j’ai peine à croire que Buffon n’ait pas aussi songé par contraste, dans ce même endroit, au Discours sur l’histoire universelle de Bossuet, ce sujet en effet si vaste et si un, et que le grand orateur a su tout entier renfermer dans un seul discours. […] On a fort discuté au sujet des opinions de Byron sur Pope, et on a cherché à expliquer cette espèce de contradiction par laquelle le chantre de Don Juan et de Childe-Harold exaltait l’école purement classique et la déclarait la seule bonne, tout en procédant lui-même si différemment.
S’interposant entre l’Assemblée peu belliqueuse en principes (car elle était en majorité composée de quakers) et le général anglais, il avait procuré des chariots, des vivres, avait contracté des marchés, et s’était constitué le fournisseur de l’armée sans autre motif que de sauver au pays des exactions militaires et de faire son devoir de sujet fidèle. […] Il écrivit même une brochure à ce sujet. […] À cette époque, Franklin ne distinguait point entre ses deux patries ; il avait le sentiment des destinées croissantes et illimitées de la jeune Amérique ; il la voyait, du Saint-Laurent au Mississipi, peuplée de sujets anglais en moins d’un siècle ; mais, si le Canada restait à la France, ce développement de l’empire anglais en Amérique serait constamment tenu en échec, et les races indiennes trouveraient un puissant auxiliaire toujours prêt à les rallier en confédération et à les lancer sur les colonies. […] Ses remarques, à ce sujet, portent le cachet, a-t-on dit, de cette « ingénieuse simplicité de pensée qui est le signe d’un esprit véritablement philosophique ». […] Un excellent critique anglais (Jeffrey) en a touché un mot dans le sens où il est permis à des littérateurs comme nous d’aborder ce sujet.
Il avait rejeté toutes les idées générales extérieures à son sujet. […] Donc, tout en rendant hommage à la science et au talent du candidat, la Faculté ne put s’empêcher de protester contre l’énormité du volume « qui paraît, dit le rapport, quelque peu disproportionné avec l’importance et la nature du sujet ». […] Là, la tâche de l’ouvrier est de fournir tous les faits, tous les matériaux, toutes les discussions, toutes les solutions utiles à la connaissance complète et précise du sujet. […] Sainte-Beuve lui donna la curiosité, une curiosité avertie des sujets et des questions ; Benoist, le procédé régulier, et la volonté de connaître par érudition et critique plutôt que par divination et flair. […] Ils sont faits, toutes les fois que le sujet le permet, sur le type que voici ; Qu’est-ce que l’écrivain ?
D’abord c’est un livre sur le plus beau sujet d’histoire, et qui en serait le plus singulier s’il y avait des sujets singuliers en histoire et si tout n’arrivait pas ! […] C’est du moins un sujet unique, car Dieu, qui met parfois des échos dans les circonstances, n’a pas permis aux événements de le répéter. C’est un sujet qui, malgré sa beauté, n’avait jamais tenté que des plumes ignorantes ou mal renseignées. […] C’est donc, dans les détails profonds et fouillés, un sujet neuf… Grand en bloc, grand d’effet et dans la perspective, Christophe Colomb nous apparaissait bien, avec cette Amérique qu’il a tirée de sa tête, comme quelque chose d’assez puissant et d’assez considérable, mais toute cette grandeur avait ses nuages, comme le génie Adamastor dans le poète, et l’indistinct, pouvait-on croire, augmentait encore cette grandeur.
Le bon sens, non moins que le génie, quand il s’applique à quelque grand résultat philosophique ou politique, est sujet à cet excès : Jefferson n’y a pas échappé, à sa manière. […] Les principes que suit Jefferson, lors de sa présidence, au sujet des destitutions nécessaires, sont comme une réponse, admirable de mesure et de scrupules, à tout ce qu’on a débité ici de grossièrement servile ou de mystiquement sentencieux sur ce sujet. La morale et la religion de Jefferson offrent un ensemble simple, harmonieux et paisible qui contraste assez visiblement avec les opinions plus acerbes et plus hostiles des philosophes français du même temps sur ce sujet.
Il y avait sans doute une autre manière plus rigoureuse, plus analytique et scientifique de traiter ce sujet de l’influence de la philosophie sur la législation ; c’eût été, dans une sorte de dépouillement des écrits des philosophes, de dénombrer les propositions essentielles le plus applicables à la société selon l’ordre religieux, civil ou politique ; de suivre la fortune positive de ces propositions diverses depuis leur mise en circulation jusqu’à leur avènement régulier, depuis leur naissance à l’état d’idées jusqu’à leur terminaison en lois ; d’épier leur entrée plus ou moins incomplète dans les codes, et d’apprécier ceux-ci dans leur raison et leur mesure. Mais cette espèce de travail minutieux et attentif de physiologie sociale, qui consisterait à chercher, même à travers les moindres rameaux, la circulation souvent insaisissable de chaque idée, à démontrer le cours de ce chyle subtil et nutritif jusqu’à son arrivée à un système de vaisseaux évident, à y mesurer la proportion dans laquelle il s’y mêle avec les éléments antérieurs et moins virtuels, ce travail-là, qui serait, en ce qui concerne le xviiie siècle, le sujet de plusieurs beaux mémoires à faire, n’entrait pas dans le dessein de M. […] Lerminier, après avoir médité ses sujets en philosophe et en penseur, s’en est emparé en artiste ; l’enthousiasme de Diderot a passé dans celui qui le célèbre et qui célèbre les trois autres ; ces quatre chapitres sont comme un poème, en quatre hymnes, qui s’adressent tour à tour à chacun des membres de ce quaternaire sacré de la philosophie. […] Aussi nous ne lui en ferons pas un sujet de reproche, tant qu’il se contente d’augmenter et de rajeunir les immortalités révérées ; nous lui passerons même quelques impétueux éloges qui veulent trop prouver sur le côté faible des modèles, comme lorsqu’il dit de Voltaire : « Voltaire pouvait parler de Dieu, car il l’aimait ardemment.
J’augure très bien de ce jeune homme, et voici pourquoi : il se soucie plus de bien penser que de bien écrire, de montrer du bon sens que du style, ce qui est déjà très peu jeune homme, et malgré son inexpérience et sa méprise de respects pour des gens qu’il apprendra promptement à juger et qu’il saluera moins bas plus tard, il ne manque vis-à-vis de son sujet ni de hardiesse ni d’indépendance. Et pourtant ce sujet n’est rien moins que le Dante, et pourrait très bien troubler quelque peu un jeune homme qui cite avec un respect timide Edmond About. Ce sujet est, en effet, un de ceux qui ont le plus remué l’imagination contemporaine et qui parfois l’ont égarée. […] Dans un sujet comme celui-ci, où des phrases brillantes à faire étinceler devaient tenter sa pensée, il n’a pas succombé à cette tentation vulgaire, et il s’est plus préoccupé d’être critique que de se montrer écrivain.
Si, comme nous l’avons dit dans les axiomes, la science doit prendre pour point de départ l’époque où commence le sujet de la science, nous devons, pour nous adresser d’abord aux philologues, commencer aux cailloux de Deucalion, aux pierres d’Amphion, aux hommes nés des sillons de Cadmus, ou des chênes dont parle Virgile ( duro robore nati ). […] Dans l’obscurité jusqu’ici impénétrable qui couvre l’origine des nations, dans la variété infinie de leurs mœurs et de leurs coutumes, dans l’immensité d’un sujet qui embrasse toutes les choses humaines, peut-on désirer des preuves plus sublimes que celles que nous offriront la facilité des moyens employés par la Providence, l’ordre qu’elle établit, la fin qu’elle se propose, laquelle fin n’est autre que la conservation du genre humain ? […] S’il est vrai que les sciences doivent commencer au point même où leur sujet a commencé (axiome 104), la métaphysique, cette reine des sciences, commença à l’époque où les hommes se mirent à penser humainement, et non point à celle où les philosophes se mirent à réfléchir sur les idées humaines. […] Nous dirons plus : celui qui étudie la Science nouvelle, se raconte à lui-même cette histoire idéale, en ce sens que le monde social étant l’ouvrage de l’homme, et la manière dont il s’est formé devant, par conséquent, se retrouver dans les modifications de l’âme humaine, celui qui médite cette science s’en crée à lui-même le sujet.
Ces invocations pour accuser, ou se défendre, furent les premières orationes, mot qui chez les Latins est resté pour signifier accusation ou défense ; on peut voir à ce sujet plusieurs beaux passages de Plaute et de Térence, et deux mots de la loi des douze tables : furto orare, et pacto orare (et non point adorare, selon la leçon de Juste Lipse), pour agere, excipere. […] Ce droit naturel des nations héroïques a fourni le sujet de plusieurs comédies de Plaute ; on y voit souvent un marchand d’esclaves dépouillé injustement par un jeune homme, qui en lui dressant un piège le fait tomber à son insu, dans quelque cas prévu par la loi, et lui enlève ainsi une esclave qu’il aime. […] On ne peut croire que Plaute ait voulu mettre sur le théâtre des dieux qui enseignassent le parjure au peuple ; encore bien moins peut-on le croire de Scipion l’Africain et de Lélius, qui, dit-on, aidèrent Térence à composer ses comédies ; et toutefois dans l’Andrienne, Dave fait mettre l’enfant devant la porte de Simon par les mains de Mysis, afin que si par aventure son maître l’interroge à ce sujet, il puisse en conscience nier de l’avoir mis à cette place. […] Chez les auteurs latins du temps de l’Empire, le devoir des sujets se dit officium civile, et toute faute dans laquelle l’interprétation des lois fait voir une violation de l’équité naturelle, est qualifiée de l’épithète incivile.
La causerie élégante de M. de Ségur se joue tour à tour sur des riens qu’elle relève, sur des sujets sérieux qu’elle égayé, ramène soigneusement toutes choses au ton de la bonne compagnie, et, à l’image de cette société passée qu’elle retrace, confondant le grave et le léger dans une même nuance d’agrément, n’offre qu’une superficie uniformément brillante et polie où il est difficile de rien saisir. […] M. de Ségur le mettait adroitement sur son sujet favori, qui était l’origine et les causes du schisme grec, et l’entendant patiemment discourir pendant des heures entières sur les conciles œcuméniques, faisait chaque jour de nouveaux progrès dans sa confiance. […] En s’étendant un peu longuement sur ce séjour en Russie, M. de Ségur a cédé sans doute à plus d’un attrait ; là où lui-même a rencontré tant de plaisirs et de faveurs qu’il se plaît à redire, d’autres qui lui sont chers ont recueilli dans les dangers d’assez glorieux sujets à célébrer.
Si l’on n’y remarque aucune vue d’ensemble bien nouvelle sur nos épopées, s’il se hâte trop, selon nous, de rejeter dans un horizon fabuleux ce qu’on pourrait appeler les grosses questions à ce sujet, on y trouve en revanche beaucoup de détails piquants, des rapprochements d’une scrupuleuse exactitude, le tout exprimé en ce style élégant et légèrement épigrammatique dont M. […] Aliste, qui a un poignard tout prêt, le tire aussitôt, s’en pique légèrement à la cuisse, le passe aux mains de Berte, qui le prend sans savoir pourquoi ; puis Aliste se met à crier, à réveiller le roi qui continuait de dormir, à montrer son sang, bien qu’il fasse nuit, et à accuser Berte, que la vieille Margiste vient saisir aussitôt comme sa fille, et la disant folle, sujette à ces frénésies. […] Pendant ce temps, la fausse reine se fait détester et accable ses sujets de son avarice.
Agnès de Méranie : À Lucrèce, sujet classique dans un cadre à demi-romantique, succède Agnès de Méranie, sujet romantique dans un cadre malheureusement trop classique. […] L’Honneur et l’Argent : Le sujet est à peu près celui de Timon d’Athènes.
. — Vers de Manzoni à ce sujet. — Nombreux travaux de Fauriel et leur unité : Fauriel historien. […] Toute recherche à ce sujet serait indiscrète. […] On se retrempa dans des entretiens à fond sur tous les sujets sérieux et délicats qui occupaient alors l’élite des esprits. […] Est-ce donc là m’écarter le moins du monde de mon sujet ? […] Fauriel est trop équitable pour ne point rendre à tout personnage historique la part qui lui revient, et pour sacrifier aucun aspect de son sujet.
Toutefois, on avait dès lors le sentiment confus que, « pour acquérir une connaissance profonde des sujets particuliers », d’autres notions encore étaient utiles : « Les sujets que les historiens ont à traiter, dit Daunou, les détails qu’ils rencontrent exigent des connaissances très étendues et fort diverses ». […] « Il n’est point de sujet spécial, déclare E. […] Froude était un écrivain très bien doué, mais sujet à ne rien affirmer qui ne fût entaché d’erreur ; on a dit de lui qu’il était consitutionnally inaccurate. […] Les documents ne fournissent guère que des faits mal constatés, sujets à des chances multiples de mensonge ou d’erreur. […] S’il n’a pas fait personnellement d’études spéciales sur le sujet qu’il se propose de traiter, il faut donc qu’il s’informe, et c’est long.
« Vous vous plaignez que les événements (de mon sujet) ne sont pas variés, répondait Flaubert à un critique, qu’en savez-vous ? […] c’est l’éternel sujet de l’éternel poème. […] Mais le sujet était encore trop vaste et par cela même l’œuvre un peu diffuse. […] Quand on traite crûment de pareils sujets, les qualités scientifiques sont de rigueur : exactitude, mais aussi simplicité, et concision. […] Avant d’examiner le roman naturaliste et sociologique, disons quelques mots des mœurs mondaines qui, pour quelques-uns, ont un sujet préféré.
Ce sujet n’a point encore été traité dans son ensemble. […] Leur lecture atteste que l’auteur a profondément pénétré son sujet. […] Nous arrivons, dès à présent, à un grand sujet, l’étude de Chateaubriand. […] Quand au sujet même de ce roman, il importe de le préciser. […] Le sujet exigeait une touche plus rude et en même temps plus discrète.
D’autres sujets, un autre langage. […] Le moi entre inévitablement dans toute connaissance, puisqu’il en est le sujet. […] Kant veut-il donc que la raison, pour posséder une puissance véritablement objective, ne fasse pas son apparition dans un sujet particulier, qu’elle soit, par exemple, tout à fait en dehors du sujet que je suis ? […] Les vérités nécessaires trouvent en Dieu leur sujet naturel. […] C’est à la fois un grand peintre d’histoire et un grand paysagiste : il traite les sujets de religion aussi bien que les sujets profanes, et s’inspire tour à tour de l’antiquité et de la Bible.
Il ne sait ni combiner, ni composer, ni présenter ses sujets. […] D’autres réalistes choisissaient au moins leurs personnages et leurs sujets. […] Le grand reproche que nous avons à faire à l’auteur, c’est d’avoir refusé d’approfondir son sujet. […] Feuillet a éprouvé comme un besoin de quitter un sujet qui peut-être pesait à son cœur. […] Et puis l’emploi de la langue du vers au théâtre dépend étroitement et du genre et du sujet.
Quel sujet ! […] De par Apollon dieu de la peinture, nous condamnons le Sr Parrocel auteur de cette maussade composition, à lécher sa toile, jusqu’à ce qu’il n’y reste rien, et lui défendons de choisir à l’avenir des sujets qui demandent du génie.
Sujet de ce livre § I Nous avons dit dans les axiomes que toutes les histoires des Gentils ont eu des commencements fabuleux, que chez les Grecs qui nous ont transmis tout ce qui nous reste de l’antiquité païenne, les premiers sages furent les poètes théologiens, enfin que la nature veut qu’en toute chose les commencements soient grossiers : d’après ces données, nous pouvons présumer que tels furent aussi les commencements de la sagesse poétique. […] Nous essaierons dans ce livre de traiter le même sujet, autant que nous le permet la faiblesse de nos lumières et le peu d’étendue de nos connaissances. […] Exposition et division de la sagesse poétique Puisque la métaphysique est la science sublime qui répartit aux sciences subalternes les sujets dont elles doivent traiter, puisque la sagesse des anciens ne fut autre que celle des poètes théologiens, puisque les origines de toutes choses sont naturellement grossières, nous devons chercher le commencement de la sagesse poétique dans une métaphysique informe.
Prenez-la, en effet, cette littérature, et voyez si l’adultère n’est pas toujours plus ou moins le sujet de ses romans et de ses drames, et l’homme qui le consomme, toujours plus ou moins son héros ! […] Ernest Feydeau n’est pas si grand que son sujet. Son sujet, s’il l’avait compris avec la hauteur et l’impartialité d’un maître, était encore plus le mariage que l’adultère, et, par un reste d’influence de ce temps auquel il s’arrache, pour M. Feydeau, ç’a été le contraire : au lieu de voir le mariage à travers l’adultère, il n’a vu que l’adultère dans l’adultère, et tel a été tout son sujet. […] Il les a bien ramassés, il les a bien ouverts tout grands, ces fruits cruels, ces fruits funestes, pour qu’on vît mieux l’immonde poussière qui emplit la bouche qui y mord… C’est là le mérite de ce livre d’une immoralité inconsciente, ou Dieu elle devoir n’apparaissent une seule fois dans la pensée de personne, et qui, par là, n’est plus qu’un daguerréotype, l’exact daguerréotype, peut-être, de la triste société de l’auteur, Maîtrisé par son sujet beaucoup plus qu’il ne le maîtrise, l’auteur de Fanny a de la force et beaucoup de talent quand il est dans son sujet, mais il n’en a point quand il faudrait être au-dessus.
En effet, la métonymie du nom de l’auteur pris pour celui de l’ouvrage, vint de ce que l’auteur était plus souvent nommé que l’ouvrage ; celle du sujet pris pour sa forme et ses accidents vint de l’incapacité d’abstraire du sujet les accidents et la forme. […] Les monstres, les métamorphoses poétiques, furent le résultat nécessaire de cette incapacité d’abstraire la forme et les propriétés d’un sujet, caractère essentiel aux premiers hommes, comme nous l’avons prouvé dans les axiomes. Guidés par leur logique grossière, ils devaient mettre ensemble des sujets, lorsqu’ils voulaient mettre ensemble des formes, ou bien détruire un sujet pour séparer sa forme première de la forme opposée qui s’y trouvait jointe. […] Il y a autant d’opinions sur ce sujet difficile, qu’on peut compter de savants qui en ont traité. […] C’est, avec une méthode différente, le même sujet qu’a traité Thomas Hayme dans ses dissertations De linguarum cognatione, et De linguis in genere, et variarum linguarum harmoniâ.
Les bienfaits de Fouquet rajeunirent Corneille, mais son bienfaiteur lui fit un mauvais présent en lui donnant le sujet d’Œdipe : un pareil sujet n’entrait point dans le génie de l’auteur de Cinna ; au lieu de plier son talent au sujet, il accommoda le sujet à son talent, et il le dénatura. […] Un sujet maigre et peu important, une fable mal tissue et sans intérêt. […] Combien d’allusions perfides et funestes ne présentait pas un pareil sujet de tragédie ! […] On peut sans doute reprocher à Crébillon de s’être écarté de Sophocle, d’avoir affaibli un sujet terrible par d’insipides amours. […] Argant fait de la peine, parce que le genre est plus noble et le sujet plus grave.
Changer fictivement de milieu est pour elle sujet de distraction et de sensations nouvelles. […] L’univers est le sujet, sujet immense, inépuisable. […] Il ne s’agit ni d’un héros ni d’une héroïne, mais d’un sujet ; il n’est plus question d’une situation, mais d’un cas pathologique. […] Or, c’est l’accessoire, chez les naturalistes, qui domine le sujet principal et l’absorbe. […] On se demande si cette accumulation de détails qui prend la moitié d’un chapitre au moins, prête de la clarté au sujet.
Le nouveau volume qu’il vient de publier, et qui est l’avant-dernier de l’ouvrage, redouble d’animation, d’intérêt, et, sur un sujet déjà si souvent traité et qu’on aurait pu croire rebattu, il est d’une grande nouveauté. […] Ceci est trop fort, et, si le sujet était moins grave, je dirais que c’est trop joli. […] Lui, noble cœur, imagination fougueuse, esprit fumeux, de qui Fauriel disait : « Il est naturellement éloquent et ignorant » ; lui qui a précisément choisi Napoléon en 1836 pour le sujet d’une légende épique des plus extraordinaires sans doute, mais qui ne valait pas assurément les quelques chansons de Béranger, c’est lui aujourd’hui qui vient nous rapprendre l’histoire exacte et en remontrer à M. […] C’est un spectacle, moralement des plus intéressants, que de voir agir et opérer, dans un espace fermé de quelques lieues, et s’exerçant sur douze ou quinze mille sujets, avec un millier de soldats en main, cette organisation puissante qui, la veille, ébranlait et gouvernait le monde.
38 Le sujet, inventé ou non, se rapporte à cette bienheureuse époque du xviiie siècle, qui est devenue, depuis près de dix années, la mine la plus commode et la plus féconde de drames et de romans. […] Depuis les Mémoires de Saint-Simon, qui ne s’attendait guère, le noble duc, à ces ovations finales de vaudeville (s’il l’avait su, de colère il en aurait suffoqué), jusqu’à ce qu’on appelle les Mémoires du duc de Richelieu et contre lesquels s’élevait si moralement Chamfort, plus que rongé pourtant des mêmes vices ; dans toutes ces pages on taille aujourd’hui à plaisir, on découpe des sujets romanesques ou galants, on prend le fait, on invente le dialogue : ici serait l’écueil si le théâtre n’avait pas ses franchises à part, si ceux qui écoutent étaient les mêmes tant soit peu que ceux qui ont vécu alors ou qui ont vu ce monde finissant. […] Une fois le ton pris et accepté et applaudi, le reste passe ; le sujet a beau être scabreux, graveleux même : peu importe ! […] Dumas n’avait aussitôt paré à cette sorte de médiocrité de son sujet en y ajoutant, en y substituant, pour le relever, le pathétique développé des deux rôles de mademoiselle de Belle-Isle et de son chevalier.
De ce moment, le théâtre italien prend aux yeux de l’histoire un intérêt d’une autre sorte ; mais il perd celui qu’il offrait pour le sujet qui nous occupe principalement ; ou plutôt la thèse se retourne pour ainsi dire : les Italiens nous imitèrent à leur tour. […] Il suffit de lire l’analyse que donnent de ce scénario les auteurs de l’Histoire de l’ancien théâtre italien, pour se convaincre que les traits de ressemblance qu’il présente avec la fameuse comédie sont d’abord tout à fait insignifiants, qu’en outre ils ne tiennent nullement, dans la farce italienne, au fond du sujet et y semblent au contraire introduits après coup ; d’où l’on peut conclure à peu près certainement que Il Basilico di Bernagasso s’est enrichi de ces traits aux dépens du Tartuffe. […] Il souffrait déjà depuis quelque temps, si l’on s’en rapporte à une anecdote qui courut à son sujet. […] Une foule extraordinaire de toutes sortes de personnes accompagna son corps jusques dans l’église de Saint-Eustache, où il fut inhumé avec une grande pompe, le huitième décembre 1694. » Arlequin enterré derrière le chœur, vis-à-vis la chapelle de la Vierge ; Scaramouche inhumé dans l’église Saint-Eustache en grande pompe ; on ne peut s’empêcher, en lisant ces mots, de songer au convoi de Molière, qui n’avait pas eu le temps de renoncer au théâtre, et qui fut conduit silencieusement, à neuf heures du soir, tout droit au petit cimetière de Saint-Joseph : contraste pénible et sujet d’immortel regret.
Il faut d’abord faire l’examen du sujet traité. […] A propos du sujet, il convient de ne pas oublier de se demander quelle est l’époque choisie par l’écrivain. […] On s’aperçoit bien vite que la femme a été le sujet d’études favori de Racine et de Marivaux ; que V. […] Je n’ai qu’à renvoyer les curieux aux études de Guyau à ce sujet, dans ses Problèmes d’esthétique 10.
Ce peintre choisit mal ou son sujet ou son instant, il ne sait pas même être voluptueux. […] Artistes, si vous êtes jaloux de la durée de vos ouvrages, je vous conseille de vous en tenir aux sujets honnêtes. […] C’est qu’il faut un goût plus original, un sentiment plus vif du vrai pour tirer parti de ces sortes de sujets. […] Celui de la nativité n’est pas mal, il est bien composé, vigoureusement peint, mais c’est une imitation, pour ne pas dire une copie réduite du même sujet peint par notre beau-père, pour Mme De Pompadour ; même vierge coquette, mêmes anges libertins.
Avec ce beau sujet de la Satire en France pendant le Moyen Âge, avec ce titre d’un bonheur terrible, car le livre doit en mourir s’il n’est pas au niveau de ce titre heureux, la Critique, qui était en droit d’exiger des généralités de génie ou une histoire à fond, ne trouve devant elle que les allures pressées, mal appuyées et sans trace, du tableau ou de la leçon. […] Affriolant et mordant sujet, difficile et oublié ! […] Excepté Beattie l’Écossais, qui n’a pas le don de seconde vue en philosophie, ni même le don de la première ; excepté Beattie, lequel a essayé de frotter son museau rêveur de mouton philosophique à ce sujet qui s’est moqué de lui, personne ne s’est encore douté qu’il y avait là à faire flamber une page… illuminante ! […] Si le sujet n’était pas si grave, nous dirions que c’est nous qui sommes le chagrin de cet étui-là.
Or, de telles opinions étant données, n’est-il pas étonnant que, voulant traiter un sujet d’histoire, Prescott ait, précisément, choisi celui-là ? Qu’un jour, par exemple, il ait pris pour sujet de ses investigations et de ses récits la conquête du Mexique par les Espagnols qu’il a racontée, je n’en suis nullement étonné, et même je me l’explique très bien ; car la conquête du Mexique, c’est l’histoire d’une aventure inouïe d’audace et de cruauté, et qui devait saisir avec puissance ce tempérament d’aventurier, lequel est le vrai tempérament américain. […] De quelles sanglantes peintures à la Zurbaran et de quels noirs effets à la Goya ces haïsseurs du Catholicisme, qui veulent même que la couleur soit de leur parti, ne se régaleront-ils pas dans un pareil sujet d’histoire ! […] Prescott a dans l’esprit une fermeté qui lui permet de rester calme dans un sujet déconcertant pour les esprits faibles et les imaginations sensibles, et qui leur campe des convulsions.
Le charbon d’Isaïe s’allume sur ses lèvres, mais il n’en a pas moins le repli de la réflexion et les facultés qui servent à creuser un sujet. […] Rapports entre Dieu et les pouvoirs humains, — Nécessité d’une réforme de l’enseignement public dans l’intérêt de la religion, — Nécessité d’une réforme de l’enseignement public dans l’intérêt de la littérature et de la politique, — Importance sociale du catholicisme, — Mœurs des Grands, — Exemple des Grands, — l’Église et l’État, ou Théocratie et Césarisme, — Royauté de Jésus-Christ et Restauration de l’Empire en France, voilà les neuf majestueux sujets que le P. […] Ce n’est pas dans un chapitre d’un livre comme le nôtre, — un index des travaux philosophiques et religieux de ce temps, — qu’on peut analyser ou seulement jauger le flot de choses qui passent à travers ces sujets, tout à la fois éternels et contemporains. […] Quel sujet et quel auditoire !
Et Pindare, dans une de ses pythiques, ne manque pas de le célébrer parmi d’autres héros dont il évoque les images : « Là, dit-il, de par Apollon, vint aussi le maître de la lyre, le père des chants sacrés, le sujet de nos louanges à toujours, Orphée54. » Dès lors, le nom d’Orphée avait pris place dans la mythologie des Grecs. […] Les fragments parvenus jusqu’à nous attestent du moins l’emploi de quelques formes du dialecte laconien, plus âpre que les autres idiomes de la Grèce ; mais on s’étonne d’y trouver, dans les sujets choisis par le poëte, bien des choses qui contredisent les traditions adoptées sur Lacédémone. […] Ce caractère devait être surtout marqué dans les sujets qui s’y prêtaient d’eux-mêmes, dans les hymnes de reconnaissance aux dieux, les Péans, les Prosodies, les Parthénies. […] Cette poésie avait dû prendre bien d’autres caractères, toucher bien d’autres sujets, probablement sous cette forme lyrique ou gnomique, mais toujours concise, qui, ce semble, était le mieux assortie à l’esprit sévère et occupé de Sparte.
Il avait en même temps cherché à débarrasser le corps de l’histoire de tout ce qui retarde inutilement sa marche : L’historien doit chercher à s’instruire des moindres détails, parce qu’ils peuvent servir à l’éclairer, et qu’il doit examiner tout ce qui a rapport à son sujet ; mais il doit les épargner au lecteur. […] Le chancelier d’Aguesseau plus calme, qui connaissait le travail de l’abbé Le Grand et qui s’était autrefois confié en ce docte et laborieux personnage pour le projet d’une nouvelle collection des Historiens de France, disait après avoir lu le livre de Duclos : « C’est un ouvrage écrit aujourd’hui avec l’érudition d’hier. » Le fait est qu’en lisant de suite ce récit de Duclos, on n’est point intéressé, on n’entre point avant dans le sujet, on n’y vit point, et il semble dès lors que l’auteur n’y a pas non plus habité suffisamment ni vécu. […] Dans sa préface, Duclos regrette de n’avoir pu jeter plus de lumière sur la partie financière de son sujet : La politique, dit-il, la guerre, la finance, exigeraient chacune une histoire particulière et un écrivain qui eût fait son objet capital de l’étude de sa matière. […] Je ne croyais pas aujourd’hui que cette considération de Duclos historien dût me mener si loin : il me resterait à son sujet, en le suivant dans son rôle de meneur ou de censeur à demi républicain à l’Académie, dans ses relations avec Voltaire et avec le parti encyclopédique, à compléter un des principaux chapitres de l’histoire littéraire du xviiie siècle ; mais, si je dois l’écrire, je demande à l’ajourner, n’oubliant pas que nous sommes dans l’Avent et ayant à parler de Bourdaloue. […] [NdA] « La levée des milices dépeuplait les campagnes des sujets les plus nécessaires.