. — Les positifs : tous les vrais chrétiens et tous les vrais juifs ; « puis les philosophes ou les poètes qui affirment ou chantent l’idéal moral », MM.
Béatrix, qu’il aima, est immortelle comme Laure, et peut-être la destinée de ces deux femmes est-elle digne d’observation ; mortes toutes deux à la fleur de leur âge, et toutes deux chantées par les plus grands poëtes de leur siècle.
que j’aurais voulu, par un beau jour de Pâques, assister à sa messe ; contempler sa majestueuse et sereine figure, lorsque, entendant chanter autour de lui : Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum, il repensait, avec un divin sourire de satisfaction, à cette soif infinie de son Pantagruel !
Le sens pittoresque est devenu en lui cette couleur grosse et criarde qui fait comme hurler les objets au lieu de les faire chanter, comme disent les peintres, dans une harmonie et comme une symphonie générale selon leurs rapports avec les autres objets qui les entourent. — L’objet matériel animé d’une vie mystérieuse, qui est peut-être l’invention la plus originale des romantiques et d’où est venue toute la poésie symbolique, est devenu chez Zola, souvent, du moins, une véritable caricature lourde, grossière et puérile et la « solennité de l’escalier » d’une maison de la rue de Choiseul a défrayé avec raison la verve facile des petits journaux satiriques. — La simplification de l’homme, réduit à une passion unique et dépouillé de sa richesse sentimentale et de sa variété sensationnelle, est devenue, chez Zola, une simplification plus indigente encore et plus brutale ; chaque homme n’étant plus chez lui qu’un instinct et l’homme descendant, en son œuvre, on a dit jusqu’à la brute et il faut dire beaucoup plus bas, tant s’en fallant que l’animal soit une brute et que chaque animal n’ait qu’un instinct.
Après l’époque sanglante et de mutisme de la Révolution, plus haut chantèrent cette liesse et ces vœux, étouffant ce que de menaçant avait murmuré naguère cette Science naissante.
Les poètes conduisaient aux combats, et chantaient la gloire des héros après la victoire.
Dans le Dernier Flagellant, ce sont les « Dames noires », la femme et la fille de ce Rouziac, de ce mauvais riche qui a sucé, par l’usure, le sang et la vie de toute une contrée, et qui, vouées à un deuil éternel et grandiose, tiennent, pour les restituer un jour, le livre des biens volés de Rouziac, à mesure qu’il les vole, et chantent à Dieu, quand l’émeute furieuse met le feu chez elles, un si bel hymne de délivrance devant leur château incendié !
L’impétueux orateur amenait sur le théâtre et faisait défiler en une heure Dieu, la nature, l’humanité, la philosophie, l’industrie, l’histoire, la religion, les grands hommes, la gloire et bien d’autres choses encore ; cette symphonie chantée par un seul homme donnait le vertige, et les esprits, habitués aux tranquilles dissertations des sensualistes, s’inclinaient, comme devant un révélateur, devant le poète qui peuplait leur imagination de ces prodigieux fantômes, et les entraînait, éblouis, dans un monde qu’ils n’avaient pas soupçonné.
Je les honore d’ailleurs et suis prêt à les chanter. […] Quand ils chanteraient un peu les alexandrins de Corneille, je ne m’en plaindrais pas. […] Il chante certains vers comme on dirait une romance ; il en claironne d’autres, et il a eu, pour lancer le « Paraissez, Navarrais Mores et Castillans ! […] L’âme de la forêt ne devait point, ce me semble, chanter si uniment ni si sagement. […] — Après qu’il l’a perdue, il passe ses jours et ses nuits à la chanter, à l’appeler par son nom, le long des bords désolés d’un fleuve du Nord, tel qu’un héros des vieux poèmes germaniques.
Sans doute, ils savaient bien que, dans la vie réelle, on ne chante pas en parlant, qu’on ne parle pas en vers, etc… Mais ils savaient aussi que, le théâtre ne pouvant jamais donner l’illusion complète de la réalité, il est puéril de trop rechercher cette illusion. […] Aux galeries supérieures, les ouvriers du pétrin, tous exultants devant la scène illuminée, comme le boulanger de la légende chrétienne devant l’ouverture du four ardent où chantaient les petits martyrs condamnés aux flammes par le méchant roi païen. […] Le berger s’arrête stupéfait, puis il en prend son parti en disant) : « Elle ne m’en entendra que mieux. » Fleurette arrive ; le berger et la bergère dansent un pas de deux ; la bergère poursuit le berger ; ils chantent des vers comme ceux-ci : Aimons-nous ! […] … Il était superbe tout à l’heure, quand il chantait… » Troisièmement, ils « blaguent » la virginité, cette chose sainte ! […] Ce jeune homme verdâtre nous parle de ses énervances et de ses froissures, et nous chante, sur l’air de Marlborough, une petite chanson dont je n’ai pu retenir que le commencement : Poète symboliste, Que mon âm’, que mon âme est donc triste !
Et il fallait la bonne tête de Jean-Jacques pour imaginer de faire célébrer la chasteté par deux jeunes gens qui ne fréquentent point les bosquets de Vevey dans le seul dessein d’entendre chanter les oiseaux. […] Il aime la campagne avec familiarité, un peu à la manière des paysans qui vivent d’elle et ne songent guère cependant à chanter ses louanges. […] Et l’intérêt de la nation, confondu avec le leur, dictait leurs sentiments, leurs passions, leur conduite. » Non, je ne m’attarderai pas davantage sur ce roman où la volupté chante des airs si gracieux quand la rafale souffle de toutes parts. […] Après tout, je le sais, c’est toujours la même chanson que chantent les poètes. […] C’est un disciple intellectuel de Flaubert et de Villiers de l’Isle-Adam qui va ressusciter chez nous, parmi les métaphysiques symbolistes, la claire sagesse d’Épicure ; c’est un ami de l’auteur d’À rebours qui va chanter la joie de vivre en conformité avec les lois de l’univers.
Pour moi, je ne vois cela que de ma fenêtre, car je ne pourrais pas être un moment dehors sans mourir : l’air est à peu près aussi chaud qu’un four allumé, et cette chaleur continue autant la nuit que le jour ; enfin il faudrait se résoudre à fondre comme du beurre, n’était un petit vent frais qui a la charité de souffler de temps en temps ; et, pour m’achever, je suis tout le jour étourdi d’une infinité de cigales qui ne font que chanter de tous côtés, mais d’un chant le plus perçant et le plus importun du monde. Si j’avais autant d’autorité sur elles qu’en avait le bon saint François, je ne leur dirais pas : « Chantez, ma sœur la cigale ! […] Furetière, en 1663-1664, prépare où est même en train d’écrire son savoureux Roman bourgeois, qui est, en même temps qu’une suite de tableaux réalistes des mœurs de la bourgeoisie parisienne, une satire contre le roman héroïque des Gomberville, des La Calprenède et des Scudéry, comme on le voit dès les premières lignes : Je chante les amours et les aventures de plusieurs bourgeois de Paris de l’un et de l’autre sexe. Et ce qui est le plus merveilleux, c’est que je le chante, et pourtant je ne sais pas la musique. […] Il lui offre des fleurs et des couronnes, et lui adresse des prières qui rappellent de très près les cantiques qu’on chante dans les catéchismes de persévérance.
Nous promenions des drapeaux et nous chantions la Marseillaise, mais ils avaient leur seringuette dans leur, sacoche, se piquaient entre les étapes et écoutaient leurs musiques jouer les marches de Wagner. […] Nous causions dans une petite salle où elle raccommodait du linge, et elle me raconta, pendant qu’on entendait des coups sourds contre les portes des cellules mêlés à des chansons chantées par des voix de fous : — Vous ne vous figurez pas ce que nous voyons ! […] Une mère n’adore pas son enfant parce qu’il rit et chante de santé, mais parce qu’elle a toujours les yeux sur le point faible qui menace cette frêle créature. […] Le baryton chante pas payé ; la divette chante pas payée ; ce comique chante pas payé à cause du trio dont ils se sont tant moqués aux répétitions, mais qui depuis ce matin, leur paraît superbe, et où chacun d’eux se juge incomparable. […] Luscignole, devenue oiselle, vit quelques heures dans ce rêve, jusqu’au moment où Alas Schemp, toujours cherchant des rossignols, entend cette voix merveilleuse, se glisse près de Luscignole, l’emporte et lui crève les yeux pour la faire chanter pour lui dans une nuit éternelle.
Uhland chante en ces termes l’Éloge du Printemps : Verdure des semences, parfum des violettes, Trilles d’alouettes, chants de merles, Pluie de soleil, douce brise, Quand je chante de telles paroles, Est-il besoin d’ajouter d’autres choses Pour te célébrer, journée de printemps ? […] Quand Henri Heine chante : La pierre runique s’avance dans la mer ; Là je me tiens avec mes songes. […] — Le vent siffle, Les vagues écument et passent, — quand le poète chante ainsi, il apporte avec lui une disposition d’esprit pensivement mélancolique. […] Il copie innocemment aussi des strophes entières du Dante, par exemple l’épisode si connu de Françoise de Rimini du cinquième chant de l’Enfer, quand il chante dans Guenevere : « Dans ces beaux jardins Lancelot vint, se promenant. […] Un oiseau, sur l’arbre qu’on voit, Chante sa plainte.
En vain les espions de Néron, si Néron déclame et chante en personne, sur les planches de son théâtre, s’en vont à travers la foule sollicitant les applaudissements de ce peuple repu… c’est à peine si quelques sénateurs effrontés, et quelques soldats pris de vin osent prêter à cet histrion manqué, l’appui honteux de leur admiration famélique. — Au contraire, essayez de mettre au cachot la chanson de Béranger… soudain la chanson éclate et brille à travers les barreaux de fer ; elle perce en mille échos les voûtes abaissées de la Conciergerie ; elle va d’âme en âme, à travers la France consolée, appelant à son aide les trois passions de la France d’autrefois, de la France d’aujourd’hui, de la France éternelle : la gloire, la liberté et l’amour ! […] C’était bon pour vous, sire, dans les jardins de Versailles, au murmure de vos mille jets d’eau, entouré des plus vaillants capitaines, des plus grandes et des plus belles personnes de la terre ; c’était bon pour vous qui étiez le roi, qui étiez le maître, qui aviez vos jours de médecine, réglés comme vos jours de concert ; vous, majesté, la santé la plus florissante du royaume de France, et pour qui la France entière chantait le Domine salvum, à toute heure de la nuit et du jour ! […] Le vieux Sicilien, qui a entendu chanter à sa porte et qui se doute que cela ne se fait pas pour rien, sort de chez lui pour découvrir quels gens ce peuvent être ; alors notre homme apprend une partie de cette intrigue ; on en veut à sa maîtresse ; on charge de malédictions ce traître de Sicilien, ce fâcheux, ce bourreau. […] Et cette nuit dit-il, on est venu chanter sous mes fenêtres. […] Et pendant que chante Rosine, que fait Bartholo ?
— Comment, lui dis-je, l’air que chante Coquelin n’est pas de tradition ? […] Il est certain qu’à lire la prose du Sicilien, ramenée par les artifices de la typographie à la forme du vers, on s’explique mieux quelques inversions qui sont, dans notre langue, réservées à la seule poésie : Mais je m’en vais prendre mon voile, Je n’ai garde sans lui de paraître à ses yeux… Je vous ferai toucher dans la main l’un de l’autre… Je veux jusques au jour les faire ici chanter… Il est évident que ces façons de parler, insolites en prose, trahissent chez Molière, quand il écrivait Le Sicilien, la préoccupation du vers. Il n’y a pas jusque à la lettre s ajoutée au mot jusque : Je veux jusques au jour les faire ici chanter qui ne marque l’intention de faire œuvre de poésie. […] Décrassez Martine, mettez-la en condition chez Orgon ; qu’elle y apprenne le français, en écoutant ce qui se dira autour d’elle ; qu’elle prenne peu à peu, grâce à la confiance qu’elle inspirera, de l’empire dans la maison ; celle qui disait si plaisamment : La poule ne doit point chanter devant le coq, dira avec la même verve de bon sens, mais avec plus de correction et de tenue : Ceux de qui la conduite offre le plus à rire Sont toujours sur autrui les premiers à médire. […] On danse et l’on chante.
L’homme, ayant démoli sa vieille maison, se reposa un instant pour chanter avant de la reconstruire, comme fait l’ouvrier qui interrompt son travail. […] Baratinsky se débat contre les soucis, il ne chante plus. […] Il avait eu l’impression directe de ce qu’il chantait ; il avait vu mourir autour de lui ces débris attardés du moyen âge. […] Le jour était gris ; la verdure se découpait nettement ; des oiseaux criards chantaient sans unisson. […] Avant que j’eusse pu prononcer une parole, un son traînant, à peine perceptible, mais pur et juste, tremblota à mon oreille… Un second suivit, puis un autre… Loukéria chantait : « Dans la prairie… » Elle chantait sans que rien fût changé dans l’expression de son visage pétrifié, les yeux toujours fixes.
Les Latins ne prononçaient pas toutes les syllabes d’un mot ; les peuples du Midi chantent et ne parlent pas. […] Jeune, dans les réunions médicales, il était, me dit-on, un boute-en-train, et il chantait volontiers au dessert des couplets de sa composition.
2° Il était le poète monarchique né à la vie sociale avec 1814 et rien qu’avec 1814 ; il avait servi, chanté même la légitimité ; il aurait aimé par les dehors du moins, par la noblesse de ses goûts, à rester fidèle à l’antique tradition, à toutes les vieilles religions de race et d’honneur : et il en était venu, par l’expérience et en respirant l’air du siècle, à ne croire que bien peu aux dynasties et aux chefs d’État, et à concevoir même un sentiment de répugnance ou d’hostilité secrète contre tout ce qui est proprement politique, contre ce qui n’est pas de l’ordre pur de l’esprit. […] Samson se plaît à bercer la belle esclave et lui chante en hébreu une chanson funèbre dont elle ne saisit pas le sens : Elle ne comprend pas la parole étrangère, Mais le chant verse un somme en sa tête légère.
Je vais aller voir un pinson de ma connaissance qui chante quelquefois dans les vignes qui dominent mon toit. » Quel sentiment des tristesses de la nature à un âge qui ordinairement a bien assez de ses propres tristesses, et comme il associe tout au souvenir de son amie ! […] Voilà pourtant, me dis-je à moi-même, ce seuil qu’ont foulé tous les jours, pendant tant d’années, les pas de tant de femmes charmantes, de tant d’hommes illustres, aimables ou lettrés, dont les noms, groupés par l’histoire, formeront bientôt la gloire intellectuelle des cinq règnes sous lesquels la France a saigné, pleuré, gémi, chanté, parlé, écrit, tantôt libre, tantôt esclave, mais toujours la France, l’écho précurseur de l’Europe, le réveille-matin du monde !
Ouvrez Démosthène, Cicéron, Chatham, Mirabeau, Vergniaud : partout où ces orateurs sont sublimes, ils sont poètes ; ce qu’on retient à jamais de leur éloquence, ce sont des images et des passions dignes d’être chantées et perpétuées par des vers. […] Recueillant tout ce qui avait été pensé, chanté ou dit de plus beau avant lui sur la terre, pour se former à lui-même dans son âme un trésor intarissable de vérités, d’exemples, d’images, d’élocution, de beauté morale et civique, il se proposait d’accroître et d’épuiser ensuite ce trésor pendant sa vie, pour la gloire de sa patrie et pour sa propre gloire, immortalité terrestre dont les hommes d’alors faisaient un des buts et un des prix de la vertu.
Un héros, la lyre à la main, qui chante comme Achille et qui combattrait comme lui. […] Enfin il y avait le toscan, la vieille langue étrusque de Machiavel, de Michel-Ange, de Dante, rugueuse, nerveuse, un peu sauvage, un peu latine, brève, forte, concentrant en peu de mots un grand sens, telle que Dante l’a chantée, telle que Machiavel l’a écrite, langue faite pour des héros, des poètes, des philosophes, et qui ne s’entend bien qu’à Florence, entre les deux rives de l’Arno et à Pistoia, langue locale s’il en fut jamais, héritière d’un peuple qui n’a point d’héritage sur la terre, langue de puritains et de pédants, qui prétendent avec raison être à eux seuls l’Italie classique… C’est celle-là qu’Alfieri choisit.
Deux personnes vont ensemble : l’une se montre et chante ou joue de la flûte ; l’autre se tient en arrière et tire la flèche au signal que le premier lui donne. […] XI Si nous avions le talent, l’âge, le loisir et un pourvoyeur comme Alexandre, mettant des milliers d’hommes à notre disposition pour étudier partout les formes et les mœurs de tous les animaux dans l’univers connu, nous oserions entreprendre cette œuvre et chanter ainsi le cantique plus complet de la création, le spiritualisme de l’histoire naturelle.
Il avait le droit, après ses propres expériences, de chanter ses hymnes à la conscience et à la liberté, par lesquelles il s’était relevé. […] Cet intérieur de Julie, cette maison champêtre, avec son pressoir, sa laiterie, ses noyers, sa basse-cour, toute cette vie bruyante et joyeuse, les coqs qui chantent, les bœufs qui mugissent, les chariots qu’on attelle, les ouvriers qui rentrent, voilà du réel, que Rousseau détaille complaisamment dans sa pittoresque familiarité.
Et parler du « stupide xixe siècle » c’est faire œuvre de partisan exactement selon le même esprit (mais à rebours) que Pierre Larousse, qui tient que Louis XIV chantait faux et que Bonaparte est un général français mort à Saint-Cloud le 18 brumaire de l’an VIII. […] À force de se chanter à eux-mêmes, de s’exalter en tant qu’individus, de s’opposer au monde et de se disperser, en s’arrêtant au jeu des apparences, dans l’éparpillement de la sensibilité, ils ne se sont plus tenus dans la mesure, et ils ont vécu et œuvré sans parvenir à se dégager de cette forêt touffue et prodigieuse qui est l’imagination d’une jeunesse ardente.
Ce je ne sais quoi d’aimable qui manque aux personnages de Beaumarchais, ils le reçoivent de la musique, quand, au lieu de parler, ils chantent ; mais cela même est à la gloire de Beaumarchais, et ce qu’il gagne à être mêlé dans nos souvenirs avec Mozart et Rossini est la juste récompense de ce qu’il leur a prêté. […] Le bon Ducis a chanté cette amitié.
J’appelai les poètes aux poèmes cosmogoniques et ethniques et à chanter, hors de l’égotisme les énergies nouvelles. […] Aussi de moi il sera persuadé de cette nécessité, dite en 1884 et mise en œuvre, de chanter les énergies nouvelles des campagnes inquiètes, troublées intimement, et du monstrueux et intelligent, mécanisme des usines, par les villes, au tragique et occulte trafic des Bourses du monde, — et, hors de l’égotisme, produire l’âme et l’œuvre complexes de l’homme-social22.
Après le Nocturne de Cros, que nous aimerions dégagé de la musique de Marie Kryzinska, qui brise l’airain de sa triple rime de Dies irae, faite pour tourbillonner dans les trois bolges de l’entonnoir d’une voix de métal ; — Marion et la Berceuse de Corbières [sic], chantées par Irma Perrot ; et les Danses, dites par Mlle de Riny ; la synthétique foule confond l’Hyménée de Massenet avec le Carnaval de Guiraud, et les cors même d’Esclarmonde ne la réveillent point de la maléfique erreur. […] Elle chantera, une fois encore, à vos oreilles les noms immortels de Duccio et de Cimabuë — ces noms qui vous sont chers !
Pris d’une passion très vive pour une personne qu’il a chantée et qu’il ne pouvait obtenir, il quitta son pays pour se distraire et passa en Angleterre à la cour de la reine Philippe de Hainaut, femme d’Édouard III.
Un soir que les deux seuls serviteurs fidèles qui étaient restés près de lui, d’Aubigné, son écuyer, et Armagnac, son premier valet de chambre, découragés eux-mêmes et se disposant bientôt à partir sans dire adieu, veillaient une dernière fois à son chevet ; comme il était malade et tremblant de lièvre sous ses rideaux, ils l’entendirent soupirer et chanter un psaume, au couplet qui déplore l’éloignement des fidèles amis ; Armagnac alors pressa l’autre, c’est-à-dire d’Aubigné, de prendre cette occasion pour parler hardiment.
Après avoir parlé lui-même de la grotte qu’on rencontre sur le cours du gave de Héas, et qui faisait le sujet du récent tableau : Voilà, disait-il, cette grotte célèbre que les voyageurs ont décrite, que les poètes ont chantée, qui appartenait surtout aux peintres, et qu’eux seuls avaient dédaignée.
D’ailleurs Voiture n’avait d’Horace ni la justesse morale, ni l’élévation, ni le noble souci de l’immortalité et ce qui fait qu’on a droit à chanter son Exegi monumentum, rien de solide, ni même cette libéralité d’âme qui achève le goût, et qui fait qu’Horace, par exemple, en toute occasion, a parlé si honorablement de son père : Voiture, on le sait, était embarrassé du sien30.
Et quant à l’objection qu’on ne peut chanter dignement et prendre tout son essor quand on est occupé des soins vulgaires et des besoins de la vie, il n’a qu’une réponse à faire au triste Acanthe, il n’a, dit-il, à lui donner qu’un avis pour que les bienfaits du maître l’aillent chercher ; Le voici, cher Acanthe, en un seul mot : Excelle.
Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barrière qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre.
Il l’avait logé chez lui, au bout d’une longue galerie, dans le plus beau coin du château, d’où l’œil embrassait toutes les beautés du lac, le mouvement du port et de la ville, et un horizon immense terminé par la vaste étendue des Alpes : « Tout cela était au service de sa poésie. » Il l’y posséda durant deux années, et il ne parlait jamais de ce temps de réunion qu’avec fraîcheur et ravissement : — Quel bonheur, écrivait-il, de sentir à ses côtés un ami, et un ami tel que Matthisson, avec lequel je pouvais sortir de la prose de la vie pour entrer quelquefois dans la poésie de l’enfance qu’il avait si bien su chanter !
On en fait aussitôt des rondeaux qui se chantent.
Il se mettait parfois à danser subitement et à chanter, bien qu’il n’eût pas une belle voix.
Ce qui réussit très bien, cité et chanté en Sorbonne, se refroidit souvent sur le papier.
Sa muse, héritière (je ne dis pas universelle) d’une autre muse plus illustre, doit être chère à tous les instituteurs ; car c’est une muse de famille, qui n’a chanté que la raison et la vertu.
allez, quelque jour de fête, entendre à la cathédrale une messe en musique de quelque compositeur en renom, avec les chœurs et l’orchestre et les premiers artistes de l’Opéra ; puis ensuite retournez dans la Semaine Sainte, écoutez le Stabat, le Vexilla régis ou la Passion, ou, à quelques cérémonies funèbres, le Requiem, du lutrin ou les Litanies chantées non par de grands artistes, mais tout simplement par des chantres ou des enfants de chœur ; et puis, en sortant, demandez-vous qui vous a le plus profondément ému, qui a laissé dans votre âme une impression plus religieuse et plus mélancolique, qui vous a rappelé que vous étiez venu pour prier, des chanteurs ou des chantres, de la musique fuguée ou du plain-chant, de l’orchestre ou de l’orgue.
Lebrun peut se présenter avec confiance aux générations actuelles, si différentes qu’elles soient de celles pour lesquelles il avait écrit d’abord et chanté.
Rubichon pour y cantonner un roi de son choix : l’exemple de Milton qu’il allègue est à faire trembler ; on crève, dit-on, les yeux au rossignol pour qu’il chante mieux : il serait homme à vouloir son monarque aveugle pour le rendre plus réfléchi et plus perspicace.
Et voilà qu’il déclare sa mission finie et qu’il chante déjà son Nunc dimitte servum tuum.
quand on a la voix belle, pourquoi ne pas chanter juste toujours ?
Les moines, selon le vœu et l’esprit de leur ordre, chantent au chœur, au lieu de courir à l’ennemi : sottise.
Et dehors, dans les jardins, des jeunes filles vêtues de mousseline chantent des choeurs, comme dans l’île d’Utopie ou dans les Atlantides ; puis les danses commencent, lascives, furieuses, qui finissent vers l’aube par la fête universelle de la chair… Mettez toutes ces impressions ensemble, et d’autres encore, indéfinissables, que j’oublie, et vous comprendrez qu’il n’y a rien de plus sensuel, de plus languissant, de plus mélancolique que le Mariage de Loti.
Je ne vois dans toute cette période que deux sortes d’écrivains : les uns attaquent par la satire ou la raillerie les puissants et tous ceux qui paraissent avoir leurs commodités dans ce présent si laborieux ; les autres les regardent avec admiration, et les chantent sur le luth.
Croyez-vous donc qu’il ne nous serait pas plus doux de chanter au temple avec les femmes ou de rêver avec les enfants que de chasser sur ces âpres montagnes une vérité qui fuit toujours.
Supposer un vrai ou un bien indépendant des jugements individuels, c’est ressembler à l’homme qui, entendant chanter en chœur, supposerait une voix abstraite universelle, distincte et indépendante des voix particulières.
Le chevalier normand allant conquérir l’Angleterre, écoutait avec autant de plaisir le trouvère Taillefer chanter les interminables exploits de Roland que les Grecs leurs aèdes ; une foule frémissait au spectacle des mystères de la Passion, comme une autre foule avait frémi jadis à celui des malheurs d’Œdipe ou de Prométhée ; le dévot s’extasiait devant la douloureuse figure d’un Christ en croix, comme jadis les Athéniens admiraient les chefs-d’œuvre du Parthénon.
Elle écrivait à madame de Grignan : « Les personnes innocentes qui chantent les malheurs de Sion (dans les chœurs) sont une convenance qui charme dans cette pièce.
La victime chante, tandis que des mains encore invisibles la lient dans l’ombre et vont la tuer.
Cette maîtresse qu’il avait à l’Opéra, et qu’il a chantée, était Mlle Rochois.
Parlant de ceux qu’il avait interrogés, et même de deux pauvres filles esclaves qu’il avait fait mettre à la question, il reconnaît qu’il n’a pu apercevoir en eux tous d’autre crime qu’une mauvaise superstition et une folie : Ils assurent que toute leur faute ou leur erreur consiste en ceci, qu’ils s’assemblent à un jour marqué, avant le lever du soleil, et chantent tour à tour des vers à la louange du Christ, qu’ils regardent comme Dieu ; qu’ils s’engagent par serment non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol ni d’adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt ; qu’après cela ils ont coutume de se séparer, et ensuite de se rassembler pour manger en commun des mets innocents… Pline et son oncle étaient des hommes humains, modérés, éclairés ; mais cette humanité des honnêtes gens d’alors était déjà devenue insuffisante pour la réformation du monde.
Le bon Dieu a dit aux uns : Chante ; aux autres : Prêche.
La dame, qui n’était pas trop mélancolique, se mit à chanter une chanson assez libre. » On peut voir le reste dans Tallemant.
Et quand tout cela était non pas lu, mais dit, mais chanté, né à l’instant et le matin même, quand on voyait tout ce talent jaillir de source pendant des heures et courir sous le regard ; quand il en était de même des leçons plus grandioses et plus imposantes de M.
Il aimait la musique, il chantait et faisait des couplets ; il savait jouer de la guitare, de la harpe surtout, alors dans sa nouveauté, et il portait dans ces amusements cet esprit d’invention qu’il eut en toutes choses.
Après dîner, la Landelle, le romancier de bâbord et de tribord, beugle des chants de marin ; Venet, en chapeau de paille et en cravate printanière, fredonne des airs de Colin et de Collinette ; Mlle R… chante un grand morceau d’opéra, pendant que le maître de la maison, en un coin du logis, est en conférence avec des messieurs étranges, au sujet de quelque affaire extravagante, comme le monopole des sangsues du Maroc… Et l’on monte, en revenant, sur les chevaux de bois des Champs-Élysées.
C’est qu’il est vraiment un grand poète, un poète comme eux, palpitant, souffrant et chantant dans les trois poètes dont il nous dit la mort, et presque comme s’il l’eût chantée !
Ecrire, chanter, sculpter, ce sont des actes ; penser, même dans le silence de la nuit et au fond d’un cachot, c’est un acte. […] La femme, parce qu’elle parle comme chante un oiseau, est seule capable d’enseigner le langage. […] Les oiseaux chantent, le chien aboie, l’homme parle. […] La phrase parlée de l’homme est instinctive, comme la phrase chantée de l’oiseau, comme la phrase jappée du chien. […] La haine du nouveau y chante sans répit et sans esprit.
Loti s’est mis à chanter son mal et à le crier aux passants quelconques. […] Loti a le culte de la nature, au sens où l’entendaient les anciens, de la nature créatrice, source de toute vie, et seule vivante, de l’éternelle Isis qu’a chantée Lucrèce. […] L’hymne de la vie chantait dans son sein… Une nuit la température s’abaisse, et voilà tout anéanti. » Je cite de mémoire. […] Une conférence n’est pas un sermon ; avec des jeunes gens sortis, je pense, des écoles chrétiennes qui chantent les cantiques, on se sont en famille. […] On entendait les sons lointains du cor et des chansons populaires que des paysans chantaient sur un rythme très lent.
« Celui qui dans l’histoire de la nature célèbre la puissance mystérieuse des fées, et les voit, sylphes invisibles, colorer les feuilles de la rose et déposer dans son sein parfumé la perle humide de la rosée ; celui qui dans le corps du ver luisant enferme un esprit de lumière, qu’il promène ensuite dans les ondes dorées des plumes du paon ; celui-là pourra briller comme poète, mais jamais il ne sera naturaliste392. » Le critique qui dans l’histoire littéraire célèbre l’indépendance de la Muse, et s’imagine qu’elle chante où il lui plaît, quand il lui plaît, et de la manière qu’il lui plaît ; le critique qui dans l’âme d’Aristophane enferme un ingénieux démon qu’il croit immortel, et qu’il s’étonne de ne pas retrouver dans l’âme de Molière ; ce critique pourra briller comme écrivain, mais jamais il ne sera philosophe. […] L’honnête homme, l’homme distingué, comme on dit en France aujourd’hui, est un sage qui veut plaire et qui plaît, comme l’oiseau chante, comme l’insecte bourdonne, sans y penser, avec un ait naturel. […] Vous chantiez ?
… » Et il continue : « Toute la religion qui nous lie, les sacrements auxquels nous participons, les prières publiques que nous chantons, le pain de bénédiction que nous offrons65… » Et il recommence : et vous qui l’écoutez, je vous défie bien de ne pas vous intéresser à cette volubilité même de parole, à cette abondance de vocabulaire, à cette profusion de métaphores, à ce flot de périphrases, à ce torrent enfin de mots qui jaillissent, qui coulent et qui roulent comme d’une source intarissable. […] Il n’y a pas non plus grand mal à ce que Massillon nous dépeigne le bonheur des justes sous les couleurs de l’idylle champêtre : « Les saintes familiarités et les jeux chastes et pudiques d’Isaac et de Rébecca dans la cour du roi de Gérare suffisaient à ces âmes pures et fidèles ; c’était un plaisir assez vif pour David de chanter sur la lyre les louanges du Seigneur ou de danser avec le reste de son peuple autour de l’arche sainte ; les festins d’hospitalité faisaient les fêtes les plus agréables des premiers patriarches, et la brebis la plus grasse suffisait pour les délices de ces tables innocentes91. » Il n’y a pas grand mal, mais il y a bien de la naïveté. […] Ils ne seraient pas en effet des peintres si ce qu’ils peignent, ils pouvaient tout aussi bien le dire, ou le chanter, et cependant éveiller en nous les mêmes émotions. […] Au théâtre offrir, sous des traits séduisants, Des rois orgueilleux, de lâches courtisans, Des pères trompés, des valets complaisants, C’était là l’état monarchique… Peindre tels qu’ils sont les tyrans oppresseurs, Chanter les exploits de nos fiers défenseurs, Faire du théâtre une école de mœurs, Voilà quelle est la République !
Je fus servi à souhait : Les Huguenots, œuvre colossale dans laquelle chante cette merveilleuse octave dont chaque note s’appelle, ou Nourrit, ou Levasseur, ou Falcon, ou Dorus. […] Pour ma part, je désirai rentrer un instant dans la salle, ne fût-ce que pour entendre chanter le grand trio du second acte de cet opéra vanté. […] Il était fort simplement vêtu, et s’épanouissait là, à entendre chanter Mlle Falcon, comme les vulgaires humains dont il était entouré. […] Labarre, le célèbre harpiste, Thalberg le pianiste sans pareil, Lisztr et Berlioz sont les prétextes des réunions fixes ; on chante, on improvise, on rit, on s’amuse enfin, parce qu’on se connaît : et que peu de nouvelles figures pénètrent là.
Chez les Grecs, les premières images taillées furent celles des personnes divines ; la poésie chantée, c’est la religion qui l’inspira. […] Penser davantage et chanter moins, that is the question ! […] Un excès ridicule d’ornementation a remplacé la richesse et la pureté des lignes… Chantons la vapeur ! […] Toute découverte est un progrès, applaudissons au résultat, mais ne chantons pas les engins.
Ainsi passait-il, solitaire et dédaigneux, et je le regardais longtemps s’éloigner, tandis que, dans ma mémoire chantait quelque strophe éclatante et sobre des Poèmes barbares, du quelque couplet tragiquement éloquent des Erinnyes. […] Un étroit réduit servait de salle à manger et de cabinet de travail, Il avait pour principal ornement la délicate pendule de Saxe que Mallarmé a chantée dans son Frisson d’hiver, « qui retarde et sonne treize heures parmi ses fleurs et ses dieux » ; mais, le repas pris, nous nous hâtâmes d’aller au-devant d’Elémir Bourges, qui venait de Samois et avait annoncé sa visite. […] Mais si « Malherbe vint » ainsi que le chantait le bon Boileau, on peut dire que Moréas « revint », et c’est ce retour qui constitue son rôle particulier. […] Résignons-nous à constater que le bibelot a détrôné le jardin, mais soyons reconnaissants aux derniers amateurs d’un luxe charmant, qui en conservent chez nous les vestiges et qui considèrent encore comme une joie de la vie d’entendre, à leur réveil, par la fenêtre ouverte, frissonner un feuillage, bruire une fontaine, chanter, sur une branche, un oiseau invisible et familier. […] Quel plaisir vous preniez à ces concerts, soit aux Incurables où chantait la Zabetta, soit aux Mendicanti où triomphait la Margarita, soit à la Pitié où vous charmait le violon de la Chiarella, qui eût été le premier violon d’Italie, si celui de l’Anna-Maria des pitalettes ne l’eût encore surpassé, de cette Anna-Maria, « qui est si fantasque qu’à peine joue-t-elle une fois par an !
S’il raconte sa vie, c’est qu’il la voit ; s’il décrit un spectacle, un paysage, c’est qu’il le voit ; de même, tous les mots prononcés devant lui se traduisent en images, n’arrivent à son intellect qu’en images : serrer, deux mains se pressent, une vis est tournée ; chanter, une femme s’avance, décolletée ou c’est un grotesque de la rue ; arbre, chien, oiseau, c’est un arbre, un chien, un oiseau particularisés, dessinables. […] Chante, écrivait Victor Hugo à un mauvais poète aveugle : Chante, Homère a chanté ; chante, Milton chantait.
« Il y a, dit-il, des endroits comme cela qui chantent toujours », et celui-ci est le plus mélodieux où il se soit jamais trouvé. […] « Ne voyez en moi qu’un vieux troubadour retiré des affaires, qui chante de temps en temps sa romance à la lune, sans grand souci de bien ou de mal chanter, pourvu qu’il dise le motif qui lui trotte dans la tête, et qui, le reste du temps, flâne délicieusement. » J’avais étudié avec soin son œuvre ; deux caractères m’avaient frappé : l’étonnante facilité du talent, poussée jusqu’à la négligence, et l’absence trop visible de composition dans ses meilleurs romans. […] Ils le discutent d’autant plus, mais ils le lisent, tandis que le public se contente de dire : « C’est peut-être superbe, mais les gens de ce temps-là ne m’intéressent pas du tout25. » Elle avait laissé, sans doute, percer quelque chose de cette impression en causant avec Flaubert, qui, de son côté, avait plaisanté, paraît-il, « le vieux troubadour de pendule d’auberge, qui toujours chante et chantera le parfait amour ». […] C’est l’autre qui chante à son gré, mal ou bien, et, quand j’essaye de penser à ça, je m’en effraye et me dis que je ne suis rien, rien du tout.
Mais ceux-ci, à de très rares exceptions près, chantèrent toujours les harmonies naturelles. […] Et ceux-là seuls seront immortels qui ont chanté la liberté, l’humanité et leur terroir et qui ont eu confiance en leurs chants. […] Noms charmants de ses héroïnes, aussitôt vous chantez dans la mémoire. […] Alors que tout nous heurte, pourquoi chanter perpétuellement des hymnes ? […] C’est, si vous préférez, une ronde d’enfants qui chantent un très vieil air sur la disproportion entre le rêve et le réel, l’image et l’objet, l’ambition et la destinée.
Viens, Antigone, aux prés où fleurit l’aphodèle, Ton front pur couronné de verveine, où l’on mêle Le jasmin, dans nos chœurs chanter les hymnes saints. […] Elle n’a pas de noblesse, mais elle a une dignité touchante ; elle n’a pas de poésie, mais elle indique au moins les parties poétiques du rôle ; elle ne sait pas faire chanter le vers, mais elle le déploie largement et amplement, comme une grande voile qui se gonfle au vent ou qui claque. […] « Gardez-vous du maître à chanter qui vous persuade que les gentilshommes savent la musique. […] J’ai beau dire, on s’en moque et toujours disputant, De six jeunes chevaux l’équipage éclatant Me roule en un quart d’heure en ce lieu de plaisance Où je bois, chante et ris ; le tout par complaisance. […] C’est pour cela qu’on chante sur le théâtre du Palais-Variétés les couplets suivants dans l’Omelette miraculeuse : MATHURIN Longtemps le peuple crut bonn’ment A tous ces jongleurs fanatiques ; Mais on voit quel cas à présent Il fait de leurs merveill’s mystiques.
Le 17 mai 1757, il vit pour la première fois les postes avancés ; il entendit siffler les premières balles : « J’étais heureux comme un roi. » Son impatience s’accommode assez peu en tout temps de la lenteur méthodique du maréchal Daun ; on chante, après chaque succès, des Te Deum qui font perdre le temps.
Dans le temps on a dû faire de ce passage un air à chanter sur le luth, comme de certains couplets de Maucroix.
Il parlait de ses montagnes avec enthousiasme ; il eût volontiers chanté le ranz des vaches avec les larmes aux yeux, et était en même temps le conteur le plus agréable du cercle de la comtesse Jules.
Dans la lecture de Sénèque, ce passage surtout m’a souri (épître xii) : Pacuvius, qui s’appropria la Syrie à titre de prescription, célébrait tous les soirs ses obsèques par des flots de vin et des repas funéraires : de la salle du festin ses compagnons de débauche le portaient en pompe dans sa chambre, et un chœur de mille voix chantait autour de lui : Il a vécu, il a vécu !
De crainte que le passage subit de l’air doux et tempéré de la vie religieuse et solitaire à la zone torride du monde n’éprouvât trop mon âme, elle m’a amené, au sortir du saint asile, dans une maison élevée sur les confins des deux régions, où, sans être de la solitude, on n’appartient pas encore au monde ; une maison dont les croisées s’ouvrent d’un côté sur la plaine où s’agite le tumulte des hommes, et de l’autre sur le désert où chantent les serviteurs de Dieu ; d’un côté sur l’océan, et de l’autre sur les bois ; et cette figure est une réalité, car elle est bâtie sur le bord de la mer.
Pour cela, il ne faut que vouloir à votre âge ; continuez de chanter ; votre voix n’est pas celle de tout le monde… » Et comme il s’agit de vers, et que c’est à un rimeur qu’il a affaire, il ajoute, en appuyant sur la corde sensible : « Le bien que je vous ai dit de vos vers, ceux-ci viennent le confirmer.
Les quatre places investies sont prises à point nommé, et l’on en vient à ce fameux passage du Rhin, poétiquement chanté par Boileau et très simplement raconté par Louis XIV.
ne vous souvenez-vous pas avec quelque joie au cœur de ce doux moment qui a commencé nos rapports, de cette soudaine et délicieuse intelligence… Mais les femmes ne veulent croire qu’à l’amour parlé ; il faut leur chanter les désirs, il faut prêcher quand le cœur bat.
Ce qui est certain, c’est qu’elle est gaie dans sa cage et qu’elle chante comme un oiseau du bon Dieu.
On entre dans son sujet comme dans une place prise d’assaut, avec le nouveau document déployé en guise de drapeau, et l’on chante tout d’abord victoire.
Voici une Marseillaise qu’ils chantent en les allant combattre : « Que Dieu maudisse ta mère, Matalla (nom d’un chef arabe), car le diable est en ton corps !
L’Humanité collective et solidaire y apparaît rangée comme en amphithéâtre, ou plutôt échelonnée dans des stations successives et de plus en plus avancées ; mais laissons parler ou chanter l’auteur.
Dans l’Antiquité la poésie s’en fût saisie aussitôt ; elle l’eut chantée, idéalisée à l’envi et fixée sous des traits déterminés, dans un type immuable.
Ainsi, dans Virgile, dans la ixe Églogue, quand les deux bergers chantent en marchant, l’un d’eux propose à l’autre de s’arrêter à mi-chemin en vue du tombeau de Bianor, ou bien, s’ils craignent que la pluie n’arrive au tomber de la nuit, de poursuivre leur route vers la ville en chantant toujours : Aut, si nox pluviam ne colligat ante, Veremur… « Si nous craignons que la nuit ne rassemble la pluie… » Quel mot plus juste !
Fougères, officier de la maison de Condé depuis plus de trente ans, disait que M. de La Bruyère n’était pas un homme de conversation, et qu’il lui prenait des saillies de danser et de chanter, mais fort désagréablement. » On a beau vouloir en rabattre, il en reste quelque chose qui semblait alors un défaut, un inconvénient.
La mort de la sainte et ces anges sous forme d’oiseaux qui lui chantent sa délivrance, la canonisation et ses splendeurs, et ses sereins et magnifiques tonnerres, achèvent divinement et glorifient le récit de tant de souffrances, de tant d’humbles vertus.
Gautier de le relire, tant il le trouve coriace (c’est, je crois, son mot) ; mais il suffirait qu’il eût entendu chanter, l’hiver dernier, ces nobles stances mises en musique par Reber : N’espérons plus, mon Ame, aux promesses du monde, etc.
Rome horrible chantait.
Jalousés par l’Opéra, la Comédie-Française et les Italiens, qui ne s’entendirent jamais que contre eux, les théâtres des Foires Saint-Germain et Saint-Laurent furent vexés de mille façons, condamnés à ne pas chanter, ou à ne pas parler, ou à ne pas dialoguer, parfois fermés ou démolis, toujours fréquentés ; ils eurent leurs auteurs attitrés, diversement et inégalement illustres, Regnard, Lesage, Piron, Dominique, Vadé, Favart492.
Victor Hugo, fils du général Hugo, né à Besançon en 1802, suivit son père en Italie, en Espagne, fut quelque temps élevé au séminaire des nobles à Madrid ; à Paris, il vécut avec sa mère dans cette maison des Feuillantines qu’il a chantée.
L’adolescent extatique à la figure de jeune archange se met à chanter, et je constate avec une surprise désagréable que ce Chérubin de cercle catholique, qui serait un si friand régal pour quelque perverse marraine de trente-cinq ans, a une voix de basse profonde.
Et admirez le génie du musicien Paul Kotchouleff qui « chanta, d’une voix large et pure, pendant une heure durant, de nobles mélodies d’un grand souffle inspiré ».
Ces couplets que tout le monde chantait dans notre enfance : « Femmes, voulez-vous éprouver… » sont de lui.
Elle fait des couplets, les chante, se ressouvient de tous ceux qu’on a faits.
Ils feront chanter à leur maîtresse, à l’heure du festin, une chanson funèbre qui rappelle la fuite des ans, la brièveté des jours.
Dans sa Lettre à Voltaire, La Harpe se plaignait d’avoir des ennemis : « Il est également triste et inconcevable, disait-il, d’être haï par une foule de personnes qu’on n’a jamais vues. » À quoi Voltaire répliquait : « Il y a eu de tout temps des Frérons dans la littérature ; mais on dit qu’il faut qu’il y ait des chenilles, pour que les rossignols les mangent afin de mieux chanter. » La recette était singulière.
… Demandez à quelqu’une de vos tantes ou de vos mères de vous chanter cela.
Quand il était au chœur de la Sainte-Chapelle, il chantait, dit-on, des deux côtés, et toujours hors de ton et de mesure.
Elle fit, à cette époque, comme toute la cour de France, qui, à certain jour, et en n’obéissant qu’à la mode, au progrès des lettres et au plaisir de comprendre la Sainte Écriture ou de chanter les Psaumes en français, faillit se trouver luthérienne ou calviniste sans le savoir.
Dimanche 26 décembre Ce soir, au milieu d’un lied chanté par la sœur de Berendsen, le traducteur danois de Renée Mauperin, Nittis me dit tout à coup : « Les dimanches de Naples, les dimanches de mon enfance… c’est par des bruits, des sonorités qu’ils me reviennent… Voyez-vous, le bleu du ciel et le plein soleil entrant par toutes les fenêtres… là-dedans montant les fumées de tout ce qui frit dans la rue… là-dessus le branle des cloches sonnant midi, et dominant les cloches, le chant d’un marchand de vin de l’extrémité de la rue, chantant, donnant de la voix, ainsi qu’on dit chez nous, avec une voix telle, que les cloches, je ne me les rappelle plus que… comme du paysage !
Il aurait pu prendre pour lui la devise du coq gaulois : « Je chante clair !
Célébrez la religion, chantez aussi l’amour ; mais ne mêlez pas indiscrètement les mystères de la foi et ceux de la volupté, les saints ravissements de l’âme et les profanes extases des sens.
« Je ne pense pas mal de l’espèce humaine, nous dit-elle, car je la crois plus abusée que perverse : je la plains plus que je ne la condamne, car je la vois toujours rectifiant de plus en plus ses erreurs et redressant ses voies à mesure que s’étendent ses lumières et que s’exerce dans de plus vastes limites sa liberté. » On l’entend : c’est la ritournelle du progrès chantée aux bornes sur toutes les orgues de Barbarie philosophiques.
tous ceux qui « tiennent à ce qu’on chante la messe à leur enterrement ».
Au xixe siècle, que voulez-vous que fût un poète qui venait après le René de Chateaubriand et le matérialisme de Broussais, et qui, ramassant Musset tombé, l’étoile au front, qu’il avait éteinte dans le ruisseau, traduisait froidement, mais puissamment, avec bien des rayons de moins, mais une correction plus savante, ces ivresses dont Musset était mort sans avoir chanté l’horreur ?
Une planche sur deux caisses de munitions forme l’autel, dissimulé de branchages et décoré d’une grande croix de bois ; les cires brûlent dans deux lanternes d’écurie ; les assistants regardent, écoutent, chantent, prient, masqués aux avions par ce qui subsiste du taillis.
Jouffroy, sur bien d’autres ; ils chantent trop haut et d’ordinaire se cassent la voix.
« Quand la France en colère leva ses bras gigantesques, et que, jurant ce serment dont la fureur ébranle l’air, la terre et les mers, elle frappa de son pied vigoureux et dit qu’elle voulait être libre, rendez-moi témoignage combien j’eus d’espoir et d’inquiétude, et avec quel transport je chantai sans crainte mes fières actions de grâces au milieu d’une foule servite !
Dans la troisième enfin, essayant une dernière fois l’éloge des yeux de Laure, qu’il ne croit jamais pouvoir célébrer en termes assez magnifiques, il les chante comme la source unique de tout bien et de toute joie. […] Cette vigueur ne se dément pas un seul instant, et ne coûte rien au poète qui tout à l’heure ne semblait fait que pour chanter l’amour. […] Combien de sanglots, combien de larmes répandues, tandis que demeuraient secs ces beaux yeux pour lesquels j’ai brûlé si longtemps, pour lesquels j’ai tant chanté ! […] Or, le caractère de ces doctrines se retrouve tout entier dans l’amour chanté par Tibulle. […] Pétrarque eût-il chanté sa joie comme il a chanté ses souffrances ?
A cette attitude si distinguée, il préfère tout, même l’abandon vulgaire et la gaieté un peu trop innocente et vide de pensée du poète du Caveau qui chante sous la treille Bacchus et les amours. […] Et, depuis, combien de messes a-t-il fait chanter à son intention ? […] Que Mette aille trouver le curé de Saint-Irech et lui demande de dire trois messes chantées d’ici à dimanche. […] Il ne songe plus qu’à bien chanter son air. […] » demande Breschmoll. « Je chante la romance », dit Lucette. « J’imite Baron, dit Gaston.
Dans tous ses actes religieux, elle chante en commun des hymnes que ses pères lui ont légués. […] On chante autour d’elle un ancien hymne religieux. […] Le lendemain on traça l’enceinte, pendant que le peuple chantait des hymnes religieux. […] Mais il n’y fallait changer ni un mot ni une syllabe, ni surtout le rhythme suivant lequel elle devait être chantée. […] Car les prêtres qui rédigeaient et qui lisaient celles-ci étaient les mêmes qui présidaient aux fêtes où les vieux récits étaient chantés.
II Les Nibelungen furent chantés et écrits, à ce que l’on croit, dans les trois ou quatre premiers siècles du christianisme. […] « On chanta une messe en l’honneur de Dieu. […] « Quoique l’on servît Dieu et que l’on chantât là en son honneur, le temps parut à Brunhilt d’une longueur excessive.
En cherchant bien parmi cette musique étalée au piano, on aurait retrouvé les duos qu’ils chantaient ensemble ; et tout ce qui l’entourait lui semblait complice du désordre de sa vie manquée. […] — Nous sommes toujours dans les cinq mille… il m’a dit ça… hier… le nouveau régisseur… j’avais couru après lui dans les coulisses — chanta la voix fluide d’un petit garçon de sept ans, à moitié caché par un mantelet de dentelles de Chantilly. […] c’est donc un haillon qu’on jette au chiffonnier qui passe, ou une pièce de monnaie effacée qu’on abandonne au premier aveugle qui vient chanter sous votre fenêtre ? […] celui du boucher qui égorge un mouton qui a les pattes liées, celui du chasseur qui tire sans pitié sur un lièvre en forme ou sur l’oiseau qui chante sur son arbre. […] C’était un vieux pasteur, berger dans la montagne Qui jadis, jeune et pauvre, heureux, libre et sans lois, À l’heure où le mont fuit sous l’ombre qui le gagne, Faisait gaîment chanter sa flûte dans les bois.
Un rossignol froufroute dans un tas de fagots et se met à chanter. […] Jules Lemaître a très bien exposé cette théorie : « Nous passons, dit-il, près d’un arbre où chante un oiseau. […] Elle a su fixer le premier moment de la perception, celui où l’on perçoit à la fois le feuillage et le chant. « C’est joli, dit-elle, une feuille qui chante ! […] Un coq chantait. […] Si la marmite bout, elle chante, on nous raconte ce qu’elle dit, etc.
De quel accent il évoque le lac savoisien que Lamartine a chanté, mais sans en dégager la physionomie particulière, les aspects individuels. […] Dans un recueil publié en 1899 et qu’il a nommé la Bombarde, avec ce sous-titre, Contes à chanter, il s’est surpassé lui-même. […] Je dis : « qui revit », et j’aurais dû dire « qui chante », car j’arrive à ce qui fait le génie propre de Vicaire, sa suprême magie. […] Et, d’abord, faut-il entendre par ce mot toutes les chansons que chante le peuple ? […] Ce don de chanter, de moduler, d’adapter des mots au rythme musical, dormait dans ce berger, dans ce laboureur, dans cet apprenti, dans ce soldat.
M. de Lamartine, tel que ses premières œuvres le révélaient, et que rien depuis ne l’a pu effacer encore, était le plus sublime des rêveurs, de ceux qui exhalent et qui chantent leur âme. […] Thiers, le berger chante.
deux chrétiens comparent le meurtre à la communion en laissant ouvert à côté d’eux le cantique chanté par les fidèles lorsqu’ils se réunissent pour jurer d’obéir au divin modèle de la patience et de la résignation ; quel délire dans la femme et quel abus de ses facultés dans l’homme ! […] Mr. de K… et Me. de V…, deux personnes dont le caractère était très estimé, sont partis de Berlin, lieu de leur demeure, vers la fin de l’année 1811, pour se rendre dans une auberge de Potsdam où ils ont passé quelques heures à prendre de la nourriture et à chanter ensemble les Cantiques de la Sainte Cène.
Admirez les crescendo et les roulades par lesquelles elle termine ses morceaux brillants ; pour enlever l’auditeur à la fin du portrait de la nonne innocente, elle ira chercher « la Grâce qui fait luire autour d’elle ses plus purs rayons, les anges qui de leurs chuchotements éveillent ses rêves dorés, les ailes des séraphins qui répandent sur elle leurs divins parfums, l’époux qui prépare l’anneau nuptial, les blanches vierges qui chantent l’hyménée1109 », bref toute la garde-robe du Paradis. […] Pope veut se venger de ses ennemis littéraires, et chante la Sottise, auguste déesse de la littérature, « fille du Chaos et de la Nuit éternelle, lourde comme son père, grave comme sa mère », reine des auteurs affamés, et qui choisit Théobald pour son fils et pour son favori.
« Je sortis de Florence, et je fis mon pèlerinage, ne cessant de chanter des psaumes et des oraisons en la gloire de Dieu ; ce qui me délectait d’autant plus que la saison était belle, et le pays que je parcourais extrêmement agréable. […] Semblable à ces grands musiciens qui écrivent en notes leurs plus magnifiques accents funèbres pour être chantés à leur propre convoi, il dormit sous le marbre qu’il s’était lui-même préparé.
C’est l’élan de l’âme du peuple attaqué dans ses droits, qui jouit de les défendre, et qui chante d’avance cette jouissance et cette gloire, par une poésie intime qui lui dicte ses accents. Il en est ainsi de toute poésie spontanée, qui n’est point un art, mais qui est l’exubérance des forces de la nature. — La nature chantée, voilà toute la poésie.
Volkêr, le brave ménestrel, ami de Hagene, chante son lai aux femmes. […] Gunther, l’illustre roi, se tourna vers l’endroit d’où venait le bruit: « Entendez-vous, Hagene, ces chants que Volkêr chante aux Hiunen, quand ils s’approchent des degrés.
Chaque vers représente une ligne de prose ; pour une ligne de prose de vingt mots, un court vers, quelques syllabes, un mot-sommet autour duquel rayonne le très strict minimum des menus mots nécessaires à la phrase. « Erlæsung dem Erlosser. » chantent les élus du Gral. « Voici (par Parsifal) le Salut du Sauveur (le Gral). » Et c’est la conclusion de l’œuvre, cette dernière formule, la plus concise, du drame qui est le dernier achèvement de l’idée Wagnérienne. […] A mesure que les violences amenées par l’animation du combat provoquent les contradictions, et finissent par exaspérer le Chevalier coupable, les notes deviennent plus distinctes et plus hautes ; à chaque fois l’oreille saisit mieux la fatale réminiscence, jusqu’à ce qu’enfin Tannhaüser emporté, hors de lui, reprend intégralement la strophe du premier acte, où reviennent les mêmes louanges de la Déesse d’amour, qu’il chante sans feinte, ni déguisement.
la littérature française peut bien chanter que sa gaîté s’en est allée, ou encore, cette littérature impassible : « Plus d’amour, partant plus de joie ! […] Les hommes bêtes qui ne comprennent que l’action, que la brutalité des faits physiques, ne comprennent qu’Aaron, et leurs Te Deum ne se chantent qu’après la victoire.
On y reconnaît un amour reposé des champs, non pas tant pour le plaisir de les chanter que pour la douceur et l’habitude d’y vivre.
Après une nuit sans sommeil, il courut d’abord au Forum, et il employa plusieurs mois à se familiariser avec ces lieux célèbres : Ce fut à Rome, le 15 octobre 1764, dit-il, comme j’étais assis à rêver au milieu des ruines du Capitole, pendant que les moines déchaussés étaient à chanter vêpres dans le temple de Jupiter, que tout d’un coup l’idée d’écrire la décadence et la chute de la Ville éternelle se présenta pour la première fois à mon esprit.
Un jour qu’elle chantait sans y songer les psaumes calvinistes ou les cantiques luthériens (car elle mêle l’un et l’autre) en se promenant seule dans l’Orangerie de Versailles, un peintre qui était à travailler sur son échafaudage descendit en toute hâte et tomba à ses pieds, en disant avec reconnaissance : « Est-il possible, Madame, que vous vous souveniez encore de nos psaumes ?
Quelques-uns de ceux même qui ont eu l’idée d’introduire chez nous des images de la poésie familière et domestique, et qui y ont réussi à certain degré, n’en ont pas eu assez la vertu pratique et l’habitude dans la teneur de la vie ; ils en ont bientôt altéré le doux parfum en y mêlant des ingrédients étrangers et adultères, et l’on a trop mérité ce qu’un grand évêque (Bossuet) a dit : « On en voit qui passent leur vie à tourner un vers, à arrondir une période ; en un mot, à rendre agréables des choses non seulement inutiles, mais encore dangereuses, comme à chanter un amour feint ou véritable, et à remplir l’univers des folies de leur jeunesse égarée.
[NdA] Anne de Rohan, non mariée, fille de piété et d’esprit, savante comme on l’était au xvie siècle, faisant des vers français à la vieille mode et sachant l’hébreu tellement qu’au prêche, pendant qu’on chantait les psaumes en français dans la version de Marot, elle se les récitait mentalement dans la langue de David.
Quand on a de si bonnes choses à dire, il est inutile de les chanter.
Cousin et qu’ils aient chanté ensemble en choeur un Sursum corda !
« La gracieuse beauté qui aime à connaître, — et qui ne craint point la neige inclémente du Nord ; — qui force son accent poli à se plier — aux sons plus rudes de l’idiome britannique, — lira sa louange dans tout climat — où la Presse pourra parler et où les poëtes chanteront. » Mme d’Usson avait aussi son petit couplet.
Ô Catinat, quelle voix enrhumée De te chanter ose usurper l’emploi ?
Dans le nombre des pages admirables qu’il nous plaît de nommer de grandes élégies, nous noterons celles des Deux Pères, celles de la Brouette, de la Bibliothèque, du Goûter de Fraises, de la Femme qui chante vers quatre heures, etc., etc.
La passion immortelle, qui a été chantée, romancée et déplorée des deux parts avec tant d’éclat, et qui est désormais entrée dans la poésie du siècle, venait de naître et s’éclairait, au début, d’une lune clémente.
Le plus court et le plus sûr est de le renvoyer, car les Nouvelles ecclésiastiques 30 triompheront sur un homme de ce caractère… » J’ai cité cette lettre parce qu’elle me paraît caractériser à merveille, dans le ton paterne du bon octogénaire, le genre de libertinage, comme il disait, dont la muse de Gresset s’était rendue coupable ; c’est un petit libertinage léger et sans trop de fond, une gaieté de jeunesse très-émoustillée, et qui ne tire pas tellement à conséquence qu’elle ne fasse encore sourire le digne cardinal au moment où il la condamne : on sent que, s’il ne faut plus garder Gresset chez les jésuites, il n’est pas perdu sans ressources pour cela, et qu’il pourra revenir à résipiscence, comme y revint ce Vert-Vert lui-même qu’il a si gentiment chanté.
Mais la gaieté naturelle, une joie de force et d’innocence corrigeait bientôt la langueur ; le calme et l’équilibre étaient maintenus ; tout en redisant quelque ode rustique à la Thompson, ou en moralisant sur les passions à réprimer, elle ajoutait avec une gravité charmante : « Je trouve dans ma religion le vrai chemin de la félicité ; soumise à ses préceptes, je vis heureuse : je chante mon Dieu, mon bonheur, mon amie : je les célèbre sur ma guitare : enfin, je jouis de moi-même. » Elle en était encore à la première saison, à la première huitaine de mai du cœur.
Cet innocent qui est sorcier est grand par tout ce qu’il rappelle : Savant dans la découverte et l’emploi des herbes, pénétré d’une confiance aveugle en leur puissance, ne descendait-il pas en ligne droite du berger antique dont Virgile a chanté les croyances ?
, fierté des gloires militaires de la Révolution et de l’Empire, rêve d’une France libre, glorieuse et honorée parmi les hommes », cela composait une sorte de religion civique, commune alors à un très grand nombre de Français, et faite de très antiques bons sentiments, mais qui, naturellement, revêtaient les formes accidentelles propres à cette époque : on n’était pas clérical dans la maison ; on était de ces Parisiens qui, à l’endroit des « capucinades » officielles de la Restauration, retrouvaient les propos de la Satire Ménippée ; et, le samedi soir, on se réunissait entre amis, sous la tonnelle, pour chanter les premières chansons de Béranger.
Elles rappellent leur hôte au despotisme inséparable pour elles de l’idée royale, elles chantent au prince grec l’hymne de la toute-puissance orientale : — « La Cité, c’est toi !
La renommée du capitaine reste intacte, l’honneur du drapeau est sauf ; mais les ambulances sont pleines, et le Te Deum pourrait se chanter sur l’air du De Profundis.
De tout temps, dans les divers arts et dans celui du comédien en particulier, il y a eu en présence les deux manières, la manière de l’école officielle (Conservatoire ou Académie) et celle des talents originaux ; la manière qui déclame ou qui chante, et celle qui dit.
En allant, nous chantâmes des airs tendres et mélancoliques ; nous parlâmes des talents de Saint-Huberty.
Il a un ami qui n’a point d’autre fonction sur la terre que de le promettre longtemps à un certain monde, et de le présenter enfin dans les maisons comme homme rare et d’une exquise conversation : et là, ainsi que le musicien chante et que le joueur de luth touche son luth devant les personnes à qui il a été promis, Cydias, après avoir toussé, relevé sa manchette, étendu la main et ouvert les doigts, débite gravement ses pensées quintessenciées et ses raisonnements sophistiqués.
, dans un éloge en latin de Fraguier, nous le représente au moment où il voulut écrire en français et se former au bon goût de notre langue : À cet effet, dit d’Olivet que je traduis, il s’en remit de son éducation à deux muses ; l’une était cette célèbre La Vergne (Mme de La Fayette), tant de fois chantée dans les vers des poètes, et l’autre qu’on a surnommée la moderne Leontium (Ninon).
C’est de ce même M. de Bonald que M. de Lamartine, après l’avoir chanté en poète dans sa jeunesse, vient de donner un portrait tout aimable et adouci à la fin du second tome de son Histoire de la Restauration.
Le chœur général chante en finissant : Ô Liberté !
Une grande dame était levée à six heures et couchée à neuf ; Lady Geraldine Kildare, chantée par lord Surrey, déjeunait d’une livre de lard et d’un pot de bière.
Nous apercevons celle de ses faces qui brille de bonheur, nous y voyons souvent un surcroît d’abondance ; nous oublions que, parmi tant d’oiseaux qui chantent à loisir autour de nous, la plupart ne vivent que d’insectes ou de graines, et par conséquent ne vivent que par une constante destruction d’êtres vivants ; nous ne voyons pas dans quelle effrayante mesure ces chanteurs, leurs œufs ou leur couvée sont détruits par des oiseaux ou des bêtes de proie ; et nous ne pensons pas toujours que, s’ils ont en certains moments une surabondance de nourriture, il n’en est pas de même en toutes les saisons de chaque année.
Soit qu’on chante sur un air nouveau la vieille chanson, soit qu’on mette sur un air ancien une chanson nouvelle, cela déjà peut raviver l’intérêt. […] belle Sylvie, un dieu les fait chanter, Que vous allez fuyant pour ne me contenter !
Achille n’a presque eu, pour le chanter, qu’Homère. […] — il a été chanté par Sophocle, par Virgile et par Racine, sans parler des seigneurs de moindre importance. […] Voilà où il habite par la pensée, par la lecture, par la mémoire, par les vers ïambiques ou hexamètres, attiques ou ioniens, qui chantent éternellement dans son souvenir. […] Ce n’est pas l’individu qui parle et chante en cette langue ; c’est la religion, la morale éternelle, la pitié, l’humanité, la patrie. […] Et le chœur, sur l’invitation de Josabeth, chante les louanges de Dieu.
Ce bas clergé se recrute, alors comme aujourd’hui, parmi le peuple ; ce clerc, qui ne sait pas grand’chose, sait au moins lire, écrire, compter, et chanter à la messe ; le bourgeois des bonnes villes en est jaloux, — et il a de l’argent pour payer le trouvère ! […] Comme ils se plaisaient donc à raconter que dans cette illustre journée de Salamine, Eschyle combattant sur les vaisseaux d’Athènes, Sophocle chanta sur le rivage le péan de la victoire, à l’heure même qu’Euripide naissait dans l’île, sans doute ils se fussent complus à cette image d’un Molière assistant à l’arrestation de Cinq-Mars, comme à cet autre souvenir d’un Bossuet contemplant d’un œil avide la litière qui de ce voyage tragique ramenait dans Paris le tout-puissant cardinal. […] Le châtelain de Cirey chante en vers les cieux de Newton et disserte en prose, tout à fait savamment, sur la Nature du feu. […] Et n’était-ce pas à la veille de l’affaire des Calas qu’il écrivait à d’Argental : « Le monde est bien fou, mes chers anges ; pour le Parlement de Toulouse, il juge ; il vient de condamner un ministre de mes amis à être pendu, trois gentilshommes à être décapités, et cinq ou six bourgeois aux galères : le tout pour avoir chanté des chansons de David. […] Chanter l’Enfance d’Achille, chanter Philippe-Auguste ou Charlemagne à Pavie, cela est vieux comme de chanter Clovis ou la Pucelle.
Bientôt la vie va se répandre ; le poussin sortira de son œuf, il deviendra un oiseau charmant qui chantera, soignera ses petits et saura les défendre au péril de sa vie. » Il faut suivre les déductions scientifiques de M. […] » Cela fait, le Grand-Aigle commença à chanter doucement ; un vieux routier qui l’observait du milieu de ses camarades s’écria alors : » — Prenez garde, il va tirer sur nous ! […] Le point essentiel est toujours de savoir si ce que l’on peint, si ce que l’on sculpte, si ce que l’on chante est l’exacte expression de ce qu’il y a de plus profond dans le sentiment ; si l’on ne sacrifie rien de cette vision, invisible à tout autre, que l’on porte en soi ; si on ne lui donne pas une forme mensongère, si l’on ne se trahit pas. […] L’auteur est breton, il aime sa terre natale et il la chante pieusement, en parlant comme un enfant parle de sa mère. […] Pareille question et pareille réponse pourraient être faites à propos de la chanson, et si les Bérangers sont plus que rares aujourd’hui, c’est qu’ils n’auraient pas grand-chose à faire, même de la prison, puisqu’on peut chanter tout ce qu’on veut ; qu’est-ce que la force de la vapeur si on ne la comprime pas, celle du chansonnier si on ne l’opprime point ?
Tous, nous avons murmuré, avec un tremblement dans la voix et une émotion au cœur, ce chant divin des Vaines Tendresses : S’asseoir tous deux au bord d’un flot qui passe, Le voir passer ; Tous deux, s’il glisse un nuage en l’espace, Le voir glisser ; À l’horizon, s’il fume un toit de chaume, Le voir fumer ; Aux alentours si quelque fleur embaume, S’en embaumer ; Si quelque fruit où les abeilles goûtent Tente, y goûter ; Si quelque oiseau, dans les bois qui l’écoutent, Chante, écouter… Entendre au pied du saule où l’eau murmure L’eau murmurer ; Ne pas sentir, tant que ce rêve dure, Le temps durer ; Mais n’apportant de passion profonde Qu’à s’adorer, Sans nul souci des querelles du monde, Les ignorer ; Et seuls, heureux devant tout ce qui lasse, Sans se lasser, Sentir l’amour, devant tout ce qui passe, Ne point passer. […] Beaucoup de poètes l’ont chantée avant qu’elle fût recueillie dans vos proses. […] Jamais peut-être il ne retrouvera cette ingénuité de sentiments et d’expressions, cette jeunesse de l’esprit et du cœur, qui le faisait se retourner pourvoir étinceler des sequins de cuivre sur le corsage d’une jolie fille, et qui l’arrêtait sous les charmilles où chantait la voix douce d’Alexandra Alexievna… Il sait le russe. […] Aussitôt, les nobles, les prêtres, les fonctionnaires chantaient les répons. […] Sur les quatre faces, on a sculpté des bas-reliefs et gravé des inscriptions, qui furent composées, dit-on, par Eumélos de Corinthe : Œnomaos poursuit Pélops et Hippodamie, qui fuient sur un char attelé de chevaux ailés… Héraklès perce de flèches l’hydre de Lerne… Le roi de Thrace est défendu contre les Harpies par le fils de Borée… La Mort et le Sommeil défilent, avec la Nuit leur nourrice… La Justice frappe le crime… Idas enlève Marpessa aux beaux pieds… Zeus offre à Alcmène une coupe et un collier… Ménélas gronde Hélène… Les Muses chantent autour d’Apollon… Voici Borée qui enlève Orithye, Héraklès qui terrasse le triple Géryon, Thésée et Ariadne, le combat d’Achille et de Memnon, Mélanion et Atalante, le duel d’Ajax et d’Hector, Hélène et les Dioscures, Circé et Ulysse, Nausicaa se rendant au lavoir.
Les vers se chantaient réellement à voix haute. […] Bien vite les vers, au lieu d’être chantes, ont été déclamés. […] Ici, il a chanté. […] La plupart des poètes ressemblent à ces oiseaux qui ne chantent qu’à l’époque de l’amour. […] Ce n’est plus de la poésie chantée ; ni même parlée.
On ignore s’il fit le voyage d’Athènes, et s’il visita lui-même les écoles de la philosophie qu’il a chantée. […] La justice de ce blâme et l’infériorité de Lucrèce s’expliquent naturellement par l’influence de la philosophie qu’il a chantée. […] Dans les jeux littéraires que l’empereur avait établis, Lucain chanta la descente d’Orphée aux enfers, et Néron la métamorphose de Niobé ; on ajoute que Lucain remporta le prix, sans qu’il soit aisé de concevoir l’audace des juges. […] La musique était une de ses distractions ; il touchait de l’orgue, et chantait avec goût. […] On accusa la philosophie chantée par le poète d’être irréligieuse, au moins dans les conséquences.
Et c’est justement là l’avantage des petits sujets. » Tout se tient et se complète dans cette suite de recommandations poétiques : en conseillant la poésie naturelle, Gœthe ne dit pas de copier des scènes vulgaires ; en invitant le poëte à s’écouter lui-même, il ne dit pas non plus de roucouler des sentiments et des mélodies plus ou moins connus sur des thèmes et des sujets vagues : il veut un motif, un cadre et un dessin déterminés, et il demande que tout cela soit vu, observé, pris sur le fait, inspiré par la circonstance, dans les moyens et les données de celui qui chante et qui y met son accent, sa manière de comprendre et de sentir.
Quand Mme de Boufflers chantait plus tard ce couplet, elle s’arrêtait au dernier vers et disait : J’ai oublié le reste.
Si j’avais le temps de lui donner une petite éducation, je lui apprendrais à chanter Rabadablabadabla-blabla, pour que sur ma terre d’Afrique il puisse apprendre à ses semblables ce délicieux refrain, et peut-être qu’un jour tous les échos nous le répéteraient.
Mais les peuples d’humeur mobile et d’impression superficielle se mirent aussitôt à regretter à l’excès un prince que chacun bafouait la veille, et dont l’existence, si elle s’était prolongée, eût pu être pour eux un malheur et un fléau ; la pitié s’émut comme pour une victime ; les poètes qui ne cherchent que des thèmes le chantèrent ; on se plut à voir dans sa fin rapide un mystère de machiavélisme et de ténèbres.
Les passagers, oisifs, attablés, s’amusent et chantent, et dissertent entre deux vins.
Lui, il devait venir au temps de la belle Grèce et de la molle Ionie, en ces âges chantés et illustrés par l’antique Anacréon, par Alcée, par Ibycus, Solon, ou Mimnerme, ou par le, glorieux Pindare.
En voici quelques passages, quelques versets ou couplets, c’est bien le mot ; l’auteur, tout récemment alors époux et père, y chantait ses délices nouvelles et ses joies : « Si vous n’avez pas d’enfants, ayez-en d’abord ; ensuite vous lirez la première partie de ce livre.
Hauréau dans son Histoire littéraire du Maine ; mais la Savoie, que Peletier avait visitée et chantée, le dispute aux Manceaux, le revendique pour fils adoptif, et M.
Du Bellay donne très justement le précepte d’user à propos de l’infinitif pris substantivement : l’aller, le chanter, le vivre, le mourir, le renaître… La Fontaine a bien su en user de lui-même : Maître François dit que Papimanie Est un pays où les gens sont heureux.
Vous chantez si hautement les triomphes de l’Église et les fêtes de l’État, la mort des martyrs et la naissance des princes, qu’il semble que vos vers ajoutent de la gloire à celle du ciel et des ornements à ceux du Louvre ; les saints semblent recevoir de vous une nouvelle félicité, et M. le Dauphin une seconde noblesse. » Une étude particulière sur Balzac démontrerait à fond cette identité de nature qu’il a avec les rhéteurs des siècles inférieurs retracés par M.
Lorsque l’empire officiel presque tout entier s’agenouillait devant la Croix, un édit d’Honorius, publié en 3995, proscrivait les libations dans les festins, les torches funèbres, les guirlandes d’Hymen et jusqu’à ces dieux Lares tant chantés par les poëtes et si chers aux descendants des Arcadiens et des Pelages.
Mais, tout en disant qu’on avait peint son talent pour la danse, il ne faut pas dire simplement on, mais dire : Un pinceau savant peignit ta danse, tes succès sont connus, tes grâces sont chantées comme ton esprit, et tu les dérobes sans cesse au monde : la retraite, la solitude, sont ce que tu préfères.
Elle ressemble au drame antique, où, pendant que le narrateur fait le récit, le chœur du peuple chante la gloire, pleure les victimes et élève un hymne de consolation et d’espérance à Dieu !
Les principales parties du récit prennent une dénomination, comme les Chasseurs, les Laboureurs, etc ; c’était ainsi que, dans les premiers siècles de la Grèce, les Rhapsodes chantaient sous divers titres les fragments de l’Iliade et del’Odyssée.
Fénelon et Chateaubriand sont aussi poëtes par le sentiment et par l’image, c’est-à-dire par ce qui est de l’essence de la poésie, que les plus grands poëtes ; seulement ils ont parlé au lieu de chanter leur poésie.
Il aimait la campagne cependant, il s’y plaisait, quand parfois il faisait un séjour chez son neveu Dongois à Hautile, sur les bords de la Seine, ou à Bâville, dans ces bois, près de cette fontaine de Polycrène que Sainte-Beuve a chantés après lui.
Le chevalier de la Barre est roué à Arras en 1766 pour avoir chanté des chansons impies et mutilé un crucifix : Voltaire élève la voix en 1768 ; en 1775 il recueille un des camarades de La Barre, le jeune d’Etallonde ; il le fait instruire, recevoir au service du roi de Prusse, et travaille à le faire réhabiliter.
Il ne s’agit pas ici de la poésie telle que des théories récentes l’ont idéalisée, inspiration distincte de l’art, d’écrire en vers, chant intérieur que le poète se chante à lui-même, etc., images décevantes, à la suite desquelles on est allé jusqu’à l’excès d’ôter le nom de poète à Molière et à La Fontaine.
Et s’il inaugure depuis peu une manière en quelque sorte imprévue de chanter leur fait aux acteurs, lui qui savait leur être invariablement débonnaire, il serait exagéré de croire que ce soit la lassitude du spectacle qui lui en consent la fantaisie ; tout au plus pourrait-on penser que l’âge a vaguement modifié son humeur.
— Mon art, c’est ma prière : et, croyez-moi, nul véritable artiste ne chante que ce qu’il croit, ne parle que de ce qu’il aime, n’écrit que ce qu’il pense ; car ceux-là, qui mentent, se trahissent, en leur œuvre dès lors stérile et de peu de valeur, nul ne pouvant accomplir œuvre d’Art-véritable sans désintéressement, sans sincérité.
C’est là, du reste, la spécialité de cet aigrefin : il chante victoire à toutes ses défaites ; il prend des poses triomphantes sous tous les camouflets qu’il reçoit.
Le grand compositeur, sourd, misanthrope, amer pour tous, fut pour elle, dès la première visite, ouvert, confiant, abondant en bonnes et magnifiques paroles : il se mit aussitôt au piano, et joua et chanta, à son intention, ses chants les plus divins.
Ce chanoine, fils de Lesage, chez qui son vieux père alla finir ses jours, était un joyeux vivant lui-même : « il savait imperturbablement tout son Théâtre de la Foire et le chantait encore mieux que la Préface ».
Il était lors deux heures après minuit, et le bon Louis XVI, sans douté dans les bras du sommeil, ne s’attendait guère à cette proclamation, à recevoir, à son lever, une médaille, et qu’on lui ferait chanter, avec toute la Cour, un fâcheux Te Deum pour tout le bien qu’il venait d’opérer.
On donne aussi des concerts, on chante.
En effet, toutes ces grandes réprimandes qu’on leur fait dans leur première jeunesse, de n’être pas assez propres, de ne s’habiller point d’assez bon air et de n’étudier pas assez les leçons que leurs maîtres à danser et à chanter leur donnent, ne prouvent-elles pas ce que je dis ?
Mais, dans un article sur les obsèques de Sautelet (16 mai), Carrel lui-même ne disait-il pas, en voulant expliquer l’âme douloureuse de son ami : La génération à laquelle appartenait notre malheureux ami n’a point connu les douleurs ni l’éclat des grandes convulsions politiques… Mais, à la suite de ces orages qui ne peuvent se rencontrer que de loin à loin, notre génération a été, plus qu’une autre, en butte aux difficultés de la vie individuelle, aux troubles et aux catastrophes domestiques… Et pourquoi, s’il en était ainsi de cette génération, pourquoi interdire à la sensibilité particulière et sincère son expression la plus naturelle et la plus innocente qui est la poésie lyrique, consolation et charme de celui qui souffre et qui chante, et qui ne se tue pas ?
Beaumarchais avait sur la musique dramatique des idées fausses : il croyait qu’on ne pourrait commencer à l’employer sérieusement au théâtre que « quand on sentirait bien qu’on ne doit y chanter que pour parler ».
je ne sais pas, répond le curé, si j’avais fait chanter mes jeunes filles, ce matin, je vous le dirais… Oui, c’est très simple : quand il y a de l’humidité dans l’air, les cordes vocales de mes jeunes filles sont toujours au-dessous de l’orgue ; quand il fait sec, elles ont une tendance à monter au-dessus, à le dominer.
Dans l’autre cas, au contraire, le paysage écrit n’est pas une description, mais une construction de logique élémentaire ; les mots échouent à prendre des postures nouvelles, qu’aucune réalité intérieure ne détermine ; ils se présentent nécessairement dans l’ordre familier où la mémoire les a reçus : ainsi depuis cinq siècles les poètes français inférieurs chantent, avec les mêmes phrases nulles, le printemps virgilien.
On accepta leur offre, et voilà les gens de lettres qui dans la suite firent respecter leur emploi parce que sous prétexte d’amuser et de délasser le peuple, ils l’instruisirent ; ils chantèrent les lois, ils encouragèrent au travail et à l’amour de la patrie ; ils célébrèrent les vertus, ils inspirèrent aux pères de la tendresse pour leurs enfans, aux enfans du respect pour leur père ; et nos agriculteurs furent chargés de deux impôts qu’ils supportèrent volontiers, parce qu’ils leur restituaient autant qu’ils leur prenaient.
Puisqu’il s’emparait de l’idée chrétienne, de cette donnée qu’il faut accepter toute ou rejeter toute, car, si on est chrétien, il n’est pas permis de manquer à sa foi, et, si on est vraiment un homme, d’affaiblir par des arrangements de fantaisie, l’Évangile, l’Apocalypse, les Mystiques, la Légende et la Tradition, — puisque, ravi par la sombre splendeur du dogme de l’Enfer, il foulait d’un pied libre le cadavre de Voltaire, se souciant peu des rires que cet autre démon a semés sur les lèvres humaines, et se dévouant à chanter les supplices qui répugnent tant pour l’heure à notre spiritualisme épouvanté, il fallait qu’il allât jusqu’au cœur de l’idée chrétienne, il fallait qu’il la creusât dans tous les sens pour lui arracher toutes ses beautés !
« Je chante la croix.
Air à chanter. […] La premiere est celle qui fait le discours, c’est-à-dire, celle qui parle, je chante ; je est la premiere personne, & chante est le verbe à la premiere personne, parce qu’il est dit de cette premiere personne. La seconde personne est celle à qui le discours s’adresse ; tu chantes, vous chantez, c’est la personne à qui l’on parle. […] En Latin & en Grec les personnes grammaticales sont marquées, aussi-bien que les tems, d’une maniere plus distincte, par des terminaisons particulieres, τύπτω, τύπτεις, τύπτει, τύπτομεν, τύπτετε, τύπτουσι, canto, cantas, cantat, cantavi, cantavisti, cantavit ; cantaveram, cantabo, &c. au lieu qu’en François la différence des terminaisons n’est pas souvent bien sensible ; & c’est pour cela que nous joignons aux verbes les pronoms qui marquent les personnes, je chante, tu chantes, il chante. […] A l’imitation de cette façon de parler latine, nos adjectifs sont souvent pris adverbialement ; parler haut, parler bas, sentir mauvais, voir clair, chanter faux, chanter juste, &c. on peut en ces occasions sousentendre une préposition & un nom substantif : parler d’un ton haut, sentir un mauvais goût, voir d’un oeil clair, chanter d’un ton faux : mais quand il seroit vrai qu’on ne pourroit point trouver de nom substantif convenable & usité, la façon de parler n’en seroit pas moins elliptique ; on y sousentendroit l’idée de chose ou d’ètre, dans un sens neutre.
La République des Lettres devient une démocratie des lettres : le peuple chante, le peuple lit, le peuple écoute. […] Le peuple chante, et la vraie poésie révolutionnaire est en effet, ou aurait dû être, de la poésie chantée, telle que l’appelaient les fêtes populaires. […] En cessant de le chanter, on a cessé de le lire, si tant est qu’on l’ait jamais lu autrement que comme un souvenir ou une promesse du chant, du refrain repris autour de l’oie aux marrons de M. […] Le poète chante pour chanter. […] Non les voûtes gothiques : « La Cathédrale (gothique), dira plus tard le commentaire de la pièce, n’est qu’un vaste sépulcre, tout y est tombe, tout y gémit, rien n’y chante.
Si la jeune fille chante, « que ce soit doulcement, et chansons honnestes, graves et décentes ». […] Et la femme de bien « chantera perpétuellement des hymnes avec les bienheureux » ; et « elle sera joyeuse de la justice rigoureuse que Dieu rend aux mauvais ». […] Avec quel art, avec quelle hardiesse mesurée, quelle grâce dans l’encanaillement, quelles torsions du buste, quelles invites des yeux baissés, quelles façons de relever les dentelles des jupons comme une guirlande, et d’adresser pudiquement à l’heureux Raoul d’Arnay-Lahutte, comme un décisif hommage, l’encensement effréné des deux fines jambes moulées en noir parmi l’écume des tulles et des batistes… si vous voulez le savoir, je ne puis que vous envoyer aux Variétés ; car ces choses dépassent tout à fait mes facultés descriptives… Et j’ai oublié de vous dire que Réjane, auparavant, avait chanté, par gestes, la romance de Jenny l’ouvrière, et que cette mimique était si parfaite que, en vérité, on entendait la chanson. […] Tout cela est vrai, peut-être ; mais je relis le Passant, et il est également vrai que la forme en est restée élégante et fraîche ; que ces vers sont à la fois adroits et naïfs et que, si l’on écoute gazouiller, se plaindre Zanetto et Silvia, sans trop se soucier de ce qu’ils disent, la chanson qu’ils chantent est toujours bien jolie. […] Académicien, confrère d’un évêque, de plusieurs ducs, et de divers professeurs et moralistes, il n’a pas été hypocrite ; il n’a pas craint de chanter l’idylle faubourienne de sa quarante cinquième année.
Boïto, ont broché sur Faust d’autres Faust que nous connaissons mieux ; Wilhelm Meister nous chante les romances de M. […] Il chantait avec elle, il répétait avec elle, il se promenait avec elle, il « mangeait » avec elle, il passait ses soirées avec elle ; et il la célèbre sur un ton qui franchit bravement les « limites » de l’enthousiasme : Ainsi, faites place ! […] Si j’ai chanté imprudemment le courage et la liberté, la loyauté et la liberté sans peine, l’orgueil de soi-même et le contentement du cœur, j’ai mérité la belle faveur des hommes. […] Comme nous sommes émus quand le poète chante pour éviter la mort qu’apporte la séparation ! […] Est-ce elle que Tasse a chantée ?
4° Mais déjà, quelque estime que nous fassions de Phèdre, la tragédie semble y tendre, par le lyrisme, vers une forme d’elle-même plus pompeuse, plus décorative, plus ornée ; et, Quinault survenant, avec ses opéras, ses Atys et ses Rolands, ses « doucereux Rolands », son vers fait pour être chanté, pour être surtout fredonné, du vivant même de Racine la décadence commence. […] Il y a seulement cette différence, ou cette nuance, que tandis que les uns, les précieux, cherchent plutôt leurs effets dans la subtilité des pensées et dans le raffinement de l’expression, les autres les demandent plutôt à l’énormité des hyperboles ou à l’ampleur des mots : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre… Balzac est plus « emphatique », et Voiture est plus « précieux », mais le grand Corneille a souvent trouvé le secret d’être à la fois l’un et l’autre… Impatients désirs d’une illustre vengeance, A qui la mort d’un père a donné la naissance, Enfans impétueux de mon ressentiment… Si d’ailleurs vous étiez curieux de bien préciser la nuance, la recherche en serait intéressante, et même le sujet serait à peu près neuf. […] Mais, mon esprit, si tu désires chanter les combats, ne contemple point d’autre astre plus lumineux que le soleil pendant le jour dans le vague de l’air, car nous ne saute rions chanter de combats plus illustres que les combats olympiques. » — Vous vous moquez de moi, lui dit la présidente. […] de chanter ou de ne pas chanter les jeux olympiques ? […] On se trouvait tout d’un coup reporté à ces temps où des cénobites, après avoir médité dans les bois de leurs monastères, se venaient prosterner à l’autel, et chanter les louanges du Seigneur dans le calme et le silence de la nuit.
C’est là certainement la plus ancienne origine des pièces chantées, et la première et grossière image des opéras. […] Jacques de Boys, auteur de Comédie et Réjouissance de Paris, poëme dramatique représenté en 1559, composé à l’occasion du mariage du roi d’Espagne et du prince de Piémont avec Élisabeth et Marguerite de France, à la fin duquel poëme ces princesses chantent des épithalames. […] Des couplets furent chantés, il s’ensuivit une espèce de baccanale qui, de nos jours, paraîtrait fort innocente, et qui parut alors un attentat à la religion. […] Afin que le public ne prît point trop d’ennui, des chœurs, à l’imitation des anciens, chantaient pendant cet intervalle. […] Persécuté par le cruel Tibère, Empoisonné par le traître Pison ; Il ne lui restait plus, pour dernière misère, Que d’être chanté par Pradon.
Témoin celui qui dit : « Ici sur Ennius, Romains, jetez les yeux ; Par lui furent chantés vos célèbres aïeux. « Tout ce qu’Ennius demande pour avoir chanté la gloire des pères, c’est que les enfants fassent vivre la sienne.
Dans l’herbe, une société lit tout haut une joyeuseté bête de petit journal ; sur l’eau, des canotiers en vareuses rouges chantent du Nadaud ; au détour d’un saule nous rencontrons une connaissance : c’est un millionième d’agent de change ; enfin dans un coin, où nous espérions être à nous-mêmes, il y a un paysagiste qui peint, à côté d’une côte de melon oubliée. […] Parce qu’il donnait des pensions pour qu’on le chantât….
Il me dit qu’il y a quelques années, faisant un voyage en Suisse, il entrait dans une brasserie, où le patron chantait, en faisant ses comptes, le garçon en rinçant les verres, la fille, en balayant, tandis que chez nos marchands de vin, patrons et domestiques, tout est morne. […] Et au milieu de ces sentiments, comme un monument s’élevant dans leur cœur, fait d’un tas d’illusions de leur passé, — de leur passé à distance, — en sorte que des femmes, qui ont été peu heureuses dans leur ménage, se figurent avoir aimé leur tyran, et en chantent l’éloge.
Le musicien, lui, n’a qu’à se chanter intérieurement une série de mélodies pour éveiller les souvenirs de telle période de son existence. […] Je me défie d’un poète qui ne voit ni caractère, ni gloire dans son époque, et fait rouler son âme cinq cents ans en arrière derrière fossés et pont-levis, dans la cour d’un vieux château, pour y chanter quelque noir chef50. » IV — Déplacement dans l’espace et invention des milieux.
Des aphasiques, incapables de prononcer spontanément un mot, se remémorent sans erreur les paroles d’une mélodie quand ils la chantent 7. […] Je puis saisir une mélodie, en suivre le dessin, la fixer même dans ma mémoire, et ne pas savoir la chanter.
., — le rouge chante la gloire du vert ; le noir, — quand il y en a, — zéro solitaire et insignifiant, intercède le secours du bleu ou du rouge. […] Lui seul, peut-être, dans notre siècle incrédule, a conçu des tableaux de religion qui n’étaient ni vides et froids comme des œuvres de concours, ni pédants, mystiques ou néo-chrétiens, comme ceux de tous ces philosophes de l’art qui font de la religion une science d’archaïsme, et croient nécessaire de posséder avant tout la symbolique et le traditions primitives pour remuer et faire chanter la corde religieuse. […] Ainsi l’on peut chanter devant toutes les toiles de M.
chantait d’abord le père en traînant sa voix dont la dernière note était étouffée par le bruit de ses grossiers sabots sonnant sur le pavé. […] Quelquefois, ce n’est pas le drelin de la sonnette qui vous éveille, — c’est le grattement clandestin d’une petite main impatiente : — vous n’iriez pas ouvrir, que la porte s’ouvrirait d’elle-même plutôt que de la laisser se morfondre une minute, cette matinale visiteuse qui vous arrive, bouquet de roses rouges aux joues, bouquet de violettes aux mains— tandis que l’hiver chante dans la rue par la voix du ramoneur : À pau apin ! […] V Londres, le… J’ai assisté hier à une représentation de la troupe italienne au théâtre de la Reine ; mademoiselle Alboni chantait la Cenerentola. […] Scribe, eût été une galerie d’Apollon, — et on a apporté sur la scène, pour chanter le duo assis, deux fauteuils sur lesquels un gamin du boulevard n’aurait pas voulu monter, même pour voir le feu d’artifice. […] Cependant un jeune homme qui sait adroitement jeter quelque ô mon Dieur-je dans la conversation peut encore se présenter dans un salon. — Si l’Alboni chante, on la fera taire. — Ce sera d’abord une occasion d’éviter l’art, une chose que le public moderne n’aime pas, parce qu’elle offense la vulgarité de ses goûts.
C’est descendre, sans doute, de l’Olympe où chantent les Muses, mais c’est descendre pour vivre et vivre vaut bien ce sacrifice. […] Le romantisme, en passant sur l’Europe, l’avait unie dans un même frémissement ; les aines avaient palpité an souffle d’une même inspiration ; toutes les langues, en des mots divers et de diverses façons, avaient chanté un même idéal. […] Un courant que nous ne dirigeons pas, et qui nous vient d’ailleurs, nous emporte bien loin des rives aimées où chantent les belles muses et nous voguons sur une mer incertaine, sous un ciel où flottent les rideaux sombres des brumes septentrionales. […] On verra comment la pensée méditative prend, de nos jours, la place des passions absentes : Le cœur gai s’enivre de l’heure Qu’embaume le beau soir d’été, Où le rossignol a chanté Dans l’arbre que la brise effleure. […] Les prouesses guerrières et les faits d’armes auxquels se livraient, casque en tête et lance au poing, les chevaliers nos aïeux, et que les troubadours allaient chanter de castel en castel durant les soirées d’hiver, nous les accomplissons, nous, dans les méditations silencieuses de nos chambres d’étude, pendant les longues heures des nuits sans sommeil, où, corps à corps, nous luttons avec la destinée.
Comme le musicien fait chanter les voix, le décorateur fait chanter les lignes. […] Pour nous décrire un tableau, ils emprunteront les termes du vocabulaire sonore ou musical ; ils nous parleront de rouges ronflants, de verts criards, de bleus qui chantent, d’une note jaune qui fait tapage, d’harmonies et de dissonances chromatiques. […] Il faudra donc que l’artiste donne avant tout l’éveil à mon imagination auditive par la nature même des scènes qu’il me mettra devant les yeux : la mer démontée, une bataille, un pâtre jouant de la flûte, des musiciens accordant leurs instruments, des enfants de chœur la bouche ouverte, une jeune fille qui chante à l’orgue et emplit visiblement de sa voix le vide immense de la nef. […] Ce vers que l’artiste a gravé sur le bois ou le cristal et qu’il a entouré d’emblèmes, il l’avait présent à l’esprit au moment de la création ; il se le chantait à lui-même, et prenait plaisir à en traduire la couleur et la sonorité même dans les images qu’évoquait sa fantaisie ; quand il n’y eût pas fait attention, d’elles-mêmes, par instinct d’harmonie, ses visions eussent pris le ton de cette chanson intérieure et en eussent fait la contrepartie. […] Cela lui est-il venu « en écoutant chanter le rossignol » ?
Mais soit qu’il chante, soit qu’il décrive, qu’il se plaigne ou se réjouisse, il ne se résigne jamais au récit. […] Il parle, il est écouté ; il chante, il est écouté ; il danse, il est écouté encore ; il se croise les bras, et la foule s’inquiète de son oisiveté. […] C’est à eux de plier le genou, de me tresser des couronnes ; qu’ils viennent donc, et je chanterai pour eux. […] Le duel de la France avec l’Europe, et les voluptés efféminées du Luxembourg n’avaient pas besoin d’être chantées. […] Nous n’espérons pas que notre avis, si juste qu’il puisse être, suscite un poète selon notre volonté, irréprochable aux yeux de notre conscience, et pour lequel nous n’ayons plus à chanter qu’un éternel hosannah.
Le dimanche matin, le roi de France, qui avait grand désir de combattre, fit chanter la messe solennellement dans son pavillon et y communia avec ses quatre fils.
Les muses étaient les filles de Mémoire. « On parlait pour dire vrai, on chantait pour dire plus vrai encore. » Mythos, qui plus tard a voulu dire fable, dans la langue homérique signifie discours et vérité.
Hamlet, Werther, Childe Harold, les Renés purs, sont des malades pour chanter et souffrir, pour jouir de leur mal, des romantiques plus ou moins par dilettantisme : — la maladie pour la maladie.
C’est là, dans cette vallée qu’ont chantée les poètes, au milieu de la société d’amis de son choix, qu’il se recueillit de nouveau, fit son examen de conscience et se dit sans doute qu’il avait assez et trop dépensé de sa vie à des efforts infructueux, à des collaborations politiques sans résultat et sans issue : il résolut de redevenir une dernière fois ce que la nature l’avait surtout prédestiné à être, un observateur historique et un écrivain.
Son idéal pourtant à lui, c’était le temps de la régence d’Anne d’Autriche, avant la Fronde, de 1643 à 1648 : il a chanté cet heureux temps dans ses stances les plus passables : J’ai vu le temps de la bonne Régence… Sa pièce la plus jolie et la plus citée est la Conversation du Père Canaye et du maréchal d’Hocquincourt.
« Il y en avait aussi qui semblaient, dans un recueillement profond, écouter une parole secrète, et puis, l’œil fixé sur le couchant, tout à coup ils chantaient une aurore invisible et un jour qui ne finit jamais.
Sur la brise réglant leur suave harmonie, Ils chantaient du bleu ciel la douceur infinie, Et sous leurs pas légers le gazon incliné Remplissait de senteurs le val abandonné8.
Quel qu’ait pu être Guillaume de Lorris, noble, bourgeois ou vilain, il avait étudié, et il adressait son poème à la société aristocratique, à celle qu’avait ravie Chrétien de Troyes et pour qui chantait précisément en ce temps-là le comte Thibaut de Champagne.
Et pendant tout le temps des représentations, à la fin de chaque journée, ils se rendent à la même église pour chanter un Salve, Regina.
Il prit son parti de trouver chez Frédéric moins de philosophie généreuse et plus d’activité intéressée qu’il n’avait cru et chanté : il se décida à rire du démenti violent que l’invasion de la Silésie donnait à la réfutation de Machiavel.
Vous l’entendez chanter à votre oreille, n’est-ce pas ?
Voici ce qu’on chante à une « première messe » : Vous, anges de la loi de grâce, Venez tomber à ses genoux, Et devant ce prêtre qui passe, Anges du ciel, prosternez-vous.
Et surtout il me semble toujours que, ce qu’ils expriment, je pourrais l’éprouver, que c’est mon âme à moi, qui parle dans leurs vers, et qu’elle chante, par eux, ce qu’elle n’aurait su dire toute seule.
Il était défendu aux nouveaux mariés de danser et de chanter le jour de leurs noces, et de porter des souliers à la mode de Berne.
Il y chante son luxe et son bien-être ; le chant n’est guère propre à toucher ceux qui ne peuvent pas vivre de sa vie ; mais la nature y parle, et les vers sont écrits de verve.
Hors de la famille, il a sa cour ; il a ses journaux qui paraissent tout exprès pour lui ; il a une armée de conteurs qui travaillent à l’amuser et à l’instruire ; il a des artistes pour le peindre, des poètes pour le chanter, et parmi ceux-ci vous trouverez les plus grands.
Mais alors à quoi riment les grands airs de la tentation qu’elle lui chantait tout à l’heure ?
L’Étrangère arrive, tandis qu’on chante sa cantate, signalée par un billet transmis à la duchesse, où elle offre de payer vingt-cinq mille francs, au profit des pauvres, la tasse de thé qu’elle voudra bien lui offrir.
Elle sait la musique parfaitement, elle chante avec toute la gaieté et tout le goût possible, sait cent chansons, joue la comédie à Étiolles, sur un théâtre aussi beau que celui de l’Opéra, où il y a des machines et des changements… La voilà au vrai telle qu’elle était avant Louis XV.
Car il aime, il revit, il espère ; il va chanter comme autrefois, et la source d’harmonie va de nouveau abonder dans son cœur et sur ses lèvres.
Comme c’est l’interprétation parlante de la tragédie, telle qu’elle fut conçue dans le cerveau d’un Racine, déclamée, chantée, dansée par une Champmeslé, applaudie par les gens bien nés d’alors et les seigneurs sur les banquettes.
Et il nous parle d’une visite et d’une saisie de papiers, faites à quatre heures du matin, chez un membre d’un club de Paris, sous prétexte de conspiration, pour prendre dans son secrétaire, une correspondance de jeune fille, avec laquelle ce monsieur voulait faire chanter la famille, au moment du mariage de la jeune fille.
Le jour où, dans les collèges, les professeurs de rhétorique mettront Juvénal au-dessus de Virgile et Tacite au-dessus de Bossuet, c’est que, la veille, le genre humain aura été délivré ; c’est que toutes les formes de l’oppression auront disparu, depuis le négrier jusqu’au pharisien, depuis la case où l’esclave pleure jusqu’à la chapelle où l’eunuque chante.
Leurs idées, ce sont des oiseaux posés sur leur épaule et qui leur chantent un chant de consolation.
Il chanta sur le même théâtre plusieurs jours de suite, et ne négligea point pour son succès les précautions aujourd’hui si fort usitées. […] Après avoir achevé son prélude, il fit dire au peuple, par l’organe de Cluvius Rufus, personnage consulaire, qu’il chanterait le rôle de Niobé. Il chanta de même plusieurs autres rôles tragiques sous le masque : les masques d’hommes étaient faits sur le modèle de sa figure, et les masques de femmes ressemblaient au visage de ses maîtresses. Les tragédies où il chanta avaient pour titre : Canacée en travail d’enfant ; Oreste, assassin de sa mère ; Œdipe s’arrachant les yeux ; Hercule furieux. […] Vespasien, depuis empereur, commençant un jour à s’assoupir aux premières mesures d’un air chanté par Néron, fut heureusement réveillé par son affranchi qui le poussa rudement.
D’autres républicains contre l’Espagne armés » Sous les feux du Midi chantent leur délivrance. […] « Trop tard le tonnerre. » Mais elle réussit cependant fort bien et plus d’un combattant de Juillet, en entendant chanter sur les théâtres : En avant ! […] Nescio quid, ma jus Polyeucto nascitur… Sainte-Beuve avait donc chanté la palinodie sur le mode lyrique. […] Tout ce qui sculpte, peint ou chante allait épris De la vierge d’ivoire où renaissait Cypris Lorsqu’à mes pieds tombait l’écume des dentelles… Des dentelles dans l’antiquité, c’est un peu inattendu ; mais tout coup vaille ! […] Toi, tu vas exiger de Démosthène que demain il chante la palinodie, qu’il revienne sur ce qu’il a dit aujourd’hui, qu’il se fasse le défenseur d’Harpalos.
Une fort jolie ballade de Pierre Dupont, La légende de Claudie, vraiment fort jolie, a été chantée à ravir par Mme Amel. […] Je souhaiterais que la ballade de Pierre Dupont fût chantée tous les soirs ; elle le mérite ; et puis, elle finirait par s’intercaler en quelque sorte dans Claudie elle-même, et elle serait très loin de la déparer, et elle passerait ainsi à la postérité. […] Et l’on chantera son épithalame ; Un bébé rosé lui dira : « Maman ! […] A tel point que le coq a chanté. […] Elle ne connaissait pas le truc, très connu et très pratiqué, qui consiste à être l’amant d’une femme riche et à la faire chanter par le moyen d’un compère.
La princesse, piquée, donnerait sa couronne pour voir Carlos mourir d’amour ; elle espère le toucher par la douceur enchanteresse de sa voix ; son cœur, le dépit et l’espoir lui dictent les chansons les plus tendres ; pas un son, pas un mot dont la mélodie, dont la délicatesse ne portent le trouble dans l’âme du prince ; il est prêt à convenir de sa défaite, mais il est retenu par son valet et la crainte de perdre le fruit de la plus cruelle des contraintes, et va se mêler à des musiciens qui affectent de chanter toutes les belles de la cour, sans prononcer le nom de Diane. […] Je regrette la scène dans laquelle la princesse chante pour attendrir le cœur de Carlos ; je regrette la contrainte de l’amant, le plaisir secret qu’il goûte et les combats qu’il éprouve ; je regrette surtout cette fête galante, cette loterie ingénieuse que l’amour lui-même paraît avoir inventé pour faire les beaux jours de son empire. […] Roze, de l’Académie, après avoir traduit en latin le couplet que chante Sganarelle, et qui finit par ces vers : Ah ! […] Une femme y chante : Ma bouteille, si la saveur, De ce vin répond à l’odeur, Je prie Dieu et Sainte Hélène, Qu’ils te maintiennent toujours pleine. […] Il est encore tout simple que dans l’intermède du second acte, les garçons tailleurs dansent pour se réjouir de la prodigalité de Jourdain, mais la manière dont ils le déshabillent en cadence, est d’un plaisant un peu forcé ; le ballet des cuisiniers tient à la chose, aussi est-il amusant ; le trio chanté pendant le repas n’est point déplacé.
Et une voix, sortant de cette guenille, une voix d’un voyou qui muse, chante : C’est la vérité pure, Vous qu’avez bon cœur, Plaignez une créature, Q’az-évu des malheurs ! […] * * * — Un chalet d’opéra-comique et de vaudeville, sur le balcon duquel on s’attend toujours à voir des groupes chanter une ronde, comme au théâtre, en levant au ciel des flûtes de Champagne ; un jardin qui n’est presque qu’une salle à manger en treillage, avec des médaillons de célébrités en terre cuite, fouillés par Garrier-Belleuse : c’est le chalet de l’administrateur des eaux, C…, une maison dont on tourne sans cesse le bouton de cuivre, maison toujours mangeante, chantante, recueillant au passage toutes les notoriétés, et toutes les voix jeunes et vieilles : hier les frères Lionnet, aujourd’hui le vieux Tamburini !
Suzanne Bernard « dessinait, elle chantait, elle s’accompagnait du théorbe, elle avait de la lecture et faisait des vers3 ». […] Mais c’est beaucoup ; « Peindre chanter, poétiser » avec magicienne, c’est ressentir avec générosité et grandeur. […] Si ce n’est pas la piété de la Croix, comme on le pense à Saint-Sulpice, qui apaise en lui l’homme d’âpre caprice et de mépris, c’est du moins la piété du beau, la piété de tout ce qu’il chante lui-même divinement : la jeunesse, la gloire, l’amour, le passé : les ruines, la tombe. […] Elégiaque qu’on appellerait volontiers divin, nul n’avait jamais chanté avec tant de suavité et d’harmonie le mol enthousiasme de la volupté, la mélancolie de l’espérance, les délicieuses langueurs du souvenir et du rêve amoureux, ni tout ce que la beauté de la nuit, le silence de la terre et le murmure des flots ajoutent d’émotion à l’amour. […] Allons, coiffe ta mitre, allons mets ton licol, Chanté, Vieux prêtre infâme147.
— Nous assistons, en ce moment, m’a-t-il dit, à un spectacle vraiment extraordinaire, unique, dans toute l’histoire de la poésie : chaque poète allant, dans son coin, jouer sur une flûte, bien à lui, les airs qu’il lui plaît ; pour la première fois, depuis le commencement, les poètes ne chantent plus au lutrin. […] La poésie consistant à créer, il faut prendre dans l’âme humaine des états, des lueurs d’une pureté si absolue que, bien chantés et bien mis en lumière, cela constitue en effet les joyaux de l’homme : là, il y a symbole, il y a création, et le mot poésie a ici son sens : c’est, en somme, la seule création humaine possible. […] Au moyen âge il eût été un mince prêtre syllogisant sur le dogme ; après le grand siècle, nos humanités en ont fait un classique rhéteur qui, postérieurement à Lamartine et Vigny, est resté classique, sur lequel s’épanouissent des fleurs factices de mysticisme, et qui chante des mélopées vagues mais délicieuses. […] Je devinais l’auteur résumant en lui cette tristesse et cette angoisse opprimantes des choses, et les traits creusés par les fièvres, et l’œil glauque de Mæterlinck, je m’apprêtais à les peindre ; l’idée même de l’approcher me laissait dans une curiosité vaguement inquiète, et je l’attendais, rêveur, dans le salon de l’hôtel, en écoutant les vitres chanter sourdement sous les grosses gouttes de pluie, quand il entra. […] Aux accents des psaumes liturgiques sacerdotalement chantés sous les sombres piliers, elle mêle au grand soleil le cri de protestation de ses besoins physiques et l’hymne des revendications de la chair.
Herriot, Painlevé, Thibaudet battraient des mains, et au rythme de leurs applaudissements la République des professeurs n’aurait plus qu’à chanter le refrain de la célèbre chanson : Si cette histoire vous amuse Nous pourrons la la la recommencer. […] De la volupté coloniale au patriotisme de l’inconscient La France coloniale, de saint Louis au duc d’Aumale (lequel, soit dit en passant, a donné ses nom et titre de noblesse à une des trente-deux positions particulièrement honorée dans la géométrie bordelière), du duc d’Aumale à Lyautey, toute la France coloniale, la passée, la présente, la future, avec son cortège de missionnaires-massacreurs, se devait n’est-ce pas, Victor Hugo, de chanter les Orientales : Sarah belle d’indolence, se balance… La maquerelle, très Européenne et fière de l’être, tape dans ses mains : Sarah, Sarah, allons vite au salon. […] Et de fait, elle se mit à chanter, à tue-con, un Ave Maria, qui me valut de revivre certain matin de mon enfance, dans une chapelle, où, pour en revenir à Jésus, se trouvait un chemin de croix, au sujet duquel, il est grand temps, aujourd’hui, de m’expliquer.
« En un mot, les vrais poëtes de cette époque et de ces origines romantiques françaises sentaient et chantaient d’après eux-mêmes, bien plus qu’ils ne songeaient à imiter ou à étudier.
Son âme semble habitée par des milliers d’oiseaux qui ne chantent pas ensemble, mais qui se craignent et se fuient. — Douce et agitée toujours !
Dans les dernières années de François Ier, l’influence de Marguerite, celle même de la duchesse d’Étampes, favorisaient à la cour une sorte de poésie semi-calviniste ; les courtisans chantaient les psaumes de Marot ; Diane de Poitiers, en arrivant à la pleine puissance, désira d’autres chansons, et le cardinal de Lorraine, bon catholique, fut de son avis.
Je ne puis pas écrire au duc de Bordeaux, bien que nous ayons chanté sa naissance et conservé nos fidèles respects à son exil dans quelque situation où nous nous soyons trouvés depuis 1830.
Politien chantait ce que Laurent faisait.
Une autre invention, non moins malheureuse du poète allemand, est celle des chœurs qui ne chantent pas comme dans Racine, mais qui parlent.
Le Génie du christianisme Le Te Deum qui célébrait la conclusion du Concordat fut chanté le 18 avril 1802 : le même jour le Moniteur reproduisait l’article de Fontanes sur le Génie du Christianisme, qui venait de paraître.
Il fut vrai avec lui-même, vrai avec ses lecteurs ; et c’est plaisir de l’entendre parler ainsi aux Muses, dont il venait de restaurer le culte : Quand le sang bouillant en mes veines Me donnoit de jeunes désirs, Tantôt vous soupiriez mes peines, Tantôt vous chantiez mes plaisirs.
… » Elle passait ses journées à chanter les cantiques de Marseille, qui étaient son livre de prédilection 24, surtout le cantique de joseph : Ô Joseph, ô mon aimable, Fils affable, Les bêtes t’ont dévoré Je perds avec toi l’envie D’être en vie ; Le Seigneur soit adoré !
Schiller chantait la liberté morale, l’effort de la vertu, et tendait au sublime ; Goethe, cherchant la beauté calme et fine, reproduisait plutôt, comme un miroir fidèle, les conditions naturelles de la vie.
Parfois, au contraire, la familiarité est si grande que le présent fait renaître le passé avec tous ses détails et toutes ses circonstances : Les voilà, ces buissons où toute ma jeunesse Comme un essaim d’oiseaux chante au bruit de mes pas.
Villemessant blaguant l’appétit de celui-ci, les fours de celui-là, criant à sa femme : « Bois du bordeaux, ça te fera vivre quinze jours de plus », appelant « Fouyou » sa fille, qu’il traite en vrai gamin, et nous disant : « On m’a demandé à Blois qui vous êtes, j’ai répondu que vous étiez les frères Lionnet, des chanteurs de chansonnettes, et que vous alliez chanter quelque chose aux fêtes. » Il y a parmi les convives un dur à cuire de 76 ans, qui en paraît 40, et qui est en pantalon blanc, en redingote de lasting, en chaussettes de soie dans fins escarpins.
. — Allons, leur dis-je, vous êtes heureux, vous autres, chantez ou rêvez à votre aise ; moi, il faut que je raconte mon histoire de chaque semaine.
On y voit les mœurs des soldats, sous les tentes qu’ils habitent ; les uns chantent, les autres boivent, d’autres reviennent enrichis des dépouilles du paysan.
Capefigue de la voix qu’on a quand on chante dans la nuit, trappistes de théâtre, puritains de spéculation et de Bourse, avons-nous bien le droit, au milieu de nos Thébaïdes de plaisir, de nous montrer si impitoyables pour le siècle de nos aïeux ?
En voilà un qui efface le grand philosophe, quand il s’agit de chanter Mme de Hautefort !
Mais cette réputation convenue, qui lui chante toujours la même chose, a fini par l’impatienter.
Il demeure discret et sobre, comme il l’est d’ordinaire, mais, à une certaine grâce mélancolique, on devine le futur auteur de Dominique, comme dans cette description de la petite danseuse kabyle endormie : « Entre quatre et cinq heures, la pluie cessa ; on entendit la voix des coqs qui n’avaient pas chanté depuis minuit.
Aussi nous le voyons, sous cette forme, s’élever bientôt après avec le prophète, et en imiter sinon la brièveté rapide, du moins la grandeur : « Chantons le Seigneur, qui, sur la face de la vaste mer, a vaincu le Thrace cruel.
Mais, pour dire que naturellement il sent ainsi, il est curieux — étant donnée la suprême négation de tout le « Symbolisme » — de citer sur Zola un passage de la lettre que m’écrivait André Fontainas à propos de ma Légende d’âmes et de sangs, 1885 : « Vos vers tourmentent le cerveau, ils chantent, ils frémissent, ils hantent. […] (Montpellier, Octobre 90) — Louis Le Cardonnel vient à nous « amené par les méditations de la vie à une poésie plus large, où l’on soit poète au sens antique — et prochain — du titre, de chanter ce qui sera. » (Valence, avril 90) Ils viennent tous (et cet allant et clair Marcel Batilliat, aux « Ecrits » l’exquis poète musical et rythmique — et qui le demeurera, lorsque, d’une conception renouvelante qui lui appartient en propre, il comprendra le roman moderne en signifiante « Synthèse décorative de la vie » et en tiendra une maîtrise Marcel Batilliat à dix-huit ans, qui adorablement m’écrivait : « C’est un grand honneur que vous me faites, à moi, un Jeune, mais qui ai du moins, à défaut de talent, la passion de l’art et une foi absolue en lui ! […] Que l’on entende chanter, par exemple, le doux poême « Apparition » : La lune s’attristait. […] Je sais, l’on peut voir en ce Cygne, captif de la glace du lac « pour n’avoir pas chanté la région ou vivre », une réplique de « l’Albatros » de Baudelaire.
Il donnait dans son palais des spectacles étranges et puérils, où des cabotines en robes blanches, les cheveux poudrés de violet, étaient crucifiées pour l’amour de Satan, qui était aussi Jésus, et où le chœur des cochers verts et le chœur de cochers bleus chantaient alternativement des hymnes ésotériques devant Théodora, la chercheuse, qui rêvait, les yeux fixés sur le scorpion d’améthyste allongé entre ses deux seins, cependant que des vaporisateurs exhalaient des parfums verts, bleus, jaunes, rouges, subtilement assortis aux vêtements des interprètes, à leurs paroles rythmées et aux musiques de l’orchestre… Et le prince Renaud marchait par la ville, escorté de jeunes gens généralement chevelus et mal bâtis, et qui, sous leurs esthétiques abstruses, dissimulaient des prudences de notaires, des vanités de ténors, des intolérances d’imbéciles et quelquefois des aspirations de simples sodomites. […] Voici, par exemple, un quatrain : Les Vierges pâles, les Vierges frêles sont très lasses d’avoir chanté Et les voix amicales qui venaient de chanter se sont tues ; Dans le ciel lourd et gémissant ne brille plus nulle clarté ; Oh ! […] Maxime Du Camp se rembrunissait singulièrement, et que les nouvelles idées sociales commençaient à germer dans les esprits ; la génération précédente, celle de l’Empire et de la Restauration, qui ne faisait que : « rire, chanter et boire », les « Joyeux drilles » avaient fini leurs flonflons réglementés par les chansonniers du Caveau : J’ai toujours eu en dédain les chansonniers dont la muse titubante célèbre le jus divin, le sang de la treille, les dons de Bacchus, « les joyeux drilles et les francs lurons ».
Chaulieu, qui a chanté la volupté, mais qui n’a pas, comme Rousseau, prostitué la poésie dans la sale débauche, contribuera mieux encore à montrer l’influence que les mœurs avaient déjà exercée sur les lettres. Cette société du Temple, dont il a chanté les plaisirs avec tant de grâce et d’abandon, était l’héritière de la société des Tournelles. […] Il faut, pour la poésie épique, la vive et libre imagination des premiers âges ; il faut que les lumières n’aient point encore affaibli la force des croyances, l’exaltation des sentiments, la variété et la vigueur des caractères ; l’épopée ne peut être chantée qu’à des peuples simples, et pour ainsi dire enfants, sensibles aux charmes des longs récits, amoureux des merveilles, ignorants des explications et des critiques. […] Tantôt sa muse a chanté les amours légères et voluptueuses de sa jeunesse, les charmes d’une vie facile et épicurienne, les plaisirs de l’amitié, les succès de l’amour-propre ; après, elle s’est entretenue avec les sciences, et les a animées de son feu ; plus tard, elle est entrée en commerce avec les rois, et a prêté à la flatterie le masque de la familiarité ; puis elle s’est plu à peindre les douceurs de la retraite et de la liberté, le déclin de l’âge, la fin des amours ; enfin, quand elle a été confidente de la vieillesse, elle a exprimé cette incertitude continuelle d’opinions, cette variation de principes, cette triste légèreté sur tout ce qui importe le plus à l’homme, et cette inquiétude de caractère que l’âge n’avait pu calmer. […] La poésie même a prêté ses accents pour chanter les temps les plus cruels de nos malheurs.
Quelle que fût sa langue, latine, ou franque, ou romane, le peuple n’a pas cessé de chanter ; il est impossible, de par les lois psychologiques et de par l’expérience, d’admettre un seul instant un silence séculaire ; au contraire, la nouvelle religion, le nouvel état politique et social devaient provoquer une nouvelle poésie. […] L’épopée nationale fut, pendant deux siècles, le « grand succès » ; chantée par les jongleurs jusque sur le champ de bataille, et lue aussi par les lettrés, elle fit battre les cœurs des héros et des rustres ; expression d’une unité grandissante, elle contribue à cette unité.
On commence par casser les vitres, on chante et on crie, on démolit à coups de marteau les armoiries du dernier règne. […] Il suffit qu’on chante, les étrangers eux-mêmes n’ont pas besoin de suivre les paroles. […] Puis, il leur suffit que le monde entier applaudisse nos vaudevilles, comme il chante nos refrains idiots. […] Le préteur Métellus est gris, la courtisane Myrrha embellit la fête, on voit Rome brûler sur un transparent, et un chœur arrive, on ignore pourquoi, qui chante, je crois, le bon vin et la liberté. […] Lorsqu’on s’est mis à chanter, j’ai eu l’envie ardente de me sauver, parce que tout espoir de comprendre s’en allait décidément.
Il s’agit maintenant de rendre cette pierre sensible, d’en faire la perle vivante, le diamant qui chante, prie et soupire, le diamant taillé vraiment à l’image de cette eterna margherita que le grand poète de l’Italie contempla au centre des splendeurs célestes. […] Le grand Milton l’a chantée, John Bunyan l’a donnée pour guide austère à son fidèle chrétien dans son âpre pèlerinage à la cité éternelle. […] Taciturne et silencieuse dans les occupations ordinaires de la vie, une âme extraordinaire éclate en elle au contraire dans toutes les occasions qui exigent une dépense de sève poétique, lorsqu’elle chante, lorsqu’elle danse, lorsqu’elle presse son ami dans ses bras. […] Défense fut faite aux fidèles de s’assembler pour chanter des cantiques, défense de propager les écrits du comte Zinzendorf. […] Il faudrait pour une telle œuvre la plume des grands poètes qui ont entrepris de chanter les joies célestes et les voluptés séraphiques.
On a suffisamment écrit sur Champfleury, peintre de mœurs bohémiennes ; aussi, me contenterai-je d’indiquer d’un mot par où il se sépare d’Henry Murgera : Murger a chanté la bohème, Champfleury l’a étudiée ; Musette et Mimi sont de ravissantes créations, Mariette est une créature vraie. […] Cette métairie limousine, où la diligence le prit un matin, vingt fois dans mes chasses, je l’ai aperçue, là-bas, au bout de son avenue de châtaigniers, et mon chien a fait remuer ses champs de blé noir où s’appellent les perdrix rouges ; — ce gandin, qui provoque Eusèbe, échangera demain peut-être sa carte contre votre soufflet ; — cette comédienne, qu’Eusèbe aime éperdument, elle chante à votre théâtre préféré et fut elle-même, qui sait ? […] C’étaient des fêtes, ces leçons où les explications terminées (vous compreniez que le caractère de la tragédie antique est essentiellement lyrique), nous chantions en chœur, sur des airs d’église que vous y aviez ajustés, les strophes et les antistrophes de ces drames sacrés. — Hélas ! […] Leconte s’était dit : « Je vais, de moi-même, chanter les paysages de l’antique Sicile, — je vais faire du Théocrite ? […] On périrait de tristesse dans cette préface, s’il n’y avait quelque drôlerie à voir le fervent Caleb de Pascal devenu le parrain de l’auteur des Mystères de Londres et le répondant du poète qui chanta l’hermaphrodite Maupin.
C’était après une vive discussion sur le poème épique, et pour montrer que ce genre ne doit pas être chargé de matière, que Despréaux, mis au défi, entreprenait de chanter la querelle des chantres et des chanoines de la Sainte-Chapelle.
Si desséché qu’il soit par l’extase, si avant qu’il se soit enfoncé dans le nirvâna, le solitaire, « rêvant comme un dieu fait d’un bloc sec et rude », sent à leur voix suppliante remuer en lui quelque chose d’humain et « entend chanter l’oiseau de ses jeunes années ».
Joubert, l’auteur des Pensées, n’avait pas cette servile préoccupation du suffrage universel en matière de style, quand il adjurait Mme de Beaumont de recommander à Chateaubriand « de garder avec soin les singularités qui lui étaient propres » et « de se montrer constamment ce que Dieu l’avait fait », corroborant ce brave conseil par cette curieuse phrase : « Les étrangers… ne trouveront que frappant, ce que les habitudes de notre langue nous portent machinalement à croire bizarre dans le premier moment. » Et parmi le déchaînement de la critique, c’est encore Joubert, qui engage l’écrivain, attaqué dans les modernités de sa prose nouvelle, à persister à chanter son propre ramage 17.
Elle chante en travaillant à des travaux de couture, dont elle réussit à se nourrir et ne court qu’un danger : celui d’être tentée d’ouvrir un Voltaire, situé dans un coin ; des oiseaux et des fleurs sont à la fenêtre.
…………………………………………… Mais de plus fiers débris appellent mes pinceaux… Courons vers ces rochers, noir berceau des orages, Aux bords de cette mer si féconde en naufrages, Dont le fils de Fingal a chanté les héros.
Tout à coup, Désirée cria à son frère, qui chantait les dernières prières, en l’apostrophant par-dessus le mur de la basse-cour et en tapant dans ses mains, comme sur le ventre ballonné du cochon : « Serge !
La multitude des demi-lettrés s’en tient strictement sur son œuvre au memento du baccalauréat ; on s’en écarte avec respect, et les plus spirituels ajoutent, pour justifier leur éloignement, que Bossuet n’avait pas d’idées originales et qu’il n’a fait en somme que chanter toute sa vie d’une voix pontificale et sonore la grand’messe du lieu commun. […] Pollion, à la fois, poète, orateur et historien, fréquemment loué ou, pour mieux dire, chanté par Virgile et par Horace en termes émus et respectueux, était un des hommes les plus célèbres de son temps. […] Le poète qui ne pourrait que s’asseoir sur une chaise et composer des stances, ne ferait jamais une stance de grande valeur. » Il ne pourrait chanter la guerre héroïque, s’il n’était lui-même un guerrier héroïque aussi. […] S’il écrira du tout, s’il écrira en prose ou en vers, cela dépendra d’accidents : peut-être de ce qu’il a eu un maître à chanter… Mais la faculté qui le rend capable de discerner le cœur intérieur des choses et l’harmonie qui habite là, n’est pas le résultat d’habitudes ou d’accidents, mais le don de la Nature elle-même, le premier équipement pour un Homme héroïque de quelque sorte qu’il soit. […] On leur reproche quelquefois aussi la versatilité de leurs opinions : mais cette versatilité du poète est celle de l’oiseau, qui vole où le vent souffle ; elle est légère, tant qu’il vole et tant qu’il chante ; elle ne devient chose grave que si, oubliant qu’il a des ailes, il prend l’allure pédestre et lourde d’un docteur.
Une d’elles leur chante une bergerie du dix-huitième siècle, d’une obscénité sournoise, au compte-gouttes ; et toutes reprennent le refrain en chœur. […] Cela nous est merveilleusement signifié par cette chanson qui passe, après quarante ans, des lèvres du petit clerc Fortunio aux lèvres du petit clerc Valentin — et par l’arrivée des autres petits clercs, chacun avec sa chacune, vainqueurs par cette romance, que d’autres chanteront quand ces petits clercs devenus tabellions ne la chanteront plus, et ainsi jusqu’à la fin de ce vieux monde mêlé de tant de maux qu’on oublie et de quelques biens dont on se laisse invinciblement duper… De façon que le mièvre opéra comique s’élargit vers la fin, et sans effort, en une apothéose de l’éternel amour, en une vision d’embarquement indéfini pour Cythère, un port où tout le monde n’arrive pas, où ceux qui arrivent ne séjournent point, mais pour lequel les Fortunio continueront de s’embarquer dans les siècles des siècles… * * * Le Figaro a offert l’autre jour à ses amis un concert d’instruments anciens, qui a eu beaucoup de succès. […] Mais Bertrand leur chante une petit chanson où il glorifie les prunelles perses, les cheveux et la bouche de Mélissinde, et ils sont consolés : car tout l’équipage a pour la princesse invisible les yeux du prince Rudel.
Trompés dans leur espoir, les Barbares s’inquiètent : car il n’était pas l’annonce de la fuite, cet hymne saint que chantaient les Grecs. […] Il entendait jour et nuit le charbon des mines, et les métaux cachés dans les entrailles de la terre, et les richesses secrètes de la mer profonde lui chanter à l’oreille : « Délivre nous, mets-nous en « actions », fais-nous servir au bonheur de l’humanité, et par nous tu seras roi du monde. » Mais, pour être en état d’exaucer la mystérieuse prière de ces forces enchaînées, Borkman voulut d’abord se faire nommer directeur de la Banque de Christiania. […] Et nous voyons alors lutter l’un contre l’autre, ou, plus justement, nous entendons chanter l’un après l’autre les deux Richepin, le Touranien et l’Arya, le roi des Romanichels et le père de famille, le matérialiste et l’idéaliste, le cynique et le tendre, l’impie et l’aspirant à la foi, le révolutionnaire et, mon Dieu ! […] Richepin ait laissé chanter en lui, pour changer un peu, le poète idyllique et sentimental (le Flibustier) et presque l’« homme sensible » du siècle dernier (Vers la joie) ou le bon poète tragique épris d’héroïsme (Par le glaive) ? […] La chère créature a l’inadvertance de redire à Jésus les jolies strophes érotiques qu’elle chantait tout à l’heure en pensant à son amant ; sans doute pour fournir à Jésus l’occasion de se révéler psychologue compréhensif et féministe averti.
Qu’est-ce qu’elle enseigne, cette raison, et, c’est bien l’occasion de le dire, qu’est-ce qu’elle chante cette raison ? […] Homère, Eschyle, Sophocle, Aristophane, Euripide, Pindare écrivent ou chantent leurs admirables poèmes. […] Il fut amoureux à Rome d’une Romaine qui s’appelait Colomba, et il la chanta à Rome en vers latins, en distiques élégiaques, et en vers hendécasyllabes. […] Le génie d’Hugo devient satirique ; mais n’entendez point par satire cette frivole préoccupation de guetter et de peindre les ridicules des hommes ; entendez une haute et robuste pensée qui voit les deux côtés des choses humaines, le bien et le mal, et chante l’un magnifiquement et flétrit l’autre.
À la fin, les couronnes pleuvent comme à l’Opéra, tous les personnages chantent à l’unisson et en chœur les louanges de sir Charles ; on lui récite sa litanie : « Comment pourrait-il être autre chose que le meilleur des maris, lui qui fut le plus soumis des fils, qui est le plus affectionné des frères, le plus fidèle des amis, et qui est bon par principe dans chacune des relations de la vie1073 ? […] D’ailleurs, comme elle était tenue avec une extrême propreté, les plats, les assiettes, les cuivres étant bien nettoyés et tous déposés en rangées brillantes sur les rayons, l’œil était agréablement flatté et n’avait pas besoin d’un plus riche ameublement. » Ils fanent en famille, vont s’asseoir sous le chèvrefeuille pour boire une bouteille de vin de groseilles ; les deux filles chantent ou les petits garçons lisent, et les parents s’amusent à regarder le champ qui descend sous leurs pieds plein de clochettes bleues et de centaurées. « Encore une bouteille, Deborah, ma chère, et toi, Moïse, une bonne chanson.
Moreau d’ailleurs s’était réservé le droit de rompre le silence, et pour en conjurer l’embarras, quand il se prolongeait trop, il se bornait à chanter les trois couplets d’une romance fort à la mode en ce temps : Te bien aimer, ô ma chère Zélie, qu’il interrompait soigneusement lorsque quelque difficulté d’exécution en peinture le forçait à retenir son souffle pour être plus sûr de sa main. […] Ducis, chante le fa ! […] non, messieurs, je vous aime trop pour souffrir que cela arrive à aucun d’entre vous. » « Eh bien, Georges, chantes-tu toujours de la musique de Glück ? […] Poussin, le contemporain, l’inséparable de Vermay, car toutes les grandes espiègleries des élèves de l’école étaient combinées et dirigées par eux ; Poussin, qui à une belle figure joignait une âme si belle et si noble, qui dessinait et peignait bien, comme un rossignol chante, sans porter le moindre dommage à son insouciance et à sa paresse habituelles ; Poussin que tout le monde aimait comme un frère, pour qui ses camarades rêvaient tous les genres de succès ; Poussin ! […] Il chanta négligemment une ou deux romances, et la fin de chaque couplet fut accompagnée d’un concert de louanges que le chanteur recevait avec assez d’impertinence.
Nous a-t-on assez chanté, après vous ou d’après vous, les délices du mysticisme, les extases de l’âme perdue dans la contemplation de l’au-delà, les joies exquises d’une sainte Thérèse ou d’un saint François d’Assise ! […] Ne met-on pas certains oiseaux en cage pour leur apprendre à chanter ! Par malheur pour cette comparaison, les oiseaux chantent aussi en liberté, et au collège l’externe vaut l’interne. […] J’entends des vers qui chantent comme l’alouette, des nids qui jasent, des sources qui gazouillent, de vieilles chansons populaires qui montent, gaies et pimpantes, dans le tiède azur d’avril. […] Or un jour il bêchait la terre, lorsqu’il entendit de l’autre côté du mur une voix douce qui chantait, une voix de jeune fille ; il ramassa une pomme, la jeta par dessus la muraille, et la pomme lui revint à demi mangée, ce qui le troubla beaucoup.
Dorothée de l’auberge du « Lion d’Or » fait presque un sanctuaire ; tout est mesquin dans la maison d’en face, où le père se pâme d’aise à chacun de ses bons mots et où les filles ne songent qu’à danser, chanter et tourmenter leur clavecin en attendant qu’il leur survienne un mari à la mode ; si bien que, dans la même ville, dans la même rue, dans des conditions semblables d’existence, Goethe a placé d’un côté du ruisseau la médiocrité et la poésie, de l’autre le luxe et la prose. […] Et, pour en revenir à Hermann et à Dorothée, quels éloges ne doit-on pas prodiguer au poète qui le premier, en face de la Révolution victorieuse, a illustré dans ses vers la cause des peuples qu’elle opprimait, protesté contre ses violences, rétabli des principes qu’elle ne pouvait détruire sans se détruire elle-même, et qui a su cependant, ministre presque absolu d’un petit prince d’Allemagne, se garder un esprit assez ferme pour célébrer de cette Révolution l’égalité, sa conquête la plus légitime, et pour chanter son rêve divin, la liberté ? […] On soutient qu’il n’existe pour lui dans l’univers que des formes, des sons et des contrastes ; pourvu qu’il peigne, peu lui importe le tableau ; pourvu qu’il taille sa statue, peu lui importe dans quel marbre ; et si la chanson est harmonieuse, il la chante, triste ou gaie, avec le même entrain, sûr que les oreilles en recevront toujours la même impression de plaisir. […] Quand La Bruyère disait : « Il y a quelquefois dans la vie de si chers plaisirs et de si tendres engagements que l’on nous défend, qu’il est naturel de désirer du moins qu’ils fussent permis : de si grands charmes ne peuvent être surpassés que par celui de savoir y renoncer par vertu » ; il déposait discrètement dans ces lignes, avec le souvenir d’une passion malheureuse, tout ce qui lui restait encore de cette passion ; et j’ai ouï conter qu’Hérold, mourant, sentait peu à peu se calmer le regret d’être arraché à sa gloire et à tout ce qu’il aimait ici-bas, en composant le magnifique Andante funèbre que chantent les basses au troisième acte du Pré aux Clercs. […] On but, on chanta des hymnes, on célébra avec ivresse le nom de Fourier, on se prodigua les témoignages d’amitié virile.
Il a trouvé pour quelques-uns de ces regrets naturels qui reviennent sans cesse, sur la beauté évanouie, sur la fuite des ans, l’expressionla meilleure et définitive, une expression vraie, charmante, légère, et qui chante à jamais au cœur et à l’oreille de celui qui l'a une fois entendue.
Le titre est la Folle journée, et en effet c’est une soirée de folie, un après-souper comme il y en avait alors dans le beau monde, une mascarade de Français en habits d’Espagnols, avec un défilé de costumes, des décors changeants, des couplets, un ballet, un village qui danse et qui chante, une bigarrure de personnages, gentilshommes, domestiques, duègnes, juges, greffiers, avocats, maîtres de musique, jardiniers, pâtoureaux, bref un spectacle pour les oreilles, pour les yeux, pour tous les sens, le contraire de la comédie régnante, où trois personnages de carton, assis sur des fauteuils classiques, échangent des raisonnements didactiques dans un salon abstrait.
Elle chantait déjà sur la porte qu’elle avait encore une goutte de pleurs sur les cils des yeux.
Cet air coulait des lèvres et du hautbois comme l’eau coulait en cadence et en glouglous mélodieux de la source cachée au fond de la voûte de l’antre ; puis il s’épanchait, comme l’eau prisonnière, en murmures de paix et de contentement entre les roseaux ; puis il imitait, en finissant par cinq ou six petites notes décousues et argentines, le tintement des gouttes de rosée qui tombent par instants des feuilles mouillées par la cascatelle dans le bassin, et qui la font chanter aussi, on ne sait pas si c’est pour pleurer, on ne sait pas si c’est pour rire ; en sorte que, quand le couplet était fini, on entendait comme un écho moqueur ce petit refrain de notes insignifiantes, mais jolies à l’oreille ; elles avaient l’air de se moquer, ou du moins de badiner avec le motif tendre et religieux du couplet de la zampogne : c’étaient des Tyroliens passant en pèlerinage, pour aller à San Stefano des Camaldules, qui nous avaient donné, avec leurs ritournelles à perte de voix, l’idée de ce refrain vague et fou à la fin de notre air d’amour et de dévotion, près des cascades.
Charles d’Orléans passa la première moitié de sa vie à chanter sa dame, et la seconde à se moquer des dames.
Mais les enfants chantent dans leurs rondes : « Tu seras roi, si tu fais bien. » « N’avoir rien à te reprocher, n’avoir jamais à pâlir d’une mauvaise action, que ce soit là ton inexpugnable citadelle. » Et ceci encore : « … Le poète n’est point avare ni cupide… Il se moque des pertes d’argent ; il ne trahira point un ami ; il ne dépouillera point un pupille.
On plaquait, — et malheureusement on n’en a pas encore perdu par tout l’habitude, — un son d’orgue sur chaque son de la mélodie chantée, au lieu qu’un discant libre en certains : cas ou, plus souvent, des accords soutenus vinssent souligner et enrichir chaque groupe rythmique de la phrase.
Il a exploité leurs splendeurs et leurs décadences, leurs rhumes de poitrine et leurs remords de conscience, leur impénitence et leur repentir ; il les a promenées du Jardin Mabille au couvent, de l’hôpital à l’hôtel ; il les a fait rire et pleurer, chanter et râler, marivauder et tousser jusqu’à extinction.
Rien ; à moins qu’il ne dise avec Voltaire : « Qui n’aime pas les vers a l’esprit sec et lourd, « Je ne veux pas chanter aux oreilles d’un sourd. » C’est une bien grande erreur aussi de croire que tels versificateurs font mieux les vers que tels poètes.
Mais ce livre qu’Homère et les siens ont chanté, Qu’est-ce, que le Hasard parmi l’antiquité, Et parmi nous, la Providence ?
Si nous nous arrêtons au milieu de la récitation, notre sentiment de l’« incomplet » nous paraîtra tenir tantôt à ce que le reste de la pièce de vers continue à chanter dans notre mémoire, tantôt à ce que le mouvement d’articulation n’est pas allé jusqu’au bout de son élan et voudrait l’épuiser, tantôt et le plus souvent à l’un et à l’autre tout à la fois.
Lucrèce et Virgile chantaient déjà, et superbement aussi, cette libération. […] Hirsch abusa de la situation pour escroquer Voltaire, croyant le faire chanter. Le poète ne chanta point, gagna son procès, mais perdit les bonnes grâces du roi, qui le rabroua en termes grossiers et offensants. […] Mais, est-ce que Byron lui-même n’a pas chanté les ruines et le ciel d’Italie ? […] Il a magnifiquement chanté les cathédrales, où l’esprit « gonflait les voûtes et soufflait les tours vers le ciel ».
Il semble que M. de Lamartine, plein de confiance dans son génie, ait cru qu’il pouvait le sommer à toute heure de chanter à pleine voix les merveilles de l’Orient. […] Il a chanté d’une voix nonchalante le néant des empires ensevelis, la grandeur de Dieu, et la misère de l’homme. […] Dès qu’il doute, il n’a plus le droit de chanter. […] Sans doute, dans l’espace d’onze années, M. de Lamartine n’a jamais chanté que Dieu, l’homme et la nature ; sans doute il a toujours vu dans le bonheur douloureux des passions le fondement de la foi religieuse ; mais cette trilogie poétique, sans jamais se démentir, ne s’est pas toujours développée avec les mêmes apparences.
Honte à qui peut chanter, tandis que Rome brûle ! […] Avec une voix plus puissante et une plus longue haleine, le poète ici chante à l’unisson de tout le monde, et il sait bien qu’avec le triomphe de son art là est le secret de sa force. […] Elles se disent, non sans raison, qu’il est impossible que le monde fasse autour de l’amour tant de bruit pour rien ; qu’il est impossible que cette grande passion qui remplit la fable et l’histoire, chantée par tous les poètes, glorifiée par tous les arts, éternel entretien des hommes et des dieux, ne soit en réalité qu’une vraie et déplaisante chimère ; elles ne peuvent imaginer que de tels hommages soient rendus à une divinité vulgaire, que de si magnifiques autels soient dressés de siècle en siècle à une plate idole. […] Zola, celles qui « chantent » quelquefois encore dans les romans de M. […] Si, pour chasser de lui la terreur délirante, Elle chante parfois, une toux déchirante La prend dans sa chanson, pousse en sifflant un cri, Et lance les graviers de son poumon meurtri.
XIV, cap. xv), à monter sur la scène, à chante), à jouer de la guitare en public. […] Néron, spectateur du haut de la tour de Mécène, en habit de théâtre, chante l’embrasement de Troie. […] L’accroissement d’une fortune immense, et déjà portée au-delà de ce qui convient à un homme privé, l’occupait sans cesse ; il captait la faveur des citoyens ; peu s’en fallait qu’il ne l’emportât sur le prince par les délices de ses jardins et la magnificence de ses campagnes : il n’accordait qu’à lui seul le talent de l’éloquence ; depuis que Néron avait pris du goût pour la poésie, il s’exerçait plus souvent dans ce genre de littérature ; son mépris pour les amusements de l’empereur ne se contraignait pas même en public ; il rabaissait la force de César à maîtriser un cheval, et se moquait de sa voix, lorsqu’il chantait. […] tu n’en serais pas là, si tu avais su gouverner comme tu savais chanter. […] Un acteur des farces atellanes, appelé Datus, chantait un air qui commençait par ces mots : Bonjour, mon père ; bonjour, ma mère, et qui finissait par ceux-ci : Vous irez bientôt chez Pluton.
Or, il est vrai que je compare des pièces de théâtre et des poèmes lyriques : le poète lyrique chante sa peine ou sa gaieté, sa gaieté rare et dont il est moins fier que de sa peine, tandis que le dramaturge crée des personnages et les substitue à lui. […] Ce qui me fâche est que l’auteur de Chérie, pour écrire ainsi, prétende se ranger sous l’autorité de Joubert, lequel engageait Chateaubriand à « chanter son propre ramage ». […] Je suis un vainqueur, le dimanche, à midi. » L’on peut imaginer une autre façon de célébrer la victoire et de la chanter : nous avons des orateurs, à ne savoir qu’en faire ; et la place publique demande une éloquence moins discrète. […] Suzanne, qui rentre chez nous, s’écrie ou chante : « Voilà que je t’arrive sans valise, ô France, mais avec un corps préparé pour toi, avec la soif et la faim, un corps à jeun pour ton vin et ton omelette ; et voici le soleil qui se lève ! […] La génération de la victoire se plaint, avec amertume et rancune, d’avoir été menée à la bataille aux accents d’une chanson désolante ; elle se vante de chanter sur un autre ton.
Rendons hommage aux services que peut rendre le franc parti de cet ennemi de son temps et de ce dépisteur du romantisme et admettons sa chapelle, à lui, sa chapelle sévère où l’on chante au lutrin — celui de Boileau — sur les textes solides d’autrefois. […] Quand l’homme a chanté ses plaisirs et en a fait de l’art, il est bien vite arrivé au bout de cet art, comme est bien vite au bout du plaisir celui qui lui consacre sa vie.
Ils parlent dans ce cœur ; bien mieux ils chantent, et les autres êtres font de même ; chacun avec sa mélodie distincte, courte ou longue, étrange ou simple, seule appropriée à sa nature, capable de la manifester tout entière, comme un son, par son timbre, sa hauteur et sa force, manifeste la structure intérieure du corps qui l’a produit. […] S’il s’est enfoncé dans les arts magiques, ce n’est point par curiosité d’alchimiste, c’est par audace de révolté. « Dès ma jeunesse, mon âme n’a point marché avec les âmes des hommes, — et n’a point regardé la terre avec des yeux d’homme. — La soif de leur ambition n’était point la mienne. — Le but de leur vie n’était pas le mien. — Mes joies, mes peines, mes passions, mes facultés — me faisaient étranger dans leur bande ; je portais leur forme, — mais je n’avais point de sympathie avec la chair vivante… — Je ne pouvais point dompter et plier ma nature, car celui-là — doit servir qui veut commander ; il doit caresser, supplier, — épier tous les moments, s’insinuer dans toutes les places, — être un mensonge vivant, s’il veut devenir — une créature puissante parmi les viles, — et telle est la foule ; je dédaignais de me mêler dans un troupeau, — troupeau de loups, même pour les conduire1290… — Ma joie était dans la solitude, pour respirer — l’air difficile de la cime glacée des montagnes, — où les oiseaux n’osent point bâtir, où l’aile des insectes — ne vient point effleurer le granit sans herbe, pour me plonger — dans le torrent et m’y rouler — dans le rapide tourbillon des vagues entre-choquées, — pour suivre à travers la nuit la lune mouvante, — les étoiles et leur marche, pour saisir — les éclairs éblouissants jusqu’à ce que mes yeux devinssent troubles, — ou pour regarder, l’oreille attentive, les feuilles dispersées, — lorsque les vents d’automne chantaient leur chanson du soir. — C’étaient là mes passe-temps, et surtout d’être seul ; — car si les créatures de l’espèce dont j’étais, — avec dégoût d’en être, me croisaient dans mon sentier, — je me sentais dégradé et retombé jusqu’à elles, et je n’étais plus qu’argile1291. » Il vit seul, et il ne peut pas vivre seul.
Par des Français, je m’entends bien, qui au cinquième étage d’un immeuble de la rue François-ler, pouvaient chanter au plus secret d’eux-mêmes : Ah ! […] S’il fut un des rares adjudants qui n’ait point par le visage ressemblé à un gendarme, Drieu en a parfois pris les manières quand il a chanté la guerre. […] … La campagne avait l’air d’être étouffée par la neige, elle ne chantait plus, ne disait plus rien.
En ce jour, maîtres et serviteurs, rassemblés à la même table, mêlés à la même conversation, ne paraissaient point rapprochés par la complaisance du supérieur qui veut récompenser son inférieur, mais par un droit égal aux plaisirs de la journée : « Quiconque a travaillé à la moisson ou labouré la terre est en ce jour convive par la loi de l’usage… Autour de l’heureux cercle, le moissonneur promène des regards triomphants ; animé par la reconnaissance, il quitte sa place, et, avec des mains brûlées du soleil, il remplit le gobelet pour le présenter à son honoré maître, pour servir à la fois le maître et l’ami, fier qu’il est de rencontrer ses sourires, de partager ses récits, ses noix, sa conversation et sa bière… Tels étaient les jours : je chante des jours depuis longtemps passés12. » Les semailles, la toute des brebis, toutes les époques, tous les intérêts de la vie rustique, amenaient de semblables réunions, les mêmes banquets et d’autres jeux. […] C’est au milieu de ces jeux, de ces fêtes, de ces banquets, dans ces réunions si multipliées, au sein de cette joyeuse et habituelle « convivialité », pour me servir de l’expression nationale, que prenaient place et chantaient les ménestrels ; et leurs chants avaient pour objet les traditions de la contrée, les aventures des héros populaires comme celles des ancêtres du château, les exploits de Robin Hood contre le shériff de Nottingham comme ceux des Percy contre les Douglas. […] Là il représente le poète chantant « avec un visage de mort, tout vide de sang, les nobles faits qui sont les historiques de rois, princes et dignes empereurs. » Au milieu du théâtre, sous une tente, des hommes « d’une contenance effrayante, le visage défiguré par des masques, jouaient par signes, à la vue du peuple, ce que le poëte avait chanté en haut. » Lydgate, moine et poëte, prêt à rimer une légende ou une ballade, à composer les vers d’une mascarade ou à dresser le plan d’une pantomime religieuse, avait peut-être figuré dans quelque représentation de ce genre, et sa description nous donne, à coup sûr, l’idée de ce qui se passait de son temps.
À ses pieds ce qu’on peut cultiver et recueillir ; sur sa tête ce qu’on peut étudier et méditer : quelques fleurs sur la terre, et toutes les étoiles dans le ciel. » XII Nous venons de voir ce que c’est que le paradoxe en matière de sentiment sous la plume d’un écrivain de génie : une absolution de mauvais exemple chantée comme un Te Deum aux excès et aux forfaits de la démagogie de 1793 sur les lèvres d’un saint ; des maximes pernicieuses de fausse économie sociale dans la bouche d’un homme charitable égaré par sa passion de soulager le pauvre peuple.
Il chanta son lac dans des vers inspirés où le génie du paysage et le génie de la liberté se confondaient pour exalter son âme au-dessus d’elle-même.
Ma sœur eut ainsi pour première maîtresse une vieille ursuline qui l’aimait beaucoup et lui faisait apprendre par cœur les psaumes qu’on chante à l’église.
Quant au parc chanté par Bouteroue, il est resté tout à fait sans modification ; des édicules pieux, des statues de sainteté y ont seulement été ajoutés.
Par une de ces ironies que font quelquefois les hasards de la conversation, le monteur de la campagne de 1870 tombe au milieu de paroles, qui, tout le temps du dîner, font l’éloge d’Annibal, célèbrent la puissance d’organisation qui permit aux Carthaginois de se maintenir vingt ans en Italie, chantent les talents militaires de cet homme unique, que Napoléon plaçait le premier parmi les hommes de guerre du passé.
— Chanter, en parlant de l’alouette.
En vain, en regard d’écrivains si suspects, un grand poète, qui ne s’était jamais avili, celui-là, avait-il chanté les vertus de Lucrèce.
Attendez ; voici un de ces soupers et un de leurs personnages : « Madame Panache était une petite et fort vieille créature avec des lippes et des yeux éraillés à faire mal à ceux qui la regardaient, une espèce de gueuse qui s’était introduite à la cour sur le pied d’une manière de folle, qui était tantôt au souper du roi, tantôt au dîner de Monseigneur et de madame la Dauphine, où chacun se divertissait de la mettre en colère, et qui chantait pouille aux gens à ces dîners-là pour faire rire, mais quelquefois fort sérieusement et avec des injures qui embarrassaient et divertissaient encore plus les princes et les princesses, qui lui emplissaient ses poches de viandes et de ragoûts, dont la sauce découlait tout du long de ses jupes ; les autres lui donnaient une pistole ou un écu, les autres des chiquenaudes et des croquignoles dont elle entrait en furie ; parce qu’avec des yeux pleins de chassie, elle ne voyait pas au bout de son nez, ni qui l’avait frappée, et c’était le passe-temps de la cour. » Aujourd’hui l’homme qui s’amuserait d’un tel passe-temps passerait probablement pour un goujat de bas étage, et je ne raconterai pas ici ceux qu’on prit avec la princesse d’Harcourt.
Les mots simples, et les constructions communes du discours, suffisaient pour exprimer les sentiments ordinaires : mais, quand il fallut chanter la nature, les dieux, et l’immortalité, les tours et les hardiesses du langage se proportionnèrent à la grandeur de l’admiration et du respect. […] Des vers chantés alternativement par deux poètes furent les premiers dialogues simples, et des scènes pastorales animèrent les fêtes de l’Arcadie et de la Sicile. […] Après les tragédies déclamées et chantées, vient le drame héroïque, autrefois distingué sous les titres de tragi-comédie, et de comédie héroïque. […] Inspiré par sa muse, il chantait les attributs, les aventures, et les malheurs des dieux. […] Dès sa seizième année, il chante devant les Grecs assemblés les défaites de leurs adversaires ; et cet enfant, dont la main délicate soutenait à peine sa lyre, et dont la voix plus faible encore pouvait à peine faire recueillir ses accents à la multitude, ce même enfant reparaît, sous le titre de capitaine, à côté de Périclès, et surmonte avec lui les ennemis de l’état.
Plusieurs années avant qu’il parût, Voltaire en avait sans doute entendu la lecture car en 1713, n’ayant encore que dix-neuf ans, il composa à la louange de cette comtesse de Fontaine et de son roman une fort jolie épître, où il lui reproche galamment de ne point sentir l’amour qu’elle sait si bien inspirer et peindre : il la compare à l’hérétique Marot, qui dans ses psaumes chante ce même Dieu dont il méconnaissait la véritable loi : déjà le jeune poète mêlait des idées religieuses à ses plaisanteries.
« Tout est dit, et l’on vient trop tard », — écrivait, il y a cent soixante-sept ans, un penseur illustre, à la première page de son livre ; à plus forte raison, aujourd’hui que l’imagination humaine se sent tarir comme une nourrice épuisée, pouvons-nous dire : L’on vient trop tard, tout est chanté ! […] En effet, à quelque école littéraire que l’on appartienne, que l’on jure par Aristote ou par Schlegel, il est impossible d’imaginer que les exploits de nos voltigeurs et de nos spahis, si héroïques, si poétiques qu’ils soient, doivent être chantés sur le même ton que les héros de l’Iliade ou de l’Énéide, on même que les croisés du Tasse et les chevaliers de l’Arioste. — « Mon pauvre Horace, tu fais des épaulettes parce que tu ne sais pas faire des épaules », disait le vieux David à M. […] Qu’on lise les pièces intitulées : Circumnavigation, Promenade, les Pêcheurs, les Alcyons, Mer calme, la Côte d’Italie, l’Idylle au rivage, les Nuits de Naples, on reconnaîtra ce sentiment sincère, cette intimité constante, cet amour profond du poëte pour ce qu’il voit et ce qu’il chante. […] Il a chanté autrefois, dans ses joyeuses nuits de corps de garde, Voltaire, Parny et Béranger ; mais à présent il se range, et il ne veut pas qu’on lui rappelle ses peccadilles passées. […] Mercier scandalisé : Nous disions donc, monsieur, que cet affreux Vollaire… mais c’est de bonne prise pour la comédie ; l’épigramme ne tombe que sur ce bourgeois vaniteux et borné, dont la conversion n’est qu’à la surface, dont la conduite et les paroles révèlent les contradictions les plus plaisantes, dont les circonstances ont fait un défenseur de la société, de la religion et de la morale, et qui, à huis clos, si on l’en priait bien, chanterait encore Babet et le Dieu des Bonnes Gens.
Chaque jour, l’Angleterre se chante un dithyrambe à elle-même. « Nous sommes un grand peuple » est le refrain obligé de ses journalistes et de ses orateurs. […] Les Anglais semblent penser avec les anciens que la pauvreté fait perdre à l’homme la moitié de sa valeur, ils chantent avec Aristophane les mérites du dieu Plutus, et avec Pindare les vertus du vainqueur du turf, possesseur des splendides équipages et des riches coupes d’or. […] Nommons encore le doux poète John Keats, qui, pareil à cet Endymion qu’il a chanté, semble s’être endormi il y a deux siècles à la musique des vers de Shakespeare et de Fletcher et qui se réveille en bégayant leurs mélodies. […] La sombre famille du souci et de la méfiance sera bannie de notre habitation par ta tendre et tutélaire divinité, et nous chanterons en chœur nos chants de gratitude, et nous nous réjouirons jusqu’à la fin de notre pèlerinage. » Pendant qu’il baptise de noms romanesques fort baroques les retraites où il va causer avec sa bien-aimée et qu’il se livre à tous les enfantillages de l’amour7, miss Lumley doit quitter le Yorkshire pour le comté de Stafford, résidence de sa famille. […] Cependant, aussi doux que tout cela puisse être, reviens, reviens, les oiseaux du Yorkshire accorderont aussi bien leurs instruments et chanteront aussi mélodieusement que ceux du Staffordshire.
On y remarquera surtout ce qu’il y dit de Tristan et Yseult : « Entre tous les grands poèmes de l’humanité, — et je n’hésite pas à le placer à côté d’eux, — Tristan est le poème de l’amour… Ce que chante le poème celtique, c’est l’amour délivré de tout lien, de toute contrainte, de tout devoir autre que lui-même, l’amour fatal, passionné, illégitime, vainqueur de tout, des obstacles, des dangers, et de l’honneur même… Cette inspiration n’a cessé de se faire sentir, et l’amour tel qu’il est compris dans les romans de la Table-Ronde est resté depuis lors le sujet favori et presque unique de notre littérature d’imagination. » Si l’on doit surtout prendre plaisir, en critique, à faire honneur aux autres de ce qu’ils nous apprennent, nous nous tenons pour particulièrement obligés à M. […] Il chante Michelet quand il célèbre ceux qu’il aime, et il le chante encore quand il jette au cadavre de ceux qu’il n’aime pas son éloquente injure. […] Pour se chanter il fallait se sentir ; et, si l’on ne trouvait rien en soi que d’assez vulgaire, ou plutôt d’assez banal, il fallait bien inventer une manière de se distinguer. […] Et il faut, en troisième lieu, que cette imitation de la nature et de la vie, trop souvent faite par nos naturalistes, — auteurs dramatiques, romanciers, prêtes même, — dans un esprit d’orgueil et d’ironie, le soit au contraire dans un esprit d’indulgence, pour ne pas dire de chanté. […] D’autres ont mieux chanté l’amour, comme Lamartine ; ou la passion, comme Musset ; ou la nature et la joie de vivre.
Pour apaiser un peu cette soif d’avoir toujours prédit juste en politique, il devrait avoir derrière lui, comme l’antique Gracchus, son joueur de flûte qui lui chanterait à mi-voix son hymne du duc de Bordeaux, qu’il a tant oublié : Il est né l’enfant du miracle ! […] En rentrant de chanter La Marseillaise avec un si saisissant effet, elle disait dans la coulisse : « La farce est jouée. » La nature de Talma était autrement probe : il vivait dans ses personnages, et aussi l’impression qu’il a laissée chez tous ceux qui l’ont vu est-elle autrement profonde et d’un ordre plus historique (si je puis dire) que les prodiges passagers de Rachel.
Qu’à côté Mounet-SuIIy récitât un poème de Hugo ou que Reynaldo Hahn chantât une de ses charmantes mélodies, Edmond de Goncourt y demeurait assez indifférent. […] Il gronde, tonne, murmure ou chante, selon l’harmonie de la nécessité.
Nous n’avons mot à dire non plus de l’équipage, tous excellents marins qui savent parfaitement prendre la hauteur du soleil à midi, mesurer la distance de cet astre à la lune, calculer méthodiquement leur point sur le chronomètre, mais qui, pour le moment, ne nous apprendraient pas autre chose, si ce n’est peut-être à chanter des chansons de Béranger du matin au soir. […] Figurez-vous qu’ils sont ici une cinquantaine au moins, officiers ou soldats, qui, du matin au soir, chantent à la fois, chacun dans le ton qui lui plaît et sans y demeurer fidèle, ce que nous autres libéraux nous appelons les odes de ce grand poète.
Du temps du Théâtre libre, à Paris, de 1890 à 1900, on joua une pièce dont j’ai également oublié le nom, dont le sommaire était ceci : Un jeune homme tient des propos dénigrants sur la religion, puis sur la morale, puis — nous sommes au temps de la guerre d’Espagne (1823) — contre le patriotisme et il chante les vers de Béranger : Brav’ soldats, v’là l’ord’ du jour : Garde à vous ! […] C’est le ridicule Arnolphe qui dit à Agnès : Gardez-vous d’imiter ces coquettes vilaines Dont par toute la ville on chante les fredaines, Et de vous laisser prendre aux assauts du malin, C’est-à-dire d’ouïr aucun jeune blondin. […] Sophie « aura la voix flexible et juste, chantera avec goût, à la rigueur saura s’accompagner, mais sans connaître une seule note », elle n’aura eu « d’autre maître à chanter que son père, d’autre maîtresse à danser que sa mère ; elle aime la musique pour elle-même ; mais c’est un goût plutôt qu’un talent ; elle ne sait point déchiffrer un air sur la note ». […] Elle était assez bonne aux soins domestiques ; voilà l’essentiel, certes, mais il eût souhaité que, sans savoir la musique, elle chantât agréablement au dessert.
Mistral se vantait de ne chanter que pour les bergers et les paysans, et on ne trouverait pas un cultivateur dans tout le département du Var qui ait lu Mireille ou sache à peu près ce que c’était que Mistral. […] Mistral déclarait qu’il ne chantait que « pour les pâtres et les gens des bastides ». […] Il l’appelait ironiquement : « M. de Musset. » Il lui reprochait de ne jamais avoir aimé l’art, et de ne chanter dans ses vers que ses passions et ses souffrances d’amour. […] » Ou encore cet autre exemple pris dans un Sermonnaire : « Mes très chers frères, je voudrais, en traitant ce magnifique sujet, chanter un hymne à la gloire du Créateur, vous faire bien comprendre comme est belle et grande cette royauté qu’il nous a donnée sur tout ce qui nous entoure… Ne parlons plus du corps humain, de ce port noble et majestueux donné à l’homme, de cette tête élevée, de ces yeux appelés à contempler le ciel… Non, je ne veux plus revenir sur ces bras, sur ces mains, instruments de tout progrès, donnant au corps de l’homme une supériorité incomparable sur celui des autres animaux.
» chantait le chœur. […] Lui riait toujours, de son rire un peu grave, et les petites chantaient maintenant, en agitant leurs noix, de loin : « Merci, Lome, Lomic de notre âme ! […] En face de Pors-Aven, des iles s’estompent que chanta Loti, Craka toute nue, Houic-Poul, Duz, Saint-Riom, l’antique et fertile Carohènes, où s’établirent au xiie siècle des moines réguliers de l’ordre de Saint-Victor, plus loin Rochsonne, dentelée comme une forteresse, les Créo, où geignent des âmes, les Gast, nids à courlieux, et au dernier plan de l’horizon l’échine allongée, les monstrueux Metz de Gouellou, pareils à des cachalots.
Marcel raconte que Molière demanda au prince de Conti cette place de secrétaire pour M. de Simoni et, cigale parisienne, se remit à rimer et à chanter. […] Molière, qui devait plus tard chanter Mignard dans son Poème du Val-de-Grâce, se lia d’amitié avec lui, et le recueil qui a pour titre Anonymiana assure que plus tard il s’éprit de la fille de Mignard, qui devint Mme de Feuquières. […] Beaux esprits, apportez des ouvrages qui ne chantent que ses louanges.