Il n’y a plus à craindre chez les plus passionnés que l’amour les livre aux coups de tête et aux folies. […] Rimbaud a raison : « L’amour est à réinventer ! […] En vain Richepin s’écrie : L’Amour que je sens, l’Amour qui me cuit N’est pas un amour chaste et platonique Sorbet à la neige avec un biscuit C’est l’amour de chair, c’est un plat tonique. […] L’Amour est un félin domestique en liberté : la contrainte le rend féroce. […] Comment l’amour innocent de nos pères, l’amour des bergeries en est-il parvenu à ce point tragique de n’être plus qu’une source de désespoir ?
Repensons à l’amour de Swann. […] La question est de savoir si ce que Proust dit de l’amour est vrai ou non. […] N’est-il pas évident que c’est la douleur qui fait l’amour et qu’il n’y a pas d’amour partagé ? […] Quand l’égoïsme survit à l’amour, on ne peut pas dire qu’il y ait passion. […] Dire que Don Juan n’a pas connu l’amour serait vraiment un peu paradoxal.
(8) Le Rossignol prend sa volée, (7) Au château d’Amour s’en va. […] La morale des chansons populaires est à la fois très légère et très sombre : le peuple y apparaît comme uniquement en quête du plaisir, et principalement de l’amour. […] — Ma fille, il faut changer d’amour, Ou bien vous irez dans la tour. — J’aime mieux aller dans la tour Que de jamais changer d’amour ! […] — Ma fille, il faut changer d’amour Ou bien vous resterez dans la tour — J’aime mieux rester dans la tour Que de jamais changer d’amour !
. — La poésie passionnée, dans la mythologie et dans l’amour : Sapho. — Perfection de l’art grec. […] Ailleurs, Alcée innovait encore dans l’histoire d’un autre dieu, de l’Amour, ce premier-né du Chaos, selon la tradition d’Hésiode. […] Il semble qu’avec ou après la passion de l’amour, Sapho avait eu celle de la gloire. […] Son nom vivra, comme l’amour. […] Suivant le témoignage d’un rhéteur, tous les poëtes cédaient à Sapho le soin de célébrer le culte de l’amour.
nous ne sommes pourtant pas si loin encore de l’amour moderne, toutes les fois que cet amour se rencontre (ce qui est rare) dans toute son énergie et sa franchise. […] « Écoute mon amour, etc. […] « Écoute mon amour, etc. […] « Écoute mon amour, etc. […] « Écoute mon amour, etc.
Les Patriciennes de l’Amour ! […] On se dit, avant d’ouvrir le livre : qu’est-ce que cela peut bien être, Les Patriciennes de l’Amour ? Des patriciennes, quand il n’y a plus de patriciennes, et de l’amour, par-dessus le marché, quand il n’y a presque plus d’amour ! […] Parmi ces patriciennes de l’amour humain, il n’y a pas la patricienne de l’amour divin, qui serait pour moi la Dogaresse de toutes ces Patriciennes de l’Amour ! […] Ses Patriciennes de l’Amour sont des nouvelles, et des nouvelles, ne vous y trompez pas !
Ce type représente généralement la passion de l’amour, puisque presque tous les romans sont des histoires d’amour. […] Il vit avec son amour et de son amour, dans l’immobilité d’une extase orientale, que troublent seulement ses fureurs et ses désespoirs. — La raison de vivre, c’est l’amour ; le droit de vivre cesse avec lui. […] Voyez les vrais héros de l’amour, ils sauront quitter la vie quand l’amour les quittera. […] Au fond, elle ne sait que l’amour. […] L’amour légitime avec des airs d’aventurier !
« Qu’est-ce que l’amour ? […] Ce qu’elle aime en Dominique ce n’est pas Dominique, c’est l’homme qui l’aime : un homme peut brûler d’amour et détester l’amour, mais toute femme, qu’elle vive sans amour ou qu’elle meure d’amour, aime l’amour. […] Ils n’ont pu guérir l’un par l’autre, lui de son amour, elle de sa pitié glissante pour cet amour. […] L’amour sans la pitié conduit à l’amour sans pitié, à l’amour cruel. […] « Il contemple, dit-il de lui, le spectacle de l’amour, et l’amour reste pour lui un spectacle.
Une panthère au poil tacheté (personnification de l’amour des sens) lui barre la route. […] L’amour qui m’attendrit me fait parler ! […] « “Cet amour nous conduisit à une même mort. […] Le poète de la théologie est mort, celui de l’amour est immortel. […] Cypris et Cupidon reparaissent dans la planète Vénus, qui inspire le fol amour.
Peinture de l’amour. — 4. […] L’amour dispense Astrate de générosité, de dignité, d’affection filiale même : l’amour est une vertu, la seule vertu. […] Même dans les tragédies où l’amour est tout, il y a d’autres caractères que des amoureux. […] Dans quels égarements l’amour jeta ma mère ! […] Jamais Campistron n’est plus fade que lorsqu’il veut peindre un amour incestueux.
Leurs chants d’amour se conservaient accueillis par l’admiration ; leur art était déjà célèbre et tenait lieu de naturel et de Vérité. […] Avec eux, à l’exemple des Provençaux, il faisait des sonnets subtils sur l’amour ; comme eux, il était raffiné et parfois bizarre. […] Dante, presqu’au sortir de l’enfance, a senti l’amour pur, vrai, profond ; il en a rendu les illusions et la douleur, avec une force qui rejette bien loin toute la poésie convenue et le langage affecté du siècle ; il en a gardé l’ineffaçable souvenir, comme un sceau de Dieu sur lui ; il a été consacré poëte par la religion et par l’amour. […] Qui me voit et ne se sent pas amoureux, n’aura jamais l’intelligence de l’amour. […] Que Notre-Seigneur soit loué de qui pardonne, en amour de lui, et de qui souffre les peines du corps avec patience, et la maladie avec allégresse d’esprit !
Il n’a à la bouche que les délices du paradis, rarement l’amour de Dieu, jamais l’amour des hommes. […] Non, non, c’est par amour qu’elle se fait chrétienne. […] L’Amour supplie sa mère de rendre la vie à Psyché. […] Pourquoi l’Amour est-il obligé de quitter Psyché dès l’instant où elle sait qu’il est l’Amour ? […] C’est que l’amour est une chose affreuse.
D’ailleurs ces amours sont chastes. […] Non pas l’amour-goût, non pas l’amour-galanterie, non pas l’amour romanesque, mais l’amour sans plus, l’amour pour de bon, ou, si vous voulez, l’amour-passion, l’amour-maladie : un amour dans lequel il y a toujours un principe de haine. […] Voilà le grand amour. […] Et il est également heureux dans ses amours. […] C’est l’Amour commissaire, au lieu de l’Amour peintre ou de l’Amour médecin.
On a beau faire, l’amour d’une courtisane éclabousse toujours celui qui s’y plonge. […] Il fait mal, n’est-ce pas, ce brocantage de l’amour ? […] A sa mort, Vénus a déchiré ses belles joues et l’Amour a poussé des cris plaintifs. […] Il s’agit de renouer un premier amour de jeunesse interrompu par un mariage. […] L’amour va vite, après avoir pris un pareil élan.
je suis volage en vers comme en amours. […] l’amour domestique, La Fontaine ne l’a pas connu le moins du monde, vous le savez, et je n’insisterai point là-dessus. […] Il est un peu désobligeant de voir que La Fontaine insiste sur son absence d’amour pour les enfants. […] Ce sont des choses charmantes où l’on sent bien qu’il n’y a pas un grain d’amour un peu profond. […] Ce qu’il a eu, c’est l’amour des petits et des humbles, et ce qu’il a eu encore, c’est l’amour des animaux, par suite, je crois, de son amour pour les petits et les humbles.
La Femme, c’est encore l’Amour, comme l’Amour, c’était déjà la Femme, et c’est précisément pour cela, c’est à cause de cette ressemblance, qui est presque une identité, que le succès de l’un n’a pas été le succès de l’autre. […] Le livre, au contraire, ce livre de la Femme, ne cesse pas une minute de rabâcher le livre de l’Amour. […] Son amour de l’enfance finit par tomber dans ce qu’il aime. […] Dans ce livre de la Femme, suite au livre de l’Amour, il commence de voir ce qu’il a méconnu si profondément dans l’Amour, c’est que la femme n’est épouse que pour être mère. […] C’était l’âge des larmes, parce que c’était l’âge de l’amour !
L’homme n’existe dans ses mérites divins que par le cœur et par l’esprit, et les lettres d’amour de Balzac devaient être publiées, parce qu’elles importent au Cœur humain comme le système de la gravitation importe à l’Esprit humain, et devrait être publié si, Newton mort, il était resté inédit. […] Nous avions déjà, dans la littérature, des lettres d’amour célèbres et d’un intérêt irrésistible, de cela seul qu’elles sont des lettres d’amour ; mais, j’ose le dire, pas un seul de ces recueils de lettres n’a la valeur de celui-ci… Au siècle dernier, on eut les lettres de Rousseau, de Mirabeau, de Mademoiselle de l’Espinasse, mais Rousseau et Mirabeau tachent d’une sensualité, quelquefois grossière, l’amour qu’ils expriment ; Mirabeau surtout, ce porc à longue crinière qu’on prit trop facilement pour un lion, et qui avait roulé son âme dans la fange de toutes les impuretés de son siècle ! Quant à Mademoiselle de l’Espinasse, nature plus ardente que profonde, on sait qu’elle manqua de ce qui fait la gloire de l’amour : la fidélité. […] L’amour de Balzac a une autre noblesse, une autre élévation, une autre profondeur que ces passions plus ou moins coupables, dont l’expression nous trouble encore… Son amour, à lui, n’est ni violemment orageux, ni sensuel, ni morbide. […] Il est sagace et non aveugle, comme la plupart de nos amours, qui sont d’épouvantables ou de ridicules égarements ; et c’est de la perfection morale, dans la personne aimée, qu’il est épris.
C’est pour elles surtout que l’amour de tête est dangereux. […] L’amour de cœur, qui ne débute pas par l’exaltation, comme l’amour de tête, peut cependant atteindre à l’enthousiasme. […] De ces trois amours, M. […] Il n’y a plus de bonheur au monde pour celle qu’il aimait d’un amour désespéré, mais qu’il savait heureuse d’un autre amour ; il lui propose un double suicide. […] L’amour, dans le sens poétique, n’est pas loin de l’adoration.
Il est curieux de voir comment, dans un cas analogue, le grand poète de l’Allemagne, Goethe, traita différemment l’une de ses jeunes admiratrices, qui lui déclarait avec exaltation son amour. Mais dans ce cas, non plus que dans l’autre, il ne faut pas s’attendre à un amour vrai, naturel, partagé, à l’amour de deux êtres qui échangent et confondent les sentiments les plus chers. Ce n’est pas de l’amour proprement dit, c’est un culte ; il y a une prêtresse et un dieu. […] Cependant j’ai dit que Bettina s’était éprise d’amour pour Goethe, et on pourrait demander à quels signes cet amour se reconnaissait. […] ce n’était point un amour vulgaire ; ce n’était pas même un amour naturel, comme ceux de Didon, ou de Juliette, ou de Virginie, un de ces amours qui brûlent et consument jusqu’à ce qu’il y ait eu satisfaction du désir : c’était un amour idéal, mieux qu’un amour de tête, et pas tout à fait un amour de cœur.
Est-ce donc qu’Amour a tiré de trois arcs, comme pour blesser, non pas un seul cœur en moi, mais trois cœurs ? […] O volages Amours, n’auriez-vous des ailes que pour voler sur moi, et n’en avez-vous pas, si peu que ce soit, pour vous envoler ? […] Y a-t-il ombre de raison dans l’amour ? […] Méléagre a beaucoup vécu dans les ports, dans les îles, en vue des flots ; il affectionne dans ses amours les images maritimes. […] Lorsque tu nourrissais dans ton sein l’intraitable Amour, ne savais-tu pas que c’était contre toi qu’il se nourrissait ?
L’amour est fatal. […] C’est par l’amour seul qu’il existe ; l’amour seul fait sa force et sa vertu, le consacre et le maintient. […] entre son amour banal et l’amour ineffable que le divin martyr portait à tous les hommes ? […] Mais l’amour ? […] Son amour au lieu de la relever la dégrade.
Elle a été pour lui la personnification traditionnelle de l’amour, et en faveur du substantif, on a excusé l’épithète. On lui a pardonné d’aimer Dieu, en faveur de l’amour ! […] Pascal est infini dans le doute, dans l’anxiété, dans la crainte, et Sainte Térèse l’est dans la foi, dans l’amour et dans l’espérance, et de même que l’espérance, l’amour et la foi sont au-dessus de la crainte, de l’anxiété et du doute, Sainte Térèse est au-dessus de Pascal ! […] Mais l’herbe fut coupée bien tendre ; mais la fleur fut coupée à peine entrouverte, et toutes deux, à ras de terre, par une faux qui est celle de l’amour, — de cet amour fort comme la mort et qui tranche l’âme comme la mort tranche la vie. […] — au sortir de leurs rêveries, gardèrent en eux ce grand et précoce amour du Dieu qui les fit plus tard des Saints l’un et l’autre.
Vouloir bannir l’amour, le condamner, s’en plaindre. […] L’amour ne pouvait parler autrement. […] J’ai fait allusion au vieillard sage lorsque je vous ai parlé de l’amour de La Fontaine pour la solitude. […] Elle devient, comme il arrive quelquefois, elle devient à son tour sujette de l’amour, esclave de l’amour, et elle s’éprend d’un jeune cavalier qui, de son côté, comme vous pouvez vous y attendre, la dédaigne. […] Dans ce livre amoureux une histoire d’amour ?
Ils sont tous comme lui, élevés dans l’amour du roi, — ce sentiment qui était de France, — dans ce feu sacré de l’amour du roi que soufflaient alors toutes les mères au cœur de leurs fils, et que, plus religieuses que les Vestales, elles ne laissèrent éteindre jamais ! […] Et c’est là ce qui donne tout à coup une importance et une grandeur à cette histoire : c’est que la vie du marquis de Grignan est la vie de tous ces anciens et puissants féodaux qui sont devenus des gentilshommes de cour, — de simples gentilshommes par amour du roi ! […] de l’amour, — un amour rétrospectif pour elle… Ordinairement écrite par la Haine, elle a un accent ici sur lequel il n’est pas possible de se méprendre… Et c’est là ce qui donne à cette histoire sa délicate originalité, et, sous une forme quelquefois ironiquement charmante, sa lucidité pénétrante et sa profondeur. […] C’était la ruine par amour du roi, — par nécessité d’aller à Versailles faire la cour à ce monarque idolâtré. […] Frédéric Masson nous a raconté, dans son histoire, cette ruine par amour du roi de la grande et séculaire maison d’Adhémar de Grignan, enfermée, comme un palais enchanté et maudit, dans le tortueux et inextricable labyrinthe de dettes énormes et dont, remède pire que le mal !
Amour a eu maille à partir avec Folie. […] Amour exhale ses plaintes ; il est rencontré par Vénus qui le cherchait partout. […] Apollon, pour faire valoir Amour, s’attache à dépeindre sous les plus laides couleurs celui qui y reste étranger et insensible. […] Amour est le précepteur de la grâce et du savoir-vivre dans la société. […] Cœur enivré d’amour, impatient, mobile, Au-devant des douleurs courant avec transport !
L’amour de Paul est trop lymphatique : pour qu’il vive, et pour qu’il résiste, il faut qu’il ne soit pas attaqué. […] Le patito, resté le dernier, lui vocalisait son amour. […] Mais à une oreille plus fine, ce rire, âcre comme un sanglot, sonnerait le réveil du premier amour. […] L’amour, plus fort que lu mort, est aussi plus fort que le mépris. […] Elle ne croit plus à l’amour, qui fuyait sa pauvreté et qui flagorne sa richesse.
jour doré du premier amour ! […] que ne fleurit-il à tout jamais, l’heureux temps du jeune amour ! […] Ce que nous nommons amour est le désir d’un bonheur hors de nous ; l’amour est la boussole aimantée du monde intellectuel ; c’est l’amour qui nous attire à Dieu. […] Cet amour dura sept ans. […] Malheur aux amours chimériques !
Comment fais-tu les grands amours, Petite ligue de la bouche ? […] Les uns voient dans la mort la grande adversaire de l’amour, de l’éternité que les amants rêvent ; d’autres rapprochent l’amour de la mort même et, dans l’amour comme dans la mort, ils trouvent une sorte d’attrait de l’abîme. […] Un romancier moderne rapproche la sensation que fait éprouver l’amour ardent à celle de l’asphyxie naissante. […] Quelle que soient l’origine de la conscience et de la sensibilité, la souffrance est toujours la souffrance, la joie est toujours la joie, l’amour est toujours l’amour. […] J’ai coupé l’aile et la patte Aux amours.
C’est l’intelligence de l’amour que d’avoir épargné l’honneur vulgaire et retentissant d’une biographie à la femme la plus femme de talent et dont le talent seul doit faire la gloire. […] Fallait-il à sa main pensive, la feuille de laurier qu’en causant Mme de Staël aimait à tordre dans la sienne, ou le bouquet de roses quotidiennes que l’Amour fidèle offrait à Mme Récamier ? […] Tout cela pèse trop à leur main, même quand leur force est centuplée par le génie qui leur est propre et qui, pour la force, leur a souvent versé la fièvre, — le terrible génie de l’amour ! […] Cette femme dont ils résument probablement la vie les avait divisés en plusieurs parties, sous ces noms expressifs amour, Famille, Foi, Enfants et Jeunes Filles, et Poésies diverses. […] On comprend que la division de ce livre soit la division de son âme, étendue d’abord de l’amour à la famille, pour de là monter à la foi et redescendre aux enfants et enfin s’éparpiller dans l’indifférence des pièces diverses.
Il publie Les Amours de Philippe. […] J’ai vu le même moment passer pour Les Amours de Philippe. […] Ce roman des Amours de Philippe n’a pas deux pouces de profondeur. […] Trois donc, et ni plus ni moins, trois amours ! […] L’auteur des Amours de Philippe a étranglé celui-ci.
Platon avait déjà dit, comme l’auteur de l’Imitation, ou à peu près, que « l’amour tend toujours en haut, parce que l’amour est né de Dieu et qu’il ne peut trouver de repos qu’en Dieu ». […] Son adolescence est gentille, badine, un peu frondeuse inquiète de l’amour. […] Si Racine avait aimé comme l’Oreste d’Andromaque, jamais il n’aurait su peindre l’amour. […] Vie exquise que celle où l’amour, et tous les amours, s’achèvent en charité. […] Il a la haine des grands, qu’il connaissait trop, et, déjà, l’amour du peuple.
L’amour de la vertu n’est pas un enthousiasme ; c’est l’amour de la peine, du renoncement, des mille difficultés attachées à une conduite vertueuse. […] Après lui et la vertu, l’utopiste a un troisième amour, l’amour du genre humain. […] On ne l’aime qu’en se gênant, de l’amour qu’on s’ôte à soi-même. […] Rousseau avait ignoré l’amour parce qu’il n’était capable que de désirs. […] Sa correspondance ne contient qu’une seule lettre d’amour ; le désir s’y trahit à toutes les lignes, non l’amour.
Jalouse de ses droits écrasés, la déesse d’amour se vengea : le philtre d’amour destiné selon les mœurs du temps par la prévoyante mère à l’époux marié par politique, elle le fit par une rusée mégarde présenter au jeune couple ; eux, l’ayant bu, s’enflammèrent tout à coup d’un clair feu, et se durent avouer qu’ils s’appartenaient l’un à l’autre seulement. […] » Premier thème : Amour. — « Prenez mon corps, prenez mon sang, pour la grâce de notre amour ! […] Violent amour de Prakriti à Ananda, qui est ému. […] » Le motif alterne ensuite avec le motif de l’amour de Walther, contrastant avec l’amour un peu paternel de Sachs. […] Il exprime le tumultueux amour et la douce fièvre du chevalier.
Il rêvait d’un amour au-dessus de tous les amours, qui fût à la fois un délire et un culte. […] Je meurs d’amour, d’un amour sans fin, sans nom, insensé, désespéré, perdu. […] Ni amour, ni amitié, mon Dieu ! […] Amour funeste ! […] L’amour est le premier-né des dieux.
Octave s’en aperçoit, les interroge, découvre la souffrance de Brigitte, reconnaît que tant de coups qu’il lui a portés ont tué en elle cet amour où elle ne voit plus qu’un devoir. […] Or, à vingt et un ans, l’austérité d’une fin purement religieuse étant écartée, il n’y a de guérison à ce vice que dans l’amour. Si l’amour appelé vertueux, l’amour dans l’ordre et le mariage, lui paraissait peu favorable à son cadre de roman, s’il voulait l’amour libre et sans engagements consacrés, eh bien, c’était une conclusion encore satisfaisante et noble, encore digne d’être proposée de nos jours, non-seulement sans scandale, mais même avec fruit, au commun de la jeunesse ; du moins l’art, qui n’est pas si scrupuleux que la morale exacte, y trouvait un but idéal, une terminaison harmonieuse. […] Il nous a montré, à partir de là, son héros défaisant à plaisir cet amour par des jalousies, des soupçons, de bizarres inquiétudes, des procédés violents ; il a dit : Voilà ce que c’est que d’avoir été débauché ; celui qui a été débauché gâte, souille par ses souvenirs, même l’amour pur. […] et n’y a-t-il pas, au contraire, des exemples de jeunes cœurs, qui, après une première corruption non invétérée, se sont sauvés et rachetés par l’amour ?
Elle a été pour lui la personnification traditionnelle de l’amour, et en faveur du substantif on a excusé l’épithète. On lui a pardonné d’aimer Dieu, en faveur de l’amour ! […] Pascal est infini dans le doute, dans l’anxiété, dans la crainte, et sainte Térèse l’est dans la foi, dans l’amour et dans l’espérance ; et de même que l’espérance, l’amour et la foi, sont au-dessus de la crainte, de l’anxiété et du doute, sainte Térèse est au-dessus de Pascal ! […] Mais l’herbe fut coupée bien tendre ; mais la fleur fut coupée à peine entr’ouverte ; et toutes deux, à ras de terre, par une faux qui est celle de l’amour, — de cet amour fort comme la mort, et qui tranche l’âme comme la mort tranche la vie. […] — au sortir de leurs rêveries gardèrent en eux ce grand et précoce amour du Dieu qui les fît plus tard des Saints l’un et l’autre.
Sainte Thérèse l’inventait en sens inverse vers le même temps en Espagne, appliquant à l’amour divin les extases, les expressions, les images de l’amour terrestre. […] Il eut cependant quelques rechutes d’amour plus profane que l’amour éthéré qu’il nourrissait pour Laure ; il ne cherche pas à s’en excuser lui-même. […] Une fille nommée Francesca naquit de cet amour. […] La mort prochaine jette son ombre avancée sur l’amour et donne à ce sentiment souvent fugitif quelque chose de l’éternité. […] Laure elle-même devient quelque chose de sacré, un mythe de l’amour.
parce que c’est toujours parler de son amour. […] La religion et l’amour exercent à la fois leur empire sur son cœur : c’est la nature rebelle, saisie toute vivante par la grâce, et qui se débat vainement dans les embrassements du ciel. […] Cependant, Abeilard, dans cet affreux séjour, Mon cœur s’enivre encor du poison de l’amour. […] Qui ne sent combien elle est belle et dramatique, cette opposition que Pope a voulu faire entre les chagrins et l’amour d’Héloïse, et le calme et la chasteté de la vie religieuse ? […] Ces cloîtres, ces voûtes, ces tombeaux, ces mœurs austères en contraste avec l’amour, en doivent augmenter la force et la tristesse.
Stendhal et Balzac De l’Amour. […] C’est cette double force, trop rare, il faut bien le dire, parmi les libraires de ce temps, que Didier a montrée en réimprimant le livre de Stendhal sur l’amour. […] Limayrac s’est contenté d’être, en quelques lignes comme il sait les écrire, l’introducteur au public de l’auteur du livre de l’Amour : « Le livre de l’Amour — dit-il — est la physiologie complète de cette divine et infernale passion. […] D’abord, la Physiologie du mariage vient du livre de l’Amour en droite ligne. Le large tribut d’admiration que Balzac a payé à Beyle n’est que la reconnaissance légitime d’un légataire pour son bienfaiteur. » À notre sens, le spirituel passionne de l’Amour manque profondément de justice.
Amour, Amour, qui pourra sonder un seul de tes mystères ? […] Ainsi chacun aime d’un amour souverain et parfait, s’il aime vraiment. […] Elle l’admire par ce besoin d’admirer qui est dans l’amour. […] En peu de temps ils mirent ainsi bien du passé dans leur amour. […] tu en as presque autant que l’amour.
Eût-elle, avec cette franchise dépouillée d’artifice, parlé d’amour, de son amour, et du même coup dévoilé le secret de ses premières initiations ? […] La destinée pourtant semble prendre pitié d’un si constant amour. […] J’en sais à qui elle paraîtra intolérable et le contraire du véritable amour. […] De l’un à l’autre intervient la souveraine, l’inéluctable fatalité d’amour. […] surtout dans l’amour et après la possession !
L’amour l’a conduit à un état d’exaltation et pour lui, bientôt, cette exaltation a plus de prix que l’amour. […] L’amour y répondra-t-il mieux ? […] On l’a dans la peau, l’amour maternel, tout comme l’autre amour. […] Nos pères ont imaginé l’amour peintre ou l’amour médecin. […] N’a-t-elle pas connu l’amour ?
Son amour pour Hippolyte, mais nullement son caractère personnel, indépendamment de cet amour. […] Son amour pour Hermione. […] Ce souvenir était inconciliable avec un amour pareil à celui d’Oreste pour Hermione. […] La jalousie de Phèdre n’est pas celle d’Hermione, et l’amour d’Hermione n’est pas celui de Roxane. […] C’est ainsi que l’amour de Thécla est représenté dans la pièce de Schiller.
— La Fleur et la Feuille. — L’amour sensuel. — Troïlus et Cressida. […] C’est ici l’amour chevaleresque, exalté, tel que l’a conçu le moyen âge, mais surtout tendre. […] Cet ardent amour éclate en accents passionnés, en élans de félicité. […] Stendhal, de l’Amour : différence de l’amour-goût et de l’amour-passion. […] Voy. aussi le Testament de l’Amour.
Un bel amour ? […] Il ne s’était muni que d’amour : et l’amour, en chemin, l’abandonna. […] Donc, il chantait le plaisir d’amour et il chantera la peine d’amour. […] L’Amour a frissonne. […] L’immense amour rachète la faute de l’amour.
Mais de là aussi une incrédulité impie à l’amour vertueux, une ironie habituelle contre l’amour fidèle, une moquerie de l’amour de l’âme, un culte à l’amour des yeux, et enfin un abandon sans résistance à l’amour capricieux et volage de l’instinct qui est à la fois la profanation et la vengeance de ce qu’il y a de plus divin dans le calice où l’homme boit ses délices et ses larmes. […] L’amour est un holocauste dans les cœurs purs, mais c’est à condition de ne brûler que des parfums. […] Et puisque tôt ou tard l’amour humain s’oublie, Il est d’une grande âme et d’un heureux destin D’expirer comme toi pour un amour divin ! […] Ces trois conditions sont : un amour, une foi, un caractère. Nous venons de voir que la première de ces conditions, un saint amour, un amour de Béatrice ou de Laure, avait malheureusement manqué à M. de Musset.
Sa vie, tout opposée à celle de Raphaël, ivre de jeunesse, d’amour et de luxe, était celle d’un cénobite. […] L’amour qu’il ne veut pas avouer ni aux autres, ni à lui-même, ni à celle même qui l’inspire, se transforme en un sentiment exalté et mystique qui tient plus de la piété que de l’amour, piété humaine dont une femme adorée est l’idole, et qui se fond en une sorte de piété divine pour avoir le droit d’être éternelle ; sentiment très-commun à cette époque et encore aujourd’hui, en Italie, où l’amour est saint ; il a été donné à l’homme de sensibilité ou de génie, avancé en âge, pour le consoler de la jeunesse perdue et pour joindre la vie actuelle à la vie future dans un amour terrestre et dans un amour céleste devenus pour lui un seul amour. […] Son nom était Vittoria Colonna, nom devenu depuis immortel par l’amour, par la poésie et par la vertu. […] C’est l’amour qui l’avait fait poëte ; on peut dire mieux : c’est l’amour qui fit toute poésie. […] « Peut-être au moins puis-je, ô mon amour !
Félix Reyssié, c’est de la géographie vivifiée par l’amour. […] La théorie de Platon sur l’amour n’a pourtant rien de ridicule, il s’en faut. […] L’amour de don Juan, c’est donc encore l’amour platonique. […] L’amour d’une personne et, au bout du compte, l’amour charnel, va donc détourner Jocelyn de sa vocation qui est l’amour de tous les hommes dans l’amour de Dieu ? […] Dans ses amours, très nombreuses, il n’avait rien du tout de languissant.
Et l’amour, comme ce Don Juan mène l’amour ! […] Ainsi L’Amour médecin est une comédie-ballet ou un ballet-comédie à volonté ; une suite des Amours déguisés, par exemple ; Amours déguisés en forgerons, — Amours déguisés en compagnons de Proserpine, — même L’Amour déguisé en comtesse de Soissons ; à celui-là, certes, on pouvait dire : je te connais beau masque ! […] Il n’est pas forcé de savoir par cœur L’Amour médecin ! […] pleurez amours) ! […] L’amour est mort, excepté dans mon cœur, et cet amour, amour survivant, se transforme et devient désespoir !
Vos vers sont comme vous, à la gène indociles, Volant près des amours sur des routes faciles. […] C’est qu’en effet les idées religieuses, qui sont l’amour encore, l’amour rectifié et éternisé, vinrent à cette âme voluptueuse et sensible. […] L’auteur d’Arthur, au chapitre des femmes et de l’amour, se pose l’objection, la discute à merveille, et, toutefois, s’en tire peut-être incomplétement dans l’application. Mais peu importe ; il suffit que le mal ne puisse sortir de sa confession, et qu’il y ait presque à toute page d’admirables instincts et élancements de pur amour. […] De quelque éclat que Dieu l’honore Des yeux t’y cherchent ici-bas, Chère Amour, on t’y pleure encore !
Le second acte est tout entier dans la métamorphose du laideron touché par l’amour. […] L’amour est plus fort que la mort ; il est plus fort aussi que l’amitié. […] L’amour est le soleil, l’amitié est la lune de l’âme, et, comme la lune du ciel visible, elle est éclipsée par l’amour, lorsqu’elle se rencontre avec lui. […] Amour, qui doit ici vaincre, de vous ou d’elle ? […] Mais Antiochus répond, avec l’enthousiasme de sa passion nouvelle : L’amour, l’amour doit vaincre, et la triste amitié Ne doit être à tous deux qu’un objet de pitié.
On y voit clairement de quelles façons la philosophie du divin Çakia-Mouni peut modifier et enrichir les divers sentiments d’un homme de nos jours : sentiment de la nature, amour de la femme, sentiment moral. […] Il aimera magnifiquement : car la nature entière lui fournira des images pour exprimer son amour. Il aimera avec sensualité et langueur : car il ne voudra goûter l’amour qu’aux lieux et aux heures qui le conseillent et l’insinuent, dans les parfums, dans les musiques, dans la douceur et la mélancolie des soirs tièdes. […] Il sait aussi que l’amour est inséparable de la mort, parce que la mort est inséparable de la vie… Et maintenant lisez les Chants de l’Amour et de la Mort : Je voudrais te parer de fleurs rares, de fleurs Souffrantes, qui mourraient pâles sur ton corps pâle. […] le sentiment de la vanité de toutes choses, quel opium pour l’orgueil, l’ambition, l’amour, la jalousie, pour toutes les vipères qui grouillent dans notre cœur quand nous n’y prenons pas garde !
Ce ne fut pas le catholicisme de Marie Stuart qui perdit l’Écosse, ce furent sa jeunesse, sa légèreté, ses amours et ses crimes. […] Diane de Poitiers, l’Aspasie de ce siècle, gouvernait depuis vingt ans Henri II par l’amour qu’elle avait pour lui autant que par l’amour qu’il avait pour elle. […] L’amour pour l’artiste n’avait pas tardé à naître de l’attrait pour l’art. […] Rizzio s’était fié à l’amour, les complices du roi à une jalousie presque puérile. […] L’objet de cet amour était aussi étrange que cet amour lui-même était inexplicable autrement que par la magie et la possession, explications surnaturelles des phénomènes des cœurs dans ce temps de superstition.
Mais il a des dons précieux d’émotion contenue, un amour trop raisonné de la nature. […] Ce sont des vers d’amour. […] Brûle au feu de l’Amour les sarcasmes d’Ulysse. […] Les Amours de Lyristès, le Chœur des Muses rayonnent par de nobles strophes. […] Entre des évocations de légende et d’histoire s’élancent de purs cantiques d’amour.
Or l’amour est une chose si rare et si belle qu’il suffit à la gloire de la vie, et qu’il a suffi à la sienne… Ainsi, l’amour, le croirait-on ? […] Il n’y a que l’amour qui puisse expliquer jusqu’à ses fautes, et qui en puisse porter le poids. […] Il n’y a enfin que l’amour — un amour immense ! […] — par des supplices effroyables et insensés ; car l’amour veut venger ce qu’il aime, et c’est même une nécessité pour l’amour. […] , ce serait l’amour ?
— II s’agit d’amour dans le livre de M. […] … — ces combats d’âme faible et violente entre deux amours, revenant du second au premier, hélas ! de manière à faire croire qu’il n’y a peut-être qu’un amour dans la vie, et que l’être tombé dans ce feu ne se cicatrise jamais et garde des blessures inextinguibles ! […] — Le mot amour lui paraissait de feu et la robe de Marguerite de plomb. […] Les Victimes d’amour. — le Docteur Mathéus.
L’amour, comme le conçoit M. […] L’amour, vainqueur des dieux et des hommes, comme on disait à Abdère, l’amour dans le livre de M. Bataille, un instant combattu chez son docteur Quérard, un brave homme auquel il essaie de nous intéresser, et qui fait des choses que la Critique va vous raconter, mais en prenant ses précautions ; l’amour, chez tous les personnages de ce livre sanguin et matériel, ou plutôt la notion même de l’amour, dans la tête de M. […] L’amour même, comme les auteurs semblent l’admettre un instant, l’amour virginal de Rosette pour le jeune Paul ne la purifie point, ne l’arrache point à l’abominable concubinage dans lequel elle vit avec son beau-frère. […] Hugo aux miracles purificateurs de l’amour, et il a raison.
Ce fut la faute de l’amour ! […] L’amour qu’elle avait si longtemps bravé l’attendait dans ce bocage. […] L’amour et la vertu l’inspirent mieux que la démence et le ridicule. On peut badiner avec l’esprit, mais il ne faut pas badiner avec l’amour. […] Tibulle n’a pas écrit en larmes plus tièdes les transes et les épanchements de l’amour malheureux.
L’auteur ou le traducteur se plaît à trouver dans l’amour d’Hélène pour Jules Branciforte un de ces amours passionnés qui n’existent plus, selon lui, en 1838, et qu’on trouverait fort ridicules si on les rencontrait ; amours « qui se nourrissent de grands sacrifices, ne peuvent subsister qu’environnés de mystère, et se trouvent toujours voisins des plus affreux malheurs ». […] Aucune morale, aucun principe d’honneur : il est seulement déterminé à ne pas simuler de l’amour quand il n’en a pas ; de même qu’à la fin, quand cet amour lui est venu pour Clélia, la fille du triste général Fabio Conti, il y sacrifiera tout, même la délicatesse et la reconnaissance envers sa tante. Beyle, dans ses écrits antérieurs, a donné une définition de l’amour passionné qu’il attribue presque en propre à l’Italien et aux natures du Midi : Fabrice est un personnage à l’appui de sa théorie ; il le fait sortir chaque matin à la recherche de cet amour, et ce n’est que tout à la fin qu’il le lui fait éprouver ; celui-ci alors y sacrifie tout, comme du reste il faisait précédemment au plaisir. […] Une de ses grandes théories, et d’après laquelle il a écrit ensuite ses romans, c’est qu’en France l’amour est à peu près inconnu ; l’amour digne de ce nom, comme il l’entend, l’amour-passion et maladie, qui, de sa nature, est quelque chose de tout à fait à part, comme l’est la cristallisation dans le règne minéral (la comparaison est de lui) : mais quand je vois ce que devient sous la plume de Beyle et dans ses récits cet amour-passion chez les êtres qu’il semble nous proposer pour exemple, chez Fabrice quand il est atteint finalement, chez l’abbesse de Castro, chez la princesse Campobasso, chez Mina de Wangel (autre nouvelle de lui), j’en reviens à aimer et à honorer l’amour à la française, mélange d’attrait physique sans doute, mais aussi de goût et d’inclination morale, de galanterie délicate, d’estime, d’enthousiasme, de raison même et d’esprit, un amour où il reste un peu de sens commun, où la société n’est pas oubliée entièrement, où le devoir n’est pas sacrifié à l’aveugle et ignoré. Pauline, dans Corneille, me représente bien l’idéal de cet amour, où il entre des sentiments divers, et où l’élévation et l’honneur se font entendre.
Bien d’autres pages sont d’un homme qui se connaît aux choses d’amour. […] Rabusson, employant par badinage le mode lyrique qui permet tout, nous explique en quoi l’amour des vieux peut préparer les femmes à l’amour des jeunes. […] La vanité se mêle à l’amour et le contient ou le limite. […] Il voudrait jouir, souffrir sans arrière-pensée, sans autre préoccupation que son amour. […] Tout artiste digne de ce nom est par là même capable du « crime d’amour ».
Qu’est-ce que l’outrage et le danger du malheureux éclat d’un amour ? […] L’amour ne devait pas usurper les droits de la nature. […] L’amour de la patrie, dans un cœur honnête et vertueux, est le premier de tous les sentiments ; mais jamais l’amour de la patrie n’a commandé le crime. […] Virgile ne sait s’il faut attribuer ce sacrifice à l’amour de la patrie ou à l’amour de la gloire. […] Ce poète ingénieux a trois pièces qui se disputent le premier rang : La Surprise de l’amour, Les Fausses Confidences, Les Jeux de l’amour et du hasard.
Sers ton mari que l’on appelle ton maître ; mais tu sais bien dans ton cœur que l’obéissance n’est pas l’amour, quoique rien ne soit plus cher à l’amour que l’obéissance. […] Le Christianisme avait fait de l’amour le frein même de l’amour, en substituant l’amour de Dieu à l’amour de la terre. […] L’amour est une forme de l’égalité ou de la justice, de même que l’égalité ou la justice est une forme de l’amour. […] L’amour. Donc la seule règle que l’homme puisse donner à la femme doit être tirée de l’amour.
Aussi bien la veuve de cet amour-là se consolait-elle à l’avance. […] L’amant apprend cette prostitution vengeresse ; le voilà remordu au cœur, plus que jamais fou d’amour. […] Le jeu ne vaut pas la chandelle de ce bas et sordide amour si grossièrement rallumé. […] Et cet amour qui est sa vie, son bien, son trésor, on veut le lui prendre en brisant son être ! […] Mais la princesse a la foi de sa candeur, l’aveuglement de l’amour.
Celui-ci serait action, création, amour. […] Car l’amour qui le consume n’est plus simplement l’amour d’un homme pour Dieu, c’est l’amour de Dieu pour tous les hommes. […] Dieu est amour, et il est objet d’amour : tout l’apport du mysticisme est là. […] Telle musique sublime exprime l’amour. Ce n’est pourtant l’amour de personne.
L’amour a été jusqu’à présent le sujet de ces sortes de romans. […] Quand les mœurs de ces premières classes sont bonnes, elles conservent l’amour, et l’amour inspire les romans. […] Nulle part on ne sent mieux le charme de cet amour protecteur, qui, dispensant l’être faible de veiller à sa propre destinée, concentre tous ses désirs dans l’estime et la tendresse de son défenseur. […] telles sont les jouissances incomparables d’un amour vertueux : c’est ainsi que s’écoulent les moments de ces fortunés époux. […] Jusqu’à ce qu’enfin, après le long jour printanier de la vie, arrive le soir serein et doux ; toujours plus amoureux, puisque leur cœur renferme plus de souvenirs, plus de preuves de leur amour mutuel, ils tombent dans un sommeil qui les réunit encore ; affranchis ensemble, leurs paisibles esprits s’envolent vers des lieux où règnent l’amour et le bonheur immortel.
J’étais avec Aubryet, le délicat des Patriciennes de l’amour, un homme qui n’est jamais vulgaire, et qui, pour échapper à cette ornière qu’on appelle la vulgarité, se jetterait dans tous les sauts de loups du côté opposé, la tête la première. […] Pour toute femme et pour tout lecteur, une pareille apparition pourrait empêcher à jamais l’amour de l’une et l’intérêt de l’autre. Mais Albéric Second n’a pas craint de jouter dans son livre avec cette difficulté qu’il s’est créée à plaisir et qu’il a vaincue, avec cette terrible première impression qui presque toujours décide de tout en amour. […] Stendhal raconte, dans son livre de l’Amour, qu’il a tué l’amour dans le cœur d’une femme qui commençait d’en avoir pour un homme, en lui disant seulement qu’il faisait avec sa cravate ce qu’on appelle la lessive du Gascon, ce qui, d’ailleurs, était parfaitement faux. […] Cela s’appelait L’Amour impossible, et cela était parisien de mœurs, de langage, de corruption raffinée et nauséabonde, d’ennui et de préciosité.
je craindrais d’insister sur ce soudain éclat.) « La phrase d’amour s’élève ». (Appeler ce délire physique de l’amour, c’est blasphémer ce mot divin. ) « Elle s’élève toujours douloureuse et néanmoins déjà triomphante. » (Comment déjà triomphante ? […] « Ces prétendus amants, dit Gasperini, sont deux élèves de Kant, de Schopenhauer, de l’école indienne, ce ne sont pas des créatures humaines ; jamais, grâce au ciel, l’amour n’a parlé cette langue ampoulée et barbare ; jamais il ne s’est précipité dans le deuil, dans la mort avec cette rage de délabrement et de submersion. » Va pour leur premier cri d’amour ! […] Vie sainte d’amour, auguste création de volupté, désir délicieux de l’éternel sommeil sans apparence et sans réveil ! […] Il a uniquement traduit— avec un génie incomparable — une idée générale, l’amour ; une situation assez commune : un rendez-vous nocturne entre amants.
Pharasmane et ses deux fils, Arsame et Rhadamiste, sont amoureux de Zénobie ; mais Zénobie est mariée à Rhadamiste ; l’amour de Pharasmane et d’Arsame est incestueux : voilà l’horreur. […] Dans Zaïre, trois caractères sont en relation et réagissent l’un sur l’autre : Orosmane, l’amour jaloux ; Lusignan, la foi fervente ; Zaïre, l’amour passionné aux prises avec le respect filial. […] Il voulait qu’on rendît à l’amour sa fureur, et qu’on n’en fit pas un échange de douceurs ingénieuses. Il voulait qu’on mît l’amour à sa place, et qu’on ne le mît pas où il n’avait que faire : pourquoi l’amour serait-il le seul ressort de la tragédie ? […] Il ne mettra point d’amour dans Mérope ; il n’en mettra pas dans Oreste, qu’il opposera à la trop galante Électre de Crébillon.
Venez à mon cœur, poursuit-il, vous autres qui aimez et qui voulez du feu, et allumez-y vos lampes ; venez prendre de l’eau à la fontaine de mes yeux, parce que je naquis dans l’amour, que l’amour m’éleva, que je viens de l’amour, et que j’habite dans l’amour. […] C’est l’amour après les amourettes. […] « Amour oublié, amour retrouvé », dit la chanson. […] — Grand merci, beau camarade, — je n’ai faim que du pain d’amour. — Grand merci, beau camarade, — je n’ai faim que du pain d’amour. […] C’est un amour terrible, — c’est un amour terrible et fou, cet amour !
Marguerite, c’est le bien ou l’amour ! […] Les convives boivent, chantent, se racontent leurs amours. […] Empare-toi de mon cœur, douce peine du désir d’amour qui vis altéré de la rosée de l’espérance ! […] Et les étoiles éternelles ne se montrent-elles pas en nous regardant avec amour ? […] amour !
Il se moque de l’amour, comme d’une maladie ridicule. […] Entre l’amour et le mariage, il s’est créé une spécialité. […] Dumas, pour dégoûter de l’amour coupable, nous donne celui de ses esclaves dégrisés. […] Puis son amour maternel a pris l’expansion de la Charité. […] Elle prétend n’être qu’une femme vénale, qui a feint l’amour pour escroquer un mariage… .
Mais bientôt de graves pensées survinrent ; aux fêtes des salons succédèrent les orages de la place publique, et les ris étincelants des amours s’éteignirent par degrés dans l’immense clameur populaire. […] Mais, en introduisant la divinité et l’immortalité dans l’amour, M. de Lamartine n’a fait qu’obéir à des besoins individuels, lesquels ne retentissent au dehors que par des sympathies délicieuses et profondes sans doute, mais nécessairement solitaires. […] Une Esquisse sur la poésie érotique, où l’écrivain passe en revue les divers auteurs qui ont cultivé ce genre, depuis Homère jusqu’à madame Dufresnoy, depuis la Bible jusqu’aux Amours des anges, nous a paru également intéressante et instructive. Toute la partie antique y est surtout traitée avec prédilection, et comme célébrée avec amour ; on sent que M. […] Tissot les a trop fait disparaître ; et si l’on y rencontre et plus de raison et moins d’abus d’esprit que dans l’auteur, on y regrette, d’un autre côté, l’absence des mouvements simples, redoublés, variés en cent façons, jeux de la muse, images des jeux de l’amour.
Ève dans Milton, Pénélope dans Homère, ne personnifient pas des amours plus naïfs, plus constants et plus saints. […] Il déplore l’impossibilité où il est de lui déclarer son amour. […] Il imagine de faire de ces cygnes les messagers discrets de son amour. […] Il pleure en entendant l’esclave qui lui peint les angoisses et l’amour fidèle de l’épouse abandonnée par l’époux. […] Elle lui avoue que cette faute apparente n’était que la ruse de son amour pour le forcer par la jalousie à se découvrir.
Quel tort ne faisait-on pas à cette jeune inspirée d’un chaste amour de la comparer à Sapho ? […] Cher enfançon, mon soulcy, mon amour ! […] À tant d’amour est permys quelqu’effroy : Ah ! […] Suyvons l’amour, tel en soit le danger ! […] » Lisez encore ce chant d’amour aux quatre saisons de l’année.
par l’amour individuel ou par cette espèce d’égoïsme qu’on appelle l’art pour l’art. […] L’ardeur de son amour n’en est pas moins une des plus admirables révélations de l’amour que jamais poète ait écrites. […] Werther sent l’amour ; mais en même temps qu’il sent l’amour, il n’en sent que plus faiblement encore l’Humanité. […] L’amour le prend alors. […] Montrez-nous l’amour aussi ardent, aussi pur que Goethe l’a peint dans Werther ; mais que cet amour sache qu’il y a un amour plus grand, dont il n’est qu’un reflet.
C’est un tableau, mais c’est un tableau délicieux, c’est une peinture des amours de Vénus et d’Adonis. […] Elles se content trois histoires d’amour qui ne nous intéressent pas beaucoup. […] Par exemple ceci qui est un petit intermède, le petit couplet d’Iris ou d’une de ses sœurs, d’une des filles de Minée, sur l’amour considéré comme producteur de belles actions, sur l’amour considéré comme ferment ou levain de générosité, de grandeur d’âme, de magnanimité, de courage. […] Peut-être vous croyez Par quelque amour pour moi me les avoir payés ! […] Lui, il a fait du théâtre d’amour et du théâtre gai.
Vous l’avez vu, Carlyle a supprimé les facultés et la morale humaines au profit d’un grand homme qu’il a trop adoré ; car on n’adore bien le génie qu’en le comprenant, et c’est le seul amour, l’amour du génie, qui ne doive pas porter de bandeau. […] L’Angleterre grave assez profondément cet amour dans l’âme de ses enfants pour que jusqu’à leur génie, quand ils ont du génie, en garde l’empreinte ! […] — l’amour maternel de Constance ; dans Coriolan, ce fut l’amour d’une autre nature de mère avec l’amour filial de Coriolan, cet amour filial plus fort que l’orgueil du Romain ; et dans le Roi Lear, ce fut la plus grande douleur paternelle, le parricide de l’ingratitude, et l’amour filial encore, mais celui-là le plus sincèrement pur qui ait jamais épanoui sa fleur céleste dans un sein de vierge. […] Au contraire, la pieuse fille épousée par l’amour désintéressé et sincère, et les serviteurs, qui sont de la famille encore et en ferment le cercle sacré, fidèles au père et au Roi, autre père ! […] Hai, à qui la délicatesse est venue, et qui pour la première fois, a le sentiment de l’amour !
A mon avis, c’est peut-être la première fois que la poésie française a véritablement exprimé l’amour de Dieu. […] comment aimer d’amour ce qui n’a pas de limites ni de formes ? […] C’est donc notre amour qui crée sa sainteté. […] Tant il est vrai qu’il n’y a qu’un amour ! Et, de fait, toutes les épithètes que l’auteur de l’Imitation donne à l’amour de Dieu conviennent aussi à l’amour de la femme.
Née modeste et vertueuse, elle eut une grande confusion de son amour, tout en s’y abandonnant, et elle résista le plus qu’elle put à tous les témoignages d’honneur et de faveur qui tendaient à le déclarer. […] La première fois qu’elle prit la fuite, ce fut dans le premier et le plus beau temps de ses amours. […] C’est que la dignité et l’amour ne vont guère ensemble, et que tant qu’on aime, tant qu’on espère encore, si peu que ce soit, on fait bon marché de tout le reste. […] On reconnaît vers la fin des Réflexions les vifs élans de cet amour tendre qui est en voie de se transformer en passion divine et en charité. […] Faites-en de même, chrétiens… C’est en ces termes simples et qui coupaient court à toute curiosité vaine et étrangère, que Bossuet aborde son sujet et qu’il s’attache à définir et à décrire les deux amours, le profane et le divin, « l’amour de soi-même poussé jusqu’au mépris de Dieu », et « l’amour de Dieu poussé jusqu’au mépris de soi-même ».
» Avec quelle fougue a-t-il lancé et entrechoqué l’amour, la jalousie, la soif du plaisir, toutes les impétueuses passions qui montent avec les ondées d’un sang vierge du plus profond d’un jeune cœur ! […] La Muse et sa beauté pacifique, la Nature et sa fraîcheur immortelle, l’Amour et son bienheureux sourire, tout l’essaim de visions divines passe à peine devant ses yeux qu’on voit accourir, parmi les malédictions et les sarcasmes, tous les spectres de la débauche et de la mort. […] (Il est vrai qu’on peut alors développer le contenu de ces mots « jeunesse et amour », et que cela ne laisse pas d’être long.) […] Lucrèce, et aussi dans l’éternel inassouvissement du désir, l’éternelle illusion renaissante ; ou encore que la mélancolie de l’amour lui a été parfois un acheminement aux mélancolies intellectuelles de son siècle, on sera fort près d’avoir tout dit. […] C’est pour cette cause que nous avons tant de vers d’amour écrits par des jeunes gens qui sont ridicules et tant de vers d’amour écrits par des quadragénaires qui sont agréables, mais froids.
Sais-tu ce qu’est l’Amour ? […] Toute la vie se résout en l’Amour et c’est par l’action que nous sommes dans la vie. […] partout est l’amour. […] Griffin — s’il l’a bien démêlé, ce dont je ne suis pas sûr, — paraît être l’Énergie qui, à travers le flux des choses, se détermine immédiatement en l’Amour comme l’Amour se concrétise chez l’homme en des actes. Dans le monde des intelligibles l’idée de l’Amour gouverne toutes choses et permane, opposée à ce qui passe ; c’est en elle que se développe le Moi.
La solitude, la poésie, l’amitié, un peu d’amour sans doute, y remplirent ses loisirs. […] Mais l’amour de m’enrichir m’a séduit. […] Il n’y avait plus qu’un point secret sur lequel Farcy se sentait inexpérimenté encore, et faible, et presque enfant, c’était l’amour ; cet amour que, durant les tièdes nuits étoilées du tropique, il avait soupçonné devoir être si doux ; cet amour dont il n’avait guère eu en Italie que les délices sensuelles, et dont son âme, qui avait tout anticipé, regrettait amèrement la puissance tarie et les jeunes trésors. […] « Mais son cœur lui échappe et s’attache à une fausse image de l’amour. […] Il va de l’amitié à l’amour comme il a été de l’incrédulité à l’élan vers Dieu.
Certes l’invocation de Lucrèce ne surpasse pas ce que je veux citer : « L’amour doit gouverner la terre que l’ambition fatigue. L’amour est ce feu paisible et fécond, cette chaleur des cieux qui anime et renouvelle, qui fait naître et fleurir, qui donne les couleurs, la grâce, l’espérance et la vie… Lorsqu’une agitation nouvelle étend les rapports de l’homme qui essaye la vie, il se livre avidement, il demande à toute la nature, il s’abandonne, il s’exalte lui-même, il place son existence dans l’amour, et dans tout il ne voit que l’amour seul. […] Tout est douleur, vide, abandon, si l’amour s’éloigne ; s’il s’approche, tout est joie, espoir, félicité. […] … Celui qui est homme sait aimer l’amour, sans oublier que l’amour n’est qu’un accident de la vie ; et, quand il aura ses illusions, il en jouira, il les possédera, mais sans oublier que les vérités les plus sévères sont encore avant les illusions les plus heureuses. […] Tout sentiment généreux vous était naturel ; tout le feu des passions était dans votre mâle intelligence ; l’amour lui était nécessaire, il devait l’alimenter ; il eût achevé de la former pour de grandes choses ; mais rien ne vous a été donné, et le silence de l’amour a commencé le néant où s’éteint votre vie. » Le génie du paysage se révèle à chaque pas dans les récits d’Oberman.
Il est très commun en France, — plus commun même que les femmes qui y racontent impudiquement leurs amours, quoiqu’elles s’y multiplient beaucoup. […] l’amour ! Aime-t-on, a-t-on réellement aimé, dans ce livre de Souvenirs, qu’un critique, qui croit un peu trop vite ce qu’on dit, appelait dernièrement les indiscrétions de l’amour ?… Les rares, les très rares livres qui expriment l’amour, — l’amour pour le compte des cœurs qui les ont écrits, ont un accent sur lequel il ne peut y avoir ni méprise ni doute. […] Elle a mieux fait que de se monter la tête, elle s’est fait des têtes, comme on dit au théâtre, une tête d’amour d’abord, puis une tête de vengeance.
Le mariage est une loi dont les hommes, pauvres sacrilèges, ont voulu faire une institution… Si j’étais législateur, j’écrirais un seul article dans le code humain, L’Amour OU le mariage étant d’institution divine est nécessairement indissoluble. […] Avec cette air vieille fille que le bas-bleuisme endoctrineur lui a donné, Mme André Léo croit, comme les vieilles filles, à l’amour qu’elle confond avec le mariage, dans sa théorie ; menée, malgré elle, à cette conclusion que le but de la vie, c’est le bonheur du cœur, — la grande idée, hélas ! […] ne valait pas mieux que les hommes, j’y renonçai. » Dieu fut bien attrapé et elle le remplaça par l’Idéal, cette billevesée allemande, dont elle a dit ailleurs : « Le créateur de l’idéal, c’est l’amour. » Si elle s’entend, c’est une athée. […] Elle a la négation raisonnée de toute autorité et de toute hiérarchie, la fureur de l’égalité avec l’homme, dans l’intelligence, dans les œuvres, dans l’amour et surtout dans le mariage… Les femmes du temps de Molière ne faisaient que les savantes, et lui, en faisait des personnages de comédie. […] Que sont-elles, toutes ces sèches et longues institutrices anglaises, qui sentent leur esclavage et qui tordent leurs malheureuses échines sur le pal qui les embroche, et sur lequel elles tournent, au feu du désir… de n’être plus des institutrices, auprès de cette sybarite de Mme André Léo, qui trouve cette fonction d’institutrice savoureuse et voluptueuse et qui, mêlant l’amour de la science à l’amour chaste de l’amour, crée, dans ses romans, des Abeilards sans catastrophes, lesquels font, en même temps, à leurs maîtresses la classe de l’amour ; puis, après les épousailles, ouvrent une école et sont ensemble pour la vie, conjugalement, institutrices et instituteurs.
le génie du romancier à tirer un jour du fourreau, a passé, pour nous raconter cette histoire d’amour intitulée Louise, par-dessus ses occupations et ses préoccupations habituelles, et à cela nous disons : Tant mieux ! […] Il y avait à cette histoire d’amour, — et je n’écris pas ce mot avec un mépris léger : les histoires d’amour, en littérature, sont, pour peu qu’on y mette un peu de talent, non pas des redites, mais du renouveau, au contraire, — il y avait trois dénouements possibles, tranchés et vrais tous les trois, et qui auraient fait leçon dans l’esprit du lecteur après avoir fait coup dans son âme. Ou c’était le dégoût tuant l’amour, et s’il ne le tuait pas, car il ne le tue pas toujours, hélas ! […] Ou bien encore, c’était l’amour heureux, en pleine possession, qui se suicidait lui-même sans raison (l’amour n’en ayant ni pour naître, ni pour durer, ni pour mourir), et qui se frappait, comme le scorpion se perce de son dard, en pleine flamme. […] Il dit que de toutes ces circonstances si favorables, qu’il décrit fort exactement, jaillit l’amour entre lui et Louise, comme la flamme jaillit d’un feu bien fait.
C’est un joli sujet que la Première offrande à l’Amour. […] L’Amour menaçant. […] Je ne sais, mon ami, si vous aurez remarqué que les peintres n’ont pas la même liberté que les poètes, dans l’usage des flèches de l’Amour. […] Dans un tableau l’Amour menace de sa flèche, mais il ne la peut jamais lancer sans produire un mauvais effet. […] La première fois que vous rencontrerez sous vos yeux, la Saison de l’Albane où ce peintre a fait descendre Jupiter dans les antres de Vulcain, au milieu des Amours qui forgent des traits, et que vous verrez ce dieu blessé au milieu du corps d’un de ces traits, par un petit Amour insolent, vous me direz l’effet que vous éprouverez à l’aspect de cette flèche à demi enfoncée dans le corps et dont le bois paraît à l’extérieur.
Il faut donc rayer l’amour des mérites nouveaux de feu Mérimée. Il reste Gros Jean, ou plutôt Maigre Jean, en fait d’amour, comme devant. […] C’était un contenu, et l’amour est un épanchement. […] Il ne fait même l’amour qu’en Trissotin. Il n’embrasse pas son inconnue pour l’amour du grec, pas plus que pour l’amour d’autre chose.
. — Poésies : les Amours, la Vie, l’Amour (1866-1874). — La Chanson des heures (1874-1878). — Dimitri, opéra en 5 actes (1876). — Les Ailes d’or (1878-1880). — Myrrha, saynète romaine (1880). — Monsieur, comédie-bouffe en 3 actes (1880). — Le Pays des roses (1880-1882). — Galante Aventure, opéra-comique en 3 actes (1882). — Le Chemin des étoiles (1882-1885). — Les Malheurs du commandant Laripète (1882). — Les Farces de mon ami Jacques (1882). — Mémoires d’un galopin (1882). — Le Péché d’Ève (1882). — Pour faire rire (1882). — Le Filleul du Docteur Frousse-Cadet (1882) […] — Portraits et souvenirs (1886-1891). — Histoires extravagantes (1892). — Pour les amants (1892). — Le Nu au Salon (1888 à 1892). — Les Drames sacrés (1893). — Amours folâtres (1893). — Contes désopilants (1893). — Facéties galantes (1893). — Histoires abracadabrantes (1893). — Le Nu au Salon (1893). — Sapho, 1 acte, en vers (1893). — Fantaisies galantes (1894). — La Cosake (1894). — Nouvelles gaudrioles (1894). — Le Nu au Salon (1894) […] — Les Veillées galantes (1896). — Au fil du rire (1897). — Chemin de Croix, 12 poèmes (1897). — Contes grassouillets (1897). — Le Nu au Salon (1897). — Le Petit Art d’aimer (1897). — La Sculpture au Salon (1897). — Tristan de Lionois, 3 actes, 7 tableaux, en vers (1897). — Belles histoires d’amour (1898). — Les Contes de l’Archer (1898). — Histoires gauloises (1898). — Le Nu au Salon (1898). — La Sculpture aux Salons (1898). — Les Tendresses, poésies (1898). […] Jules Lemaître Les lecteurs du Gil Blas, qui se délectent deux ou trois fois par semaine aux amours de l’ami Jacques et aux aventures du commandant Laripète, ont-ils lu les Renaissances, les Paysages métaphysiques et les Ailes d’or, et soupçonnent-ils que M. […] Sainte Thérèse donne à l’amour de Dieu les caractères d’un amour physique, et M.
Il est vrai que l’amour de Dieu est l’amour que nous comprenons le moins de tous les amours mystérieux du cœur de l’homme… Mais voyons, messieurs les penseurs ! […] C’est le Diogène chrétien, en effet, que Benoît-Joseph Labre, non plus avec le cynisme du philosophe antique, mais avec des sentiments inconnus à toute l’Antiquité : l’humilité, la simplicité du cœur, et l’amour du Dieu qui a enseigné aux hommes la mortification et la pauvreté. […] Il y a ajouté l’amour de celui qui le prononça sur le Thabor, et montré ce que cet amour pouvait devenir dans un cœur d’homme, aux hommes, qui l’avaient oublié ! […] Quand il s’arrêtait aux Églises, il s’y reposait de ses longs chemins sur les genoux devant le sanctuaire, les bras en croix, insensible à tout, aux plus affreuses fatigues, à la douleur, à la faim, imperméable à la création tout entière, lui qui n’était plus qu’une âme et qu’on eût pu appeler, dans nos langages de la terre : le cataleptique de l’amour de Dieu ! […] Pour eux, Balzac remplacerait Pie IX dans la justice tardive à rendre à ce grand Indigent volontaire et obscur, — lumineux seulement devant Dieu, — qui vécut dans la palpitation prolongée de l’amour sans bornes, et dont l’âme emporta le corps, émacié dans une étisie sublime, et le répandit devant Dieu comme une fumée d’encens… Au lieu de cela, ils continueront de ricaner, et peut-être le livre de M.
. — Naissance de son amour pour le roi. […] « La facilité de toutes ces dames, dit-il, avait rendu leurs charmes si méprisables, qu’on ne savait plus ce que c’était que les regarder. » De là ces amours à l’italienne décrits par le même auteur, ces amours dont Dangeau a aussi parié dans ses mémoires, et qui ont été longuement décrits dans ceux de la princesse Palatine, d’après les monuments de l’époque : ce sont ces mêmes amours contre lesquels l’éloquence de Bourdaloue a tonné le jour de Noël 1687, dans un sermon prêché devant le roi, qui le lendemain exila plusieurs jeunes gens de la cour : ait cité dans l’Abrégé chronologique du président Hénault. […] L’amour de la considération est, comme l’amour de la gloire, une passion peu définissable, La considération, comme la gloire, n’a ni bornes, ni contour, ni confins, ni domaines déterminés. […] L’amour d’une femme qui plaît et se respecte a des charmes incomparables avec ceux de toute autre, et une puissance sans égale. […] Donnez à un soldat du talent, du courage, l’amour de la gloire, et une occasion : voilà un maréchal de France.
Elle accordoit avec ce goût un soin extrême de la parure, l’amour de la danse & des fêtes, une affectation à laisser entrevoir une très-belle gorge. […] Un amour vif & désintéressé de voit tenir lieu de tout. […] Des femmes foibles, des religieux jeunes & plus foibles encore, sentirent bientôt leur cœur brûler de l’amour pur. […] Ainsi ce monarque étoit engagé, sans le sçavoir, à poursuivre l’amour pur & parfait des mystiques. […] Ils sollicitoient vivement à Rome en faveur de l’amour pour & désintéressé, pendant qu’on les accusoit en France de rejetter toute espèce d’amour divin.
Si j’avais été d’elle, j’aurais préféré l’amour d’un tel cavaliere à la main du premier prince d’Italie ! […] Mais il ne divulgua jamais son amour, par une discrétion inséparable du véritable culte. […] Elle fit plus ; triomphant de l’amour qu’elle ressentait pour l’ingrat duc d’Albanie, Olinde servit l’amour ambitieux qu’il avait conçu pour la princesse. […] Ce nom l’a inspiré, c’est l’amour qui a tenu sa plume ici, ce n’est plus seulement sa belle imagination. […] C’est que Voltaire écrivait en grand artiste, et qu’Arioste chantait l’amour en grand amoureux.
L’amour dévorant et le sombre désespoir : voilà le fond de la fable. […] Or, dans le roman français, il y a, comme dans le drame de Wagner, amour à première vue, et la mère d’Isolde ne prépare le philtre et ne le confie à Brengain que précisément parce qu’elle s’est aperçue de cet amour. Le philtre n’est donc nullement cause de l’amour ; il n’est, pour ainsi dire, que la justification des amants. […] Il en est de même des derniers mots : « Hoechste Liebeslust » (suprême volupté d’amour). […] Depuis l’aveu de leur amour ils sont en vérité morts ; le monde n’existe plus ; ils sont livrés à eux-mêmes.
Tous chantaient exclusivement l’amour, cette éternelle inspiration du cœur. […] L’adversité avait changé sa muse dans son sein ; elle n’y avait laissé que son premier amour. Cet amour, cependant, n’avait pas été le seul. […] Mais tout indique aussi que, si le Dante avait été plus que léger dans l’amour des sens, il avait été fidèle dans l’amour de l’âme. […] Cette attraction, c’est l’amour.
Arthur qui brûle pour Hermance Était renommé troubadour, Il possédait la gai-science Et savait beaux refrains d’amour. Tous trois se croient aimés, et on les trompe tous trois ; car ces cœurs de châtelaines superbes et volages n’avaient d’amour que faux-semblants. Aussi bientôt notre beau page Que suit, triste, son lévrier, Quitte ces lieux où l’on outrage Amour et foi de chevalier. […] Alors, les dames aux abois, et n’ayant pour servant d’amour que l’Ennui, ne savent plus que devenir : « Autant vaudrait être cloîtrée ! […] Ce fort de Joux, où Mirabeau écrivait ses lettres brûlantes à Sophie, ne manquait pas, on le voit, en son beau temps, de tragédies d’amour.
Sans amour de guerrier toujours je veux vivre. […] Souvent aussi à cause de son amour il ressentait grande souffrance. […] Sinon ces deux cœurs agités d’amour auraient eu tort. […] Nous avons navigué jusqu’ici pour l’amour de vous. […] Songez-y. » Ainsi répondit la vierge digne d’amour.
On peut dire que, pour nos classiques, ce choix a été fait et arrêté, soit par longs d’un point à un autre, de l’indifférence à l’amour, ou de l’amour à l’indifférence, ou de l’amour ignoré à l’amour senti et confessé. […] Après Arlequin poli par l’amour, lisez, je vous prie, le Triomphe de l’amour. […] L’Amour est mort, vive l’Amour ! […] Vous voulez rendre la vie à la poésie, vous lui retirez ce qui est la vie même de l’univers, l’amour, l’éternel amour. […] Ça s’rait un’ preuv’ d’amour.
Quoique le résultat de mes dernières lectures et de mes réflexions sur la cause réelle qui a pu déterminer le suicide de Léopold Robert soit le doute et que je n’exclue aucune explication, je suis de ceux qui ne font pas la part la plus grande, dans son acte fatal, à un désespoir d’amour, et je ne puis m’empêcher de donner raison à M. […] Il contient des détails très curieux ; mais je ne puis partager entièrement ses opinions sur le prétendu amour de Robert, et surtout sur l’influence qu’il aurait exercée sur son talent et sur ses ouvrages. Que notre pauvre ami ait été amoureux de la princesse Bonaparte, c’est possible ; mais, dans tous les cas, cet amour n’aurait occupé que les trois dernières années de sa vie, et dans ces trois années il n’a fait que Les Pêcheurs. […] Qu’à cela il se soit mêlé un peu d’amour malheureux, je ne veux pas le contester. […] Voilà bien du bavardage, mon cher ami, pour vous dire que je ne crois pas, comme Delécluze, que l’amour soit le seul motif de la mort de notre ami.
Fille d’amour, as-tu jamais connu des jouissances pareilles ! […] Il est l’amant intérimaire, l’amant qu’on oublie, l’amant non seulement sans amour, mais sans nul semblant d’amour. […] Ce qui exorcisera Lionnette, ce sera l’amour maternel. […] Renan a dit que la beauté valait la vertu, et que l’amour d’une femme et l’amour de Dieu, c’était tout à fait kif-kif ! […] Car l’amour est toujours l’amour, et l’idéal est toujours l’idéal.
Une fille unique, fruit de leurs légitimes amours, était âgée de dix ans. […] Si la lumière est le premier amour de la vie, l’amour n’est-il pas la lumière du cœur ? […] L’amour est notre seconde transformation. […] L’amour lui expliquait l’éternité. […] Eugénie dévore ses larmes, et le roman du cœur finit avec le roman d’amour.
On a son Epitre à Sapho, dans laquelle il s’attache à lui déconseiller la gloire, et à l’édifier sur l’amour : c’est une très-ingénieuse pièce contre l’immortalité poétique. […] Écoutez donc, Sapho, la nature et l’amour. […] Toutes les deux paraissent avoir senti l’infidélité avec une douleur qui n’éteignit pas l’amour : Amour, redonnez-lui le dessein de me plaire ; Mais, quoi que l’ingrat puisse faire, Ne sortez jamais de mon cœur. […] Il semble que cette inspiration d’un amour sans bonheur, la douleur passionnée, ait fait aussi le premier génie de Mme Valmore. […] Voir celui à l’abbé Testu : Fleur de vingt ans tient lieu de toutes choses, et un autre encore, bien agréable, sur ce qu’il est difficile en amour de amour de résister aux gens d’esprit : Contre l’amour voulez-vous vous défendre ?
Son amour a la tristesse d’une fatalité subie plutôt qu’acceptée. […] Si l’amour des jeunes gens est aveugle, celui des vieillards est halluciné. […] Pienne, son amour pour Diane. […] » demande Diane, avec la candeur féroce de l’amour. […] Le jeune homme se risque à lui avouer son amour ; madame de Rohan insiste pour qu’elle se déclare.
Les caractères se sont dépravés par les haines particulières, sans s’agrandir par l’amour de la patrie ; l’on s’est familiarisé avec l’assassinat, tout en se soumettant à la tyrannie. […] Les Maures donnaient aux Espagnols leur esprit de magnificence ; les Espagnols inspiraient aux Maures leur amour et leur honneur chevaleresque. […] Ce qu’on trouve le plus rarement, en général, dans les ouvrages italiens, quoique tout y parle d’amour, c’est de la sensibilité. […] L’esprit que ces derniers avaient porté dans la théologie, les Italiens l’introduisirent dans l’amour. […] L’affectation de l’amour porte les esprits au ton licencieux, comme l’hypocrisie de la religion à l’athéisme.
mon amour ! […] Par l’amour, tout bonnement. […] Amour des sens ? […] Endormons-nous dans son amour. […] Maudit soit l’amour !
S., avec la belle Henriette, avec ces divinités sans nombre qu’il a aimées et qu’il déclare toutes suaves, c’est la facilité, l’insouciance mêlée de tendresse, le plaisir dominant, le bonheur, l’amour à l’antique, nu, comme les Grecs ioniens, comme Horace l’entendaient, comme Courier de nos jours et Béranger, un amour vif, tendre, jouissant, successif et oublieux, l’âme n’y étant que pour orner les sens, les délasser et leur sourire, non pour les torturer de ses jalousies ou de ses remords. […] je suis ton premier amour ! […] tu es aussi le premier amour de mon cœur, et tu seras certainement le dernier. […] Dès ce moment, dit Casanova, notre amour commença à devenir triste, et il ajoute naïvement : « La tristesse est une maladie qui finit par le tuer. » Il obtint d’Henriette la permission de l’accompagner jusqu’à Genève où elle le quitta pour rentrer en France. […] Pour qui sait et veut l’amour, il y a quelque chose de profondément triste à voir cette consolation perpétuelle et banale : quand don Juan change si vite, on sent du moins de l’ironie dans ses infidélités.
Et l’on identifie par surcroît la vérité avec le désir ou l’amour. […] Un amour profond de la vérité, une noble foi dans la raison et dans la science soutiennent les savants adonnés aux plus âpres études. […] Il n’y a de salut que dans l’amour, et dans l’amour-passion. […] L’amour et la mort, c’est le thème que Leopardi, que Musset chanteront : Mlle de Lespinasse l’a vécu. […] Ophélie est une princesse de tragédie, fille de Claudius, afin que l’amour et la nature déchirent le cœur du sensible Hamlet.
Ou plutôt ce monument existe, mais par fragments ; et comme un esprit, unique et substantiel est empreint en tous ces fragments épars, le lecteur attentif, qui lit Diderot comme il convient, avec sympathie, amour et admiration, recompose aisément ce qui est jeté dans un désordre apparent, reconstruit ce qui est inachevé, et finit par embrasser d’un coup d’œil l’œuvre du grand homme, par saisir tous les traits de cette figure forte, bienveillante et hardie, colorée par le sourire, abstraite par le front, aux vastes tempes, au cœur chaud, la plus allemande de toutes nos têtes, et dans laquelle il entre du Goethe, du Kant et du Schiller tout ensemble. […] La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué. […] Ce serait pour nous une trop longue, quoique bien agréable tâche, de rechercher dans ces volumes et d’extraire tout ce qu’ils renferment d’idées et de sentiments par rapport à l’amour, à l’amitié, à la haute morale et à la profonde connaissance du cœur ; au spiritualisme panthéistique, véritable doctrine de notre philosophe ; à l’art, soit comme théorie, soit comme critique, soit enfin comme production et style. […] Et pour ne prendre ici que l’amour, quel homme l’a senti et ne sera touché jusqu’aux larmes des pensées suivantes, que nous détachons presque au hasard ?
Est-ce le moment de songer aux amours ? […] C’est de l’amour triste, mais c’est encore de l’amour, et cela vaut mieux que rien pour ces fanatiques de l’émotion. […] Un livre sur l’amour est un livre d’aveux. […] Un homme parfaitement sain, jeune, fort et joyeux, fait l’amour et n’écrit pas sur l’amour ; il ne lit pas non plus de livres écrits sur l’amour. […] La Physique de l’amour.
Écrite comme une autobiographie, en une série de notes éparses que relie à peine un récit d’amour ténu et bizarre, la Course à la Mort est l’histoire d’un jeune homme en qui le pessimisme latent de cette époque, portant ses dernières atteintes, devient ressenti et raisonné, envahit et stérilise le domaine des sentiments, frappe d’une atonie définitive l’âme qu’il a mortellement charmée. […] C’est une période d’une de ces équivoques et indécises amours qui donne au livre sa trame. […] De plus douces émotions reviennent, il est ressaisi par le charme, enlacé par l’illusion, il veut vivre, se redresser, sortir de son suaire, mais il se butte de nouveau, s’arrête, ébauche un geste de renoncement et médite son impassibilité jusqu’à ce que la mort de Céline N.., vienne détruire ce vestige d’amour et résoudre les contradictions de son âme en une longue harmonie de regrets. […] Huysmans où l’amour ne joue aucun rôle, et dont le dernier analyse un solitaire, à cet admirable roman de M. […] Avec d’autres, il inaugure dans le roman, à côté de l’étude de l’amour, qui en restera la tâche et le prestige, l’étude de la haine qui commence à sourdre entre l’homme et la femme à une époque où ils aperçoivent l’antagonisme de leurs intérêts sociaux et devinent l’hostilité de leurs fonctions vitales.%220 % Certains vers de la Justice de Sully Prud-homme commentant certaines pages de Darwin, sont la préface de cette nouvelle tendance.
Elle fond à l’amour, qui est son soleil. « Cosette ne savait pas ce que c’était que l’amour. […] C’est l’alphabet de l’amour, qu’on lui fait épeler pour la première fois. […] « Si l’amour s’éteignait, le soleil s’éteindrait ! […] Il était éperdu d’amour.
Féconde jadis, elle enfantait l’amour, la pensée et la vie. […] Et tenez, la déclaration d’amour, vous savez comment elle se fait au théâtre. […] Il a un amour quasi enfantin du mélodramatique et du mystérieux. […] Son ancien amour, après dix-neuf ans, la possède comme au premier jour. […] Georges de Porto-Riche me paraît exprimer, avec une rare intensité, un sentiment des plus intéressants, la haine de l’amour chez un homme qui connaît très bien l’amour.
— Amour, c’est un chant que ta voix ! […] La grâce est une source d’amour, partant de la joie. […] c’est la même séduction et la même nostalgie que l’amour. […] Dans Shakespeare, partout l’amour est le magicien. […] Quand les hommes ont perdu tout contact avec l’amour, l’amour cesse d’être un mot pour devenir un être.
Son chant, comme celui des oiseaux qui ne chantent que durant la saison des amours, s’en irait mourir vaguement dans les bois. […] — L’Amour. — Toi l’Amour ? […] « L’Amour vint. […] l’Amour a menti !
On veut de l’amour, quelque bon chrétien que l’on soit… Telle est la corruption du genre humain ! […] Chimène a bien plus d’amour que de piété filiale. […] L’amour, dans les héroïnes de Corneille, n’est jamais que l’esclave de l’honneur et du devoir. […] Il parle sans cesse d’amour, et il en parle mal. […] D’ailleurs, pourquoi l’auteur de l’Art poétique, après avoir décidé très formellement que l’amour est le meilleur chemin du cœur, semble-t-il accorder aux poètes, comme par condescendance, la permission de peindre l’amour ?
Cependant Suzanne arrive, calme, riante, heureuse, l’amour sur les lèvres. […] si la haine qu’il lui montre n’était que l’envers d’un grand amour ? […] peut-être l’amant attendri par cette amende honorable l’aurait-il absoute, au nom de l’amour. […] Sur quoi, Suzanne lui fait part de la fin de leur amour, qui vient d’expirer à la fleur de l’âge. […] Il passionne la lettre de change, à l’égal de la lettre d’amour.
assez d’amour pour mettre en feu le parterre et les loges ? […] Pourquoi vouloir déloger l’amour ? […] et le malheureux, quel grand amour ! […] L’amour d’un homme pour une femme n’a jamais été plus loin. […] Elle n’a plus d’amour dans le cœur, mais on comprend si bien que l’amour a passé par là !
La sincérité et l’amour furent les deux caractères de son génie. […] faites que je sois avec vous, dans un amour éternel. […] Ô Seigneur, mon Dieu, saint objet de mon amour ! […] C’est quelque chose de grand que l’amour, et un bien au-dessus de tous les biens. […] L’amour aspire à s’élever, et ne se laisse arrêter par rien de terrestre.
Le dernier vers du poëme dantesque célèbre l’amour qui meut le soleil et les étoiles. […] De doctes religieuses enseignaient dans les couvents ce qu’avaient décidé les cours d’amour : à savoir que le véritable amour ne saurait exister entre les époux. […] Qu’est-ce donc que l’amour aujourd’hui ? […] Et instantanément de son cœur prosterné sort un hymne d’amour et de reconnaissance. […] Les moralistes n’ont point assez observé ces grandes amours fraternelles.
Cet amour enthousiaste de la vie, de la religion et de la beauté grecques a été un des sentiments les plus remarquables de la dernière génération poétique. […] la vie est brève et l’amour infini. […] Il satisfera les vieux humanistes, car il respire l’amour des bonnes lettres. […] Il en éprouve déjà les passions : vanité, amour-propre, jalousie amour aussi désir de gloire, aspiration à la beauté. […] Le poète, penché sur ce monde d’apparences, préfère à la lune qui se lève sur les montagnes celle qui s’allume au fond des eaux, et la mémoire de l’amour défunt aux voluptés présentes de l’amour. » Eh bien !
L’amour dont il s’agit ici, c’est l’amour brutal et fatal, sans nuances de sentiments ; c’est l’amour physique dans toute sa fureur — tel que le définit le chœur des Choéphores : « … Qui dira les passions éperdues de la femme, les amours que rien n’arrête, source de tant de douleurs ici-bas ? […] Ne nous étonnons donc point que, dans cette sanglante tragédie d’amour, l’amour soit à peine nommé trois ou quatre fois. […] L’amour, l’invincible amour qui dompte les hommes et les dieux, le délicieux amour qui soupire au clair de lune ou d’étoiles et qui mêle deux vies dans un baiser, le tragique amour qui sanglote, qui rugit et qui tue, l’inévitable amour qui remplit les trois quarts des livres écrits par les hommes, la comédie de Barrière nous en fait la grotesque peinture avec une sorte de mépris furibond. […] Il a la manie du suicide par amour. […] Rien de plus rebattu, en particulier, que l’histoire de ces passages de l’indifférence à l’amour, ou de l’amour qui s’ignore à l’amour qui prend conscience de lui-même et qui se confesse.
Andromaque pourrait se nommer à juste titre la tragi-comédie de l’amour. […] Nous sommes loin de l’amour galant, de l’amour chevaleresque et platonique. Même l’amour de Chimène, même l’amour de Pauline, ce n’était pas cela encore : il avait des allures trop héroïques et viriles, ou il cédait trop vite au devoir. […] Ici c’est la faiblesse et la grâce féminines jusque dans l’accomplissement d’un devoir inhumain ; non pas sacrifice, mais plutôt résignation douloureuse à une loi inévitable qui, bravée, tôt ou tard, prendrait sa revanche ; la plus grande preuve d’amour par l’immolation de l’amour même. […] Et puis l’amour et la jeunesse n’ont qu’un temps.
Ses deux originalités essentielles, c’est le sentiment de la nature et l’amour des animaux. […] Car, remarquez-le, l’amour des animaux est quasi le seul amour désintéressé que l’humanité connaisse j’ai dit quasi, parce que je ferai une petite réserve tout à l’heure est en vérité l’amour pur ; car il est le seul amour désintéressé. Songez-y bien, tous les autres amours, toutes les autres affections ont un mélange d’intérêt, ont un mélange « d’amour-propre » dans le sens que La Rochefoucauld donne à ce mot, ont un mélange d’esprit de retour sur soi-même, à commencer par l’amour proprement dit. […] Mais quand il s’agit d’aimer les animaux et j’ajoute les vieillards… les vieillards pauvres je voudrais bien savoir quelle pensée d’esprit de retour on peut avoir et si ce n’est pas l’amour pour l’amour, l’amour désintéressé, l’amour pur, qui fait que nous nous penchons avec intérêt vers notre inférieur. Il est certain que par cela La Fontaine habituait à un sentiment d’amour, d’affection sans mélange.
L’amour n’y est plus que comme un souvenir délicieux, comme une apparition matinale et céleste, qui s’est retirée dans le lointain, après avoir initié l’âme du poète à de plus sublimes mystères ; l’hymne a presque partout remplacé l’élégie. […] Cependant il n’est pas encore arrivé au terme de la vie ; il n’a pas encore épuisé la gloire, l’amour, l’avenir. […] L’amour seul mérite qu’on l’excepte d’entre toutes les choses humaines et qu’on ne le blasphème pas. […] Sans effort de mon cœur j’efface Ce songe de félicité, Et je dis, la pitié dans l’âme Amour ! […] Ces beaux lieux, ces horizons vermeils, l’azur de cette mer, surtout cette créature adorée, tout l’inondait d’amour, tout lui peignait Dieu ; et les paroles leur manquaient, heureux amants !
L’objet de l’amour bien compris c’est l’éternité de la vie ; l’amour est résurrection. […] L’amour de l’homme pour la femme, sans aller plus loin, c’est l’amour de l’inconnu. […] » Et cette explication de l’amour est explicatif de l’infidélité, sans quoi, du reste, elle ne le serait pas de l’amour. […] La curiosité est abolie, donc l’amour. […] La justice, c’est la fraternité sans amour ; la fraternité, c’est la justice plus l’amour.
Il va chercher fortune à Venise ; il trouve amour et fortune dans sa première liaison avec une belle courtisane de la capitale. […] L’amour le console de ce revers. […] C’est ainsi que les vrais poètes changent d’objet sans changer d’amour, parce qu’ils impriment sur tout ce qu’ils adorent l’image que Dieu a gravée dans leur âme. […] La mort de son père avait profondément attristé Mozart ; il ne savait à qui offrir la joie de ses triomphes ; il reportait sur sa femme, Constance, et sur ses quatre petits enfants toute sa tendresse ; il vivait d’amour conjugal et d’amour paternel comme il avait vécu, plus jeune, d’amour filial et d’amour fraternel ; il n’avait encore que trente et un ans, et déjà il ne tenait plus à la vie que par ses rejetons. […] Il est doux, l’amour du pays ; il est doux de revoir les siens !
Ces rivalités et ces jalousies de serviteur à maître ont été assez bien rendues dans l’Histoire des amours de Henri IV, composée par une personne et un témoin du plus haut rangh, Mlle de Guise, depuis princesse de Conti, qui a trouvé par avance dans ce petit écrit quelques-unes des touches que Mme de La Fayette mettra plus tard à raconter les amours de Madame. […] Mais la violente amour que j’apporte à mes sujets, etc. […] Ce roi, en effet, malgré son coin connu de fragilité, avait toujours en définitive, quand il l’avait fallu, sacrifié les plaisirs aux affaires, et il y avait en lui un ressort d’honneur qui pouvait, au dernier moment, triompher de son amour. […] Peu de semaines après, Henri IV était repris d’un autre amour pour Henriette d’Entragues, et avant la fin de l’année il lui avait fait une promesse de mariage (1er octobre 1599). […] combien de fois la même chanson d’amour pourrait ainsi servir !
C’est là, selon moi, la perle des lettres d’amour écrites par Henri IV. […] Pardonnez mon amour, qui me rend si audacieuse de vous parler si librement… Il vaudrait mieux perdre vingt mille hommes que régner au plaisir des rebelles… Pour l’amour de Dieu, ne dormez plus ce trop long sommeil. […] Et cependant l’amour de la comtesse et de Henri a déjà reçu son atteinte et son échec ; le doute s’y est glissé. […] Ne craignez ni croyez que rien puisse jamais ébranler mon amour. […] Mais, dès ce temps-là, la comtesse a fait son deuil de cet amour qui n’est plus qu’en paroles.
Le duo de Hernani et de Dona Sol exprime tour à tour la frénésie de l’amour dans les éclairs et dans le tonnerre, le triomphe de l’amour heureux, la lamentation de l’amour et de la mort ; l’amour de Ruy Blas et de la Reine a des soupirs d’élégie ; celui de Régina pour Otbert, c’est l’amour s’appariant aux teintes de l’automne et à la mélancolie des fins de jour. […] L’amour se prouve par sa criminalité. […] Mais ce n’est pas cet amour-là qui devient meurtrier. […] La jalousie est généralement tenue pour une preuve d’amour. […] Supposez qu’une lubie d’amour lui passe par la tête.
Où ton amour est-il resté ? […] Autrefois n’ai-je pas tout fait pour toi par amour ? […] On respire néanmoins le christianisme jusque dans l’amour. […] Un amour vrai transforme en un moment l’adolescent en homme. […] Mais ils ne se parlent pas d’amour. — “Je suis ici pour toi, dit simplement Herman.
. — Amour (1888) […] Quant aux poèmes de Sagesse et d’amour dont on s’est plu à louer le naïf christianisme, j’avoue les goûter fort peu. […] C’est une aussi grande joie pour moi de relire Sagesse que les Fêtes galantes, et Jadis et naguère qu’Amour ou Parallèlement. […] Verlaine restera, en effet, un poète de l’amour et le témoin des formes que ce sentiment a revêtues chez nous. […] Il a parlé de la chair avec frénésie, des baisers avec ivresse, sachant bien que là était le charme souverain de l’amour.
Cruel dénouement pour ces poétiques amours ! […] Elle se croyait aimée d’un amour infini, d’un amour qui devait défier toutes les épreuves ; elle reconnaît trop tard son aveuglement. […] L’amour filial n’est pas aussi bien rendu que l’amour paternel. […] L’amour de Ruy Blas pour Marie de Neubourg est timide, réservé, tel que doit être l’amour d’un poète. […] L’amour qui ne résiste pas à une pareille épreuve est un amour menteur, et n’a rien de poétique.
Psyché qui vient avec sa lampe surprendre et voir l’Amour endormi. […] L’Amour me paraît grimacer. Psyche n’est point cette femme qui vient en tremblant sur la pointe du pied ; je n’aperçois point sur son visage ce mélange de crainte, de surprise d’amour, de désir et d’admiration qui devrait y être. […] la tête de Psyche devrait être penchée vers l’Amour ; le reste de son corps porté en arrière, comme il l’est lorsqu’on s’avance vers un lieu où l’on craint d’entrer et dont on est prêt à s’enfuir, un pied posé et l’autre effleurant la terre ; et cette lampe, en doit-elle laisser tomber la lumière sur les yeux de l’Amour ?
. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) […] Mme Desbordes-Valmore aussi est toute poëte par l’amour. […] Jugez quand ce fut lui, quand l’idéal un moment fut trouvé ; alors les orageuses amours commencèrent, la vie devint errante. […] C’est alors que sa voix adorée M’éveilla tout entière et m’annonça l’amour, etc. […] En lisant Mme Valmore, on se fait à cette idée que la vie, l’amour, la poésie et la gloire ne s’échappent qu’en débris.
Sylvère et Miette, l’attachement de ces deux enfants nets, chastes et tendres, sont racontés avec amour. […] Que cet amour de l’équilibre physique et moral n’est qu’une part d’un amour plus général, celui de la vie, un indice le montre. […] Dans la Faute de l’Abbé Mouret, le Paradou fournit inépuisablement de décors assortis, l’amour qui s’y passe. […] Les amours de Rosalie et de son soldat sont le pendant grotesque de ceux d’Hélène et du Dr Deberle. […] Cet absolu amour pour, les forts qui seul eût conduit M.
Pessimisme ; solitude ; honneur et pitié ; amour. […] La terre natale lui est clémente, apaisante : elle lui semble l’aimer, et il lui rend un fort amour. […] L’amour l’y mena : c’est dans l’amour qu’il sent l’homme éphémère, par le sujet et par l’objet. […] La nature n’a pas besoin d’amour ; elle est insensible : ce qui passe et ce qui pleure a besoin d’amour. […] Éliminant les faits, laissant l’histoire anecdotique du cœur, où s’étaient complu tous les élégiaques jusque-là, Musset fait apparaître dans son amour à lui les propriétés éternelles et l’immuable essence de l’amour.
mais ses chants de colère disent l’amour, cruel et fatal, et, le spécial amour de la femme, lascif. […] Et cet amour grandit, inempêché. […] Il faudra qu’ils choisissent entre l’Or, symboIe du pouvoir, et la Beauté, symbole de l’amour, ces dieux, ces géants, ces nains. […] Béni soit l’amour qui, de tout temps, fit des miracles ! […] Ainsi répondent les jeunes amours aux séniles grimaces.
Or, puisque nous parlons de psychologie, il n’y a que l’amour, en effet, et un amour maniaque, qui puisse pousser un homme comme M. […] car son amour de Mme de Chevreuse ne l’a point inspiré. […] Ainsi la reconnaissance l’entraîne comme l’amour. […] Dans l’histoire de cet amour indécis et douloureux, M. […] L’amour des grandes dames, si exalté qu’il ait été, n’est cependant pas assez désintéressé dans M.
Avez-vous vu un égoïsme à deux, comme Mme de Staël appelle l’amour dans le mariage, aussi joliment articulé ? […] Certes, on ne saurait trop fixer l’attention sur le phénomène d’amour conjugal dont Mme Quinet nous offre aujourd’hui l’étonnant modèle. […] À force d’amour conjugal, le phénomène biblique de la côte d’Adam est retrouvé ! […] Seulement, si elle l’avait écrite, il y aurait une différence, la différence de l’amour ! […] Elle aurait, cette bayadère de l’amour conjugal, dansé autour de son idole une danse mystique, quelque chose comme un pas du châle qui serait pur !
Il avait perdu cette première épouse par la mort ; il n’avait renoncé ni au bonheur ni à l’amour. […] N’est-ce pas le rythme de la déclaration d’amour à Zaïre ? […] L’amour qui nous attache aux beautés éternelles N’étouffe pas en nous l’amour des temporelles : Nos sens facilement peuvent être charmés Des ouvrages parfaits que le ciel a formés. […] Le comique de ce rôle ne résulte pas, comme les commentateurs l’ont cru, de l’amour et de l’âge d’Arnolphe. Jamais l’amour seul n’a pu rendre ridicule un homme de quarante-deux ans, et c’est l’âge d’Arnolphe.
Les pièces de Marivaux qui sont restées au répertoire et qu’on joue encore quelquefois : Le Jeu de l’amour et du hasard, son chef-d’œuvre ; Le Legs, La Surprise de l’amour, Les Fausses Confidences, L’Épreuve et d’autres encore, se ressemblent plus ou moins ou ne diffèrent que par des nuances déliées. […] Marivaux, au théâtre, aime surtout à démêler et à poursuivre les effets et les conséquences de l’amour-propre dans l’amour. […] Et le tout finit par un double mariage, qui est l’inverse de celui qu’on avait prévu d’abord : tant il est vrai que dans la vie il faut un peu de flatterie, même pour s’aimer avec amour et se plaire avec quelque passion. […] Mais sauf quelques rares exceptions qu’offrirait ce talent fertile, l’amour, qui est le caractère dominant dans le théâtre de Marivaux, est bien tel chez lui qu’il s’est plu à le représenter dans une de ses plus agréables feuilles ; il ne le veut point constant, même lorsqu’il finira par être fidèle et par revenir là d’où il est parti : En fait d’amour, dit-il, ce sont des âmes d’enfants que les aima inconstantes. Aussi n’y a-t-il rien de plus amusant, de plus aimable, de plus agréablement vif et étourdi que leur tendresse… À peindre l’Amour comme les cœurs constants le traitent, on en ferait un homme.
Le Transformisme a posé en loi la lutte pour la vie : ce qui implique, plus essentiellement, la loi de l’Amour procréateur, procréateur du Mieux. L’Amour, sa Force inhérente, meut la Matière, et son amour veut se connaître. Amour implique deux désirs : si ces deux désirs amoureux eussent assenti à s’aimer en s’ignorant, la Matière serait : et, alors, le cercle serait en effet le signe la représentant. Mais cet Amour veut se connaître, ne pouvant se posséder qu’en se sachant, et c’est par le désir d’un fruit né des deux désirs créateurs et en lequel il se définisse, qu’il se connaîtra : et ce troisième désir est ce qui détermine la sortie hors du cercle, en l’elliptique mouvement. […] « D’éternité et pour éternité et dans l’illimité la matière devient amour de soi : et qui est en un seul deux désirs dont un autre s’engendre, son amour fait son devenir, et, qui intégrale ne s’aimera que si intégrale elle se sait, elle devient à se savoir.
Voilà un amour de Bébé qui ne refera pas certainement une virginité à monsieur son père, oh ! […] Si pur, si essuyé qu’il soit, l’amour de l’enfant est chez lui matériel, physique, animal, et les milieux élégants, poétiques, colorants qu’il traverse, n’y font rien. C’est un amour qui reste un amour des sens paternels. […] Il parut comme un Greuze, mêlé de Crébillon, — un Greuze de l’amour conjugal et maternel, moins la vertu et l’innocence. […] L’amour du vrai dans l’art lui a tenu lieu de principes que probablement il n’a pas, et l’a fait agir dans la conception de son prêtre comme s’il les avait.
Voilà pourtant où mènent l’amour et le culte des mots. […] L’amour du capitaine d’Auverney pour Marie n’est guère plus neuf que l’amour d’Ordener pour Éthel ; mais, grâce à la richesse du paysage qui encadre cet amour, nous acceptons comme inventé ce que nous avons déjà lu cent fois. […] L’amour de Quasimodo pour la Esmeralda n’est pas un amour humain, c’est le dévouement d’un chien de Terre-Neuve pour son maître. […] L’étonnement et l’inquiétude lui sont aussi nécessaires que l’amour. […] Il lui suffit de pleurer avec elle et de lui parler de son amour.
Car c’est cela, l’amour. […] pour des larmes de reconnaissance et d’amour. […] oui, c’est l’amour ! […] L’amour, c’est le printemps ! […] … Où est l’amour ?
Il plaît à Wagner de nous faire contempler face à face l’inexorable amour. […] Eh pardi eu, il ne voit pas que l’amour fait ravage au cœur du héros. […] Ce n’est pas un breuvage de mort qu’ils ont bu, c’est un philtre d’amour. […] L’amour a fleuri en eux et il a changé pour eux toute chose. […] Le duo d’amour s’engage.
Le premier s’intitulait Amour et Foi, le second Poésie catholique. […] Turquety, si je ne me trompe, en avait publié un moindre, où le côté de l’amour et l’inspiration gracieuse dominaient. […] Son volume se divise en deux parts : la première, sous le titre de Livre d’Amour, est censée un legs d’un jeune poète mort à Moscou ; mais ce linceul n’est qu’un domino rose pour oser dire tout haut ses tendresses. […] que ton regard m’aimante, Et qu’il m’attire avec amour ! […] Cette Étoile polaire doit être aussi comme la clef du lyrisme du Nord. — Les stances et sonnets qui composent le Livre d’Amour, attribué au jeune poète mort, ont souvent de la grâce et toujours une grande aisance.
Mais si l’on songe que les histoires d’amour et de tournois — bourdonnées de la sorte — sont enclines à verser le sommeil ; si l’on songe aux nuits de juin où, la chair rose sous la chemise de samit mauve, les nobles dames d’antan prêtaient une chaste oreille aux récits des Violeurs de Villanelles. […] Au rondel qui suit — chaperon mi-partie blanc et rouge — s’entrelacent les assonances et les rimes : Chanson d’Amour Une chanson d’amour d’un autre temps. […] Un troubadour en costume galant Y chantera, d’une voix nonchalante, Une chanson d’amour d’un autre temps, Étant déclose en tièdes assonances. Yeux endormeurs, corps sade, et l’esprit gent, La Dame aura sur le front des guirlandes ; Levant sa jupe au-dessus de la jambe, Ainsi soëve, ouïra souriante Une chanson d’amour d’un autre temps. […] L’analyse subtile que Becq de Fouquières dans son Traité de versification française a fait des vers magnifiques de Racine : Ariane ma sœur, de quelle amour blessée, Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée.
Ce n’est pas même un livre, ce sont des pages inspirées, arrachées à l’âme comme ses cris et ses larmes, et dans lesquelles l’Amour, sans le savoir, a produit ce que l’Art, qui le sait, produit dans les œuvres des hommes de génie ! […] nourrie jusque-là du pain eucharistique, et tombée des hauteurs de la Pureté et de la Grâce dans les fanges de la passion humaine, et demandez-vous ce que doivent être l’amour et sa faute, pour une pareille femme, sinon le plus grand des crimes, le plus affreux des adultères, l’infidélité à Dieu même, le sacrilège dans la trahison ! Même avant d’avoir lu une ligne de ces lettres, où l’enfer doit brûler par avance, ne vous attendez-vous pas à des luttes sans fin entre l’amour, le remords, l’épouvante ? […] Et nous disons romances, et non pas romans ; car le romancier le plus vulgaire, avec ce sujet d’une religieuse séduite et abandonnée, apostate de Dieu par amour d’un homme, aurait mis certainement plus de sang du cœur dans les larmes qu’il eût fait verser à sa chimère qu’il n’en passa jamais sur les joues de cette religieuse, qu’on nous donne comme une réalité. […] Est-il bien difficile de comprendre alors l’amour très vif du xviiie siècle, et de tous ceux qui ont du xviiie siècle sous la peau, pour cette chétive production du xviie , cette Religieuse portugaise qui précède (est-ce innocemment ?)
mais je sais bien ce que vous aimez avec votre âme ; et j’ai toujours prié Dieu pour qu’il daigne mettre un peu de foi dans tant d’amour. […] L’amour malheureux m’a fait un être désespéré, la douleur me fait chrétien ! […] Comme un ruisseau limpide, Ève amoureuse d’Ève Son amour idéal, l’autre amour qu’elle rêve Elle l’a vu dans un miroir, Et donne à son image, inquiète et jalouse, Tous les baisers d’amante et jamais ceux d’épouse, Comme l’amour qui vit d’espoir. […] Et dites-moi si j’ai raison : Mon miracle d’amour, ma colombe adorée. […] Son frère le conduisit lui-même chez sa fille, mariée à Elbeuf, nièce accoutumée à chérir et à soigner cet oncle, amour et orgueil de la famille.
Dans les phases de cette carrière, ce passage successif de cette contemplation passionnée de la vie à ce détachement attristé, à cette fuite dans la simplicité, l’abêtissement, l’humilité grossement affectueuse d’une religion populaire, se marque, il semblera, l’évolution préétablie d’une âme qui contint toujours virtuellement et la compréhension, et l’amour, et la haine du réel. […] Frustes de masse, lâchées à tout le développement d’une exorbitante faculté créatrice, ces pages sans affabulation ont le plus haut sujet qui soit, la condensation, la présentation, l’illustration d’un large ensemble de ces faits de vie sur lesquels en définitive se concentrent les espoirs, les amours, les craintes et les haines. […] Il le considère, le dégage et le restitue, avec une âme prise d’abord d’amour jusqu’aux moelles, puis déprise, inintelligente, déçue et dédaigneusement détachée, puis fuyant au loin et s’apaisant dans l’humilité d’une religion dont les doctrines concilient son amour avec son erreur. […] Ces êtres ainsi désignés aux sympathies par le puissant motif de la communauté charnelle, sont affectueux et bons, se tiennent encore par la bienveillance, le cordial attachement qu’ils témoignent, l’amour profond et tenace qu’ils portent au sol où ils sont nés. […] Sa magnifique aptitude à concentrer, sur le spectacle du monde, d’intenses dons de vision, son amour même de la vertu, de la bienfaisance humaines le gardaient de cette facile solution à longue échéance.
Elles ne sont pures que par délicatesse ou par amour. […] Il raille amèrement devant Ophélie le mariage et l’amour. […] Et qui jamais s’est avisé de mourir d’amour ! […] Ils ont l’abandon de l’amour vrai, ils n’ont point la grossièreté de l’amour sensuel. […] Quelle raillerie contre l’amour et quelle tendresse pour l’amour !
. — Les Cruautés de l’amour (1879). — Les Peuples étranges (1879). — Richard Wagner (1882). — Isoline (1882). — L’Usurpateur (1883). — La Femme de Putiphar (1884). — Iseult (1885). — Poèmes de la libellule (1885). — Iskender (1886). — La Marchande de sourires (1888). — La Conquête du Paradis (1890). — Fleurs d’Orient (1893). — Mémoires d’un éléphant blanc (1893). — Le Vieux de la Montagne (1893) […] — La Sonate du clair de lune, opéra, un acte (1894). — Khou-n-Atonou (1898). — Les Princesses d’amour (1900). […] J « Fleurs de luxe, de charme et de beauté, que l’on cultive encore aujourd’hui et qui seront bientôt les seuls vestiges du Japon splendide d’autrefois, … artificielles princesses choisies parmi les beautés les plus rares, élevées dans tous les raffinements du goût aristocratique, instruites des rites et de l’étiquette, savantes, virtuoses en tous les arts, jeunes, passionnées, enivrantes et… accessibles », ces Princesses d’amour, dans la cité d’amour, content et vivent des histoires d’amour évoquant les précieux décamérons et les merveilleuses « Mille et Une nuits ».
. — Amours et haines, poésies (1888). — Émile Augier (1889). — Cabotins ! […] Jean-Jacques Weiss Nous possédons de lui un volume de vers, Amours et haines, qu’il a publié en 1869, quand il était déjà lancé en pleine carrière. […] La majeure partie du volume (idylles légères, graves et mélancoliques, écrites en strophes variées) ne contient que des amours sans flamme et des haines pâles, des à-peu-près de mélancolie et d’allégresse, des choses presque senties et pas du tout rendues. […] Évidemment, Le Monde où l’on s’ennuie ne semble pas, au premier abord, sortir de la même plume que ce recueil intitulé : Amours et haines, et pourtant, en y regardant bien, on trouvera des tournures d’esprit, une façon de voir, piquante même dans le lyrisme, qui démontrent bien que l’auteur dramatique et le poète ne font qu’un. […] Pailleron, Amours et haines, paru en 1869, vaut bien mieux, et pour le fonds et par le tour.
Nous changeons de couleurs : l’amour passionné, terrible dans la Phèdre chrétienne, ne fait plus entendre chez la dévote Julie que de mélodieux soupirs : c’est une voix troublée, qui sort d’un sanctuaire de paix, un cri d’amour que prolonge, en l’adoucissant, l’écho religieux des tabernacles. […] Comme l’amour et la religion sont heureusement mêlés dans ce tableau ! […] Comme il promet toujours une récompense pour un sacrifice, on croit ne rien lui céder en lui cédant tout ; comme il offre à chaque pas un objet plus beau à nos désirs, il satisfait à l’inconstance naturelle de nos cœurs : on est toujours avec lui dans le ravissement d’un amour qui commence, et cet amour a cela d’ineffable, que ses mystères sont ceux de l’innocence et de la pureté.
1901, in-18. — La Leçon d’Amour dans un parc, id. […] 1905. — Vendanges d’Amour, roman, E. […] — L’Amour en Visites, nouvelles. […] Lemerre, 1899. — Le Songe de l’Amour, id. […] Lemerre, 1897. — Grève d’Amour.
et, par les mers, les monts, les fleuves impétueux, les retraites ombragées des oiseaux et les vertes campagnes, jetant l’attrait de l’amour dans tous les cœurs, tu donnes à tous les êtres l’ardeur de perpétuer leur race. […] Seule tu peux assurer une tranquille paix aux mortels : car les rudes travaux de la guerre sont sous la loi de Mars tout-puissant, qui souvent se jette sur ton sein, comme enchaîné par la blessure d’un immortel amour ; et, les yeux élevés vers toi, la tête mollement renversée en arrière, nourrit d’amour ses regards avides, aspirant à toi, ô déesse ! […] Le poëte saisit une grande image terrestre ; mais il n’a plus rien au-delà, et s’arrête au bord de l’infini, sans amour et sans espérance. […] « Nulle maison jamais ne cacha sous ses toits de telles amours. Nul amour jamais ne réunit deux âmes par un accord tel que le sent Thétis, tel que le sent Pélée.
Après le premier charme passager de l’amour ou de la possession, toutes les inégalités se prononcent. Celle de l’âge n’est pas la moindre : Ellénore a dix ans de plus qu’Adolphe ; elle l’aime trop, elle l’aime de ce dernier amour de femme qui n’est pas le moins tyrannique, elle l’en excède et l’en importune. […] L’amour-propre de Benjamin Constant, au contraire, fut blessé de ce refus, encore plus que son amour dès longtemps amorti par l’habitude. […] Il est très possible qu’autrefois il ait été plus réellement amoureux qu’il ne se peint dans son livre ; mais, quand je l’ai connu, il était tel qu’Adolphe, et, avec tout aussi peu d’amour, non moins orageux, non moins amer, non moins occupé de flatter ensuite et de tromper de nouveau, par un sentiment de bonté, celle qu’il avait déchirée. […] Ni les circonstances de la vie, ni celles de la personne n’ont aucune identité ; il en résulte qu’à quelques égards elle se montre dans le cours du roman tout autre qu’il ne l’a annoncée : mais, à l’impétuosité et à l’exigence dans les relations d’amour, on ne peut la méconnaître.
Nous y voyons (et cela est neuf) que la multiplicité de ses amours vint de ce qu’elle se croyait d’un tempérament froid, et que c’était cette persuasion, un peu humiliante, qui l’incitait à plus d’expériences qu’elle n’eût voulu… Nous y découvrons aussi qu’elle ne commença à aimer Musset « pour de bon » qu’à partir du jour où, l’ayant trompé, elle le congédia : et ce nous est une nouvelle preuve qu’elle fut une personne d’une extraordinaire imagination. […] Et c’est pour nous un allégement de constater que ces extases, ces tortures, ces cris, ces sanglots de George et d’Alfred, et ce mirifique essai d’amour à trois, tout cela, aussitôt « vécu », et avant même d’être fini, s’est sagement transformé en « copie », et en copie de premier ordre, puisque ce fut celle de Jacques et des Lettres d’un voyageur, des Nuits et de On ne badine pas avec l’amour, en attendant la Confession d’un Enfant du siècle. […] La plus belle phrase peut-être, et la plus profonde, de On ne badine pas avec l’amour a été empruntée textuellement par Alfred à une lettre de George. […] Ce Livre d’amour, que je ne connais pas, est-il, comme on le dit, une infamie ? […] Elle écrit : « L’amour me fait peur » et, dans la même année, elle aime Sandeau, Mérimée, Musset et Pagello, tout en demeurant persuadée de la froideur de son tempérament.
Remarquons toutefois que cette colère même n’était pas de l’indifférence, ni même de la haine, et qu’il y a souvent plus près de la colère à l’amour que d’une froide et tiède amitié. […] L’éclair de désir passionné qui se reflète si vivement dans la pièce à Aspasie ne mérite pas le nom d’amour. […] L’AMOUR ET LA MORT. […] Frère et sœur à la fois, naquirent fils du Sort, Éclos le même jour, et l’Amour et la Mort. […] je ne sais trop ; mais telle est, en effet, D’amour puissant et vrai la marque et le bienfait.
C’était une belle créature d’amour. […] Il n’y a pas d’amour vrai là où l’être aimé ne répond pas par son propre amour. […] Le seul de ses amours qui ait pu passer entier dans sa littérature est son amour de Trouville. […] Dans le premier, l’amour inassouvissable sous les formes de l’amour terrestre et de l’amour mystique. […] Quand Flaubert eut dans sa vie à lui un amour de ce genre, on peut se figurer cet amour d’une femme comme une figure jumelle de son amour de la beauté esthétique, littéraire.
Ce Vintras était partisan de la justification par l’amour et recommandait donc l’amour à ses fidèles comme un moyen de salut. […] L’amour divin, c’était pour lui la haine de la nature. […] L’amour est une immolation. […] Amour des arbres et des animaux. […] En revanche, l’amour des âmes continue après la mort.
Joie merveilleuse et parfaite extase, amour infini de la paix retrouvée ! […] Amour sans phrases, sans exaltation, sans déclamation. A peine de l’amour, et de l’amour pourtant. […] L’heure n’est plus au virginal rêve d’amour enfantin. […] Il y a la ville et son activité d’amour, de chevalerie, de vie ardente.
Couyba, Charles-Maurice (1866-1931) [Bibliographie] Chansons d’amour (1893). — Nouvelles Chansons, avec une préface de Sully Prudhomme (1895). […] l’amour sincère et sans nulle crainte d’être ingénu, l’expression de cet amour franc, net, chaste, — parce qu’il est sincère et pur, puisqu’il est ingénu ; l’accent juste sans plus ; le cri, en quelque sorte, de la passion, le cri non pas tout à fait, le chant vibrant, la note vraie du cœur, — et des sens aussi. […] [Préface aux Chansons d’amour (1893).]
Une émule, une héritière de Mme Desbordes-Valmore en poésie comme aussi en souffrance, a dit : « L’amour est une grande duperie : il lui faut toujours une victime, et la victime est toujours la partie aimante et vraie. […] Je suis bizarre et peut-être inflexible ; L’amour veut trop : l’amour veut tout un cœur. […] Et charmante, elle aima comme elle était : sans feinte, Loyale avec la haine autant qu’avec l’amour. […] l’amour dans l’hymen ! […] Dans ce monde d’intrigues, de dissimulation, de faux amours et de haines mercenaires, où tout se vend jusqu’au génie, elle a conservé son génie pur de toute atteinte, sa renommée toujours jeune, et son cœur exempt d’occasions de haïr.
Or l’amour n’est qu’un sentiment de passage. […] La poésie de l’amour meurt donc avec l’amour chez la femme. Il reste l’amour des enfants qui peut chanter encore, qui peut chanter toujours : n’a-t-il pas chanté ainsi dans Mme Desbordes-Valmore ? Mais le plus souvent cet amour-là agit plus qu’il ne chanté. […] Les Improvisations, où le poète pleure sur le général Foy, chante le sacre du roi Charles X et quête pour les Grecs, ne méritent d’être mentionnées que pour prouver l’impuissance radicale de toute femme poète, quand il s’agit de chanter quoi que ce puisse être, en dehors de la maternité et de l’amour.
Saint-Bertrand est un Deutz de l’amour, plus abominable que l’autre ; car, au moins, la duchesse de Berry n’était pas la maîtresse du Judas juif qui l’a trahie ! […] C’est l’amour mystérieux, incorrigible, inexplicable aux moralistes qui ne croient pas au péché originel et à la fange dont est faite notre âme, d’un être pur pour un être immonde. C’est l’amour idolâtre, mêlé de haine et de mépris, et s’enflammant davantage de ce mépris et de cette haine. […] C’est une véritable exhibition américaine de toutes les lâchetés, de toutes les sordidités, de toutes les ignobilités dans lesquelles un homme, par amour de l’argent et des jouissances qu’il procure, peut tomber. […] Enfin Barberine, la danseuse, est idéale de pirouettes, il est vrai, et n’a pas usé par les jambes, comme le dirait Stendhal, le fluide nerveux qui fait qu’on aime ; mais l’obstination de son amour pour Saint-Bertrand, amour qui aurait dû être combattu par des hontes et des résistances infinies, sa docilité à reprendre son amant chaque fois qu’il lui revient, couvert d’un flot de boue de plus, a quelque chose de si ponctuel qu’elle ne semble plus une femme qui se débat comme l’oiseau fasciné par le monstrueux reptile, mais la poupée mécanique de l’amour.
Ô l’amour d’une mère ! amour que nul n’oublie ! […] Dans ce concours heureux brillaient de toutes parts Le sentiment, le charme et l’amour des beaux-arts. […] Amour, politique, indépendance, chevalerie et religion, pauvreté et gloire, étude opiniâtre, lutte contre le sort en vertu d’une volonté de fer, tout en lui apparut et grandit à la fois à ce degré de hauteur qui constitue le génie. […] Mais ce qu’il n’a pas dit et ce que je n’ai le droit ici que d’indiquer, c’est la fièvre de son cœur durant ces années continentes et fécondes, ce sont les ruses, les plans, les intelligences de cet amour merveilleux qui est tout un roman.
A considérer leur nature, ces sentiments sont tous des variétés de l’amour ou de la haine. […] Il est tout aussi évident que Marivaux aime à démêler les coquetteries, les manèges, les timidités de l’amour-goût, d’un amour mondain, aimable, qui se cache ou s’ignore et qui arrive à peine à être une passionnette. […] Vous trouverez chez lui, portés au paroxysme, l’amour de la possession, dégénérant en avarice effrénée ; l’amour paternel poussé jusqu’au sacrifice de soi-même ; l’amour sensuel finissant en manie ; le sentiment de l’honneur commercial, arrivant à l’héroïsme ; l’amour de la richesse et du pouvoir, aboutissant au crime et acquérant une certaine grandeur par son excès même. […] Le souci du moi tient la première place dans Chateaubriand ; l’amour de l’humanité, mieux encore, de tout ce qui vit, envahit et anime les livres de Michelet et de G. […] L’amour de l’art devenant une maladie, une frénésie, fait le fond de tel roman des Goncourt ou de Zola (Manette Salomon, L’œuvre).
Aussi bien les ris et les amours. […] N’est-ce pas ton amour de la gloire qui a fait de nous si longtemps des meurtriers mercenaires, couverts de cicatrices ? […] Est-ce un bien, est-ce un mal, que l’amour soit aveugle ? […] Est-ce un bien, est-ce un mal que la folie soit le guide de l’amour ? […] Ceci soit dit sans nul soupçon d’amour.
Nous allons faire un feu de joie et danser autour des cendres de nos amours ! […] C’est le mysticisme dans sa fraîcheur la plus ingénue et dans son amour le plus éloquent. […] Ainsi sainte Thérèse blasphéma une fois quand elle accepta la damnation comme rançon de son amour. […] L’amour de la vie toute bonne et simple est triste comme le regard d’un chien. […] Toi mon Seul amour !
Jamais l’amour et la bonté n’ont expié à un tel prix le malheur d’avoir rencontré un tel avilissement dans une telle ingratitude. […] Il s’attache à elle d’un amour de hasard. Cet amour, très touchant et très gracieux dans la candeur de la jeune Thérèse, est dépouillé de sa pudeur par une exclamation cynique de l’amant, qui flétrit l’amour même d’un blasphème de libertinage. […] L’amour n’était plus pour lui qu’une domesticité commode plutôt qu’un attachement. […] On déifia l’amour dans l’auteur.
c’est bien là le sublime de la galanterie romanesque ; mais l’amour naturel va plus droit à son but. […] Où donc, si ce n’est dans le cœur humain, Corneille avait-il puisé ces combats si touchants de l’amour et de la piété filiale dans Chimène ; de l’honneur et de l’amour dans Rodrigue ? […] La question est de savoir si l’amour héroïque, l’amour vertueux, l’amour qui commande et obtient de grands sacrifices, n’est pas aussi digne de la tragédie que l’amour frénétique, l’amour qui fait commettre des assassinats, des bassesses, et tous les crimes les plus odieux, l’amour enfin qui fait du plus honnête homme un brigand, un scélérat, une bête féroce. […] Il semble par là n’admettre sur la scène que l’amour criminel ; mais l’amour criminel est pire qu’une blesse. […] Xipharès, rival de son père, immole son amour à son devoir.
Si l’amour est un doux servage, Si l’on ne peut trop estimer Les plaisirs où l’amour engage, Qu’on est sot de ne pas aimer ! […] Pour complaire au plus beau visage Qu’amour puisse jamais former, S’il ne faut qu’un doux langage, Qu’on est sot de ne pas aimer ! […] En amour, si rien n’est amer, Qu’on est sot de ne pas aimer !
Non, l’homme n’est point abandonné ; la prévoyance et l’amour l’accueillent dans la vie. […] L’amour avait remonté à sa source, et Bernardin de Saint-Pierre retrouvait Virginie en elle. […] Ainsi, la plus belle églogue de l’amour innocent servait à favoriser l’innocent amour de deux cœurs purs sur nos propres rivages. […] Sans doute, la vertu et l’amour jouissent de ces plaisirs amers. […] J’ai été trouvée fidèle aux lois de la nature, de l’amour et de la vertu.
Chénier était un païen aimable, croyant à Palès, à Vénus, aux Muses43 ; un Alcibiade candide et modeste, nourri de poésie, d’amitié et d’amour. […] Ravy de tous objects, j’ayme si vivement Que je n’ay pour l’amour ny choix ny jugement. […] Regnier pense que le même feu qui anime le grand poëte échauffe aussi l’ardeur amoureuse, et il ne serait nullement fâché que, chez lui, la poésie laissât tout à l’amour. […] Et comme si l’aspect de l’hypocrisie libertine avait rendu Regnier à de plus chastes délicatesses d’amour, il nous y parle, en vers dignes de Chénier, de … la belle en qui j’ai la pensée D’un doux imaginer si doucement blessée, Qu’aymants et bien aymés, en nos doux passe-temps, Nous rendons en amour jaloux les plus contents. […] André de Chénier aima les femmes non moins vivement que Regnier, et d’un amour non moins sensuel, mais avec des différences qui tiennent à son siècle et à sa nature.
Leur sang bout dans mes veines, Leur sang qui m’a donné cet esprit mécréant, Cet amour du grand air et des courses lointaines, L’horreur de l’Idéal et la soif du Néant. […] L’amour que je sens, l’amour qui me cuit, Ce n’est pas l’amour chaste et platonique, Sorbet à la neige avec un biscuit ; C’est l’amour de chair, c’est un plat tonique. […] c’est cela pour lui, l’amour ! […] l’affreux poète qui, pour nous parler de la divine illusion d’amour, nous dit qu’il « a pris son fromage pour la lune » et dont le dernier mot est qu’il sera comme ces buveurs qui « restent soûls de la veille ». […] La préoccupation des gestes et des attitudes de l’amour physique est chez lui une véritable obsession.
Un homme s’en va par le monde portant avec soi un coffre plein de terre natale et libre ; il porte son amour ; mais un jour il est écrasé par son amour. […] Il était le fils (d’autres disent le neveu) du romancier maritime Edouard Corbière, l’auteur du Négrier, dont le violent amour pour les choses de mer influa sur le poète très fortement. […] Par la vulgarisation de l’art l’amour nous est enfin revenu du nu. […] Venu à Paris comme tout autre étudiant valaque ou levantin, et déjà plein d’amour pour la langue française, M. […] Poète, par ses dons mêmes, voué à ne dire heureusement que l’amour, tous les amours, et d’abord celui dont les lèvres ne s’inclinent qu’en rêve sur les étoiles de la robe purificatrice, celui qui fit les Amies fit des cantiques de mois de Marie : et du même cœur, de la même main, du même génie, mais qui les chantera, ô hypocrites !
. — Histoires d’amour, nouvelles (1868). — Hespérus, poème, avec un dessin de G. […] Catulle Mendès, où l’on vivait dans l’amour des lettres. Je ne veux pas examiner si cet amour revêtait d’étranges formes d’idolâtrie. […] Mais cet amour était quand même de l’amour, et rien n’est beau comme d’aimer les lettres, de se réfugier même sous terre pour les adorer, lorsque la grande foule les ignore et les dédaigne. […] Vous avouerai-je maintenant que j’adore votre troisième volume, surtout les heureusement si nombreux poèmes d’amour et de joie ?
. — Le Songe de l’Amour (1900). […] Pierre Quillard Le Songe de l’Amour : Ce sont ici des vers de l’amour, de plusieurs amours qui n’en sont qu’un, à cause du poète qui en ressentit la joie inquiète, réticente et farouche, se donnant et se reprenant avec une égale bonne foi et une égale fierté d’indépendance ; s’il a souffert, il n’a pas fait souffrir ; et, sans être dupe outre mesure du songe qu’il s’était créé, il a voulu en perpétuer l’illusion, parce qu’elle était noble, cruelle et douce.
L’immortalité, pour Hugo, n’est pas uniquement celle de la « tête » ; c’est au contraire, nous le verrons plus loin, celle du cœur et de l’amour. […] La foi même provient de l’amour, et c’est pour cela que la vraie et fibre foi est nécessaire à l’homme. « L’homme vit d’affirmation plus encore que de pain. » Mais la foi n’en reste pas moins toujours au second rang, après l’amour, après la volonté aimante. […] Et quel amour ! un amour entièrement fait de vertu. […] On a reproché à Victor Hugo, non sans raison, son naïf amour de l’antithèse.
Il ne s’intéresse même à l’amour qu’à cause de ces problèmes. […] Il a vu nettement, douloureusement, ce que cet amour — le « dur amour », disait le poète ancien — fait jaillir dans les cœurs de férocité contenue. […] L’amour dans la prostitution est une guerre. Soit Mais l’amour dans l’adultère ? […] Et puis c’est d’étranges fantaisies d’amour.
. — Il fut malheureux en amour. […] Viani, ont été ses amours pour Nérine et pour Silvia. […] De fait, il n’a pas souffert, comme eux, de l’amour ; il a souffert du manque d’amour. […] — du plus pur des amours. […] je suis indigne de tant d’amour !
La piété vous isolait : l’amour et la douleur vous populariseront. […] Élargir l’amour en élargissant la sphère de la nature, c’est sa religion, c’est la nôtre ; ce sera la religion du ciel, où l’on verra tout du point de vue divin : Plus il fait jour, mieux on voit Dieu ! […] Terre où, dans mon berceau, les chênes m’ont parlé, Ta sève et ton murmure en ma veine ont coulé ; Il faut qu’un cri d’amour aujourd’hui te les rende. […] Moi, j’ai besoin d’amour et de sérénité... […] On voit seulement que, si Laprade voulait, il serait Gilbert ; mais il aime mieux remonter bien vite dans sa sphère montagneuse de paix, d’amour, de religion, et il a raison.
Bien rarement une femme pieuse ose se servir de la confession pour une confidence d’amour. […] Son amour, ce serait trop désirer, mais son attention, son regard ? […] L’amour chez elle devint culte, adoration pure, exaltation. […] Ce qu’il y a de plus particulier chez les peuples de race bretonne, c’est l’amour. L’amour est chez eux un sentiment tendre, profond, affectueux, bien plus qu’une passion.
fuyons de l’amour le charme suborneur : Dès qu’il règne en tyran, il détruit le bonheur. […] Qui peut flatter l’amour en devient la victime ; Sa blessure légère aussitôt s’envenime. […] Asservissons l’amour à nos tendres caprices ; Une sage inconstance ajoute à ses délices. […] « Et M. de Pongerville : Des ruses de l’amour prévenons les succès ; Car il est plus aisé d’éviter ses filets Que d’épurer un cœur par lui rendu coupable, Et de rompre les fers dont Vénus nous accable. […] « Lucrèce continue d’énumérer les dangers auxquels l’amour entraîne les jeunes gens : Adde quod absumunt nervos, pereuntque labore ; Adde quod alterius sub nutu degitur ætas.
Oui, la peinture des mouvements de l’âme et des « passions de l’amour » est intéressante ; mais c’est bien long, George Sand. […] Jadis, une balle l’a débarrassé d’un rival d’amour. […] Puis, c’est la conception la plus tragique et la plus sombre de l’amour, passion fatale, inexplicable et cruelle. L’amour est l’ennemi-né de la raison, le recruteur de la folie et de la mort Auguste Saint-Clair a l’intelligence la plus lucide et la plus froide. […] Ce n’est qu’un conte merveilleusement arrangé pour nous remplir d’inquiétude et d’effroi ; mais cette Venus turbulenta, cette Vénus méchante qui étouffé ceux qu’elle aime, c’est aussi, pour Mérimée, le symbole véridique de l’amour tel qu’il le conçoit d’ordinaire.
Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies Mon sujet amene ici naturellement deux questions. La premiere, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies ; et la seconde, si nos poëtes tragiques ne donnent point trop de part à cette passion dans les intrigues de leurs pieces. […] Or de toutes les passions celle de l’amour est la plus generale : il n’est presque personne qui n’ait eu le malheur de la sentir du moins une fois en sa vie. […] Nos poëtes ne pourroient donc pas être blâmez de donner part à l’amour dans les intrigues de leurs pieces, s’ils le faisoient avec plus de retenuë. […] Racine a mis plus d’amour dans ses pieces que Corneille, et la plûpart de ceux qui sont venus depuis Racine, trouvant qu’il étoit plus facile de l’imiter par ses endroits foibles que par les autres, ont encore été plus loin que lui dans la mauvaise route.
Il a abandonné les amants aux lois naturelles de l’amour. […] Il trace des modèles d’une belle vie, sans peines et sans devoirs que par l’amour, à qui elle est dédiée. […] N’étant guère actionné que par l’amour, il fit de l’amour l’action de tous les livres qui prétendaient à le représenter. […] Il monte en perfection les lieux communs de l’amour, de la mort et de la fortune, il frappe excellemment les petites pensées de circonstance. […] Il épousa en 1600 sa belle-sœur Diane de Châteaumorand : hormis ce fait, toute l’histoire de leurs amours est un roman calqué sur l’Astrée.
Oh l’amour n’est qu’un ornement, un épisode, qui intéresse-t-il ? […] Un amour épisodique n’inspirera pas au poète un langage touchant, pathétique, durable, et s’il l’emploie comme embellissement, il risque de ne donner qu’une image bientôt surannée de la manière dont on comprenait l’amour de son temps. Là au contraire où l’amour est une partie essentielle de la pièce, il rend la tragédie plus semblable à la vie, où l’amour est mêlé à tous les événements, comme cause ou comme nœud. […] Au contraire, l’amour épisodique, l’amour employé comme ornement, rend ridicules César dans la Mort de Pompée ; Sertorius et Pompée, dans Sertorius ; Thésée, dans Œdipe. […] C’est presque toujours quelque mode littéraire qu’il accepte avec trop de facilité : ainsi l’emploi de l’amour comme ornement.
Il eut toute sa vie l’amour des pauvres, des humbles, du peuple. […] Ce foyer, c’est l’amour seul qui le crée ; l’amour tel que le font le mariage et la famille, avec tous leurs devoirs comme avec toutes leurs joies. […] La famille était à ses yeux la base de la cité ; l’amour de la famille était lié en lui à l’amour de la patrie et celui-ci à l’amour de l’humanité. […] Dieu d’abord, révélé par la mère, dans l’amour et dans la nature. […] Ce sont les seules qui soient fécondes. » À l’amour des hommes, il faut joindre l’amour de la nature ; mais l’amour de la nature n’est pour Michelet qu’une expansion au dehors de sa sensibilité intérieure.
peut s’appliquer mieux à Mazarin qu’à personne ; car il avait l’ardent souci de la descendance, cet amour de la famille qu’eut aussi Talleyrand, et qui, dans une sphère plus haute, serait le génie dynastique. […] Une surtout nous a beaucoup frappé, et nous la citerons parce qu’elle grandit, dans un aperçu juste, celle des Mancines à qui l’histoire attache l’intérêt romanesque du premier amour de Louis XIV. […] Elle lui fit comprendre, par l’attrait de l’amour, les beaux-arts, les œuvres de l’esprit, la politique. […] Madame de Maintenon vint comme les années, comme la raison, après la poésie ; comme l’amour chaste après l’amour orageux ! Son action, à elle, fut autrement puissante que celle de cette Italienne qui passa dans la vie de Louis après l’amour troublé.
L’amour de Dieu sans actes, au sein du désespoir, était toute la religion des quiétistes honnêtes gens. […] L’abbé de Rancé, Nicole, Racine, prirent la plume contre le pur amour. […] Nullement : c’est quelque définition du quatrième ou du cinquième amour, une chimère, une subtilité dont son imagination a fait un dogme. […] « Rien, dit-il, n’est plus dans la juridiction des femmes que les notions de l’amour ; et comme l’amour divin et l’amour humain ont une notion commune, les dames pourront fort bien approfondir cette pensée de la théologie. » Cousin, Mélanges philosophiques. […] Sur l’amour de Dieu.
Mais cet amour unique, de quoi se composait-il ? […] que l’amour est loin », s’écrie-t-il ! […] Mais il croit encore à l’amour. […] vous aimez l’amour, l’amour qui se lit dans les livres… Où avez-vous été prendre toute cette tristesse ? […] Avec les lettres, les sciences, les arts, nous avons encore l’amour, l’amour qui vaut tout cela, cent fois tout cela !
Le type du prince Valkowski dans Humiliés révèle quelques-unes des fanges dormantes de l’humanité, et dessine surtout dans cette conversation serpentine et gratuitement insultante où il parle avec des crudités canailles de la liaison de son fils avec une jeune femme, devant celui qui l’eut pour fiancée, « pour, dit-il, baver sur votre amour. » Et comme le romancier mesure l’odieux de certains actes, il sait aussi décrire l’agonie morale qu’ils infligent aux âmes délicates et froissées. […] Le devoir d’arracher sa sœur à Loujine lui donne un instant la force de reprendre sa vie normale ; un curieux conflit d’amour instinctif, de besoin de pitié, d’ironique abaissement, le pousse à chercher en une prostituée une amie, comme la curiosité, la haine et le pressentiment d’une secrète et honteuse égalité l’attachent aux pas de Svidrigaïloff. […] Car le dédain de toute hiérarchie sociale, ce reniement des apparences humaines qui ne consent pas à distinguer même entre les meilleurs et les pires par un manque singulier d’approximation et d’examen, ne va pas chez Dostoïewski sans une profonde pitié et un triste amour des hommes. […] Elle aperçoit et rend la vie à la façon d’une vision lointaine, vaguement inexplicable et confuse sur l’horreur de laquelle elle se penche et s’apitoie ; elle médite en des hallucinations extériorisées l’infini labyrinthe du raisonnement humain, et perçoit en elle la sourde agitation des instincts, des douleurs, des passions et des rages, de tout ce qui est des nerfs et du sang ; elle est imbue de pitié, débordante d’amour pour tous ces êtres faits de péché et de souffrance, et prise alors entre son épouvante et son amour, il fallait que par un effort et une sorte de folie, pareil au coup de poing d’un exaspéré joueur d’échecs près de perdre, elle brouillât et tranchât tout dans une étrange aberration qui la fait s’incliner devant l’être même que cet acte de foi constitue l’auteur des maux dont il devient le recours. […] Pour les accepter, Dostoïewski eût dû réprimer à la fois la pitié et l’amour que lui inspiraient les hommes.
L’amour est une chose sainte et auguste. Voilà ce qui explique pourquoi, dans les livres saints, l’idolâtrie est caractérisée par tous les détails, même les plus repoussants, de la prostitution, et pourquoi le culte du vrai Dieu est caractérisé à son tour par tous les effets et tous les charmes de l’amour. […] Dieu a voulu que dans l’homme l’amour fût le principe de la reproduction : c’est une grande et belle loi morale. Ainsi l’amour, tel qu’il est peint dans une poésie chaste, l’amour tendre et sérieux est le véritable amour de la nature. […] Pour obéir librement, il faut obéir avec amour ; mais n’oublions point que le consentement des peuples ne peut être qu’un acquiescement tacite, une reconnaissance de ce qui existe, ou plutôt un acquiescement qui résulte de la conformité aux mœurs.
Wagner donne comme exemple ces deux phrases : « l’amour enfante la joie, et la douleur » et « l’amour donne le bonheur et la vie ». […] et à la place d’Amour et d’Amour, nous trouvons « angoisse » et « jamais ». […] Dujardin a donné la traduction littérale suivante : « Seul qui de l’Amour renonce la puissance, seul qui de l’Amour répudie la délice… » (Revue Wagnérienne, I, 267). […] Une traduction littérale serait peut-être : « Du très saint Amour la plus puissante contrainte, du désir d’Amour la douloureuse (ou mortifiante, blessante) contrainte. — Ici, M. […] Elle s’adresse à Parsifal et l’engage à oublier sa douleur pour se livrer à l’ivresse de l’amour.
L’amour rémouleur. […] Ensuite sur ce même plan l’amour rémouleur couché sur le ventre sur ce bâti de bois que les ouvriers appellent la planche, et aiguisant une de ses flèches. à côté, au-dessous de lui, sur le devant, un troisième amour tourneur de roue, les mains appliquées à la manivelle. […] Est-ce ce petit amour qui l’en a débarrassé ? […] Est-ce là cette enchanteresse qui traversant le camp des chrétiens, y sème l’amour et la jalousie, et divise toute une armée. […] Mais dans les arts, comme en amour, un bonheur qui n’est fondé que sur l’illusion ne scauroit durer.
En politique comme en amour, il ne croit pas. […] Il en veut à l’amour lui-même, à l’amour tel que nous le menons d’ordinaire. […] L’art, c’est encore l’amour. […] Elle ressemble à l’amour. […] La faim et l’amour l’occupent assez.
C’est le récit en prose symboliste des amours d’une laveuse de vaisselle. […] C’est l’amour précieux, l’amour à la façon de Mlle de Scudéry, qui baptisait, elle aussi, ses romans de noms romains ou grecs. […] Le poète, penché sur ce monde d’apparences, préfère à la lune qui se lève sur les montagnes celle qui s’allume au fond des eaux, et la mémoire de l’amour défunt aux voluptés présentes de l’amour.” […] Il souffrit de cet amour. […] Les monstres le tentent, l’intéressent ; il aime mieux peindre les déviations de l’amour que l’amour lui-même ; il se grise avec ses recherches.
L’amour, l’amitié que Voltaire eut pour elle était fondée sur l’admiration même, sur une admiration qui ne s’est démentie à aucune époque ; et un homme comme Voltaire n’était jamais assez amoureux pour que l’esprit chez lui pût être longtemps la dupe du cœur. […] Il lui échappe quelque part ce mot heureux : « Pour moi, je crois que les gens qui le persécutent ne l’ont jamais lu. » Elle est évidemment séduite et sous le charme : l’amour, pour entrer là, a pris le chemin de l’esprit. […] Au fond, il aime mieux (et elle le sait bien) donner jour à sa Métaphysique et la produire en lumière, que de la sacrifier sans bruit à l’amour et au bon sens : c’est bien là l’homme de lettres dans sa vérité de nature. […] Elle parle de l’amour avec vérité, avec justesse, mais sans ce tact délicat qui le respecte. […] Elle y parle très bien aussi, nudité à part, et d’une manière vive et sentie, de l’amour ; elle le proclame le premier des biens s’il est donné de l’atteindre, le seul qui mérite qu’on lui sacrifie l’étude elle-même.
Nous trouverons moins d’exemples d’amour paternel que d’amour filial, en ce qui concerne le père du moins. […] Les contes d’orphelines et de marâtres témoignent aussi du profond amour filial des noirs. […] Cet amour des enfants est susceptible de s’atténuer sous l’influence de certaines considérations. […] Ici l’amour en général a des droits plus sérieux au qualificatif de désir qu’à l’épithète de platonique. […] -Y) pour son beau-frère et aussi l’amour violent qu’inspire celui-ci à la fille d’un chef.
Elle l’aimait : l’amour est aussi une puissance ! […] Faire chanter l’amour et le vin, c’était vieux comme le vin et l’amour ; mais faire chanter le pamphlet, c’était le génie et la nouveauté du genre. […] Mornand, dans une série d’articles à cœur ouvert, le juge avec autant d’amour et plus de liberté. […] J’ai connu les deux personnages vieillis de ce drame de jeunesse et d’amour. […] Judith et Béranger ne tardèrent pas à s’aimer et à s’avouer leur amour.
à peine quelques-uns se sont-ils sauvés de l’amour. […] Notre défaut n’est donc pas tant de mettre toujours l’amour sur la scene, que de n’y pas ménager la varieté qu’il faudroit. […] La convenance est ici le pathetique, puisque l’amour conjugal et l’amour paternel sont l’ame de toute la piece : ce n’est ni le sublime de la religion ni l’héroïque de l’ambition. […] Il me semble que pour faire tout son effet, l’amour des époux doit être réciproque. […] Lui avoir donné des gages d’amour à Roxane !
Lebrun, érudition, imagination, connaissance du passé, amour du grand. David, ce colosse injurié par des mirmidons, n’était-il pas aussi l’amour du passé, l’amour du grand uni à l’érudition ? […] Amour et Gibelotte aussi. […] L’amour de l’obscénité, qui est aussi vivace dans le cœur naturel de l’homme que l’amour de soi-même, ne laissa pas échapper une si belle occasion de se satisfaire. […] L’Amour, l’inévitable Amour, l’immortel Cupidon des confiseurs, joue dans cette école un rôle dominateur et universel.
De quels sentiments l’amour s’accompagne-t-il chez lui ? […] Analyse de l’amour. […] Un libertin n’est pas sauvé par l’amour d’une femme restée jusque-là honnête, mais il la déprave (Crime d’amour). […] Dans cette sûre décomposition de l’amour par lui-même et de tout le caractère par l’amour, tout a sombré. […] L’amour.
Ils n’ont rien de soumis ni de constamment simple : la colère en eux contrarie l’amour. […] C’est une sensibilité reposée, méditative, avec le goût des mouvements et des spectacles de la vie, le génie de la solitude avec l’amour des hommes, une ravissante volupté sous les dogmes de la morale universelle. […] D’autres sont plus amants que poètes : un amour particulier les inspire, les arrache de terre, les élève à la poésie ; cet amour mort en eux, il convient qu’ils s’ensevelissent aussi et qu’ils se taisent. Lamartine, lui, était poëte encore plus qu’amant : sa blessure d’amour une fois fermée, sa source vive de poésie a continué de jaillir par plus d’endroits de sa poitrine, et plus abondante. […] Pourquoi donc alors ce Chant d’Amour tout aussitôt après le Crucifix ?
Elle était étrangère, plus âgée que moi ; l’amour ne pouvait pas naître : mariée tard à un homme qui aurait été deux fois son père, l’amitié protectrice les unissait seule. […] Je ne fus jamais ambitieux que par amour, et j’aurais bien fait ; car, de toutes les passions, une seule survit et renaît en nous jusqu’à la mort : c’est l’amour. […] Le Muscogulge, et surtout son allié le Siminole, respire la gaieté, l’amour, le contentement. […] Ils ont le pressentiment de l’amour et du bonheur. […] » « Est-ce votre amour que vous regrettez ?
De là cette fable d’une liaison d’amour entre Marot et la duchesse d’Alençon. […] Parler d’amour, même aux dames du plus haut rang, de si bas qu’on le fît, c’était le droit de tout poète, et un reste des mœurs chevaleresques. […] Marot chante, comme Villon, ses amours, sa prison ; mais ses amours sont plus délicats et sa prison plus honorable. […] Le langage de l’amour dans Marot sera plus délicat, sauf aux rares endroits où Marot sent le Villon. […] Ainsi rien de plus national en France que ce tour de galanterie qu’il donne à l’expression de l’amour.
Celui-ci n’est qu’amour. […] De même pour l’amour de la nature en général. […] C’est ce qui s’est passé pour l’amour. […] Amour auquel chacun d’eux imprime la marque de sa personnalité. […] Amour qui fait que chacun d’eux est aimé ainsi pour lui-même, et que par lui, pour lui, d’autres hommes laisseront leur âme s’ouvrir à l’amour de l’humanité.
Seulement son amour se manifeste à tout propos et hors propos. […] Dans mes plus chers amours il voit l’indifférence. […] Je pose : galanterie = amour — amour. […] Car c’est seulement à la surface de son âme âpre que se jouaient ses passions brusques, mêlées, amours qui s’exaspèrent en haines et que font oublier bientôt d’autres amours haineuses. […] Je crie son erreur, par amour de la vérité, sans espoir d’être entendu.
La gloire obtiendrait-elle ce que l’amour n’aurait pas su obtenir ? […] Espérez-vous trouver l’amour et la fidélité dans cette race vénale ! […] Le but commun de ces poèmes est de prouver que l’amour triomphe de l’homme, la chasteté de l’amour, la mort de l’amour et de la chasteté, la renommée de la mort, le temps de la renommée, et l’éternité du temps. […] En général, l’amour est pour lui plutôt un plaisir qu’une passion. […] Elle se sent digne d’amour et s’affirme qu’elle est aimée.
De là vient que les poètes de l’antiquité n’ont le plus souvent peint dans l’amour que les sensations. […] Les modernes connaissant d’autres rapports et d’autres liens, ont pu seuls exprimer ce sentiment de prédilection qui intéresse la destinée de toute la vie aux sentiments de l’amour. […] Toutes les vertus des anciens étaient fondées sur l’amour de la patrie ; les femmes exercent leurs qualités d’une manière indépendante. […] L’amour paternel est plus vif chez les modernes ; et il vaut mieux sans doute qu’entre le père et le fils, celui des deux qui doit être le bienfaiteur, soit en même temps celui dont la tendresse est la plus forte. Les anciens ne peuvent être surpassés dans leur amour de la justice ; mais ils n’avaient point fait entrer la bienfaisance dans les devoirs.
Nelly avait fait le rêve d’être fidèle à un seul amour. […] Au regard du philosophe comme à celui du naturaliste, l’amour, cet amour qui entretient la vie à travers l’humanité, est la grande affaire pour les hommes. […] Ce qu’il y a à la base de l’amour, c’est la lutte des sexes. […] Il a connu toutes les contrefaçons de l’amour. […] Mæterlinck, et surtout parce que c’est une histoire d’amour.
Dumas y a exprimé, sous la forme dramatique, avec une réelle puissance, l’exaltation forcenée, sauvage de cet amour que le romantisme faisait supérieur à tous les devoirs, à toutes les lois, à toute morale. […] Toutes les laideurs, la morale avec la physique, et dans cette dégradation de tout l’être humain, un sentiment ingénu, l’amour paternel : voilà Triboulet. Toute la beauté et tous les vices, tous les vices et une vertu, l’amour maternel : voilà la double antithèse qui constitue Lucrèce Borgia. […] D’abord la forme dramatique épure l’inspiration lyrique en l’objectivant, et surtout quand le thème éternel est l’amour, le lyrisme direct devient trop facilement agaçant ou ennuyeux. […] Pour qu’un jeune homme se marie sans amour, 25 ou 50 000 livres de rente chez une veuve, 500 000 francs de dot chez une ingénue sont des arguments sans réplique ; et le devoir de rompre un amour coupable est impérieusement dicté par la nécessité de ne pas nuire à sa carrière : cela dispense de pitié, de délicatesse, et d’honneur.
Tout à l’heure encore Jean attestait à Marie son fidèle amour. […] Autre méprise et autre surprise ; elle repousse les présents du joueur heureux, avec la fierté d’une femme qui n’entend pas mêler l’argent à l’amour. […] Point du tout, il se trouve qu’elle l’aime d’un amour sincère, et que c’est lui qui la trahit, sans avoir rien à lui reprocher. […] Vis-à-vis de la jeune fille, cette amitié d’enfance se transforme, par degré, en un amour que Fanny partage. […] Bernard écoute ses plaintes indignées avec un dépit soupçonneux où l’on démêle aussi un secret amour.
Étrange manière de lui prouver son amour que de l’envoyer à la boucherie ! […] La lettre confirme pleinement ses soupçons : elle crie l’amour coupable, sinon l’adultère. […] Le mari prodigue ne demande qu’à rentrer en grâce, qu’à obtenir le pardon et qu’à espérer l’amour du coeur qu’il a jusqu’à présent méconnu. […] C’est à qui lui ménagera des rendez-vous, à qui favorisera son amour. […] Est-ce de l’amour ?
Sitôt que l’amour s’installe, il est l’amour éternel. […] Aussi L’Amour et M. […] L’amour ? […] La littérature comme l’amour peut être un fléau ou un bienfait. […] L’homme qu’ait le plus aimé cette créature d’amour, ce génie d’amour qu’était George Sand, ce fut un être creux, vaniteux et sot, Michel de Bourges.
Virgile a placé les amants au milieu des bois de myrtes et dans des allées solitaires ; le Dante a jeté les siens dans un air vague et parmi des tempêtes qui les entraînent éternellement ; l’un a donné pour punition à l’amour ses propres rêveries, l’autre en a cherché le supplice dans l’image des désordres que cette passion fait naître. Le Dante arrête un couple malheureux au milieu d’un tourbillon ; Françoise d’Arimino, interrogée par le poète, lui raconte ses malheurs et son amour. Noi leggevamo, etc… « Nous lisions un jour, dans un doux loisir, comment l’amour vainquit Lancelot. […] C’est encore au christianisme que ce morceau doit une partie de son pathétique ; Françoise est punie pour n’avoir pas su résister à son amour, et pour avoir trompé la foi conjugale : la justice inflexible de la religion contraste avec la pitié que l’on ressent pour une faible femme. […] Si toutefois nous osions proposer nos doutes, peut-être que ce tour élégant, nous laissâmes échapper le livre par qui nous fut révélé le mystère de l’amour, ne rend pas tout à fait la naïveté de ce vers : Quel giorno più non vi leggemmo avante.
Blaze de Bury, qui se souvient trop des types officiels et classiques quand il faudrait analyser, creuser ou peindre, appelle tour à tour madame de Platen Phèdre, Médée ou Messaline, pour nous donner une juste idée des fureurs d’amour, de jalousie et de vengeance, qui luttèrent en elle. […] De l’un il avait l’énergie téméraire, et de l’autre la beauté suprême, l’ironie, la grâce, l’insolence, tous les ensorcellements des hommes qui doivent vivre et mourir par l’amour. Élevé avec la fille du prince de Celle, Sophie-Dorothée, qui devint duchesse de Hanovre, il avait été aimé d’elle dans son enfance, et, si l’on en croit la correspondance publiée par Blaze de Bury, il le fut encore plus tard, mais d’un amour moins pur. […] Elle le tenait… mais elle voulut savourer l’amour et la haine dans cette scène dernière, et elle le massacra en détail. […] Forte seulement dans l’amour, Élisabeth n’osa pas tenter la terrible épreuve ; mais Sophie-Dorothée n’eut pas peur, comme disent les mystiques, de manger sa condamnation.
Malgré des malheurs très réels, je ne sache rien de moins touchant que ces deux êtres, et malgré les efforts qu’ils font pour introduire dans l’amour la haute philosophie et la littérature, je ne sache rien de plus ennuyeux et de plus pédant que leur langage. […] Comme vos vers chantaient nos amours, mon nom commençait de devenir célèbre et la jalousie des autres femmes fut enflammée. » Être célèbre ! […] voilà enfin le dernier mot de cette orgueilleuse empoisonnée par la science, et que la Philosophie, qui se mêle d’ausculter les cœurs, nous donne pour le type le plus tendre et le plus élevé de l’amour ! […] C’est un passionné qui a sans doute une puissance d’amour si formidable qu’il en donne à ceux qui n’en ont pas. […] Oddoul tient pour des âmes de premier ordre en fait d’amour les deux lettrés mâle et femelle du xiie siècle.
Comme vos vers chantaient nos amours, mon nom commençait de devenir célèbre et la jalousie des autres femmes fut enflammée. » Être célèbre ! […] voilà enfin le dernier mot de cette orgueilleuse empoisonnée par la science et que la Philosophie, qui se mêle d’ausculter les cœurs, nous donne aujourd’hui pour le type le plus tendre et le plus élevé de l’amour ! […] C’est un passionné qui a sans doute une puissance d’amour si formidable qu’il en donne à ceux qui n’en ont pas. […] Oddoul tient pour des âmes de premier ordre en fait d’amour les deux lettrés mâle et femelle du douzième siècle. […] « À la vue d’un pareil sentiment (nous avons dit ce qu’il était, ce sentiment) ne semble-t-il pas que l’Amour lui-même a passé devant nous (bienheureuse hallucination !)
III Il est donc, après cela, tout simple, qu’il aimât Abélard, mais quand on aime, on peint avec amour, et l’amour est un grand artiste ! L’amour a des couleurs de flamme ! […] L’amour de Charles de Rémusat pour un homme qu’il trouve un grand homme, est un amour… d’Abélard après son malheur. […] Charles de Rémusat a reculé devant un type de femme qui n’avait pas effrayé Pope, ce poète moral, et, plus prude que le chaste Anglais, il nous a donné une Héloïse bas-bleu moderne en langage très moderne, mêlant joliment, et dans une bonne nuance, la métaphysique à l’amour ; — un bas-bleu comme il pouvait s’en trouver un, du reste, dans la société de Charles de Rémusat (de l’Académie française). […] C’est très bien, très convenable, mais cela ne respire ni l’amour sacrilège, ni les affreux regrets des passions coupables, ni la rapide corruption du péché, ni la nature humaine outragée, rien enfin de ce que Shakespeare, par exemple, y aurait mis, si ce sujet d’Héloïse et d’Abélard était tombé dans ses terribles mains… Je te plains de tomber dans ses mains effroyables, Ma fille !
Ne vous aimerais-je pas, mon Dieu, unique et véritable et éternel amour ? […] Mourir sans amour, c’est mourir en enfer. Amour divin, seul véritable. […] L’amour est comme toutes les passions, il a des retours inattendus. […] C’est l’amour qui grave les sentiments par les plus menus détails.
Adolphe (1810) est un roman d’analyse, d’une précision aiguë et puissante, où Benjamin Constant a noté toutes les phases d’un amour douloureux, les palpitations et les sursauts d’un amour qui s’éteint : jusque-là on avait plutôt étudié l’éveil et les lents progrès de la passion. […] Le difficile problème de cette fusion est résolu — avec une facilité un peu naïve — par l’amour : un beau et génial jeune homme, ouvrier ou paysan, aime une belle et parfaite demoiselle, noble et riche ; ils se marient, et voilà les classes fondues. Rien de plus romanesque, parfois de plus fantastique que ces histoires d’amour, traversées de déclamations philosophiques et d’exposés souvent bien verbeux de théories égalitaires. […] La plupart des littérateurs ne savent guère sortir de l’amour, et ne peuvent guère employer que les aventures d’amour pour caractériser leurs héros. […] Le secret de cette sympathie, c’est peut-être la place que l’amour — toutes les qualités d’amour — tient à ses yeux dans la vie italienne : c’est surtout que le tempérament italien lui semble plus impulsif, plus énergique que le français.
Le Christ vivant qui de sentiment devient action, c’est l’amour. La vraie foi se manifeste par l’amour : les hommes croyants s’unissent dans une harmonie morale. Tout amour est un modèle, une Idée de la grande humanité idéale ; et le Dieu de cette harmonie, le Christ, c’est encore l’espérance. […] Cet amour est une démonstration morale affranchie de l’égoïsme sensuel ; elle prouve l’existence profonde d’une parenté entre des hommes frères. […] La certitude d’une vie plus élevée est contenue dans la tragédie de l’amour ; mais cet amour n’aura la force de la rédemption que lorsque la nature humaine délivrée d’égoïsme aura par sa propre force reconquis la pureté de l’idéalité, lorsqu’elle sera devenue l’amour de l’humanité.
Cela ne le satisfait point : le savoir est meilleur que l’amour. […] Ils n’ont ni dégoût de la vie ni honte de l’amour. […] L’amour se déroule librement sous le soleil, qui l’encourage. […] La malédiction jetée à la chair a dramatisé l’amour. […] Quel amour ?
L’homme qui a l’amour de la lecture belle, et non de la lecture sans choix, est supérieur chez nous à celui qui vibre à la pièce. […] Aussi ne saurais-je décider qui l’emporte de l’homme qui a la passion du théâtre ou de celui qui a l’amour de la lecture. […] 2º La passion du théâtre est certainement moins noble que l’amour de la lecture. […] Mais il n’en résulte pas forcément que l’homme qui a l’amour de la lecture soit supérieur à l’homme qui a la passion du théâtre. […] On oublie l’amour de la vie pour l’amour de la ligne.
L’égalité n’était rétablie — et encore pas tout à fait — que par l’amour, un amour égal de part et d’autre, il était admis en principe que cet amour demeurait pur, platonique. […] Il était admis de plus que cet amour était le seul véritable amour : d’où vint cette décision d’une Cour d’Amour — car il était naturel, il était inévitable qu’il s’instituât des sortes de tribunaux pour assurer, maintenir, régler les rites et les lois de cette nouvelle sorte d’amour — que l’amour était incompatible avec le mariage, car, dans le mariage, l’époux continue d’être le maître de la femme, ce qui ne pouvait s’accorder avec cette nouvelle façon d’envisager cette passion. […] Pas d’amour, pas de femmes, ni dans les uns, ni dans l’autre : et, sans femme et sans amour, pas de roman. […] C’est que, pour elles, l’amour est la grande affaire, que l’amour est par essence lyrique. […] Et je viens vous enseigner une morale d’amour. » La morale d’amour ne suffit pas.
… Il y a de la sottise et du mensonge dans toute gloire faite par les hommes ; mais quelles plus charmantes et plus touchantes rectifications que celles de l’amour ? […] Toujours est-il que cette substance de femme grasse et blonde faite pour la sieste et l’amour turc, que cette espèce d’indolente houri qui a peut-être posé pour la Dudu du Don Juan, de sa main languissante, lança un livre, qui n’était ni un éclair, ni une foudre… Il ne pouvait l’être, d’ailleurs, qu’à la condition de fouler aux pieds toutes les mesquines considérations de la femme et du bas-bleu et il ne les y foulait pas… Le bas-bleuisme, cette affectation enragée de la personnalité des femmes tue, en elles, plus ou moins l’amour, comme il tue plus ou moins le génie. Mme de Staël, qui, même sans amour, aurait mieux parlé de Byron que Mme Guiccioli, n’arracha jamais entièrement son génie au bas-bleuisme quelle tenait de la race pédante (les Necker, père et mère) à laquelle elle appartenait… Mais le cœur de Mme Guiccioli était moins vaillant que le génie de Mme de Staël… C’était un genre de cœur qui ressemblait à son genre d’esprit. […] plus éternelle en ses instincts que Byron, avec tout son amour et tout son génie, ne pouvait la faire immortelle, s’est épouvantée de ces deux situations si nettes et n’a pas voulu de leur lumière. […] quand ce serait même la main de l’amour.
Elles ont appris au monde, qui ne s’en doutait pas, que l’amour de Goethe pour Charlotte Buff, cet amour, maintenant historique, fut le plus noble, le plus admirable des sentiments, couronné par un sacrifice bien plus héroïque et bien plus cruellement volontaire que le coup de pistolet de Werther ! […] Elle donna à son génie le baptême de feu de l’amour. […] Il avait rejeté son amour. […] C’est là une rêverie, une rêverie de l’amour dans ceux qui aiment Goethe. […] Qu’elle soit ignorante ou cultivée, passionnée ou vertueuse, la femme, chez lui, ce n’est jamais que l’éternelle candeur allemande, — cette candeur qui nous plaît, à nous autres Français, parce qu’elle nous change et contraste avec nos faiseuses d’addition et de soustraction en amour !
Amour, ambition, piété, que sais-je encore ? […] Tout saint a été comme eux métaphysicien par le choix et la nature de l’objet de son amour, et poète par l’ardeur de son amour. […] Dante n’est pas le seul poète qui ait connu l’amour mystique. […] Faust condamne son amour ; mais cet amour en a-t-il été moins profond et l’épreuve a-t-elle été moins cruelle parce que le héros en est sorti en portant sentence contre lui-même ? […] Eh bien, nous croyons à l’amour, aux remords, au dévouement de Goethe, comme à l’amour, aux remords et au dévouement de Wilhelm.
C’est d’abord l’amour, qui ne sert pas toujours de texte au drame indien, mais qui souvent en est le sujet ; l’amour chaste et tendre, pur et innocent, semblable à celui qui brûle dans les pièces de Sophocle. C’est l’amour conjugal d’une Desdémona ou d’une Juliette dans Shakespeare, c’est un mélange du platonisme tout idéal de Pétrarque et de l’amour sensuel mais naïf, pastoral et pudique de Milton dans son Éden. […] Telle était l’intrépidité de son amour qu’avec joie elle traversait le désert ! […] Rama, ému de pitié et d’amour, se croit en proie à un rêve : « Roi ! […] Que, semblables à l’amour d’une mère pour ses enfants, ils allègent nos peines !
Le poëme, à partir de ce moment, est expressément placé sous l’invocation d’Érato, la muse de l’amour. […] Le fol Amour s’est échauffé au jeu : « tenant contre sa poitrine la main gauche toute pleine des osselets d’or qu’il venait de gagner, il était debout, triomphant : une molle rougeur fleurissait le teint de ses joues. […] Amour le voulait à l’instant même et jetait déjà tous les autres ; mais Vénus lui jure qu’il l’aura sans faute après. On se rappelle que Virgile, au livre premier de l’Énéide, a trouvé l’ingénieux moyen de déguiser l’Amour sous les traits d’Ascagne, que son père envoyait vers Didon. […] Les Modernes ont très-habituellement admis le jeu et le mensonge de l’amour, ce qu’ils aiment aussi à en appeler l’idéal, — les Anciens, jamais ; ils sont restés naturels.
Par des faits, des paroles, des gestes, des actes, sont signifiés les débuts de son hystérisme, son aversion pour son mari, son premier amour, les crises décisives et finales de sa douloureuse carrière. […] L’Éducation sentimentale conduit, par l’infini dédale des lâches amours de Frédéric Moreau, de la rubiconde infamie d’Arnoux, à la double beauté de Marie Arnoux ; ce livre apprend à mesurer les extrêmes de l’humanité. […] Enfin Flaubert satisfait son amour de l’énergie et de la beauté en concevant les admirables femmes de ses romans, pâles, noires, fines et tristes, Mme Bovary et Mme Arnoux. […] Je ne veux avoir ni amour, ni haine, ni pitié, ni colère. […] Son amour du mot précis et définitif c’est-à-dire tel qu’il enserrât une catégorie bornée d’images et celle-ci seulement dut diriger son esprit à l’intuition des choses individuelles, l’éloi-gner de toute généralisation abstraite.
Son regard couvait toute cette couvée éclose de son amour et nourrie de son travail d’artisan ; il se délassait le soir et les jours de fête par la lecture. […] Elle inspirait ses pinceaux, elle attendrissait son cœur comme tous les premiers amours des artistes sensibles, peintres ou poètes. […] Comme il s’agit, pour ces auditeurs, d’un plaisir oisif d’imagination et de cœur, le peintre les a tous choisis dans l’âge de l’imagination ou de l’amour. […] Quelle sérénité, quelle paix, quel apaisement des soucis de la vie, quelles images de félicité, d’amour, d’ivresse rêveuse, ne fait-il pas monter des sens à l’esprit ! […] Nous allons retrouver son amour d’abord naissant, puis couvé, puis développé, dans ses ouvres.
On sent que l’amour couve dans ces deux cœurs : on va le voir éclore au deuxième chant. […] Puis avec amour doucement les coule sous son corsage qui enfle. — “Tiens ! […] Longus est licencieux, Mistral est virginal dans son amour. […] Notre Dame d’amour, dites-moi ce que je dois faire ! […] Est-ce donc peu que le nécessaire, la paix, la poésie et l’amour ?
Vous n’y trouverez ni drames singuliers ou puissants, ni subtiles analyses de caractères, puisque tout s’y réduit à des amours suivies de séparations et que les personnages y ont des âmes fort simples. […] L’influence de la terre, la douceur des choses, les parfums, la beauté de la nature et la beauté des corps, les brises attiédies du soir y conseillent si clairement et si invinciblement l’amour qu’elles l’absolvent par là même et qu’on ne songe point à y attacher une idée de souillure. […] Ce lit d’amour, la nuit, sur une barque, dans le golfe de Salonique ; puis cette vie de silence et de solitude, pendant une année, dans une vieille maison du plus vieux quartier de Constantinople, je ne sais pas de rêve plus doux, plus amollissant, ni en qui s’endorment mieux la conscience et la volonté. […] Et c’est aussi l’amour noir et, certains jours, les danses hurlantes des corps d’ébène déchaînés par la Vénus animale. […] Les sujets ne pouvaient guère être que des histoires d’amour avec les femmes des différents pays que traverse le poète : amour sensuel et rêveur, amour absolu chez la femme ; amour curieux, orgueilleux, parfois cruel chez l’homme.
L’Amour est un Désir, le plus funeste de tous nos Désirs. […] L’amour est une promesse de bonheur, disait Stendhal, (hélas ! […] L’amour est un Désir : il est tous les désirs. […] Mais si l’Amour est funeste, pourquoi la Bienfaisance ? […] fureur et amour, sauvage et puissant, me boule l’âme.
Singulières amours ! […] Il n’y a pas d’amour qui ne désire l’amour et qui ne l’exige au fond de soi : sainte Thérèse veut être aimée alors même qu’elle sacrifie ses joies à sa passion. […] Sur quoi pourrait s’appuyer une loi contre l’amour ? […] La syphilis a fait ce miracle qu’une figure humaine, belle de sa pleine nudité, est condamnée parce qu’elle excite à l’amour, l’amour étant considéré comme dangereux. […] Il faut parler de l’amour comme si l’âge d’or de l’amour régnait encore et n’en retenir que l’essentiel, loin de s’arrêter aux phénomènes de surface et passagers.
Parfois l’amant qui survit (car c’est d’amour que, se composent nécessairement ces trésors cachés), l’amant qui survit se consacre à un souvenir fidèle, et s’essaie dans les pleurs, par un retour circonstancié, ou en s’aidant de l’harmonie de l’art, à transmettre ce souvenir, à l’éterniser. […] Cornélia est une belle et jeune comtesse romaine qui s’est éprise d’amour pour Ernest ; Ernest lui a loyalement avoué qu’il ne pouvait lui accorder tout son cœur, et Cornélia n’a pas cessé de l’aimer. […] Encore à présent, je sens bien qu’entre l’amour et la dévotion il n’y a qu’un cheveu d’intervalle, et cependant je ne puis le franchir. […] Toute femme organisée pour aimer, toute femme non coquette et capable de passion (il y en a peu, surtout en ces pays), est susceptible d’un second amour, si le premier a éclaté en elle de bonne heure. […] Nulle part la société du temps n’est mieux peinte ; nulle part une âme qui soumet l’amour à la religion n’exhale des soupirs plus épurés, des parfums plus incorruptibles.
Amour trouva celle qui m’est amère (Et j’y étois, j’en sais bien mieux le compte) : Bonjour, dit-il, bonjour, Vénus, ma mère. […] Non, non, Amour, ce dis-je, n’ayez honte : Plus clairvoyants que vous s’y trompent bien. […] Je me bornerai à l’imitation suivante, dans laquelle Ronsard a substitué à l’idée de l’auteur grec une idée tout aussi gracieuse, et l’a revêtue de formes encore plus charmantes : Les Muses lièrent on jour De chaînes de roses Amour ; Et, pour le garder, le donnèrent Aux Grâces et à la Beauté, Qui, voyant sa desloyauté, Sur Parnasse l’emprisonnèrent. […] Courage doncques, amoureux Vous ne serez plus langoureux ; Amour est au bout de ses ruses. […] Il entend bourdonner une abeille, et l’idée lui vient que cette abeille peut bien avoir piqué l’Amour.
Le jésuite croira plus au pape qu’à l’Église ; le quiétiste pensera que l’amour de Dieu rend le christianisme inutile. […] Dans tous ses écrits théologiques, la préférence pour la religion du pur amour est manifeste. […] Une autre cause du froid de cet ouvrage, c’est que l’Olympe y est décrit par un chrétien et l’amour par un prêtre. […] La même remarque s’applique à la peinture de l’amour. […] Enfin, on trouve encore à louer, par l’intention de l’auteur, sa retenue dans la peinture de l’amour.
Un petit Amour a saisi une des mains de la statue, qu’il ne baise pas, qu’il dévore. […] Combien de malice dans la tête de cet Amour ! […] Ô Falconet, comment as-tu fait pour mettre dans un morceau de pierre blanche la surprise, la joie et l’amour fondus ensemble. […] Ce n’est plus alors la main droite de la statue, mais la gauche que le petit Amour dévore.
Les poëtes et les faiseurs de romans, continuë Monsieur Woton, comme D’Urfé, La Calprenede et leurs semblables, qui, pour avoir occasion de faire parade de leur esprit, nous peignent leurs personnages pleins à la fois d’amour et d’enjouëment, et qui en font des discoureurs si gracieux, ne s’écartent pas moins de la vraisemblance, que Varillas s’écarte de la verité. […] Renaud amoureux malgré lui, et parce qu’il est subjugué par les enchantemens d’Armide, m’interesse vivement à sa situation : je suis même touché de sa passion quand il ouvre la scene en disant à sa maîtresse qui le quitte pour un moment : Armide vous m’allez quitter, et lorsqu’il ne lui replique, après qu’elle lui a dit le motif important qui l’oblige à s’éloigner de lui, que les mêmes paroles qu’il lui avoit déja dites : Armide vous m’allez quitter, Renaud me paroît alors un homme livré tout entier à l’amour. L’amour ne sçauroit mieux se faire sentir que par cette repetition : c’est la marque de l’yvresse de la passion que de n’entendre pas les raisons qu’on lui oppose. […] Je crois avoir traité assez au long les deux questions, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies, et si nos poëtes ne lui donnent pas une trop grande part dans l’intrigue de leurs pieces.
L’amour de la campagne, qui a inspiré tant de beaux vers, prend chez les Romains un autre caractère que chez les Grecs. […] On se rappelait encore, sous le règne d’Auguste, l’austérité républicaine, et la peinture de l’amour empruntait quelques charmes des souvenirs de la vertu29. […] Ovide introduisit, par plusieurs de ses écrits, une sorte de recherche, d’affectation et d’antithèse dans la langue de l’amour, qui en éloignait tout à-fait la vérité. […] Ce qui manque aux anciens dans la peinture de l’amour, est précisément ce qui leur manque en idées morales et philosophiques. […] Je choisis dans Virgile, le poète du monde où l’on peut trouver le plus de vers sensibles, ceux qui peignent la tendresse paternelle ; car il faut pour attendrir, sans employer la langue de l’amour, une sensibilité beaucoup plus profonde.
L’amitié n’est point une passion, car elle ne vous ôte pas l’empire de vous-même ; elle n’est pas une ressource qu’on trouve en soi, puisqu’elle soumet au hasard de la destinée et du caractère des objets de son choix : enfin, elle inspire le besoin du retour et sous ce rapport d’exigence, elle fait ressentir beaucoup des peines de l’amour, sans promettre des plaisirs aussi vifs. […] Il semble alors qu’il vaudrait mieux séparer entièrement l’amitié de tout ce qui n’est pas elle ; mais son plus grand charme serait perdu, si elle ne s’unissait pas à votre existence entière : ne sachant pas, comme l’amour, vivre d’elle-même, il faut qu’elle partage tout ce qui compose vos intérêts et vos sentiments, et c’est à la découverte, à la conservation de cet autre soi, que tant d’obstacles s’opposent. […] Les femmes font habituellement de la confidence le premier besoin de l’amitié, et ce n’est plus alors qu’une conséquence de l’amour ; il faut que réciproquement une passion semblable les occupe, et leur conversation n’est souvent alors, que le sacrifice alternatif, fait par celle qui écoute à l’espérance de parler à son tour. […] Enfin, deux amis d’un sexe différent, qui n’ont aucun intérêt commun, aucun sentiment absolument pareil, semblent devoir se rapprocher par cette opposition même ; mais si l’amour les captive, je ne sais quel sentiment, mêlé d’amour propre et d’égoïsme, fait trouver à un homme ou à une femme liés par l’amitié, peu de plaisir à s’entendre parler de la passion qui les occupe ; ces sortes de liens ou ne se maintiennent pas, ou cessent, alors qu’on n’aime plus l’objet dont on s’entretenait, on s’aperçoit tout à coup que lui seul vous réunissait. […] L’amour se passerait bien plutôt de réciprocité que l’amitié ; là où il existe de l’ivresse, on peut suppléer à tout par de l’erreur, mais l’amitié ne peut se tromper, et lorsqu’elle compare, elle n’obtient presque jamais le résultat qu’elle désire, ce qu’on mesure paraît si rarement égal ; il y a quelquefois plus de parité dans les extrêmes, et les sentiments sans bornes se croient plus aisément semblables.
Ceux qui se sont fait de Julie de Rambouillet une idée romanesque, veulent nous persuader qu’après que le duc de Montausier eut demandé sa main, elle le fit languir treize ans, le soumit à toutes les épreuves imposées aux amours fabuleux des romans du temps, exigea qu’il parcourût, dans toute son étendue, le royaume de Tendre, dont mademoiselle de Scudéry n’eut l’idée et ne publia la carte que dix ans plus tard. […] Que si elles avaient le défaut de faire de l’amour un délire de l’imagination, elles eurent aussi le mérite d’élever les esprits et les âmes au-dessus de l’amour d’instinct, et de préparer cet amour du cœur, ce doux accord des sympathies morales si fécond en délices inconnues à l’incontinence grossière, cet amour qui donne tant d’heureuses années à la vie humaine, appelée seulement à d’heureux moments par l’amour d’instinct.
Une preuve que l’amour n’est pas nécessaire pour animer l’intérêt d’une Tragédie, c’est que les Grecs n’en ont point fait usage. […] L’amour n’est jamais qu’une foiblesse, quelque part où il se trouve ; & faire soupirer des Héros, c’est les réduire au niveau des hommes ordinaires. […] On dira peut-être que l’amour sur la Scène tragique, conduisant aux malheurs, aux crimes, & aux remords, cesse d’être dangereux, & devient un principe fécond pour développer avec succès les différentes impressions dont l’ame humaine est susceptible. […] Qui doute que Racine ne fût encore plus admirable, si ses Pieces étoient plus exemptes de cet amour qui en fait languir l’action ? […] Corneille n’a rien non plus de comparable à la Scène où Phédre déclare son amour à Hippolyte.
Admirer en présence des orateurs et des poètes qui ont enveloppé Athènes de séduction et Rome de grandeur, c’est se donner tout entier à ces maîtres incomparables, leur livrer ses plus fraîches et ses plus naïves émotions et témoigner à ces pères de l’intelligence autant d’amour filial que de respectueuse fidélité. […] Dans ce monde des chefs-d’œuvre, il assiste de près au témoignage sublime de Polyeucte, il tressaille d’amour filial avec Antigone ou Rodrigue, d’amour fraternel avec Electre ; il apprend la pitié par l’infortune de Philoctète ; le dévouement de l’Orestie et le cinquième acte de Cinna lui enseignent l’oubli des injures ; l’amour des faibles dans la nature lui est inspiré par Virgile et Lafontaine, ces grands génies aimants. […] » dans la science, plus haut dans la vertu, plus haut dans l’amour de la patrie, plus haut dans l’amour de Dieu !
Au printemps, les amours sont d’intelligence ; au printemps, les oiseaux s’unissent, et la forêt, avivée par des pluies fécondes, déploie sa chevelure. Demain celle qui unit les amours entre les ombrages des arbres formera des huttes de verdure avec des branches de myrte entrelacées ; demain Dioné donne des lois du haut de sa couche de reine. […] L’enfant accompagne les jeunes filles ; mais, on ne peut croire que l’amour soit au repos, tant qu’il porte ses flèches. […] il a déposé ses armes : l’Amour est au repos. […] La mère de l’enfant ailé a ordonné la présence de toutes : et elle ordonne aussi aux jeunes filles de ne croire en rien l’Amour.
Ce n’est pas tout à fait l’amour de la force qui le fait révolutionnaire, c’est même un amour de la faiblesse, puisque c’est l’amour de l’égalité ; mais c’est l’amour de la force qui le range toujours, ce révolutionnaire absolu, mais non pas farouche, du côté où il y a une puissance bien démontrée telle, qu’on l’appelle Convention, Montagne, Commune, Proconsulat, Dictature, Empire ! […] Un grand cri royaliste, auquel la personne de cette reine, si belle encore, mêlait peut-être de l’amour, tonne et vibre. […] Évidemment, l’homme qui se sert de cette plume-là et sait partager, en la racontant, l’impatience de sang et de fierté des hommes qui furent les ennemis de sa cause, est fait pour autre chose que pour être un fataliste historique et rester l’écrivain qui, par amour du style, ne trouve rien de mieux que de mettre le mot « trombe » à la place du mot Dieu ! […] Dans le récit de son histoire, lorsque Castille arrive au 19 octobre, il appelle très nettement les hommes qui insultèrent la reine « quelques scélérats », et quoiqu’il les sépare, selon nous, un peu trop de la foule, toujours par amour de la force (c’était la foule qui était la force alors), il ne biaise pas sur le sentiment qu’ils lui inspirent.
le premier mot de Pauline à cette nouvelle est un mot d’amour. […] si ce n’est pas là de l’amour ! […] Il est l’ennemi de son repos, de son bonheur, de son nouvel amour. […] De l’amour profond, jamais de la vie ! […] Il y avait l’amour de la vie, l’amour de la dame élue et l’amour de l’honneur.
Ajoutez qu’il n’a pas l’amour béat. […] Ils s’aimaient tous deux d’un amour tendre. […] que l’amour est charmante ! […] que l’amour est charmante ! […] Il n’est tel que de vivre pour un grand amour.
Le premier produit l’amour du jeu, et le second l’avarice ; quoiqu’on puisse supposer qu’il faut aimer l’argent pour aimer le jeu, ce n’est point là, la source de ce penchant effréné : la cause élémentaire, la jouissance unique, peut-être, de toutes les passions, c’est le besoin et le plaisir de l’émotion. […] Les mots qui servent aux autres passions, sont très souvent empruntés de celle-là, parce qu’elle est une image matérielle de tous les sentiments qui s’appliquent à de plus grandes circonstances ; ainsi, l’amour du jeu aide à comprendre l’amour de la gloire, et l’amour de la gloire à son tour explique l’amour du jeu.
On a trop déprécié les vers d’amour de Malherbe. […] L’amour n’est pas le seul. […] L’amour, en particulier, l’intéresse au plus haut point. […] Et l’amour n’est pas oublié. […] Heureux qui déraisonne par amour !
Sibylle ne connaît qu’un seul amour dans sa triste existence, et elle meurt volontairement, afin de se dérobera cet amour. […] Ainsi l’amour est l’âme même de l’art, et plus cet amour est fort, plus l’artiste est grand ; plus il est étendu, plus l’artiste est universel. […] Ce n’est pas davantage l’amour qui est le but de l’art, car l’amour n’est pour ainsi dire que l’instrument dont se sert l’artiste pour saisir la beauté, la lampe dont il s’éclaire. […] Il y a de l’amour dans l’observation de M. […] L’amour de Cordelia tire sa force du viol même dont l’horreur l’égaré.
. — Le Livre d’heures de l’amour, poésies (1887) […] — Au bord du désert, poésies (1888). — Le père Lebonnard, pièce en quatre actes, en vers (1889). — Roi de Camargue (1890). — Jésus (1896). — Notre-Dame d’Amour (1896). — Tatas, roman (1901). […] Aicard, dans son Livre d’heures de l’amour, ne fait pas un grand pas en avant. […] Par contre, il faut signaler particulièrement de petites pièces, dans le goût des poètes grecs, qui sont ravissantes, la Rose jalouse, entre autres : Comme elle m’embrassait, une rose au corsage, La rose me piqua, jalouse du visage ; Je baisai donc la fleur qui, rose avec pâleur, Me parut un sourire appuyé sur ma bouche Ce que voyant (l’amour pour un rien s’effarouche), L’enfant m’égratigna, jalouse de la fleur.
Car la conception que possède de l’amour M. […] Il faut parler de l’amour avec le langage de l’amour, et je sais gré à l’auteur de Chair de l’avoir si bien compris. […] L’amour de la Nature ne s’enseigne pas. […] On n’écrira jamais assez sur l’Amour. […] Je le répète, on n’écrira jamais assez sur l’Amour.
A ce moment il rencontre Charlotte, il l’aime, et alors son amour remplit toutes ses pensées. […] Une séparation survient, il est ramené par son amour auprès de Charlotte. […] Ces deux amours admis, non expliqués, il va déduisant les actions et leurs mobiles. […] Nos naturalistes, fussent-ils exacts, sont loin d’être concis : ils abondent, et non seulement ils étalent à nos yeux l’amour naturel, mais encore ils se complaisent dans l’amour anormal. […] Autre phase : c’est l’amour partagé.
Les larmes mêmes y sont douces, l’amour y rend tout mélodieux jusqu’aux sanglots. […] Il refusa de laisser imprimer l’Aminta : sa seule édition était dans la mémoire de Léonora, pour qui il avait écrit ce drame de naïf amour. […] « Ces roses de ces lèvres, comme les pommes de Tantale, s’avancent et se retirent ; l’Amour seul y reste avec son dard et ses torches pour vous blesser et vous consumer ! […] L’opinion générale du temps est que le Tasse avait célébré la beauté et l’amour de Léonora d’Este sous les traits et sous le nom de Sophronie. […] Plût à Dieu que le crime du Tasse eût été l’excès d’amour pour Léonora !
Mais Caliste le déteste, ce gros million qu’elle traîne partout après elle ; il lui fait prendre l’amour en doute, la fortune en haine. […] Et le moyen, pour elles, de discerner l’amour vrai de l’amour cupide ? […] Il est très amusant, ce Landara, et il a, au troisième acte, une déclaration d’amour si bouffonne et si imprévue, qu’elle a jeté quelque gaieté sur les langueurs du dénouement. […] Elle a rencontré sur son chemin le comte Henri de Puygeron, un petit jeune homme qui ne savait rien de l’amour. […] Le petit comte de Puygeron est bien mince, bien frêle, bien insignifiant ; le seul intérêt qu’il pût exciter était dans l’excès de son amour, un amour aveugle et sourd qui, de lui-même, se crèverait les yeux et se boucherait les oreilles, pour ne rien voir, ne rien entendre, et ne recouvrer ses organes que devant une patente et criante évidence.
N’est-ce pas pour l’amour de moi que tu as saisi le tromblon à la muraille et tiré ce mauvais coup pour venger mon sang sur ces brigands ? […] — C’est par là, lui dis-je, le visage tout rayonnant d’assurance (car l’amour ne doute de rien), c’est par là qu’ils croient te mener à la mort, et c’est par là que je te mènerai à la vie. […] Ce que c’est que l’amour cependant, une fois qu’on a compris qu’on s’aime et qu’on découvre tout étonnée dans le cœur d’un autre le même secret qu’on se cachait à soi-même, et que ces deux secrets n’en font plus qu’un entre deux ! […] c’est l’ange de la parenté et de l’amour ; ce n’est pas moi ; mais enfin voilà. […] J’étais trop simple et trop timide, mais l’ange de l’amour conjugal en invente bien d’autres, allez !
Quelles légitimes et saintes amours, quelles filles, quelles femmes ne seraient pas sacrifiées à si noble devoir ? […] Ceux qui naguère avaient le bon partage, et qui maintenant sont tristes et abattus, les fils de ton cœur, dépossédés de toi, où porteront-ils désormais leur amour ? […] On peut nommer cette poésie le chant de l’amour pur. […] Puissent quelques parcelles en venir jusqu’à moi, enlever mon âme hors d’elle-même, et la confondre avec toi, céleste amour ! […] C’est là ce qui manque trop à l’amour mystique, par une erreur que ne prévient pas le génie même de sainte Thérèse.
« Quand vous suivez cette correspondance, vous tournez la page, et le nom écrit d’un côté ne l’est plus de l’autre ; un nouveau Genonville, une nouvelle du Châtelet paraissent et vont, à vingt lettres de là, s’abîmer sans retour ; et les amitiés succèdent aux amitiés, les amours aux amours. […] Qu’il y a loin des vers au fils unique de Louis XIV : Noble sang du plus grand des rois, Son amour et notre espérance, etc. […] Le souffle et le parfum de l’amour expirent dans ces pages de la jeunesse, comme une brise le soir s’alanguit sur des fleurs : on s’en aperçoit et l’on ne veut pas se l’avouer. […] Les serments vont toujours leur train ; ce sont toujours les mêmes mots, mais ils sont morts ; l’âme y manque : je vous aime n’est plus là qu’une expression d’habitude, un protocole obligé, le j’ai l’honneur d’être de toute lettre d’amour. […] N’importe : c’est l’amour qui meurt avant l’objet aimé.
L’amour est en effet le sujet auquel il a consacré une grande partie de ses ouvrages : mais il est un peu étrange qu’il n’ait pas cru devoir, dans aucune circonstance, nous apprendre le nom de sa maîtresse ; il n’a pas même voulu lui donner un nom poétique, et satisfaire au moins jusque-là notre curiosité. […] Ordinairement, c’est l’amour qui fait les poëtes ; mais, chez Laurent il paraît que ce fut la poésie qui fit naître l’amour. […] Je composai aussi quelques sonnets sur ce sujet ; et pour les rendre plus touchants, je m’efforçai de me persuader que j’avais perdu moi-même l’objet de mon amour, et de faire naître dans mon âme tous les sentiments qui pouvaient me rendre capable d’émouvoir la compassion des autres. […] « Après le tableau que nous venons de faire de la passion de Laurent, on peut se permettre sans doute de demander quel était l’objet d’un amour si délicat, quel était le nom de cette femme qu’il adore sans la désigner autrement que d’une manière vague, qu’il célèbre sans la nommer. […] Soit que Laurent désespérât du succès de son amour, ou qu’il crût devoir faire céder ses sentiments à la voix de l’autorité paternelle, il est certain que, dès le mois de décembre de l’année 1468, il fut accordé avec une femme que probablement il n’avait jamais vue, et la cérémonie du mariage se fit dans le mois de juin de l’année suivante.
L’épisode des amours avec Sophie, qui ont été le grand éclat et le grand scandale de la jeunesse de Mirabeau, est traité dans ces Mémoires avec des détails nouveaux et une extrême précision. […] En un mot, son amour me donna une si grande envie de me moquer de lui que je ne l’épargnai pas. […] Mirabeau ne lui a pas demandé de répondre à sa déclaration d’amour du commencement : au milieu de tout ce détour et de cet apparent oubli, n’y a-t-elle pas déjà répondu ? […] Elle ne se dissimule pas que tout cela mène à l’amour, et elle en craint les suites. […] Vous avez vingt-six ans, bientôt l’amour ne sera plus l’occupation essentielle de votre vie.
Cependant, l’amour de soi leur défend de s’avouer à eux-mêmes cette impuissance. […] Il est de ces personnages que vise la remarque de La Rochefoucauld, qui n’aimeraient pas s’ils n’avaient entendu parler de l’amour. […] Mais, s’il réussit à se persuader qu’il aime, il ne ressent en réalité aucun des effets de l’amour. […] Pourtant, cet amour qui demeure à l’état de rêve irréalisé n’en absorbe pas moins toute son énergie. […] Mais elle n’est plus dupe ni du sentiment qu’elle éprouve ni de celui qu’elle inspire ; un pouvoir critique s’est éveillé on elle ; elle mesure la part de comédie qui entre en cet amour.
Toute littérature qui voudra mériter le beau nom de populaire, doit être inspirée par l’amour du peuple. […] L’amour ne s’arrête jamais là. […] Victor Hugo a su pénétrer ces petites âmes d’enfants, qui sont si près des nôtres par l’amour, et en même temps si loin de nos manières de voir, de souffrir, de nous exprimer. […] Ce qui remplit, en général, les œuvres d’imagination, le commencement de l’amour, les serments d’amour, les fadeurs qu’échangent les fiancés, les emportements de passion, les malentendus, les regrets, les dissertations sur le bonheur ou le malheur par l’amour, tout cela est à peu près absent dans le poème en prose des Misérables. […] Je ne sais quel serment d’amour vibrait dans la longue cantilène qu’ils psalmodiaient ensemble.
Plus sa tendresse pour son fils augmente, plus il semble que son amour pour la mère diminue ; ce n’est plus que comme un premier goût. […] En effet, Louis réunissait sur elle tous les sentiments de son cœur, l’admiration, l’amitié, la confiance et l’amour. » (Genlis, t. […] La religion était donc obstacle ; l’amour seul était donc le motif du roi. […] La main du roi fut sollicitée par la religion en faveur de l’amour. L’amour l’aurait peut-être donnée sans elle, et elle ne l’eût pas donnée sans lui.
Tous les poètes ont parlé de l’amour ; personne ne s’est inspiré aussi violemment et d’une façon plus persévérante, de l’indignation ou du désespoir que cause une affection déçue. Heine analyse et énumère toutes les navrantes variétés de cette infortune, l’amour dédaigné, l’amour agréé, puis rejeté pour quelque vile passion de lucre, ces amours couronnées de cyprès que la mort a disjoints et que relient encore des rêves pleins de fantômes. […] Avec cette fantaisie le plus souvent sombre et le mieux émue par des idées affligeantes, une ironie douloureuse et discordante, subite comme une convulsion, une esthétique imitée et composite, Heine a écrit quelques-uns des plus beaux poèmes d’amour de ce siècle. […] De la tragédie qu’elles jouent, la vieille tragédie de l’amour, nous ne connaissons ni le héros ni l’héroïne. […] Cependant, à travers l’amour de ce culte, où les prières finissent par des baisers lancés au ciel, la théologie sémitique continuait à le préoccuper ; le « petit Juif Jésus-Christ » jetait sur ses conceptions d’homme heureux l’ombre noire de son gibet.
Venons-en à ce qui semblera un peu moins naturel, à ses lettres d’amour, à cette passion des derniers temps à laquelle l’enhardit la Révolution et dont elle a dit avec justesse : « J’ai connu ces sentiments généreux et terribles qui ne s’enflamment : jamais davantage que dans les bouleversements politiques et la confusion de tous les rapports sociaux. » Elle avait de bonne heure trop réfléchi à l’amour pour le ressentir dans toute sa naïveté. Jamais elle n’avait connu ce premier attrait invincible, le plus simple, le plus éternel de tous, celui dans lequel les sens jouent leur rôle, même à leur insu, l’amour de Chloé pour Daphnis, ou même celui de Virginie pour Paul. On a d’elle, lorsqu’elle était encore jeune fille, c’est-à-dire avant son mariage, à l’âge de vingt-deux ou vingt-trois ans, un Essai moral, une espèce de dissertation sur l’amour qui commence ainsi : « Je pense à l’amour et je prends la plume… Que prétends-je faire ? […] — Ainsi, par la captivité, je me sacrifie à mon époux, je me conserve à mon ami, et je dois à mes bourreaux de concilier le devoir et l’amour : ne me plains pas ! […] Le Père Rapin, autrefois, dissertant sur le tu et sur le toi qui sont d’usage en notre ; poésie, en recherchait les raisons, et il ajoutait qu’une des principales était qu’on ne s’en servait pas en prose, même dans le commerce de l’amour.
En ce qui touche ses amours, par exemple, les amours qu’il a inspirés et les caprices ardents qu’il a ressentis (car il n’a guère jamais ressenti autre chose), il est très discret, par soi-disant bon goût, par chevalerie, par convenance demi-mondaine, demi-religieuse, parce qu’aussi, écrivant ses Mémoires sous l’influence et le regard de celle qu’il nommait Béatrix et qui devait y avoir la place d’honneur, de Mme Récamier, il était censé ne plus aimer qu’elle et n’avoir jamais eu auparavant que des attachements d’un ordre moindre et très inégal ou inférieur. […] s’écriait une femme d’esprit qui l’a bien connu ; c’est la plus aimable de la terre. » Pourtant il n’était pas de ceux qui portent dans l’amour et dans la passion la simplicité, la bonté et la franchise d’une saine et puissante nature. […] Horace ne traite pas l’amour comme un pasteur, ni comme un patriarche, ni comme un dieu de l’Olympe. […] pourquoi donc cette rage perpétuelle de vanité jusque dans l’amour ? […] Lui, ravi de sa beauté et de ses charmes soumis, Adam sourit d’un amour supérieur, comme Jupiter sourit à Junon lorsqu’il féconde les nuages qui répandent les fleurs de mai : Adam presse d’un baiser sur les lèvres de la mère des hommes.
La sécurité de l’un trahit leur faiblesse, l’inquiétude de l’autre n’apprend que son amour. […] Ne connaissant l’amour que par récit, le premier qui leur en parle émeut toujours leur cœur en leur inspirant de la reconnaissance ; et, dupes de cette émotion, elles prennent le plaisir de plaire pour le bonheur d’aimer. […] C’est ici que le romancier fait preuve d’un art véritable ; ces huit mois, destinés à confirmer l’amour d’Alfred et de Léonie, vont peu à peu le défaire, et leur montrer à eux-mêmes qu’en croyant s’aimer, ils s’abusent. […] Je crois que ce travers de la vanité a fait commettre plus de fautes que toutes les folies de l’amour. […] Comme la société pourtant et le cœur aiment les contrastes, il se mêlera, à cet amour avoué de la gloire et des exploits, des airs de rêverie et de romance.
Bibliothécaire de titre plutôt que de fait au Palais-Royal, et depuis au ministère de l’Intérieur, sauf les quelques heures du milieu du jour qu’il livrait à son emploi, il vivait volontiers retiré, solitaire, — non pas trop solitaire pourtant : il aimait à habiter dans des quartiers éloignés, au fond d’un jardin, dans quelque pavillon un peu mystérieux, rimant dès l’aurore, récitant ses rimes aux oiseaux, cultivant et prolongeant quelque amour, — un amour sur lequel la fidélité avait passé. […] Non pas pour être alors vainqueur De l’amour que j’ai, car mon cœur La verra toujours jeune et belle ; Mais pour que son doux entretien Me gardât vieux longtemps près d’elle, Et sans que le monde en dît rien. […] C’est dommage, vraiment, que de telles strophes n’aient pas été faites il y a deux siècles, au lendemain de Malherbe : on s’en souviendrait peut-être ; mais elles viennent trop tard ; c’est trop de mots pour trop peu de sens : Ô Rose, en toi que l’amour rende Hommage aux fragiles destins ! […] Je note à la page 279 une anecdote de l’amant de Laure, un fait d’amour que le poëte a repris à sa façon et dont il s’est amusé à faire un assez joli sonnet. […] Hippolyte Lucas, son ami intime et de tous les temps, qui avait été son témoin dans ses duels, son confident dans ses amours, qui lui vi faire son testament, m’écrit : « Sur la fin, il était devenu un peu mystique ; il se reprochait les vivacités de ses poésies juvéniles, et à son lit de mort il recommanda de brûler les derniers exemplaires de son Elle Mariaker (une dernière tendresse sous forme de remords).
Or, est-ce davantage vouloir renverser Racine que de déclarer qu’on préfère chez lui la poésie pure au drame, et qu’on est tenté de le rapporter à la famille des génies lyriques, des chantres élégiaques et pieux, dont la mission ici-bas est de célébrer l’amour (en prenant amour dans le même sens que Dante et Platon) ? […] Et quand il se fut tout à fait réfugié dans l’amour divin, ces formes attrayantes d’un amour profane continuèrent-elles longtemps à repasser dans ses songes ? […] quel amour pour la pauvreté et pour la mortification ! […] Un de nos amis les plus chers, qui, pour être romantique, à ce qu’on dit, n’en garde pas moins à Racine un respect profond et un sincère amour, a essayé de retracer l’état intérieur de cette belle âme dans une pièce de vers qu’il ne nous est pas permis de louer, mais que nous insérons ici comme achevant de mettre en lumière notre point de vue critique. […] L’amour dont une âme est pleine, et qui cherche un langage, s’empare de tout ce qui l’entoure, en tire des images, des comparaisons sans nombre, en fait jaillir des sources imprévues de tendresse.
La gypsie est la personnification de la nature, de la poésie, de la liberté, de l’amour aventureux, de la sainte bohème. […] Dans ce genre de poésie, l’Amour, le terrible Amour d’Hésiode, le bel adolescent d’Anacréon, s’appelle « Bébé » (les Jeux divins ; Enfant terrible). […] L’aiglon qui marche à terre est un oiseau, moins l’aile, Et l’amour, dès qu’il prend de l’aile, est charité. […] On reconnaîtrait aussi le poète du XIXe siècle à son affectation de néo-hellénisme, à son amour de la nature, à son amertume, à son pessimisme. […] Il est dans notre siècle le représentant inattendu du gai savoir et de la poésie menue des cours d’amour.
En nous, l’égoïsme et l’altruisme, l’amour et la haine, la cruauté et la tendresse se combattent et se mêlent paradoxalement. Cette incohérence affective se retrouve dans tous nos sentiments. — L’amour, a-t-on dit, est un « égoïsme à deux » ; mais il faut ajouter que ces deux égoïsmes restent distincts, armés et prêts à la lutte. […] Il y a au fond de l’amour une volonté de lutte et de domination. — Ce qui se passe dans la série animale éclaire l’essence du phénomène amoureux chez l’homme. […] C’est de là sans doute qu’est né le thème poétique de la parenté de l’amour et de la mort. […] Chez Ibsen comme chez Nietzsche, l’amour du risque, l’effort d’intrépidité déployé par l’individu est mis au service d’une idée sociale.
Dans ce nouveau livre, en effet (un roman au lieu d’être un poëme), il s’agit du même terroir et du même ciel que dans Miréio, c’est-à-dire du Midi et de ses mœurs ardentes, saisies et reproduites avec une observation passionnée dans ce qu’elles ont de vivant encore, et jusqu’à ce jour d’inaliénable… Amour et souvenance de la patrie dont les premières impressions teignent à jamais le talent et teignent bien plus fort le génie, sentiment profond des poésies du sol, recherche de la vie où elle est, c’est-à-dire dans les classes populaires, plus près que nous de la nature, préoccupation des choses primitives que tous les jours, hélas ! […] Une tragédie de Voltaire, qu’un paysan du Midi veut faire jouer à la fête votive de son village, parce qu’il a au fond de sa poitrine ce souffle immortel du paganisme qu’on appelle l’amour des spectacles et qu’ils ont tous, ces Romains et ces Grecs d’Avignon, de Marseille ou d’Arles, voilà la frêle bobine sur laquelle l’auteur du Marquis des Saffras dévidera la plus belle étoffe d’écarlate dans laquelle on ait jamais taillé un récit. […] Dans ce roman, — qu’on pourrait appeler une immense tragi-comédie à tiroirs, et à tiroirs pleins de choses, — il y a un amour jeté là, en passant, cet amour exigé dans toutes les pièces françaises par l’imagination du public, mais cet amour n’est qu’une visée secondaire dans la préoccupation de l’auteur, sous la main duquel le vaste cœur compliqué des foules palpite mieux que les cœurs grêles de moineau de ses amoureux ! Certainement, c’est là ce qu’il y a de moins réussi dans Le Marquis des Saffras, c’est cet amour sans relief de Marcel et de Sabine, qui s’y perd et qui ne s’y perd pas assez. M. de La Madelène est un de ces esprits qui n’ont pas besoin de l’amour, cette tyrannie des imaginations françaises, pour se montrer moraliste profond et peintre dramatique passionné.
Il guérit par l’amour d’une femme pieuse qui le sauve et qui met en relief cette pensée, le vrai fond du livre : — les femmes, malgré l’infériorité de leur sexe, peuvent plus que les hommes à cette heure, car elles ont une éducation moderne unitaire, et les hommes ne l’ont pas ! […] Pour que, de toutes les dissonances il résulte une plus étonnante harmonie, il y a dans ce livre des teintes plus tendres que des nuances, des rêveries d’esprit qui ressemblent à des rêves, des amours d’enfants de douze ans veloutés des premières fleurs que la vie emporte sur ses ailes, et tout cela (ces impondérables) est exprimé, qui le croirait ? […] Il n’a pas l’amour ou la haine des uns (amour ou haine c’est tout un pour réchauffement du récit), et il ne tire nulle thèse des autres. […] La sœur Saint-Gatien, un peu plus âgée qu’elle et choisie, selon l’usage des couvents, pour offrir à Éliane, sous la forme d’une amitié sanctifiée, l’image de son auge gardien, le frère céleste qui doit veiller sur elle, la sœur Saint-Gatien est la voix de la vocation religieuse contre laquelle Christian rencontré a élevé la voix de l’amour. […] Jetée dans le grand moule de ces madones qu’a peintes Raphaël, rien de plus agité cependant que cette puissante jeune fille, troublée par son propre cœur au moment même où elle apporte la paix et la force dans l’amour au cœur défaillant de Christian.
Dès le début il considère l’amour et les démarches de l’amour du même œil que le reste, comme des phénomènes tout aussi naturels (je crois bien !) […] Je veux dire qu’il s’en tenait de plus en plus aux indications essentielles, indispensables, sur les choses de l’amour physique, et qu’il ne lui arrivait jamais plus de les décrire pour elles-mêmes : soit dédaigneuse satiété, soit délicatesse secrète, éclose de ses récents attendrissements. […] oui, on mange, on boit, on bâille, on travaille, on fait ce que font les autres, on est comme tout le monde, on n’a rien d’extraordinaire : et on meurt de désespoir et d’amour ; on meurt d’une passion fatale comme les passions de tragédie. […] Mais la déraison même est dans la nature, et dans la nature aussi les pires folies de l’amour, de l’odieux amour !
Qui n’en sait les amours ? […] Et toi dont le nom seul trouble l’âme amoureuse, Des bois du Paraclet vestale malheureuse, Toi qui, sans prononcer de vulgaires serments, Fis connoître à l’amour de nouveaux sentiments ; Toi que l’homme sensible, abusé par lui-même, Se plaît à retrouver dans la femme qu’il aime, Héloïse ! […] La jeune fille alors lit, au déclin du jour, Cette lettre éloquente où brûle ton amour : Son trouble est aperçu de l’amant qu’elle adore, Et des feux que tu peins, son feu s’accroît encore. […] dans ce lieu sacré J’ose parler d’amour, et je marche entouré Des leçons du tombeau, des menaces suprêmes ! […] Cloître sombre, où l’amour est proscrit par le Ciel, Où l’instinct le plus cher est le plus criminel, Déjà, déjà ton deuil plaît moins à ma pensée.
. — La Belle Aventure, vers d’amourette et d’amour (1895). — A. […] Émile Blémont est connu depuis longtemps, et son amour pour la muse est déjà d’ancienne date ; ses Poèmes de Chine sont un caprice raffiné de lettré qui, avec une subtilité extrême, s’est plu, mandarin improvisé, à un pastiche délicat des vers des poètes du Fleuve Jaune. […] Ou bien c’est l’histoire de la belle Lou Tho, qui dédaigne l’amour de l’Empereur, ou encore l’aventure de la courtisane qui demande par curiosité au juge des Enfers de renvoyer son âme dans le sein d’une honnête femme. […] Les divisions de ce recueil en « Vers d’amourettes » et « Vers d’amour », « Au gré du rêve » et « Ciel de France », expliqueront mieux la pensée de l’auteur que je ne saurais le faire… M.
Ce qui porte à l’amour semble beau ; ce qui semble beau porte à l’amour. […] L’art est le complice de l’amour. L’amour ôté, il n’y a plus d’art ; et l’art ôté, l’amour n’est plus guère qu’un besoin physiologique. […] Amaurose : cela ne semble-t-il pas, tout d’abord, un mot d’amour ? […] Elle aspire à l’amour, tout simplement.
. — Sa conception de l’amour intime. […] Que cette lumière soit ton guide dans cette course éphémère qui mène de la naissance à la mort302. » L’amour divin continue l’amour terrestre ; il y était renfermé, il s’en dégage. […] Il voit venir sa dame assise sur le char de l’Amour que tirent des cygnes et des colombes. […] Vénus emporta l’autre dans le jardin d’Adonis, où sont les germes de toutes les choses vivantes, où joue Psyché, l’épouse de l’Amour, où Plaisir, leur fille, folâtre avec les Grâces, où Adonis, couché parmi les myrtes et les fleurs riantes, revit au souffle de l’Amour immortel. […] Hymnes à l’amour et à la beauté, — à l’amour et à la beauté célestes.
L’amour décline, l’amour universel. […] Leur amour pour les gloses est insurmontable, et, il faut le proclamer sans parti pris ni injustice, cet amour est malheureux. […] Ils servaient de pâture à l’amour. […] Simon insiste sur l’amour de ta terre. […] Un maladif rayon d’amour féminin se mêle à cet amour pour l’humanité.
L’amour de Dieu ? […] Donc il doit l’employer un peu quand il parle amour. […] L’amour de soi est une vertu. […] Oui, à la condition qu’on accorde que l’amour peut être une simple forme de l’estime. […] Un jour il tombe amoureux et l’amour a raison, partiellement, de l’inhibition.
Proserpine naît de leurs amours. […] On y trouve « l’Amour mouillé », « l’Amour noyé », « l’Amour oiseau », « l’Amour prisonnier », « l’Amour laboureur », « l’Amour chasseur », « l’Amour écolier », « l’Amour à vendre… » Ce ne sont que niches à Vénus, bouquets à Chloé, ex-votos de Cythère, cœurs en brochette, madrigaux mignards, vignettes libertines. […] Les navires filent comme des gondoles, chargés d’amours et de doux messages. […] L’amour se faisait par hiéroglyphes dans la royale nécropole. […] De ses pénitences même elle faisait des sacrifices à l’amour.
Charles Fuster Il n’y a dans ce livre que de l’amour, amour heureux et fidèle, puis amour triste, mais fidèle encore.
Telle femme n’adore en son amant que les perfections imaginaires que son amour lui prête : c’est moins souvent lui qu’elle aime qu’un beau rêve : dès qu’elle voit ses vrais défauts, son roman finit. […] Son feu, ce terme en poésie est synonyme d’amour, d’ardeur : il est mis là pour l’ardeur de la verve : elle peut donc être dépourvue de sens et de lecture. […] Mais aujourd’hui, que l’amour des bons modèles se ranime, n’est-ce pas une obligation à ceux qui n’ont cessé de cultiver la littérature, que d’en renouveler l’examen, et de communiquer leurs simples réflexions ? […] Longtemps enclin à la passion la plus excusable, puisque le feu des sens et du cœur y conspire, il se vantait d’être enfin échappé à l’amour comme à un maître dur et intraitable. […] L’auteur français avoua lui-même, lorsqu’il eut la profonde expérience du théâtre, que les amours épisodiques de la vieille Jocaste déparaient la beauté de cette antique tragédie.
L’amour est le premier-né des dieux. […] Ici, c’est l’Amour relieur. […] Puis, à côté de l’amour criminel de Thérèse, il a mis l’amour zézayant et bêta d’une petite fille pour un « prince charmant ». […] Sarcey me paraît avoir été aveuglé par l’amour. […] Amour douloureux !
Madame de Tillières s’est donnée une première fois par pitié, sans amour. […] une véritable histoire d’amour et sur laquelle on peut longuement disserter. […] La lumière se change aussi en amour quand elle pénètre dans nos cœurs. […] Son fastueux amour pour la courtisane Cytheris avait indigné les Romains. […] Il l’aimait du même amour dont il aimait la vermine et les ulcères.
Les uns ne pensent pas que soient conciliables l’amour de Racine et l’amour de notre poésie contemporaine ; les autres discutent au nom de principes politiques parfaitement étrangers à la vie indépendante de l’art. […] L’Amour Sacré est aussi un poème à la gloire de la volonté. […] L’Amour marin est un livre unique dans les annales de notre poésie, car les Amours jaunes de Corbière, faites de hâtives notations n’atteignent pas à cette perfection brutale ou sentimentale avec laquelle s’expriment les matelots de l’Amour marin. […] C’est déjà ça, mignonne d’amour ! […] La voix divine prêche la vie simple et l’amour des humbles.
. — Amour d’automne (1888). — L’Amoureux de la préfète (1889). — Deux sœurs (1889). — Contes pour les soins d’hiver (1889). — Reines des bois (1890). — L’Oncle Scipion (1890). — Le Bracelet de turquoises (1890). — Charme dangereux (1891). — Jeunes et vieilles barbes (1899). — La Chanoinesse (1893). — L’Abbé Daniel (1893). — Surprises d’amour (1843). — Contes forestiers (1894). — Jardin d’automne, poésies (1894). — Nos oiseaux (1894). — Paternité (1894). — Rose-Lise (1894). — Contes tendres (1895). — Flavie (1895). — Madame Véronique (1895). — Contes de la Primevère (1895) […] Paul Stapfer Ce qui fait l’incomparable beauté du Lac de Lamartine, c’est l’humanité, c’est l’amour qui vivifie et illumine le tableau. […] André Lemoyne Ce qui ressort surtout des poèmes d’André Theuriet, c’est l’amour de la nature forestière, l’intime souvenir de la vie campagnarde et, en même temps, une pitié profonde pour les souffrants, les déshérités de ce monde qui vont courbes sur la glèbe ou errants sur les routes, à l’heure où le soir tombe et quand s’illumine dans la nuit la fenêtre des heureux.
La forme de cette comédie élégante m’a donné beaucoup à penser sur ce que c’est que le Romantisme, et le fond m’a donné beaucoup à penser sur ce que c’est que l’Amour. […] Vacquerie, ne s’aperçut pas tout de suite que cet amour pour lui n’était que de la haine pour Victor Hugo : …… Un jour n’étant pas bête, Il le vit, et le dit tout haut, étant honnête. […] Mais c’est que nous étions enragés de Shakespeare Qu’ils insultaient ; car nous, dès notre premier jour, Nos haines n’ont jamais été que de l’amour. Je signalerai encore d’autres superbes parties de cette œuvre : la pièce du Cimetière de Villequier, un chef-d’œuvre de tendresse ; l’Arbre, une des plus belles conceptions du poète… Je m’arrête, renvoyant le lecteur à ce livre plein de hautes pensées, de l’amour de l’humanité et de la justice.
Tous les amours de Chateaubriand ont été de ce genre. […] Chateaubriand a eu l’amour des choses, comme La Fontaine avait l’amour des animaux, et c’est peut-être le seul sentiment tout à fait profond et permanent qu’il ait eu. […] Elle n’est guère qu’amour, et toute passive. […] Dufond du désespoir le philosophe est arrivé au transport et au ravissement du pur amour. […] C’est à savoir par le lieu commun poétique ou par la riche peinture du cadre de l’amour.
Sous le renfoncement que simule cette peinture, s’élève une statue représentant l’Amour. […] Vautrin le ressaisit et lui conseille de déclarer son amour à Mlle Taillefer. […] Il se retire à la campagne, en Touraine, et s’abandonne au courant d’amour qui l’emporte à ses rêveries. […] je fus persiflé sur mon amour pour les étoiles, et ma mère me défendit de rester au jardin le soir. […] Où renoncez à peindre l’amour, ou sacrifiez-le à la vertu.
Indiana est une créole de l’île Bourbon, une créole triste et pâle, qui a du sang espagnol dans les veines ; une Indienne malade du mal d’Europe, menue, frêle et fluette (gracilis) ; âme souffrante, étiolée, avide d’un amour qu’elle attend et qu’elle n’espère plus ; organisation débile, défaillante par elle-même, peu sensuelle, tout éthérée, toute soumise à l’âme, et capable, quand il le faudra, des plus robustes épreuves. […] Mais le sir Ralph de la quatrième partie ne ressemble plus à celui-ci, que nous croyons apprécier et comprendre ; le sir Ralph qui démasque, après des années de silence, son amour pour Indiana épuisée, qui prête à cet amour le langage fortuné des amants adolescents et des plus harmonieux poètes, le sir Ralph dont la langue se délie, dont l’enveloppe se subtilise et s’illumine ; le sir Ralph de la traversée, celui de la cataracte, celui de la chaumière de Bernica, peut bien être le sir Ralph de notre connaissance, transporté et comme transfiguré dans une existence supérieure à l’homme, de même que l’Indiana, de plus en plus fraîche et rajeunie, à mesure qu’on avance, peut bien être notre Indiana retournée parmi les anges ; mais à coup sûr ce ne sont pas les mêmes et identiques personnages humains, tels qu’on peut les rencontrer sur cette terre, après ce qu’ils ont souffert et dévoré. Indiana, dès l’abord, prend l’amour au sérieux ; elle choisit, elle désigne du cœur Raymon comme l’être idéal qu’elle a constamment attendu, comme celui qui doit porter le bonheur dans ses jours. […] C’est bien là l’amour chez la femme que le vice de nos éducations, l’étroitesse de nos convenances et nos finesses vaniteuses n’ont pas tournée au frivole et rabaissée au médiocre ; c’est l’amour placé comme il doit l’être, dès qu’une fois on l’admet, au-dessus des vains bruits et des biens apparents, sans balance, hors de pair, sur le trône du monde.
L’auteur a cru sans doute qu’une personne aussi honnête et aussi bien née que Julie, ne devait employer aucune sorte de déguisement ; il n’a pas songé que le lecteur ne pouvait jamais se mettre assez parfaitement à la place de l’amant, pour ne pas blâmer un ton si libre ; c’est peut-être celui du véritable amour ; mais ce ton paraît affaiblir l’amour même dans la bouche d’une femme, dont il faut que l’expression, pour être tendre et vive, ait toujours l’empreinte de la modestie. […] Peut-être serait-on fondé à lui reprocher de n’avoir pas mis assez de variété dans le genre d’intérêt qu’il inspire : c’est toujours l’expression d’un sentiment vif et violent ; il l’aurait pu montrer vif et doux, et passer de l’amour effréné à l’amour tendre, de l’amour timide à l’amour heureux.
Et sur nos amours tirons le rideau ! Quand je serai loin, tu pourras, Minette, Le relever sur un amour nouveau. […] … Tel est et tel ne cesse pas d’être, dans tout ce recueil d’ailleurs fort mince, l’amour poétique de M. […] Il y aura même des pièces, comme Le Requiem d’amour, par exemple, où la hantise du souvenir de de Musset sera tellement tenace, que ce souvenir poursuivra le poète, non seulement dans l’image et dans la pensée, mais dans la pose, la coupe et l’allure de son vers ! […] mais dans un ton aigre et écourté, ces beaux vers si largement phrasés et qui chantent dans toutes les mémoires : Une mélancolique et piteuse chanson Respirant la douleur, l’amour et la tristesse.
Levallois ; car pour les détails de ce triste amour du grand Corneille vieillissant et dédaigné pour le jeune Racine, beau alors comme le jour à son aurore et qui s’élançait dans la gloire, nous pourrions en suivre la trace dans les œuvres même de Corneille, à la piste de ses plus beaux vers. […] IV Mais voici l’accident qui empêche cette grandeur d’accabler nos âmes : c’est cet amour infortuné du grand Corneille. […] — Corneille, réfugié et monté dans la gloire et qui semblait inaccessible et invulnérable, reçut en plein cœur ce coup d’une pâle amour dédaignée et il n’en put guérir… Il avait cependant en lui de vigoureux dictames. […] Il souffrit… Et quoique l’amour des vieillards soit comique dans les comédies et dans la vie, dont elles sont l’imagé, le sien se marqua du tragique de son génie et de sa fierté. […] Mais rien de plus navrant que cet amour insensé d’une âme sublime.
Avec quel amour et quel respect ! […] Elle chante, solitaire, un amour infini. […] Il est frappé d’une sorte d’immense amour hagard. […] Mais ne serait-ce pas de son amour ? […] Cœur nulle part apaisé ; l’attention règne en tous ses amours, de tous ses amours il veille.
Dans ces déclamations, il y a bien de l’amour encore. […] L’Amour céleste répond à l’appel désespéré de l’amour humain. […] C’est vers elle qu’il se sent attiré d’un invisible amour. […] Je le dirai en deux mots et sans périphrases : en général, l’amour n’est pas l’amour vrai ni poétique dans les vers de M. […] Toute sa carrière s’explique à la lumière de ces deux idées ou plutôt de ces deux sentiments : l’amour du peuple et l’amour de la France.
Dès le seuil de la vie active, elle congédie l’amour, l’illusion, l’enthousiasme comme des amis importuns dont le cortège retarderait sa marche et l’empêcherait d’arriver. […] Son amour serait peut-être plus fort que la mort ; il est plus faible que la pauvreté. […] Hubert est un mari de campagne : il n’entend rien aux galanteries de la ville, et traite en braconnier l’amour défendu. […] Chez nous, elle en devient l’esclave : elle abandonne Les soins de son esprit et ceux de sa personne ; La grâce disparaît d’elle et de sa maison, Et l’amour suit la grâce, et l’amour a raison. […] Le premier baiser de l’amour efface les rides factices tracées sur son front.
À la mort du cardinal et du roi, l’un des premiers soins de la reine fut de rappeler auprès d’elle ses anciens amis disgraciés pour l’amour d’elle, et Mme de Motteville fut du nombre ; elle fut dès lors attachée à la reine moins encore comme femme de chambre (elle en avait le titre) que comme l’une des personnes de sa conversation et de son intimité. […] La femme de chambre (car ici Mme de Motteville l’est bien un peu) nous montre avec admiration et avec amour sa royale maîtresse depuis l’instant où elle s’éveille, depuis celui où elle se lève et où on lui présente la chemise, jusqu’à son souper et à son coucher : Après avoir mis son corps de jupe avec un peignoir, elle entendait la messe fort dévotement ; et, cette sainte action finie, elle venait à sa toilette. […] Mme de Sénecé, que le cardinal avait jusque-là maltraitée et qui faisait la haute, est choisie par lui pour garder ses nièces lorsqu’elles arrivent d’Italie, et la voilà tournée en un jour : Tel paraît vaillant contre le favori qui, au moindre adoucissement de sa part, devient poltron ; et d’ordinaire cette hauteur se termine à une véritable bassesse que la rage d’en avoir été méprisé lui a fait colorer de générosité, de vertu et d’amour du bien public. […] Cette parole, infectés de l’amour du bien public, a souvent été citée ; mais il n’y faudrait pas voir une naïveté de Mme de Motteville : elle savait ce qu’elle disait en parlant ainsi, et en qualifiant de maladie et de peste le faux amour dont cette population séditieuse était éprise en ce moment. […] L’amour de la liberté, ajoute-t-elle, est fortement imprimé dans la nature.
Qu’on se rappelle la façon surprenante dont s’accuse sans une indication précise le type de Machourina dans Terres Vierges, l’étudiante masculine ridiculement atteinte d’un amour sans espoir, ou celui d’Evlampia, la fille redoutable du Roi Lear. […] Quoiqu’il soit fort pauvre, ses déclamations d’idéaliste lui attirent l’amour d’une jeune fille noble, d’esprit résolu, prête à risquer avec lui un enlèvement. […] Marianne ne se donnera à lui que s’il éprouve pour elle « un amour qui lie pour la vie ». […] L’énervante histoire de son amour hésitant, angoissé continue. […] Mais elles ne naissaient pas en lui et il n’en eut pas l’amour.
. — Un mystérieux amour (1886). […] Eugène Ledrain Penseur et artiste, elle fait preuve, pareillement, surtout dans la partie philosophique d’Un mystérieux amour, de connaissances aussi précises qu’étendues. […] Schopenhauer avait trouvé son poète en Mme Ackermann ; Darwin possède le sien, inférieur à nul autre, en Mlle Loiseau, qui, après avoir débuté par des vers gracieux, Fleurs d’avril, a trouvé sa voie dans Un mystérieux amour.
Il n’est pas question du conflit entre l’amour et l’or dans le cœur des personnages. […] Il fallait dès le début nous rendre visible, palpable, ce fait qu’on ne peut posséder l’Amour et l’Or en même temps ; il fallait nous faire voir de nos yeux le conflit intérieur entre le désir de l’Or et la soif de l’Amour ; et il fallait nous montrer la Mort, que ce conflit entraîne inévitablement. […] Et c’est sa malédiction de l’amour, c’est la puissance de ce renoncement, qui donne plus tard à la malédiction qu’il attache à l’anneau qu’on lui dérobe la force dramatique et vivante93. — Pour faire voir comment Wagner — sans changer beaucoup le cours apparent de la fable — introduit partout ce conflit entre l’Or et l’Amour, je citerai le cas des Géants. […] Ils ne renoncent à ce rêve d’amour que sous la séduction de l’or que l’astucieux Loge fait briller à leurs yeux. […] Je pense que tout ce qui a été accompli pour l’œuvre wagnérienne dans une pensée d’enthousiasme humble et d’amour désintéressé, mérite l’éloge le plus pur, et notre reconnaissance.
C’est pour des différences d’opinion bien plus que pour la conquête du pouvoir que les hommes de la Révolution se sont envoyés à l’échafaud : et cependant ils étaient d’accord sur les choses essentielles, l’amour de la patrie et l’amour de l’humanité. […] Et, si Valmiki n’est pas encore un bon terrain de conciliation, si nous ne pouvons décidément pas communier dans le même beau, communions dans le même amour de la beauté, dans les plaisirs que cet amour donne et dans les vertus qu’il inspire. […] Ce qui prépare le mieux la solution des questions sociales, c’est en somme, pour chacun, son propre perfectionnement moral, c’est l’amour des autres : et la tolérance en est déjà un joli commencement.
On ne m’en doit point blâmer si à cela ma nature étoit encline ; car en plusieurs lieux il est reçu que toute joie et tout honneur viennent et d’armes et d’amours. […] Froissart aimait fort le printemps : son cœur volait partout où il y avait roses et violettes : mais l’hiver, il savait aussi s’accommoder de la saison, et, se tenant coi au logis, il lisait espécialement traités et romans d’amour. […] Un tel esprit, si souvent et si aisément renouvelé, ne devait pas engendrer longtemps mélancolie, ni se laisser mourir d’amour. […] Avec quel sentiment chevaleresque ce noble chanoine réserve ses belles expressions de douleur pour la mort du brave et noble chevalier dont la perte est à déplorer, tant sa loyauté était grande, sa foi pure, sa valeur terrible à l’ennemi, et son amour fidèle ! […] Froissart interroge, et tout ce qu’on lui dit, il l’enregistre avec amour, avec confiance, non comme un greffier, mais comme un conteur.
Il vient une heure froide aux angoisses mortelles, Nos amours les plus chers, ingrates hirondelles, Désertent notre toit par l’hiver envahi ! […] Ma haine, — si c’est haine, — est fille de l’amour ! […] Ma tendresse au bonheur ne te saurait conduire ; Même en tes yeux l’amour me sourirait trop tard. […] Couchée et respirant cet amour qui l’inonde, Elle frémit ; son front a glissé de sa main. […] L’âme immortelle veut des objets plus durables ; Elle s’y prend, s’y lie ; — ils sont inséparables ; Sure est leur compagnie, et sûr est leur amour.
Imposez vos amours à la comédie, aussitôt le public s’éloigne ou il brise les banquettes. […] Je renonce à ma sœur plutôt qu’à votre amour. […] À cette comédie de Térence, commence la langue véritable de l’amour. […] Il n’est pas tellement préoccupé de ses amours, qu’il ne veille fort bien sur les amours de ses voisins. […] L’amour du chevalier n’est pas capable d’un plus grand effort.
L’amour du paysan français pour la terre est plus qu’un amour, c’est une religion. […] Mais l’amour spontané et soudain ne peut être accusé de pareils emprunts, puisqu’il ne naît que de lui-même ; c’est donc l’amour ramené à son essence la plus irréductible, et, comme dirait un métaphysicien, le véritable amour en soi. […] Qu’est-ce que l’amour ? […] Quel est l’âge propre avant tout autre à l’amour ? […] Quels sont les peuples les mieux faits pour l’amour ?
La peur tuait l’amour de la vie et paralysait jusqu’au désir de la défendre. […] L’amour incestueux de sa sœur fournit à René sa grande scène. […] Le combat entre la religion et l’amour s’engage dans le cœur de la tendre Atala. […] On relevait toujours l’amour par une pointe de sacrilège. […] L’amour romantique était né.
Amaury arrive ainsi à son troisième amour. […] Amaury tourne bride, ayant manqué la bataille comme il a manqué l’amour. […] Il perdit l’espérance et garda son amour. Le désespoir et l’amour sont deux mauvais conseillers. […] Ce mariage est un compromis entre l’orgueil aristocratique et l’amour ; l’amour commande la noce, l’orgueil rédige le contrat.