Athènes lui donna le sens de la mesure : ce fut à tel point que Venise, au retour, y perdit, et, dans son délicieux pêle-mêle, lui parut moins divine qu’auparavant.
Ce sont là des expériences curieuses et coûteuses ; elles ne prouvent rien contre la grande loi divine qui veut que chaque chose arrive en son lieu et à son heure.
Cette parcelle qu’Horace appelle divine (divinæ particulam auræ), et qui l’est du moins dans le sens primitif et naturel, ne s’est pas encore rendue à la science, et elle reste inexpliquée.
Elles faisaient tout pour se contraindre et se tenaient à quatre aux heures de trêve, en répétant les conseils du divin Maître ; le lendemain, la lutte se rengageant de plus belle, elles ne pouvaient s’empêcher d’éclater.
Pour guérir des folies et des misères désespérées, il faut des remèdes extrêmes, et qui eux-mêmes, à les bien prendre, visent quasi à la folie ; il faut une contre-folie, mais qu’elle semble divine et qu’elle soit entraînante en sens inverse et contagieuse.
Je me flatte que cette proposition ne déplaira ni à la princesse, ni à Votre Majesté, car, en vérité, monseigneur le Dauphin est un fort bon parti, et je voudrais vivre assez de temps pour voir notre divine princesse reine de France.
M. de Lamartine finit éloquemment sa préface par un appel à Dieu, comme Scipion entraînait les Romains au Capitole ; il suppose le divin Juge mettant au dernier jour dans la balance, d’une part les rimes du poëte, et de l’autre ses actions sociales : on devine ce qui l’emporte.
Il ne lui arrive jamais, aux heures de rêverie, de voir, dans les étoiles, des fleurs divines qui jonchent les parvis du saint lieu, des âmes heureuses qui respirent un air plus pur, et qui parlent, durant les nuits, un mystérieux langage aux âmes humaines.
Les mêmes excellents esprits, qui disent si bien le charme exquis des Fables de La Fontaine, Bussy et Mme de Sévigné, font aller de pair avec ce divin naturel l’esprit glacé des ballets de Benserade.
Ils les venoient ja pour vous lapider et jecter, si vostre divine puissance ne vous en eust délivré.
Élever l’espèce humaine à ses propres yeux par l’idée que seule elle possède le privilège de n’être exotique nulle part, et que le premier homme a été à un certain moment l’œuvre unique du divin artisan, est un des effets toujours agissants de la vérité trouvée par Buffon.
Napoléon III, cet illuminé, convaincu de sa mission divine, cesse de croire à son étoile.
Si tel est le but de la science, si elle a pour objet d’enseigner à l’homme sa fin et sa loi, de lui faire saisir le vrai sens de la vie, de composer, avec l’art, la poésie et la vertu, le divin idéal qui seul donne du prix à l’existence humaine, peut-elle avoir de sérieux détracteurs ?
Un troisième pouvoir qui implique l’obligation, c’est la conscience, qui est une ressemblance idéale de l’autorité publique, se développant dans l’esprit de l’individu et travaillant à la même fin. » Les divers systèmes moraux fondés sur la loi positive, la volonté divine, la droite raison, le sens moral, l’intérêt personnel, l’intérêt général sont successivement examinés et rejetés par l’auteur.
D’autant plus que cette expérience avait déjà été faite avec un égal succès sur le premier titulaire de cette chaire, Albert Richard, le poète vigoureux des grands jours de notre histoire nationale, le profond connaisseur des littératures du Midi qui savait par cœur toute la Divine comédie.
Elle est transportée par les divines et sublimes beautés de Corneille ; pourtant elle aimait les romans.
Et le bon marchand d’aphrodisiaque catholique n’oublie pas « l’extase partagée, si divine à goûter » — Une autre fois, notre rhétoricien reprend le thème du Lac.
De même, il est tenté d’attribuer à une certaine force infuse dans la nature, à une sorte d’ivresse divine qui la possède par moments, les irrégularités, les productions bizarres, les merveilles capricieuses qu’il ne saurait rapporter à des lois.
L’Évangile, selon lui, était venu pour perfectionner et accomplir la loi de nature plutôt que pour la renverser ; il était venu apporter la paix et l’harmonie dans l’homme, plutôt que le glaive ; et ce sage aimable, en cela disciple de Fénelon, évitant les rochers et les précipices où d’autres vont se heurter, trouva moyen encore de passer par une route unie, et comme en continuant les sentiers fleuris de l’humaine sagesse, aux sentiers plus élevés d’où l’on entend avec le peuple et avec les disciples le divin sermon sur la montagne.
Homme d’observation toutefois et de bon sens avant tout, absolument étranger par ses origines comme par ses habitudes d’esprit aux doctrines du droit divin, il est évident pour ceux qui le lisent que, s’il avait vécu, il ne se serait nullement considéré comme enchaîné à la Restauration, et qu’il eût fait mieux que consentir à l’essai de monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe : il aurait cru un moment y voir la réalisation tardive de ce qu’il avait longtemps désiré et de ce dont il avait désespéré tant de fois, l’établissement d’un gouvernement mixte, devenu enfin possible en France après ces trente ou quarante ans d’une éducation préliminaire si chèrement achetée.
Il sort bientôt du cercle étroit que lui prescrit le dogme, pour entrer dans les régions immenses que lui ouvre l’opinion. » Le jeune homme, nourri dans la tradition et dans la pratique religieuse, paraît préoccupé des querelles et des dissensions théologiques qui agitaient encore à ce moment plusieurs classes de la société : « Un enthousiaste, dit-il spirituellement, ne cherche point dans les ouvrages divins ce qu’il faut croire, mais ce qu’il croit ; il n’y démêle point ce qui s’y trouve, mais ce qu’il y cherche… Les livres sacrés sont comme un pays où les hommes de tous les partis vont comme au pillage, où ils s’attaquent souvent avec les mêmes armes et livrent bien des combats d’où tous croient sortir également victorieux69. » On devine, à la manière dont il parle du « judicieux abbé Fleury », qu’il n’est disposé à donner dans aucun extrême en fait de doctrine ecclésiastique, de même qu’on le trouve très en garde contre les écrits de Rousseau.
Elle dotait et fondait des couvents, tout en payant des gens de savoir pour l’entretenir de philosophie, et des musiciens pour l’amuser pendant les offices divins ou dans les heures plus profanes.
Qu’est-ce que la Divine Comédie ?
Tantôt c’est l’imagination qui s’exalte, qui a besoin de chants et de musique, et croit entendre des concerts divins : elle va même quelquefois jusqu’à produire des vers avec facilité et avec verve, ce dont elle était incapable dans l’état sain.
Enfin, rappelez-vous la Laurette de Grandeur et servitude militaires, et vous aurez, à coup sûr, la plus blanche de ces plumes divines que nous comptons ; car il y a plus que de la lumière, il y a le sang de l’innocent sur celle-là !
La Bible, ce divin monument lyrique, renferme une épopée et un drame en germe, les Rois et Job.
Les grâces ravissantes, le style divin, la nonchalance, la vivacité, l’enthousiasme de Platon couvrirent bientôt l’éclectisme d’une moisson de fleurs ; ce fut un jardin après un souterrain. — Mais le jardin était étroit ; Platon n’avait fait qu’indiquer le monde idéal ; ses dialogues semblaient un préambule plutôt qu’un voyage ; d’ailleurs son principal ouvrage, le Parménide, paraissait inintelligible.
Toute vie est un de ses moments, tout être est une de ses formes ; et les séries des choses descendent d’elle, selon des nécessités indestructibles, reliées par les divins anneaux de sa chaîne d’or.
Je sais que l’on a dit de ce crâne qu’il était « divin » : à la manière des demi-dieux de la Fable parmi l’horreur sacrée des forêts, si l’on veut… Mais l’extraordinaire et la poignante caractéristique de la tête de Paul Verlaine résidait en ceci : que la partie vraiment frontale relativement peu élevée venait en sorte de protubérance ovoïde se resserrer en s’aplatissant, s’étrangler, entre les arcades sourcilières très proéminentes. […] Et le sourire de Mendès salue les Stances Henri de Régnier, avec les Jeux rustiques et divins et Médailles d’argile commence un retour à mi-route du Parnasse. […] Perdrait-il, quoique construit avec des matériaux donnés par la science expérimentale et le transformisme, toute valeur de réalité, comme les songeries platoniciennes et la Divine Comédie, il demeurerait haut une délicieuse spéculation d’envolée superbe et d’imaginatif rationalisme, un troublant concept de Kosmos qui n’a d’égal en la littérature contemporaine que le poème « Euréka » du divin Edgar Poe. […] Et, comme toute idée est une constatation du divin et par conséquent d’essence religieuse, le Vers l’exprimait, musical et rythmé. […] Evidemment, la Figure centrale du drame Mallarméen, l’Homme, c’est le prêtre responsable du Divin, et opérant avec le Divin l’union de la Multitude.
Chez les Grecs, les premières images taillées furent celles des personnes divines ; la poésie chantée, c’est la religion qui l’inspira. […] Il n’y avait plus qu’un degré à franchir : c’était que, par un dernier effort d’idéalisation, l’artiste ramenât ces divines effigies à une forme suprême, à peu près comme le philosophe opérait la réduction des attributs divins, faisait de toutes les personnalités immortelles un sujet invisible, insondable, éternel, infini, absolu. […] Divin Platon, ces dieux que tu rêves n’existent pas.
Un nuage, gros des vengeances divines, commence, « sous le souffle de Dieu », son immense voyage. […] Vienne, vienne une grande imagination interroger notre nature, si vieille et si usée que vous la dites, vous verrez si cette flamme divine n’aura rien où se prendre, et si le poète, en frappant la terre, n’en fera pas sortir encore des hommes, des passions, des mondes ! […] Cela fait, on lance dans le monde ce poème paré de toutes sortes de plumes, auquel Ovide et Claudien peuvent redemander leur Phénix ; Virgile, son Orphée et son Eurydice ; Macpherson, son vieux barde ; Socrate, ses chants de mort ; l’Évangile, son texte divin. […] Toutes les choses de la terre lui semblent un lien mystérieux entre la nature divine et la sienne. […] Il semble alors que son cœur se fonde, comme celui de Dante, aux rayons de la divine lumière, et qu’il ne trouve plus de force en lui que pour pousser de confus et harmonieux soupirs.
) aux divines bêtises de l’amour : « Marthe, dis-moi que tu m’aimes. » Et elle le lui dit. « Répète-le. » Et elle le répète. […] Et vous acceptez le cadeau, par soumission à la volonté divine. […] Saluons le divin soleil qui va dissoudre, au grand soulagement des âmes délicates, les Assemblées politiques ; qui disperse dans la campagne les robes claires, les ombrelles et les chapeaux de paille ; qui couvre la Marne et la Seine de flottilles légères et qui nous met au cœur l’indulgence et la joie de vivre. […] Mais elle punissait aussi, comme des empiètements sur le domaine divin, certains travaux, certaines inventions des hommes, celles qui tendent à modifier la face de la Terre, qui triomphent trop insolemment des forces naturelles et qui semblent violer le mystère des choses. […] Car si la guerre est horrible, elle est aussi bienfaisante, et ce devrait être là le vrai sujet d’un drame qui porte ce nom redoutable et divin.
Il faut qu’un prêtre soit un personnage tout divin ; il faut qu’autour de lui règnent la vertu et le mystère, qu’il vive retiré dans les ténèbres du temple, et que ses apparitions soient rares parmi les hommes ; qu’il ne se montre enfin au milieu du siècle que pour faire du bien aux malheureux. […] Puisque nous parlons de poésie, qu’il nous soit permis d’emprunter une comparaison d’un poète : Milton nous dit qu’après avoir achevé le Monde, le Fils divin se rejoignit à son Principe éternel, et que sa route à travers la matière créée fut marquée longtemps après par un sillon de lumière : ainsi notre âme, en rentrant dans le sein de Dieu, laisse dans le corps mortel la trace glorieuse de son passage. […] Il y a plus d’enchantements dans une de ces larmes divines que le christianisme fait répandre, que dans toutes les riantes erreurs de la mythologie. […] Le cœur de Jean ne put se méprendre aux traits de son divin ami, et la foi lui vint de la charité. […] « C’est donc toujours avec ce divin tempérament que l’on doit proposer au jeune homme, des vertus sans convenance et des maximes enivrantes et trop fortes pour sa raison ; mais aussi l’on ne craint plus d’échauffer son cœur, lorsqu’on est sûr de la règle qui doit le diriger.
Écrivant à ce dernier, l’exhortant à ne pas chercher à susciter derechef un État dans l’État et une Ligue sous forme nouvelle, il disait (1597) : « Recevez, je vous prie, de bonne part les conseils que je vous donne, puisque j’en suis par vous requis et par une bonne conscience, loyale à sa patrie. » Il confondait alors tous les intérêts de la patrie dans l’autorité pure et simple, dans le droit divin et humain de Henri IV, et il ne paraît jamais s’être beaucoup soucié des tempéraments ou restrictions qu’y pouvaient apporter les corps, parlements, assemblées de notables.
Sans aller peut-être aussi loin que Montesquieu, qui voyait en Trajan « le prince le plus accompli dont l’histoire ait jamais parlé ; avec toutes les vertus, n’étant extrême sur aucune ; enfin l’homme le plus propre à honorer la nature humaine et représenter la divine » ; sans se prononcer si magnifiquement peut-être, et en faisant ses réserves d’homme pacifique au sujet des guerres et des ambitions conquérantes de Trajan, Gibbon plaçait volontiers à cette époque le comble idéal de la grandeur d’un empire et de la félicité du genre humain.
Et qui sait, ô mon Dieu, si, vous servant dès lors de mon faible organe, vous ne commençâtes pas dans ce moment-là à l’éclairer et à le toucher de vos divines lumières ?
« C’est dans les plus beaux fruits, dit saint Augustin, que les vers se forment, et c’est aux plus excellentes vertus que l’orgueil a coutume de s’attacher. » Bourdaloue partait de là pour montrer que, si la sévérité évangélique est le fruit le plus exquis et le plus divin que le christianisme ait produit dans le monde, « c’est aussi, il le faut confesser, le plus exposé à cette corruption de l’amour-propre, à cette tentation délicate de la propre estime, qui fait qu’après s’être préservé de tout le reste, on a tant de peine à se préserver de soi-même ».
Et c’est ici qu’on a droit de s’élever contre cette philosophie et cette théorie que La Fare avait voulu ériger d’après lui-même, et qu’on peut lui dire : Divin ou humain, il me faut un ressort dans la vie, sans quoi tout se relâche !
Et comment aurait-il parlé, en même temps que de la nature, de ce qui donne à la vie privée son embellissement et tout son charme, des femmes qu’il aimait, mais qu’au fond il estimait assez peu, dont il décomposait et niait les plus naturelles vertus par la bouche de Ninon, et en faveur de qui, sous le nom de Bernier, et pour tout réparer, il se contentait de dire : « Maintenons dans les deux sexes autant que nous le pourrons ce qui nous reste de l’esprit de chevalerie… » Mais ce reste d’esprit de chevalerie qui, dès lors bien factice et tout à l’écorce, était bon pour entretenir la politesse dans la société, est loin de suffire pour renouveler et pour réjouir sincèrement le fond de l’âme, pour inspirer le respect et l’inviolable tendresse envers une compagne choisie, et pour former au sein de la retraite une image de ce bonheur dont le grand poète Milton a montré l’idéal dans ces divines et pudiques amours d’Adam et Ève aux jours d’Éden.
Le temps seul peut confirmer et louer dignement des réformes de ce genre : je ne veux que reconnaître et signaler l’etïort, l’attention ingénieuse et vigilante, la compréhension étendue et flexible, la sollicitude patiente qui témoigne d’une véritable piété pour toute connaissance humaine et divine, et d’un intérêt affectueux pour la jeunesse.
Un roi, en effet, je veux dire quelqu’un qui est né pour l’être, qui se croit et se sent de race et d’étoffe à cela, soit qu’il s’appuie à la vieille idée du droit divin, ou qu’il s’inspire de la pensée d’une haute mission, suscitée et justifiée par l’attente universelle, doit avoir en soi une noble confiance.
D’autres enfin, qui n’ont rien trahi parce qu’ils n’avaient rien promis, parce que leurs paroles n’excédaient pas leur pensée et que les réserves y étaient toujours présentes, et qui ne prétendirent guère jamais voir dans ces combinaisons réputées divines que les plus belles des espérances humaines, ont passé graduellement à l’observation, à la science, n’espérant plus que de là, tout bien considéré, la réalisation, bien lente et bien incomplète toujours, de ce qui doit affranchir notre espèce de ses lourds et derniers servages.
Un jour donc que Marie questionnait Michel, et le questionnait sur toute chose humaine ou divine, — car il entre évidemment beaucoup plus de curiosité que d’amour dans son goût pour lui, — Michel, interrogé, répond : « Marie, je n’ai pas tout vu, quoique je sois fort curieux ; je n’ai pas tout analysé ; je n’ai pas tout nié, Dieu merci !
C’était donc Balzac, Léon Gozlan, Jules Sandeau, Théophile Gautier, Méry, Mélesville ; — Forgues, que la nature a fait distingué et que la politique a laissé esprit libre ; Edouard Ourliac, d’une verve, d’un entrain si naturel, si communicatif, et qui devait finir par une conversion grave ; un italien réfugié, patriote et virtuose dans tous les arts, le comte Valentini, qui payait sa bienvenue en débitant d’une voix sonore et d’un riche accent le début de la Divine Comédie : Per me si va… C’était le médecin phrénologue Aussandon, qui signait Minimus Lavater et qui avait la carrure d’un Hercule ; Laurent-Jan, esprit singulier, tout en saillies pétillantes et mousseuses ; le marquis de Chennevières, esprit poétique et délicat, qui admire avec passion, qui écoute avec finesse ; — nommerai-je, parmi les plus anciens, Lassailly l’excentrique, qui, même en son bon temps, frisait déjà l’extravagance, qui ne la séparait pas dans sa pensée de la poésie, et qui me remercia un jour très sincèrement pour l’avoir appelé Thymbræus Apollo ?
Voltaire, au chant VII de la Henriade, introduisant le fantôme divin de saint Louis et lui faisant révéler en songe à Henri IV le cours des choses futures et les destinées de sa race, a dit : Regardez dans Denain l’audacieux Villars, Disputant le tonnerre à l’aigle des Césars.
Il faut voir comme l’orateur, après avoir exalté toutes les vertus de la mère, y célèbre dans le jeune prince — « Le rayon divin qui brille avec tant d’éclat sur son visage et dans toute sa personne ; cet air noble, fin et délicat, cette vivacité ingénieuse qui n’a rien de rude, de léger ni d’emporté ; cette physionomie haute, sérieuse et rassise qu’on lui voit prendre dans les fonctions publiques, et qui donne un nouveau lustre aux grâces naïves de son âge ; enfin l’agrément inexprimable que le Ciel a répandu dans toutes ses actions, qui le rend le centre des cœurs aussi bien que des yeux dans les assemblées et dans les cérémonies, qui le distingue beaucoup plus que le rang qu’il y tient, et dans lequel on entrevoit toujours pour dernier charme un fond de bonté, de droiture, de discernement et de raison qui se découvre tous les jours de plus en plus dans tous ses sentiments et toutes ses inclinations.
Taine nous entretenait l’autre jour27, — occupés, dis-je, à rechercher uniquement et scrupuleusement la vérité dans de vieux livres, dans des textes ingrats ou par des expériences difficiles ; des hommes qui voués à la culture de leur entendement, se sevrant de toute autre passion, attentifs aux lois générales du monde et de l’univers, et puisque dans cet univers la nature est vivante aussi bien que l’histoire, attentifs nécessairement dès lors à écouter et à étudier dans les parties par où elle se manifeste à eux la pensée et l’âme du monde ; des hommes qui sont stoïciens par le cœur, qui cherchent à pratiquer le bien, à faire et à penser le mieux et le plus exactement qu’ils peuvent, même sans l’attrait futur d’une récompense individuelle, mais qui se trouvent satisfaits et contents de se sentir en règle avec eux-mêmes, en accord et en harmonie avec l’ordre général, comme l’a si bien exprimé le divin Marc-Aurèle en son temps et comme le sentait Spinosa aussi ; — ces hommes-là, je vous le demande (et en dehors de tout symbole particulier, de toute profession de foi philosophique), convient-il donc de les flétrir au préalable d’une appellation odieuse, de les écarter à ce titre, ou du moins de ne les tolérer que comme on tolère et l’on amnistie par grâce des errants et des coupables reconnus ; n’ont-ils pas enfin gagné chez nous leur place et leur coin au soleil ; n’ont-ils pas droit, ô généreux Éclectiques que je me plais à comparer avec eux, vous dont tout le monde sait le parfait désintéressement moral habituel et la perpétuelle grandeur d’âme sous l’œil de Dieu, d’être traités au moins sur le même pied que vous et honorés à l’égal des vôtres pour la pureté de leur doctrine, pour la droiture de leurs intentions et l’innocence de leur vie ?
» Ce qui donna l’occasion au président de répondre par ce madrigal ; Ces mots, tracés par une main divine, Ne m’ont causé que trouble et qu’embarras ; C’est trop oser si mon cœur la devine, C’est être ingrat s’il ne devine pas.
Ces mots sont bien placés dans ces grandes œuvres divines, sur ces puissants arbres qui vous disent de craindre la main qui les a plantés. » Tout cela est pur, net, distinct, bien vu, bien dit, rapidement conté ; c’est classique, c’est attique et irréprochable.
Une corporation de chantres, une confrérie tout entière, instituée dans l’île ionienne de Chio, fit de bonne heure de ce nom du grand aveugle le nom patronymique et sacré de la famille des Homérides : toute grande création, et même toute production moyenne12, issue de son sein et propagée par ses membres avec une piété filiale, se renfermait pour elle et venait se placer sous ce nom générique et à demi divin d’Homère : toute autre personnalité avait disparu.
La catastrophe étant donnée, il y aurait eu bien vite un parti pris absolu, une unité souveraine de couleur et de ton sur les précédents de cette destinée : c’eût été la satire ou l’apothéose qui eût prévalu ; on eût eu une première Antoinette, toute divine et adorable ou tout odieuse et détestable, tout une ou tout autre, selon le courant d’opinion qui eût soufflé et régné : il n’y aurait pas eu de milieu.
Le siècle de Léon X ne trouve pas grâce, auprès de ces dégoûtés, dans sa manifestation la plus idéale et la plus divine.
Mais ces différents degrés dans le pardon chrétien, ce premier degré où l’on pardonne pour être pardonné, c’est-à-dire par crainte ou par espoir, cet autre degré où l’on pardonne parce qu’on se reconnaît digne de souffrir, c’est-à-dire par humilité, celui enfin où l’on pardonne par égard au précepte de rendre le bien pour le mal, c’est-à-dire par obéissance, ces trois manières, qui ne sont pas encore le pardon tout-à-fait supérieur et désintéressé, m’ont remis en mémoire ce qu’on lit dans l’un des Pères du désert, traduit par Arnauld d’Andilly : « J’ai vu une fois, dit un saint abbé du Sinaï, trois solitaires qui avoient reçu ensemble une même injure, et dont le premier s’étoit senti piqué et troublé, mais néanmoins, parce qu’il craignoit la justice divine, s’étoit retenu dans le silence ; le second s’étoit réjoui pour soi du mauvais traitement qu’il avoit reçu, parce qu’il en espéroit être récompensé, mais s’en étoit affligé pour celui qui lui avoit fait cet outrage ; et le troisième, se représentant seulement la faute de son prochain, en étoit si fort touché, parce qu’il l’aimoit véritablement, qu’il pleuroit à chaudes larmes.
Quoi qu’il soit devenu, et quoi qu’il fasse, il se ressouvient éternellement, du moins, de cette divine douleur de jeune fille, et, à ses bons et plus graves moments, sous cette neige déjà que le bel âge enfui a laissée par places à son front, il en fait le refuge secret de ses plus pures tristesses, et la source la plus sûre encore de ce qui lui reste d’inspirations désintéressées.
Le poison de la flatterie, le flambeau de la sédition, le torrent de la démocratie, la hache du despotisme, le bandeau de la superstition, les ténèbres de l’ignorance, le glaive de la loi, la balance de la justice, l’hermine du magistrat, l’aigle de Meaux, le cygne de Cambrai, la perfide Albion et la moderne Babylone, l’Athènes de la Champagne ou l’Athènes du Midi, l’esclavage ou la tyrannie des passions, les foudres de l’éloquence ou de la vengeance divine, et les lions, les lauriers, les astres, les trésors métaphoriques qui depuis trois cents ans ont régné, débordé, fleuri dans la littérature ; etc., etc. : autant de vieilleries, dont on ne saurait trop sévèrement s’interdire l’usage.
Là, son âme de poète, plus tendre, plus enthousiaste, plus juvénile que jamais, s’ouvre à la grande et divine nature, qui toujours, du reste, avait été la religion de son intelligence, la joie de ses sens.
Ces épopées n’ont rien de commun avec l’Iliade ou l’Énéide : il faudrait les comparer plutôt à la Divine Comédie ; la forme épique enveloppe une âme lyrique.
Le peuple, lui, adore les romans qui se passent « dans le plus grand monde », parce que le peuple est naturellement bon et résigné et parce qu’il est d’une divine inconscience.
Après tout, le réveil, infernal ou divin.
Les groupes, comme les individus, ont une tendance à s’illusionner sur leur propre compte ; à se concevoir autres qu’ils ne sont, plus forts, plus grands, plus nobles, plus influents qu’ils ne sont (peuples qui s’attribuent une origine divine, qui attendent un messie, etc. ; bureaucratie qui surfait de bonne foi son importance et ses mérites).
Te dirai-je ma pensée entière, séducteur que quelques-uns proclament divin parce que tu es féminin, toi dont la langue lumineuse fait rêver de loin aux splendeurs de Platon et qui, regardé de près, n’es plus que madame Renan ?
J’admire cette inspiration religieuse chez le grand évêque ; mais, en pratique, elle l’a mené au droit divin et à la politique sacrée.
» qui, dans ses dépits enfin, trouvera des jactances, des vanteries burlesques, tout à côté de paroles divines !
Opposons vite ce divin tableau d’Ève encore innocente aux flammes quelque peu infernales qu’on trouve sous le faux christianisme de René : Ainsi parla notre commune mère, dit le chantre du Paradis, et, avec des regards pleins d’un charme conjugal non repoussé, dans un tendre abandon, elle s’appuie, en l’embrassant à demi, sur notre premier père ; son sein demi-nu, qui s’enfle, vient rencontrer celui de son époux, sous l’or flottant des tresses éparses qui le laissent voilé.
Il ne saurait y avoir au-dessus d’un tel chapitre, à titre de consolation dans les calamités publiques, qu’un chapitre de quelque autre livre non plus humain, mais véritablement divin, d’un livre qui ferait sentir la main de Dieu partout, et non point par manière d’acquit comme le fait Montaigne, mais la main réellement présente et vivante.
ce soleil te parle en lumières sublimes ; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ; Et retourne à pas lents vers les cités infimes, Le cœur trempé sept fois dans le néant divin !
Ce seul ouvrage déposerait, au besoin, des sentiments et des vœux de Carrel dans cette période de sa carrière : substituer à une royauté légitime, et qui se croyait de droit divin, une royauté consentie.
Franklin, lui aussi, est riant, il est aimable, il est badin dans son bon sens ; il a bien de l’esprit et de l’imagination dans son expression ; mais, au milieu de toutes ses lumières physiques et positives supérieures, il y a une lumière qui lui manque ou qui semble presque absente, non pas celle qui brille et qui serait fausse, mais celle qui échauffe en rayonnant, une fleur d’éclat qui ne vient pas de la surface, mais du foyer même, une douce, légère et divine ivresse mêlée à la pratique bien entendue des choses, et qui communique son ravissement.
Le devenir divin ne serait intelligible que si Dieu lui-même avait pour tâche de réaliser un idéal qui le dépasse, et le problème, alors, ne serait que déplacé.
Les lettres de Madame de Sévigné dont on parle tant, qui ne sont que charmantes et qui auraient pu être divines si l’âme de la femme qui les a écrites eût été plus vraie et plus tendre, nous disent pourtant très bien la qualité médiocre de l’âme qui les a tracées avec tant de coquetteries et de chatteries d’amour maternel !
Sous sa main, elle était devenue humaine ; elle écoutait aux portes du cœur ; et pas de doute que si son cœur, à lui, avait souffert, si la destinée lui avait fait goûter à ses savoureuses amertumes, si la divine Marâtre qu’on appelle la Douleur lui avait mis au front ce baiser mordant qui le féconde, pas de doute que comme critique même (comme écrivain, ce n’est pas douteux), il aurait été plus profond et plus grand… L’homme n’est jamais assez intellectuel pour pouvoir se passer de sentiments, et les plus forts sont les sentiments blessés.
Principe qui fait d’eux bien moins des créatures humaines que des créations divines, — des outils de Dieu !
dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j’ai gardé la forme et l’essence divine De mes amours décomposés !
Or, encore, quand on a ce don divin de poésie, on l’a partout et quoi qu’on chante.
« Ô vous, bruyantes vagues et vous, hautes forêts, et vous, nuages, qui prenez votre essor si loin au-dessus de moi ; toi, soleil levant, toi, ciel bleu qui charmes les regards, toute chose, enfin, qui êtes et qui voulez être libres, rendez-moi témoignage, où que vous soyez, et dites de quel culte profond j’ai toujours adoré le génie de la divine liberté !
Benda, les poètes « dont le génie fut, en partie, fait de leur amour pour leur nation », même s’ils se nomment Virgile, Dante, Pétrarque ou Victor Hugo, sont de ce seul fait essentiellement inférieurs à ceux qui ne doivent le leur qu’à la pure « union avec le beau et le divin, hors de tout attachement aux intérêts de la terre » ; et parmi ces élus il cite Lucrèce, Goethe, Keats, Shelley et Valéry. […] Henri de Régnier loue également, dans d’autres morceaux, Byron, Heredia, Judith Gautier, qui portait un beau nom, et autour de qui flottait comme un halo, Attestant que les Dieux vous ont faite divine, L’hommage de Wagner et de Victor Hugo. […] Avez-vous noté ce trait : Bonaparte n’est pas seulement un médiocre, c’est un homme sans nom, un parvenu, un margoulin du pouvoir et de l’empire, avec qui le boyard Tolstoï, parlant comme un émigré et un fervent de la Sainte-Alliance, s’étonne qu’un monarque héréditaire et de droit divin consente à traiter d’égal à égal. […] Elle ne fait appel à aucune « puissance spirituelle extrahumaine », quoi qu’en dise Maeterlinck, et elle n’est aucunement « mystique », c’est-à-dire qu’elle ne prétend à aucune communication directe avec le divin. […] La littérature digne de ce nom, à la fois art et science, est le plus haut aliment spirituel et l’œuvre la plus divine qu’accomplisse l’humanité.
Vous serez supplicié par l’idée de ce que votre action a d’irréparable, et furieux en même temps de son inefficacité Car eux, les deux amants, ils ne souffrent plus, ils dorment dans la divine paix de la mort. […] Mais, justement, la pire des douleurs, c’est celle que vous ressentez vous-même, c’est la jalousie, cette forme suprême du délicieux et abominable, du divin et diabolique et méchant amour (Amour tyran des hommes ! […] Elle se souille aux yeux de Dieu pour mieux obéir aux fins divines. […] « On se demandera pourquoi le divin Maître des âmes a voulu choisir pour l’aimer de préférence une pauvre pécheresse, et nous la léguer à nous comme le plus touchant exemplaire de la sainteté. […] Sa vie de Marie-Madeleine devient une sorte de roman divin de l’amitié.
Elle t’embrassera, te prendra par la main et « te présentera au siège de l’essence divine. » Et Dieu descendra de son trône ; il coiffera la femme de bien d’une fort belle auréole, et il lui assignera sa place parmi les élus, pour l’éternité. […] quand nous marcherons dans les noires mêlées, Songeons dans notre esprit aux divins Propylées, ………………………………………………………… Car Sophocle est vivant ! […] Je me suis offert en sacrifice pour les hommes et je les abreuve de mon sang divin. […] Sur ce, allez en paix, et aimez bien Racine, car il est divin ». […] Dehelly et quand nous avions dans les oreilles la divine prose de Musset.
L’excellent Ribadeneira commence son pieux récit en ces termes : « Les peines du mariage sont si grandes, et son fardeau si lourd, qu’il est impossible de les supporter sans le secours de la grâce divine ; et quand le mari est grossier, cruel et plus brutal qu’humain, c’est un joug intolérable à une femme. […] Quant à Erymanthe, si je ne l’ai jamais employé, c’est que je n’ai pas osé, par respect pour le divin André. […] Vous apprécierez la coupe du troisième vers qui peint si bien l’allongement de l’ombre par l’allongement du rythme jusqu’à la onzième syllabe, et vous admirerez par quel art d’interrompre le rythme et de le reprendre, de le ralentir et de le précipiter, les deux derniers vers expriment à l’oreille la légèreté du cheval divin quand il s’arrête, et l’aisance sereine de son élan quand il repart. […] Les talus des chemins étaient de velours ; les vaches immobiles qui nous regardaient passer nous conseillaient, par leur exemple, la paix de l’âme ; et la plaine aux larges ondulations se déroulait avec une sérénité divine. […] Et cela met tout de même un peu de différence entre elle et le divin Domitius.
Maîtres, maîtres divins, où trouverai-je, hélas ! […] La Muse le convie à servir son cœur au festin divin, comme le pélican partage ses entrailles à ses fils, mais il lui répond par un cri d’horreur : Ô Muse ! […] Car il s’est mis dans tous ses amoureux, n’étant jamais las de dire sa pensée sur la chose du monde qu’il estimait la plus divine. « Les idées de Musset sur l’amour, a dit M. […] Il a, comme Musset, l’amour de l’amour, et, après chaque expérience, le dégoût invincible, et, après chaque dégoût, l’invincible besoin de recommencer l’expérience, et dans la satiété toujours revenue le désir toujours renaissant ; en somme, la grande maladie humaine, la seule maladie, l’impatience de n’être que soi et que le monde ne soit que ce qu’il est, et l’immortelle illusion renaissant indéfiniment de l’immortelle désespérance… » Le Fantasio de la comédie entreprend pieusement de rompre un mariage qui serait une offense envers le divin Éros. […] … La Muse et sa beauté pacifique, la Nature et sa fraîcheur immortelle, l’Amour et son bienheureux sourire, tout l’essaim de visions divines passe à peine devant ses yeux, qu’on voit accourir parmi les malédictions et les sarcasmes tous les spectres de la débauche et de la mort… » « Eh bien !
Il ne s’agit point de Celui qui balança un moment la puissance divine, qui fut ouvertement l’adversaire de Jéhovah, et dont la grande aventure a tenté le génie sympathique des poètes. […] Lacroix, d’ailleurs, a serré l’original de très près, il a conservé dans ses vers les audacieuses ellipses du texte, que la prose française n’aurait pu supporter ; et ses chœurs, écrits dans des rythmes savants, rappelleraient par leur balancement la musique des strophes grecques, si l’harmonie divine de cette langue toute en diphthongues pouvait jamais être approchée. […] Et, pour qu’il sorte de cette violation de la foi première, qui est un manquement aux lois divines, une terrifiante et salutaire leçon, les innocents seront, comme les coupables, précipités dans le châtiment : pas plus que Marigny, la pure Hermangarde n’échappera à la destinée expiatoire. […] Et voulez-vous donc abaisser « l’art divin » jusqu’à l’âme humaine ? […] Si le terme n’était pas d’invention nouvelle, et qu’on s’accordât sur la signification, j’appellerais volontiers le « divin poète » un réaliste, à condition qu’on désigne ainsi (et ce n’est pas très sûr) l’homme de lettres ou l’artiste dont l’œuvre reproduit, dans une forme appropriée, le spectacle social qui se déroule devant lui.
Depuis que Jupiter a envoyé la vérité sur la terre, l’amour, la seule des divines chimères qui puisse encore venir nous visiter, n’use que fort peu de cette permission. […] Elle l’a senti, et c’est pour cela qu’elle a toujours recherché le concours de l’art, qui n’a pas pu lui-même arriver à son plus haut développement tant qu’il a dû représenter cette prétendue réalité des symboles sous forme d’idoles destinées à faciliter l’adoration sensuelle, le culte, et n’a rempli sa véritable mission que lorsqu’il a facilité l’intelligence de la vérité divine, inexpressible, que renferme la religion, par une représentation idéale de ses allégories. » Je n’ai pas l’intention de rechercher ici ce que deviennent, dans la pratique, les théories de Wagner ; mais il faut préciser sa pensée sur cette question de l’union de l’art et de la religion, qui est certainement une des plus intéressantes que soulève son œuvre. […] On s’attend à quelque chose d’immense, à une réconciliation suprême, à un universel pardon, peut-être à une vision de l’éternité pareille à celle de la Divine Comédie. — Eh bien, il s’agit simplement de damner Pie IX, coupable surtout d’avoir béni Napoléon III ! […] Il a pris sa part des kermesses, il est entré dans un club d’Alkmaar, il a causé avec un paysan qui lui a répété en italien le premier vers de la Divine Comédie, il s’est extasié sur les casques d’or des servantes frisonnes, il a visité le marché de Groningue. […] « Cependant, continue-t-il, je vous avouerai que, quelque attention que j’aie mise à la lecture de ce livre divin, j’ai trouvé qu’il nous laisse un champ immense à l’interprétation, sans bornes quant aux dogmes, et restreint quant à la morale, quoique bien loin de la précision absolue qu’une foule de gens croient y trouver. » Et, en terminant sa lettre, il laisse voir qu’il n’est pas sans éprouver quelques doutes sur la divinité de Jésus-Christ.
Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments, le poli de la surface, l’harmonie de l’ensemble, n’y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une espèce de force divine, etc., etc. ? […] On l’a vu dans Shéhérazade, pareil à un petit animal voluptueux, roulant des gestes ronds et gras, un sourire de sensualité ingénue lui découvrant les dents jusqu’aux gencives, ne pouvant croire à son bonheur… On l’a vu dans les Orientales ; et tout le mystère divin du Cambodge et de l’Inde, ondulait singulièrement en lui. […] — Nous n’exigeons pas de psychologie d’un genre qui n’en comporte pas : une suite d’images animées, mais qu’elles soient nobles et pures, noblement humaines, purement divines… Rien de louche encore ne les gâte, et pourtant elles n’arrivent pas à nous toucher profondément. […] Et l’on s’étonne de trouver auprès de couplets bien venus et jeunes un tel distique par exemple : Oui, ces vers sont très beaux et le divin murmure Les accompagne bien, c’est vrai, de la ramure. […] et ce couplet enfin qui peint le Christ : Et quant à sa douceur elle est divine, elle est Comme une plume de colombe Qui blanche, quand l’oiseau se penche sur du lait, D’une blancheur dans l’autre tombe !
Ce sont, pour lui, des êtres divins et surnaturels, pleins de merveille, dégageant une terreur mystérieuse. […] Lang, qui est le divin amateur, et M. […] Or, nous qui appartenons à la race divine, nous connaissons ses projets, mais nous ne savons rien de sa Volonté sur la vie des mortels et leur fin. […] « L’homme parfait s’ignore lui-même ; l’homme divin ignore l’action ; le véritable sage ignore la réputation. » Tels sont les Principes de Chuang-Tzù. […] Pater, mais il en parle en passant simplement au point de vue psychologique, et en faisant remarquer combien cette qualité des états d’esprits élevés ou inférieurs produit dans sa poésie l’effet d’une faculté qui n’était pas entièrement à lui ou sous son « contrôle » d’une faculté qui va et qui vient à son gré, en sorte que l’antique fantaisie d’après laquelle l’art du poète est un enthousiasme, une forme de possession divine, paraît absolument vraie pour lui.
Il résulterait de ces témoignages poétiques que Leopardi n’a connu de ce sentiment orageux que la première, la plus pure, la plus douloureuse moitié, mais aussi la plus divine, et qu’il n’a jamais été mis à l’épreuve d’un entier bonheur. […] Et toi qu’enfant déjà j’honorais si présente, Belle Mort, ici-bas seule compatissante A nos tristes ennuis, si jamais je tentai Aux vulgaires affronts d’arracher ta beauté Et de venger l’éclat de ta pâleur divine, Ne tarde plus, descends, et que ton front s’incline En faveur de ces vœux trop inaccoutumés !
., e tutti, n’étaient point des sorciers ni des magiciens au sens vulgaire, et que s’ils peuvent s’appeler mages, c’est suivant la signification irréprochable et pure de la plus divine sagesse. […] J’allais ajouter qu’il y a une chose à laquelle il n’a rien compris et dont il ne s’est jamais douté, pour peu qu’elle existe encore, c’est l’autre science, celle du Saint et du Divin ; et qu’il semble tout à fait se ranger à cet axiome volontiers cité par lui et emprunté des jurisconsultes : Idem judicium de iis quae non sunt et quae non apparent, Ce qu’on ne peut saisir est comme non avenu et mérite d’être jugé comme n’existant pas232.
Le monde a un sens, car il est l’œuvre de Dieu, le suprême Penseur des choses mortelles et immortelles ; celui qui ne découvre pas ce sens divin dans le spectacle des choses humaines n’est pas seulement un aveugle, il est un impie : Cœli enarrant gloriam Dei ! […] S’il y a un droit divin dans la supériorité d’esprit et de caractère d’un homme de génie, Napoléon, dans cette histoire, apparaît, plus que partout ailleurs, marqué de ce signe du commandement.
Liberté chez vous, inviolabilité de chacun, répression d’un seul par tous quand un seul veut se substituer par ambition au droit de tous : tel est le droit public, Grotius, Pufendorf, Burlamaqui, l’ont rédigé ; mais il est écrit mieux encore dans le bon sens et dans la conscience, ces deux législations divines de la civilisation. […] Que la Providence nous assiste ; en tout temps, voyez-vous, les choses se personnifient dans un homme ; et cet homme n’est plus un homme : il devient une puissance divine de destruction ou de conservation pour tout un monde.
C’est, dans les Églogues, le doux exilé Mélibée et, quoi que j’en aie dit, le radieux berceau de l’enfant rédempteur, et la terre agitée d’une divine espérance. […] Nous y cherchons les moyens, non de nous sanctifier, mais de nous pacifier ; non un cordial, mais un calmant, un népenthès ; non la rose rouge de l’amour divin, mais la fleur pâle du lotus, qui est la fleur d’oubli.
la divine innocence, l’enfantine sublimité, qu’on entrevoit parfois dans certaines jeunes créatures, mais pour un court moment, comme un éclair du ciel. » C’est un idéal qu’on ne peut espérer d’atteindre, mais qu’il serait bon d’avoir sous les yeux, quand on écrit pour la foule. […] L’écrivain qui veut la toucher n’a pas le choix : il doit être divin ou ignoble.
Swift, qui ne vit jamais dans la religion qu’une partie importante de la politique, était porté à oublier qu’elle était considérée par un grand nombre de personnes comme une institution divine, en dehors et au-dessus de la politique. […] « C’est le devoir d’un membre de l’Église anglicane18, dit Swift, dans le premier de ces deux écrits, de croire en Dieu, en sa providence, en la religion révélée, et en la divinité du Christ. » Pour l’épiscopat, « sans déterminer s’il est ou non d’institution divine », c’est une institution très utile à la religion et à l’État, et le membre de l’Église « la défendrait, même par les armes, contre tous les pouvoirs de la terre, excepté contre la législature19, aux décisions de laquelle il se soumettrait comme à une disette ou à la peste ».
Le prestidigitateur divin serait déjoué, malgré l’artifice de sa lanterne magique, tant qu’Adam immobile n’aurait pas encore agi et, par l’action, par l’effort, réalisé en soi le temps, au moins une première fois. […] Nous naissons sous la fascination de la durée, dont nous nous faisons une idée a priori, presque surnaturelle et divine.
Quelle taille divine ! […] il y avait tant de calme et tant de grâce dans son jeu, elle avait si bien réuni, en un seul bloc, toutes ces perfections divines, que cette perfection même et cette suprême coquetterie, indiquaient aux moins clairvoyants un adieu éternel !
[NdA] Costar se souvient ici du beau passage et de la belle expression de Sénèque, peignant dans toute leur sève et leur jet vigoureux les premiers grands hommes encore voisins de l’origine des choses, et qui en avaient retenu je ne sais quel souffle divin : « … Alti spiritus viros et, ut ita dicam, a Diis recentes. » La jeune nature, c’est le « Mundus nondum effetus » qui vient après (Lettres à Lucilius, XC).
Richelieu et son ardeur en cette périlleuse entreprise, l’affection qu’il met aux choses et qui le consume, éclatent en mille traits de feu dans son récit : Cependant, dit-il en un endroit, tandis que le cardinal employait tout l’esprit que Dieu lui avait donné à faire réussir le siège de La Rochelle à la gloire divine et au bien de l’État, et y travaillait plus que les forces de corps que Dieu lui avait départies ne lui semblaient permettre, on eût dit que la mer et les vents, amis des Anglais et des îles, s’efforçaient à l’encontre et s’opposaient à ses desseins… Prendre La Rochelle avant toute chose, promptement et sans rémission cette fois, c’est là son idée fixe ; c’est, selon lui, le premier remède à tout, et il y faut employer tous les moyens, toutes les inventions imaginables sans en omettre aucune ; car « de la prise de La Rochelle dépend le salut de l’État, le repos de la France, le bonheur et l’autorité du roi pour jamais. » Y aura-t-il un État dans l’État, un allié naturel et permanent de l’étranger parmi nous, un port et une porte ouverte aux flancs du royaume ?
C’est précisément tout ce que la France de la Révolution, la France de 89 avait à abattre, en dégageant et achevant les parties nettes et vives de l’Ancien Régime, et en y versant l’esprit d’égalité, l’esprit de bon sens et de droit commun opposé au principe monarchique du droit divin : et c’est ce qu’elle a fait à l’Assemblée constituante avec grandeur et quelque inexpérience, ce qu’avertie et mûrie elle a refait ensuite sous le Consulat avec précision et perfection, sous l’œil d’un génie, mais à l’aide des hommes modernes issus de l’ancien régime.
Que lui manque-t-il donc à cette Idole, à cette « divine comtesse », comme l’appelait ironiquement Mme du Deffand ?
Mme du Deffand, dans son esprit de dénigrement et sa sévérité habituelle pour « la divine comtesse », suppose dès le commencement de la querelle, en la voyant rester neutre et s’abstenir, qu’elle attend d’où le vent viendra et qu’elle sera pour le parti « duquel il résultera le plus de célébrité. » Elle se trompe : Mme de Boufflers est meilleure que Mme du Deffand ne le suppose.
Malheur à nous qui, étant témoins de tant de subits ajournements devant le tribunal divin, vivons avec tant de sécurité !
Dans sa Correspondance avec le jeune homme, seule partie assez intéressante du volume et qui ne l’est encore que médiocrement, Collé se montre à nous avec la douce manie des vieillards ; il revient sur le passé, sur ses auteurs classiques, sur Horace « le divin moraliste » qu’il cite sans cesse et qu’il a raison d’aimer, mais tort de parodier en de mauvais centons latins ; il voudrait que son jeune financier apprît le grec « à ses heures perdues », ce qui est peu raisonnable.
Il est toujours délicat de prétendre analyser cette voix publique que l’antique poète en son temps appelait la voix divine.
que cela est divin !
Le résultat atteint, et à peine sorti d’un régime d’ambition et de conquête, il put vite s’apercevoir qu’il allait avoir affaire à des opposants d’un autre genre, et non pas les moins opiniâtres ni les moins dangereux : il retrouvait sur son chemin, après vingt-cinq ans, comme au premier jour, l’entêtement dans le passé, les préventions personnelles et l’humeur, l’ornière de la routine, les hauteurs du droit divin, un favoritisme exclusif et inintelligent, la méconnaissance de l’esprit d’un siècle.
Quant au navire Argo, tout divin qu’il semblait être, il ne tint pas, mais l’équipage fut sauvé.
Entre ces deux divins maîtres, Crébillon fils se glissa en marquis par ses jolies fantaisies libertines, Ah !
Ceux de Gresset avaient pourtant de quoi plaire dans leur nouveauté : Jean-Baptiste Rousseau, qui les recevait à Bruxelles, ne se contenait pas de joie, et voyait déjà dans le nouveau-venu un rival et un vainqueur de Voltaire : « Je viens de relire votre divine Épître (celle à ma Muse), lui écrivait-il, et, si la première lecture a attiré mon admiration, je ne puis m’empêcher de vous dire que la seconde a excité mes transports. » Il est vrai que, dans l’épître en question, Gresset y parlait de Jean-Baptiste comme d’un Horace, et le proclamait ce Phénix lyrique.
Une conséquence de ce capricieux et subtil détournement de la sensibilité dans la jeunesse, c’est de produire, jusque dans un âge assez avancé, des retours simulés, des chaleurs factices, des excitations énervées : on dirait par moments que l’orage de la passion se retrouve et s’amasse tel qu’il n’a jamais été aux années les plus belles, et que le vrai tonnerre, la foudre divine enfin, va éclater.
S’il nous fallait pourtant nous prononcer, nous dirions qu’à part la forme idéale, harmonieuse, unique, où un art divin s’emparant d’un sentiment humain le transporte, l’élève sans le briser, et le peint en quelque sorte dans les cieux, comme Raphaël peignait au Vatican, comme Lamartine a fait pour Elvire, à part ce cas incomparable et glorieux, toutes les formes intermédiaires nuisent plus ou moins, selon qu’elles s’éloignent du pur et naïf détail des choses éprouvées.
Elle a, dit-elle, été prévenue (prévenue par la Grâce, style de Nicole), un peu après son amie ; elle a agi jusqu’à onze ans par cette espèce de raison, encore enveloppée des ténèbres de l’enfance : ce n’est qu’alors que le rayon divin a commencé de luire.
Leur divin auteur ne s’arrête point à prêcher vainement les infortunés, il fait plus : il bénit leurs larmes, et boit avec eux le calice jusqu’à la lie.
Mais il a été dit aux prêtres : « Ite et docete. » L’Église ne peut renoncer à l’éducation des âmes ou consentir à la partager sans renier sa mission divine.
Je ne dis pas, sans doute, qu’il soit toujours aisé ni même possible de décider la question de préséance entre des œuvres supérieures appartenant à des époques ou à des races diverses ; il est permis d’hésiter entre le Parthénon et une belle cathédrale gothique, entre un drame de Shakespeare et une tragédie de Sophocle, entre le Faust de Gœthe et la Divine Comédie du Dante.
La première différenciation est celle qui s’opère entre le gouvernant et les gouvernés ; elle grandit, l’autorité devient héréditaire, le roi prend un caractère presque divin ; car la religion et le gouvernement sont à cette époque intimement associés ; et pendant des siècles les lois religieuses et les lois civiles se séparent à peine.
Dans l’admirable chapitre de saint Paul sur la Charité, on lit, entre autres caractères de cette vertu divine : « Charitas non quaerit quae sua sunt… Non cogitat malum… La Charité ne recherche point ce qui lui est propre.
Il ne devine pas qu’il a pu y avoir autrefois, à un certain âge du monde, sous un certain climat, et dans des conditions de nature et de société qui ne se retrouveront plus, une race heureuse qui s’est épanouie dans sa fleur, et que nous pouvons, nous autres modernes, surpasser en tout, excepté en ce premier développement délicat, en ce premier charme divin.
Le Brun s’est frotté la tête, a dressé ses chevaux, froncé le sourcil, rongé ses doigts, ébranlé par ses cris les solives de son plancher, et, dans un enthousiasme qu’il a pris pour divin, a fait sortir avec effort de son cerveau rebelle une ode de trente-trois strophes seulement, qu’il a envoyée aux Délices.
Vous n’êtes jamais si divines que quand vous menez à la sagesse et à la vérité par le plaisir.
Avenel, qui le rapporte à la date de 1621 environ : S’il plaît à la divine bonté, par l’intercession du bienheureux apôtre et bien-aimé saint Jean, me renvoyer ma santé et me délivrer dans huit jours d’un mal de tête extraordinaire qui me tourmente, (je promets) de fonder en ma maison de Richelieu une messe qui se célébrera tous les dimanches de l’année, et, pour cet effet, donnerai à un chapelain de revenu annuel trente-six livres pour les messes qui seront célébrées en action de grâces.
Cette première inspiration fut suffisante à l’artiste pour le soutenir de loin ensuite dans l’exécution de son œuvre ; le reste lui vint de son génie littéraire et de son pinceau, de ce don divin de l’imagination qui avait été refusé à ses devanciers.
Ces ondes, ce flux et ce reflux, ce va-et-vient terrible, ce bruit de tous les souffles, ces noirceurs et ces transparences, ces végétations propres au gouffre, cette démagogie des nuées en plein ouragan, ces aigles dans l’écume, ces merveilleux levers, d’astres répercutés dans on ne sait quel mystérieux tumulte par des millions de cimes lumineuses, têtes confuses de l’innombrable, ces grandes foudres errantes qui semblent guetter, ces sanglots énormes, ces monstres entrevus, ces nuits de ténèbres coupées de rugissements, ces furies, ces frénésies, ces tourmentes, ces roches, ces naufrages, ces flottes qui se heurtent, ces tonnerres humains mêlés aux tonnerres divins, ce sang dans l’abîme ; puis ces grâces, ces douceurs, ces fêtes, ces gaies voiles blanches, ces bateaux de pêche, ces chants dans le fracas, ces ports splendides, ces fumées de la terre, ces villes à l’horizon, ce bleu profond de l’eau et du ciel, cette âcreté utile, cette amertume qui fait l’assainissement de l’univers, cet âpre sel sans lequel tout pourrirait ; ces colères et ces apaisements, ce tout dans un, cet inattendu dans l’immuable, ce vaste prodige de la monotonie inépuisablement variée, ce niveau après ce bouleversement, ces enfers et ces paradis de l’immensité éternellement émue, cet infini, cet insondable, tout cela peut être dans un esprit, et alors cet esprit s’appelle génie, et vous avez Eschyle, vous avez Isaïe, vous avez Juvénal, vous avez Dante, vous avez Michel-Ange, vous avez Shakespeare, et c’est la même chose de regarder ces âmes ou de regarder l’Océan.
L’invention et la découverte, mais au prix de l’erreur, voilà le don du génie : c’est un rayon sacré, c’est une grâce divine.
Dans ces divers contes, il n’y a pas intervention divine comme dans les contes islamiques.
il n’en eut jamais un second, — de pure munificence divine, l’homme le plus admirablement doué du xviiie siècle, de ce temps qui fourmillait de gens d’esprit, et dans lequel planaient ces trois hommes qu’il est convenu d’appeler des génies jusqu’à nouvel ordre, Voltaire, Buffon et Montesquieu.
Quant à son catholicisme, nous en avons donné l’explication la plus honorable en montrant qu’il consistait seulement dans le sentiment de respect qu’inspire à très bon droit un système aussi fort, aussi lié en toutes ses parties, que le système catholique au Moyen Âge ; mais de théorie, de démonstration tendant à prouver la valeur absolue, divine, éternelle de ce catholicisme du passé, il n’y en a pas dans Hurter, esprit trop peu philosophique pour s’inquiéter beaucoup d’une théorie quelconque.
Il voulait (soi-disant), dans un but élevé de connaissance, dégager l’idée religieuse de ce qui la fait une religion positive à telle heure de l’histoire, opposer le sentiment éternel à la forme passagère, et en le lisant on n’a jamais plus senti que c’était impossible ; que, la forme enlevée, l’esprit suivait, et qu’après tout, malgré le progrès et à part la vérité divine, socialement, la dernière des superstitions valait encore mieux que la première des philosophies !
Analysons, en effet, cette curieuse proposition : Le Sage, c’est-à-dire celui qui est animé de l’esprit du Seigneur, celui qui possède la pratique du formulaire divin, ne rit, ne s’abandonne au rire qu’en tremblant.
Il conçut Polyeucte comme un drame sérieux et édifiant, comme une illustre matière surtout à étaler dans tout son jour ce que l’âme humaine, enchantée et charmée d’une passion divine, peut faire éclater de force, d’énergie morale, d’obstination au bien, de résistance invincible, de grandeur simple dans le sacrifice. […] Les esprits religieux étaient alors tournés vers les questions de la Grâce divine, cette aide et ce secours d’en haut, nécessaire, selon les chrétiens, à notre faiblesse, sans laquelle ils estiment que la volonté de bien faire est insuffisante, et qui agit aussi sur les âmes les plus perverses et les plus désespérées en apparence. […] Polyeucte est divin. […] Pourquoi la Providence divine ne planerait-elle pas sur le théâtre français ? […] Toute la pièce tiendra entre l’invocation du prêtre : « Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle, répandre cet esprit d’imprudence et d’erreur… » et le cri de désespoir de la reine : « Impitoyable Dieu, toi seul as tout conduit » ; et la tragédie humaine sera comme l’ombre ici-bas d’un drame divin joué au fond de l’infini par le poète éternel.
Il n’est plus rien de vrai, puisque tout est divin. […] Et dès que nous parlons, quelque chose nous prévient que des portes divines se ferment quelque part. […] La voix divine prêche la vie simple et l’amour des humbles. […] Cette unité divine, symbole de toute beauté, que Mithouard rêva d’étreindre, il va encore la poursuivre à travers la multiplicité de nos efforts d’artistes. […] Un bonheur aigu, fût-ce dans le plus divin séjour du monde, n’est possible que le temps d’une surprise.
Quelques jours avant d’avoir vingt ans, dans les ruines du château de Faucigny, en Savoie, il obtient des heures de lucidité, des élans, des vagues insolitement hautes de vie intérieure, des communications avec le divin, qui sont de la même famille (lesquelles appellerons-nous branche aînée ou branche cadette ?) […] Je me demandais ce que je me suis demandé vingt fois, quelle serait la pensée autour de laquelle j’ordonnerais ma vie… Notre âme est un dépôt solennel, c’est la seule chose éternelle au milieu de tout ce qui nous entoure, ces montagnes, ce globe, ces soleils ; c’est le souffle divin qui vaut mieux que tous ces mondes ; nous lui devons tout… La vie intérieure doit être l’autel de Vesta, dont le feu doit brûler nuit et jour. […] On n’est libre que par la critique et l’énergie, c’est-à-dire par le détachement et le gouvernement de son moi ; ce qui suppose plusieurs sphères concentriques dans le moi, la plus centrale étant supérieure au moi, étant l’espèce la plus pure, la forme superindividuelle de notre être, notre forme future sans doute, notre type divin. […] Les travers du grimpion genevois sont associés à une métaphysique de la chute, laquelle a ne devient belle que dans le platonisme, parce que le néant y est remplacé par l’Idée, qui est, et qui est divine. » Entre l’Institution chrétienne et le Journal intime, la butte genevoise est un lieu où souffle l’esprit, la bulle genevoise est gonflée par l’esprit.
Le divin goinfre scandalise si fort les serviteurs, qu’un deux laisse échapper le secret d’Admète. […] Elle se croit élevée au-dessus des lois divines et humaines par la précellence et la distinction de sa nature. « Des devoirs ? […] Mais surtout le divin Racine ?
Caro, « il est la part du néant dans l’œuvre divine. » Le second est soumis à l’influence du premier, tout en en gémissant. […] Michaud, après avoir écrit dans sa préface qu’à Ermenonville « une douce mélancolie, un enthousiasme divin dégagent l’âme des liens qui l’attachent à la terre », célèbre les vertus de Jean-Jacques et termine ainsi : Partout sur son trépas on versera des larmes, Partout de ses écrits on sentira les charmes, Partout on bénira les vertus de Rousseau, Et l’univers sera son temple et son tombeau. […] Cousin prononça son éloge et déclara que « rien ne pouvait lui ravir l’immortalité que lui avait donnée une heure d’une énergie divine. » La postérité n’a pas ratifié cette sentence, et Cousin a fait plus pour la mémoire de Farcy en lui dédiant sa belle traduction des Lois de Platon, que le pays en inscrivant son nom sur un monument parmi ceux des combattants de juillet. […] Je ne saurais trop vous dire, mon cher fils : Paix, confiance, abandon à la volonté divine, douce assurance des secours du ciel. » Et quelques mois plus tard : « Pourquoi cette vilaine mélancolie ? […] « Pris par moments, ajoute Boulay-Paty, de la funeste épidémie morale du siècle, du mal rongeur enfin, il ne levait le regard vers le ciel que pour douter de la bonté divine. » Toutefois, ces égarements n’étaient pas de longue durée.
L’un des premiers ouvrages de Marivaux fut L’Iliade travestie (1716), qu’il fit moins encore pour déprécier le divin Homère que pour venger La Motte des grosses paroles de Mme Dacier.
Les hommes qui ont été des instruments de salut en ces périodes critiques sont à bon droit proclamés providentiels ; et cette haute idée que l’on en conçoit est une couronne de leurs éminents services, en même temps qu’elle est faite pour rassurer les nations qui y voient le gage d’une protection divine au milieu des tempêtes.
Elle avait l’évidence d’une justice divine qui la consolait dans une mesure infinie de l’atroce iniquité dont elle était la victime, et lui donnait cette résignation à la fois enthousiaste et calme qui efface l’horreur de l’agonie et triomphe du supplice et du néant. » Il m’est impossible, malgré la déférence et le respect que j’ai pour le témoignage de M.
Les Fauriel, les Ozanam et tant d’antres vaillants pionniers y ont sué sang et eau sous nos yeux et ont dû y mettre la hache et la cognée pour nous frayer la route jusqu’à ce divin Paradis. — Et Shakespeare donc, est-ce qu’il n’en a pas été ainsi, et par combien de phases ou de degrés n’a-t-on pas eu à passer à son égard ?
Du Bellay le sait bien ; il nous exprime la haute idée qu’il se fait du poète, et, à dénombrer toutes les qualités qu’il lui attribue, on sent qu’il doit l’être lui-même : il exige avant tout un je ne sais quoi de divin, et il reprend à sa source et dans son vrai sens naturel, pour le lui appliquer, le mot de génie, genius.
Je souffre beaucoup alors ; mais la bonté divine est partout… » Suit une longue page d’analyse qui finit par une vision.
Corneille, avons-nous dit, était un génie pur, instinctif, aveugle, de propre et libre mouvement, et presque dénué des qualités moyennes qui accompagnent et secondent si efficacement dans le poëte le don supérieur et divin.
Nous nous étions rencontrés non par hasard, mais par attraction, il y avait un an et demi, dans les montagnes de la Savoie, divines solitudes pour commencer ou finir la vie !
Il lui écrivit pour lui indiquer, avec une bonté divine, les passages scandaleux pour la raison ou dangereux pour la morale.
Aussi tous les grands hommes de guerre ont-ils eu besoin de croire à leur étoile, c’est-à-dire à une volonté divine, plus forte que tout, et qui leur donnait la victoire.
La tradition vint ensuite cultiver ses instincts, et les maîtres divins de l’antiquité grecque et latine le reçurent des bras de sa mère, l’oreille déjà accoutumée à leur langue sonore, l’esprit ouvert à leurs doux enseignements.
Ce qu’elle veut c’est se voir belle, et peu lui importe, pourvu qu’elle y mire sa beauté, la source naturelle des bois ou le miroir par lequel un artifice subtil lui montre son visage divin dans la limpidité cristalline d’une eau fictive et imaginaire.
Si je ne croyais que l’humanité est appelée à une fin divine, la réalisation du parfait, je me ferais épicurien, si j’en étais capable, et, sinon, je me suiciderais.
Illusion divine, illusion providentielle assurément, la vertu n’en est pas moins comme l’amour le résultat d’un charme en dehors de la raison, qui nous entraîne, nous séduit.
Pour faire passer sa modération nouvelle, Camille sent le besoin de la déguiser plus que jamais en bonnet rouge ; il n’a même pas de honte de la mettre sous l’abri de Marat, qu’il ose appeler divin.
Plus tard, en reprenant et en exposant pour son propre compte un système semblable, Condorcet retranchera toute idée divine, toute espérance d’une vie ultérieure, et aussi toute lumière de style.
Un grand sage, Confucius, disait, et je suis tout à fait de son avis quand je lis nos écrivains à belles phrases quand j’entends nos orateurs à beaux discours, ou quand je lis nos poètes à beaux vers : « Je déteste, disait-il, ce qui n’a que l’apparence sans la réalité ; je déteste l’ivraie, de peur qu’elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes habiles, de peur qu’ils ne confondent l’équité ; je déteste une bouche diserte, de peur qu’elle ne confonde la vérité… » Et j’ajoute, en continuant sa pensée : Je déteste la soi-disant belle poésie qui n’a que forme et son, de peur qu’on ne la prenne pour la vraie et qu’elle n’en usurpe la place, de peur qu’elle ne simule et ne ruine dans les esprits cette réalité divine, quelquefois éclatante, d’autres fois modeste et humble, toujours élevée, toujours profonde, et qui ne se révèle qu’à ses heures.
Ainsi, loin de regretter le monde qui nous fuit, nous le fuyons à notre tour ; nous échappons à des intérêts qui ne nous atteignent déjà plus ; nos pensées s’agrandissent comme les ombres à l’approche de la nuit, et un dernier rayon d’amour, qui n’est plus qu’an rayon divin, semble former la nuance et le passage des plus purs sentiments que nous puissions éprouver sur la terre à ceux qui nous pénétreront dans le ciel.
Il faut l’entendre là-dessus parler avec autorité et conviction : Les grands sujets de cette belle et solide instruction chrétienne, si bien indiqués par l’Église dans l’ordre annuel et la distribution des Évangiles ; ces sujets si importants, si féconds, si riches pour l’éloquence, et sans lesquels la morale, dépourvue de l’appui d’une sanction divine et déshéritée de l’autorité vengeresse d’un Juge suprême, n’est plus qu’une théorie idéale et un système purement arbitraire qu’on adopte ou qu’on rejette à son gré ; ces sujets magnifiques, dis-je, furent plus ou moins mis à l’écart par les orateurs chrétiens qui composèrent malheureusement avec ce mauvais goût, et qui, en s’égarant dans ces nouvelles régions, renoncèrent d’eux-mêmes aux plus grands avantages et aux droits les plus légitimes de leur ministère.
Une flamme divine me consumait : j’étais comme ces disciples de Jésus-Christ qui, en se rappelant l’impression de ses discours, se disaient entre eux : Notre cœur brûlait en l’écoutant.
On remarquera que Volney ne peut s’empêcher de reconnaître dans le merveilleux rapport de cet animal avec le climat auquel il est destiné une sorte d’intention providentielle et divine ; ce sont de ces aveux qui lui échappent rarement, et que l’exactitude seule lui arrache ici.
Ces apparences qu’on prenait pour des réalités, ces princes, ces rois, se dissipent ; il ne demeure que ce qui doit demeurer : l’esprit humain d’un côté, les esprits divins de l’autre ; la vraie œuvre et les vrais ouvriers ; la sociabilité à compléter et à féconder, la science cherchant le vrai, l’art créant le beau, la soif de pensée, tourment et bonheur de l’homme, la vie inférieure aspirant à la vie supérieure.
Nous recherchons l’émotion saine et divine.
Que reste-t-il de ces deux morceaux divins, si vous en ôtez l’harmonie ?
Quelle grandeur infinie, Quelle divine harmonie Résulte de leurs accords ?
Comme Achille, il demeurera éternellement dans nos esprits le jeune homme à la beauté divine, vulnérable seulement au talon, comme l’était Achille, et la flèche de l’étrange Pâris que le sort aujourd’hui lui envoie ne portera pas plus coup que le trait imbécile du vieux Priam !
Pour qui ne voit que l’art seul, l’art divin d’écrire, il y a dans son livre de ces passages qui ressemblent, pour la profondeur et la netteté pure de l’empreinte, aux plus magnifiques intailles de la glyptique moderne.
Il a une mémoire merveilleuse et quasi divine qui lui tient lieu de modèle.
Salut à toi mon épouse divine !
Cette béatification universelle sera obtenue par la perpétuité des incarnations divines. […] Ce gosse divin a aujourd’hui douze ans. […] Cela veut-il dire la fée ou la divine ? […] Apprends aussi, quand tu cèdes à l’amour, à bien utiliser ces minutes divines pour la plus grande joie possible de ta sensibilité. […] Les notions du divin, de l’idéal, du progrès seront toujours des appareils à gâcher le bonheur présent en vue d’un bonheur futur, également chimérique pour l’individu et pour l’espèce.
— Par l’esprit de détachement, par la soif et par la joie du sacrifice, l’humanité s’élève d’elle-même : en souffrant, et plus que tout à l’heure, mais d’une souffrance qu’elle veut et qu’elle aime ; en expiant, sans même avoir péché ; en offrant à sa conscience comme des holocaustes les douleurs acceptées et cherchées ; voici que, sans miracle, comme tout à l’heure sans magie, elle refait ce qu’il y a de divin en elle, recrée le ciel et remonte dans la lumière : Jocelyn. […] Si l’homme se trouble de la présence du mal dans l’œuvre de Dieu, qu’il s’élève à la contemplation du divin. […] — Or l’esprit du Seigneur qui dans notre nuit plonge, Vit son doute et sourit ; et l’emportant en songe Au point de l’infini d’où le regard divin Voit les commencements, les milieux et la fin « Regarde », lui dit-il………. […] Il n’est point de cri de haine, de blasphème plus sinistre en sa sobriété, en sa simplicité calme que la fin du Mont des Oliviers : Ainsi le divin Fils parlait au divin Père. […] Avant vous, j’étais belle et toujours parfumée ; J’abandonnais au vent mes cheveux tout entiers, Je suivais dans les cieux ma route accoutumée, Sur l’axe harmonieux des divins balanciers.
Blonde dont les coiffeurs divins sont les orfèvres, dit-il dans le sonnet galant du Placet Futile. […] Dites si artifice, préparé mieux et à beaucoup, égalitaire que cette communion, d’abord esthétique, en le héros du Drame divin. […] Partout on voit marcher l’idée en mission, Et le bruit du travail plein de parole humaine Se mêle au chant divin de la création, écrivait Victor Hugo au lendemain de 1830. […] Descartes, dans un état d’esprit peut-être pas très différent appliqué aux objets mathématiques, estimait que la véracité perpétuelle des intuitions, la valeur stable du raisonnement, ne pouvaient se fonder que sur un miracle, par un acte de foi en la véracité divine. […] Le vers pour lui porte son trait le plus divin dans son caractère définitif (ce qui ne l’empêchait pas de corriger fréquemment les siens dans les éditions nouvelles) « mot total, neuf et comme incantatoire » il l’emporte par la durée sur les mots isolés qui vieillissent, ou mieux il leur communique sa durée tant que subsiste la langue.
Ils n’ont point de génie ; mais leur pénétrante analyse voit plus clair dans l’intérieur d’un génie que l’homme qui, possédant ce don divin, en est ébloui et enivré. […] De la gloire en naissant il m’a donné la fièvre ; Mais le charbon divin n’a pas touché ma lèvre. […] Le Paradis perdu, moins plastique que l’Iliade et que la Divine comédie, ne semble pas destiné à leur haute fortune, mais plutôt à celle de la Jérusalem délivrée : je veux dire que Milton et le Tasse, grands hommes en leur temps ou après leur temps, et ayant dans l’histoire littéraire une place qui ne leur sera plus ôtée, mais lus de moins en moins, délaissés désormais sans être ni méprisés, ni oubliés, abrités par l’indifférence contre la malveillance, respectés, glorieux même, paraissent devoir rester éternellement de grands noms éclatants et sonores… « J’en connais de plus misérables. » XXII Dans une loterie où les billets se comptent par millions, l’acheteur qui en prend un espère gagner le gros lot de cinq cent mille francs, et cet espoir lui est permis s’il y a un gagnant du gros lot ; mais n’est-ce pas bien joli déjà d’en gagner un petit de dix mille ou de mille ? […] Écrivant sous la dictée divine, les écrivains de génie font, comme dirait Victor Hugo, les fautes habituelles à Dieu130. […] Votre esprit charmant et profond s’est amusé141 à chercher le résidu métaphorique d’une phrase purement abstraite et métaphysique en apparence : « L’âme possède Dieu dans la mesure où elle participe de l’absolu. » Ramenée aux origines sensorielles dont elle est issue, retraduite dans les images qui lui ont donné naissance, voici ce que cette petite phrase devient ou redevient : « Le souffle est assis sur celui qui brille, au boisseau du don qu’il reçoit en ce qui est hors le fendu. » Véritable rébus, dont l’énigme commence à s’éclaircir un peu par l’explication suivante : « Celui dont le souffle est un signe de vie (l’homme) prendra place (après la mort) dans le feu divin, source et foyer de la vie, et cette place lui sera mesurée sur la vertu qui lui a été donnée (par les démons) d’étendre ce souffle chaud, cette petite âme invisible, à travers l’espace que rien ne divise (le bleu du ciel). » Est-ce la sentence d’un sage ou quelque hymne védique ?
Depuis dix-neuf siècles on chante tous les ans : « Venez, divin Messie », comme si le Messie n’était pas venu encore. […] Le théologien m’a répondu : « La foi proprement dite ou « foi divine » (au sens de foi à Dieu) consiste en ce que l’on croit une vérité révélée et qu’on la croit à cause de l’autorité de Dieu qui la révèle. […] À la Vénus qui se montre à Énée dans les bois de Carthage (« Elle avait l’air et le visage d’une vierge, et elle était armée à la manière d’une fille de Sparte »), il préfère le séraphin Raphaël qui va visiter Adam et qui, « pour ombrager ses formes divines, porte six ailes ». — « Ici, dit-il, Raphaël est plus beau que Vénus. » Avec ses trois paires d’ailes ? […] Pour sauver Cymodocée du naufrage, « la divine Mère du Sauveur… envoie Gabriel à l’ange des mers ». […] …………………………………………… Ô fille de l’exil, Atala, fille honnête, Après messe entendue, en nos saints tête-à-tête, Je prétends chaque jour relire auprès de toi Trois modèles divins : la Bible, Homère et moi !
La morale qui découle de là, c’est qu’il faut tout aimer, puisque tout est divin, comme nous-mêmes, puisque nous le sommes. […] Et enfin voici cette charmante, cette divine duchesse de Bourgogne, qui enchanta le roi, qui enchanta Mme de Maintenon, qui enchanta la cour, qui enchanta tout le monde, ni plus ni moins, peut-être plus, qu’avait fait, vingt ans auparavant, sa propre grand’mère, Madame, Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans. […] Complices, les après-midi alanguissantes ; complices, les soirées douces et berceuses ; complices, les nuits divines aux ombres transparentes et comme diaphanes. […] George Sand y fut toujours divine ; Musset toujours condamnable, malgré le soin qu’on prend de temps en temps de dire que si toutes les lettres étaient publiées, tous les deux sortiraient grandis de cette épreuve. […] Selon lui, pour Bismarck, la force indiquait un dessein de Dieu, portait, par conséquent, une marque divine ; était vénérable à cause de cela ; et il y avait, pour Bismarck, comme un « droit divin » de la force.
Gardons-nous de confondre le vrai don d’écrire, qui a en lui quelque chose de divin, avec ce funeste mal d’écrire qui nous dévore. […] Pourquoi ne pas acclimater parmi nous des dispositions esthétiques capables d’inspirer des récits comme la Famille Tulliver, cette histoire inimitable et divine ? […] Beaux chérubins d’or, têtes d’anges, monde enchanteur de l’enfance, grâce divine des fillettes, haleines pures des petites bouches qui ravissaient Montaigne, tout cela est dans le livre de M. […] Elle qui avait fréquenté sans péril la haute société de l’ancien régime, elle ne sut pas résister à ce magicien exerçant, quand il le voulait, un charme qui le faisait presque l’égal des héros que chantait sa prose divine. […] Les blâmerions-nous de s’être laissé séduire, nous qui éprouvons tant d’admiration pour ces « chantres de race divine », qui sont pourtant des hommes comme les autres ?
Le même Alexis, à quatre-vingts ans, écrira au bas d’un crucifix qu’il avait dans sa chambre le quatrain suivant : Ô de l’amour divin sacrifice éclatant ! […] Trévor, ministre d’Angleterre ; le marquis Arioste, Italien, de la famille du divin Arioste ; Voltaire, etc., etc.
Ce qui dure sans avoir besoin d’une jeunesse nouvelle et sans craindre la décrépitude comme les œuvres des hommes, c’est la mer et l’horizon des montagnes et cette divine lumière que je retrouve tels que je les ai connus, aussi surpris qu’à mon premier voyage parce que je sors de nos brumes, et plus ému, parce qu’ayant eu déjà le loisir de les aimer, j’avais eu le temps aussi de les regretter plus d’une fois. » Ailleurs, regrettant la perte de quelques illusions, il se félicite d’en garder au moins une : « C’est, dit-il, mon amour pour la Grèce que je ne puis cesser d’admirer, après l’avoir retrouvée plus belle que mes souvenirs. » Je ne crois pas sortir de mon sujet ni abonder dans le trop de familiarité en relevant ce passage naturel d’une lettre à son frère Adolphe Gandar ; nous sommes dans le monde homérique où l’on ose être homme avec tout ce qu’il y a d’humain en nous, et où les pleurs qu’on verse ne sont pas une marque de faiblesse : « (Athènes, 5 mai 1853.) — Beulé m’a quitté dimanche (jour de la Pâque grecque). […] Il avait un exemplaire de la Divine Comédie qui lui avait été donné par le peintre Émile Michel, et il s’y trouvait, entre les feuillets non coupés, des fleurs séchées qui étaient sans doute un souvenir des printemps d’Italie : « Quel dommage, écrivait-il à son ami (31 décembre 1856), que ni vous ni moi nous n’ayons lu ce livre, là où vous avez cueilli ces fleurs !
« Ce dernier vers est divin », dit André Chénier, un peu jeune dans toute cette admiration de détail. — Saint Pierre se prend à envier le sort des Saints Innocents, massacrés pour Jésus-Christ et baptisés dans leur propre sang : Que je porte d’envie à la troupe innocente De ceux qui, massacrés d’une main violente, Virent dès le matin leur beau jour accourci ! […] Il y a eu, depuis Malherbe, peu de nos poètes qui l’aient égalé dans cet art charmant des Anciens, de rendre poétiquement des détails géographiques : rien ne donne plus d’âme et de vie à un tableau. » Et déjà pâle d’effroi lui paraît divin. — De ces remarques d’André Chénier sur Malherbe, bon nombre sont exquises, toutes sentent l’homme du métier et l’élève délicat des Anciens ; mais quelques-unes, je l’ai dit, semblent bien jeunes et ne sont pas encore d’un maître.
Un tel livre eût été le code en action de la politique ; mais il fallait une main divine pour l’écrire : je n’étais qu’un homme de bonne volonté. […] Homère, dont la poésie divine n’est que le bon sens en relief, illustré par le génie du langage et de la couleur, aurait évidemment bien gouverné plus de peuples que les rêveries prosaïques de Platon n’en auraient corrompu et anarchisé.
Une nouvelle génuflexion le plia ; il se signa à voix haute, joignit les mains devant la poitrine, commença le grand drame divin, d’une face toute pâle de foi et d’amour…. […] Et, se signant avec le calice, portant de nouveau la patène sous son menton, il prit tout le précieux sang, en trois fois, sans quitter des lèvres le bord de la coupe, consommant jusqu’à la dernière goutte le divin sacrifice.
Le caractère dominant de Mme de Staël, l’unité principale de tous les contrastes qu’elle embrassait, l’esprit rapide et pénétrant qui circulait de l’un à l’autre et soutenait cet assemblage merveilleux, c’était à coup sûr la conversation, la parole improvisée, soudaine, au moment où elle jaillissait toute divine de la source perpétuelle de son âme : c’était là, à proprement parler, ce qui constituait pour elle la vie, mot magique qu’elle a tant employé, et qu’il faut employer si souvent à son exemple en parlant d’elle. […] Mme de Staël est d’une taille moyenne, et son corps, sans avoir une élégance de nymphe, a la noblesse des proportions… Elle est forte, brunette, et son visage n’est pas à la lettre, très-beau ; mais on oublie tout dès que l’on voit ses yeux superbes, dans lesquels une grande âme divine, non-seulement étincelle, mais jette feu et flamme. […] La passion divine d’un être qu’on ne peut croire imaginaire introduit, le long des cirques antiques, une victime de plus, qu’on n’oubliera jamais ; le génie, qui l’a tirée de son sein, est un vainqueur de plus, et non pas le moindre dans cette cité de tous les vainqueurs.
Le divin Parini, comme il l’appelait quelquefois, fut son premier maître ; mais, en avançant, son vers tendit de plus en plus à se dégager de toute imitation prochaine, à se retremper directement dans la vérité et la nature. […] On a dit et il est à croire que ce fut en effet pendant un séjour à Paris, vers les premiers mois de 1810, qu’arrivèrent à Manzoni les premières idées et les lumières déterminantes dans lesquelles il lui sembla voir une indication divine ; son changement de direction religieuse data de ce moment. […] Or, il arriva que, obligé de repartir avant ces opérations d’essai, Schlegel ne vit rien de mieux que de se donner Fauriel pour remplaçant, ou, comme il le lui disait en style brahmanique : « C’est dans votre sein que je compte verser cette fonte divine dont l’ambroisie ne pourra couler qu’après mon départ. » — « Conformément à votre permission, lui écrivait-il le 10 juin, je vous ai adressé le fondeur, M. […] Cela vous coûtera quelques quarts d’heure, dont Vichnou vous récompensera par des années divines. » — Et quelques jours après : « Voici encore du plomb, mon cher pandita, que j’ai soustrait à l’usage meurtrier que les mlîcchas en font dans leurs guerres et consacré au culte pacifique de Brahma. » A peine retourné à Bonn, Schlegel se hâta d’écrire à Fauriel pour constituer la correspondance qui, pendant les mois suivants, fut en effet très-active entre eux.
Il n’est pas de vin qui ne monte à la tête, si l’on en boit avec excès, et l’ambroisie romantique fut trop enivrante, pour ne pas troubler le cerveau de tous ceux qui la goûtaient dans la coupe divine de l’Art. […] Je sais très bien que dans l’Essence divine les attributs de vérité, de bonté et de beauté sont réunis ; mais je sais aussi avec une certitude expérimentale, que dans les œuvres humaines, ils se trouvent séparés, et toujours à un degré relatif. […] Cependant ce sont des parties de ce divin tout : le génie de Cervantès les a marquées de son estampille et, pour le déclarer d’une fois, elles sont très bien où elles sont et je ne les effacerais pas s’il dépendait de moi de les supprimer. […] Il faut ici remarquer que la majorité des critiques semble s’imaginer qu’il n’existe qu’un genre d’immoralité, l’immoralité érotique, comme si la loi divine se réduisait à un commandement.
Dans le tableau de Prud’hon, le Crime est représenté par un assassin qui fuit, tandis que la Justice et la Vengeance divine sont personnifiées. […] On s’évertue par exemple à trouver le sens véritable de mainte figure allégorique de la Divine Comédie. […] Est-ce le souvenir de la femme aimée, ou son âme, ou l’amour humain exalté et transposé en amour divin, ou l’aspiration vers l’idéal, ou la théologie ? […] Pour donner l’impression du divin, on n’a souvent trouvé que le monstrueux. […] Le sublime esthétique produira l’impression du divin par la surnaturelle beauté de l’image.
Théophile Gautier Né en 1811 — Mort en 1872 J’ai accepté un peu étourdiment, je m’en aperçois en prenant la plume, d’écrire les quelques lignes qui doivent accompagner mon portrait, dessiné par Mouilleron d’après l’excellente photographie de Bertall1. Au premier coup d’œil cela semble bien simple de rédiger des notes sur sa propre vie. On est, on le croit du moins, à la source des renseignements, et l’on serait mal venu ensuite à se plaindre de l’inexactitude ordinaire des biographes. « Connais-toi toi-même » est un bon conseil philosophique, mais plus difficile à suivre qu’on ne pense, et je découvre à mon embarras que je ne suis pas aussi informé sur mon propre compte que je me l’imaginais. Le visage qu’on regarde de moins est son visage à soi. Mais enfin, j’ai promis, il vaut que je m’exécute.
Vous savez bien le mérite de ces deux hommes nés divins.
Ce talent admirable d’orateur moraliste et tendre, cette âme charmante, virgilienne et racinienne, ce panégyriste de la Madeleine repentie, après une première saison d’austérité et de ferveur, s’était apaisé comme il est naturel, s’était même attiédi du côté de la foi et était arrivé, sur la fin, à plus de sagesse humaine peut-être que divine.
Mais honte, confusion, humiliation profonde, au misérable qui si longtemps a fui devant son divin maître, et avec une si horrible obstination s’est refusé au bonheur de le servir !
Telles déjà, selon l’oracle ancien, Au fond d’un bois, les divines abeilles, Gage choisi de clémentes merveilles.
Jamais la lecture de Diderot ne le mit en larmes et ne se lia dans sa jeune tête avec des rêves de vertu ; jamais les préceptes de d’Alembert sur la bienfaisance ne remplacèrent pour son cœur avide de charité l’Épître divine de saint Paul ; Brissot, Roland, les Girondins, ne lui parlèrent à aucune époque comme des frères aînés et des martyrs.
Faut-il qu’on puisse raconter de Crébillon fils la même flatteuse aventure qu’on raconte, bien que par erreur, du plus chaste et du plus divin de nos poëtes102 !
Leurs doigts avaient cueilli le rosage et les fraises ; Et, cadençant leur vol aux divines chansons, Dans leur danse indécise ils rasaient les gazons.
Lorsque Dieu forma le cœur et les entrailles de l’homme, il mit premièrement la bonté, comme propre caractère de la nature divine, et pour être comme la marque de cette main bienfaisante dont nous sortons.
Nisard admire cette manière auguste de reculer le trône intérieur de la majesté divine assez loin des regards de l’homme pour que celui-ci ne s’en exagère pas le voisinage.
Les uns véritablement prédestinés et divins, naissent avec leur lot, ne s’occupent guère à le grossir grain à grain en cette vie, mais le dispensent avec profusion et comme à pleines mains en leurs œuvres ; car leur trésor est inépuisable au dedans.
Or, à part un très-petit nombre de noms grandioses et fortunés qui, par l’à-propos de leur venue, l’étoile constante de leurs destins, et aussi l’immensité des choses humaines et divines qu’ils ont les premiers reproduites glorieusement, conservent ce privilège éternel de ne pas vieillir, ce sort un peu sombre, mais fatal, est commun à tout ce qui porte dans l’ordre des lettres le titre de talent et même celui de génie.
Le désintéressement et l’amour de la paix comme de la vérité étaient son caractère ; c’était une âme divine. » 125.
Les âmes qui se complaisent à rattacher la destinée de l’homme à une pensée divine, voient dans cet ensemble, dans cette relation intime entre tout ce qui est bien, une preuve de plus de l’unité morale, de l’unité de conception qui dirige cet univers.
Par cet amour qui vous fait embrasser tout le genre humain, qui vous a fait descendre du ciel et revêtir notre humanité nue, qui vous a fait souffrir la faim, la soif, le froid, la chaleur, le labeur, les moqueries, le mépris, les coups, la flagellation, la mort enfin sur une croix ; par cet excès d’amour, ô mon Sauveur Jésus, je vous supplie et vous conjure de détourner vos regards, votre face de mes péchés, afin que cité à comparaître devant votre tribunal, ce que je sens devoir être très-prochain, je ne sois pas puni pour mes fraudes, mes péchés, mais pardonné par les mérites de votre croix : qu’il plaide, qu’il plaide en ma faveur, ce sang, le plus précieux de tous, que vous avez répandu sur ce sublime autel de notre rédemption, et pour rendre l’homme libre, donner à l’homme la liberté. » Après ces paroles et d’autres encore, devant tous les assistants en pleurs, le prêtre ordonna qu’on le relevât et qu’on le mît dans son lit pour qu’on lui administrât plus facilement le sacrement : il s’y opposa d’abord ; mais, de crainte de manquer d’obéissance au vieillard, il se laissa fléchir, et répétant avec fermeté les paroles sacramentales, déjà sanctifié et vénérable par une sorte de majesté divine, il reçut le corps et le sang du Seigneur.
Cependant après que les Grecs nous ont enseigné que l’enthousiasme poétique est une ivresse, un délire, une divine manie, après que nos romantiques, envoyant par les plaines et par les monts les poètes « sacrés, échevelés, sublimes », nous ont confirmés dans l’idée qu’il est de leur essence de ne point être raisonnables comme le commun des hommes, nous nous étonnons d’entendre Boileau rappeler incessamment les poètes à la raison.
Je ne vais pas désirant qu’elle eût à dire la nécessité de boire et de manger… J’accepte de bon cœur et reconnaissant ce que la nature a fait pour moi, et m’en agrée et m’en loue… Nature est un doux guide ; mais non pas plus doux que prudent et juste : je quête partout sa piste… C’est une absolue perfection et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être. » Cet optimisme épicurien, très décidé et très affirmatif, n’est pas moins le fond et l’âme des Essais que le scepticisme.
Faire éclater l’absence d’une intelligence divine dans le tissu des événements humains, expliquer les faits par des liaisons mécaniques et fatales, mettre en lumière la puissance des petites causes, la souveraineté du hasard, voilà le dessein de Voltaire.
Une ambition de cet ordre ne laisse donc le plus souvent ni scrupule ni inquiétude de conscience : en priant Dieu de l’éclairer sur sa vocation épiscopale, le prêtre se convainc presque inévitablement qu’il se conforme, en effet, à la volonté divine.
Quand son initiative, ou la force virtuelle des caractères divins lui enseigne de les mettre en œuvre.
Calvin traite en grand écrivain toutes les questions de la philosophie chrétienne, la conscience, la liberté chrétienne, la Providence divine, les traditions humaines, le renoncement à soi.
Une morale, c’est plus que le goût de tout ce qui est moral, plus que l’amour du droit, plus que la justice et la bienfaisance ; c’est la certitude que toutes ces choses ne sont pas de purs mérites de la volonté, mais des lois divines obéies, et qu’en les pratiquant d’un cœur sincère, on reste infiniment au-dessous de ce qu’elles prescrivent.
Il cherchait de bonne foi, pour tous ses instincts honnêtes, une origine divine.
César humilie sa gloire devant Cléopâtre : il lui rend grâces-de la victoire qu’il vient de remporter à Pharsale : Car le dieu des combats M’y favorisait moins que vos divins appâts.
Dans une orgie célèbre qu’il fit, lui, homme de plus de quarante ans, avec quelques débauchés de sa connaissance, durant la Semaine sainte de 1659, il fut accusé, non sans vraisemblance, d’avoir composé des couplets, d’horribles Alléluia qui offensaient à la fois la majesté divine et les majestés humaines ; et, à dater de ce moment, devenu particulièrement suspect à la reine mère et au roi, bien loin de se surveiller, il accumula les imprudences.
Je n’ai jamais considéré, d’ailleurs, la Révolution française au point de vue de cet auteur, adversaire à outrance, qui a pu compulser et produire bien des documents et les interpréter dans le sens de ses systèmes, mais qui n’a pas la tradition des choses dont il parle : la tradition, cette voix divine, comme disaient les anciens, et qui maintient et remet le chanteur dans le ton juste.
Il n’est pas exagéré de dire qu’une religion scientifique régit de nos jours les hommes avec la même rigueur que la religion divine leur commandait naguère.
Une de ces dynasties vient-elle à tomber, est-elle remplacée par un pouvoir nouveau, voici changées les lois divines qui émanaient du moi ; il apparaît aussitôt que tout ce qui fut accompli au nom du pouvoir précédent a servi d’autres fins que celles de la personne humaine, des fins propres à un instinct particulier d’un corps humain déterminé.
C’est cela surtout, l’éternité en arrière, que notre pauvre cervelle ne peut imaginer… Et pas une révélation, cela était si facile à Dieu… oui, de grandes lettres dans le ciel, quoi, une charte divine, imprimée clairement en caractères de feu.
Guizot au Père Lacordaire, les preuves vivantes et les heureux témoins du sublime progrès qui s’est accompli parmi nous dans l’intelligence et le respect de la justice, de la conscience, des droits, des lois divines, si longtemps méconnues, qui règlent les devoirs mutuels des hommes, quand il s’agit de Dieu et de la foi en Dieu.
Le marbre, la toile, le papier, empreints de la pensée de l’artiste, deviennent comme les signes vivants qui communiquent à l’âme des autres hommes l’idéal divin de la beauté.
C’est encore de la résignation et aussi de la prudence, mais c’est surtout le goût de la médiocrité conçue, désirée comme une chose excellente, comme un état divin.
Dans cette agréable pensée, il prie ses divines sœurs, les Muses, de se mettre au travail, d’inventer quelque chose, d’essayer quelque chose qui ne soit ni du Marot, quoiqu’il soit bien agréable, ni du Voiture, quoiqu’il soit bien spirituel, ni du Malherbe, quoiqu’il soit bien brillant.
Mais celui qui est sûr, absolument sûr, d’avoir produit une œuvre viable et durable, celui-là n’a plus que faire de l’éloge et se sent au-dessus de la gloire, parce qu’il est créateur, parce qu’il le sait, et parce que la joie qu’il en éprouve est une joie divine.
Il réduit des dieux ou des héros à n’être que de simples hommes, tout au contraire de Virgile qui fera de César une sorte de pasteur idéal, presque divin, Daphnis23. […] Elle trouvait quelque intérêt à ce que l’idée mystique empruntât, pour se traduire, des représentations d’une réalité banale et vulgaire : plus le corps était lourd, déjeté, cassé, déprimé par la servitude de quelque métier, plus aussi il était touchant quand il se pliait gauchement à l’adoration, et mieux il faisait éclater le dualisme de notre nature, si noble par son origine, si dégradée par sa chute ; le rayon divin de l’extase brillait plus vif quand il venait éclairer ces pauvres visages fanés où les labeurs de la vie réelle avaient creusé leurs sillons. […] Ils étirent sur la croix le pauvre corps divin qui pend lamentablement, rompu, roué, sanguinolent, plissé par la saillie des muscles et des os, avec une recherche anatomique qui vise non pas à la précision, mais déjà à l’effet : et cet effet, c’est l’horreur. […] Cette sympathie vraie, sincère, attendrie jusqu’à la pitié secourable, tient de la charité chrétienne qui fait aimer les hommes en Dieu, et qui fortifie le sentiment humain de la bienfaisance par le sentiment divin de l’adoration : « J’ai poursuivi la vie dans la réalité, non dans les rêves de l’imagination, et je suis arrivé ainsi à celui qui est la source de la vie », nous dit Dostoïevsky. […] et il riait aux larmes185. » C’est enfin par un sentiment moral qui procède du christianisme et qui prend toutes ses formes naturelles dans La Guerre et la Paix : croyance à la vertu vivifiante et régénératrice de la douleur, culte de la fraternité humaine, amour de la simplicité, contentement qui vient de la paix de l’âme, respect de l’inconnu divin, donnant au scepticisme même l’air d’une foi qui se prépare ; enfin, et par-dessus tout, idée de ce que Kant appelle l’impératif catégorique, c’est-à-dire du caractère absolu de la loi morale.
C’est là ce qu’il appelait le « Divin », qui n’était, au fond, que « l’humain » en progrès être. « Que votre règne arrive ! […] La lente apothéose de l’humanité, c’était l’image de la lente, persévérante et continue création du divin dans la conscience d’Ernest Renan. […] La femme belle exprime aussi bien une face du but divin que la femme vertueuse. […] Il leva la tête, il la regarda en face, et avec un soupir de mourant qui veut la mort, retrouvant sa voix de divine bonté : « Comme tu t’animes ! […] Il y a une scène divine à cet égard.
Plus sournoise, moins franche en ses rancunes, moins nettement cruelle parce que moins courageuse et moins persuadée de sa légitimité que les régimes de droit divin, la caste dirigeante procède dans ses vengeances selon la plus détestable hypocrisie. […] Elles ont alangui leurs regards et leurs poses Au silence divin qui les unit aux choses Et qui fait, sur leur sein qu’il gonfle, par moment, Passer un paternel et doux frémissement. […] Mais elle eut aussi un résultat éternel : l’abolition du droit divin, le développement sans bornes de l’esprit d’examen l’avènement de la science : c’est-à-dire la victoire assurée à l’homme sur les fantômes qu’il se créa jadis. […] Orphée a enseigné l’horreur du meurtre, Musée les oracles et la médecine, Hésiode l’agriculture et ce divin Homère l’héroïsme. […] Je la vois maintenant sourire et s’éveiller Comme un enfant divin au berceau de la terre.
La monarchie est de droit divin, l’abandonner est aller contre Dieu, pactiser avec la Révolution, rêver ce dénouement monstrueux d’utiliser la démence des hommes pour mieux rétablir sur eux son pouvoir. […] Il rappelle qu’au concile de Trente, l’Église n’a été sauvée que parce qu’elle a eu le divin entêtement de s’enfermer dans le dogme étroit, et qu’elle n’a rien voulu concéder. […] Elle était absente du cœur de l’artiste qui peignit cette toile sombre, elle est absente de presque tous les cœurs, l’espérance d’une absolution divine, d’une innocence reconquise, d’un bonheur éternel promis au plus coupable des coupables. […] Elle est aussi libre que la plus libre démocratie, mais, avec un roi ou une reine, ce pays, bien petit aujourd’hui et bien faible à côté d’un formidable voisin, est protégé par la solidarité monarchique, par le respect qu’un empereur de droit divin doit professer, malgré qu’il en ait. […] Ce dernier mouvement était pour eux le précurseur de la mort, leurs yeux décolorés s’ouvraient vers le ciel ; un rire de bonheur contractait leurs lèvres ; on eût pu croire qu’une consolation divine adoucissait leur agonie, que dénonçait une salive épileptique.
Elles sont là, comme devant une pénétrante et divine fascination, dans des immobilités de rêve, que chatouille, par instants, l’effleurement d’un frisson. […] mais c’est une création de l’homme, et sa plus grande, et sa plus merveilleuse, et sa plus divine, dirais-je par habitude — une création contre nature.
Je me suis dit de bonne heure : l’homme sensé ne peut pas vivre sans Dieu et sans religion : ce serait un effet qui voudrait subsister sans relation avec sa cause ; mais la foi en Dieu suppose un culte qui l’adore, une morale qui se conforme à ses perfections, une action qui concourt à sa divine et souveraine volonté. […] La philosophie imprime à l’action sa tendance divine à l’amélioration du sort de toutes les classes, sans exception, de la société humaine ; l’action donne à cette philosophie politique son efficacité, sa force, sa mesure, son opportunité, sa modération.
Dans ses yeux de sexagénaire, on surprenait « le regard divin de l’enfant », un « étonnement incrédule » devant le mal10. […] Avec ses dogmes pacifiants, l’humaine et divine douceur de sa morale, les clartés qu’il ouvre sur l’au-delà, il force ou attire l’attention de quiconque a le souci, non pas seulement des choses spirituelles, mais des choses sociales. […] Comment Berryer naquit orateur, comment le don divin germa et se développa en lui, ce livre le raconte. […] Et à cause de cela même, il y était « plus conscient de cette force divine que partout ailleurs ». […] Or, il fallait à la sienne une liberté altière ; il se voulait affranchi de tout le borné et le passager, en « l’état divin » du silence et du repos, tout à la volupté de prendre conscience de son être et d’écouter « bruire le temps ».
C’étoit un convulsionnaire débauché, ne se refusant rien de ce que lui dictoit son imagination bisarre & libertine ; abrogeant les sacremens qu’il prétendoit n’être pas d’institution divine ; faisant des mariages de sa seule autorité. […] Aux honneurs divins près, Confucius a tous ceux qu’on peut accorder à un homme qui, sans le secours de la révélation, a si bien parlé de la divinité. […] On crut voir heurter tous les principes, anéantir toutes les loix divines & humaines, sous cette idée éblouissante de rassembler en un corps, & de transmettre à la postérité le dépôt de toutes les sciences & de tous les arts. […] Les muses, qui l’eut cru, laissant leur saint vallon, Vinrent, jusques aux bords des mers de Caledon, Apprendre à Buchanan, dans un antre sauvage, Les secrets les plus beaux de leur divin langage ; Et personne ne mêle, avec plus de beauté, La pompe, la douceur, la force & la clarté. […] On garde ailleurs ses os, ses dépouilles mortelles : Mais le divin amour, sur ses rapides aîles, Nous apporte son cœur, ce cœur pur & constant, Qui, de ces lieux chéris, ne fut jamais absent(*).
Mais à peine eus-je touché le premier bouton de ma bottine, ma poitrine s’enfla, remplie d’une présence inconnue, divine, des sanglots me secouèrent, des larmes ruisselèrent de mes yeux. […] Si bien qu’elle faisait confesser leur prix et goûter leur douceur divine, par tous ces mêmes assistants — si seulement ils étaient un peu musiciens — qui ensuite les méconnaîtraient dans la vie, en chaque amour particulier qu’ils verraient naître près d’eux. […] Nous périrons mais nous avons pour otages ces captives divines qui suivront notre chance. […] Nous périrons mais nous avons pour otages ces captives divines, qui suivront notre chance.
La célébration du service divin est décrite de main de maître ; j’y copie ces lignes : Maintenant, toute la cathédrale braisillait, ardente. […] Le service divin est terminé, on va se diriger vers cet hôtel princier où l’attend sa chambre de noces, toute de soie blanche. […] Monseigneur, de son geste habituel de bénédiction pastorale, aidait cette âme à se délivrer, calmé lui-même, retourné au néant divin. […] Un rêve sur le divin. — 1887. Un rêve sur le divin est un livre de saine philosophie écrit par une femme.
Voici comment il nous décrit, à la fin du jour, cet aspect de la nature, considérée comme un temple, en train de célébrer le culte divin : Comme une lampe d’or dans l’azur suspendue, La lune se balance au bord de l’horizon ; Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon, Et le voile des nuits sur les monts se déplie. […] C’est ce qu’il indique dans un très beau sonnet, intitulé justement Les Montreurs, c’est-à-dire dirigé contre ceux qui se montrent à tout le monde, qui font à n’importe qui les honneurs de leur sensibilité : Tel qu’un morne animal, meurtri, plein de poussière, La chaîne au cou, hurlant au chaud soleil d’été, Promène qui voudra son cœur ensanglanté Sur ton pavé cynique, ô plèbe carnassière : Pour mettre un feu stérile en ton œil hébété, Pour mendier ton rire ou ta pitié grossière, Déchire qui voudra la robe de lumière De la pudeur divine et de la volupté. […] Le soleil te parle en paroles sublimes ; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ; Et retourne à pas lents vers les cités infimes, Le cœur trompé sept fois dans le néant divin.
Puis au retour, après le mariage, l’émigration ; la guerre au siège de Thionville, les veilles nocturnes du camp qui ont servi à peindre celles d’Eudore dans les Martyrs ; la blessure, le retour à Namur par les Ardennes où le poëte, qui a ébauché déjà Atala et René, est près de mourir d’épuisement ; Jersey, Londres ; la vie de misère et de noble fierté, l’Essai sur les Révolutions, l’histoire divine de Charlotte, et, à la nouvelle de la mort d’une mère pieuse, la pensée conçue, le vœu du Génie du Christianisme.
Diderot fut cet homme ; Diderot, riche et fertile nature, ouverte à tous les germes, et les fécondant en son sein, les transformant presque au hasard par une force spontanée et confuse ; moule vaste et bouillonnant où tout se fond, où tout se broie, où tout fermente ; capacité la plus encyclopédique qui fût alors, mais capacité active, dévorante à la fois et vivifiante, animant, embrasant tout ce qui y tombe, et le renvoyant au dehors dans des torrents de flamme et aussi de fumée ; Diderot, passant d’une machine à bas qu’il démonte et décrit, aux creusets de d’Holbach et de Rouelle, aux considérations de Bordeu ; disséquant, s’il le veut, l’homme et ses sens aussi dextrement que Condillac, dédoublant le fil de cheveu le plus ténu sans qu’il se brise, puis tout d’un coup rentrant au sein de l’être, de l’espace, de la nature, et taillant en plein dans la grande géométrie métaphysique quelques larges lambeaux, quelques pages sublimes et lumineuses que Malebranche ou Leibnitz auraient pu signer avec orgueil s’ils n’eussent été chrétiens84 ; esprit d’intelligence, de hardiesse et de conjecture, alternant du fait à la rêverie, flottant de la majesté au cynisme, bon jusque dans son désordre, un peu mystique dans son incrédulité, et auquel il n’a manqué, comme à son siècle, pour avoir l’harmonie, qu’un rayon divin, un fiat lux, une idée régulatrice, un Dieu85.
On se révolte, il est vrai, de temps à autre, contre ces belles réputations simples et hautes, conquises à si peu de frais, ce semble ; on en veut secouer le joug ; mais, à chaque effort contre elles, de près, on retrouve cette multitude de pensées admirables, concises, éternelles, comme autant de chaînons indestructibles : on y est repris de toutes parts comme dans les divines mailles des filets de Vulcain.
C’est le parfum de l’amour, indélébile comme ce qui est divin ; on sent jusqu’à la dernière vieillesse qu’il a passé dans les cœurs, et qu’il a amélioré la nature.
S’inquiétant des mêmes soucis qui agitent les esprits actuels, Sainte-Beuve disait notamment : « Ne pas avoir le sentiment des Lettres, cela, chez les anciens, voulait dire ne pas avoir le sentiment de la vertu, de la gloire, de la beauté, en un mot de tout ce qu’il y a de véritablement divin sur la terre : que ce soit là encore notre symbole.
De là, dans le même homme, ce merveilleux spectacle d’un être intelligent qui sépare en lui le terrestre du divin, qui se préfère à lui-même, qui sacrifie la nature à la raison.
C’est la Renaissance qui lui fait dire que l’imprimerie a été inventée de son temps « par inspiration divine », que les lettres « sont une manne céleste de bonne doctrine57. » C’est la Renaissance qui lui fait écrire au savant Tiraqueau58 : « Comment se fait-il qu’au milieu de la lumière qui brille dans notre siècle, et lorsque par un bienfait spécial des dieux » (il est plus près d’être païen que théologien) « nous voyons renaître les connaissances les plus utiles et les plus précieuses, il se trouve encore çà et là des gens qui ne veulent ou ne peuvent ôter leurs yeux de ce brouillard gothique et plus que cimmérien dont nous étions enveloppés, au lieu de les élever à la brillante clarté dusoleil ?
Fol qui n’avisois pas que sa divine grâce, Qui va cachant son art d’un art qui tout surpasse, N’a rien si difficile à se voir exprimer Que la facilité qui le fait estimer.
Écoutez seulement leurs préceptes divins ; Soyez-leur attentif, même aux choses légères ; Bien chez eux n’est léger… J’ai cru rendre service aux lettres latines et françaises en réimprimant cette traduction de Sénèque dans la Collection des auteurs latins traduits en français.
Elles l’aident à marcher, mais elles perpétuent sa faiblesse, s’il les regarde comme des institutions divines et ne sait pas se résigner à en changer.
.), enfin sur la part de divin qui est en toute chose, qui fait le droit à être, et qui convenablement mise en jour constitue la beauté.
Ainsi était commencé le drame de Gœtterdaemmerung, — le Crepuscule des Dieux : — Siegfried, ayant quitté Brünnhilde, était pris par l’esprit de mensonge, il oubliait Brünnhilde, il la trahissait, il se parjurait, le loyal Héros ; et la sainte Voyante, Brünnhilde, chutée de la divine Virginité, privée de la Sagesse, possédée par l’Egoïsme, ordonnait la mort de Siegfried.
Cette influence fut profonde, mais aussi n’est-ce pas à la surface qu’on en trouvera les traces ; on peut la résumer en ceci, qu’elle élargit et précisa les vues de Wagner, et qu’elle lui infusa de nouvelles forces et une foi toute joyeuse et inébranlable en lui-même, en raffermissant sa foi dans la mission divine, toute puissante, de l’artiste.
En la piété de sa fière songerie, il y avait placé le joyau du divin sacrifice, une relique merveilleuse, deux lois sanctifiée : il avait voulu que la coupe où s’épandit le sang invisible du Christ, par l’immolation des paroles prononcées à la Cène, fût aussi le précieux vase où Joseph d’Arimathie recueillit le sang visible du Dieu mort sur la croix.
On voit dans celui qui est au huitiéme tome, l’établissement divin du Christianisme, & le gouvernement de l’Eglise ; au treiziéme, l’inondation des Barbares & la décadence des études ; au seiziéme, le changement dans la discipline & dans la pénitence, les translations, érections, appellations, &c. ; au dix-septiéme, les Universités & les études ; au dix-huitiéme, les Croisades & les Indulgences ; au dix-neuviéme, la juridiction essentielle à l’Eglise ; enfin au vingtiéme on trouve les réfléxions de l’auteur sur l’état des divers Ordres Religieux qui subsistoient au XIVme. siécle.
Mais lorsque l’amour, au contraire, est, comme dans la poésie allemande, un rayon de la lumière divine qui vient échauffer et purifier le cœur, il a tout à la fois quelque chose de plus calme et de plus fort : dès qu’il paraît, on sent qu’il domine tout ce qui l’entoure.
Capefigue, qui n’y a pas assisté pourtant, s’est laissé enivrer aux soupers divins, comme il dit, où l’on buvait et l’on mangeait l’honneur de la France, et d’ivresse en ivresse, il a fini par épouser des deux mains et les yeux fermés la honteuse époque qu’un esprit comme le sien aurait dû répudier avec le mépris qu’elle inspire.
Il s’agit d’une femme, et, entre toutes les femmes, de celle-là qui, par sa naissance, ses mœurs, sa vie tout entière, son esprit et son âme, devait le moins tenter la plume brillante et sèche d’un écrivain, qui n’avait jusqu’ici exprimé que des idées et qui, sur le tard de la vie, quand le rayon divin pâlit chez les autres hommes, s’essaie à peindre des sentiments.
Est-il possible de ne pas sentir que la minutieuse exactitude des détails humains ne suffit pas pour exprimer un rôle et une vie qui n’ont de sens qu’autant qu’ils sont, par un certain côté, divins ?
Le vice se cherche des incarnations à Sodome et à Lesbos, dans le château du chevalier Barbe-Bleue et dans la chambre de domestique de la Justine du « divin » marquis de Sade. […] « Notre service divin n’en est pas un », écrit Henri de Kleist. « Il parle seulement à la froide raison : mais une fête catholique parle à tous les sens ». […] La peinture et la sculpture devaient être une forme du service divin, ou elles ne devaient pas être. […] Dans toutes ses représentations entre un souvenir sourd ou clair de la Divine Comédie ou de la Vie nouvelle. […] Dans la Divine Comédie, dont l’écho susurrant résonne dans l’âme de Rossetti, nous ne trouvons rien de semblable.
Je m’étonnais, l’an dernier, d’avoir découvert cinq variétés de pavots dans mon jardin, qui, jusqu’alors, n’en possédait qu’une ; et j’attribuais ce miracle à l’industrie, ou, pour mieux dire, à l’instinct divin de la mouche à miel. […] Legras, par une très bonne et fine psychologie de Henri Heine, et par une analyse très minutieuse, très savante et très adroite des procédés de Henri Heine, d’être une contribution de premier ordre à l’enquête critique qui se poursuit depuis un demi-siècle sur le divin auteur de l’immortel Intermezzo. […] Je n’étais pas sans un peu de honte de mon aventure de jadis avec cette vague morganatique ; mais le divin Paul l’aime aussi ; j’avais donc raison ; j’avais donc bien placé mon cœur ; et donc, aussi, à côté de quel bonheur j’ai passé ! […] Les maris sont très tranquilles, rassurés, l’un par la vertu, passée en proverbe, de la divine Alyette (rôle pour Bartet), l’autre par la passion, proverbiale aussi, de Bertrand (rôle pour Le Bargy) à l’égard d’Emmeline (rôle pour Brandès). […] Il l’appelle Vie supérieure, Vie transcendantal, Vie divine, Vie absolue.
Ils apportent en tout acte une foi sérieuse et haute, et l’amour leur semble, quand ils se rejoignent hors la légalité quotidienne, les divines épousailles. […] Efflux et assises de la nécessité divine, les anges ne sont, en substance, que dans la libre sublimité des cieux absolus, où la réalité s’unifie avec l’Idéal. […] Grands ils sont à ses yeux comme consolateurs, grands comme impeccablement obéissants à des maximes dont ils n’ont d’autre clef pour les bien comprendre que de les connaître supérieures à leurs cerveaux par l’étrangeté poussée à l’absurde de leurs propositions ; si l’homme les pouvait comprendre, seraient-elles d’origine divine, Villiers ne le croit pas. […] Il garde pour les enfants le ton du cantique, et certes là Vicaire a trouvé une de ses plus belles, de ses plus franches et simples inspirations : c’est avec Lise (dans Émaux Bressans) et le portrait d’Aelis, dans Rainouart au Tinel, ce que Vicaire a fait de mieux, c’est un cantique à la Vierge qui lave les langes de l’Enfant divin. […] U, cycles vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux.
La croix monte, chargée de son divin et sanglant fardeau, dans le ciel tout bleu de Naples, et là-bas, tout près sur la montagne, ce n’est pas Jérusalem qui dresse ses temples farouches, c’est une ville d’Italie tranquille et reposée, qui étale ses petites maisons familières. […] Il y avait vraiment, à tout cela, une grande tristesse, car on se disait que cet homme avait des filles, de pauvres enfants qui ne pouvaient pourtant que puiser dans la source des divines consolations, les consolations nécessaires à leur douleur. […] Et puis, il a chanté les attendrissements divins qui entourent l’enfance fragile ; il a fait de la femme une faiblesse sacrée ; de la faiblesse une puissance, et de la puissance un pardon. […] … Je n’ai pas de théâtre où aller… Jamais dans mon pauvre cerveau ne pénétra la divine lumière qui rayonne au front de Burani… Alors je dors et je broute… — Pourquoi ne travailles-tu pas ? […] Ô généreux et divins emballements de la jeunesse !
Dans ses vers, la flamme de l’atmosphère semble danser aux chants des cigales ; mais le poëte ne demande aucune consolation à la nature indifférente et morne ; il n’implore d’elle que son éternel repos et son néant divin. […] Entre ces sonnets, il en est un précisément intitulé Nirvana : l’auteur y exprime ses aspirations à l’éternel repos et au néant divin comme tous ceux qui ne sont pas nés de leur temps, que lassent les combats d’une vie sans intérêt pour eux et que poursuit le souvenir nostalgique d’une patrie idéale perdue. […] En ce siècle hâtif qu’effrayent les longues besognes à moins que ce ne soient d’interminables romans bâclés au jour le jour, il faut un singulier courage et une patience d’enthousiasme extraordinaire pour traduire en vers, avec une fidélité scrupuleuse qui n’exclue pas l’élégance, tout l’enfer de la Divine Comédie, depuis le premier cercle jusqu’au dernier. […] En effet, la Grèce a l’Iliade et l’Odyssée ; l’Italie antique, l’Énéide ; l’Italie moderne, la Divine Comédie, le Roland Furieux, la Jérusalem délivrée ; l’Espagne, le Romancero et l’Araucana ; le Portugal, les Lusiades ; l’Angleterre, le Paradis perdu. […] Pour châtier l’orgueil de l’école libérale, la critique nouvelle lui apprenait à entendre dire que la supériorité de nos lettres était un mensonge ; que, dans l’ordre de l’épopée, l’Italie avait La Divine Comédie, l’Angleterre Le Paradis perdu, et que nous avions La Henriade ; que notre théâtre était à la mesure de notre épopée ; que la cage de nos unités avait brisé l’aile du grand Corneille ; que les véritables aigles du drame, Calderon, Lope de Vega, Shakspeare, Gœthe et Schiller, avaient pris leur magnifique envergure dans le ciel de l’art libre ; que le persiflage avait tué chez nous l’intelligence des grandes choses et que les autres nations, nous laissant volontiers la gloriole de l’esprit, avaient la gloire du génie.
S’il détruit les affections terrestres, il donne plus de force à cet amour qui se porte vers les choses divines. […] On arriva bientôt à tout nier ; déjà l’incrédulité avait rejeté les preuves divines de la révélation, et avait abjuré les devoirs et les souvenirs chrétiens : on vit alors l’athéisme lever un front plus hardi, et proclamer que tout sentiment religieux était une rêverie et un désordre de l’esprit humain. […] On doit même remarquer que, n’ayant aucune défiance de lui-même, sûr de sa propre croyance, il s’est plus franchement livré à faire une large part à la nature physique ; et précisément parce qu’il ne songeait pas à douter de l’essence divine de l’âme, sa métaphysique semble toucher davantage au matérialisme ; si bien que, dans un de ses derniers écrits, il a paru convenir que toutes ses recherches s’appliquaient, non pas à l’âme elle-même, mais à une certaine âme physique, formée d’une manière délicate, subtile et mystérieuse, par l’intermédiaire de laquelle l’âme, proprement dite, communique avec le corps. […] L’éloquence de la chaire perdit ses formes simples et presque vulgaires, qui rendaient les pensées plus fortes et plus terribles, qui lui imprimaient un caractère particulier, et la tiraient de pair d’avec les compositions des écrivains ; elle perdit aussi cette puissante érudition qui rappelait sans cesse, soit les souvenirs divins de l’Écriture, soit les souvenirs touchants des premiers âges de la religion, le génie des Pères de l’Église, les actes des martyrs ou la dévotion des solitaires. […] Rois, sénats, assemblées, peuples, tous sont coupables d’usurpation, dès qu’ils se prétendent supérieurs à la justice, dès qu’ils peuvent à leur gré ériger en crime ce qui ne l’est pas, dès qu’ils offensent la règle divine de justice et de raison qui fut déposée dans le cœur de chaque homme, comme la vraie loi souveraine.
Pour la génération qui trouvera sa révélation littéraire dans Madame Bovary, l’amour n’est nullement cette flamme parfaite et totale qui, chez les grands romantiques, participait à la nature divine. […] Flaubert ne se sent pas seulement l’âme de Binet, mais aussi celle d’un grand être divin, comme le Centaure de Maurice de Guérin, sur la croupe de qui Amour traverse les forêts d’Œbalie. […] Le discours de Bournisien au pied-bot opéré et malade peut faire rire : « Tu négligeais un peu tes devoirs, on te voyait rarement à l’office divin ; combien y a-t-il d’années que tu ne t’es approché de la sainte Table ? […] Et le sentiment qu’il éprouve pour Salammbô, c’est évidemment l’amour, mais venu de profondeurs magiques, animales et divines à la fois. […] Il fallait quelque chose de plus profond et de plus pathétique, un coup de génie divin plus inventif.
Il entendait par là imposée comme un châtiment par la justice divine. […] Nous nous trouvons en présence d’un mystique aussi épris des choses divines qu’a pu l’être l’auteur de l’Imitation. […] Elles ont du moins le mérite d’attester une fois de plus la vitalité de cette admirable province italienne, si riche d’histoire et d’art, que je n’ai jamais quittée autrefois, sans me répéter, au moment de franchir les Alpes, quand je rentrais par le nord, le vers divin de Cino de Pistoie : L’Alpe passai con voce di dolore… I Puisque j’ai nommé cette Pistoie, qui fut la patrie du noble poète, ami de Selvaggia, je m’excuse, dans ces notes rétrospectives sur la Toscane, de mentionner seulement cette ville dont je n’ai pas oublié l’admirable dôme avec ses bas-reliefs des Della Robbia en terre cuite émaillée, non plus que le palais Pretorio avec l’étonnant distique gravé dans l’ancien tribunal : Hic locus odit, amat, punit, conservat, honorat nequitiam, leges, crimina, jura, probos. […] J’ouvre un guide de Florence, celui même qui me servait dans mes voyages de jeune homme, et je relève les sujets de tableaux exposés dans cette salle de la Tribune, le sanctuaire du musée des Offices : une Sainte Famille par Al-fani, la Vierge au chardonneret par Raphaël, par Raphaël encore, un Saint Jean adolescent ; Job et Esaü, par Fra Bartholomeo ; la Vierge, Saint Jean-Baptiste et Saint Sébastien, par le Pérugin, une Sainte Famille par Michel-Ange, et tout de suite, dans la galerie consacrée à l’art toscan : un Sacrifice d’Abraham, par Jacopo da Empoli, un Saint Augustin de Botticelli, le Mariage et la Mort de la Vierge, par l’Angelico, une Sainte Famille d’Andrea del Sarto, une Adoration des Mages, de Léonard, de Ghirlandajo Saint Zenobius ressuscitant un mort, et du divin Andrea : la Vierge, Saint Jean et Saint François.
Ne croyez pas, nous dit-il, que l’effort, humain ou divin, pour éloigner progressivement le monde de l’état primitif et naturel, soit un bien, et soit signe, ou de la bonté de l’homme, ou d’une bonté céleste. […] Entre les Diderot, les Rousseau et les Voltaire, il eût été comme effaré, et se serait demandé quelle divine fureur agitait tous ces névropathes. […] Il n’a pas dit : « Aimez-vous les uns les autres » : mais il a répété toute sa vie, avec une véritable angoisse et une vraie pitié : « Supportez-vous les uns les autres. » C’est là qu’est la différence, et pourquoi il ne faut pas dire comme Voltaire : « C’était une âme divine. » Mais c’était une âme honnête, droite et bonne. […] Il n’y manque qu’un huissier au second plan ouvrant les bras à demi étendus dans un geste qui veut dire : « Spectacle divin pour une âme sensible ! […] Vous n’êtes jamais si divines que quand vous menez à la sagesse et à la vérité par le plaisir… Divines muses, je sens que vous m’inspirez… Vous voulez que je parle à la raison : elle est le plus parfait, le plus noble et le plus exquis de tous les sens. » Il a parlé à la raison ; pendant vingt années il a eu avec elle un entretien continu, plein de sincérité, d’abondance de cœur, d’infinis et renaissants plaisirs.
Un jour, après avoir relu son Euripide, il ouvre son Virgile et est frappé par un passage du IIIe livre de l’Énéide, où il retrouve cette pure Andromaque qu’il avait déjà aimée dans l’Iliade (car déjà, écolier à Port-Royal, il avait écrit, en marge de son Homère, sur ce qu’il appelle la « divine rencontre » d’Andromaque et d’Hector, un petit commentaire très intelligent et très ému). […] Et ces trois déments font d’autant mieux ressortir la beauté morale de la divine Andromaque, dont les deux amours — le conjugal et le maternel — sont purs, sages et « dans l’ordre » ; le premier d’autant plus pur qu’il s’adresse à un souvenir, à une ombre. […] Il y montre l’audace et la sûreté d’un archer divin. — Pas un vers dans les rôles d’Hermione et d’Oreste qui n’exprime, en mots rapides et forts comme des coups d’épée, les illusions, les souffrances, l’égoïsme, la folie et la méchanceté de l’amour : en sorte qu’on y trouverait la psychologie complète de l’amour-passion et de la jalousie. — Et, dans le rôle d’Andromaque, que de beaux vers simples et doux, qui traduisent, sous la forme la plus limpide et la plus noble, les sentiments les plus tendres, les plus fiers, les plus douloureux ! […] Cela veut dire que le roi s’y reconnut sans chagrin, et que, dès lors, il y eut donc, entre le roi et Racine, quelque chose de presque intime et confidentiel, quoique inexprimé, qui n’y était pas auparavant… Mais pourquoi a-t-on pris l’habitude d’appeler Bérénice une élégie divine ? C’est, bel et bien, une divine tragédie.
Nous admirons que Leconte de Lisle, à qui nous devons la cantilène divine du Manchy, les Damnés de l’Amour, la Fontaine aux lianes, tant de morceaux d’une mélodie si poignante et d’un style si pur, ait pu surcharger, défigurer, hérisser ses poèmes de l’érudition la plus abstruse, la plus accablante et la plus arbitraire. […] S’il n’y a pas trace dans le monde de volonté particulière, aucune communication concevable entre notre esprit et un esprit père du nôtre, entre notre cœur et un cœur d’où nous émanons, que signifient ces formules : le sens du Divin, la catégorie de l’Idéal ? […] Captivante, familière, précise, parfois d’une énergie et d’une originalité surprenantes, — ainsi quand il affirmait en ces termes l’immortalité de l’âme, en défendant sa thèse sur l’Induction : « Le feu divin n’a pas besoin de briques », — une parole abondante et concise exacte et pittoresque, spirituelle et passionnée ; quelque chose comme la phrase ample, puissante et souple d’un Platon et d’un Malebranche. […] Cette place, il la trouve entre les deux puissances d’intuition : les sens, d’une part, qui dans leur domaine, les phénomènes physiques, sont des témoins sûrs, — le cœur, d’autre part, dont la fonction propre est de s’attacher aux choses divines. […] Sa besogne légitime est de s’unir aux sens, quand il s’agit du monde des corps, et c’est la Science ; de se joindre aux impressions de la grâce sur le cœur, quand il s’agit du monde divin, et c’est la Foi.
comment cet assemblage indéfinissable de tant d’éléments divers et fugitifs ne faisait-il jamais faute, et, pareil aux divins trépieds, s’animait-il de lui-même ?
Il y a ici une incorrection de langage (assistant ne se prenant point dans un sens absolu) ; l’auteur de Valérie, en se faisant instrument divin et prophétesse, soignait beaucoup moins son expression.
Allez, osez, ô Vous dont le drame est déjà consommé au dedans ; remontez un jour en idée cette Dôle avec votre ami vieilli ; et là, non plus par le soleil du matin, mais à l’heure plus solennelle du couchant, reposez devant nous le mélancolique problème des destinées ; au terme de vos récits abondants et sous une forme qui se grave, montrez-nous le sommet de la vie, la dernière vue de l’expérience, la masse au loin qui gagne et se déploie, l’individu qui souffre comme toujours, et le divin, l’inconsolé désir ici-bas du poëte, de l’amant et du sage !
Si ce principe de l’unité de civilisation chrétienne par les armes sur tout le globe était vrai en Asie et en Afrique, il serait vrai, sans doute, en Europe ; s’il était vrai contre les peuples qui ne sont pas chrétiens, il serait vrai contre les peuples qui ne sont pas orthodoxes ; la guerre et l’extermination seraient de droit divin entre les catholiques et les schismatiques ; un symbole de foi serait inscrit sur tous les drapeaux opposés des cultes qui se partagent le continent ; les catholiques ne reconnaîtraient que des catholiques pour nationalités légitimes et indépendantes, les grecs que des grecs, les anglicans que des anglicans, les luthériens que des luthériens, les calvinistes que des calvinistes ; Russes, Prussiens, Anglais, Irlandais, Hollandais, Belges, Français, Espagnols, Italiens, seraient dans un antagonisme permanent et universel ; la terre ne serait qu’une sanguinaire anarchie au nom du ciel.
« C’est la première fois que Rome se déplace ainsi, dit Tacite : car, depuis le divin Auguste, le peuple romain avait combattu au loin pour l’ambition ou la gloire d’un seul homme ; sous Tibère et sous Caligula, on n’avait eu à gémir que des calamités de la paix ; la révolte de Scribonianus contre Claude avait été découverte et étouffée au même instant ; c’étaient des murmures et des paroles qui avaient expulsé Néron, plutôt que les armes.
Mentir à la postérité, c’est mentir à Dieu ; car l’histoire est divine.
C’est un même nom : ceux qui aiment ; ceux qui aiment sans intérêt ce qui mérite le plus d’être aimé ici-bas, le bien, le beau, la vertu, le génie, le rayon divin transperçant à travers toutes choses humaines, âme ou marbre !
« Et d’abord je recommande humblement et chaleureusement mon âme au Seigneur très clément, en le priant, par les mérites de son divin Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui m’a racheté au prix immense de son très précieux sang, par l’intercession de la très sainte Vierge Marie et des Saints, mes patrons, de la conduire en un lieu de salut, et de me pardonner dans sa miséricorde infinie mes très graves péchés.
De tant de maulx, amy, ce penser me console ; Onc n’a pareils vengié divin secours : Comme desgatz de flotz, de volcans et d’Éole, Plus sont affreux, plus croy que seront courts.
Dieu seul reste grand dans son style, et quelque ombre de cette grandeur divine reste attachée à l’écrivain lui-même et le rend grand comme lui.
Passera-t-on sous silence du Bartas « The divine du Bartas » comme l’appellent les Anglais.
Je l’aime aussi, mais en le lisant je ne me suis pas senti meilleur et si son œuvre est la plus forte, elle n’a pas la divine jeunesse du Grand Meaulnes, elle est trop faite.
L’instrument est de création divine, l’usage est d’invention humaine.
Dans un poëme allégorique que Bertaut fit à l’occasion de sa mort, la France, étant allée se plaindre à Jupiter du malheur de Pavie, le dieu, qui dînait chez Thétis, sous un roc, près de Toulon, la console par ces mots : Cependant, pour montrer qu’ici-bas je n’envoie Nulle pure douleur ni nulle pure joie, Sache que ce mesme an qui maintenant escrit D’un encre si sanglant son nom en ton esprit, Ce mesme an qui te semble à bon droit deplorable, Te sera quelque jour doucement mémorable, D’autant que dans le sein du terroir vendosmois Avant que par le ciel se soient tournés sept mois, Un enfant te naistra, dont la plume latine Egalera ta gloire la gloire divine.
… Ego nec studium sine divine vena, Nec rude quid possit video ingenium.
Les peuples enfants ont raisonné ou déraisonné de même ; ils se sont représenté la foudre lancée par une main irritée, le vent déchaîné par le souffle d’une bouche divine, la mer soulevée par une puissance à la fois individuelle et surhumaine.
Brünnhilde ma forte, dors couchée en les ruissellement du rouge sonore, dors en la très haute paix des divins embrasements, sommeille, calme, sommeille, bonne : Brünnhilde, espère à Lui : Héros viendra, le réveilleur, Noble viendra, vainqueur des Dieux, superbe et roi … sur le roc transfulguré, ô Brünnhilde, en l’indubitable attente, sommeille, dors, bien aimée, parmi la jubilante flamme : je te sens, et je te pense, et, dans les majestueux gais épanouissements du feu, avec toi je rêve aux Crépuscules futurs, ô dormeuse des divinités passées … » Revue de Bayreuth (Bayreuther Blaetter) Analyse du numéro IX Hans von Wolzogen : Notes sur les œuvres Posthumes de Wagner, avec le fragment complet « le féminin dans l’humain ».
Alors le chant s’élève : les harmonies sont tenues dans un registre solennel et hautain : entendez la plainte divine : Quia eduxi te terra Ægypti !
Beautés simples et divines, Vous contentiez nos aïeux Avant qu’on tirât des mines Ce qui nous frappe les yeux De quoi sert tant de dépense ?
Ainsi, quand il a la bonté de constater dans les Prophètes le plus beau lyrisme qui ait jamais brillé sur la terre, il l’impute à l’amour de la patrie, à la pureté des mœurs, à la pratique des vertus les plus hautes, mais il se tait sur l’inspiration divine.
Il ne fallait ni tant de beauté, ni tant de poésie… Son abbé Mouret n’eût plus ôté alors ce petit prêtre nerveux, ce chétif enfant qu’il fallait montrer imbécillisé par le séminaire, halluciné par l’oraison, et préparé à la faute de l’amour d’une femme par l’amour de la Vierge divine trop contemplée sur son autel… Il fallait que sa faute, à lui, fût facile et rapidement faite, pour humilier davantage la grandeur surnaturelle du sacerdoce devant les réclamations animales de la chair et les tyrannies de la nature Il fallait enfin que le prêtre, malade hier, et guéri aujourd’hui, s’enivrât assez à la première vue des cheveux et de la peau d’une fillette pour glisser dans ses bras, tout naturellement, un jour de sa convalescence… Est-ce assez misérable, tout cela ?
Il me faut relever, au centre des champs égaux et par dessus les toits rustiques trop semblables, la « Tour du Meilleur », ce toit pointu qui veut pour lui seul la foudre des orages, afin d’en sauver les autres ; ce haut mur qui porte le faible lierre agrippé à ses pierres ; ce signe permanent de la hiérarchie désirable, qui rappelle aux fous qui l’oublient que nul homme ne s’élève sans degrés inégaux ; ce pignon, qui est détestable s’il n’est que celui de l’orgueil, mais divin dans sa mission, s’il ouvre ainsi qu’un grenier ou chacun peut puiser, suivant ses besoins, l’exemple, le conseil, le refuge ou l’aumône… … Il ne faut pas aller au peuple en descendant, mais faire monter le peuple jusqu’à soi, et se mettre haut, sans morgue et simplement… … Ma race est arrivée jusqu’à moi, sans tache et sans vulgarité ; ainsi dois-je la transmettre à l’avenir, dans la même intégrité, vêtue de même noblesse, dirigée dans le même sens de perfection… Voilà des pensées, n’est-ce pas, qu’il n’était pas possible de laisser en dehors du concert des familles spirituelles, que des catholiques aux socialistes, nous avons entendues.
N’y a-t-il pas une école qui soutient encore aujourd’hui que le langage est d’origine divine ?
Et ce sont les plus beaux cris de désespoir et de colère, une furieuse et splendide imprécation contre l’Alphonse divin. […] Et ainsi il peut y avoir, entre des personnes appartenant aux conditions les plus diverses, des échanges de sentiment qui expriment sans le savoir la divine égalité des âmes, et cela d’autant mieux qu’elles gardent plus exactement le respect des transitoires inégalités sociales. […] Ici c’est donc lui, l’homme de famille, qui viole en réalité la Règle divine, humaine et sociale, qu’il sacrifie à une prétendue bienséance ; c’est lui, en un sens, qui est le réfractaire, et c’est Magda, à son tour, qui agit « selon l’ordre ». […] le droit de « se créer sa morale, sa règle », de « remplir toute sa destinée divine », d’être à soi-même son propre dieu ! […] L’amour maternel agit brusquement chez elle, à la façon de la grâce divine.
Nous la rencontrons aussi bien en Syrie, sous les Séleucides, en Chine, et au Japon, où l’empereur reçoit les honneurs divins pendant sa vie et devient dieu après sa mort, enfin à Rome, où le Sénat divinise Jules César en attendant qu’Auguste, Claude, Vespasien, Titus, Nerva, finalement tous les empereurs passent au rang des dieux. […] En Égypte, par exemple, chacune des cités primitives, avait son divin protecteur. […] En creusant ce point, en poussant aussi la logique plus loin que ne l’ont fait les anciens, on trouverait qu’il n’y a jamais eu de pluralisme définitif que dans la croyance aux esprits, et que le polythéisme proprement dit, avec sa mythologie, implique un monothéisme latent, où les divinités multiples n’existent que secondairement, comme représentatives du divin.
Deux sons semblables au bout de deux lignes égales ont toujours consolé les plus cuisantes peines ; la vieille Muse, après trois mille ans, est une jeune et divine nourrice, et son chant berce les nations maladives qu’elle visite encore, comme les jeunes races florissantes où elle a paru. […] His talk was now of tithes and dues ; He smok’d his pipe and read the news… Against dissenters would repine, And stood up firm for right divine.
Chaque année, quand nous lisons dans vos journaux le discours de la couronne, nous y trouvons la mention obligée de la divine Providence ; cette mention arrive mécaniquement, comme l’apostrophe aux dieux immortels à la quatrième page d’un discours de rhétorique, et vous savez qu’un jour la période pieuse ayant été omise, on fit tout exprès une seconde communication au parlement pour l’insérer. […] En retranchant de la science la connaissance des premières causes, c’est-à-dire des choses divines, vous réduisez l’homme à devenir sceptique, positif, utilitaire, s’il a l’esprit sec, ou bien mystique, exalté, méthodiste, s’il a l’imagination vive.
, qui fait de la conscience humaine une plaisanterie, et qui, sous forme romanesque, n’est qu’un odieux pamphlet contre la divine Providence. […] Byron, cette âme d’un feu céleste, comme les étoiles et comme la foudre, paraît trop divinement brûlante à la race, difficile en feu, de messieurs les pétroleurs actuels, qui ne veulent plus de feu divin… On l’éteint partout dans les œuvres.
Chaque année, quand nous lisons dans vos journaux le discours de la couronne, nous y trouvons la mention obligée de la divine Providence ; cette mention arrive mécaniquement, comme l’apostrophe aux dieux immortels à la quatrième page d’un discours de rhétorique, et vous savez qu’un jour la période pieuse ayant été omise, on fit tout exprès une seconde communication au parlement pour l’insérer. […] En retranchant de la science la connaissance des premières causes, c’est-à-dire des choses divines, vous réduisez l’homme à devenir sceptique, positif, utilitaire, s’il a l’esprit sec, ou bien mystique, exalté, méthodiste, s’il a l’imagination vive.
— Divin ! […] divin ! […] — Divin ! […] divine… Des yeux… des mains… des pieds… le gendre, à part. — Il faut que j’arrache mon gendre des mains de cette drôlesse de Paméla… Elle mangerait la dot de ma fille !
C’est de ce pouvoir que sont nées les allégories, les littératures, telles que le Pasteur d’Hermas, la Consolation philosophique, la Vita nuova, le Romant de la Rose, le Palais de l’Amour divin ; le style de Michelet, celui de Taine (comme on le verra plus loin) sont le produit de cette faculté très heureuse de métamorphoser l’abstrait en concret, de faire respirer la pierre même et « palpiter les étoiles ». […] Je transcris littéralement16 : « Devant la moitié orientale du firmament humide, la mère des vaches a fait la lumière, elle s’est répandue elle-même de plus en plus large, remplissant les seins du père et de la mère (le ciel et la terre)… — Cette fille du ciel paraît soudain à l’est, vêtue de lumière ; le long du chemin de l’ordre elle va droit au but ; comme qui connaît la vraie voie elle ne séjourne pas dans les régions du ciel … — … Comme une femme désirant son mari, l’Aurore bellement parée, souriante, déclôt son sein … La vierge qui brille à l’orient attache au timon le joug des vaches rouges ; haut maintenant elle éclate, droit va sa lumière ; le feu visite chaque maison … — A ton apparition, les oiseaux quittent leur nid, et les hommes qui cherchent aussi leur nourriture ; celui qui demeure à la maison, tu apportes beaucoup de bien, Aurore divine, à ce pieux mortel. » La métaphore est très rare dans la Chanson de Roland 17. […] Mais elle est affranchie de tout souci d’exactitude absolue, ne restant soumise qu’à cette exactitude relative qui est la logique générale, et les lois de la logique générale sont assez souples pour nous faire admettre la Divine Comédie ou les Voyages de Gulliver. […] Il y a dans du Bartas un très curieux distique qui montre très bien que l’e muet, au xvie siècle, n’avait plus qu’une valeur conventionnelle : Et les doux rossignols avoyent la voix divine D’Orphée, d’Amphion, d’Arion et de Line35 L’avis des grammairiens et des historiens de la langue, depuis Bèze jusqu’à Darmesteter, depuis d’Olivet jusqu’à Nyrop, confirme donc le sentiment personnel d’un observateur qui ne serait pas grammairien et qui de l’histoire ne connaîtrait que les présentes années.
On peut aussi faire remarquer que les religions anciennes ou primitives, autant que nous les connaissons, comportent presque toujours le sacrifice du dieu, sa mise à mort et le repas de communion des fidèles avec le corps divin représenté symboliquement ou même réellement, si le dieu de la tribu est un animal. […] Cet état d’esprit a été admirablement noté par le plus divin de nos poètes, peut-être, Stéphane Mallarmé, dans son court poème, Brise marine. […] Les personnages divins, habitant le ciel, qui est bleu, étaient en effet vus en bleu par l’imagination populaire, et adopter leur couleur, prendre leur livrée, c’était se mettre à l’abri sous leur puissance, c’était se concilier leurs bonnes grâces. […] La superstition qui faisait, chez les anciens, regarder comme des signes de la colère divine et immoler les nouveau-nés infirmes, boiteux, aveugles, bossus, etc., était plus heureuse que la sensiblerie religieuse ou scientifique qui les tolère, les élève, en fait des demi-hommes, introduit dans la race des germes éternels de décrépitude.
. — Oui, c’est bien moi dont le front rayonne d’une lueur divine ! […] Le Breton est alors devenu un Grec épris, comme les fils de l’Attique, de l’idéal et du divin. […] Les voici, arrivant par les chemins les plus divers, les uns drapés dans une longue toge aux larges plis, les autres à l’aise sous une tunique légère ; ceux-ci le front ceint du laurier divin, ceux-là n’ayant qu’un petit bouquet de fleurs des champs : place à tous et salut à tous ! […] Cette immobile indifférence Où, parmi de croissants dégoûts, L’expérience et la souffrance Mènent les plus forts d’entre nous, Cette paix divine où nos sages Ne parviennent que dévastés, Tous ces gueux aux calmes visages Du premier coup y sont montés. […] Tel est son premier précepte, celui de Socrate en somme, qui voulait qu’on nettoyât l’âme de la couche de poussière apportée par les préjugés, l’opinion, les exemples, et qu’on fît reparaître l’empreinte divine.
C’est enfin le lieutenant Bonaparte, déniaisé, déridé, détendu, libre d’examens, ivre de liberté, tout fier de porter l’uniforme du corps royal de l’artillerie, joyeux et sobre, laborieux et mondain, canonnier plein de zèle et danseur enclin aux innocentes amourettes, savourant, avec deux ou trois camarades, ce qu’il appelle la divine amitié, banquetant bruyamment en l’honneur de sainte Barbe, patronne des artilleurs ; très ferré sur la théorie, sollicitant des congés pour aller en Corse, mais piochant dur dans sa chambre de Valence ou d’Auxonne, très soucieux d’obéir à l’ordonnance de 1720, qui prescrivait aux officiers « d’avoir de l’ambition, d’étudier chez eux, d’aller, par leurs méditations et leur application, au-delà des instructions données, d’acquérir, par des progrès quotidiens, le premier mérite de leur profession ». […] Je remets mon sort entre les mains de la divine Providence. […] Le soir, quand le crépuscule étend des draperies violettes sur le manteau des sapinières, le matin, quand la blancheur de la première aube ourle d’un liséré d’argent le bord frangé des sommets, ces montagnes sont divines.
Zacharie Whitman était un quaker et tous ses descendants avaient été des quakers : ils n’avaient d’attention que pour la voix de l’Esprit divin, qui parlait en eux. […] Le livre où il a raconté ses impressions d’hôpital est aussi lumineux qu’est sombre le livre de la Maison des morts, de Dostoïewsky : mais tous deux sont animés du même esprit divin. […] Pourtant, si Inglesant fut choqué du sens terre à terre qu’il donnait à la doctrine de Platon, il n’en fut pas moins, cette fois encore, tiré de ses rêveries : « Comment sais-je, en vérité, si cette vie divine que j’ai en moi est autre chose qu’une simple opinion, ou seulement s’il y a une vie divine ? […] Mais je me dis que, puisque nos pères les Pouchkine et les Gogol se sont fatigués à refaire dix fois leurs ouvrages, c’est donc une loi divine pour nous autres, les petits, de les imiter.
Fléchier, dans ce portrait flatteur et qui a du ton de L’Astrée, insiste comme il doit sur la pudeur et la modestie qui fait le trait principal de la beauté célébréeag : Cette chaste couleur, cette divine flamme, Au travers de ses yeux découvre sa belle âme, Et l’on voit cet éclat qui reluit au dehors, Comme un rayon d’esprit qui s’épand sur le corps.
Votre bonheur est une preuve de l’affection de Dieu pour vous ; et si, en effet, votre âme est aimante, peut-elle se refuser à répondre à la bienveillance divine ?
Son entretien avait la grâce, le demi-jour et la douce intimité de sa vie ; cette tristesse attendrissait les cœurs, mais la piété de son âme, toute consacrée aux pensées divines, décourageait l’amour.
Ils faisaient ainsi de la religion une chose vivante et populaire : tant pis si elle y perdait sa pureté, sa fière et divine idéalité.
La société n’a pu changer la loi divine de la nature : afin que le sang coule, elle a la guerre, et elle a le bourreau672.
L’homme de lettres, l’artiste, celui qui, par métier, observe, analyse et exprime ses propres sentiments et par là développe sa capacité de sentir, reçoit de tout ce qui le touche et, en général, du spectacle de la vie des impressions plus fortes et plus fines que le vulgaire : ce n’est pas là, j’imagine, une infériorité pour l’artiste, même en admettant que cette impressionnabilité excessive ne soit qu’un jeu divin, une duperie volontaire et intermittente et qui ne serve qu’à l’art.
D’abord, averti par un flair déjà divin, le lecteur a su qu’il fallait lire, ce qui déjà est don de prince.
Si le rythme se développe dans les harmonies, l’âme devient et se révèle par ses images ; elle l’enseigne au songeur et lui aide à retrouver le But dont son génie ressent l’attirance divine.
Sorte de filtrage, épurant et amoindrissant, d’où la vieille doctrine divine tombait goutte à goutte, humaine.
Les méthodes théologiques et métaphysiques qui, relativement à tous les autres genres de phénomènes, ne sont plus maintenant employées par personne, soit comme moyen d’investigation, soit même seulement comme moyen d’argumentation, sont encore, au contraire, exclusivement usitées, sous l’un et l’autre rapport, pour tout ce qui concerne les phénomènes sociaux, quoique leur insuffisance à cet égard soit déjà pleinement sentie par tous les bons esprits, lassés de ces vaines contestations interminables entre le droit divin et la souveraineté du peuple.
Car c’est nier la bonté de la Providence, et la Providence divine ne s’exerce pas, sans doute pour nous torturer.
Ne vaudrait-il pas mieux se reposer dans la croyance d’un premier acte de la volonté divine ?
Renan, qui aimait le poète de la Légende des siècles pour ce qu’il sentait, dans son génie, d’inconscient et de divin, a dit un jour que Victor Hugo avait été mis au monde « par un décret spécial et nominatif de l’Eternel ». […] Pour lui, la littérature est un amusement divin, mais un amusement. […] « Connais-tu une plus divine romance que celle-là, Spark ? […] Mais pour lui, comme pour Musset, l’amour reste la plus mystérieuse chose, la plus divine et la meilleure. […] Les paysans de là-bas sont encore assez semblables, j’imagine, par leurs mœurs et par leurs idées, aux vilains du moyen âge, aux laboureurs du temps de Caton l’ancien, ou aux porchers de la divine Odyssée ; assez pareils aussi, — moins peut-être l’exubérance d’humeur, — aux vignerons d’Aristophane ou aux pâtres de Théocrite.
Il avait, en lui, de l’enfantin et du divin. […] Il a proposé, à l’Assemblée de 1848, le projet de loi suivant : « Tous les citoyens appartenant à un culte qui repousse la guerre comme un principe barbare et contraire aux lois divines et humaines, seront exemptés du service militaire. » Il y a du libéralisme et très net. […] Par son courage sans égal, et par sa piété, et par sa bonté, ajoutons par son extraordinaire bon sens et sa lucidité qui ne se démentaient jamais, elle fit à tous l’effet d’un être miraculeux, d’un être divin, qui apportait avec elle un gage assuré de victoire. […] Tel Leconte de Lisle : Et toi, divine mort où tout rentre et s’efface, Accueille tes enfants dans ton sein étoilé, Affranchis-nous du temps, du nombre et de l’espace Et rends-nous le repos que la vie a troublé. […] Quant aux pensées, j’en dirai exactement ce que Mme de Sévigné disait de celles de M. le duc : « Il y en a de divines ; il y en a, à ma honte, que je n’entends pas.
Il semblait que fût tombée la taie qui s’interposait entre nos yeux et les objets : avec une netteté éclatante la vision de Gérard d’Houville nous les restituait dans leur première, leur divine fraîcheur : sur aucun d’eux le plus léger vestige de cette poussière qu’aux jours de fatigue ou de hâte les meilleurs écrivains laissent parfois traîner çà et là et dont nos regards la plupart du temps sont embus. […] La lettre porte la date du 6 juillet : deux jours plus tard Shelley et Williams étaient noyés : la Miranda du divin envoi poétique qui accompagnait le don de la guitare avait perdu d’un seul coup et Ferdinand et Ariel. […] Si ces deux témoignages nous transportent en deux mondes qui diffèrent autant que les grands anges éblouis de Melozzo diffèrent des Pèlerins d’Emmaüs de Rembrandt ; si dans le Mémorial il semble que se prosterne une jubilation sacrée tandis que le Mystère de Jésus est tout embaumé d’une odeur de divine pauvreté ; spirituellement cependant c’est du « centre » que tous deux émanent. […] Qu’il y a quelque chose de défectueux — de défectueux d’une façon irrémédiable — dans le présent, dans l’instant ; que la réalité vraie est création du désir et de la mémoire ; qu’elle existe le plus dans l’espoir, dans la réminiscence et dans l’absence, jamais dans l’expérience immédiate ; que nous tuons nos âmes en vivant, et que c’est dans la solitude, dans la maladie ou à l’approche de la mort que nous les possédons le plus véritablement, tels sont les thèmes, repris avec des harmonies plus étoffées, de plus riches modulations dans son œuvre postérieure, sur lesquels le jeune Proust essaye sa harpe dans cette ouverture — d’une divine fraîcheur — par où il prélude à son chef-d’œuvre futur. […] Si je me suis permis de citer cette page, je ne voudrais pas que l’on pût en rien se méprendre sur le motif qui m’y induit : je la cite pour sa beauté intrinsèque : non seulement l’on y rencontre en décembre 1912 — et sur des points trop faciles à repérer — une anticipation de ce Proust qui devait lui devenir si cher (et il y a aujourd’hui pour nous une douceur à les joindre dans notre souvenir) ; mais il en émane je ne sais quelle pauvreté toute divine, une lumière si intérieure, une lumière analogue à celle des Rembrandt les plus touchants parce que les plus déshérités ; et par-dessus tout je la transcris parce que l’âme même qui était propre à notre ami n’apparaît jamais mieux — n’apparaît jamais plus sienne — que dans le mouvement par où il désespère de la rejoindre.
Strowski a signalé (dans son Saint François de Sales) une bien ravissante analogie entre les dires de saint François, touchant l’amour divin, et les théories de l’amour que présente la mondaine Astrée d’Honoré d’Urfé. […] La clarté divine brille plus en l’entendement angélique que dans l’âme raisonnable, et dans l’âme raisonnable que dans la matière… » Et toute beauté est un rayonnement de Dieu. […] M. de Chénier s’est trompé, s’il a cru qu’il suffisait d’être le neveu du poète pour être le bon éditeur du poète : il s’est donné la peine de naître, et le voici, futile héritier, qui se trémousse parmi les divins manuscrits. […] Il les vit avec « un frisson religieux » et passa de longs mois laborieux et enchantés à les étudier, à les copier ; la loupe à la main, tremblant d’émoi, très attentif, il chercha sous les ratures les vers du premier jet, l’hésitation du poète, le divin mystère de son inspiration. […] De tels petits bouts de phrases encombrent les pages du livre, les pages où nous cherchons, où nous voulons trouver aisément les divins poèmes.
Y a-t-il si longtemps qu’on accepte de les voir soumis aux lois naturelles et non dirigés par quelque dextre divine ! […] Les dogmes qui formaient les bases de la société, qui l’édifièrent selon leur architectonique, ou, plus justement, qui la justifièrent dans sa première cristallisation et en assurèrent la stabilité en convainquant les exploités de la nécessité de se soumettre à leur misère par la promesse d’une vie récompensatrice au-delà de la mort ; qui permirent par la théorie du droit divin le triomphe du système religio-monarchique ; ces dogmes, ces croyances, dont la formule apparaît au net : la force prime le droit, sont définitivement abolis.
Aussi tels furent ses premiers règlements en matière de religion que la plupart des catholiques ne répugnaient point à assister au culte divin dont se contentaient les réformés, et que l’établissement de l’Église anglicane, confié aux mains du clergé existant, ne rencontra parmi les ecclésiastiques que peu de résistance, et probablement aussi peu de zèle. […] Le christianisme est une religion populaire ; c’est dans l’abîme des misères terrestres que son divin fondateur est venu chercher les hommes pour les attirer à lui ; sa première histoire est celle des pauvres, des malades, des faibles ; il a vécu longtemps dans l’obscurité, ensuite au milieu des persécutions, tour à tour méprisé et proscrit, en proie à toutes les vicissitudes, à tous les efforts d’une destinée humble et violente. […] N’est-ce donc rien que de goûter, au milieu des invraisemblances, ou, si l’on veut, des absurdités du roman, le charme divin de la poésie ?
Bien qu’aucune doctrine philosophique ou religieuse (excepté celles qui mortifient absolument et retranchent) ne soit contraire au sentiment et à l’amour de la nature ; bien qu’on ait dans ce grand temple, d’où Zenon, Calvin et Saint-Cyran s’excluent d’eux-mêmes, beaucoup d’adorateurs de tous bords, Platon, Lucrèce, saint Basile du fond de son ermitage du Pont, Luther du fond de son jardin de Wittemberg ou de Zeilsdorf, Fénelon, le Vicaire Savoyard et Oberman, il est vrai de dire que la première condition de ce culte de la nature paraît être une certaine facilité, un certain abandon confiant vers elle, de la croire bonne ou du moins pacifiée désormais et épurée, de la croire salutaire et divine, ou du moins voisine de Dieu dans les inspirations qu’elle exhale, légitime dans ses amours, sacrée dans ses hymens : chez Homère, le premier de tous les peintres, c’est quand Jupiter et Junon se sont voilés du nuage d’or sur l’Ida, que la terre au-dessous fleurit, et que naissent hyacinthes et roses.
Ses disciples y verront des vérités absolues, contre lesquelles d’autres vérités ne peuvent prévaloir ; ils en feront des images de la raison divine, des portions même de Dieu.
Le poète lui-même, au moment où il est inspiré, ignore ce qui l’inspire ; et c’est parce que le secret de son travail lui échappe qu’il en fait honneur à la muse, et qu’il transforme sa plume en une lyre mystérieuse touchée par des doigts divins.
Il s’agissait du problème éternel qui fait le fond du christianisme l’élection divine ; le tremblement où toute âme doit rester jusqu’à la dernière heure en ce qui regarde le salut.
(Appeler ce délire physique de l’amour, c’est blasphémer ce mot divin. ) « Elle s’élève toujours douloureuse et néanmoins déjà triomphante. » (Comment déjà triomphante ?
Mais dans les autres parties, il est vraiment supérieur, divin.
Aux temps, pour qu’on ne joue pas toute l’année, & à toute heure comme autrefois, & qu’on aille seulement aux spectacles au sortir de l’office divin ; attention toujours gardée par les comédiens, qui ne jouent qu’entre cinq ou six heures, & qui donnent relâche au théâtre à la fin du carême, & à toutes les grandes fêtes de l’année.
Le premier réconcilia l’esprit moderne avec le christianisme de la tradition, en nous montrant autour de sa tête pâle l’auréole divine de la beauté ; la seconde apprit aux lettrés de notre âge à retrouver dans la société, dans les arts, dans toute la création, le sentiment religieux, ce christianisme de la raison, non moins immortel que l’autre.
Elle n’est pas même, cette mère-là, là Juive errante de la maternité ; car elle pourrait être intelligente alors et éloquente, puisqu’elle serait dans l’humanité, et elle n’y est pas… On la voit donc courir, hagarde, imbécille, folle et enragée, çà et là à travers quelques pages ; car elle ne peut pas en remplir davantage, dans l’économie du roman, de sa personnalité raccourcie et brute, et, comme Hugo n’a pas craint de le dire : de sa divine animalité !