On peut trouver, d’ailleurs, en ce qui est de l’explication individuelle et de la psychologie du héros, que l’historien lui-même a hésité, a varié en plus d’un endroit ; il a introduit des divisions plus commodes sans doute que réelles dans l’analyse du génie et du caractère : il semble tout accorder d’abord au Consul, même à l’Empereur, et ensuite, dans quelques-uns des avant-derniers volumes, il paraît vouloir revenir sur ses premiers jugements ; il lui retire beaucoup, pour tout lui rendre encore une fois au dernier moment, aux heures du suprême effort et de l’adversité.
Dès le début, l’historien analyse et expose la condition diverse des divers peuples d’Italie soumis à la domination romaine, les Latins les plus favorisés, les Italiotes ; quelque différence de régime qui parût d’abord entre ces peuples de la péninsule et les étrangers proprement dits ou barbares, leur liberté se réduisait au fond à une satisfaction d’amour-propre accordée à des vaincus, tandis que la toute-puissance restait en réalité au peuple conquérant.
Nous préférons nous en être tenu à l’analyse des œuvres sincères, comme susceptibles seules d’être, à leur tour, sincèrement commentées.
Vous n’y trouverez ni drames singuliers ou puissants, ni subtiles analyses de caractères, puisque tout s’y réduit à des amours suivies de séparations et que les personnages y ont des âmes fort simples.
De l’idéal de ses prédécesseurs, Buffon a gardé et consacré de nouveau les grands traits ; mais, par l’excès même de précision de ses règles, et la superstition de l’analyse, cet idéal descend par moments jusqu’au procédé.
C’est tout ce que l’analyse précédente en laisse subsister.
On peut, si l’on analyse et compare avec soin les ouvrages des hommes qui sortent alors de la province régnante, relever nombre de locutions, de faits locaux, d’usages particuliers, d’images familières, qui représentent l’apport de cette province à la civilisation nationale.
Il oublie que la littérature finit où la pathologie commence, que l’analyse d’un caractère ne doit pas empiéter sur la dissection, qu’il est des types et des choses dont l’écrivain doit se garder, comme l’israélite du pourceau et comme le brame du paria : parce que ces choses et ces types ne sont ni de sa compétence ni de son ressort, qu’ils résistent à toutes les purifications de l’art et du style, et qu’il faut les renvoyer au lazaret dont ils dépendent, à la clinique qui les réclame et dont ils sont sujets exclusifs.
Lubis n’avait données qu’à titre d’analyse.
Chéruel, qui a publié d’intéressantes études d’histoire d’après les Mémoires inédits de d’Ormesson (1850), et qui prépare un nouveau travail sur cette partie du règne de Louis XIV, a bien voulu me communiquer des analyses et des extraits qu’il en a faits pour lui-même.
On n’attend pas que je les analyse ici.
On n’analyse pas les causes du rire, et il en est de lui comme de l’amour : le meilleur est encore celui dont on ne peut dire la cause.
Sparks a fait avec soin cette analyse, qui exigerait un long chapitre.
Lui, il ne procède point de la sorte ; il s’interdit ces analyses de cœur faites au nom de celui qui raconte ; il n’a jamais de ces petits couplets rêveurs ou mélancoliques.
C’est une admirable analyse, qui n’a pas eu le temps de trouver sa synthèse.
La lecture exige donc de nous que nous soyons capables d’analyse auto-psychologique, et il n’y a très bons lecteurs que ceux qui en sont capables.
Délivré de son isolement en s’alliant à celui-ci, il put oser entreprendre une guerre monstrueuse contre les oeuvres d’art d’Eschyle, de Sophocle, et cela non par des ouvrages de polémique, mais par ses œuvres de poète dramatique opposant sa conception de la tragédie à celle de la tradition. » Voilà donc le poète conscient, le poète qui comprend, le poète qui analyse, le poète qui est mêlé d’un critique et qui fera exactement ce qu’il aura voulu faire.
Cette page a cela de remarquable, qu’elle semble présenter aussi tout à fait l’analyse de notre Charte actuelle.
En poursuivant notre analyse, nous trouvons le texte de la loi que cette Chambre, auquel on ne demandait que de déclarer « d’utilité publique » l’érection d’une église à Paris, eut la faiblesse coupable de voter.
Il ignorait l’analyse.
Dépourvus de notations exactes, privés de l’analyse française, emportés tout d’abord au sommet de la prodigieuse pyramide dont ils n’avaient pas voulu gravir les degrés, ils sont tombés d’une grande chute ; mais dans cette ruine, et au fond de ce précipice, les restes écroulés de leur œuvre surpassent encore toutes les constructions humaines par leur magnificence et par leur masse, et le plan demi-brisé qu’on-y distingue indique aux philosophes futurs, par ses imperfections et par ses mérites, le but qu’il faut enfin atteindre et la voie qu’il ne faut point d’abord tenter.
Oui, pour peu qu’on les analyse, on les trouvera presque toujours aussi médiocres dans leurs discours que dans leurs écrits. […] On en fera l’analyse la plus défavorable, On défigurera l’ouvrage si l’on en rend compte ; car telle est leur maniere & leur plaisir. […] Est-il possible qu’un journal puisse rendre un compte exact de cent ouvrages au moins, dont il donne l’analyse dans le cours d’une année ? […] Au lieu de lire un excellent ouvrage, on s’en tient à la simple analyse, & l’on ne voit que par les yeux d’autrui. […] Je forçai notre réfractaire à dire que l’analyse en étoit très-bien faite, & à convenir enfin qu’il ne faut jamais se laisser prévenir.
Il y fourmille tant de personnages dont le plus effacé comporte, par la nuance d’humanité qu’il représente, une valeur psychologique considérable ; il se rencontre tant d’épisodes, tragiques ou gais, voluptueux ou amers, qui se relient par des liens nécessaires et harmonieusement disposés, à l’action générale du drame, qu’il serait, en outre de la difficulté, périlleux de resserrer une analyse, forcément incomplète, entre les trop étroites limites d’un article de journal. […] Paul Hervieu vaut surtout par la multiplicité, la variété des détails ingénieux et forts, la puissance de l’observation, l’analyse redoutable, l’enchaînement des causes qui mènent au drame, à la catastrophe, la façon dont il précise, avec la haute impersonnalité d’un homme de science, le fonctionnement des organes sociaux et du mécanisme humain qui y correspond et s’y emboîte. […] Je n’ai pas la prétention de faire l’analyse et la critique raisonnée de ce livre. […] Non pas un intellectuel à la façon de ces psychologues, raisonneurs et classificateurs, systématiques et glacés qui, sous la morne vitrine de l’analyse, étiquettent et cataloguent leurs sensations, comme l’entomologiste ses insectes morts, le botaniste ses herbes desséchées. […] Cuir, inspecteur primaire à Lille, membre du conseil supérieur de l’Instruction publique, réduisant les plus belles pages de La Comédie humaine à une série de courtes et ridicules analyses scolaires… Vous savez que le dessein de M.
D’autres, au contraire, mais plus rarement, comme Balzac et Stendhal, arrivent à s’imposer par leur seul fond de vérité et l’analyse des passions. […] C’est le maquis psychologique, l’analyse insatiable, qui ne dégage la vie qu’à force de répétitions et d’ennui. […] Il ne faut pas, bien entendu, pousser cette intervention jusqu’à l’analyse des moindres actes de son héros ; mais que l’auteur soit juge, qu’il condamne, qu’il s’apitoie, qu’il prenne parti, je ne vois à cela que des avantages pour le récit. […] Antonin Bunand en fait la remarque, en signalant les dangers de l’analyse à propos de Chambige et de Paul Bourget ; mais on peut se demander avec lui si la faute est imputable au livre ou au lecteur qui a bu prématurément un breuvage trop capiteux. « Non, dit-il, ces chefs-d’œuvre sont innocents du mal que les réquisitoires leur attribuent trop gratuitement. […] Mais, je vous le demande en grâce, point d’analyse.
Rien dans ses ouvrages ne montre l’analyse ; il est un des derniers qui aient su peindre au lieu de décrire. […] En renonçant aux effets que produisent les mouvements rapides et passionnés, en se bornant à peindre des sentiments doux dont l’analyse fait sentir le charme, en donnant assez peu de rapidité aux événements pour décrire leurs plus petits résultats, Marivaux est arrivé à faire un roman plein d’agrément, et qui a même de l’intérêt. […] Cette façon de procéder, cette analyse qui s’exerce hors de l’âme, tandis que les faits à observer se passent sur ce seul théâtre, est donc toute convenable pour détruire et pour dissoudre ; car ayant, dès l’abord, caché le principe fondamental, il est facile d’attaquer pièce à pièce tout ce qui en est dérivé. […] Il en est peu qui aient montré autant d’éloquence que M. de La Harpe, mais plusieurs font preuve d’une plus grande pénétration et d’une analyse plus subtile et plus profonde. […] Madame de Staël avait fait pour le Mercure de France l’analyse suivante du livre que nous venons de réimprimer.
L’analyse expérimentale de la folie l’avait conduit à reconnaître les tares analogues que manifestent le cerveau du dément et celui du criminel. […] L’histoire de Divine Bontemps, bien qu’on la sente vraie et qu’elle soit extrêmement touchante, est, en somme, une délicate analyse de moraliste interprétée au moyen d’une fiction. […] En 1858, quand il avait trente ans à peine, il publia un gros ouvrage relatif à la Mécanique rationnelle ; l’année suivante, une Étude de l’analyse infinitésimale ou Essai sur la métaphysique du haut calcul. […] Et, secondement, aucun signe ne permet de supposer que l’analyse actuelle prépare une prochaine synthèse. […] L’esprit d’analyse et le goût de la spécialité poussent les gens à se cantonner dans les sciences particulières.
Point d’action, point de récit : rien que de l’analyse. […] L’analyse n’en est point aisée, à cause de la complexité et de l’enchevêtrement des aventures. […] Elle n’obtient non plus la fusion que l’analyse : les éléments en restent à l’état brut. » Les Goncourt accusaient au contraire leur grand ami d’avoir « une trop belle syntaxe ».
S’il analyse une littérature, par exemple celle de la Restauration, il institue devant le lecteur une sorte de jury pour la juger. […] Elle est la véritable imitation de la nature ; elle est plus complète que la pure analyse ; elle ranime les êtres ; son élan et sa véhémence font partie de la science et de la vérité. […] Je devrais peut-être, en achevant cette analyse, indiquer quelles imperfections sont l’effet de ces grandes qualités ; comment l’aisance, la grâce, la verve aimable, la variété, la simplicité, l’enjouement, manquent à cette mâle éloquence, à cette solide raison, à cette ardente dialectique ; pourquoi l’art d’écrire et la pureté classique ne se rencontrent point toujours dans cet homme de parti, combattant de tribune ; bref, pourquoi un Anglais n’est ni un Français ni un Athénien.
» Cette analyse chimique des larmes de prince me paraît définitive. […] Voici le résultat de l’analyse : liquide blanchâtre, tirant parfois sur le jaune, presque insipide et presque inodore (légère fétidité rance). […] Sans doute, comme tous les vulgarisateurs, elle rend vulgaires les choses qu’elle touche, elle traduit les âmes extraordinaires en langue bourgeoise, plus railleuse que sympathique, et ses ricaneuses analyses transforment trop souvent les tragédies en vaudevilles. […] Harlor analyse platement les revues. […] Elle analyse, avec toutes sortes de prétentions scientifiques, l’âme d’une couturière anarchiste, mais qui revient à de bons sentiments en voyant des riches brusquement ruinés ; ou bien elle nous dit en un détail minutieux les discussions d’un veuf et de sa cuisinière.
Je ne parle pas de ceux qui crieront à l’exagération et au pamphlet, alors que ces pages, empreintes de la plus absolue modération, demeurent plutôt au-dessous de la vérité, dans l’analyse du « péché originel des sociétés latines », suivant la frappante expression de Guillaume Ferrero. […] En un mot, l’analyse du problème religieux dans l’Europe du xvie siècle nous a conduit à l’examen de nos origines historiques et psychiques. […] Le rapport étroit, la relation de causalité qui s’avèrent, à la lumière de l’histoire interprétée philosophiquement, entre ce monde lointain des origines, que nous venons d’évoquer, et notre monde contemporain, constituent le seul point de départ possible, à notre avis, d’une recherche des moyens de salut et d’une analyse effective des possibilités futures. […] Lorsqu’on soulève le voile des apparences et qu’on analyse froidement les contradictions, des certitudes s’avèrent. […] De quoi n’ont-ils pas poursuivi l’analyse ?
Il les analyse fort bien et rend compte très adroitement de leur jeu et s’avise et nous avise fort exactement de leurs auxiliaires. […] Rationnel, scientifique et, en dernière analyse, pratique, tel doit être l’esprit nouveau. […] Et, de plus, les travaux sans but immédiat se trouvent toujours les plus utiles en dernière analyse et au dernier terme. […] Ducros analyse très bien et admire trop, et qui n’est qu’une « discipline sociale ». […] Une bonne et complète biographie de ce héros de roman et une analyse claire des idées de ce penseur nous manquaient.
Flousset aurait beaucoup le talent d’écrire et de peindre, d’être éloquent, comme on dit, dans le cas où il marcherait tout seul et où il aurait à composer, pour son compte, quelque morceau de sa propre étoffe ; mais aujourd’hui il ne nous donne pas le temps d’y songer : dans ce long travail d’analyse, d’extrait, de résumé et d’assemblage, il a fait preuve partout d’un excellent jugement, d’un goût sobre, d’un choix sévère, d’une fermeté de pensée et d’expression qui inspire toute confiance.
Gachard, dans deux Introductions de la plus exacte analyse qui précèdent les pièces et documents publiés par lui et tirés des archives de Simancas, et dans ces pièces mêmes, nous a donné et distribué, en les interprétant, les éléments positifs à l’aide desquels chacun peut désormais se former un jugement propre.
Malgré ce léger défaut d’action et de composition qui ne s’aperçoit qu’en y repensant et à l’analyse, l’effet de lumière est si vrai, si large, si bien rendu, si pleinement harmonieux ; la bonté, l’intelligence et les vertus domestiques peintes sur toutes ces figures sont si parfaites et si parlantes, que l’œuvre attache, réjouit l’œil, tranquillise le cœur et fait rêver l’esprit.
Chez Gustave Planche, la morgue habituelle compromettait trop souvent le bon sens ; chez d’autres moins hautains, l’étude constante venait à l’appui de la finesse des aperçus et donnait toute valeur à la sagacité des analyses : les Paul Mantz, les Chennevières se sont formés de la sorte.
Cette parole me revenait en lisant Émile et en assistant à l’analyse si ferme, si douloureuse et si ardente de cette situation profondément fouillée.
Dans ses descriptions ou analyses pittoresques, son style serré, pressé, procédant par séries, par rangées et enfilades, à coups denses et répétés, par phrases et comme par hachures courtes, aiguës, qui récidivent, a fait dire à un critique de l’ancienne école qu’il lui semblait entendre la grêle rude et drue tombant et sautant sur les toits : Tam multa in tectis crepitans salit horrida grando.
Louis Blanc, de son côté, a scruté ce sentiment qui fit d’elle une républicaine et s’en est rendu compte par une analyse précise42.
» Et voilà aussi comme la plume reprend ses avantages en regard du pinceau, et comment la fine analyse morale, la propriété, la concision et le choix des termes, une certaine distribution et un ordre naturel de pensées, une certaine marche graduelle en si petit espace, réussissent, presque en jouant, à faire un Portrait qui a sa beauté et tout son effet.
L’analyse intérieure de son procédé, de sa tactique savante en cette seconde phase, serait curieuse à suivre de près : nous nous tenons aux simples aspects.
remy s’était borné à faire remarquer qu’André Chénier, malgré tout, était de son temps ; à indiquer en quoi il composait avec le goût d’alentour, comment dans tel sujet transposé, dans tel cadre de couleur grecque, il se glisse un coin, un arrière-fond peut-être de mœurs et d’intérêt moderne, on n’aurait eu qu’à le suivre dans ses analyses.
Quand une fois le siècle d’analyse a passé sur la langue et l’a travaillée, découpée à son usage, le charme indéfinissable est perdu ; c’est à vouloir alors y revenir qu’il y a réellement de l’artifice.
XVI On se perd quand on analyse ce sublime discours d’empire dans les profondeurs de raison, de pénétration, de prévoyance, de connaissance du cœur humain et de l’opinion des différentes classes du peuple qu’il révèle chez le vieux Galba.
Il ne faut pas oublier cependant que l’Art poétique est le terme d’une évolution commencée avant Descartes, et par conséquent hors de son influence : il est l’expression complète de l’esprit classique, qui n’a point son origine et sa cause dans l’esprit cartésien ; mais l’esprit classique et l’esprit cartésien sont deux effets parallèles et deux manifestations formellement différentes d’une même cause, d’un certain esprit général qui s’est trouvé formé au commencement du xviie siècle d’une association d’éléments et par un concours d’influences dont je n’ai pas ici à tenter l’analyse.
Mais ce que notre analyse ne donne pas, c’est la verve, la couleur de cette seconde partie.
En revanche, il suppléera aux insuffisantes analyses du drame espagnol : il ajoutera la seconde entrevue de Rodrigue et de Chimène, qui rend sensible le progrès de l’action morale, en enregistrant les plus légers changements de sentiment et même d’accent des deux amants.
Il faut nous défaire pour juger ses idées de toutes nos habitudes d’abstraction et d’analyse.
Franchement, c’est là une analyse sans intérêt et qui ne porte que sur des mots.
Avec cela, surtout dans les analyses de sentiments, des lenteurs, des nonchalances, et quelquefois la longue phrase un peu traînante, la période fluide qui s’étale dans la Princesse de Clèves et qu’on retrouve encore dans les romans du XVIIIe siècle.
Jamais de ces analyses de sentiments faites par l’auteur ex professo, et qu’on retrouve même chez Flaubert et les Goncourt ; jamais de « morceau psychologique ».
Dans ce dernier cas, je ne vois pas pourquoi il serait interdit de sous-entendre une partie des origines physiologiques de l’état d’âme et d’esprit qu’on veut analyser, et de faire de cette analyse son objet principal.
Le procédé de l’esprit humain est un ; et le poète, dans ses inventions, suit la même loi que Napier inventant les logarithmes ou Descartes l’analyse géométrique.
Il analyse et démêle très bien les vraies causes de l’intérêt qu’ils excitent ; il montre à quoi se réduit cette prétendue fidélité historique dont on parlait tant.
Il est bien le grand roi de son temps ; il a le cachet du siècle de l’analyse.
On n’en pourrait donner idée par une sèche analyse.
Daunou, dans son analyse des mérites de Rulhière, est allé jusqu’à remarquer que, dans les phrases courtes comme dans les plus longues, l’auteur varie sans cesse le ton, le rythme, les constructions, les mouvements : Il y a des livres, ajoute-t-il ingénieusement et en rhéteur consommé, où la plupart des phrases ressemblent plus ou moins, si l’on me permet cette comparaison, à une suite de couplets sur le même air ; et ce n’est pas sans quelque effort qu’un écrivain se tient en garde contre ce défaut ; car l’esprit ne s’habitue que trop aisément à un même genre de procédés, le style aux mêmes formes, l’oreille aux mêmes nombres.
Mais, dans son Cours de littérature, en reprenant une à une les pièces de Racine, La Harpe, développe d’heureuses ressources d’analyse, et il fait l’éducation de ses auditeurs.
Mais l’Abbé, plus judicieux, remarquera que les modernes ont perfectionné l’analyse en tout genre, et que, comme l’anatomie a trouvé dans le cœur des valvules, des fibres, des mouvements et des symptômes qui ont échappé à la connaissance des anciens, la morale y a aussi trouvé des inclinations, des aversions, des désirs et des dégoûts que les mêmes anciens n’ont jamais connus.
— J’ai pensé qu’on ne lirait pas sans intérêt cette analyse imprévue que nous a permis de faire de son caractère intime et de sa nature si particulière, le plus assidu, le plus raffiné courtisan de Louis XIV, celui qui, par une convenance heureuse, a mérité de laisser son nom au plus élégant des quartiers de Paris.
On avait, à cet égard, à profiter de ses ² : dans une esquisse qu’elle a donnée au salon de Mlle Contat, j’ai noté d’elle sur les différentes manières de prendre le rôle d’Elmire des remarques pleines de vérité et d’analyse morale.
Cette physionomie gracieuse et pure, cette jeune tête riante et chauve de Sautelet se dessine avec beaucoup de finesse, et même par moments avec un éclair de gaieté ; puis l’analyse reprend, exacte, sévère, presque impitoyable.
Son livre intitulé : Traité de la formation mécanique des langues et des principes physiques de l’étymologie (1765), rempli de remarques physiologiques extrêmement ingénieuses et ténues, participe de l’esprit du xviiie siècle, de son ambition, et un peu de sa chimère : avant de reconstruire idéalement les langues, et d’en rechercher à force d’analyse et de simplification conjecturale les racines primitives, il est plus humble et plus sûr de les étudier telles qu’elles nous sont données dans l’infinie variété de l’histoire, et de les comparer dans leurs diverses branches.
Des cinq parties dans lesquelles se divise l’Introduction à la vie dévote, la troisième partie qui contient une analyse des vertus, et les avis sur la manière de les exercer, nous offre un intérêt plus directement moral.
Ainsi donc, outre que la conscience, par l’appétition, est la force primitive d’association mentale, c’est encore elle qui, en réagissant sur les associations arrivées du dehors, devient la force principale de dissociation et d’analyse.
Ce parti pris est si évident qu’il déconcerte un peu le spectateur moderne, expert en psychologie, friand d’analyses subtiles et peu enclin à croire à l’existence de ces corps simples auxquels, à force de talent et de volonté, Émile Augier réussit à donner la vie.
Il en font des analyses, suivant la méthode des geometres, méthode si propre à découvrir les fautes échappées aux censeurs précedens.
Si toute idée réelle, vraie ou fausse, doit pouvoir être exprimée clairement, et comprise par la bonne foi intelligente, ne serait-on pas autorisé à soupçonner qu’une prétendue doctrine, qui échappe à l’analyse et se refuse à la définition, est quelque chose de fantastique, dont l’apparence déçoit ceux qui l’attaquent, comme ceux qui la défendent ?
c’est dans ces analyses profondes, fouillées et vivantes comme des synthèses, que je le vois !
Cet esprit profond et tragique qui a écrit le morceau d’Hamlet ou le mal de l’analyse, cet esprit comique et profond qui a écrit le chapitre de Prudhomme ou la synthèse de la sottise, se trompe presque à chaque fois sur les hommes et sur la quantité de forces intellectuelles qu’ils ont en eux ou qu’ils ont versées dans leurs œuvres.
Et ici, ce n’est pas même l’Histoire, pour laquelle il me semble beaucoup moins fait que pour l’analyse des œuvres de l’esprit et leur appréciation, que je reproche à l’écrivain : c’est l’absence de moralité certaine, de cette moralité qui doit être le fond de toute Histoire, et qui, pour cet homme trop anglais, n’est jamais tout au plus que cette espèce de comfort moral que les plus délicats parmi ses compatriotes expriment adroitement du grossier principe de l’utilité !
VIII Le livre de ce Satan poétique, qui a été dix ans couvé, comme l’œuf du Chaos dans la Nuit, est un ensemble d’une beauté si vaste et si pleine, malgré ses formes détachées, qu’il ne peut pas être déchiqueté par les analyses de la Critique et qu’elle est forcée à faire de la synthèse, ce qu’elle ne fait jamais.
Les cinq « tropes » d’Agrippa, que Brochard déclare irrésistibles, nous réduisent encore, en dernière analyse, au relativisme. […] C’est un point que souligne très bien Alain, et tout son chapitre sur le Morceau de cire, où il analyse jusqu’au tréfonds l’idée que se faisait Descartes de l’étendue et du mécanisme, est vraiment admirable. […] Poursuivant son analyse de la nature humaine, Pascal s’acharne à nous montrer les absurdités de nos mœurs et la débilité de notre raison. […] Lucien Fabre a très bien élucidé la différence entre le tour d’esprit de Pascal et celui de Descartes en mathématiques : Pascal tout concret, Descartes abstrait ; Pascal ennemi de l’analyse, dont Descartes avait prouvé l’admirable fécondité ; et le procédé de Pascal ne valait que pour un homme de ce génie… À la fameuse phrase sur le silence éternel des espaces infinis, M. […] C’est, d’après lui, une « œuvre laborieuse, vulgaire et coupable », dont il est impossible de donner seulement une analyse.
Autrefois, c’était l’âme qu’on étudiait ; c’étaient ses mouvements et ses affections qu’on soumettait à l’analyse, et qui fournissaient au roman et au théâtre leurs ressorts, leurs péripéties, leur principal intérêt. Aujourd’hui, ce qu’on étudie, ce qu’on analyse, ce qu’on décrit avec amour, ce sont les emportements des sens, les brutalités de la passion, les phénomènes sanguins ou nerveux qui en déterminent ou en accompagnent les explosions. […] M. de Balzac a eu de grandes qualités, et dans l’analyse morale notamment il a porté parfois beaucoup de finesse, de délicatesse, de profondeur. […] L’esprit français qui excelle dans l’analyse, n’a pas hésité à reconnaître sa nature et à dire son vrai nom279.
Il y a, dans cette conception de l’univers, deux éléments intimement unis et que discerne pourtant l’analyse : l’un est la jalousie des dieux, l’autre la notion même de l’ordre. […] Il y a l’œuvre utile et vraie d’un moraliste dans cette analyse des dangers de la sensibilité récente ou contemporaine qui refuse les disciplines, sacrifie l’expérience à l’idéologie et, par ses folies, serait assez guyonienne, en somme. […] L’analyse des sources ne serait complète que si le commentateur lisait à son tour ces quinze cents volumes. […] Il analyse leurs âmes : et c’est donc qu’il leur attribue, somme toute, une âme. […] En définitive, la très ingénieuse analyse de M.
Mais si l’analyse psychologique est une chose, Salammbô relève d’une certaine poésie, qui en est une autre. […] Le premier est une série d’analyses et de potins médiocres, sans grandeur ni beauté. […] Puis Sainte-Beuve avait porté sur ce cours du temps, sur ces transformations de la sensibilité et de l’intelligence, une expérience et une analyse de confesseur. […] S’il avait vécu dans un siècle où le roman d’observation et d’analyse eût existé, La Bruyère eût écrit un livre de ce genre. […] Un cœur simple c’est l’analyse de la réalité vraiment « simple », de l’une des gouttes d’eau dont est faite la mer d’une durée sociale et d’un passé historique.
Pour simplifier mon analyse, je dirai que c’est tout simplement l’histoire du terrible krach de l’Union générale que M. […] Abel Hermant est raconté rien que par ce que je viens d’en dire ; c’est que l’analyse des sentiments, analyse sans sécheresse, faite sur des êtres réellement vivants, y prend la grande part, et que, comme il ne s’agit guère que de choses entrevues, noyées dans la pénombre, l’écrivain est obligé d’y insister et de souligner nettement des traits à peine indiqués dans la nature ; dans ce cas, il faut dire et redire, épuiser la matière pour être bien compris. […] J’ai trouvé pour ma part un grand charme dans cette conception qui incessamment ouvre l’esprit sur un nouvel aspect des choses par une comparaison inattendue, une analyse des sensations les plus ténues, et qui nous fait faire le tour du monde des idées humaines en trois cents pages. […] Voici, en quelques mots, l’analyse du livre : Un homme, le poète, veut connaître Dieu, le voir, savoir enfin quel est le but de sa vie, la raison de toutes choses, pourquoi les joies, pourquoi les douleurs. […] Cette quatrième série contient une analyse du livre de M.
Octave Feuillet, au contraire, tout repose sur l’analyse attentive des facultés de l’âme ; le monde où il se place est bien le nôtre, les passions qu’il décrit sont bien celles qui nous agitent et nous égarent, les devoirs qu’il indique sont ceux auxquels l’honnête homme essayerait vainement de se soustraire. […] Telle est en quelques lignes d’aride et froide prose l’analyse de cette pièce, qui égale en mouvement lyrique les meilleures inspirations de la poésie moderne. […] Partout où se dirige Abailard, on dirait que l’analyse et la controverse montent en croupe et marchent avec lui. […] Caro analyse le mysticisme, faisant la part des qualités de l’homme et des défauts du système, des faiblesses du penseur et des grâces de l’écrivain. […] Ce n’est ni un compte-rendu, ni une appréciation littéraire, ni une analyse historique, que nous prétendons faire ici.
Il n’analyse pas, ne creuse point, ne cherche pas les raisons secrètes et les germes obscurs. […] Ce qui en résulte, dans un homme de génie d’ailleurs, c’est la connaissance profonde, l’analyse douloureuse, et l’étalage magnifique du moi. […] Ses critiques sont non pas des analyses et des études psychologiques sur un écrivain, ce qu’elles devraient être si elles veulent qu’on les appelle critiques, mais des vision ». […] Tout ce qui est analyse, déduction, raisonnement, abstraction, discussion, « esprit de finesse » ; sentiment même (sauf les sentiments primitifs), mystères du cœur, délicatesses de la passion, nuances de la trame souple de l’âme ; tout cela lui sera, il ne faut pas dire inconnu, mais connu au contraire, et non naturel, appris et chose de métier, non découverte personnelle et domaine propre. — Tout ce qui est description, peinture, évocation de couleur locale, narration, tableau réel, tableau d’imagination créatrice, sensation matérielle exactement saisie et notée, passé reconstruit et sortant violemment de l’ombre, monde inconnu se dressant dans une hallucination lumineuse, s’étageant et se composant comme de soi-même, avec des lointains indéfinis dans une inondation de clartés, tout cela sera un magnifique empire où il régnera en souverain maître.
Il a soigneusement évité, du moins dans la partie dramatique de l’œuvre, toute analyse ou commentaire. […] A l’audition, toute porte, tout émeut, tout semble jailli des entrailles ; à l’analyse, tout étonne à force de naturel. […] Je commence par lui reconnaître à priori, et tout l’art d’analyse, et toute la maîtrise de composition que l’on voudra. […] On n’analyse pas, on ne discute pas, on ne systématise pas certaines forces… Mais c’est sauvegarder la flamme moins brûlante qui couve en un Racine ou en un Baudelaire, ces deux grands hommes de talent, que d’exiger d’eux la vertu d’enfermer cette flamme à l’abri d’une discipline. […] Voir l’analyse des occurrences du terme de « directions » dans la NRF proposée par Auguste Anglès, op. cit.
L’analyse du cœur humain, la peinture des caractères remplacèrent sur la scène l’antique guerre des Dieux. […] La faiblesse de l’indécision, les irrésolutions qui missent de la réflexion, l’analyse des motifs d’après lesquels la volonté doit se diriger, apparaissent chez les anciens déjà dans Euripide.
C’est là ce qu’a fait avec une inimitable perfection d’analyse M. […] Quel autre que lui pouvait entrer pertinemment dans l’exposition et dans l’analyse intelligente de ces négociations, jusque-là ténébreuses, du Concordat avec la cour de Rome ; du droit ecclésiastique avec le concile de Paris, du droit allemand avec les princes médiatisés de la Confédération du Rhin, des traités de Tilsitt, de Presbourg, des conférences de Dresde, des perfidies diplomatiques de Bayonne, des ultimatum aussitôt retirés qu’avancés du congrès de Dresde ?
J’étais poète avant tout en 1829, et je suis resté obstinément fidèle à ma chimère pendant quelques années, la critique n’étant guère alors pour moi qu’un prétexte à analyse et à portrait. […] Restons ce que nous sommes, et ne trempons pas plus qu’en 1847 dans ces coalitions de vengeance et de colère incapables de rien réparer, car elles n’apportent à l’opinion que des passions contraires, unies par le besoin commun de détruire, et dont l’union inconsidérée ne présente à l’analyse que la ligue inopportune et inconséquente des républicains et des royalistes combattant ensemble un jour avec le radicalisme socialiste pour conquérir le champ de bataille où ils s’entre-détruiront le lendemain de la victoire.
Voici l’analyse raisonnée de sa Politique : trouvez mieux, et étonnez-vous que ce livre, bien supérieur à Rousseau et à Montesquieu, ait été recueilli il y a tant de milliers d’années comme l’évangile infaillible de la politique. […] Il les analyse comme nous le faisons aujourd’hui, il étudie les principes d’après lesquels on doit donner la souveraineté à un, ou à plusieurs, ou à tous les citoyens.
L’analyse, que nous donne l’historien, des forces négatives qui ne constituèrent jamais au gouvernement de Juillet une force réelle, est complète. […] Dans sa puissante et lumineuse analyse, l’historien n’a rien oublié ; mais pourquoi, tout cela montré, prouvé, tiré au clair, la termine-t-il par ces mots, qui grandissent trop un pouvoir dont il fallait étaler sans pitié l’incurable et la mortelle faiblesse : « Le gouvernement de Juillet a péri par la seule et la plus improbable des chances qu’il eût contre lui : celle de se renverser lui-même !
Notre analyse les aurait-elle volatilisées ? […] En dernière analyse, tout repose sur des intuitions de simultanéité et des intuitions de succession.
[NdA] Bitisia Gozzadina, seu de Mulierum Doctoratu, c’est le titre de la dissertation dont on peut voir l’analyse dans les Acta eruditorum de Leipzig, année 1724, p. 239.
Cette société, plus ou moins fréquentée et renouvelée par portions, mais toujours de grand choix et d’élite, se continua pendant plusieurs années ; on y traitait à fond les questions d’analyse interne.
Je me figure, d’après les analyses qu’on nous en a données, quelque chose entre les Contes moraux de Marmontel et les Incas.
Fromentin a la ressource de sa seconde peinture et de cette analyse animée, développée, dont il use en maître : « C’est aussi l’heure, dit-il, où le désert se transforme en une plaine obscure.
Et à ce sujet, je ne puis m’empêcher de me rappeler une analyse du savant Fauriel, une leçon professée, il y a trente ans, à la Faculté des Lettres.
Ces chansons de Collé sont des moins susceptibles d’analyse.
Formé à la grande école des Condé, des Turenne, des Créqui, des Luxembourg, il expose, analyse et critique avec beaucoup de précision les quatre premières campagnes de Catinat (1690, 91, 92 et 93) ; il discute les deux batailles de Staffarde et de La Marsaille, et fait sa part exacte à chacun des combattants.
Le poète, durant toute la jeunesse de La Mennais, ne se montre pas ; il nous présente de son état intérieur des analyses expressives : il ne trouve de lui-même ni tableau ni couleurs.
Avec cette différence toutefois, que la guerre n’est pas de la géométrie pure, ni de la pure analyse ; qu’elle se fait sur des hommes et avec des hommes ; que, n’y eût-il que la fraternité des armes, si l’on vient un jour à la briser, on en souffre, et que, fût-on strictement dans son droit, le cœur saigne.
La prose de Stello si savante, si déliée, a fait acte de poésie, autant par les trois épisodes qu’elle décore, que par cette analyse pénétrante de souffrances délicates et presque inexprimables qu’il n’est donné qu’à une sensibilité d’artiste de subir à ce point et de consacrer.
Tantôt c’est un traité de métaphysique qu’elle analyse, tantôt c’est Delolme en douze pages (ce qui devient un peu long) ; tantôt c’est une élégie en prose qu’elle essaie.
» Sans doute à une époque d’analyse et de retour sur soi-même, une âme d’enfant rêveur eût tiré parti de cette gêne et de ce refoulement ; mais il n’y fallait pas songer alors, et d’ailleurs l’âme de Boileau n’y eût jamais été propre.
Comme si l’on craignait que quelqu’un ne vînt ravir ce trésor, fermant mystérieusement la porte sur soi, on se met à faire l’analyse de sa récolte, blâmant ou approuvant Tournefort, Linné, Vaillant, Jussieu, Solander.
Et dans tout sujet les modernes sont en présence d’une masse de documents, qui rejette les esprits littéraires vers les genres où l’invention est plus libre, vers l’observation morale ou vers l’analyse dramatique.
Ce n’est qu’à regret qu’il écrase la mouche qui menace ses ouailles ; et quand il a pris le loup il n’ose le tuer, il le laisse partir ; car Fleuse sait que partout, dans les animaux, dans les insectes, dans les plantes, dans les choses, dans le vent, dans la nuit, il y a des âmes, des esprits inconnus auxquels il ne faut pas toucher : Son idée, que l’analyse n’avait pas affaiblie, qui, en l’absence de toute formule, s’était changée en sentiment, vivait robuste dans ce crépuscule intellectuel : l’idée de l’homme chétif soumis à son grand gardien, l’Invisible.
Cette rencontre en une même compagnie de toutes les opinions et de tous les genres d’esprit vous plaira : ici le rire charmant de la comédie, le roman pur et tendre, la poésie au puissant coup d’aile ou au rythme harmonieux ; là, toute la finesse de l’observation morale, l’analyse la plus exquise des ouvrages de l’esprit, le sens profond de l’histoire.
Cependant M. de Ryons observe, étudie, commente, analyse son amie nouvelle ; il pratique sur son cœur chastement fermé une première tentative d’effraction non suivie d’effet ; il se fait, de force ou de gré, inviter à dîner chez elle, le soir même.
L’analyse, faite par Geoffroy, de l’Académie des sciences, ne donna rien de décisif.
Les extraits et analyses qui en avaient été jusqu’ici publiés en divers endroits, et notamment dans la Collection des mémoires dirigée par MM.
On ne peut l’apprécier à toute sa valeur qu’en l’accompagnant dans tout le cours de ses Mémoires, en la suivant dans son développement et sa continuité : des citations et une analyse ne sauraient donner qu’une bien imparfaite idée de cette lecture lente, pleine, tranquille et attachante.
Un des plus sévères contemporains de Louis XIV, Saint-Simon, qui ne le vit et ne le connut que dans les vingt-deux dernières années de sa vie, au milieu des analyses pénétrantes qu’il a données sur lui dans tous les sens, a dit : Il était né sage, modéré, secret, maître de ses mouvements et de sa langue.
Telle est, dit Marmont en terminant cette partie de ses Mémoires, telle est l’analyse et le récit succinct de cette bataille de Paris, objet de si odieuses calomnies, fait d’armes si glorieux, je puis le dire, pour les chefs et pour les soldats.
Au temps de Grimm, c’était encore l’habitude d’appeler extraits les articles qu’on écrivait sur les livres, et ces extraits, autorisés et consacrés par l’exemple du Journal des savants, se bornaient le plus souvent en effet à une exacte et sèche analyse de l’ouvrage : « sous prétexte d’en donner la substance, on n’en offrait que le squelette ».
Une analyse exacte des faits qu’on ne prend pas, mais qu’on donne pour des arguments, montrerait combien on en exagère la portée.
Dans ces lettres, il se regarde, se décrit, s’analyse, prend incessamment l’étiage de l’horrible maladie à laquelle il est en proie, qui grimpe le long de son épine dorsale et va tout à l’heure monter jusqu’au cerveau, et l’appréhender et l’éteindre brutalement, ce cerveau splendide !!
Hors l’Institut (et encore peut-être), qui prendrait goût à ces casse-tête chinois de la science vaine et de l’analyse impossible ?
Il n’y a qu’une vérification du grotesque, c’est le rire, et le rire subit ; en face du comique significatif, il n’est pas défendu de rire après coup ; cela n’argue pas contre sa valeur ; c’est une question de rapidité d’analyse.
L’important est de se placer pour un moment au point de vue de l’ensemble humain et de se départir de ces jugements particularistes, indispensables lorsque l’objet d’analyse n’est qu’un fragment isolé de son milieu, mais qui deviennent dangereux lorsque l’horizon d’étude s’élargit.
Nous voulions seulement, en retrouvant ces formules terme par terme, en définissant les perceptions d’observateurs placés dans l’un ou l’autre système, préparer l’analyse et la démonstration qui font l’objet du présent travail.
Voilà ce que nous apprennent les maladies de la mémoire des mots, et ce que ferait d’ailleurs pressentir l’analyse psychologique de la mémoire.
Après chaque trait décrit, il entre dans une grande discussion sur ce trait, l’analyse séparément, dit pourquoi il indique telle habitude ou telle passion et ce n’est qu’après avoir écrit une page qu’il entame un autre trait ou une autre partie du costume. […] » Si cela est beau, si c’est complet, profond ; si le cœur est saisi par la compréhension et l’analyse de cet être séduisant et trompeur, que viendront signifier des vers où il ne s’agit que de l’éternel regard où l’on voit l’azur, du beau lis blanc que rien ne souille, de l’ange, du sourire ingénu et du pied nu ? […] Champfleury ne se sert pas de grands mots, de longues tirades pour faire comprendre une situation et les sentiments qui en naissent ; pas d’analyse morale, pas de recherches psychologiques : son procédé est plus simple, il se contente de raconter la scène telle qu’elle s’est passée, sans commentaires ; le lecteur se met à la place du héros et sait bien ce que ce dernier pense. […] nous disséquons et nous disséquerons encore longtemps avant d’arriver à connaître l’analyse des choses pour en recomposer la synthèse. […] L’instinct irraisonné et naïf de la foule et la raison profonde des penseurs se donneraient la main si, comme un cordon de gardes municipaux un jour de revue, ces idéalistes ne les empêchaient de communiquer par leurs analyses pleines de fatuité, de vanité et de vide, qui irritent l’une et intimident l’autre.
Les femmes savent qu’elles trouvent toujours en lui un ami attentif, éloquent dans l’intimité, pénétrant dans l’analyse de leur cœur. […] Désillusion. « En dernière analyse (comme s’il y avait jamais chez Amiel une dernière analyse !) […] Certes Amiel fait intervenir ici dans sa longue analyse son incapacité de vouloir, son refus de choisir, sa peur de s’engager, son horreur de l’irrévocable, son hyperbole de neutralité.
Ce sont des questions de littérature et d’art presque toujours rattachées à l’analyse de la conscience et du cœur. […] Au milieu de tous les excès de l’analyse et du morcellement, ce principe, oublié depuis le moyen âge, a recommencé à prévaloir dans la philosophie de notre temps ; mais il n’a encore été suffisamment étudié ni dans la raison ni dans l’histoire. […] C’est parce que la peinture analyse davantage les sentiments, c’est parce qu’il lui est plus facile de descendre aux minces détails et de reproduire les conditions de la vie vulgaire, qu’elle est plus moderne que la statuaire. […] Il serait peu philosophique, sans doute, de s’arrêter dans l’analyse des causes secondes et d’isoler chaque fait, en l’expliquant par une intervention directe du premier principe des choses. […] Il a besoin de se charger de plus de détails, il analyse davantage.
L’analyse des sagas nous révèle le rudiment de l’âme anglaise, et, cet élément une fois reconnu, il est facile d’en suivre à travers l’histoire les lents et successifs développements. […] Emerson, qui a si excellemment jugé cette faculté d’activité, aurait pu pousser beaucoup plus loin son analyse. […] « Il pense par des symboles, non par des analyses ; au lieu d’expliquer son idée, il la transpose et la traduit, et il la traduit entière, jusque dans ses moindres parcelles, enfermant tout dans la majesté d’une période grandiose ou dans la brièveté d’une sentence frappante. […] Lorsqu’on a terminé la lecture de quelqu’une de ces œuvres étonnantes, c’est en vain qu’on essaie de la soumettre au scalpel de l’analyse pour en découvrir les infirmités et les faiblesses ; il est impossible de trouver en défaut le génie du poète. […] Shakespeare sait bien que la passion est exclusive de sa nature, et qu’elle ne s’accommoderait pas plus dans le drame des lenteurs de l’analyse qu’elle ne s’accommode dans la vie de la prudence et du bon sens.
La « critique des beautés » homériques, c’est en une création esthétique et non en une analyse critique que Fénelon l’a faite. […] Il a expliqué plus qu’il n’a senti, il a voulu expliquer plus qu’il n’a expliqué ; ses généralisations oratoires et ses tableaux pittoresques datent infiniment plus que les analyses moins ambitieuses de Sainte-Beuve. […] Ceux-ci ne se servent de l’analyse que provisoirement, en vue de leur opération principale qui est de créer des cœurs humains, vivants, synthétiques. […] Chacun de nous l’expérimentera en lui-même ; nous pouvons, en nous aidant de l’analyse psychologique, d’une psychanalyse (dont celle de Freud n’est qu’un moment ou un commencement) nous débrouiller un peu dans ce jeu de glaces, lorsqu’il s’agit de nous ou des autres. […] Il me souvient d’une analyse fort amusante du Docteur Pascal, contée sur ce ton par Faguet, recueillie dans ses Propos littéraires, et qui doit enlever aux lecteurs dépourvus de réaction toute envie de lire le livre.
L’ouvrage des Considérations sur l’esprit et les mœurs est bien composé ; il l’est en apparence au hasard et comme un jardin anglais ; ce sont des pensées, des analyses morales, relevées de temps en temps par des descriptions, des portraits ; animées en deux endroits par des dialogues, par des fragments de lettres : l’ensemble de la lecture est d’une variété agréable et d’un art libre que Duclos dans son livre n’a point connu.
Au premier rang de ces cours les plus en vogue aux Écoles normales, il y avait celui de Garat, intitulé De l’analyse de l’entendement humain.
Il analyse très bien le fanatisme à ses divers degrés, et distingue le véritable du faux.
Ici laissons-le parler comme nous avons fait si volontiers jusqu’à présent ; il n’est point d’analyse qui puisse équivaloir aux propres paroles, à la fois si contenues et si dignes de réflexion, d’un si brave et si loyal témoin : Le général Compans se retirait sur la butte de Chaumont après avoir vaillamment défendu le pré Saint-Gervais, et la cavalerie et l’artillerie des deux corps d’armée se surpassaient par la vivacité de leurs charges et de leur feu.
Cela eût été plus profitable, plus pratique, mais aussi d’une analyse plus délicate et plus difficile, que de venir nous proposer ce publiciste distingué, tout simplement comme le parfait professeur de toutes les vérités politiques, comme le promulgateur et le prophète complet des institutions futures.
On y a joint un tome supplémentaire consacré aux Œuvres scientifiques de Gœthe, et qui est à la fois traduction, analyse et appréciation.
Aussi, qui que nous soyons, moralistes, peintres, auteurs de portraits ou d’analyses, si nous voulons nous en faire une juste idée et en vendre aux autres une image fidèle, n’étranglons jamais les hommes.
Aucune analyse ne supplée aux originaux.
Cette objection écartée, qu’y a-t-il de plus légitime que de profiter des notions qu’on a sous la main pour sortir définitivement d’une certaine admiration trop textuelle à la fois et trop abstraite, et pour ne pas se contenter même d’une certaine description générale d’un siècle et d’une époque, mais pour serrer de plus près, — d’aussi près que possible, — l’analyse des caractères d’auteurs aussi bien que celle des productions ?
Viollet-le-Duc, publié en 1843, donnait des indications bibliographiques précises accompagnées de courtes analyses ou d’aperçus, et le ciel poétique du xvie siècle se peuplait ainsi d’une quantité d’étoiles de toute grandeur ; les plus petites même étaient désormais visibles.
Nous venons trop tard pour une analyse ; nous voulons surtout constater le fait accompli, très-amusant, ce qui est si rare parmi les faits accomplis.
Labinsky par l’analyse plutôt et le développement approfondi d’un caractère.
Plus d’analyse conviendrait peu, à propos des deux volumes que nous annonçons ; et puis il nous serait impossible, en continuant de les feuilleter, de ne pas nous rencontrer nous-mème face à face sous la plume de M.
Dans la discussion d’un point même d’histoire et de littérature, un digne savant ne se permettra pas plus une idée collatérale qu’un bon chimiste une métaphore dans un narré d’analyse.
On n’attend pas que nous nous engagions dans une analyse, que nous allions resserrer ce que l’auteur, au contraire, a voulu étendre, que nous décolorions ce qu’il a laissé dans sa fleur de récit.
Eynard, un moraliste qui saurait les tours et les retours, les façons bizarres de la nature humaine ; mais je ne puis qu’indiquer le sens et l’intention de l’analyse, aimant peu pour mon compte à pousser à bout ces sortes de procès.
On est souvent étonné de voir l’image s’achever en abstraction, et la vision concrète s’évanouir dans une froide analyse : c’est l’homme qui pense, le moraliste qui fait obstacle au peintre.
Aussi n’y a t-il rien de creusé, qui mette à nu les sentiments intimes et le mécanisme secret des âmes : ou, si l’on veut, on n’y rencontre pas de types généraux, ni d’analyses exactes.
Anatole France a rendu après d’autres, après Victor Hugo, après Mme Alphonse Daudet, quelques-uns de ces aspects de l’enfance, cet éveil progressif à la vie de la pensée et à la vie des passions mais à sa façon, dans un esprit plus philosophique et par une analyse plus pénétrante.
On sent que l’esprit de société, le goût des plaisirs de l’intelligence, ont pénétré dans les hautes classes en France, qu’on y réfléchit plus, qu’on se regarde et s’analyse davantage.
Et alors une question se pose : ce continuum amorphe, que notre analyse a laissé subsister, n’est-il pas une forme imposée à notre sensibilité ?
C’est que la philosophie anti-intellectualiste, en récusant l’analyse et « le discours », se condamne par cela même à être intransmissible, c’est une philosophie essentiellement interne, ou tout au moins ce qui peut s’en transmettre, ce ne sont que les négations ; comment s’étonner alors que pour un observateur extérieur, elle prenne la figure du scepticisme ?
Cela entraine des conséquences graves : d’abord un dédain profond des classes subalternes, un parti pris d’écarter ce qui peut rappeler les vulgarités de la vie domestique ou populaire ; puis, entre les privilégiés admis sur un terrain de choix, un code très sévère de bienséances : peu parler de soi ; épargner l’amour-propre d’autrui ; flatter ou ménager les travers des gens en leur présence, ce qui n’interdit pas — au contraire — de les railler en leur absence ; beaucoup de tact et de circonspection ; adoucir les angles de son caractère ; mettre une sourdine aux émotions trop vives, aux convictions trop fortes ; laisser entendre ce qu’on ne peut pas dire tout haut ; s’habituer ainsi à une fine analyse des sentiments, à une psychologie déliée qui permet de reconnaître à un froncement de sourcils, à un regard, à une inflexion de voix les plus subtils mouvements du cœur.
C’est moins l’analyse que l’enquête de son drame que nous allons faire.
Ce n’est pas de la politique que je viens faire ; je ne veux qu’appliquer à quelques sujets nouveaux la même méthode d’analyse dont j’use à l’égard des auteurs et des personnages littéraires.
il sera sûr de s’amuser toute sa vie. » Si elle est un peu trop atteinte par le goût de l’esprit et de l’analyse, qui est la maladie du temps, elle s’en détache par une inspiration plus haute et qui domine les erreurs du goût : « L’instant présent et Chacun pour soi, voilà, dit-elle, les deux devises du siècle ; elles rentrent l’une dans l’autre.
Il serait injuste de renfermer tout Marmontel (hors des Mémoires) dans ses articles de critique, et de n’y pas joindre, dans un genre tout différent, un très petit nombre de Contes moraux où il fait preuve d’invention et d’une spirituelle analyse.
Ces fleurettes avaient choqué le sévère et assez judicieux Gibert, qui trouvait plutôt en Cicéron du large et du majestueux : « En quoi il n’a pas pris garde, observait-il de Rollin, qu’il a fait comme celui qui disait que M. de Turenne était un joli homme. » Ce Gibert, dans sa critique du Traité des études, n’est point à mépriser ; esprit didactique et dogmatique, austère et sec, il montre assez bien en quoi Rollin manque de rigueur d’analyse et déroge aux antiques modèles.
Pourquoi cette analyse au sommet du Liban ?
Une fois arrivé à l’analyse du plaisir ou de la peine, vous ne comprendrez plus qu’un être jouisse ou souffre, soit favorisé ou contrarié, si vous ne lui attribuez pas une direction antécédente et une direction conséquente vers un certain but, sinon connu, au moins senti.
Une phrase d’Albert Wolf disait : « Plongez le scalpel dans ce talent tout en surface, que restera-t-il, en dernière analyse ?
À toutes ces profusions, analyse, synthèse, création en chair et en os, rêverie, fantaisie, science, métaphysique, ajoutez l’histoire, ici l’histoire des historiens, là l’histoire du conte ; des spécimens de tout : du traître, depuis Macbeth, l’assassin de l’hôte, jusqu’à Coriolan, l’assassin de la patrie ; du despote, depuis le tyran cerveau, César, jusqu’au tyran ventre, Henri VIII ; du carnassier, depuis le lion jusqu’à l’usurier.
Mêlons l’incertitude de l’analyse décriée à la belle sagesse des vérités acquises, comme le sel de nos larmes anxieuses à l’harmonie décidément fade des généralités trop sûres.
La thèse de la décadence romaine a-t-elle été jugée en dernière analyse par Montesquieu et par Gibbon, et n’y a-t-il plus rien à y ajouter ?
Faire une analyse complète de l’œuvre de Daumier serait chose impossible ; je vais donner les titres de ses principales séries, sans trop d’appréciations ni de commentaires.
L’analyse des institutions civiles et juridiques, politiques et économiques des républiques anciennes a fait la preuve que la personne humaine y comptait pour bien peu de chose25.
Déjà en biologie, on remarque que le volume d’un organe et le nombre de ses cellules affectent, dans une certaine mesure, sa constitution même ; s’il est vrai que celle-ci doit s’expliquer, en dernière analyse, par les rapports des éléments biologiques, par les actions et réactions physico-chimiques qu’ils échangent, quoi d’étonnant à ce que l’accroissement de la quantité de ces éléments, multipliant ces rapports et permettant par suite à ces actions et réactions d’être plus intenses, plus complexes et plus variées, modifie jusqu’à la structure générale de l’organisme ?
., se compose d’une biographie et d’analyses critiques encadrant de copieux extraits. […] Il est entendu que ce roman d’analyse est inscrit dans l’histoire littéraire comme un des types les plus complets du genre. […] Point d’action, point de récit : rien que de l’analyse. […] Il analyse, non sans pénétration ni même sans profondeur, la psychologie de ces moines d’Orient, et il ne se refuse pas à les juger. […] D’ailleurs, quelques pages plus loin, Agathon reconnaît que l’analyse de Stendhal est « tournée vers la vie ».
Ces orgueilleux nous trompent, ou se trompent ; je n’ai jamais admis qu’une analyse fidèle puisse découvrir au fond de leur cœur l’insouciance du jugement des hommes, et je ne me lasse pas, dans ce livre, de leur crier cette vérité. […] Que la réflexion, chez ces grands esprits-là, ait précédé l’inspiration et qu’elle l’ait dirigée, c’est possible, c’est probable, bien qu’ici même l’analyse puisse avoir à faire certaines réserves37. […] Ils n’ont point de génie ; mais leur pénétrante analyse voit plus clair dans l’intérieur d’un génie que l’homme qui, possédant ce don divin, en est ébloui et enivré. […] Je suppose qu’aujourd’hui l’Académie, des sciences analyse le chocolat de M. […] Les raisons que ces deux hommes faisaient valoir en faveur de leurs jugements contraires, n’étant, en fin de compte, que l’analyse naïve et complaisante de leur propre humeur personnelle, ne pouvaient pas avoir de prise les unes sur les autres.
L’ouvrage est très complet, fort bien composé, écrit avec la simplicité la plus élégante, et je demeure stupide en songeant à la masse énorme d’écritures qu’il analyse et résume. […] Petit de Julleville ait perdu son temps à nous étaler ce rien, comme il fait, à nous donner l’analyse consciencieuse d’une bonne cinquantaine de « moralités, sotties et farces » ? […] Puis, cette série d’analyses nous dégoûte et à la fois nous dispense pour toujours de lire les textes originaux. […] Elle semble indiquer chez l’écrivain le parti pris orgueilleux de n’intéresser l’homme à l’homme que du biais de l’analyse psychologique et rationnelle. […] … Je ne sais si cette analyse vous paraîtra claire.
Toute analyse bien faite implique une synthèse prochaine, inévitable. […] Or, cette analyse s’est faite lentement, à travers de grandes agitations et de terribles désespoirs ; raison de plus pour qu’elle prouve. […] Il y a en elle un mystère qui échappe à votre analyse et que peut seule vous révéler l’âme qui possède et subit cette fatalité, tantôt délicieuse, tantôt effroyable. […] l’âme ne meurt pas ; un instinct divin, supérieur à vos analyses métaphysiques et anatomiques, me l’a révélé. […] Ils trouveront également dans ce travail une excellente appréciation des sentiments politiques du poète et une rapide mais complète analyse de ses travaux littéraires.
Rigal s’attachât donc plutôt à étudier le moment que l’homme, et qu’il sacrifiât un peu de l’analyse de l’œuvre à l’histoire de l’époque. […] Beaucoup de ces romanciers ne sont pas les premiers venus et toutes différences gardées : de temps, de milieu, de mœurs, Combien y en a-t-il, je dis des plus huppés, parmi nos romanciers contemporains, qui aient la subtilité, la dextérité d’analyse, le charme réel de d’Urfé, son style sinueux et enveloppant ? […] Et, pour cette science de la psychologie, pour cette connaissance des passions de l’amour, pour cette finesse et cette vérité d’analyse qui sont le triomphe de son art, ses auteurs favoris, parmi lesquels on doit compter au premier rang les romanciers grecs — et au second, sans doute, l’ingénieux, charmant et subtil auteur de l’Astrée, — lui en avaient donné de bien meilleures leçons que l’auteur du Traité des passions. Pas plus, en effet, que le bon sens, on ne saurait faire honneur à Descartes d’avoir inventé l’analyse psychologique ou morale ; et, pour raisonner éloquemment ou finement sur elles-mêmes, les âmes passionnées ne Font pas attendu. […] Les analyses que l’on en a données ne m’ont pas éclairé davantage ; et elles n’ont pas non plus éclairé les autres, puisque, autant que j’ai consulté de commenta leurs de l’Esprit des lois, autant en ai-je trouvé de différents interprètes.
Mais nous avons un don que nous n’avons guère partagé : l’analyse. […] C’est l’analyse qui nous a permis d’inventer jusqu’à des passions nouvelles et de nous les inoculer. […] Cette analyse n’est pas d’ailleurs le froid instrument des géomètres ; elle colore, elle a des ailes, elle franchit d’un bond des espaces infinis, et en les franchissant elle les illumine. […] Ou plutôt, c’est la puissante faculté d’analyse qui nous saisit dans toutes ces œuvres. […] Caractériser une telle scène et donner par l’analyse une idée d’un tel état de l’âme, les écrivains les plus abondants et les plus vigoureux l’ont essayé tour à tour ; leur abondance s’y est épuisée, et leur vigueur en a été accablée.
Quoiqu’il ne se soit jamais essayé qu’en des peintures d’analyse sentimentale et des paysages de petite dimension, Joseph a peut-être le droit d’être compté à la suite, loin, bien loin de ces noms célèbres. […] La poésie est une nourriture par excellence, et de toutes les formes de poésie, la forme lyrique plus qu’aucune autre, et de tous les genres de poésie lyrique, le genre rêveur, personnel, l’élégie ou le roman d’analyse en particulier.
Dans quelle mesure j’ai réussi à donner à cette histoire la forme dramatique ; si elle est vraisemblable, si elle est cohérente, si elle est intéressante, si j’ai su y introduire, comme je l’eusse désiré, le maximum d’analyse morale que supporte le théâtre, je l’ignore et je m’en remets à quelques-uns, — pas à tous, oh ! […] À mes yeux donc, l’amour, dans le roman ou sur les planches, ne vaut pas par lui-même, mais par l’analyse des sentiments qu’il engendre et par l’expression qu’il revêt.
D’une manière générale, on peut dire qu’un des moyens d’enlever, même dans cette simple proportion, la vie à la nature, c’est de tomber dans l’analyse minutieuse des détails, d’autant plus que toute analyse est une décomposition.
Voici une image de Flaubert, philosophique comme une analyse de passion, et qui est la traduction du moral en physique : « Elle n’avait plus de ressort (contre la destinée), elle se laissa entraîner… il lui semblait qu’elle descendait une pente266. » 3° Transposition de la sensation en sentiment. […] Jusque-là, nous planterons des plumets au bout de nos phrases, puisque notre éducation romantique le veut ainsi ; seulement, nous préparerons l’avenir en rassemblant le plus de documents humains que nous pourrons, en poussant l’analyse aussi loin que nous le permettra notre outil. » (Lettre à la jeunesse, p. 94.)
Il peut n’être pas musicien, mais il est généralement écrivain ; et l’analyse de son propre état d’âme, quand il compose, l’aidera à comprendre comment l’amour où les mystiques voient l’essence même de la divinité peut être, en même temps qu’une personne, une puissance de création. […] Nous montrions que l’idée de « rien » est quelque chose comme l’idée d’un carré rond, qu’elle s’évanouit à l’analyse pour ne laisser derrière elle qu’un mot, enfin que c’est une pseudo-idée.
On peut dire a priori que si l’attention a pour cause des états affectifs qui ont pour causes des tendances, besoins, appétits, elle se rattache, en dernière analyse, à ce qu’il y a de plus profond dans l’individu, l’instinct de la conservation. […] Mais appliquer d’emblée l’analyse psychologique aux formes intellectuelles de l’idée fixe, c’est se condamner à un insuccès. […] Je prie le lecteur de ne pas se laisser dérouter par la phraséologie mystique de cette observation, de ne pas oublier que c’est une Espagnole du XVIe siècle qui s’analyse dans le langage et avec les idées de son temps ; mais on peut la traduire dans le langage de la psychologie contemporaine.
Il me reste, pour compléter cette analyse, à noter une dernière qualité chez Delacroix, la plus remarquable de toutes, et qui fait de lui le vrai peintre du xixe siècle : c’est cette mélancolie singulière et opiniâtre qui s’exhale de toutes ses œuvres, et qui s’exprime et par le choix des sujets, et par l’expression des figures, et par le geste et par le style de la couleur. […] Cet artiste, doué d’une merveilleuse faculté d’analyse, arrivait souvent, par une heureuse concurrence de petits moyens, à des résultats d’un effet puissant […] L’analyse, qui facilite les moyens d’exécution, a dédoublé la nature en couleur et ligne, et avant de procéder à l’examen des hommes qui composent le second parti, je crois utile d’expliquer ici quelques-uns des principes qui les dirigent, parfois même à leur insu.
Je ne dis rien du style de cet ouvrage : c’est la nature même qui écrit. » L’impression que cause le petit volume de Prévost est celle que produit un évènement arrivé, une analyse d’une passion faite par le patient. […] René n’est pas inférieur à Werther de Gœthe, comme analyse d’une noble maladie, la souffrance vague et sans borne des âmes de notre siècle. […] Stendhal analyse et dissèque l’âme humaine, et quoique Zola n’en convienne pas, qui réussit dans ce genre d’études, occupe un haut rang dans les lettres. […] J’ai donné une analyse de Pedro Sanchez dans mes Etapes d’un Naturaliste (Giraud, éditeur).
Il me dit : après les analyses des infiniment petits du sentiment, comme cette analyse a été exécutée par Flaubert, dans Madame Bovary, après l’analyse des choses artistiques, plastiques et nerveuses, ainsi que vous l’avez faite, après ces œuvres-bijoux, ces volumes ciselés, il n’y a plus de place pour les jeunes ; plus rien à faire ; plus à constituer, à construire un personnage, une figure : ce n’est que par la quantité des volumes, la puissance de la création, qu’on peut parler au public. […] » — soupire Théophile Gautier, — interrompant l’analyse, qu’il fait dans un coin, des Quatrains de Khèyam, au bon Chennevières.
À Dieu ne plaise, cependant, que nous lui donnions un congé définitif à cette folle du logis ; elle nous a ouvert, de sa main complaisante, les longues avenues qui nous devaient conduire à l’analyse des œuvres sérieuses ; elle a été, bien souvent le repos, et la consolation du lecteur fatigué d’analyse, — et que de fois, quand j’allais commencer une critique à perte de vue, — ai-je reçu de la fantaisie un bon et fidèle conseil ; le conseil même que la muse badine donnait au poète Horace à l’heure où il voulait tenter les hasards de la haute mer : Phœbus volentem prælia me loqui Vicias et urbes, increpuit lyra Ne parva tyrrhenum per æquor Vela darem… Soyez prévenus cependant que nous entrons dans les domaines fleuris de la comédie, à la suite de mademoiselle Mars, et que bientôt nous marcherons dans les sentiers sanglants de la tragédie, à la suite de mademoiselle Rachel. […] — Faites l’analyse de cette torture, si vous l’osez. — Ses entrailles étaient brûlées, et le parterre s’amusait fort, entendant M. […] Ne dites donc pas, citoyen de Genève, que Molière a voulu rire de la vertu : Molière ne s’est attaqué qu’aux excès de cette vertu ; il a déclaré une guerre généreuse à cette mauvaise humeur insociable, à cette inflexible analyse, à cet oubli continuel de ces innocentes formules que le monde appelle la politesse, et qui rendent la vie à ce point complaisante et facile, qu’il faut être vraiment un misanthrope, c’est-à-dire un homme presque mal élevé, pour faire tant de bruit contre cette monnaie courante de saluts, de sourires et de baisemain, sans laquelle il n’y a pas de société possible.
Notre siècle semble vouloir introduire les discussions froides et didactiques dans les choses de sentiment. » Et, en effet, de la manière qu’il définit lui-même l’esprit philosophique, c’est à savoir par le goût de « l’analyse » et de la « combinaison » comment, je ne dis pas la poésie ou l’éloquence, mais l’observation psychologique elle-même y résisteraient-elles ? […] Bertolini, Analyse raisonnée de l’Esprit des lois, 1754, et au tome III de l’édition Laboulaye ; — d’Alembert, Analyse de l’Esprit des Lois, 1755, et en tête de l’édition Parrelle ; — Crévier, Observations sur te livre de l’Esprit des lois, 1764 ; — Destutt de Tracy, Commentaire sur l’Esprit des lois, Philadelphie, 1811 ; et 1819, Paris ; — Sclopis, Recherches historiques et critiques sur l’Esprit des lois, Turin, 1857 ; — Laboulaye, Introduction à l’Esprit des lois, Paris, 1876. […] — Ce sont en second lieu des romans psychologiques ; — dont le principal intérêt ne consiste que dans l’analyse des sentiments ; — et où les aventures tiennent si peu de place ; — ont si peu d’importance pour l’auteur lui-même, que Marianne et Le Paysan sont demeurés inachevés. — Et ce sont enfin des romans sinon d’amour, au moins de galanterie ; — ce qui les distingue des romans de Le Sage. — S’ils sont d’ailleurs aussi « décents » et aussi « moraux » qu’on l’a prétendu ?
Le roman d’idées, le roman d’analyse prennent la vogue ; bien que s’y rattachant par le côté d’observation, par l’accentuation du pessimisme, ils s’en dégagent par une plus grande partie accordée à la psychologie, à l’idéalisme et à la poésie. […] Dans cette courte analyse des nouveautés littéraires, je ne puis donner idée à nos lecteurs que de l’une des anecdotes contenues dans ce volume, qui contient quatre récits. […] Je n’entreprendrai pas de donner une analyse complète du roman de M. […] Comme on le pense bien, cette courte analyse est loin d’avoir le relief de l’humoristique récit de M. de Banville ; elle peut cependant donner idée de la fantaisie et de l’esprit charmant qui l’animent. […] Commençons l’analyse du roman selon le procédé dont nous avons usé jusqu’à ce jour.
Et cette analyse-là ne vaut que par la synthèse que l’artiste nous fait faire à nous-mêmes. […] Vif, comme s’il datait d’hier, m’est resté le souvenir du jour où j’eus le bonheur de lire pour la première fois la partie à Un Homme libre, qui est consacrée à l’analyse de l’histoire de la Lorraine, terre natale de l’auteur, — car c’est à ces pages-là que Barrès a confié ses premières impressions de voyage autour du sentiment populaire. […] Je me méfie quand je vois l’analyse des émotions de l’âme prendre le pas sur le reste, comme si à elle seule elle était capable de créer une œuvre d’art. Et encore si c’était l’analyse scientifique et impassible ; mais l’analyse littéraire, est-ce autre chose, à dire vrai, qu’une promenade, agrémentée de jolis détails, que l’esprit fait de temps en temps sous prétexte d’exercice hygiénique, afin de pouvoir rentrer bientôt au paisible pays des préjugés chéris. […] Vous vous êtes élevé contre l’analyse qui y domine, et, si je vois bien, ce serait, d’après vos idées, tout à fait dans le mouvement général du temps raisonneur plutôt que créateur, où nous vivons. » — « C’est une question de plus ou de moins, comme pour tout ce qui se rapporte à l’art », répondit Marcel Schwob.
Revenant à la littérature pure, nous devons remarquer la méconnaissance, par le siècle, du très bon écrivain d’analyse que fut Stendhal (malheureusement embringué de théories matérialistes et sommaires, à la Condillac et à la Helvétius) et la demi-méconnaissance de Balzac. […] Ce n’était pas la peine de nous faire perdre tant de temps à l’analyse des Premiers principes. […] Pour la foule comme pour l’homme de génie, après la période de latrie, est venue celle de critique et d’analyse et on a décrit surabondamment la psychologie et la pathologie des foules. […] Je songeais, en l’écoutant, aux âmes de mes contemporains, et des pères et grands-pères de mes contemporains assiégées par la demi-douzaine d’insanités solennelles, doctrinaires, dogmatiques, que j’analyse et que je constate ici, assaillies et désorbitées, et se réfugiant dans ce cri suprême de l’humain qui se déshumanise. […] La pseudo-découverte de Broca, reprise par Charcot, étendue à une analyse (que l’on croyait complète) du langage articulé, tenait le monde scientifique.
Les Cours de littérature proposent plusieurs méthodes : l’analyse, le recueil d’expressions choisies, le recueil dépensées saillantes, la lecture à haute voix… On peut, par l’analyse, se rendre compte de ce qu’on a lu ; mais elle n’enseigne pas à écrire. […] Nous avons dit dans un précédent ouvrage3 comment l’analyse littéraire doit être faite pour offrir quelque utilité. […] Le contact de notre intelligence avec une œuvre supérieure crée une source de rapports, de remarques, de leçons et d’exemples, un champ de beauté et d’analyse inépuisable. […] Elle n’est pas une peinture, mais une analyse, et elle ne traduit pas directement les objets, mais les sentiments qu’ils éveillent en nous.
Nous sommes cinq ou six à garder dans les souvenirs de notre première jeunesse ces entretiens du soir, sous les grands arbres de l’avenue de l’Observatoire, ces longues causeries du Luxembourg auxquelles Paul Bourget, presque adolescent encore, apportait ses fines analyses et ses élégantes curiosités. […] Brunetière, de suspendre prudemment nos analyses psycho-physiologiques et nos synthèses approximatives de la vie de l’esprit ? […] L’analyse spectrale a constaté l’unité de composition des mondes. […] Je crois, pour ma part, que rien dans la vie de Jeanne d’Arc ne se dérobe, en dernière analyse, à une interprétation rationnelle.
C’est ce que je voudrais faire sentir et démontrer à tous par une analyse un peu complète et par une juste application de la critique littéraire.
Tout en convenant avec lui que les qualités qu’on possède sont loin de se produire toujours ; que c’est l’occasion qui nous révèle aux autres et souvent à nous-même, et que la seule pierre de touche pour bien juger du mérite est qu’il soit mis à sa place, je remarquerai que, dans l’analyse très détaillée et assez naïve qu’il nous donne de son esprit et de son caractère, il nous dit : J’ai un défaut effroyable pour les affaires, qui gâte et qui détruit tout ce que je pourrais avoir de bon : c’est une grande paresse dans l’esprit ; en de certaines occasions, je la peux surmonter par élans ; mais à la longue je prends trop sur moi et j’y retombe toujours ; si bien que je ne serais propre qu’à penser, et encore plus à choisir et à rectifier ; car ce qu’il y a de meilleur en moi, c’est le discernement : mais il faudrait qu’un autre agît.
Là, on trouve non seulement la suite méthodique et l’analyse raisonnée des opérations de Villars, mais ses lettres au roi, aux ministres, les ordres ou les réponses qu’il reçoit, enfin tous les éléments pour former un jugement solide sur son caractère et son mérite de général.
Les analyses qui précèdent et expliquent ces réveils frénétiques d’égoïsme sont parfaitement déduites et dans une psychologie très-déliée, surtout pour les deux premiers cas : « C’était enfin une lutte perpétuelle entre mon cœur qui me disait : Crois, — aime, — espère…, et mon esprit qui me disait : Doute, — méprise, — et crains !
Lorsqu’il entreprit de les imiter, il se plaça tout d’abord au premier rang par sa critique savante, nourrie, modérée, pénétrante, par ses analyses exactes, ingénieuses, et même par les petites notes qui, bien faites, ont du prix, et dont la tradition et la manière seraient perdues depuis longtemps, si on n’en retrouvait des traces encore à la fin du Journal actuel des Savants 132 ; petites notes où chaque mot est pesé dans la balance de l’ancienne et scrupuleuse critique, comme dans celle d’un honnête joaillier d’Amsterdam.
Voir dans le Lycée de Laharpe, après l’analyse de chaque pièce, les remarques de détail sur le style.
Dans Buffon, le premier homme, racontant les premières heures de sa vie, analyse ses sensations, ses émotions, ses motifs aussi finement que ferait Condillac lui-même.
Il est aisé de voir que cette analyse s’applique non seulement aux sensations visuelles, mais à toutes les autres, puisque toutes les autres comportent aussi des hallucinations. — Donc, lorsque nous nous promenons dans la rue, en regardant et en écoutant ce qui se passe autour de nous, nous avons en nous les divers fantômes qu’aurait un halluciné enfermé dans sa chambre et chez qui les sensations visuelles, auditives et tactiles qui en ce moment se produisent en nous par l’entremise des nerfs, se produiraient toutes dans le même ordre, mais sans l’entremise des nerfs.
En même temps, notre auteur aime à moraliser ; il raisonne volontiers sur ce qu’il conte, analyse, épilogue, marivaude, débite une sentence, lâche parfois une épigramme contre les dames : mais à l’ordinaire il les cajole, il les respecte.
Au milieu des déductions arides et de la scolastique subtile, soudain l’analyse tourne en synthèse, et les idées se dressent sous nos yeux, réalisées, incarnées, individuelles.
On pourra, si l’on veut, lire dans les ouvrages spéciaux les analyses ou les textes de l’Assomption, de Mundus, Caro, Daemonia, de Bien advisé et Mal advisé, des Enfants de maintenant, de la Condamnation de Banquet, et autres moralités mystiques, morales, pédagogiques, qui sont toutes également traitées en lourdes allégories.
Les plus exactes analyses de sentiments, les vues les plus profondes sur l’âme humaine, les peintures les plus fines ou les plus éclatantes du monde moral ou physique, ce qu’il y a de plus rare dans la littérature contemporaine soit pour le fond, soit pour la forme, c’est chez nos poètes, nos romanciers, nos critiques et nos philosophes qu’il faut le chercher.
L’idée très simple et toute grossière que le dogme catholique lui donne du monde, partagé en deux camps, n’est pas pour le pousser à l’étude ni à l’analyse des dessous de la réalité.
Ce n’est pas qu’ils aient mis dans leurs vers ce que la poésie proprement dite ne comporte point : l’analyse aiguë de Stendhal, par exemple, ou l’ironie nuancée de Renan.
Chez Montesquieu, la pensée est ce que sont dans la science les corps composés de plusieurs substances : il faut pour les démêler toutes les subtilités et toute la patience de l’analyse.
Je n’empêche pas qu’un autre n’analyse longuement les dépêches et qu’il n’entrecoupe le récit par des extraits ; — mais alors il fait une histoire diplomatique ; — qu’il ne s’étende sur les dissensions intérieures de la Hollande et sur la fin tragique des De Witt ; mais c’est entreprendre sur l’histoire de la Hollande ; — qu’il ne raconte au long les combats qui en si peu de jours mettent la Hollande aux abois, et la forcent à se noyer pour se sauver ; — mais ce sont là des mémoires militaires.
Alors je ne vois pas pourquoi on la déclarerait rebelle à l’analyse et on me dénierait le droit d’en rechercher l’origine.
Il est donc essentiel qu’elle les garde quelque temps, pour opérer à loisir cette analyse ; autrement la digestion trop hâtée n’aboutirait qu’à l’affaiblir ; l’assimilation d’une foule d’éléments vraiment nutritifs serait empêchée.
L’Analyse de Bayle, où ce qu’il y a de plus licencieux dans cet Ecrivain se trouve réuni ; l’Histoire des Querelles Littéraires, où l’on avance sans preuve, que Bossuet & Fénélon avoient, sur la Religion, des sentimens bien différens de ceux qu’ils ont professés ; l’Histoire Politique & Philosophique des établissemens des Européens dans les deux Indes, où l’on prétend que les Peuples seront plus heureux, lorsqu’ils n’auront ni Prêtres, ni Maîtres : ces trois Ouvrages, & beaucoup d’autres non moins licencieux, sont universellement attribués à des Ecclésiastiques de nos jours, qui ne les ont pas désavoués.
On le voit à travers notre analyse, ce qui manque au drame de M.
Le quatrième Dialogue nous montre qu’il n’était pas homme à demeurer en chemin, ici notre analyse s’arrête.
À sept heures on dîne, et aussitôt le dîner, après une seule pipe fumée, la lecture recommence, et nous allons de lectures en résumés de morceaux qu’il analyse, et dont quelques-uns ne sont pas complètement terminés, nous allons jusqu’au dernier chapitre.
Si l’on analyse ce curieux phénomène, on en trouve une explication facile : il se forme spontanément dans un peuple, comme dans une assemblée délibérante, des commissions et sous-commissions peu nombreuses, mais éclairées, qui se chargent d’instruire les affaires.
Peuples, nations, États sont bien des unités, mais synthétiques ; la nature de ces ensembles sociaux dépend étroitement des relations réciproques des associations élémentaires, plus ou moins nombreuses, que l’analyse sociologique y distingue.
Au fond, il paraîtrait ne le goûter qu’à demi, l’admirer surtout par respect humain, et peut-être ne l’avoir pas lu tout entier ; car, dans la suite de ses réponses à Perrault sur la controverse homérique, il n’emprunte rien, ni pour l’histoire conjecturale des premiers poëtes grecs, ni pour l’analyse du sentiment poétique, à bien des traits originaux, à bien des témoignages précieux de Pindare, qui partout, dans ses hymnes, se montre le premier croyant à l’authenticité d’Homère et comme le prêtre de son temple.
Un pieux lettré, qui, à la fin du dix-septième siècle, commentait cette inspiration des premiers temps, disait « qu’au prix de ce cantique, Virgile lui paraissait tout de glace » ; malheureusement, il glaçait lui-même de ses analyses ce qu’admirait sa foi.
L’idée, dans son ensemble, et le style, dans quelques parties, m’en ont paru si remarquables, que j’en vais tenter l’analyse, ou plutôt l’historique, en m’aidant des vers du poète. […] L’époque où nous vivons est trop turbulente pour qu’il y prenne fantaisie à un écrivain de faire de patientes analyses d’une passion qu’il a éprouvée, ou de solitaires études des passions d’autrui. […] C’est que les personnes n’en sont pas toute la matière, et qu’au milieu d’analyses plus ou moins sûres de talents particuliers, il y a une grande place donnée aux principes, dont la recherche et l’expression intéresseront toujours les bons esprits. […] — Ils ont changé toutes les bases de la critique et de l’esthétique, ils ont fait de profondes analyses psychologiques et ont découvert tout un monde de nuances, de demi-sentiments, de quarts d’impressions, de sixièmes de sensations. — Trouve-t-il quelqu’une de ces nuances-là en lui ? […] Il n’y a pas non plus d’analyse qui pût exprimer mieux la nature vague et impalpable des sujets traités par M.
Il estimait que les plus hauts résultats doivent sortir de la plus scrupuleuse analyse des détails, et que tout essai d’explication universelle doit être précédé par une minutieuse étude des cas particuliers. […] Quelques personnes, qui aiment les solutions précises et dont l’esprit robuste a peur de l’impalpable et de l’invisible, ont déclaré tout net, sans s’attarder aux analyses subtiles, ni même aux précautions oratoires, que l’auteur d’Averroès et de l’Histoire des langues sémitiques était un homme léger et frivole, qui s’amusait à nos dépens. […] Qu’il assiste à une fête mondaine ou à une représentation théâtrale, qu’il entende la musique d’un bal ou les clameurs d’une révolution, qu’il analyse la gaieté d’une toilette claire ou la tristesse d’une église gothique, qu’il juge un système métaphysique, un poème religieux ou un contrat social, qu’il observe un marchand ou un artiste, qu’il se promène dans une usine ou dans un musée, qu’il mesure la bêtise de M. […] Pendant tout un hiver, autour des tasses de thé, sur les bergères des salons hospitaliers aux gens de lettres, on se posa des questions intriguées : Allait-il recommencer, pour les dames inquiètes que Jules Lemaître appelle des perruches troublées, l’analyse éternelle de l’adultère confortable et bourrelé de remords ? […] J’entends d’ici le rire de Molière, les tirades bourgeoises de Chrysale, et Paul de Kock, et Labiche, et Gandillot… Ces femmes voilées sont peut-être trop savantes en l’art de se mettre martel en tête, et j’avoue que leur peintre attitré exagère la maigreur de leurs profils émaciés, se complaît en leurs chloroses, subtilise les analyses infinitésimales où elles se consument, catalogue trop minutieusement les cierges, les images, les fleurs, les chapelets où se plaisent leurs petites âmes dévotes et tremblotantes.
La morale était le tout de Socrate, elle sera le fond et le centre de Platon, toutes les parties de mon enseignement étant, du reste, présentées de telle sorte que ce centre et que ce fond resteront bien dans les esprits, en dernière analyse, comme étant le tout. […] Il faut donc travailler à nous rendre tels que nous n’obéissions qu’à la raison, c’est-à-dire au meilleur de nous-mêmes, c’est-à-dire, en dernière analyse, à nous-mêmes. […] Remarquez que quand l’art croit que son objet est l’agréable, il ne se trompe point au fond et en dernière analyse ; il ne se trompe que de degré ; car à un certain moment le bon et l’agréable se confondent parfaitement. […] Un conteur même peut être amoral. « Je peins des tableaux de genre, dit-il ; des analyses de sentiments, à proprement parler, vous n’en verrez pas. […] En dernière analyse, c’est une illusion.
» Dans ce court résumé, j’ai omis bien des choses essentielles du roman, supprimé des personnages importants, mais j’ai voulu laisser aux lecteurs le plaisir de compléter mon analyse par la lecture d’une œuvre émouvante. […] Personne ne la comprend et nous avons beau essayer l’analyse logique, nous ne parvenons pas à éclairer nôtre lanterne. […] Je n’essaierai pas l’analyse de ces deux volumes, bourrés d’épisodes de la vie parisienne, d’anecdotes où figurent des êtres vivant parmi nous, mais suffisamment voilés pour n’être pas reconnus. […] Mais revenons au Triomphe de la Mort, un roman d’analyse très — je devrais dire trop — développé et qui n’est au fond que l’étude d’un homme déséquilibre presque volontairement, d’un individu qui se détraque le cerveau avec art, et devient, sans autre raison qu’une sorte d’atavisme (que ne met-on aujourd’hui au compte de l’atavisme ?) […] C’est presque un roman par lettres, que le Roman d’un académicien, une très fine analyse de sentiments élégamment étudiés à la façon de Marivaux.
L’analyse psychologique n’étant point son fait, et, pour mon compte, je ne m’en plaindrai pas, les nombreuses observations qui remplissent les Récits d’un Chasseur portent principalement sur l’état social, les mœurs et l’extérieur des paysans russes ; l’auteur nous fait rarement pénétrer dans les replis de leur conscience. […] Rien n’égale l’éloquence de son mutisme ; un regard, un soupir, le moindre geste en disent plus sous sa plume que toutes les analyses.
Aimé Martin analyse ainsi, et avec trop de faveur peut-être, ce livre de son maître: Les Études parurent en 1784, et leur succès dédommagea l’auteur de tout ce qu’il avait souffert. […] L’analyse des mémoires fut écoutée assez tranquillement ; mais, aux premières lignes de la déclaration solennelle de ses principes religieux, un cri de fureur s’éleva de toutes les parties de la salle.
L’étude de cette théogonie, l’examen des faits historiques et des institutions, l’analyse sérieuse des mœurs, suffisent à la démonstration d’une vérité admise par tout esprit libre d’idées reçues sans contrôle et de préventions aveugles. […] J’ai dit, messieurs, que ses romans étaient aussi des poèmes ; et, en effet, si la magie du vers leur manque, l’ampleur de la composition, la richesse d’une langue originale, énergique et brillante, la création des types plutôt que l’analyse des caractères individuels, leur donnent droit à ce titre.
Ainsi, nous voyons poindre à la fois et comme se donnant la main, le génie de la mélancolie et de la méditation, le démon de l’analyse et de la controverse. […] Le génie, qui devine plutôt qu’il n’apprend, extrait, pour chaque ouvrage, les premières de l’ordre général des choses, les secondes de l’ensemble isolé du sujet qu’il traite ; non pas à la façon du chimiste qui allume son fourneau, souffle son feu, chauffe son creuset, analyse et détruit ; mais à la manière de l’abeille, qui vole sur ses ailes d’or, se pose sur chaque fleur, et en tire son miel, sans que le calice perde rien de son éclat, la corolle rien de son parfum.
Il donne quelque part, en véritable dilettante, une analyse des sueurs âcres ; alcalines, aigres dont les arômes se mêlent aux savons rances et aux pommades éventées. […] Le romancier nous analyse tout au long les phénomènes de la névrose ; vocable adopté par les médecins pour donner un semblant d’explication ix choses qu’ils ne comprennent même pas.
C’est un récit plein de mouvement et de vie, et la psychologie des personnages se manifeste par l’action, non par l’analyse, par des faits, non par la description. […] Shorthouse dans une analyse des Argonautiques d’Apollonius de Rhodes, et lorsqu’on nous apprend que le superbe Pavillon construit à Alexandrie par Ptolémée Philadelphe était une « sorte de Restaurant Holborn dans de vastes proportions » nous devons dire que la description détaillée qu’Athénée nous donne de cet édifice aurait pu être condensée dans une épigramme meilleure et plus intelligible. […] Et pourtant comme elle est exquise dans ses analyses de chaque art en particulier, et dans la manière dont elle nous en représente les rapports avec la vie ! […] Paul Bourget analyse les passions avec tant de subtilité, il transforme sa mère, qui était le type de la grisette française en « une modiste fort aimable et fort spirituelle ». […] Mais Walt Whitman n’est jamais mieux dans son élément que quand il analyse lui-même son œuvre et fait des plans pour la poésie de l’avenir.
Seulement, n’y cherchez point de subtiles analyses, à la façon des modernes. […] Si l’art est toujours en dernière analyse une « imitation de la nature », l’entente est assez facile, en musique, en poésie et dans les arts plastiques, sur la fidélité de cette imitation. […] (Je dois vous avertir que, dans tout ce qui précède, il n’y a, en réalité, pas un mot de moi ; que j’ai simplement fait, sous une forme indirecte, l’analyse de la pièce de M. […] Mon gracieux ami Jacques du Tillet nous donnait ces jours-ci dans le Gaulois, à propos de Rolande, l’analyse de Madame Marneffe. […] Elle le déteste parce que la personne de ce grand écrivain lui paraît haïssable et ridicule, mais surtout par une irrésistible protestation de la nature contre l’esprit d’analyse et la manie du dédoublement, qui est en effet ce qu’il y a au monde de moins naturel et de moins spontané.
On l’entend gronder à toutes les pages de son œuvre, en des phrases qui prennent des sons d’orage, et nous éclairent mieux lui-même que de longues analyses : « Tout devint passion chez moi, en attendant les passions mêmes… Ces flots, ces vents, cette solitude qui furent mes premiers maîtres, convenaient peut-être mieux à mes dispositions natives [que l’étude] ; peut-être dois-je à ces instituteurs sauvages quelques vertus que j’aurais ignorées… Tout prenait en moi un caractère extraordinaire… » Ce n’est pas lui, qui se serait passionné pour la théorie des couleurs. […] Il traitera les cœurs qu’il rencontre sur son passage comme les idées qu’il arrête en chemin : il en fera des collections et des analyses. […] Que demandons-nous, en dernière analyse, aux œuvres d’imagination que nous voulons sauver de l’universel désastre ? […] Cette action est tout entière dans l’analyse des souffrances morales de Tasse — non point telles qu’elles furent dans la réalité historique, mais telles que Goethe se plaît à se les figurer. […] Votre intuition est si juste qu’elle embrasse avec ampleur tout ce que l’analyse a tant de peine à chercher de tous côtés.
Mais il faut terminer cette analyse, qui n’est déjà que trop longue, et quitter les grands morts, car il y a là des vivants, de tout petits vivants qui m’attendent. […] Ils sont ce que la loi, ce que l’humanité veulent qu’ils soient, un simple aide-mémoire pour le jury, l’analyse lucide des débats présentée par un esprit exercé à peser la valeur des témoignages. […] Un père ne dédie pas à son fils un ouvrage consacré à l’analyse de la passion, même lorsqu’elle y est condamnée en dernier ressort ; car il conserve vis-à-vis de cet homme, qui sera toujours son enfant, une sorte de pudeur féminine. […] reprenez toutes ces analyses savantes, ces livres pleins de passion parlée où la vie n’est pas, et qui semblent écrits par des vieillards attardés pour des adolescents impatients, et rendez-moi les vieilles histoires d’amour d’autrefois, les femmes qui ne savaient ce qu’elles faisaient, et les fautes involontaires ! […] Ruffini des chapitres remplis d’observations fines et d’analyses délicates, et il y a de certaines échappées de vue sur la vie italienne, au début du roman, qui sont charmantes ; mais, malgré tout, Lavinia me plaît moins que ses devanciers.
C’est qu’au lieu d’investir du dehors, par une série de travaux d’approche, la matière de l’histoire littéraire ; au lieu d’en prendre d’abord une idée générale et sommaire, et comme une vue perspective ; au lieu de commencer par distinguer, reconnaître et caractériser les époques ; on croit commencer par le commencement en commençant par épuiser les questions les plus particulières ; par étudier les hommes sans se préoccuper de ceux qui les ont précédés ou suivis ; et par perdre enfin dans l’analyse ou dans l’examen des œuvres le sens des rapports qu’elles soutiennent avec l’ensemble de l’histoire d’une littérature. […] Puisqu’en effet, à l’analyse, la comédie de Térence, par exemple, ou l’épopée de Virgile se trouvent plaire pour et par de certains mérites, bien et dûment ’étiquetés, on tâche de trouver des moyens, des recettes, ou des procédés pour reproduire à son tour ces mérites ; et, ainsi, pour faire entrer dans les œuvres les beautés avec les règles. […] C’est aussi bien ce qui a permis à Scaliger de donner à la comparaison des poètes une précision toute nouvelle, et d’introduire ainsi dans la critique une subtilité d’analyse dont je ne connais guère d’exemples avant lui. […] Il ne manque pas d’autres histoires de la littérature italienne : il y en a de plus volumineuses ; il y en a, comme on dit aujourd’hui, de plus « documentées », qui contiennent plus de faits, plus de titres, plus de dates, plus d’analyses ; il n’y en a pas, à mon gré, de meilleure, de plus philosophique, ni de plus agréable à lire que celle de de Sanctis… Pour nous, et pour notre objet, sans entrer dans plus de détails, il nous suffit ici que, d’un consentement unanime, si les Marini et les Bartoli sont les maîtres de la préciosité, les Ledesma et les Gongora le soient, eux de l’emphase et de l’amphigouri. […] Autre innovation, presque plus considérable : pour la première fois l’histoire, générale et particulière, et la biographie des hommes se mêlaient, pour l’éclairer, pour l’animer, pour la vivifier, à l’analyse et à l’explication des œuvres.
Paul Bourget mêle ensemble la description des lieux et l’analyse aiguë des états d’âme de ses personnages. […] Les uns donc se sont dérobés, en déclarant « que la polémique engagée sur la question du roman d’analyse était un peu vaine à leurs yeux », et, en ajoutant : « comme tout ce qui tend à trop définir et à enfermer trop strictement dans des règles étroites le génie ou le talent de l’écrivain ». […] L’analyse n’est pas un dissolvant ou un poison de la volonté ; et l’étude attentive de la vie peut bien avoir pour effet d’en rendre la complexité plus difficile à reproduire, elle n’en fait pas évanouir la réalité. […] L’analyse encore et la psychologie auront fait ce miracle. […] En effet, si le monothéisme sémitique, la philosophie grecque et la politique romaine suffisent pour nous rendre raison de la formation, de l’ascendant, et du développement du christianisme, ces trois éléments sont-ils également simples, je veux dire indécomposables, irréductibles par l’analyse, et la philosophie grecque, par exemple, s’est-elle formée d’elle-même, d’elle seule ?
. — Analyse d’une de ces pièces. — Anecdote relative au mystère de la Passion. — Bon mot d’un peintre. — Les moralités. — Origine de la petite pièce. — Analyse d’une moralité. — Personnages habituels des mystères et des moralités. — Origine de ce dicton, faire le diable à quatre. — Origine du prologue. — Principaux auteurs des mystères et des moralités pendant le quinzième siècle et la moitié du seizième. — Mystères joués dans les églises au treizième siècle […] On aura une idée de ce qu’étaient ces sortes de pièces, par l’analyse de l’une d’elles, le Mystère du Vieil Testament. […] Bientôt Virginie, de La Harpe, les Gracques, d’André Chénier, furent joués avec l’habillement de l’époque ; puis les acteurs et les actrices, Romains ou Grecs, à la scène, se vêtirent en Romains et en Grecs : puis enfin, en dernière analyse, à partir du commencement de ce siècle, on devint au théâtre d’une rigidité extrême pour l’exactitude du costume. […] Boyer s’écria du milieu du parterre : « Elle est pourtant de Boyer, malgré M. de Racine. » Le lendemain, cette même tragédie fut sifflée, et l’on en fit une analyse peu favorable dans un sonnet que voici : On dit qu’Agamemnon est mort, Il court un bruit de son naufrage, Et Clytemnestre tout d’abord Célèbre un second mariage. […] On lui donna le conseil charitable de retourner à ses moutons (allusion à une de ses plus spirituelles idylles) ; cette tragédie fut en outre le sujet de cette analyse épigrammatique, attribuée à Racine : La jeune Eudoxe est une bonne enfant, La vieille Eudoxe une franche diablesse, Et Genséric un roi fourbe et méchant, Digne héros d’une méchante pièce.
Dans cette œuvre qui est la base de toutes nos sciences exactes, leur analyse est si rigoureuse qu’aujourd’hui encore, en Angleterre, la géométrie d’Euclide sert de manuel aux écoliers. […] Le Grec est raisonneur encore plus que métaphysicien ou savant ; il se plaît aux distinctions délicates, aux analyses subtiles ; il raffine, il tisse volontiers des toiles d’araignées16. […] Une subtile distinction, une longue analyse raffinée, un argument captieux et difficile à débrouiller les attire et les retient.
VIII Voici encore une illusion d’optique morale qui périt au contact de l’analyse.
Mais on se fatigue enfin de ces méthodes lentes et timides, de ce long enchaînement d’observations attentives et d’analyses délicates.
Il a excellé dans la finesse d’analyse comme dans le décor et le lyrisme.
On croirait qu’un dessein profond a coupé ou allongé ces vers, et il est telle fable qui supporterait cette analyse effrayante.
Et pourtant si on l’analyse, on y peut trouver encore une conscience obscure de cette opposition et de cette hostilité qui en sont le fondement solide et lui donnent un sens philosophique.
On n’attend pas que j’analyse en détail ces brochures ; et tout d’abord je dirai en quoi il me semble que Sieyès a échoué et erré, et en quoi il a réussi.
L’élément irréductible à l’analyse, c’est donc la sensation : le mental ne peut se ramener au mécanique ; c’est, au contraire, le mécanique qui se ramène au mental, puisque le mécanique n’est lui-même qu’un extrait des sensations de mouvement et de résistance.
De l’imagination à coup d’analyse, Zadig juge d’instruction, Cyrano de Bergerac élève d’Arago.
Vous vous êtes fort étonnés que la souscription pour le monument de Molière ait rapporté si peu d’argent13 ; mais c’est votre faute à vous tous qui nous ramenez, chaque jour, à l’analyse des mêmes comédies.
Lorsqu’elle l’analyse, il disparaît ; mais il est, par là même, essentiellement du domaine de la poésie.
Enfin vouloir, comme le prétend en dernière analyse M.
Ils ne se sont pas contentés de la synthèse, il leur a fallu l’analyse.
N’est-ce pas bien mystérieux, bien troublant, et cela n’échappe-t-il pas, pour la plus large part, à toutes les analyses et à tous les récits d’un romancier ?
. — Telles sont les deux conclusions, contraires en apparence, que semble imposer aux anthropologues, qu’ils soient polygénistes ou monogénistes, l’analyse ethnique des groupes qui mènent le progrès.
Il posa lui-même devant lui pour écrire les rêves dont sa raison malade avait été récemment obsédée, et, à la fois opérateur et sujet, il promena le scalpel de l’analyse sur son cerveau malade pour faire au public l’histoire de sa démence. […] La passion ne s’analyse pas. […] C’est un talent d’analyse, minutieux, sec, pessimiste, mais réel. […] Si vous les soumettez à une implacable analyse, la vie s’éteint et le charme s’évanouit. […] L’analyse est impossible ; j’essayerai la synthèse.
Se refuser à l’anecdote lyrique et romanesque, se refuser à écrire à ce va-comme-je-te-pousse, sous prétexte d’appropriation à l’ignorance du lecteur, rejeter l’art fermé des Parnassiens, le culte d’Hugo poussé au fétichisme, protester contre la platitude des petits naturalistes, retirer le roman du commérage et du document trop facile, renoncer à de petites analyses pour tenter des synthèses, tenir compte de l’apport étranger quand il était comme celui des grands Russes ou des Scandinaves, révélateur, tels étaient les points communs. […] Il y a place pour beaucoup d’efforts sur le terrain de l’analyse caractéristique et de la synthèse du nouveau roman. […] La poésie commence aux confins de l’âme humaine ; débarrassée de toute occupation de vie, pour une heure, oisif, l’homme peut un instant se bercer à un souvenir, à un paysage, et non l’analyser et le démontrer, ce qui serait œuvre du roman d’analyse, mais le concentrer, le dépouiller de tout ce qu’il a d’éphémère et de circonstanciel, il peut dans un vers donner l’accord qui existe entre le rythme fondamental de son âme, et les rythmes horaires et essentiels des choses. […] Paul Hervieu, dans ses deux nouvelles, Deux Plaisanteries, analyse d’abord avec une aimable cruauté un duel de gens du monde compromis vivement par leurs témoins ; puis il nous fait assister aux heureuses mésaventures d’un attaché aux affaires étrangères (Bureau adjoint des services supplémentaires) que des sottises mènent malgré lui à une vie plus intéressante que son antérieur avatar. […] Ils suivaient en cela la voie de M. de Goncourt, dont la perpétuelle analyse d’êtres différents se concentre en somme en une étude des reflets des personnalités sur lui.
Il est évident que de nostra dignitate ne peut être le nominatif de curoe sit ; cependant ce verbe sit, étant à un mode fini, doit avoir un nominatif ; ainsi Lentulus avoit dans l’esprit ratio ou sermo de nostra dignitate, l’intérêt de ma gloire ; & quand même on ne trouveroit pas en ces occasions de mot convenable à suppléer, l’esprit n’en seroit pas moins occupé d’une idée que les mots énoncés dans la phrase réveillent, mais qu’ils n’expriment point : telle est l’analogie, tel est l’ordre de l’analyse de l’énonciation.
Rien n’est plus vrai que les peintures et les analyses du poète ; mais tout est recréé par lui dans l’ordre plus pur et plus grand de la passion achevée. […] Elle sera fonction de mon analyse psychologique du Maître et du Sage.
Ces sortes de livres ne montrent que les dehors, l’élégance et la politesse courante, le jargon du beau monde, bref, ce qu’il faut dire devant les dames ; et néanmoins on y voit la pente de l’esprit public : dans la Clélie, le développement oratoire, l’analyse fine et suivie, la conversation abondante de gens tranquillement assis sur de beaux fauteuils ; dans l’Arcadie, l’imagination tourmentée, les sentiments excessifs, le pêle-mêle d’événements qui conviennent à des hommes à peine sortis de la vie demi-barbare. […] Ceux-ci n’ont pas l’esprit d’analyse qui est l’art de suivre pas à pas l’ordre naturel des idées, ni l’esprit de conversation qui est le talent de ne jamais ennuyer ou choquer autrui. […] Jugez de son style par un seul exemple : « Comme l’eau, dit-il, soit qu’elle vienne de la rosée du ciel, soit qu’elle sorte des sources de la terre, se disperse et se perd dans le sol, à moins qu’elle ne soit rassemblée dans quelque réceptacle où par son union elle peut se conserver et s’entretenir, d’où il est arrivé que l’industrie de l’homme a construit et disposé des bassins, des conduits, des citernes et des étangs que l’on s’est accoutumé à parer et à embellir pour la magnificence et l’apparat, comme pour l’usage et la nécessité ; ainsi la science, soit qu’elle descende de l’inspiration divine, soit qu’elle jaillisse de l’observation humaine, périrait bientôt et s’évanouirait dans l’oubli, si elle n’était point conservée dans des livres, dans des traditions, dans des assemblées, dans des endroits disposés comme les universités, les écoles et les colléges, pour sa réception et son entretien354. » C’est de cette façon qu’il pense, par des symboles, non par des analyses ; au lieu d’expliquer son idée, il la transpose et la traduit, et il la traduit entière, jusque dans ses moindres parcelles, enfermant tout dans la majesté d’une période grandiose ou dans la brièveté d’une sentence frappante. […] Descartes a remplacé Bacon ; l’âge classique vient d’effacer la Renaissance ; la poésie et la grande imagination se retirent devant la rhétorique, l’éloquence et l’analyse.
Il s’y défend d’écrire « uniquement pour les savants », et de loin en loin il y donne, « pour les dames », l’analyse de quelque roman ; mais, il vrai dire, et au fond, il s’intéresse bien plus aux questions de théologie, de métaphysique, d’histoire, de physique ou de physiologie. […] I Si dans l’idée de progrès on ne voit que l’idée de mouvement, de changement, de succession, elle est partout, et, comme toutes les idées que l’analyse retrouve dans la constitution de l’esprit humain, elle est contemporaine, à vrai dire, de l’exercice même de la pensée, puisqu’elle le conditionne.
Je ne hais ni n’aime Talleyrand ; je l’étudie et l’analyse et je ne m’interdis pas les réflexions qui me viennent chemin faisant : voilà tout.
Wordsworth analyse son regret ; il est près de s’affliger d’abord, puis il se dit, comme Coleridge retenu dans son bosquet de tilleuls, qu’il y a moyen d’éluder le regret, de le racheter par la mémoire, par la pensée.
Lachevardière, imprimeur, d’entreprendre un journal utile, composé d’extraits de littérature étrangère, d’analyses des principaux voyages et de faits curieux et instructifs rassemblés avec choix.
Ils n’arrivent qu’à s’embrouiller dans leurs définitions, à se contredire dans leurs distinctions, à se perdre dans leur analyse ; et, comme les chimistes, leurs émules, quand ils veulent retirer de leur creuset les principes de l’âme humaine et dire : La voilà !
J’ai lu depuis ce Contrat social de Jean-Jacques Rousseau que je vantais alors sur parole ; j’en ai publié dernièrement l’analyse et la critique raisonnées (Entretiens littéraires, nº 65 à 67).
Ce ne sont plus, comme dans les siècles précédents, quelques accents délicats et purs, quelques retours heureux à l’antiquité, de l’analyse et de l’éloquence ; c’est la poésie elle-même qui a paru.
Elles sont douées pour l’éloquence et l’analyse, remarquablement intelligentes et fines d’esprit.
C’est par l’analyse et la critique qu’ils procèdent, et il nous semble que le moyen le plus sûr et le plus facile de prouver les beautés d’un livre, c’est de les montrer.
La finesse d’analyse, où excelle Mérimée, se rapproche plus de la peinture, et la langue, dans sa propriété irréprochable, a de l’abondance, du coloris et de l’accent.
Il n’ose pas tout à fait nous vendre les contes de Boccace ; il nous détaille des analyses chatouilleuses, encore que critiques, de toutes sortes de nouvelles florentines.
Augier cette longue discussion et cette rigoureuse analyse.
Quant à l’action, vous avez pu juger, d’après l’analyse, de son entrain, de son ardeur ; de l’activité énergique avec laquelle elle met aux prises les passions et les intérêts de ses personnages.
Ajoutons que ces réactions centrales sont, en dernière analyse, des réactions de la conscience tout entière conçue comme activité générale et volonté ; or, que la volonté réagisse sous une cause externe ou sous une excitation interne, l’intensité de la réaction pourra varier, mais sa qualité demeurera toujours sensiblement identique, si on fait abstraction de toutes les sensations concomitantes et de tous les mouvements concomitants pour ne considérer que l’émotion en elle-même.
Ce roman, il le cherche, dans ce moment, mais en se promenant dans les rues de Paris, sans en avoir encore trouvé l’action, car à lui, il faut une action, n’étant pas du tout, dit-il, un homme d’analyse.
XXV, 404, 467, a donné une exposition qui est un de ses chefs-d’œuvre ; — mais je me contenterai de rappeler les invectives de Schopenhauer contre les « professeurs de philosophie » et je les renverrai à l’analyse de la philosophie de Fichte telle que l’a donnée M.
Moraliste, il l’est, il s’entend à faire l’analyse d’un travers, d’un ridicule, d’un défaut.
Je n’ai pas retrouvé Statira ; mais l’analyse qu’en donnent les frères Parfaict dans leur Histoire du Théâtre français n’y signale que du « romanesque » et de la « fade galanterie », n’indique comme y étant aucune bassesse et les soixante-huit vers qu’ils en citent sont mauvais, mais du plus pur pompeux.
Zola, qui nous analyse les tentations, s’est épargné l’excuse de cette lutte qui sauve au moins le coupable de l’ignominie de la faute.
La critique naturaliste, qui analyse la passion d’un livre et sa vérité de cœur, a exalté l’auteur de Fanny outre mesure, et cela devait être.
Catholiques, protestants, juifs, socialistes, traditionalistes, je n’ai pas, c’est trop certain, épuisé l’analyse, achevé le tableau, ni même le dénombrement de nos familles spirituelles.
Il analyse, analyse, analyse. […] Taine par un livre dont Le Temps a donné, il y a huit jours, avant même qu’il parût, une longue analyse et de nombreux extraits. […] Zola, comment une famille se comporte dans une société, en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d’œil, parfaitement dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. » Et il ajoute : « L’hérédité a ses lois, comme la pesanteur. » On n’en peut douter.
Il en a encadré l’analyse et l’examen entre ces deux sentences assez fermes : « La Suite du Menteur ne réussit point. […] Un homme soucieux de peinture de mœurs, ou d’analyse de caractères, soucieux pour faire plus court, de peindre quelque chose, se dira : « Quels sont les caractères que suppose cette situation ? […] Brève analyse. […] Je ne dissimulerai pas pourtant à M. des Granges que cela sent un peu l’effort vers le laconisme et que lui, si économe du temps, il ne perdra pas le sien à étendre sa brochure en un volume4 en donnant des analyses un peu plus étendues, des extraits des critiques un peu plus nombreux, à ses théories mêmes un peu plus d’exposition et en mettant un peu d’air dans tout cela.
Ce jugement, tout français et classique, dérive des habitudes de vie et d’esprit du dix-septième siècle ; il suppose deux choses, l’une qu’on parle à des hommes du monde, l’autre que ces hommes forment leurs idées par analyse. En effet, regardez tour à tour les habitudes d’analyse et de salon. […] D’autre part, quand les hommes forment leurs idées par analyse, ils ne pensent que pas à pas ; un saut brusque les déroute ; ils exigent et mettent des transitions partout13. […] Regardons maintenant l’écrivain ; vous lui imposez vos habitudes d’analyse : il en a d’autres, puisqu’il est artiste ; et les siennes valent les vôtres, puisque comme vous il se fait entendre de ses pareils. […] Pour découvrir de grandes idées vraies, il faut se défier de soi-même, revenir cent fois sur ses pas, vérifier à chaque instant ses conjectures, savoir ignorer beaucoup de choses, séparer les vraisemblances des certitudes, mesurer la probabilité, n’avancer qu’avec méthode dans le grand chemin déjà éprouvé de l’analyse et de l’expérience.
Il était davantage dans ses tons en présentant une analyse et un jugement excellent des œuvres dramatiques de Goethe (29 avril et 20 mai 1826). […] Je ne sais pourquoi la biographie d’un homme distingué se restreint presque toujours à l’étude de l’esprit et aux travaux qui en dépendent : la sensibilité a ses mystères qui méritent bien aussi une analyse ou du moins un aperçu.
On découvre, on analyse le vrai à l’endroit même où l’on agira à côté, si l’on a occasion d’agir. […] La bonne critique n’est souvent qu’une bordure. — Et puis, en me livrant tout à l’heure à mon extrême analyse, je comptais bien en corriger à temps l’impression, en recouvrir la minutie un peu sévère, par l’effet de ce large morceau, devenu en tout nécessaire au complément de ma pensée et à la proportion de mon jugement.
Ce ne sont plus, comme dans les siècles précédents, quelques accents délicats et purs, quelques retours heureux à l’antiquité, de l’analyse et de l’éloquence ; c’est la poésie elle-même qui a paru. […] La science, c’est l’analyse.
. — Tragédies grecques : Hippolyte, Antigone et La Troade ; — Comment, dans cette dernière pièce, Garnier fond ensemble l’Hercule d’Euripide, ses Troyennes, et les Troyennes de Sénèque, — — Analyse d’Hippolyte. — Effort sensible du poète vers la psychologie [Cf. […] C’est pour cela que nous n’en avons pas tenu compte dans l’analyse du roman.
Tout simplement des moyens d’analyse plus délicats eux-mêmes, des instruments de critique plus sensibles et plus précis, un goût plus exercé, je veux dire plus d’expérience : ajoutons-y de surcroît une curiosité plus éveillée, plus aiguë, plus exigeante. […] Et il y a là, Messieurs, dans la construction même du drame, une simplicité de moyens, une justesse, une précision, qui n’ont jamais été surpassées, non pas même par Racine ; il y a là une profondeur et une pénétration d’analyse psychologique incomparables ; il y a là une clarté qui laisse loin derrière elle, si je ne me trompe, les complications laborieuses de Corneille. […] L’action s’engage alors entre lui, d’une part, toujours soutenu d’Orgon, et la maisonnée tout entière, d’autre part ; — et, moi, je pourrais arrêter ici l’analyse de la pièce, si je ne voulais attirer votre attention sur deux points. […] C’est aussi la révélation qu’une analyse plus subtile ou plus aiguë nous donne à nous-mêmes des principes inconnus de notre conduite. Quelqu’un a vu plus clair que nous dans notre propre cœur, et nous ne nous connaissions pas nous-mêmes, mais nous nous reconnaissons dans l’analyse qu’il nous en donne.
Maintenant que l’analyse abrégée des principales parties de cet instrument nouveau a lassé votre attention, n’est-il pas temps de rappeler ce qu’il produisit d’ingénieux sous des mains habiles ? […] Pour qu’un autre intérêt s’attache à ces productions, dans notre siècle d’analyse, il faudra tantôt y chercher le caractère et le progrès de la langue, tantôt l’esprit du temps, tantôt l’œuvre du talent, c’est-à-dire mettre quelque étude à distinguer ce qui était la pensée commune, et ce qui fut la pensée poétique d’un homme. […] Je borne ici, messieurs, ce rapide examen d’un livre plus susceptible d’étude que d’analyse.
Talon une analyse exacte et qui est à la fois malicieuse.
Une mère qui allaite, une aïeule qu’on vénère, un noble père attendri, des cœurs dévoués et droits, non alambiqués par l’analyse, les fronts hauts des jeunes hommes, les fronts candides et rougissants des jeunes filles, ces rappels directs à une nature franche, généreuse et saine, recomposent une heure vivifiante, et toute subtilité de raisonnement a disparu.
Il ne se bornait pas aux simples faits principaux ni à l’analyse des ouvrages, ni même à la peinture de la physionomie et du caractère ; il voulait tout savoir, renouer tous les rapports du personnage avec ses contemporains, le montrer en action, dans ses amitiés, dans ses rivalités, dans ses querelles ; il visait surtout à ajouter par quelque page inédite de l’auteur à ce qu’on en possédait auparavant.
Cela fait, presque tout est fait ; car il n’y a plus qu’à mener l’auditeur pas à pas, de gradin en gradin, jusqu’aux dernières conséquences « Madame la maréchale aura-t-elle la bonté de se souvenir de sa définition Je m’en souviendrai : vous appelez cela une définition Oui C’est donc de la philosophie Excellente Et j’ai fait de la philosophie Comme on fait de la prose, sans y penser. » — Le reste n’est qu’une affaire de raisonnement, c’est-à-dire de conduite, de bon ordre dans les questions, de progrès dans l’analyse.
Il répugne à la lente accumulation des connaissances positives ; il n’est pas classificateur ; il n’est pas obligé d’être naturaliste et historien, comme le voulait Goethe, « docteur ès sciences sociales », comme le voulait Balzac ; sitôt que vous entrez dans la description, dans l’analyse, vous sortez de son domaine.
« Et c’est vous-même qui, en défaisant par abstraction et pièce à pièce l’œuvre de la vie, en dépouillant la matière des propriétés qu’elle n’a pu se donner elle-même, c’est vous-même qui faites la preuve, par analyse, de l’intervention nécessaire et progressive d’un agent de la vie.
Que laisserait-elle entre les mains d’une analyse rigoureuse ?
Tous ces êtres, en dernière analyse, se résolvent en éléments de même nature ; mais ces éléments sont, ici, juxtaposés, là, associés ; ici, associés d’une manière, là, d’une autre.
Je ne sais jusqu’où l’opinion publique va porter le succès de ce roman, succès qui ne peut être douteux, mais ce que je tiens à dire, avant d’entrer plus amplement dans l’analyse de ce procès-verbal minutieux et émouvant de la vie d’une créature que son auteur vient de faire un grand pas et s’est placé aujourd’hui sur un terrain assez élevé pour que sa personnalité s’y puisse détacher magistralement. […] Mais je ne crois pas risquer un paradoxe en disant que son talent bénéficia de ses souffrances, qu’elles développèrent en lui le sens de l’analyse psychologique. » Après cet avertissement, l’auteur est suffisamment connu et les scènes qu’il décrit d’après le vif n’en sont que plus saisissantes. […] Je passe rapidement sur l’analyse du roman, qui vit surtout de détails merveilleux de fidélité, de justesse de souvenirs. […] Voici l’analyse très resserrée de ce roman. […] Je passe sur l’analyse détaillée, il faudrait citer le livre entier, tant les épisodes sont pressés et sobrement racontés ; le lecteur trouvera, enveloppant le tout, une histoire d’héritage volé des plus curieuses, avec mille péripéties fort captivantes ; mais ce qui le frappera surtout, c’est la simplicité de ce récit, histoire d’un cœur blessé, écrit avec un charme incontestable et, sans contredit, l’une des meilleures productions de l’auteur.
Au bout de leur analyse, on ne distinguait plus très exactement le bien et le mal. […] Il m’a fallu omettre, dans cette analyse, la quantité des fins détails qui rendent si jolie La Maison sur la rive. […] Autant dire que la philosophie a pour but de réviser les opinions courantes et que son stratagème le meilleur est l’analyse. […] Dans la préface de son plus beau livre, le Stigmate, il éconduit les « timorés » qui le chicaneraient d’avoir écrit, sur la métaphysique et sur les mystères de la croyance, cette petite chose : un roman ; ne valait-il pas mieux laisser au philosophe et au prêtre l’analyse de la foi ? […] Et c’était, au moment où se produisait, dans la poésie et la prose françaises, une réaction très vive contre le positivisme littéraire, contre le roman d’observation pure et simple et contre la poésie d’analyse un peu sèche.
Il invoque d’abord pour Mallarmé le prestige de l’âge — mais après un résumé rapide de ma pensée poétique, il complète ainsi impartialement : « Je ne puis dissimuler qu’il a fallu faire le sacrifice de nombre de détails essentiels, dans cette trop succincte analyse.
Je ne sais si, dans ma sèche analyse, à travers les timides à peu près que me permettait notre français abstrait et morne, vous avez pu entrevoir les splendeurs poétiques de ce chant de l’abîme. […] Diotime loua beaucoup le dessin de sa jeune amie ; mais voyant que personne ne semblait disposé à quitter Dante, elle se rassit sur le fauteuil à escabeau qui figurait la chaire professorale, et reprit ainsi l’analyse de la troisième cantique. […] Pour s’y mieux appliquer, il s’isole, se renferme, s’analyse ; il se confesse enfin ; il écrit les Souffrances du jeune Werther.
Je n’invoquerai pas le témoignage de quelque littérateur de profession, de quelque professeur d’éloquence ; on le récuserait, comme étant partie dans la cause ; je renverrai le lecteur à l’analyse de Tristan de Nanteuil, par exemple, telle que l’a donnée M. […] Nous avons même mieux que cela, puisque nous avons cette préface de l’édition de Port-Royal, où le propre neveu de Pascal, Étienne Périer, dont il avait lui-même achevé l’éducation, nous donne tout au long l’analyse d’un discours prononcé vers 1658 ou 1660, et dans lequel, en peu de mots, Pascal « aurait représenté ce qui devait faire la nature et le sujet de son ouvrage ; — rapporté en abrégé les raisons et les principes ; — expliqué l’ordre et la suite des choses qu’il y voulait traiter ». […] On avait ce même discours dont Étienne Périer nous donne l’analyse. […] « Les germes de la décadence, nous dit-il, sont visibles dès le xviiie siècle, jusque dans ces jolis poètes, dont le style si soigné, si méticuleux, si scrupuleusement grammatical, n’offre sans doute aucune prise à la critique, mais nous inquiète déjà par je ne sais quoi de frêle et de fugitif qui échappe à l’analyse et presque à la perception. » Voilà qui est d’une vérité spirituelle, bien dit et bien senti ; pourquoi seulement n’est-ce qu’une indication ? […] Un autre lien rattache encore Mme de Staël au xviiie siècle : c’est l’esprit d’analyse et la netteté, la précision, la vivacité du style.
Et ni la copieuse analyse des Torrents spirituels que M. […] Remarquez aussi que, comme les mots, quelque abus que l’on en fasse, ne cessent pas cependant de représenter des idées, ces finesses mêmes de langage deviennent un instrument de précision pour l’analyse psychologique. […] et qui sent bien son xviiie siècle, ce siècle d’analyse et de simplification, où l’on travaillait à qui mieux réduirait l’homme en quelques traits essentiels et fonderait les sociétés à venir sur la loi de la moindre action ! […] Que ces mobiles, en dernière analyse, se trouvent être absolument les mêmes qu’au temps de la reine Artémise, assurément ; mais enfin, la forme nouvelle que nous leur prêtons, l’aspect nouveau sous lequel nous les voyons, les noms nouveaux dont nous les colorons, tout cela, c’est la vie même et la substance de la vie de notre temps. […] Si vous voulez comprendre comment on peut pourtant les traiter, et par là mesurer d’un coup d’œil ce qui manque aux Salons de Diderot, relisez les analyses qu’Eugène Fromentin, dans ses Maîtres d’autrefois, a jadis données du génie de Rubens et de Rembrandt.
Cette analyse, je l’ai bien ou mal conduite, je n’en sais rien. […] L’« Ecole centrale », où il avait été élevé, lui avait inoculé à fond la doctrine de Condillac, d’Helvétus, de Cabanis, cette doctrine d’analyse ou plutôt d’anatomie psychologique sans modération comme sans pudeur, qui prétend démonter le mécanisme des idées et des émotions humaines et qui nous fait voir dans nos croyances les plus instinctives et les plus chères, un tissu d’illusion ourdi par le jeu fatal de notre esprit et de nos organes. […] Belphégor analyse supérieurement le mécanisme, la genèse, l’invasion de cette conception aussi infatuée que barbare.
Ils le défendent par l’analyse, par la résistance obstinée du bon sens. […] Quand nous voulons bien renoncer à nos opérations favorites, l’analyse, l’abstraction, nous avons besoin du moins de rester dans le plan historique ou supposé tel ; nous demandons à des données relativement précises, que nous pouvons situer dans le temps et dans l’espace, de nous rassurer sur les créations même de notre fantaisie. […] Tout d’un coup, après un discours, au milieu d’une description, au cours d’une analyse, un frisson lyrique parcourait leurs phrases, et communiquait aux cœurs un frémissement qu’il ne s’agissait pas d’expliquer, mais de sentir.
Ce n’est là qu’un premier aperçu, et l’ambassadeur poursuit dans cette lettre même une analyse, qu’il a dû reprendre encore et approfondir bien des fois dans les dépêches qui ne sont pas publiées.
Elle était des plus remarquables à son moment, et sans entrer dans aucun détail ni dans une analyse qui serait ici hors de propos, on peut dire que les inductions et les conclusions en étaient toutes dirigées contre les hypothèses ontologiques, contre les abstractions, contre les théories vitalistes et animistes.
Au lieu de s’incliner, on vérifie, et la religion, l’État, la loi, la coutume, bref, tous les organes de la vie morale et de la vie pratique, vont être soumis à l’analyse pour être conservés, redressés ou remplacés, selon ce que la nouvelle doctrine aura prescrit.
Je crois qu’on a exagéré la valeur de ses caractères et de ses dissertations : sa conception est molle, son analyse vague, et tout ce fonds est passablement banal aujourd’hui.
Il y avait en effet toute une langue nouvelle à créer, pour la variété, la profondeur, la finesse de nuances que le poème dramatique tire de l’analyse et du développement des caractères.
Les conflits, ainsi que toutes les déviations des morales, se résolvent à l’analyse, comme les déviations des idées et des sentiments, en une activité indépendante d’éléments dont la coordination serait requise.
Manier mêlait à ces vieilles thèses les analyses psychologiques de l’école écossaise.
Les autres, les plus nombreux, sont obligés d’employer leur talent comme moyen d’existence et pour ceux-ci il faut toujours se demander quel est, en dernière analyse, le groupe qui les paie ; car de sa valeur intellectuelle et morale, de la part de revenus qu’il veut ou peut consacrer à la satisfaction de ses goûts esthétiques dépend en une mesure non négligeable l’orientation des œuvres littéraires.
C’est une étude sur Tristan et Parsifal ; le caractère spécial du génie de Wagner est plusieurs fois méconnu, mais il y a des idées neuves et ingénieuses et de fuies analyses : au début et à la fin de l’article, un Bayreuth humoristique.
Georges Eekoud fait de la Valkyrie une analyse succincte et relève les beautés de l’ouvrage tout en suivant pas à pas la marche de l’action.
Cependant, hâtons-nous de le dire, si sa pièce ne tient pas à l’analyse, les morceaux en sont bons, quelques-uns même excellents.
Par moments, sous le tissu plus léger de métaphores une armature d’analyse transparaît, semble-t-il.
Rien des vertus du cœur ne rachète les vices ou les crimes du cerveau, Les faiseurs d’analyse peuvent les séparer, les mettre à part les uns des autres pour le service et l’amusement de la curiosité humaine, la synthèse de la vie les reprend et les étreint dans son unité inflexible, et la balance morale est toujours emportée du côté des crimes spirituels, qui pèsent davantage, puisqu’ils sont les plus grands !
Je n’ai pas voulu descendre, dans l’examen de ce livre, jusqu’aux chicanes d’une critique de détail avec un homme qui, comme l’auteur, est assez haut placé pour qu’on lui fasse l’honneur d’une critique qui relève plus de la synthèse que de l’analyse.
Il nous semble peu raisonnable de proscrire la seule méthode d’analyse véridique et bien informée, et l’écrivain peut répondre au feuilletoniste avec le vers de Namouna : Quand le diable y serait, j’ai mon cœur humain, moi. […] Il voulait être un grand homme et il le fut par d’incessantes projections de ce fluide plus puissant que l’électricité, et dont il fait de si subtiles analyses dans Louis Lambert. […] Ces éléments nouveaux introduits dans le roman ne plurent pas tout d’abord les analyses philosophiques, les peintures détaillées de caractères, les descriptions d’une minutie qui semble avoir en vue l’avenir, étaient regardées comme des longueurs fâcheuses, et le plus souvent on les passait pour courir à la fable. […] Mais c’est assez de littérature comme cela, toute analyse critique est superflue, sinon déplacée. […] Pétrone, l’arbitre des élégances et l’intendant des plaisirs de Néron, n’ordonne pas une orgie avec une volupté plus savante, et quand Paulus, le héros du poëme, oublieux déjà de Melænis, la belle courtisane, quitte le triclinium pour errer dans le jardin mystérieux où l’attend Marcia, la jeune femme de l’édile, le vers qui tout à l’heure s’amusait à rendre avec un sérieux comique ces bizarres somptuosités de la cuisine romaine ou les grimaces grotesques du nain Stellio, devient tout à coup tendre, passionné, baigné de parfums, azuré par des reflets de clair de lune, opposant sa douce lueur bleuâtre au rouge éclat de la salle du festin. — « Mais nous n’avons pas à faire ici l’analyse de Melænis, l’espace nous manque pour cela ; qu’il nous suffise de dire que Louis Bouilhet, dans le cadre d’une histoire romanesque, a fait entrer de nombreux tableaux de la vie antique, où la science de l’archéologue ne nuit en rien à l’inspiration du poëte.
D’où vient, en effet, dans la plupart de nos histoires de la littérature, comme dans nos Recueils de morceaux choisis, tandis que nos sermonnaires et nos orateurs politiques y tiennent une si large place — trop large même quelquefois ; — d’où vient que l’on mesure si parcimonieusement à nos plus fameux avocats, non pas même la louange, mais les analyses et les citations ? […] Munier-Jolain, et des analyses mieux faites, ne laisserait pas, j’imagine, d’être instructive à cet égard, peut-être même divertissante ; — à moins pourtant qu’elle ne nous attristât. […] Faute d’un peu de chimie, si l’on peut ainsi dire, il a cru que, pour reproduire une combinaison, il suffisait, après en avoir dissocié les éléments par l’analyse, de les rapprocher. […] Je ne m’attarderai pas, pour le montrer, à une longue analyse de ses premiers écrits, de ses Discours, de sa Lettre sur les spectacles, des Lettres à M. de Malesherbes, de la Nouvelle Héloïse. […] Pellissier, — c’est le prestige du style qui le soutient toujours au-dessus de la Littérature et de l’Allemagne, où les idées abondent ; que ce style, susceptible d’une analyse plus ou moins profonde, a pour qualités générales et principales l’éclat, la couleur, l’harmonie ; et qu’enfin, depuis Victor Hugo jusqu’à Pierre Loti, depuis le poète des Orientales jusqu’à l’auteur du Roman d’un spahi et de Madame Chrysanthème, il n’y a pas un coloriste qui ne procède de Chateaubriand.
Et ils n’auront pas tort, car dans l’analyse de ces sensations nouvelles et extrêmes, M. […] Je croirais plutôt le contraire, et que, comme les figures ont précédé les définitions et les catalogues des rhéteurs, ou comme le discours a précédé l’analyse de ses parties, ainsi, le symbole a précédé la comparaison ou l’allégorie, qui n’en sont, à vrai dire, que des démembrements. […] Réduire dans le roman les passions de l’amour à ce qu’elles ont de semblable en tout temps et en tous lieux, ce n’est donc pas seulement défigurer la réalité, mais c’est se priver soi-même du plus subtil, du plus délicat des moyens dont dispose l’analyse psychologique, et ce n’est pas seulement priver le roman de son principal élément d’intérêt, c’est le réduire, si je puis employer cette expression pédantesque, à n’être que le schéma de la vie, au lieu d’en être la représentation. […] C’est encore de donner moins de place à l’aventure, ou même à l’imitation qu’à l’analyse des sentiments ; — et tous les trois, à cet égard, on peut les dire psychologiques. […] Voilà pourquoi l’analyse d’un cas psychologique rare ou extraordinaire témoignera sans doute en faveur de la subtilité d’esprit ou du talent de l’auteur, mais ne remplira pas l’attente du spectateur.
Le poème de Lucrèce, dans la longue erreur de ses raisonnements, offre d’ailleurs une méthode, une force d’analyse qui ne permet pas de supposer que l’auteur n’ait eu que des moments passagers de calme et de raison. […] Le traité de la Nature des Dieux n’est qu’un recueil des erreurs de l’esprit humain, qui s’égare toujours plus ridiculement dans les plus sublimes questions ; mais l’absurdité des différents systèmes n’empêche pas d’admirer l’élégance et la clarté des analyses ; et les morceaux de description restent d’une vérité et d’une beauté éternelles. […] Son goût si juste et si délicat dans l’analyse des anciens orateurs l’abandonnait alors, ou ne lui servait pas ; car il lui manquait la grande inspiration de l’éloquence, sans laquelle les leçons du goût ne sont rien. […] Il faut ranger dans une autre classe le second roman dont Photius a donné l’analyse, les Babyloniques, ou les Amours de Rhodanes et de Sinonis. […] Le principal auteur de cette pièce, lord Buckurst, le même qui présida le procès de Marie Stuart, s’entendait mieux sans doute à préparer, par un crime de cour, un sujet sanglant pour la tragédie, qu’à composer et versifier les scènes d’un drame ; car je ne connais œuvre plus déclamatoire, et plus insipide au milieu de l’horreur, que cette tragédie de Gorboduc, dont Voltaire a donné une plaisante et véridique analyse.
En effet, il n’est point de langue étrangère que nous ne puissions apprendre, comme nous avons appris la nôtre ; et il est évident qu’en apprenant notre langue maternelle, nous avons deviné le sens d’un grand nombre de mots, sans le secours d’un dictionnaire qui nous les expliquât : c’est par des combinaisons multipliées et quelquefois très fines, que nous y sommes parvenus ; et c’est ce qui me fait croire, pour le dire en passant, que le plus grand effort de l’esprit est celui qu’on fait en apprenant à parler ; je le crois encore au-dessus de celui qu’il faut faire pour apprendre à lire : celui-ci est purement de mémoire et machinal ; l’autre suppose au moins une sorte de raisonnement et d’analyse. […] Ces réflexions, séparées des faits ou entremêlées avec eux, auront pour objet le caractère d’esprit de l’auteur, l’espèce et le degré de ses talents, de ses lumières et de ses connaissances, le contraste ou l’accord de ses écrits et de ses mœurs, de son cœur et de son esprit, et surtout le caractère de ses ouvrages, leur degré de mérite, ce qu’ils renferment de neuf ou de singulier, le point de perfection ou l’académicien avait trouvé la matière qu’il a traitée, et le point de perfection où il l’a laissée ; en un mot, l’analyse raisonnée des écrits ; car c’est aux ouvrages qu’il faut principalement s’attacher dans un éloge académique : se borner à peindre la personne, même avec les couleurs les plus avantageuses, ce serait faire une satire indirecte de l’auteur et de sa compagnie ; ce serait supposer que l’académicien était sans talents, et qu’il n’a été reçu qu’à titre d’honnête homme, titre très estimable pour la société, mais insuffisant pour une compagnie littéraire.
Ce qui fait donc la vie de la poésie, ce qui lui donne son charme et sa beauté, ce qui fournit sa matière au poète, ce n’est pas cet élément impersonnel et identique que les critiques retrouvent au moyen de l’analyse, ce sont précisément ces circonstances fugitives qui ne reviendront plus, ce sont ces visions poursuivies et chéries que les yeux d’aucune génération ne reverront, ce sont ces couleurs et ces formes que le temps créa et fit disparaître, ce sont ces allures et ces tournures qu’affecta l’âme, ces mille dialectes par lesquels elle s’exprima. […] L’habitude de l’analyse à outrance et de l’observation intime, en éclairant les abîmes de sa conscience, paralyse les forces de sa volonté. […] Il n’a pas, comme tant d’autres, la ressource de pouvoir s’abuser sur son compte, car l’esprit d’analyse est chez lui très éveillé et lui tient toujours l’œil ouvert sur lui-même. […] Mais les jours de cette antique alliance sont à jamais passés, car, longtemps avant que la division des fonctions fût établie dans les sociétés, l’analyse, la trop souvent mortelle analyse, l’avait établie dans l’âme humaine, et c’est ainsi que depuis de longs siècles les hommes se sont habitués à attacher un sens tout profane à l’idée de poésie.
Aussi dans l’analyse de l’âme humaine à cette époque, nous pourrions multiplier les témoignages de cet ennui léthargique, dépositions fournies par tous ceux qui sont nés à la vie de la pensée sous le Consulat ou l’Empire, par Villemain, par Stendhal, par Vigny comme par Michelet, par Nodier comme par Jacquemont. […] Voilà tout au contraire la véritable analyse d’une œuvre et d’un talent, l’analyse patiente, sagace, complète. […] La cause de la poésie romantique à gagner a fait de Sainte-Beuve un critique de combat ; la cause gagnée, il est devenu critique de profession mais de vocation aussi ; car le critique était en germe dans ses poèmes de réflexion et d’analyse.
Or, soit pendant que les Aspects paraissaient en articles, soit lors de leur réunion en volume, on a répondu à l’analyse scrupuleuse, étayée d’exemples que je fis des écrits de cet étrange éponyme, en me traitant de fou, d’imbécile, de frénétique et d’assommeur. […] Il est donc intéressant d’étudier les écrits où ils formulent leurs désirs et leurs désillusions ; et c’est pourquoi les résultats de l’enquête ouverte par la revue l’Effort (numéro de février) « sur le sens énergique chez la jeunesse », méritent l’analyse. […] Pour cela, user de l’analyse la plus tranchante contre les institutions actuelles parce qu’il n’y en a pas une seule qui mérite d’être conservée1.
Au moment de l’apparition du volume, Ginguené, ancien camarade de collége de Parny, mais poussé surtout par son zèle pour la bonne cause, donna dans la Décade jusqu’à trois articles favorables181, analyses détaillées et complaisantes, dans lesquelles il étalait le sujet et préconisait l’œuvre : « L’auteur, disait-il, l’a conçue de manière que les uns (les Dieux) sont aussi ridicules dans leur victoire que les autres dans leur défaite, et qu’il n’y a pas plus à gagner pour les vainqueurs que pour les vaincus. » Après toutes les raisons données de son admiration, le critique finissait par convenir qu’il se trouvait bien par-ci par-là, dans les tableaux, quelques traits « qu’une décence, non pas bégueule, mais philosophique, et que le goût lui-même pouvaient blâmer » ; il n’y voyait qu’un motif de plus pour placer le nouveau poëme à côté de celui de Voltaire, de cet ouvrage, disait Ginguené, « qu’il y a maintenant une véritable tartufferie à ne pas citer au nombre des chefs-d’œuvre de notre langue. » Le succès de la Guerre des Dieux fut tel, que trois éditions authentiques parurent la même année, sans parler de deux ou trois contrefaçons.
Deux puissances la dirigent, l’une européenne, l’autre anglaise ; d’un côté ce talent d’analyse oratoire et ces habitudes de dignité littéraire qui sont propres à l’âge classique, de l’autre ce goût pour l’application et cette énergie de l’observation précise qui sont propres à l’esprit national.