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47. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Thiers un historien qui parle au cœur de la France, de lui rendre une fois encore ce témoignage au terme de sa plus belle production. Et n’a-t-il pas mérité que le plus auguste et le plus glorieux des patriotes, celui qui a reporté plus haut qu’il n’avait été placé depuis quarante-cinq ans le drapeau de la France, le désignât du nom auquel on le reconnaît d’abord, en l’appelant un historien national ? Le 24 décembre 1813, « jour de funeste mémoire », les coalisés passent le Rhin ; l’Empire est envahi : il faut recommencer une campagne d’hiver et en terre de France. […] Thiers : c’est pour le soin qu’il prend, au milieu de toutes les réserves politiques qu’il a dû faire, de marquer, de relever le sentiment patriotique et national de Napoléon, voulant tout, même la ruine et la perte du trône, plutôt que la mutilation de la France et l’abdication de ce qu’il considère comme son propre honneur. « Vous parlez toujours des Bourbons, disait-il à Caulaincourt, j’aimerais mieux voir les Bourbons en France avec des conditions raisonnables, que de subir les infâmes propositions que vous m’envoyez », c’est-à-dire de garder une France réduite au-dessous d’elle-même. — « Si je me trompe, eh bien nous mourrons ! […] Les Bourbons peuvent les accepter honorablement ; la France qu’on leur offre est celle qu’ils ont faite.

48. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Il s’était tu, quand la France tout entière bavardait. […] … Combien de fois la France monarchique a-t-elle violemment été arrachée du sien ! […] Il y a une France organisée, une, solide, — une France résistante, une France statrix. […] » et l’autre disant : « En Europe, maintenant, il fait nuit. » Il savait qu’il n’y avait plus, puisqu’il l’avait vue disparaître, de Monarchie, en France, qu’on pût conseiller ou qu’on pût avertir… Aussi garda-t-il stoïquement son livre. […] … En France, plus de Monarchie, même bâtarde !

49. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Après un voyage en Lorraine et en France pour visiter les Guise, ses oncles, la reine se décida, par leur conseil, à fiancer sa fille au dauphin, fils de Henri II. […] La France perdait un fantôme de roi plus qu’un maître. […] Adieu, France, adieu, mes beaux jours ! […] L’idolâtrie romaine et les vices de France vont réduire l’Écosse à la besace. […] Rizzio, abattu et enchaîné, devait être simplement embarqué et rejeté sur les côtes de France.

50. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Dans la seconde moitié du siècle dernier renaissent en France des goûts qu’on n’y connaissait plus ; on s’y éprend à la fois des voyages, de l’agriculture, des idylles, des jardins anglais, des romans champêtres, des sites sauvages qualifiés de « romantiques », des tableaux représentant la vie du village : choses d’ordre différent, mais qui se ressemblent et qu’on peut réunir sous une seule formule en disant : la France revient à la nature extérieure. […] Il regarde autour de la France d’alors dans l’espace et dans le temps. […] L’influence de l’Angleterre d’abord, et celle de Rousseau ensuite sont donc à l’origine du grand courant d’imitation qui s’est propagé par toute la France. […] Il faut donc que la France et l’Europe entière aient été prédisposées à ce réveil du sentiment de la nature. […] Rousseau (Charavay frères, Paris, 1883) et dans mon étude intitulée : L’influence de la Suisse française sur la France (Recueil inaugural de l’Université de Lausanne.

51. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

« La France, dit M. de Chalambert, était une nation catholique dont les croyances, les mœurs et les institutions reposaient sur la religion catholique. […] Quelle qu’ait été, comme on l’a dit parfois, la religion de la France pour la royauté, le catholicisme, son essence même, l’a préservée de l’idolâtrie. […] Après la Ligue, le parti protestant, politique, parlementaire, anti-romain, levait ses mille têtes et pulvérisait la vieille unité de la France. […] La France n’est point au cabaret. La France est un pays de netteté : voyez sa langue, c’est la clarté même !

52. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Béranger depuis des années ne chantait plus, mais la France, en le perdant, a senti à quel point il lui était toujours cher et présent, et combien l’âme de ses chants faisait partie de son âme, à elle, de son génie immortel, comme race et comme peuple. L’empereur, en se chargeant de la célébration de ses funérailles et en voulant y présider, en quelque sorte, par la pensée, a montré qu’ici comme en toute chose il sentait comme la France. […] Nul n’a mieux compris que lui combien le génie de Napoléon s’était confondu à un certain jour dans celui de la France, combien l’orgueil national et l’orgueil du héros ne faisaient qu’un, combien leur défaite était la même ; nul n’a mieux donné à pressentir combien le réveil et le jour de réparation pour ces deux gloires, la gloire de la France et celle du nom napoléonien, étaient unis et comme solidaires, et ne faisaient naturellement qu’une même cause. […] serrons nos rangs,     Espérance     De la France ; Gai ! […] En 1819, les alliés qui l’occupaient ont enfin quitté le sol de la France ; Béranger s’écrie : Reine du monde, ô France, ô ma patrie !

53. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

            France adorée ! […]             France adorée ! […]             France adorée ! […] Pauvre soldat, je reverrai la France ! […] La France avait perdu beaucoup, moi davantage.

54. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Les traités de Campo-Formio et de Lunéville, en donnant Anvers à la France, en plaçant sous sa main les républiques batave, suisse et cisalpine, organisèrent en quelque sorte une guerre interminable entre la France d’une part, et l’Autriche et l’Angleterre de l’autre. […] Armand Lefebvre nous le fait en même temps remarquer, la France eût-elle bien pris en 1801 cet abandon de l’Italie, deux fois délivrée ? […] De telles imprudences sont de celles qu’aime la France, qu’elle favorise dans ses chefs, qu’elle leur impute presque à crime de ne pas commettre. Napoléon n’était pas homme à se contenter de faire de la France un pré carré, et je puis dire que la France de 1800, la France consulaire n’était pas femme à s’en contenter non plus. […] Il n’a rien laissé sur les événements de 1814, sur la campagne de France ni sur le Congrès de Vienne.

55. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Chaque province de France a sa marque, son caractère. […] L’Île-de-France peut dire : « J’ai Paris » ; la Lorraine : « Je suis la frontière » ; la Flandre : « J’ai lutté pour la liberté des communes et j’ai vu quelques-unes des plus belles batailles de la Révolution » ; l’Auvergne : « J’ai Vercingétorix » ; la Normandie : « J’ai conquis l’Angleterre, qui, par malheur, a bien rendu ce mauvais procédé à la France » ; la Bretagne : « Je suis celtique, et les Celtes sont les aînés des Francs » ; la Provence : « Je suis romaine, et Rome fut l’éducatrice des Gaules » ; et ainsi de suite. — Mais l’Orléanais, c’est la France la plus ancienne, vera et mera Gallia ; son histoire ne fait qu’une avec celle de la royauté, et le sort de votre ville a été, à maintes reprises, celui de la France même. Un des ouvrages qui, au XIIIe siècle, ont commencé notre jurisprudence, s’appelle : Établissements de France et d’Orléans. Si votre esprit semble, à bien des égards, comme une moyenne délicate de l’esprit français, c’est peut-être que votre province est, historiquement, la province centrale par excellence. — Ici, plus aisément que partout ailleurs, on conçoit ce que signifiait déjà la Chanson de Roland quand elle parlait de « France la doulce ». […] Car sa route glorieuse ou douloureuse, de Lorraine en Normandie, enveloppe toute la France comme d’une ceinture : et ainsi la Pucelle continue toujours son œuvre, et, morte depuis tantôt cinq siècles, elle contribue aujourd’hui encore au maintien de l’unité française, puisque le culte de Jeanne d’Arc, pieusement entretenu à toutes les étapes de son tragique pèlerinage, est un des sentiments par où cette unité est rendue sensible et se conserve vivante.

56. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Dans la France ecclésiastique, l’évêché de Strasbourg est évalué 400 000 livres. […] 2° Dans la France ecclésiastique, l’abbaye de Jumièges est portée pour 23 000 livres. […] Dans la France ecclésiastique, l’abbaye de Bèze est évaluée 8 000 livres. […] Clairvaux est porté dans la France ecclésiastique à 9 000, et dans Waroquier (État général de la France en 1789) à 60 000  D’après Beugnot, qui est du pays et homme d’affaires, l’abbé a de 300 à 400 000 livres de rente. […] ) Saint-Waast d’Arras, selon la France ecclésiastique, rapporte 40 000 livres.

57. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Néanmoins l’œuvre de Michelet n’eut en France que peu d’influence. […] Le coup qui abattit la France le frappa lui aussi. […] (Un séjour en France de 1792 à 1795). […] Histoire de France, II, 80. […] Michelet, Histoire de France, II, page 80.

58. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Sabatier, Léonard se retira et rentra en France. […] La France, au contraire, cherchait à faciliter le passage. […] Le Prince-Évêque a l’air d’être bien disposé pour la France ; mais il ne fait pas de ses États ce qu’il veut. […] Il semblait en vérité que la patrie fût pour lui la Guadeloupe quand il était en France, et la France quand il était à la Guadeloupe. […] C’était là le chant de bienvenue qu’il adressait à la France de 92, à cette France du 20 juin, et tout à l’heure du 10 août, du 2 septembre !

59. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

M. Anatole France écrivait les Noces corinthiennes. […] M. Anatole France ne pouvait manquer de l’éprouver. […] M. Anatole France. […] M. Anatole France. […] M. Anatole France.

60. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

M. de Maistre avait juste quarante ans : il quitta un pays qui, réuni violemment à la France, n’appartenait plus à son souverain. […] Ainsi, selon lui, la Révolution étant une fois déchaînée, la Terreur elle-même et le triomphe du jacobinisme en France n’étaient qu’une des phases nécessaires pour sauver la société et la monarchie future. […] La France a toujours tenu et tiendra longtemps, suivant les apparences, un des premiers rangs dans la société des nations. […] Cette monarchie religieuse et aristocratique de M. de Maistre, loin de pouvoir en aucun moment s’imposer à la France, n’allait bientôt plus être possible même dans son Piémont. […] — L’état des esprits en France, écrit-il encore, est le sujet favori de toutes mes méditations, et par conséquent de toutes mes conversations.

61. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

Le long de ces provinces s’échelonnent, apportant une note plus originale, à mesure qu’elles sont plus excentriques, la Picardie ardente et subtile, l’ambitieuse et positive Normandie, hardie du bras et de la langue, le Poitou tenace, précis et délié, pays de gens qui voient et qui veulent, la molle et rieuse Touraine, enfin la terre des orateurs et des poètes des imaginations fortes ou séductrices, l’« aimable et vineuse Bourgogne », d’où sont parties, à diverses époques, « les voix les plus retentissantes » de la France. […] La Normandie et la France propre s’appliquent à la rédaction des chansons de geste, comme la Bourgogne, qui vit longtemps à part, et se fait une épopée à elle. […] Puis pendant des siècles, une à une, les provinces qui entreront dans l’unité nationale recevront la langue de France, et mêleront à son esprit leur génie original : ce sera la rude et rêveuse Bretagne, réinfusant dans notre littérature la mélancolie celtique, ce sera l’inflexible et raisonneuse Auvergne, Lyon, la cité mystique et passionnée sous la superficielle agitation des intérêts positifs ; ce sera tout ce Midi, si varié et si riche, ici plus romain, là marqué encore du passage des Arabes ou des Maures, là conservant, sous toutes les alluvions dont l’histoire l’a successivement recouvert, sa couche primitive de population ibérique, la Provence chaude et vibrante, toute grâce ou toute flamme, la Gascogne pétillante de vivacité, légère et fine, et, moins séducteur entre ces deux terres aimables, le Languedoc violent et fort, le pays de France pourtant où peut-être les sons et les formes sont le mieux sentis en leur spéciale beauté. […] Puis les littératures occidentales se feront plus nationales, en même temps que les œuvres deviendront plus individuelles, et bourgeois, nobles et clercs seront avant tout éminemment Français en France, Anglais en Angleterre et Allemands en Allemagne : souvent même la marque provinciale sera plus forte que l’empreinte de la condition sociale, et elle sera visible surtout chez les écrivains qui n’appartiennent pas aux pays de l’ancienne France et de langue d’oïl. […] Michelet, Histoire de France, t. 

62. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Louis XIV, qui n’aimait pas les apparences de l’intrigue, bien qu’à cette heure sa propre cour en fût infestée, rappela madame des Ursins en France ; mais, la voyant de plus près, il l’apprécia mieux. […] Par malheur, la France elle-même était épuisée. […] Ces divers démêlés avaient relâché ses liaisons avec la France. […] Elle n’instruisit qu’au dernier moment la cour de France et madame de Maintenon ; l’excuse qu’elle donne à cette dernière est bien trouvée. […] Elle arriva, ainsi en France, sans avoir laissé échapper ni une larme, ni un reproche, ni un regret.

63. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

La France a, pour auditoire, le monde civilisé. […] La France vaincra. […] « Oui, mes jeunes confrères, oui, vous serez fidèles à votre siècle et à la France… Rien ne vous distraira du devoir. […] Les poètes n’ont pas le droit de dire des mots d’hommes fatigués… « “Un journal” comme le vôtre, c’est de la France qui se répand. […]  » En somme, la France reste encore le pays de Voltaire.

64. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

… La tête de la vieille France se dessécherait-elle ? […] Pour l’auteur du Bonapartisme dans l’histoire de France, l’avènement des Bonaparte n’est point un accident, mais la racine d’une dynastie. […] La féodalité elle-même n’avait été à son heure qu’un progrès relatif vers cette centralisation supérieure où le génie de la France tendait, à travers l’action de ses plus grands hommes. […] Ils ont le sentiment chevaleresque de l’honneur de la France à l’étranger, mais, à l’intérieur, ils ne voient rien. […] La Révolution sociale démontrée par le Coup d’État ; Du Bonapartisme en France (Pays, 6 novembre 1852).

65. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Pourquoi n’en sommes-nous pas mieux informés en France ? […] En France elle aimait particulièrement le séjour de Saint-Cloud, où elle jouissait avec plus de liberté de la nature. […] Le mariage de Madame ne se lit point tout à fait selon son gré : en France on a dissimulé cela ; en Allemagne on le dit plus nettement. […] Le rôle que Madame concevait pour elle en France était donc de préserver son pays natal des horreurs de la guerre, de lui être utile dans les différents desseins qui s’agiteraient à la cour de France et qui étaient de nature à bouleverser l’Europe. […] Elle remarque qu’alors en France presque personne, même parmi les fidèles, ne lisait la sainte Écriture.

66. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Moins maître de lui qu’il ne le fut ensuite, il laissa un jour échapper un signe non équivoque de son animosité contre la France. […] A chaque acte d’autorité que la France faisait à Turin, il était maître de lui et dévorait ses dégoûts en silence. […] La crainte de la France peut beaucoup sur lui. […] Pianesse était détesté à Turin comme l’homme de la France. […] Que de chicanes il soulève dans ses rapports avec la France !

67. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

En Angleterre, en Italie, en France, en Espagne, en Russie, à la Chine, tous ces hommes, sans se connaître et sans s’être vus, animés du même esprit, suivent le même plan. […] N’oublions pas de remarquer que ce Français, si respecté dans toute l’Europe, était assez peu connu en France. […] Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que cet homme qui avait de la douceur dans le caractère, comme de la grâce dans le style, et qui avait été témoin de la Saint-Barthélemi en France, dans des phrases élégantes et harmonieuses, en parle non seulement avec tranquillité, mais avec éloge. […] Il en a composé environ cent quarante, divisés en trois livres, et tous consacrés à ceux qui, dans le seizième siècle, ou même dans les siècles précédents, ont honoré la France par leurs talents ou leurs lumières. […] D’autres écrivains dans différents genres, tels qu’Amyot, traducteur de Plutarque, et grand aumônier de France ; Marguerite de Valois, célèbre par sa beauté comme par son esprit, rivale de Boccace, et aïeule de Henri IV ; et ce Rabelais, qui joua la folie pour faire passer la raison ; et ce Montaigne, qui fut philosophe avec si peu de faste, et peignit ses idées avec tant d’imagination.

68. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il y avait en France bien des conteurs avant Froissart, et il y en aura depuis. […] Vous ne me verrez jamais aujourd’hui retourner, mais toujours chevaucher avant. » En reproduisant ces paroles après cinq siècles, je n’oublie point pourtant que ce sont des paroles d’adversaire dans une journée qui fut de grand deuil pour la France d’alors ; mais la France est en fonds de gloire, et elle peut honorer un victorieux si doué de générosité, comme lui-même il honora un vaincu si plein de vaillance. […] Là s’écrioient les chevaliers et écuyers de France qui se battoient par troupes : Montjoie ! […] La connaissance de Froissart, d’ailleurs, est désormais devenue vulgaire en France. […] Lacabane, qui s’était chargé de cette nouvelle édition pour la Société de l’histoire de France, et qui s’en est occupé pendant plus de trente ans, ne la fera jamais.

69. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il est le dernier grand homme qu’ait eu la Réforme en France, et c’est le droit des historiens de ce parti de l’étudier avec une complaisance et avec une admiration singulières. […] La paix de Vervins (1598), qui allait donner à la France des années de repos et d’une félicité dès longtemps inouïe, rendit le zèle du jeune homme inutile, et il résolut de voyager. […] Ceux qui ont vu le règne de Charles IXe, avec la suite des maux que la France a soufferts depuis, jugeront facilement le danger où elle est. […] Bref, il ne faut pas être Français, ou regretter la perte que la France a faite de son bonheur. […] (Mémoires du duc de La Force, maréchal de France, publiés par le marquis de La Grange, tome Ier, p. 307.)

70. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Ils comptent le pousser hors de France. […] Elle ressemble un peu à la France. […] La France ? […] Ce Suisse est un ami de la France. […] Il substitue à sa cause la cause de la France ?

71. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

La France et l’Angleterre au xviiie  siècle : actions et réactions réciproques. […] La vie de société en France et en Europe. […] C’est, d’un bout à l’autre du siècle un chassé-croisé d’influences entre la France et l’Angleterre. […] Addison, Prior viennent en France. […] Essai sur les rapports intellectuels de la France et de l’Allemagne avant 1789.

72. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Revue littéraire de l’année 1861 en France. […] voilà ce que la France littéraire venait de perdre avec M. de Marcellus. […] J’avais porté le poids d’un interrègne, j’avais contribué à remettre la France debout, et la France sous le nom de République ; la République s’était hâtée d’être ingrate ; elle avait remis l’épée à un soldat. […] Nous sommes à la même date, avec le roi de Piémont de plus et la France. […] Il a voulu que ces deux objets fussent envoyés au ministre de la marine en France.

73. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Il y eut surtout un intervalle, depuis 1585 jusqu’au triomphe de Henri IV (1594), où le danger pour la France et pour la civilisation fut imminent. La France se vit à deux doigts d’être absorbée par l’Espagne et démembrée : ce n’est pas là une manière de dire. […] Mais, même en ne réussissant dès le premier jour qu’à demi, il montra déjà qu’il avait pour lui : la fortune de la France et qu’il était le roi de l’à-propos. […] Pour peu que Henri y eût cédé, on revenait à la féodalité par morcellement ; il n’y avait plus de royaume ni de France. « Il n’y aurait rien eu en France moins roi que le roi même. » M.  […] Je ne crains pas d’opposer ces pages à ce qu’ont écrit de partial et de singulièrement injuste les estimables auteurs de La France protestante, MM. 

74. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Thiers ni avec la France. […] Il faut reconnaître qu’à ce moment la France n’en voulait pas d’autre. […] Les ministères, les assemblées en sont aussi pleines en France que les armées. La France est frondeuse, et le génie est nécessairement impérieux. […] La force de la France est sur son territoire ; la disséminer c’est l’anéantir.

75. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

La Russie étoit alors brouillée avec la France ; il étoit essentiel de rapprocher ces deux Cours. […] Pétersbourg, elle prit les habits de son sexe, qu’elle quitta à son retour en France, pour reprendre les habits d’homme. […] M. le Comte de Broglie la chargea de porter à la Cour de France la nouvelle du gain de la bataille de Prague, du 6 Mai 1757. A peine fut-elle partie, qu’elle se cassa la jambe ; mais ce cruel accident ne l’arrêta point, & son arrivée à Versailles précéda de 36 heures celle du Courrier dépêché par la Cour de Vienne à son Ambassadeur à celle de France. […] Tout ce que nous nous permettons de dire, au sujet de ces événemens, c’est que, malgré ses démêlés avec plusieurs Ministres de France, elle n’a pas cessé d’être fidelle à son Roi, avec qui elle a eu une correspondance secrete qui a duré près de vingt ans, & qui duroit encore à l’époque de la derniere maladie de ce Prince.

76. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Il le fait le stipendié de l’Espagne comme Dubois le fut de l’Angleterre, comme si ce chef de parti n’avait pas dix millions de dettes contractées dans l’intérêt de ce parti qui était la France ; — car la constitution politique de la France était catholique, il faut bien le rappeler à ce politique qui l’oublie ! […] » Le plus grand des trois fut certainement celui qu’on a appelé : M. de Guise le Grand, qui rendit Calais à la France et qui s’appela aussi le Balafré. […] Il ne le fut pas qu’en Espagne : il le fut en France, en Angleterre, en Italie, en Allemagne, dans les Flandres, partout. […] Taine, non moins hardi dans ses Origines de la France moderne, reprit l’héroïque statistique et résolut de la compléter. […] Elle n’était pas qu’en France, son pays natal.

77. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Joseph de Maistre. — Considérations sur la France. […] Tout le monde en France, surtout les premiers qui doivent l’exemple à tous, avaient manqué à leur mission, et la France elle-même avait manqué à sa mission en Europe. […] Au fond, le gouvernement de la France était à ce prix. […] Peut-être un ordre de choses nouveau doit-il s’élever en France ! […] Mais c’est quelque chose qu’une chanson en France.

78. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

. — Les privilégiés ne rendent pas ces services en France […] Désorganisation latente de la France. […] La France ecclésiastique, 1788. […] (Ib., DXIX, carton 6.) — Tableau moral du clergé de France (1789), 2. […] (Archives de Dresde, correspondance de France, 20 novembre 1788.)

79. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

» Et la France ! […] La France et le Nord se partageaient ces deux tendances. […] C’est ce qui était arrivé à la France. Tandis que l’Allemagne était restée superstitieuse, la France était devenue athée. […] Goethe, élevé entre la France et l’Allemagne, sent cette impuissance de la France, comme il sent celle de l’Allemagne ; et il s’efforce de faire, dans son cœur et dans sa raison, une réaction contre l’athéisme.

80. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Les principaux moments religieux en France, depuis plus de soixante ans, se dessinent avec une grande netteté. […] quel sentiment principal et profond parvient on à réveiller en elle, sentiment qui semble inhérent à sa nature tant qu’elle sera France ? […] Que vit-on alors partout, et quelle fut la physionomie morale de la, France dans les régions officielles ? […] Il semble par moments que l’inspiration d’une moitié des Français ne soit plus en France et qu’elle vienne d’au-delà des monts. […] Mais voilà que les progrès mêmes du siècle et ses facilités matérielles nuisent à cette indépendance si désirable sur quelques points, et qui avait toujours existé dans l’ancienne Église de France.

81. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Catherine de Médicis en avait introduit l’usage à la cour de France et inspiré le goût à ses enfants. […] On sait quelle était la situation de la France en ce moment-là, surtout dans le Midi où à peine un moment de trêve sépara la cinquième guerre civile de la sixième. […] Lorsque ce prince épousa, en 1600, la Florentine Marie de Médicis, il voulut lui procurer en France les distractions de son pays. […] En France elle allait exciter l’enthousiasme de la cour et de la ville, et jouir de la faveur particulière de Marie de Médicis et de Henri IV. […] Cecchini ne paraît pas être venu en France, mais son personnage Fritelin ou Fristelin figure dans les farces tabariniques.

82. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Satirique de haute volée, à une époque où les satiriques de très petite pullulaient comme les vers dans la corruption, il écrivit non pas des chansons, lui, mais des odes, et la France, peu tournée cependant aux Pindares, les répéta… comme des chansons ! […] La France, la France légère, la France aux chansons, était repoussée vers le sérieux du mépris par ce gouvernement cynique qui s’appelle la Régence comme par une dérision de l’histoire. […] C’est de Sceaux, en effet, que partit le trait de feu qui devait allumer l’indignation couvant de la France. […] Accablé par la méprisante clémence du duc d’Orléans, qu’il avait platement invoquée, souffert en France après son exil, il écrivit quatorze tragédies illisibles maintenant, et c’est de dessous ces quatorze blocs, roulés par lui sur sa mémoire, qu’il décocha, vieillard, çà et là, quelques flèches satiriques encore, qui n’atteignirent pas plus que le trait du vieux Priam épuisé… Il avait quatre-vingt-un ans quand il mourut. […] Tout arrive en France, disait Talleyrand après La Rochefoucauld, mais qu’un descendant du saint du Poitou écrive une Histoire des maîtresses du Régent (de Lescure l’a annoncée) et se fasse l’éditeur de La Grange-Chancel, cela pourrait étonner même dans un pays où tout arrive, car ceci semble plus que tout.

83. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

Le génie de la France sommeillait sur un oreiller de vipères. […] Maisons de foi et de secours, puissiez-vous aider les soldats de la France ! […] Ils reconnaissent que la justice est dans le camp des Alliés et décident unanimement de servir la France au nom de la République sociale.‌ […] Et leur âme, nos soldats nous renvoient par des millions de lettres sublimes qui, depuis deux ans, fournissent à la France son pain spirituel. […] C’est le moyen de connaître la vie intérieure de chacun de nos soldats, le secret du ressort héroïque de la France.‌

84. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

S’enfermant au collège de Sainte-Barbe vers l’âge de vingt-sept à vingt-huit ans, il se mit à lire les anciens historiens et à méditer de composer une Histoire de France dans un goût tout nouveau. […] Encouragé par ce regard et par ce suffrage, il se remit activement à l’œuvre, et le tome Ier de son Histoire de France, avec tout l’ensemble d’images et de portraits qui la recommandent, put paraître en 1643, l’année même de la victoire de Rocroi et dans les premiers mois de la régence. […] Aussi, pour m’efforcer de faire savoir à la postérité que j’ai vécu sous un règne si glorieux, j’ai bien osé composer l’Histoire de France, et retracer les illustres actions de plus de soixante souverains qui ont tenu le sceptre d’une si florissante monarchie. […] S’il le compte pour le premier des rois de France, c’est surtout pour obéir à la tradition et pour suivre l’ordre qui a été gardé jusque-là par les historiens. […] Au commencement de la seconde race, il lui semble, dit-il, passer d’une nuit obscure à un trop grand jour ; il en est trop ébloui pour en jouir ; il sent en même temps que son sujet s’agrandit, et qu’il lui faut sortir avec les descendants de Charles Martel des limites de la France.

85. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Au début, Marie-Thérèse, qui ne s’abusait pas, fait semblant de croire les choses plus faciles qu’elles ne le sont du côté de la France. […] Jamais occasion n’a été plus importante, et sans entraîner ou exposer les convenances de la France, le roi peut nous être du plus grand secours, en marquant avec fermeté l’amitié qu’il nous porte et à notre alliance. […] Entraîner la France dans une guerre avec la Prusse eût été d’une politique insensée : la médiation était le seul rôle qui nous convînt. […] La France l’a éprouvé en bien des occasions, et aucun prince en Europe ria échappé à ses perfidies : et c’est celui qui veut s’ériger en dictateur et protecteur de toute l’Allemagne ! […] Aidez-nous « d’une manière quelconque. » c’était à quoi se réduisait la prière qu’on adressait alors à la France.

86. (1890) L’avenir de la science « XVI »

La France est la première des nations, parce qu’elle est le concert unique résultant d’une infinité de sons divers. […] Si la France eût eu davantage le sentiment religieux, elle fût devenue protestante comme l’Allemagne. […] La France est en religion ce que l’Orient est en politique. […] La France est le pays du monde le plus orthodoxe, car c’est le pays du monde le moins religieux et le plus positif. […] Il y a en France, jusque chez les incrédules, un fond de catholicisme.

87. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

La France, où le protestantisme avait pris des forces sans parvenir à dominer, et qui déjà sentait assez son unité nationale pour ne pas y souffrir de rupture par la division religieuse, la France fut un des grands champs de bataille que l’Église et la Réforme se disputèrent. […] Éditions : Recherches de la France : 1er livre, 1560 ; 2’er l., 1565 ; 7e 1., 1611 ; 10 1., 1621. […] Dupuy, moins qu’on ne l’a dit, et seulement en France. […] Fait maréchal de France en 1574, il se retire à son château d’Estillac, où il dicte ses Mémoires, et meurt en 1577. […] De l’Hist. de France, 1864-1882, 11 vol. in-8 ; éd.

88. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

La littérature en France est aussi une démocratie, elle l’est devenue. […] Les beaux esprits pourraient sourire d’abord, comme ils sourient de tout en France, mais la France n’est pas dans quelques salons, et les travailleurs, dans quelque ordre qu’ils soient, sont trop occupés pour sourire : ils sont sérieux et seraient reconnaissants. […] Un enfant désiré de la France vient de naître ; une paix qui doit être glorieuse, pour répondre à une si noble guerre, vient couronner tous les souhaits et ouvrir une ère illimitée d’espérances. […] Quelque chose est dans l’air qui adoucit, qui rallie, et oblige tout bon Français à sentir que la France n’a jamais été dans une plus large voie de prospérité et de grandeur. […] Le Play, la Réforme sociale en France (Nouveaux Lundis, tome IX) : Puisque l’émulation s’en mêle, s’écrie gaiement M. 

89. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Espérons que l’esprit public et patriotique en France en recevra une heureuse influence. […] C'est triste pour la France, mais c’est glorieux pour M. […] Thiers, qui a si bien compris et a su honorer par ses jugements impartiaux les autres adversaires de la France, a manqué ici à cette disposition à l’égard du plus grand de ces adversaires. […] La liberté proprement dite a peu de faveur en France depuis quelque temps. […] Le Tite-Live a remplacé les chroniques du moyen âge ; il est vrai que les dramaturges romantiques en France avaient si mal lu et étudié ces chroniques qu’ils n’en avaient tiré que le grossier et le repoussant.

90. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

En 1610, pendant que la société de Rambouillet prenait un heureux essor, la publication du ier   volume d’un roman nouveau fit événement dans le monde, et concourut puissamment à déterminer le changement de mœurs qu’amenait le cours des choses, en dirigeant les esprits vers un nouveau genre de la galanterie tout opposé à celui qui régnait en France, depuis François Ier. C’est ainsi que, de nos jours, quand le retour de l’ancienne maison de France imposa l’obligation de renier, de détester tout le passé, quand ce n’était pas assez de le mettre en oubli, qu’il fallait en avoir horreur, les romans de Walter Scott, où étaient peintes des mœurs inconnues, acquirent en France une vogue inouïe et contribuèrent au grand changement qui s’opéra alors dans les idées et dans la littérature. […] C’était peu de temps avant l’assassinat qui l’enleva à la France. […] Elles décident qu’elles font époque, que le feu du génie s’allume enfin en France, et qu’elles en ont recueilli les premières étincelles. […] C’est là ce que nous avons vu en France quand la maison de Bourbon est rentrée en France.

91. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

En France, qui l’ignore ? […] Michelet, cet esprit ardent et faible, et à qui l’Histoire a souvent donné le vertige, parle de Jacques Cœur dans son histoire de France avec un mépris superficiel. […] On avait accusé Jacques Cœur d’avoir empoisonné Agnès Sorel, d’avoir exporté de la monnaie de France en Orient et d’avoir vendu des armes aux infidèles, — c’est-à-dire, en d’autres termes, d’avoir fait son commerce même, pour lequel il avait une licence du pape. […] Jacques Cœur, en effet, avait souvent manié l’épée dans cette guerre perpétuelle de France, et combattu, avec Lahire et Xaintrailles, à l’ombre des flèches des archers anglais. […] Après lui, ses enfants, et, entre tous, Jacques Cœur, l’archevêque de Bourges, dévoués à cette mémoire qui avait illustré leur race et qui allait fonder une maison de plus parmi les grandes maisons de France, demandèrent à plusieurs reprises la révision de son procès.

92. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Michelet avait bien entrepris à sa façon une Histoire de France, mais c’était moins une histoire que de brillantes échappées sur l’histoire, et pour bien comprendre les unes, il fallait déjà savoir l’autre. […] On avait des Histoires de la civilisation, plus générales qu’une Histoire de France ; — on avait des histoires en France, des règnes plus ou moins étudiés et approfondis. […] En effet, l’Académie, pour les bourgeois qui devaient lire l’Histoire de France de M.  […] Lorsque je lis le reste de cette Histoire de France qui n’a que le druidisme pour tout aperçu, M.  […] Martin, de vouloir bien lui faire la preuve de cette incroyable théorie qui fait la Gaule plus belle et meilleure que la France d’après César, Clovis, et nos saints et glorieux évêques !

93. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il n’y a que les Jésuites qui puissent renouveler la religion en France. […] Il m’a semblé que, dans les circonstances présentes, l’auteur de la Tradition ne pouvait sagement demeurer en France. […] Quoi qu’il en soit, en quittant la France, La Mennais ne partit point pour les colonies et se contenta de passer les Cent-Jours à Londres. […] Carron sent combien il serait essentiel, une fois en France, d’avoir à soi un bon journal religieux : il pense naturellement à La Mennais pour rédacteur. […] M. de Janson était à la tête d’une communauté, les missionnaires en France.

94. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Croyez que je forçai bien mon naturel… » Il s’attacha à réfuter par sa conduite les préventions qu’on avait formées en France contre son caractère, et il pratiqua le conseil que le roi lui avait donné en le nommant, qui était de laisser sa colère en Gascogne. […] Elles avaient fait un chant à l’honneur de la France lorsqu’elles allaient à leur fortification : je voudrais avoir donné le meilleur cheval que j’aie, et l’avoir pour le mettre ici. […] Cette défense célèbre mit le sceau à sa réputation militaire en Italie et par toute la France. […] Telles étaient les qualités fines et savantes dont se guidait son indomptable bravoure, et que, sans la paix de Câteau-Cambrésis et la mort de Henri II (1559), il eût encore pu employer si utilement pour le service de la France. […] Ce fut par toute la France comme un feu généreux qui se retourna contre lui-même et qui se porta tout d’un coup sur les entrailles.

95. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Il ne fit d’ailleurs que traverser l’Allemagne du centre, et, en arrivant à Varsovie, il se trouva transporté sur une terre qui tressaillait de joie au nom de France, et au sein d’une nation qui n’attendait que le signal pour se dévouer tout entière à la cause de Napoléon, inséparable alors de la sienne. […] Tous les intérêts particuliers se trouvant blessés au vif en même temps que le sentiment national, la France ne compta plus dès lors un seul partisan sincère en Allemagne, et il ne lui resta que ceux dont des avantages individuels achetaient la complaisance, ou dont l’esprit était subjugué par la crainte. […] Aussi M. de Senfft a-t-il parlé de lui avec un dédain injuste et peu déguisé : « M. de Serra (le précédent envoyé de France à Varsovie) y fut remplacé, dit-il, par M.  […] Nos relations furent des plus satisfaisantes, jusqu’au jour où, entraîné par une exaltation patriotique que les rois ont punie depuis comme un crime, après l’avoir encouragée comme une vertu, il crut devoir abandonner son maître fidèle à la France, pour se dévouer à ce qu’on nommait alors la patrie allemande. » Dans les diverses occasions où il put l’observer de près, M.  […] Quel fut mon étonnement quand, au lieu de la gravité, de la décence, du soin de l’honneur national, de celui de l’entretien de la bienveillance mutuelle entre les deux nations, qui me paraissaient devoir composer l’ensemble de la manière d’être et des occupations d’un ministre de France, je trouvai un petit monsieur, uniquement occupé de petits vers, de petites femmes, de petits caquets, et qui, dans les petits rébus dont se composaient ses petites dépêches, disait familièrement au duc, en parlant de la certitude d’un éclat entre la France et la Russie : « La Russie amorcera si souvent, couchera en joue la France si souvent, que la France sera forcée de faire feu… » Brunet n’aurait pas mieux dit… Toute sa correspondance est sur ce ton, et présente un mélange fatigant d’affaires traitées avec la prétention au bel esprit du plus bas étage. » C’est ainsi que le prélat diplomate abuse d’un dépôt pour attaquer celui qui le lui a confié ; il le drape à la Figaro, et il ose parler de gravité et de décence !

96. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 20, de la difference des moeurs et des inclinations du même peuple en des siecles differens » pp. 313-319

Nous avons vû dans le dix-septiéme siecle des guerres civiles en France et des partis aussi aigris et aussi animez l’un contre l’autre sous Louis XIII et sous Louis XIV que pouvoient l’être dans le siecle précedent les factions qui suivoient les ducs De Guise ou l’amiral De Coligni, sans que l’histoire des derniers mouvemens soit remplie d’empoisonnemens, d’assassinats, ni des évenemens tragiques si communs en France sous les derniers Valois. […] Avant le protestantisme il s’étoit élevé en France plusieurs contestations en matiere de religion, mais si l’on excepte les guerres contre les albigeois, il n’étoit pas arrivé que ces disputes eussent fait verser aux françois le sang de leurs freres, parce que la même acreté ne s’étoit pas encore trouvée dans les humeurs, ni la même irritation dans les esprits. […] On compte en France quatre pestes génerales depuis mil cinq cens trente jusqu’en mil six cens trente-six. Dans les quatre-vingt années écoulées depuis jusques à l’année mil sept cens dix-huit, à peine quelques villes de France ont-elles senti une legere atteinte de ce fleau. […] Telles ont été en France le mal des ardens et la colique de Poitou .

97. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Il n’avait que douze ans lorsque le héros de sa race se révélait en Italie comme le premier général des temps modernes ; il n’en avait que seize lorsque la France saluait du nom de Consul le conquérant de l’Égypte et de l’Italie ; il en avait vingt quand l’empereur prenait son rang en Europe, le front ceint de la double couronne : il fut enveloppé dans sa fortune. […] « Lorsque le tronc est à bas, disait-il encore, les branches meurent. » Revenu à Paris, subordonné à des déterminations supérieures, aux regrets de n’avoir point combattu une dernière fois devant la capitale dans la journée du 30 mars, il quitta la France à la première Restauration. […] A son retour en 1815, ce n’était plus un roi, ce n’était qu’un frère de l’empereur, un soldat de la France. […] Il ne savait ni quand ni comment sa race serait rétablie, mais il savait que tôt ou tard elle aurait son jour, et que la France la rappellerait : il en avait comme la tranquille certitude. […] On le sentait bien, et la France, qui s’était accoutumée à voir dans ce dernier frère de Napoléon un survivant permanent d’une autre époque, aimait à le savoir là toujours.

98. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Ce fils, Giovanni-Battista Andreini était marié depuis 1601 à Virginia Ramponi, actrice qui portait au théâtre le nom de Florinda et qui avait fait partie de la troupe des Gelosi, pendant leur dernier séjour en France. […] Andreini fit imprimer sa pièce avec une dédicace à la reine Marie de Médicis, qu’il avait pu voir à Paris, quand il était venu en France avec les Gelosi. […] Ils demeurèrent en France jusqu’à la fin du carnaval de 1623. […] Le capitaine Rhinocéros mourut au mois d’octobre 1624 : « Quand ce capitan trépassa, rapporte son camarade Beltrame, on trouva dans son lit un très rude cilice, ce qui causa quelque surprise, car nous n’ignorions pas qu’il était pieux et buon devoto, mais nous ne savions rien de ce cilice. » Il entrait sans doute, dans cette émulation de piété, un secret besoin de protester contre l’excommunication sévère qui pesait en France sur la profession comique. […] Oui, j’abandonne tout ce vain éclat, en même temps que je m’éloigne des beaux sites de la France… » Il quitta, en effet, la France avec les Comici Fedeli ; mais, cette fois encore, il ne persévéra pas dans la résolution de renoncer au théâtre ; il continua à diriger sa troupe jusqu’à l’âge de soixante-treize ans, jusqu’en 1652.

99. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Il paraît que la crinoline et l’ajustement tournent la tête de toutes les femmes ; on doit rogner sur le bœuf et le potage pour fournir aux rubans. » — La société française lui suggère cette âpre réflexion : « La France est organisée en faveur des paysans et des petits bourgeois, et c’est un triste produit. […] Taine, au crayon, sur de petits carnets, prenait ces notes que les siens publient respectueusement et sans rien y retrancher, il était un grand travailleur arraché pour quelques semaines à son labeur, à son milieu, contraint à se déplacer à travers toutes les régions de la France. […] Cette conception, qui semblait tout d’abord une vue de brasserie, propre aux rapins et aux Pétrus Borel, est arrivée peu à peu à couper la France en deux, et constitue, selon moi, un des signes les plus caractéristiques de la dissociation profonde de notre pays.)‌ […] Quant au fond même de la question et de savoir si la France ne produit plus que des choux et des navets et si c’est une production insuffisante, je n’essaye même pas d’en donner mon sentiment. […] Taine, ne trouvant pas autour d’eux l’Anglo-Saxon individualiste, l’Oriental noble et rêveur, l’artiste débauché et génial qui contenteraient leur conception de la vie, déclarent que la France est perdue, que les temps modernes sont honteux.‌

100. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

. — Les privilégiés ne rendent pas ces services en France. […] À la porte de la France, il y a des contrées où la sujétion féodale, plus pesante qu’en France, semble plus légère, parce que, dans l’autre plateau de la balance, les bienfaits contrepèsent les charges. […] Arthur Young, qui parcourut la France de 1787 à 1789, s’étonne d’y trouver à la fois un centre aussi vivant et des extrémités aussi mortes. […] Or il y a en France quatre cent lieues carrées de pays soumises au régime des capitaineries100, et, par toute la France, le gibier, grand ou petit, est le tyran du paysan. […] — Arthur Young, Voyages en France, I, 78.

101. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Je choisirai ce moment de l’histoire de France connu sous le nom d’époque de la Fronde (1643-1661). […] En France, la littérature a souvent joué ce rôle militant. […] S’il s’imprime des pamphlets, ils paraissent hors de France, à Genève ou en Hollande. […] C’est que ce régime n’a jamais existé en France, sinon à l’état d’ébauche. […] Études sur la France contemporaine.

102. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Des Constitutions de la France et du système politique de l’empereur Napoléon. […] ce n’est pas une loi de la nature et de notre misère qu’une grande gloire morte ait ses vers qu’elle engraisse de sa lumière comme les cadavres ont les leurs, et il est bien temps, pour l’honneur de l’esprit en France, que la critique enfin proteste contre toutes ces profanations ! […] Mettre le trait d’union qui conserve entre l’ancienne France monarchique, brisée par la Révolution, et la France moderne, qui mourait si elle ne redevenait pas une monarchie ; ôter cette proie à la Révolution, retrouvée sans cesse aux pieds de son œuvre pendant qu’il relevait et qui lui gêna tant de fois la main, quoiqu’il l’eût puissante, telle fut l’entreprise de Napoléon. […] Mais le temps a montré aux esprits les plus superficiels ou les plus aveuglés que les institutions de l’Empereur répondaient aux besoins compris de la France et à ce qu’il y a de moins transitoire chez un peuple, — ses nécessités et ses instincts. […] On a mieux aimé admettre la France passive et pétrie par la main d’un artiste en domination, que vivante et se plaçant d’elle-même dans le milieu où elle pût le plus spontanément agir, sous la main sympathique et ferme d’un grand homme qui l’eût devinée.

103. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Si l’État, dans son livre, ne veut pas dire la France, il ne dit rien. […] L’État, cette chose en l’air, n’existe pas ; mais il y a une chose sur terre qui s’appelle l’État pour nous, et c’est la France. Or, la France depuis Clovis, c’est-à-dire depuis qu’elle est, la France est constituée d’une certaine manière qu’il est aisé d’analyser, quoique les historiens, dupes des formes que revêt l’histoire à sa superficie, n’aient pas souvent pénétré jusqu’à cette facile profondeur. […] Il aurait vu que l’État, en France du moins, n’est rien de plus que la famille chrétienne et l’ordre appuyant le pouvoir, et se ralliant virtuellement à lui pour la logique d’un seul et même intérêt. […] Comme tous les soi-disant penseurs politiques qui se placent en dehors d’une nationalité déterminée, Dupont-White n’a dû rien comprendre à cet État qui, chez nous, s’appelle la France, et, de fait, il n’y a rien compris.

104. (1915) La philosophie française « I »

De fait, les deux doctrines métaphysiques qui surgirent hors de France dans la seconde moitié du XVIIe siècle furent des combinaisons du cartésianisme avec la philosophie grecque. […] Les recherches et les réflexions de Lamarck avaient d’ailleurs été préparées en France par beaucoup de travaux originaux sur la nature et la vie. […] Elle a eu en France des représentants remarquables. […] La part de la France, ici encore, est considérable. […] La philosophie religieuse a donné lieu, en France, à des travaux importants.

105. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Une des filles du modeste gentilhomme de Chambéry se nomme la duchesse de Montmorency en France. […] Il veut que la réaction de la France contre la France vienne d’elle-même, de la France ; et en cela il se montre à la hauteur des pensées d’en haut. […] La faible monarchie sarde fut écrasée dans les guerres de 1799 entre la France et l’Autriche. […] Nous ne fûmes pas peu surpris de n’y voir ni l’ambassadeur de France ni aucun Français. […] dira la France.

106. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Elle voyait réaliser en France ce qu’elle n’ose faire, par une certaine timidité. […] Ceux-là sont appelés des « enragés » et vus d’un mauvais œil en France comme en Allemagne ; ils inspirent, comme disait naïvement l’auteur de Wagner jugé en France, un sentiment de gêne. […] que la France n’a rien à envier à l’Allemagne. […] Voilà l’œuvre wagnérienne à faire en France ! […] Il fut l’un des premiers amis de Wagner en France.

107. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Je n’ai point émigré et je n’ai jamais approuvé l’émigration, parce que j’ai toujours cru qu’il était absurde de quitter la France dans l’espoir de la sauver, et de se mettre dans la servitude des étrangers pour prévenir ou pour terminer une querelle nationale. […] Il s’attache aussi à combattre l’idée que l’uniformité dans la législation soit nécessairement un bien, et ici, en se faisant l’organe des vieilles mœurs, des vieilles coutumes cantonnées sur divers points de la France, il se mettait en contradiction avec ce qu’il devait plus tard accomplir comme l’un des principaux rédacteurs du Code civil. […] Rien ne démontrerait mieux, à notre sens, la légitimité de 89 que cette argumentation habile de la part d’un homme aussi éclairé, et de laquelle il résulte que la France n’était pas un seul État ni un corps mû d’un même esprit. […] Mais toujours et en tout temps, malgré les menaces de mort qui s’approchaient de lui, il se refusa à quitter le sol de la France. […] Nommé membre du Corps législatif en 95, il fut appelé par son âge à faire partie du Conseil des Anciens, et il appartient désormais à toute la France.

108. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Bonaparte jouait la France en Saxe contre son orgueil obstiné ; il perdait le monde à Leipzig. […] Il promit à la France de vaincre à lui seul la révolution, à l’aide de la liberté de la presse. […] Aucun ministère ne l’inquiéta en France. […] Il s’occupait à faire les honneurs de la France à Rome. […] Il a mérité des reproches, mais il a mérité surtout un immortel souvenir de la France.

109. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

La guerre, qui ne pense pas, mais qui tue, tua la pensée en France et en Europe. […] C’est ce qui arriva à la France après les désastres de 1814 et de 1815 : elle pleurait des larmes de sang. […] L’oreille de la France est là pour entendre et retenir. […] La seule littérature populaire de la France, de 1805 à 1815, était à table dans ce Caveau. […] Elle habitait une province du nord de la France.

110. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Considérations sur la France. […] Du gouvernement représentatif et de l’état actuel de la France, 1816, in-8 ; Washington. 1841, in-18 ; De la démocratie en France, 1849, in-8 ; Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps, 1858-67, 8 vol. in-8 ; Discours académiques, 1861, in-8 : Histoire parlementaire de la France (discours prononcés aux Chambres de 1819 à 1848), 5 vol. in-8, 1863 ; Méditations sur l’état actuel de la religion chrétienne, 1866, in-8 ; Lettres de Guizot à sa famille et à ses amis,1884, in-8. […] Appelé en 1816 à la chaire d’éloquence française, il fut sous Louis-Philippe député, pair de France, deux fois ministre de l’instruction publique (1839-40, 1840-44). […] Michelet fut nommé professeur au Collège de France en 1838 : son cours fut fermé en 1851. […] Quinet (1803-1875), né à Bourg en Bresse, fut nommé en 1842 à la chaire de langues et littératures de l’Europe méridionale au Collège de France.

111. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

André Sayous, déjà connu par d’excellents morceaux d’histoire littéraire, et qui vient de gagner son droit de cité en France par ce service rendu à tous les amis des saines idées politiques et des informations historiques judicieuses. […] : On s’est moqué de son arrêt comme des défenses du roi, écrit Mallet ; car il faut toujours observer qu’en France ni la loi, ni le pouvoir qui en émane, ne sont respectés qu’autant qu’ils se font respecter par la crainte. […] Il n’est pas de pages plus vives et plus fortes que celles dans lesquelles Mallet étalait le bilan de l’Assemblée constituante, et l’état désemparé où elle laissait la France ; il n’en est pas de plus mémorables que le tableau qu’il traçait des torts et des fautes des partis en avril 1792, au moment où lui-même quittait le jeu qui n’était plus tenable, abandonnait la rédaction du Mercure après huit ans de travaux assidus, dont trois de combats acharnés, et se préparait à sortir de France. […] Mallet du Pan, arrivant de France avec une mission secrète de Louis XVI, très désigné d’ailleurs à l’attention des souverains et des cabinets comme à celle des princes émigrés par sa rédaction politique du Mercure, se trouvait consulté, et sollicité de parler de divers côtés à la fois. […] Or, ces alliances au cœur de la France, il n’y a, selon lui, qu’un moyen, qu’une chance de les provoquer, c’est de déclarer bien haut et avec franchise que la cause qu’on soutient énergiquement par les armes n’est pas celle des rois, mais celle de tous les peuples, et de la France la première avant tous les autres.

112. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Par ce gage donné à la France, il ne doutait pas de servir la cause d’Israël.‌ […] » Non, petit gars, tu auras une patrie et tu pourras faire sonner ton pas sur la terre en te nourrissant de cette assurance : « Mon papa y était et il a tout donné à la France ». […] Ils préfèrent la France ; la patrie leur apparaît comme une association librement consentie. […] C’est vrai qu’il est différent, mais comment le lire sans l’aimer, ce jeune intellectuel, mort à vingt-cinq ans pour la France ! […] Un long cortège d’exemples vient de nous montrer Israël qui s’applique dans cette guerre à prouver sa gratitude envers la France.

113. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Il est trois ou quatre théâtres que l’on ne conçoit pas sans protection en France : l’Opéra, l’Opéra-Comique, le Théâtre-Français et les Italiens. […] Paris alors est en bon train de se sauver, et la France avec lui. […] Le mot est sérieusement vrai en France, surtout à Paris. […] Au xviie  siècle, en France, on avait Richelieu. […] Quelles que soient les apparences contraires, et même après tous les naufrages, pourvu qu’on n’y périsse point, il y aura toujours de l’écho en France pour ces noms et ces choses-là.

114. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Fustel de Coulanges Histoire des institutions politiques de l’ancienne France. […] Il est, sans doute, fort connu et fort estimé dans l’Université de France, mais, en France, il n’a pas fait encore cette impression retentissante qui s’appelle la célébrité. […] L’auteur des Institutions politiques de l’ancienne France établira-t-il la vérité complète, absolue, sans objection, de l’histoire qu’il a entreprise ? […] Il va nous faire l’Histoire des institutions politiques de l’ancienne France, et il commence par les arracher à ce Germanisme à travers lequel on a voulu si obstinément les voir. […] tout cela, pour moi, fait un premier livre supérieur, qui engage superbement la question des Institutions de l’ancienne France.

115. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

Il s’ensuit, en d’autres termes, que l’évolution littéraire de la France se divise en grandes périodes, qui se subdivisent à leur tour en périodes de plus en plus petites. […] La France est alors offerte aux autres pays d’Europe comme le modèle des peuples paisibles et faciles à gouverner. […] C’est l’instant où la France, qui semble avoir dû ses dernières victoires à la vitesse acquise au siècle précédent, va déchoir de sa grandeur militaire ; le traité d’Aix-la-Chapelle, signé en 1748, est pour elle une halte, présage d’une décadence prochaine. […] Il est aisé, en effet d’observer que, de 1815 à 1850 environ, l’idéalisme a dominé en France, et que, de 1850 à 1885 à peu près, la conception réaliste a pris à son tour le dessus. […] Du mois de mai 1789 au 9 thermidor, la France parcourt avec une rapidité vertigineuse des étapes énormes qu’elle mettra ensuite plus d’un siècle à refaire posément.

116. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Un jour vient où dans le latin décomposé, désorganisé, se dessine un commencement d’organisation sur un nouveau plan ; un jour vient où les hommes qui le parlent s’aperçoivent qu’ils ne parlent plus latin : le roman est né ; c’est-à-dire en France, le français. […] Donc la primitive province romaine, et tout ce vaste bassin de la Garonne où le premier élément de la race est fourni par un fond indigène de population non celtique mais ibère, d’autres régions encore, comme l’Auvergne et le Limousin, presque la moitié de la France ne parlait pas français, et ne produisit pas au moyen âge une littérature française. […] Le français, langue du domaine royal, s’étendit avec lui, et suivit le progrès de la monarchie capétienne : dès la fin du xiie  siècle, les beaux seigneurs de France se moquaient de l’accent picard de Conon de Béthune. […] Enfin, pour achever de caractériser le développement de la langue française, elle fera incessamment, en France même, une lente conquête, celle des provinces, non plus du territoire mais de la pensée, conquête intérieure, et non la moindre, car c’est celle-là surtout qui l’enrichira et l’élèvera. […] Rossel, Histoire de la littérature française hors de France, 2e édit., 1894, in-8.

117. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Dans mon orgueil national, je regardais l’époque de la révolution de France comme une ère nouvelle pour le monde intellectuel. […] Qu’il soit donc admis que les considérations qu’on va lire, quoiqu’elles aient été composées pour la France en particulier, sont néanmoins susceptibles, sous divers rapports, d’une application plus générale. […] L’introduction d’une nouvelle classe dans le gouvernement de France devait produire un effet semblable. […] Personne ne conteste que la littérature n’ait beaucoup perdu depuis que la terreur a moissonné, en France, les hommes, les caractères, les sentiments et les idées. […] Il me reste maintenant à examiner, d’après l’influence que les lois, les religions et les mœurs ont exercée de tout temps sur la littérature, quels changements les institutions nouvelles, en France, pourraient apporter dans le caractère des écrits.

118. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 19, qu’il faut attribuer aux variations de l’air dans le même païs la difference qui s’y remarque entre le génie de ses habitans en des siecles differens » pp. 305-312

Ainsi qu’on impute à la difference qui est entre l’air de France et l’air d’Italie, la difference qui se remarque entre les italiens et les françois, de même il faut attribuer à l’altération des qualitez de l’air de France la difference sensible qui s’observe entre les moeurs et le génie des françois d’un certain siecle et des françois d’un autre siecle. Comme les qualitez de l’air de France varient à certains égards, et qu’elles demeurent les mêmes à d’autres égards, il s’ensuit que dans tous les siecles, les françois auront un caractere general qui les distinguera des autres nations, mais ce caractere n’empêchera pas que les françois de certains siecles ne soient differens des françois des autres siecles. […] Pourquoi ne veut-on pas que les enfans élevez en France en certaines années, dont la temperature aura été heureuse, aïent le cerveau mieux disposé que ceux qui auront été élevez durant une suite d’années dont la temperature aura été mauvaise. […] En second lieu je réponds, que si l’on faisoit en France, par exemple, une attention exacte et suivie sur la stature des corps et sur leurs forces, peut-être trouveroit-on qu’il y paroît en certains tems des generations d’hommes plus grands et plus robustes que dans d’autres. […] Il y a cinquante ans que les hommes ne s’habilloient pas aussi chaudement en France durant l’hyver qu’ils s’habillent aujourd’hui, parce que les corps y étoient communément plus robustes et moins sensibles aux injures du froid.

119. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Ce jugement manquait à la France ; c’était une bonne œuvre que d’essayer de le porter selon mes faibles forces. […] La France fut admirable de sagesse et d’héroïsme, on ne le dira jamais assez. […] Une erreur de jugement était la ruine d’un gouvernement et peut-être une anarchie de la France et une combustion de l’Europe. […] Une révolution à courte échéance m’apparaît à travers ces actes de défi à la France. Si vous portez ce conseil au roi et si le roi signe, la dynastie d’Orléans a régné en France !

120. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — France, Anatole (1844-1924) »

France, Anatole (1844-1924) [Bibliographie] La Légende de sainte Radegonde, reine de France (1859). — Alfred de Vigny, étude (1868). — Les Poèmes dorés (1873). — Jean Racine, notice (1874). — Les Poèmes de J.  […] M. Anatole France écrivait les Noces corinthiennes. […] M. Anatole France est plus large. […] M. France semble surtout destiné à exercer son art sur les petites choses. […] M. France est, certes, très intelligent, mais il est poète aussi, ce qui est autre chose et vaut mieux.

121. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Voilà les anciens chefs et fondateurs de la France : à ce titre, ils ont encore beaucoup de biens et beaucoup de droits. […] Delbos, l’Église de France, I, 399. […] Aujourd’hui en France, au lieu de 24 000 francs, ce serait 50 000 et davantage. […] Il s’agit ici du clergé dit de France (116 diocèses). […] Voir, pour tous ces détails, la France ecclésiastique de 1788.

122. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

D’abord elle joue un rôle moins important qu’en France dans la vie intellectuelle, qui s’exprime tout aussi aisément dans les arts plastiques et dans la musique ; elle est concurrencée aussi par une autre littérature, en langue latine, et fortement soumise aux formes, aux traditions des littératures classiques ; la forme l’emporte souvent sur le fond, d’autant plus que la liberté de l’expression est souvent limitée. […] Les origines lyriques de la première ère sont plus faciles à établir par des textes qu’en France. […] Cette Italie divinatrice est dans l’impossibilité de réaliser elle-même… ; c’est la France qui réalise. […] Et je ne cite toujours que les noms les plus connus. — A cet épanouissement merveilleux d’une conception nouvelle de la vie (individuelle et sociale) devait succéder normalement une période épique de création ; si les circonstances extérieures l’avaient permis, l’Italie aurait réalisé comme la France, et avant elle, le principe national sous la forme de la royauté absolue. […] Cent ans plus tard, en France, Balzac écrit Le Prince, sous Richelieu, préparant Louis XIV ; tandis qu’en Italie le grand patriote Machiavel ne peut s’inspirer que d’hommes tels que Cesare Borgia, Giuliano di Medici ou Lorenzo di Piero di Medici ; aventuriers, tyranneaux de province… En 1494 déjà, une invasion française interrompait l’épopée de Boiardo ; au xvie  siècle Arioste se réfugie dans les domaines intangibles de la fantaisie, il écrit une œuvre de beauté durable, universelle, mais inefficace pour la patrie ; ses prophéties sur l’avenir de la maison d’Este sont pleines de rhétorique et… d’ironie involontaire aussi ; après lui, Torquato Tasso subit à la fois la réaction catholique et le joug des traditions académiques. — En France, le triomphe du catholicisme est aussi celui de l’unité nationale ; « Paris vaut bien une messe » n’est pas une boutade, c’est un mot qui résume une grande nécessité ; ce catholicisme-là n’asservit pas la pensée ; pour plusieurs écrivains, qui nous l’ont dit expressément, il est la liberté ; il ne soumet pas la France à la Papauté, il mène au gallicanisme de Bossuet ; de même, la tradition académique, malgré tous ses défauts, contribue à la discipline nationale.

123. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

L’Europe et la France savent quelle fut la vérité de cet éloge. […] Il y eut en France vingt-sept ou vingt-huit oraisons funèbres. […] Jamais la France n’eut autant d’éclat que sous Louis XIV ; mais cet éclat, comme on sait trop, fut mêlé d’orages. Sous lui, la France compta trente ans de victoires, et dix ans de désastres. […] Ce défaut influa non seulement sur la France, mais sur l’Europe entière.

124. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Le premier des Royaumes ainsi formé a été celui de la France. […] La France d’aujourd’hui, par exemple, est un fait réel. […] La France a vaincu encore par ses prêtres. […] Tous nous n’avons vu que la France en danger. […] Il n’y a pas une France d’avant 89 et une France d’après.

125. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

À son arrivée en France, sa beauté avait ébloui le royaume : cette beauté était dans tout son éclat. […] Aucun d’eux, excepté les opposants à la révolution, ne renfermait sa pensée dans les limites de la France. […] La France n’était que l’atelier où elle travaillait pour tous les peuples. […] Essentiellement spiritualiste, elle n’affecta d’autre empire pour la France que l’empire volontaire de l’imitation sur l’esprit humain. […] L’objection géographique de Barnave est tombée un an après, devant les prodiges de la France en 1792.

126. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

M. France, ni M.  […] M. Anatole France. […] M. France. […] M. France, par ses insistances et sa continuité. […] M. France les enveloppe tous de son indulgence ironique.

127. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Car ce dont il s’agit dans ces livres, c’est de l’âpre, fier et religieux ennemi dont les résistances ont développé dans notre armée non seulement les vieilles qualités traditionnelles qui constituent le génie militaire de la France, mais des qualités entièrement nouvelles et qu’on ne lui connaissait pas. […] elle a été une école de force morale, une discipline de l’âme militaire de la France. […] Par sa constitution donc comme par ses victoires, l’Armée se préparait de longue main à reprendre le rang et l’autorité qu’elle doit avoir dans un pays comme la France. […] Elle est la virginité de la France. […] Nous, chrétien, nous oserions prendre sur notre conscience la responsabilité du mot audacieux, échappé à un des plus éloquents penseurs que le Catholicisme contemporain ait produits : « L’armée est à la France ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ est à la sainte Trinité, car, de même que le sang de Jésus-Christ est dans le pain de l’Eucharistie, dans le pain que mange la France il y a du sang de l’armée ! 

128. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

En 1827, il reprit du service en France, toujours comme sous-lieutenant, dans le 49e « qu’il quitta sottement », dit-il. […] c’est la fin de l’automne ; il a des désirs de revoir la France : « Je voudrais voir la neige de France, dût-elle être haute de six pieds dans les rues. » Revenir en France et avoir une grande guerre en Europe, une guerre régulière, y être employé, c’est là son vœu. […] Cette blessure, incomplètement guérie, le ramène en France en congé ; il y est nommé chef de bataillon (août), et envoyé en garnison à Metz pour y refaire sa santé. […] Il s’impatiente des lenteurs qu’on met à sortir du triste fossé où la France s’est jetée ; il n’aime pas la république, il la souffre ; il en souffre aussi. […] Chapitre oublié dans Les Girondins ou les Garonnais… On ne promène pas un maréchal de France général en chef comme une cantinière hors d’âge. ».

129. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Or, qu’est-ce que la France ? […] La France paraît destinée à hériter de l’Europe. […] C’est le cachet de la France mis sur le style de son plus grand siècle. […] C’est ce qui eut lieu en France pour l’éloquence de la chaire, cette haute littérature sacerdotale. […] La première littérature du peuple en France fut donc sa prédication.

130. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

On pouvait si rarement se flatter en France d’influer par ses écrits sur les institutions de son pays, qu’on ne songeait qu’à montrer de l’esprit dans les discussions même les plus sérieuses. […] En France, elle descendait de la classe supérieure vers le peuple. […] Plusieurs des causes que je viens d’énoncer devraient s’appliquer également au gouvernement représentatif en France ; mais les premières époques de la révolution ont offert à ses orateurs des sujets d’éloquence antique. […] Les longs développements seraient en tout temps aussi beaucoup moins tolérés en France qu’en Angleterre. […] En France, on est si jaloux de l’admiration qu’on accorde, que si l’orateur voulait l’obtenir deux fois pour le même sentiment, pour le même bonheur d’expression, l’auditoire lui reprocherait une confiance orgueilleuse, lui refuserait un second aveu de son talent, et reviendrait presque sur le premier.

131. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

IV Quand la fille de Marie-Thérèse épousa le petit-fils de Louis XV, dit le Bien-Aimé, la France, qui avait inventé ce beau mot : « tomber en quenouille », y était tombée, et ce n’était pas la quenouille de Blanche de Castille que la sienne. […] Or, cet affaiblissement par les Bourbons de la monarchie en France et dans le monde, cet affaiblissement qui nous faisait tomber dans le mépris d’un roi de Prusse, — car Dieu, qui s’entend au mépris, sait choisir la coupe d’où il le verse !  […] Comprenant que l’ancienne inimitié de la France et de l’Autriche n’avait plus de raison pour exister, elle pensait, en regardant cette belle enfant, par l’éducation faite française, à opposer l’épouse, qui sauve tout, à ces maîtresses qui avaient tout perdu dans cette maison de Bourbon, l’humiliation vivante des Reines, et ainsi à relever, par les mœurs et par la famille, cette monarchie qui périssait par la famille et par les mœurs ! […] Marie-Antoinette avait été élevée, dans les idées de Marie-Thérèse, pour la France, le service, l’amour, le salut de la France. Marie-Thérèse, la femme forte et prudente, qui mettait Dieu au-dessus des États et les intérêts immortels au-dessus de tous les intérêts terrestres, n’aurait pas désiré, avec l’ardeur qu’elle y mit, le mariage de sa fille avec le Dauphin de France, si l’idée d’une grande chose chrétienne n’avait plané sur son dessein.

132. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

je sais bon gré à Francis Wey des pointes d’anglais qu’il a mêlées à son omelette française, à ce livre de causerie et d’observation sur la France, pour en relever le goût et en augmenter la saveur. […] Quand un homme est original en Angleterre, il l’est toujours deux fois, parce qu’il a l’originalité de sa race par-dessus ou par-dessous la sienne, tandis qu’en France, quand on l’est, on ne l’est qu’une fois, et même c’est beaucoup ! […] Emporté, quand il sortit de cette nursery des petits Mabillons qu’attend toujours la France, emporté à trois ou quatre facultés diverses, Francis Wey eut une manière de s’égayer à lui. […] Au milieu de ces distractions laborieuses, Francis Wey, cependant, se maintint dans sa voie d’éducation et d’études historiques, et il est récemment devenu quelque chose comme un des inspecteurs des Archives de France. […] Dans son livre de Dick Moon, je vois l’Est, le Midi, le Nord, et même un peu de l’Ouest de la France, puisque j’y trouve la Bretagne.

133. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

IV Quand la fille de Marie-Thérèse épousa le petit-fils de Louis XV, dit le Bien-Aimé, la France, qui avait inventé ce beau mot : « tomber en quenouille », y était tombée, et ce n’était pas la quenouille de Blanche de Castille que la sienne. […] Or, cet affaiblissement par les Bourbons de la monarchie en France et dans le monde, cet affaiblissement qui nous faisait tomber dans le mépris d’un roi de Prusse, — car Dieu, qui s’entend au mépris, sait choisir la coupe d’où il le verse, — personne en Europe ne le prévoyait mieux que la sage et pieuse Marie-Thérèse. […] Comprenant que l’ancienne inimitié de la France et de l’Autriche n’avait plus de raison pour exister, elle pensait, en regardant cette belle enfant, par l’éducation faite française, à opposer l’épouse, qui sauve tout, à ces maîtresses qui avaient tout perdu dans cette maison de Bourbon, l’humiliation vivante des Reines, et ainsi à relever, par les mœurs et par la famille, cette monarchie qui périssait par la famille et par les mœurs ! […] Marie-Antoinette avait été élevée, dans les idées de Marie-Thérèse, pour la France, le service, l’amour, le salut de la France ! Marie-Thérèse, la femme forte et prudente, qui mettait Dieu au-dessus des États, et les intérêts immortels au-dessus de tous les intérêts terrestres, n’aurait pas désiré, avec l’ardeur qu’elle y mit, le mariage de sa fille avec le Dauphin de France, si l’idée d’une grande chose chrétienne n’avait plané sur son dessein !

134. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Eugène Hatin Histoire politique et littéraire de la Presse en France, avec une introduction historique sur les origines du journal et la bibliographie générale des journaux depuis leur origine. […] Eugène Hatin n’a-t-il pas intitulé tout simplement son livre : Histoire du journalisme en France ? […] L’histoire du journalisme en France, c’est-à-dire l’histoire de toutes les idées, de toutes les passions, de tous les partis qui se sont servis du journalisme comme d’une arme bonne à toute main, est, en effet, à cette heure, cruellement difficile, et qui l’entreprend doit avoir plus de froideur de tête et plus de mépris des préjugés contemporains que pour écrire toute autre histoire. […] Hatin l’entend si bien ici, que son histoire s’ouvre au xviie  siècle et à l’avènement dans la publicité de Théophraste Renaudot, qu’il appelle le père du journalisme en France ; car le journalisme naquit presque le même jour par toute l’Europe. […] La tête de l’homme à qui la pensée est venue d’écrire l’histoire du journalisme en France, a été faite évidemment pour mieux que pour entreprendre des catalogues.

135. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Il venait à peine de prendre possession de ce nouveau poste plus avantageux, lorsque la Porte, rompant avec la France et nous déclarant la guerre, le fit arrêter comme otage. […] En débarquant à Marseille, il trouva une tout autre France que celle qu’il avait laissée six ans auparavant : on était aux plus beaux jours du Consulat. […] Le consul de France avait compté qu’on le traiterait sur le pied des anciens ambassadeurs en disgrâce ; il se méprenait de beaucoup. […] Personne ne voulait l’être ; il en fallait qui ne fussent pas hostiles à la France ; il en fallait qui sussent le français. […] Le refroidissement avait commencé peu avant son départ de France.

136. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Ils proclament hardiment la supériorité de leur goût comme Louis XIV la suprématie de la France. […] Il y a sans doute quelques exceptions à ce dédain des écrivains du temps, soit pour la littérature des pays voisins, soit pour celle de la vieille France. […] Bossuet est chargé d’élever le futur souverain de la France et il s’érige en exécuteur des hautes œuvres ecclésiastiques sur la mémoire de l’auteur de Tartufe. […] De plus, ils se ressentent pour la plupart de l’engouement dont l’Espagne et l’Italie furent l’objet et ils ont des ressouvenirs de l’ancienne France. […] Voir Augustin Thierry, Considérations sur l’histoire de France, chapitre I.

137. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Ses deux premiers pamphlets, antérieurs à son journal, sont La France libre et le Discours de la lanterne aux Parisiens. La France libre est un pamphlet purement républicain et démocratique dès 1789. […] Quarante mille palais, hôtels, châteaux ; les deux cinquièmes des biens de la France à distribuer, seront le prix de la valeur. […] Il l’avait dit dans sa France libre : « La mort éteint tout droit. […] [NdA] Révolutions de France et de Brabant, nº 76.

138. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Il aime et loue la France ; il l’appelle « le soldat de Dieu ». […] La France, disons-le, n’est pas, dans des cas pareils, beaucoup plus rapide. […] Louis XIII a donné la France à l’une ; l’autre a donné la France à la France. […] France et Angleterre, vous avez tort. […] À partir de la Révolution, la France grandissant, l’esprit français grandit, et tend à devenir l’esprit européen.

139. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

La France a laissé passer le temps. […] Si les masses sont vulgaires en France, nulle part les individus ne sont plus distingués. […] D’abord, la véritable poésie du 19e siècle a fait invasion en France par la prose. […] La France est la nation la plus dramatique de l’Europe. […] La France est trop forte et trop riche pour être jalouse et injuste.

140. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

» « Le jour baisse en Europe, et surtout en France. […] La France soulevée de son lit aurait débordé de ses frontières comme de ses lois, et malheur au monde ! […] La liberté lui mettait ces armes dans la main, mais il lui fallait un peuple soldat et vétéran de gloire comme la France pour lui en apprendre l’usage. […] Ce n’est pas seulement la France qui a saigné dans ces journées, c’est l’Italie qui y a péri. […] Elle avait fini par s’évader de Rome avec la tolérance tacite du pape ; elle avait voyagé en Espagne, en France, en Allemagne.

141. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

En définitive, les édits furent conservés dans toute la partie essentielle qui tient à ce que nous appelons tolérance ; mais les bastions et les fortifications des villes rebelles, de celles des Cévennes en particulier, qui avaient été prises de cette espèce de manie et de maladie dans la présente guerre, et qui s’étaient toutes fortifiées à la huguenote, comme on disait, durent être rasés aux dépens et de la main même des habitants qui les avaient construits ; il n’y eut plus, à partir de ce jour-là, un cordon de petites républiques possibles à travers la France : il n’y eut qu’une France et des sujets sous un roi. […] L’importance que met Richelieu à cette sortie de France du duc de Rohan ne laisse pas de faire bien de l’honneur au vaincu : Ce fut, dit-il, une chose glorieuse au roi de voir là (à Gênes) arriver le duc de Rohan hors de France, où il s’était maintenu dans la rébellion si longtemps. On le considérait avec grande curiosité, comme un des trophées du Roi… Chacun, voyant ledit Rohan, était obligé d’avouer qu’il n’y avait plus de corps d’hérétiques en France, puisqu’il avait été décapité, et que l’on voyait le chef comme porté en triomphe par les ports d’Italie. […] Les Grisons se plaignaient de la France, de tout temps leur protectrice, qui, par un traité avec l’Espagne, avait paru consentir à cet état tel quel ; la France, de son côté, avait intérêt à ce que les Grisons redevinssent maîtres de la Valteline et reprissent les clefs du passage. […] Il semblait qu’il n’y eût plus qu’à agir ; mais ce ne fut qu’au commencement de 1635, c’est-à-dire après trois ans de retards et d’ambiguïtés et quand la France enfin se décida ouvertement à la guerre, que Rohan fut mis à même de se distinguer.

142. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Pensionnée à cette fin par Louis XIV, elle est une sorte de résidente perpétuelle de la France, une coadjutrice utile et zélée, parfois un peu rivale, de nos cardinaux et de nos ambassadeurs. […] Vous devez savoir, madame, que je compte sur lui presque aussi solidement en Espagne que je puis compter sur vous en France. […] Mme des Ursins écrit bien ; elle écrit d’un grand style, sa phrase a grande tournure, et pourtant on s’aperçoit à certains mots, à certaines locutions qui échappent à sa plume, qu’elle est, depuis des années, absente de France et qu’elle est rarement venue s’y retremper. […] Ainsi elle écrira (page 381) : « Je m’étais bien flattée, madame, que le bruit qui s’était épanché de mon retour en France…. » Épanché pour épandu. […] M. de Vendôme n’était point maréchal de France ; M. de Turenne n’en a jamais pris le titre. » C’était parce que M. de Turenne avait le léger faible d’être traité sur le pied de prince, qu’il rejetait le titre de maréchal comme inférieur et secondaire.

143. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Toutes les perceptions un peu rémunératrices de France sont occupées par des individus qui les ont méritées en fulminant au café, sous l’Empire, contre les articles 291 et suivants. […] C’est un des chapitres importants pour la connaissance de la France contemporaine. […] Il devait même fournir le livre VII de son dernier tome des Origines de la France contemporaine. […] Et il me semble intéressant de mettre, dans ce moment, sous les yeux du public, une page puissante et inédite, où le grand écrivain examine quelle est, en France, la condition des sociétés autres que l’État et marque la qualité morbide d’un tel régime.‌ […] On ne modifiera pas tout d’un coup le régime des associations en France ni notre incapacité de nous associer !

144. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

29 mars, la France : « Chez un marchand de musique » par M.  […] Lamoureux, qui va faire connaître en France une œuvre qui aurait dû être jouée à l’Opéra de Paris depuis plus de vingt ans. […] voilà la vraie capitale de la France ! […] M. Anatole France dans le Temps. […] 18 avril, la France : « l’amoureux Wagner » par M. 

145. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

C’est donc en écartant cette époque monstrueuse, c’est à l’aide des autres événements principaux de la révolution de France et de l’histoire de tous les peuples, que j’essayerai de réunir des observations impartiales sur les gouvernements, et si ces réflexions me conduisent à l’admission des premiers principes sur lesquels se fondent la constitution républicaine de France, je demande que, même au milieu des fureurs de l’esprit de parti qui déchirent la France, et par elle le reste du monde, il soit possible de concevoir que l’enthousiasme de quelques idées n’exclut pas le mépris profond pour certains hommes1, et que l’espoir de l’avenir se concilie avec l’exécration du passé. […] Tout invite la France à rester république ; tout commande à l’Europe de ne pas suivre son exemple : l’un des plus spirituels écrits de notre temps, celui de Benjamin Constant, a parfaitement traité la question qui concerne la position actuelle de la France. […] La France doit persister dans cette grande expérience dont le désastre est passé, dont l’espoir est à venir. […] Laissez-nous en France combattre, vaincre, souffrir, mourir dans nos affections, dans nos penchants les plus chers, renaître ensuite, peut-être, pour l’étonnement et l’admiration du monde. […] Qu’on me pardonne de m’être laissée entraîner au-delà de mon sujet, mais qui peut vivre, qui peut écrire dans ce temps, et ne pas sentir et penser sur la révolution de France.

146. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M.  […] Sans entrer dans des détails qui seraient aujourd’hui sans intérêt, disons seulement qu’au sein même de la Société de l’histoire de France les droits de la vérité historique pure et entière, non adoucie et déguisée, non adultérée et sophistiquée, ont trouvé de chauds défenseurs et des appuis en la personne de MM.  […] Sachez que ce royaume de France est gouverné par trente intendants. […] » — Telle était déjà la France, au sortir des mains de Louis XIV ; l’entreprenant Écossais nous louait là d’une qualité qui est bien souvent notre défaut, de la condition de célérité et de vigueur qui est aussi notre péril, mais qui tant de fois aussi a fait de l’action française un prodige. […] la France l’aime et la suit volontiers.

147. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Comme la plupart des esprits troublés de notre temps, ils ont pris Paris pour la France, et, au lieu de nous donner l’histoire de la société française pendant la Révolution, ils nous ont donné l’histoire de la société parisienne. […] Dans cette histoire de la société française, c’est la France qui est oubliée, rien que cela ! […] qui ont commencé de populariser cette idée, dont tant d’esprits sont férus encore, que Paris, au point de vue politique aussi bien qu’au point de vue de l’esprit, des mœurs, du langage, des manières, est toute la France ! […] Il n’y est pas question seulement de la bonne compagnie de la France (sujet délicieux à traiter pour des plumes très fines et très sveltes) ; il y est question de la mauvaise encore davantage. […] C’est ici que viennent se marquer plus distinctement que jamais toutes les conséquences du système qui voit dans Paris le type de la France, lorsque l’histoire tout entière atteste au contraire qu’il en est plutôt la contradiction !

148. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Ils ont loué ce mélange d’adresse et de force, avec lequel il abattit pour jamais le parti longtemps redoutable des calvinistes, armant les protestants de Hollande contre ceux de France, et retardant les flottes de l’Angleterre. Ils ont loué ce gouvernement intrépide, qui, en révoltant tout, enchaînait tout ; qui, pour le bonheur éternel de la France, écrasa et fit disparaître ces forces subalternes, qui choquent et arrêtent l’action de la force principale, d’autant plus terribles qu’en combattant le prince, elles pèsent sur le peuple ; qu’étant précaires, elles se hâtent d’abuser ; que nées hors des lois, elles n’ont point de limites qui les bornent.  […] Sur l’art de négocier, et sur les intérêts politiques de l’Europe, ils conviennent qu’il montra du génie et une grande supériorité de vues : mais, dans ce genre même, ils lui reprochent une faute importante ; c’est le traité de 1635, portant partage des Pays-Bas espagnols, entre la France et la Hollande. Ce traité fut l’époque qui apprit aux Hollandais qu’ils avaient besoin de barrière contre la France ; et Richelieu, qui voulait les unir à lui contre l’Espagne, en montrant son ambition, glaça leur zèle. […] Mais il dirigea la paix de Munster, il fit la paix des Pyrénées, il donna l’Alsace à la France, il prévit peut-être qu’un jour la France pourrait commander à l’Espagne : voilà ses titres pour la renommée.

149. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Le Consul, qui savait tout, n’ignorait pas qu’il y avait en France un rejeton des Molé, et il l’aurait rattaché à son régime dès ce temps-là ; il le lui fit dire. […] Il disait que la France s’en tirerait ; il l’avait vue, dans son enfance et dans sa jeunesse, sortir victorieuse et plus belle de bien d’autres périls et d’un plus affreux naufrage. […] Tournez et retournez vos souvenirs comme il vous plaira, c’était un naufrage, et le plus humiliant des naufrages ; la France entière était sur un radeau ; elle avait besoin, après trois années d’expédients et de misères, de se retrouver voguant à pleines voiles sous le plus noble pavillon. L’acclamation universelle par laquelle la France a salué son président en 1852 et l’a sacré empereur a été, entre autres choses, un acte de haut bon sens. Que venez-vous insinuer de la plénitude du principe monarchique, comme si on ne l’avait pas, comme si ce principe pour la France moderne était séparable de la satisfaction donnée aux meilleurs vœux de la démocratie ?

150. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

« En Russie, observa tout à coup le jeune homme, quand on veut humilier et punir un général, on le fait soldat : en France, quand on veut glorifier un prince, on le nomme grenadier. » Et faisant un geste, il s’écria : « Chère France !  […] Le même officier, M. de La Rue, au moment de retourner en France, lui dit un autre jour tout naturellement qu’il était prêt à prendre ses ordres pour Paris. […] Le maréchal, qui, en vieillissant, avait gardé tout son feu, sa vivacité d’impression et d’intelligence, vécut assez pour apprendre et juger les derniers événements qui ont changé le régime de la France. […] Par un sentiment précurseur, et comme il arrive à ceux qui, loin du ciel natal, se sentent décliner et approcher du terme, il nourrissait depuis quelque temps un vif et secret désir de revoir la France. […] Ses restes seuls vont rentrer en France et reposer dans le cimetière paternel de Châtillon, on un tombeau l’attend.

151. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Nous n’avons eu que trop de ces critiques prohibitifs en France et ailleurs. […] Par cela seul il fit avorter l’avenir d’une grande poésie nationale en France. […] Or Boileau fut précisément et opportunément pour la France un de ces hommes. […] Or, cette direction que la France allait donner dans les lettres, dans la philosophie, dans la science, dans la politique, dans les arts, dans le goût, à l’Europe, après Louis XIV, ce fut Boileau qui la donna le premier à la France. […] C’est une des puissances de la France.

152. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme des Ursins le lui reproche ; elle a des peines infinies à obtenir d’elle de donner accès une fois ou deux aux personnages éminents qui passent à la cour de France et qu’elle lui recommande. […] On commençait en France à être trop désaccoutumé des victoires. […] Or, un moment vient où la France désespère, où le ministère surtout incline pour une paix à tout prix, et où Mme de Maintenon accablée la prêche ou l’insinue. […] La guerre de la Succession d’Espagne, que commença l’ambition du côté de la France et que l’ambition continua du côté opposé, était ce qui avait paru jusqu’alors, et depuis bien des siècles, de plus extraordinaire et de plus vaste au point de vue soit militaire, soit historique. […] Je trouve cependant que l’esprit de la Cour a bien changé depuis que je suis sortie de France, car le roi ne me paraissait point de ce sentiment lorsque j’avais l’honneur de l’entretenir ; ne serait-ce pas cela la cause de tous nos malheurs ?

153. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Il ne lui est accordé de voir son frère que peu de temps ; lui-même exige qu’elle abrège son séjour et qu’elle s’éloigne, la croyant plus utile à ses intérêts en France. […] Elle est d’avis qu’il achète sa liberté à tout prix, qu’il revienne à n’importe quelles conditions ; car le marché ne peut être mauvais, pourvu qu’on le revoie en France, et ne peut être bon, lui étant à Madrid. Dès qu’elle a pied en terre de France, elle est reçue comme un précurseur, « comme le Baptiste de Jésus-Christ ». […] Telle était alors la douleur vraie de la France pour la perte de son roi. […] Et en ce qui est d’elle, voyant cela, il lui semblait que le travail des grandes journées d’Espagne lui était plus supportable que le repos de France, « où la fantaisie, dit-elle, me tourmente plus que la peine ».

154. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Mais, ne l’oublions pas, rien du dehors n’a dépassé les splendeurs intellectuelles de la France au dix-septième siècle. […] Noble soldat de la muse lyrique, poëte de la liberté, de la vertu courageuse et de l’amour, fils du génie grec et de la France, non, les louanges données à ton nom, dans notre âge récent de poésie, n’étaient ni vaines ni forcées ! […] On l’éprouva toutefois, ces torches de liberté conquérante et d’ambition, agitées en France, éblouissaient au loin et suscitaient ailleurs soit les mêmes passions, soit de plus vives résistances. […] Toute cette ardeur d’indépendance, qui bouleversait la France de fond en comble, plaisait théoriquement à bien des imaginations en Europe. […] je n’ai, dans un intérêt de parti, offusqué ta lumière ou étouffé ta sainte flamme ; mais je bénissais les armes triomphales de la France délivrée, et je baissais la tête et je pleurais au nom de la Grande-Bretagne.

155. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Les événements, qui ne remuaient jadis que de petits territoires contigus à la France, remuent en ce moment le globe tout entier ; comment juger avec connaissance de cause ces événements, sans en connaître la scène et les acteurs ? […] Est-ce que l’atlas ne vous dit pas, par toute la configuration du globe, que si l’Italie monarchisée, au lieu de dépendre d’elle-même, dépend des caprices d’un roi cisalpin, et que si ce roi la possède, au lieu de la couvrir, la France diminue de trente millions d’hommes son poids sur la terre et sur la mer, et que l’Angleterre gagne tout ce que la France perd au midi et à l’orient ? […] La confédération, c’est l’affranchissement de l’Italie sans danger et avec honneur pour la France ; la monarchie du Piémont, c’est pour l’Italie changer de maître, et c’est pour la France changer de voisins et de frontières ; c’est-à-dire qu’une Italie nouvelle, devenue monarchique, est mise à la disposition de l’Angleterre ; une France nouvelle commence. L’ancienne France suffisait à elle-même et au monde ; l’histoire change avec la géographie. […] Unifiez l’Italie sous des baïonnettes piémontaises, soulevez la Hongrie et la Bohême, agitez la Styrie et la Croatie, livrez la Saxe à la Prusse, faites de la Bavière et du Wurtemberg des vassalités forcées de Berlin, et vous aurez achevé, vous, Français, engoués par des mots qui sonnent le tocsin de vos périls futurs, la circonvallation de la France par ses ennemis !

156. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

M. France abondent en dissertations charmantes et futiles. […] Brunetière, « L’évolution de la critique en France depuis la Renaissance jusqu’à nos jours » (1890), Evolution des genres dans l’histoire de la littérature, Editions Pocket, 2000. […] Ajoutons que ce critique ouvert sur le monde anglo-saxon fut un de ceux qui contribuèrent à faire connaître la philosophie hégélienne en France (voir son article « Hegel et l’hégélianisme », Revue des Deux Mondes, février 1861). […] Émile Deschanel (1819-1904) : professeur, journaliste, écrivain et homme politique, cet helléniste enseigna la littérature grecque à l’École normale supérieure, puis au Collège de France. […] Eugène Melchior de Vogüé (1848-1910) : diplomate, homme politique et romancier, cet homme de lettres important de l’époque symboliste, élu à l’Académie en 1888, est connu pour avoir introduit l’œuvre de Tolstoï et de Dostoïevski en France avec son Roman russe de 1886.

157. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

Du jour où les Girondins furent proscrits, le retour à l’ordre légal fut indéfiniment ajourné, et la France, constituée dans un état violent, inouï, d’un avenir incalculable. […] mais ce qu’on sait moins, c’est comment cette issue se prépara, par quelle force puissante et cachée la Révolution fut menée à terme, et par quel principe de vie le salut de la France s’enfanta au milieu des cris, des larmes et du sang. […] A la nouvelle du 2 juin, toute la France fut émue. […] Ses séances, courtes et silencieuses, sont pleines de résultats et tout entières en action ; elle n’est plus qu’un Conseil d’État, ou plutôt un grand Conseil de guerre, qui ne voit dans la France qu’un camp où la Révolution est assiégée. […] Pour lui, sauver la France, c’était se dissoudre ; car, le siège une fois levé, le pouvoir militaire s’anéantit devant l’ordre légal, et le camp redevient une cité.

158. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

Le sein de la terre ne renferme pas les mêmes corps en France qu’il renferme communément en Italie. […] Ces corps dans les lieux de France où on en trouve n’y sont pas en même quantité par proportion aux autres corps qu’en Italie. On trouve presque par toute la France que le tuf est de marne ou d’une espece de pierre grasse, blanchâtre et tendre, et dans laquelle il y a beaucoup de sels volatils. […] Il faut donc attribuer la difference immense qui s’observe en France entre la temperature de deux années à la variation survenuë dans les émanations de la terre. […] La cause y varie bien, mais elle n’y est pas aussi capricieuse qu’en France.

159. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Sous la Régence, on ruinait la France à ciel ouvert, mais on ne la tripotait pas ! […] Le premier, qui commence à l’horrible inventaire de la succession que le Directoire a ramassée, est, avant tout, un large tableau de la France ainsi que la Mort l’avait faite, eût dit Bossuet, qui ne se doutait pas que la Mort aurait bientôt une sœur en France qui lui contesterait son droit d’aînesse, — la Révolution ! […] De tels actes étaient son seul langage dans un temps où la France, épuisée de cris et de phrases, rendait l’âme dans l’éloquence de ses tribuns. […] Jamais, dans les plus courageuses publications contemporaines, on n’a jaugé d’une pareille main d’Hercule, et les idées auxquelles l’opinion est demeurée si longtemps en proie, et les différents partis dont l’action bruyante, turbulente et inepte, a caché la France à la France. […] Doué d’elles seules et aspirant à un rôle plus grand qu’elles, Odilon Barrot est un des hommes qui ont fait le plus de mal à la France.

160. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Le public en France. […] Enfin, en 1786, elles se font ouvrir les portes du Collège de France. […] Le comte de Lasteyrie importe en France la lithographie. […] Lettre de Mme du Deffand à Mme de Choiseul (citée par Geffroy, Gustave III et la cour de France, I, 279). […] Lacretelle, Histoire de France au dix-huitième siècle, V, 2.

161. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

La France est alors paisible et puissante ; les coffres de l’État sont remplis ; le commerce cherche et trouve des débouchés aux Indes comme au Canada. […] C’est le moment où le régime féodal se dissout, ; menaçant d’entrainer la France dans sa décrépitude. […] Le régime industriel commençait à peine à se constituer en France qu’il engendra ainsi quantité de projets, de systèmes destinés à le corriger. […] C’est qu’ils ont alors des lecteurs dans toutes les villes de France et d’Europe. […] Dans la France nouvelle, leur position sociale s’est améliorée encore, et cela s’explique aisément.

162. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Ses lettres au marquis d’Aubeterre, ambassadeur de France avant lui, lettres qu’on a en partie publiées et qui donnent le bulletin et la chronique du conclave, montrent un revers de tapisserie qui, en toute matière et particulièrement en matière sacrée, ne saurait se divulguer sans exciter quelque surprise et sans avoir des inconvénients. […] Quand elle fut supprimée en France, il écrivait à Voltaire : « Je ne crois pas que la destruction des Jésuites soit utile à la France ; il me semble qu’on aurait pu les bien gouverner sans les détruire. » Mais, une fois l’affaire entamée, il estime qu’il est politique et presque nécessaire d’achever. […] Cependant il continuait de représenter la France à Rome avec grandeur, avec grâce et magnificence. […] Il subsistait, depuis la suppression de ses traitements en France, d’une pension que lui faisait la cour d’Espagne. […] Sa Sainteté même, ses ministres, et par conséquent toute la gent subalterne, croient devoir à la France ce que son ministre demande ; et à son ministre, ce que la France a droit de demander.

163. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

. — La poésie lyrique en France, au dix-neuvième siècle. — La poésie espagnole au Mexique et en Espagne. […] Un poëte lyrique était né pour la France, avec des nuances admirables de douceur élégiaque et de tendre mélancolie. […] Le sillon de feu partait de la France, réveillait jusqu’à l’Espagne, enflammait la Grèce et brillait sur les deux Amériques. […] Ne négligeons pas ce reflet de la France, et ce nouvel empire qu’elle avait obtenu. […] « Qu’elle te suffise, ô France, la gloire dont cet homme a rempli tes contrées !

164. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

M. de Blacas, favori du roi, déplacé en 1815 et relégué à Rome où il représentait la France comme ambassadeur, avait sur les légations de France en Italie une direction presque absolue, avouée par le roi et complètement opposée à celle du ministère. […] Courtais de Pressigny, envoyé de France à Rome, immédiatement après la Restauration. […] Le brave et téméraire général Pepe n’osa pas reparaître à Naples ; il se réfugia en Angleterre, puis en France. […] Notre devoir, selon moi, n’était pas de fomenter en Italie l’agrandissement, diminutif pour la France, de la maison de Savoie, mais de favoriser une confédération italienne qui constituât la péninsule en États solidaires contre l’Autriche et reliés à la France par l’éternel intérêt d’une indépendance commune. […] On le prit au mot de ses prétentions, non seulement en Italie, mais en France, où on le jugea sur parole.

165. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Paulin Paris, Histoire littéraire de la France, t.  […] Le Clerc, Histoire littéraire de la France, t.  […] Ernest Renan, Histoire littéraire de la France, t.  […] Paris, Histoire littéraire de la France, t.  […] Paris, Les Origines de la poésie lyrique en France, Paris, 1892.

166. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Quand Ximenès menait l’Espagne, elle était catholique et une ; mais quand Richelieu prit la France, la France n’avait plus d’unité ! […] Empirique sublime, qui sacrifia tout à cette idée, les autres et lui-même, de faire une France avec deux Frances, puisque le protestantisme en avait fait deux ! […] Personne ne coucha plus dans le lit de la France. […] Mais en France, c’est un talisman. […] Michelet sait donc à merveille de combien de bonnets de femmes se compose, en France, l’opinion publique.

167. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Arthur Young, en 1789, juge qu’en France « l’agriculture en est encore au dixième siècle636 ». […] Cela suffit pour montrer quel était alors leur malaise. — Et ce malaise est propre à la France. […] Mais ce serait en vain que l’on chercherait en France une servante d’hôtel proprement mise. » — Lisez quelques descriptions prises sur place, et vous verrez qu’en France l’aspect de la campagne et des paysans est le même qu’en Irlande, du moins dans les grands traits. […] Celle de Pradelles est « l’une des pires de France ». […] VII, § 2), la population de France en 1698 était encore de 19 094 146 habitants  De 1698 à 1715 elle va toujours baissant.

168. (1894) Critique de combat

M. Anatole France ! […] M. France. […] M. France est un heureux homme ! […] C’est tout simplement (j’en demande pardon) un Français qui fait honneur à la France hors de France. […] Ô pauvre France !

169. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

De la France. […] Mais, dans l’ordre de l’esprit, chacun en France est chez soi ; des choses et des oracles d’en deçà et d’au-delà du Rhin, on peut parler haut, à son aise ; qu’on parle bien, avec verve et mordant, avec vivacité toujours, avec équité s’il se peut, on est écouté ; sans être cru sur parole, on est pris en considération. […] Il a profondément la haine de l’aristocratie, comme on l’aurait en France si l’aristocratie y était et y pouvait redevenir quelque chose ; il a la haine du christianisme comme on ne l’aurait même pas chez nous si le jésuitisme avait régné et tracassé plus longtemps ; sur ce point, M.  […] C’est qu’en France, ce don héréditaire de l’esprit qui fait notre renom à l’étranger, et que nulle vicissitude n’éteindra, s’est modifié pourtant au sein des choses plus graves, et ne se joue plus avec la même pétulance. […] Heine, qu’on vient de publier, traite des événements politiques de la France depuis la fin de 1831 jusqu’à la fin de 1832.

170. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

La France n’est pas responsable de ces mœurs. […] La France reste saine dans sa masse. […] En somme, la France entière a d’excellents motifs de vouloir se détendre des convulsions de l’affaire Dreyfus. […] La France met les coudes sur la table. […] L’année 1900 a fourni au trésor des plus-values dépassant 100 millions (exactement 100 728 096 fr.  77) (Rapport sur la situation générale de la France).

171. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

La révolution des Pays-Bas est commencée ; celle de France s’allume. […] Soyez tous plus royalistes que lui. » Le prince de Ligne en parlait à son aise, lui dont la patrie était en quelque sorte ad libitum, et qui se définissait Français en Autriche, Autrichien en France, l’un ou l’autre en Russie. Il ne tarde pas cependant à être plus circonspect, moins pressé en pronostics : les puissances coalisées n’ont pas fait ce qu’il souhaitait ; elles ont laissé à la France le temps de s’aguerrir. […] Ce sera la France antiquaire au lieu de la France littéraire. […] En y faisant appel, le prince de Ligne a touché juste, et il ne s’y est point trompé : la France nouvelle a vengé Marie-Antoinette de l’ancienne.

172. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Sa réputation en France a eu ses vicissitudes. […] La France ne fut un peu consolée que lorsqu’elle se vit rentrée, par la domination de Richelieu, dans une autre période de grandeur ; mais l’idée de bonté qui faisait partie du souvenir de Henri IV ne perdait pas à la comparaison, et alla même en s’exagérant avec les années. […] Jung, qui l’a aussi fort bien étudié et considéré par tous ses aspects, s’est trop préoccupé pourtant de certaines restrictions et de je ne sais quels reproches faits à ce restaurateur de la France, lorsqu’il a dit en concluant l’un de ses principaux chapitres : « Henri IV n’est pas sans reproche. […] [NdA] On peut lire sur Henri IV, au tome V de La France protestante, de MM.  […] [1re éd.] pour se faire pardonner tous ses méfaits de la France ;

173. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Avant d’en venir à Gœthe jugeant la France et les Français, donnons-nous le plaisir de le considérer encore par quelques aspects qui lui sont propres. […] Il faut distinguer deux temps très-différents, deux époques, dans les jugements de Gœthe sur nous et dans l’attention si particulière qu’il prêta à la France : il ne s’en occupa guère que dans la première moitié et, ensuite, tout à la fin de sa carrière. […] À cette époque de l’éclat littéraire de Chateaubriand, l’homme de Weimar ne faisait pas grande attention à la France qui s’imposait à l’Allemagne par d’autres aspects. […] Ce qui commença à rappeler sérieusement l’attention de Gœthe du côté de la France, ce furent les tentatives de critique et d’art de la jeune école qui se produisit surtout à dater de 1824, et dont le journal le Globe se fit le promoteur et l’organe littéraire. […] La visite que fit Ampère à Weimar en compagnie d’Albert Stapfer, au printemps de 1827, fut pour Gœthe une nouvelle et heureuse occasion de se mettre encore mieux au courant de la France et de chacun de ses écrivains en renom ou en promesse.

174. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

La France venait de vivre une période de prospérité inouïe et s’était imaginée partie à la conquête définitive du bonheur. […] La France s’était crue guérie de ses longues agitations passées. […] La France est riche d’argent mais pauvre de sang. La France se dépeuple. […] Toute la France, vouée à son culte, s’y porte en pèlerinage, tandis que M. 

175. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Les coups d’État ont besoin de prétexte, la ridicule Montagne de 1849 le fournit au pouvoir exécutif ; elle fit peur à la France d’elle-même, la France s’enfuit dans une dictature : que la responsabilité de l’occasion perdue retombe à jamais sur ceux qui donnent ces paniques aux peuples, et qui montrent les spoliations et les terreurs comme perspective de la liberté ! […] La France elle-même, actrice et théâtre de ce grand drame, n’avait-elle pas rêvé plus beau qu’elle ? Une grande pensée, un code de la raison, saisit un peuple intelligent, enthousiaste, aventureux, la France. […] Une seconde Assemblée est nommée par la France sous l’empire de la terreur et de la fureur. […] Les journaux de toutes les nuances en France et en Europe le reproduisirent et lui donnèrent, par leurs commentaires, le retentissement d’une chute anticipée du trône d’Orléans dans les esprits.

176. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Pourquoi peu ou point de grands poètes qui soient strictement du midi de la France ? […] Il me semble naturel, puisque les poètes du Midi avaient une langue, qu’ils n’aient pas employé celle de France. […] La France, c’est l’Île-de-France s’arrondissant peu à peu par les conquêtes et par les mariages. […] La vocation poétique fleurit donc dans le Midi, comme dans le nord de la France. […] Les poètes du nord de la France n’ont pas eu à leur disposition une langue française toute faite : ce sont eux qui l’ont fixée, comme Dante a fixé l’italien.

177. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

D’Artagnan, de qui Villars avait rendu bon témoignage, bien que ce ne fût point pour lui un ami, fut nommé maréchal de France. […] Il était temps que cette méthode rétrograde, injurieuse au caractère national et abaissante pour la France, eût un terme. […] La France était-elle alors, et à cette époque avancée des négociations d’Utrecht, sous le coup d’un danger aussi imminent que les années précédentes ? […] Il ne s’est pas posé un seul instant cette question bien simple : Où en était la France si le prince Eugène prenait Landrecies ? […] Guizot a même fait un mot à ce sujet : « Non, Villars ne sauva point la France à Denain, il sauva seulement l’honneur militaire de la France. » Et l’on sait combien M. 

178. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Le docte Foncemagne, qui s’applique à le réfuter par toutes sortes de bonnes et démonstratives raisons, n’oublia que d’y joindre l’éclat du style et du talent littéraire, chose si essentielle en France ! […] Je vous puis assurer que j’ai le plus vilain évêché de France, le plus crotté et le plus désagréable ; mais je vous laisse à penser quel est l’évêque. […] Pour ceux du dehors, je les baptiserai d’un autre nom, s’ils nous font naître les occasions d’accroître nos limites et de nous combler de gloire aux dépens des ennemis de la France. […] Il y a un mot de Montesquieu qui me paraît un véritable contresens et que j’ai peine à comprendre venant d’un si grand esprit : « Les plus méchants citoyens de France, dit-il en une de ses Pensées, furent Richelieu et Louvois. » Laissons de côté Louvois, dont il n’est point question présentement ; mais Richelieu, un mauvais citoyen de la France ! […] On a les instructions qu’il donne à Schomberg et qui sont un résumé historique aussi fort qu’habile de la situation de la France, une justification des mesures de son gouvernement, et un premier tracé de la politique nouvelle ; elles débutent en ces mots : La première chose que M. le comte de Schomberg doit avoir devant les yeux est que la fin de son voyage d’Allemagne est de dissiper les factions qu’on y pourrait faire au préjudice de la France, d’y porter le nom du roi le plus avant que faire se pourra, et d’y établir puissamment son autorité, etc.

179. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Toute une œuvre historique, écrite par un homme qui a prouvé, par ses fameux Mémoires, qu’il est un des plus éclatants génies d’écrivain que la France ait jamais eus, va sortir de l’engloutissement dans lequel on la tenait, le croira-t-on ? […] Ils sont comme cela quelques-uns en France, qui valent mille fois mieux que ce qu’ils font. […] mais devenu cardinal, mais premier ministre de France sous Monseigneur le Régent ! […] Ils éclairent de la lumière simplificatrice du génie les parties obscures de l’Histoire de France, qui en a tant encore ! […] De ces deux Mémoires, bourrés de faits et de raisons et qui sont des revendications en faveur des traditions et des coutumes qui faisaient le droit public de France, celui sur les bâtards légitimés est incontestablement le plus beau, et on conçoit que, pour nous surtout qui faisons de la littérature, ce soit le plus beau.

180. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

ne viendra jamais, tant qu’il y aura une vraie France. […] L’armée prussienne est perdue si vous agissez vigoureusement : le sort de la France est entre vos mains !  […] Mais Ney comprit si bien de cette manière l’ordre émané du major-général que, dans son héroïque fureur, appelant le comte de Valmy, dont il avait fait approcher une brigade, il lui dit, en répétant le mot qui lui montait à la tête : « Général, le sort de la France est entre vos mains. […] Tant qu’il y aura une France, l’âme de la France sera contemporaine de ces douloureuses journées. […] Le journal s’appelait, je crois, la France.

181. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Cela n’est pas vrai de la France, ou du moins n’est pas complet ni exact. […] La rencontre de la France et de l’Italie se fit dans les dernières années du xve  siècle : il ne s’agit plus de quelques individus qui portent ou rapportent chez nous quelques lueurs de civilisation ultramontaine. C’est l’armée de Charles VIII, toute la noblesse, toute la France, qui se jette sur l’Italie : après, c’est l’armée de Louis XII : après, c’est l’armée de François Ier. […] La secousse décisive était donnée ; tous les germes qui dormaient épars dans la décomposition de l’ancienne France commencèrent d’évoluer. […] À consulter : Michelet, Histoire de France au xvie siècle, Renaissance ; Burckhardt, la Civilisation en Italie au temps de la Renaissance, trad.

182. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Les limites de la France en 1789 n’avaient rien de naturel ni de nécessaire. […] La France est celtique, ibérique, germanique. […] Les plus nobles pays, l’Angleterre, la France, l’Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé. […] Un fait honorable pour la France, c’est qu’elle n’a jamais cherché à obtenir l’unité de la langue par des mesures de coercition. […] Ce point a été développé dans une conférence dont on peut lire l’analyse dans le bulletin de l’Association scientifique de France, 10 mars 1878 : Des services rendus aux Sciences historiques par la Philologie.

183. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

La France a porté ce siècle, et ce siècle porte l’Europe. […] Le plus grand de ces commencements est une démocratie, les États-Unis, éclosion aidée par la France dès le siècle dernier. La France, sublime essayeuse du progrès, a fondé une république en Amérique avant d’en faire une en Europe. […] Après avoir prêté à Washington cet auxiliaire, Lafayette, la France, rentrant chez elle, a donné à Voltaire éperdu dans son tombeau ce continuateur redoutable, Danton. […] La Révolution, c’est la France sublimée.

184. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Et sans même aller si loin, sans avoir pour jamais fixé l’opinion dans la lumière de ses découvertes, a-l-il au moins assez éclairé le confluent de ces deux faits, qui sont à eux seuls toute l’histoire de France ? […] Pour faire la preuve d’une conviction qui n’était donc pas, après tout, une intuition à donner le vertige par sa sublimité, Tocqueville est allé, nous dit-il encore, « interroger dans son tombeau la France qui n’est plus ». […] Si merveilleusement administrative que soit la France dans son esprit, elle ne l’est cependant pas à ce point qu’un changement survenu dans sa centralisation ait été la cause décisive et suprême de la plus terrible, de la plus profonde de ses révolutions ! […] L’état actuel de la France politique lui fait dire encore que les hommes du xviiie siècle, nos pères en corruption, « valaient mieux « que nous. […] En France, on n’aime pas longtemps ce qui ennuie, et voilà le mot accablant, mais vrai, que la Critique est obligée de prononcer.

185. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

on a choisi exclusivement les lettres écrites de France et sur la France, et on les a traduites pour la France. […] … En est-ce la crème que ces Lettres sur la France, si ce n’est pour un chat français ? […] Dans la correspondance publiée par M. de Baillon, Walpole, entouré des plus délicieuses femmes de France, qu’il met, pour ce qu’il en veut faire, bien au-dessus des hommes de leur temps, n’en voit qu’une qui le fait rêver ou dont il voudrait rêver pour une nuit, et, le croira-t-on ? […] Moraliste mondain, observateur de société, il en savait les petites lois et les grands ridicules, — et, puisqu’il s’agit de ses Lettres écrites de France et sur la France, il porta sur les hommes et les choses de la société de ce pays des jugements presque toujours justes et que l’amabilité et l’engouement dont il fut l’objet à Paris ne firent jamais fléchir. […] Ces effroyables pédants de philosophes avaient tourné le sang à la France et remplacé sa gaye science par la science ennuyeuse.

186. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

. — Demander l’avis du propriétaire, soumettre au peuple français les plans de sa future habitation, c’était trop visiblement parade ou duperie : en pareil cas, la question fait toujours la réponse, et d’ailleurs, cette réponse eût-elle été libre, la France n’était guère plus en état que moi de la donner : dix millions d’ignorances ne font pas un savoir. […] Mais c’est le seul moyen de ne pas construire à faux après avoir raisonné à vide, et je me promis que, pour moi du moins, si j’entreprenais un jour de chercher une opinion politique, ce ne serait qu’après avoir étudié la France. Qu’est-ce que la France contemporaine ? Pour répondre à cette question, il faut savoir comment cette France s’est faite, ou, ce qui vaut mieux encore, assister en spectateur à sa formation. […] J’ai voulu suppléer à ces omissions, et, outre le petit cercle des Français bien élevés et lettrés, connaître la France.

187. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Je me flatte qu’elle sera entière, et que, si la France a été juste pour elle, l’Italie sera reconnaissante […] C’était une grande raison à tous ceux qui aiment la France pour ne pas vouloir que ce terrible dé fût jeté ; il est en l’air, il ne reste plus à présent qu’à faire des vœux pour qu’il tombe bien. […] Je croirais avec vous que c’est un grand bonheur pour le monde que l’affranchissement de Bonaparte, et qu’un peu de bêtise dont on est assez généralement menacé vaut mieux que la tyrannie ; mais la France, la France, dans quel état elle est ! […] Et pourquoi punir si sévèrement la France des fautes qu’on lui a fait commettre ? […] Il écrit le Misogallo, le plus odieux et le plus plat pamphlet en mauvais vers qu’on ait jamais rimé contre la France révolutionnaire.

188. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

… Je ne ferai rien contre la France. […] La Hollande est réunie à la France. […] Après la campagne de France et les Cent-Jours, M.  […] la France !  […] Il est maintenant en France.

189. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

J’étais alors secrétaire d’ambassade de France à Naples. […] la France aurait deux Molières, et le plus grand ne serait pas le premier. […] La France aura des scènes de Rome et d’Athènes sur ses places publiques. […] … Osez parler, après de tels noms, de la décadence de la nature en France ! […] L’Assemblée, c’est la France !

190. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

La Savoie n’est pas à la France parce qu’il ne faut pas qu’elle soit à la France. […] que si on les collait tous par les bords, il y aurait de quoi couvrir la France de papier. […] Les Considérations sur la France peuvent elles-mêmes être considérées sous plus d’un aspect. […] Au fait, il aimait la France, quoiqu’il ne dût jamais venir à Paris que quelques jours sur la fin. […] Toujours la France.

191. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Le public qui accourait ainsi était un public à mille nuances, comme la France depuis trois mois. […] Si la France avait ressenti le goût des scènes militaires, elle avait eu, hélas ! […] On ne connaissait pas encore de grands talents ; on les cherchait, on les espérait, on y croyait, par l’habitude de voir la France produire toujours ce dont elle a besoin. […] Selon lui, en effet, dans le récit des plus circonstanciés qu’il nous offre des dispositions des puissances à ce congrès et des phases diverses par lesquelles on passa successivement, M. de Talleyrand, qui eut l’art et le mérite, dès le premier jour, de s’y faire une place digne de la France, n’aurait point été également habile à profiter de la situation qu’il s’y était faite ; il aurait dû tenter d’autres alliances que celles qu’il pratiqua, se rapprocher de la Russie et de la Prusse plutôt que de se lier avec l’Angleterre et avec l’Autriche. […] Cet ensemble de procédés, cette rigueur européenne, d’où la France est sortie réduite à ses plus justes limites et à son strict nécessaire, mais digne et à son honneur, sinon à son profit, arrache à M. 

192. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

C’est proprement l’histoire des guerres de France qu’il nous a données & non pas celle de la nation. […] C’est le Recueil des Historiens des Gaules & de la France. […] par le Ministère de France de rassembler les originaux des Historiens contemporains de nos Rois, depuis l’origine de la Monarchie. […] Les Histoires de France, d’Angleterre, d’Espagne, de Pologne, se renferment dans leurs bornes. […] C’est dommage qu’il soit si passionné contre la France.

193. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

lui répondis-je ; ne voyez-vous pas que ce sont les ennemis de la France qui ont fait circuler ce bruit ?  […] Le bruit qu’elle y faisait était trop grand pour le silence absolu que l’empire faisait en France. […] Cette mesure fut suivie d’un ordre de sortir de France dans le délai de trois jours. […] Cependant elle n’osa pas résider ouvertement dans le seul pays ennemi de la France où sa résidence eût été un crime, puni peut-être dans la fortune de ses enfants. […] La France devait à son père deux millions, que M. 

194. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

En France et autour de Henri IV, on se méfiait assez d’abord de Barneveld, et le prince Maurice était écouté. […] La paix se faisant d’ailleurs, le traité n’en subsistait pas moins ; l’influence de la France était désormais assurée, et Henri IV, par les mains du président Jeannin, tenait la balance. […] Il fut le premier de sa maison, laquelle, s’il eût eu des enfants semblables à lui, il eût été glorieux à la France qu’elle n’eût jamais fini. […] Il se peut qu’il y ait en France des gens très bons Français, et même instruits, et qui n’aient jamais eu une idée nette du président Jeannin. […] Henri Ouvré dans son intéressant ouvrage intitulé Aubéry du Maurier, ministre de France à La Haye (1853).

195. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Beaucoup d’écrivains, d’auteurs de profession ou d’amateurs ont écrit en français hors de France, sans être Français eux-mêmes ou en étant des Français exilés, émigrés : c’est de cette vaste littérature de banlieue que M.  […] Bayle lui-même, le Voltaire anticipé du genre, l’esprit le plus émancipé du calvinisme, n’a rien qui sente le Français de pure race, du milieu et du cœur de la France. […] Nous avons en France une prévention a priori contre la littérature genevoise ; nous l’estimons, et nous la goûtons peu. […] Ce gentilhomme bernois, qui a dû vivre assez longtemps en Angleterre, qui a servi en France, écrit un français net et ferme, vif et dégagé, comme le fera plus tard son compatriote Bonstetten. […] C’est en quoi l’on excelle en France, et c’est en quoi on se fait gloire d’excellerm.

196. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Couronnée à l’âge de neuf mois, déjà disputée en mariage par les partis anglais et français, qui cherchaient à prévaloir en Écosse, elle fut bientôt, par l’influence de sa mère Marie de Guise, sœur des illustres Guises, accordée au dauphin de France, fils de Henri II. […] Ces douze ou treize années de séjour en France furent sa joie et son charme, et le principe de sa ruine. […] La cour de France lui enseignait cette perfidie imprudente dès l’âge de seize ans. […] Mais à dix-neuf ans et au moment de son départ de France, la jeune veuve avait tout son éclat de beauté, n’était une certaine vivacité de teint qu’elle perdit à la mort de son premier mari et qui fit place à plus de blancheur. […] Elle l’aimait si follement (avril 1567) qu’elle disait, à qui voulait l’entendre, « qu’elle quitterait la France, l’Angleterre et son propre pays, et le suivrait jusqu’au bout du monde, vêtue d’une jupe blanche, plutôt que de se séparer de lui ».

197. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

C’est le cas, par exemple, des romantiques en France, des peintres décoratifs encore, qui réussissent généralement si mal à peindre l’individu, le portrait. […] Plas, Histoire de la psychologie en France. […] Carroy, « Philosophie et psychologie au 19e siècle en France. […] Plas, Histoire de la psychologie en France. […] L’idée de « dégénérescence » a été introduite et développée en France par le médecin B.

198. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Ainsi, quand il rime une épitaphe pour la petite chienne favorite, quand il joue au loto avec l’impératrice, ou qu’il cause, des heures entières, avec Potemkin, sur le schisme grec et les conciles œcuméniques, ne le blâmez pas de légèreté, ne lui reprochez pas l’oubli de devoirs plus graves ; ces frivoles moyens le mènent sûrement à négocier et à conclure un traité de commerce utile à la France. […] Celui de tous qui semble lui avoir laissé de plus chers souvenirs est le célèbre prince de Ligne, si étonnant par ses saillies, ses impromptus, et les grâces intarissables de ses lettres et de sa conversation, L’on devine et l’on sent presque revivre sous la plume de M. de Ségur l’attrait de ces causeries brillantes et superficielles dont le seul but était de plaire, où l’on parlait de tout sans prétendre rien prouver, où l’on posait tour à tour, avec une érudition finement moqueuse ou adulatrice, de la France à l’Attique, de l’Angle ferre à Carthage, de l’empire de Cyrus à celui de Catherine. […] M. de Ségur insistait fort auprès du Cabinet de Versailles pour un projet de quadruple alliance entre la France, la Russie, l’Espagne et l’Autriche. […] On trouvera aussi une galerie variée de portraits originaux que nous ne pouvons qu’indiquer ici ; l’Espagnol Miranda, aventurier remuant, qui intriguait alors à Saint-Pétersbourg comme il intrigua plus tard en France, et qui fut en Amérique le précurseur de Bolivar ; l’Écossais Paul Jones, que l’animosité anglaise poursuivait d’infâmes calomnies jusqu’au milieu de ses triomphes sur la mer Noire ; le prince de Nassau, qui cherchait par toute l’Europe des périls à courir, des lances à briser, et qui semblait le dernier de ces paladins fabuleux rajeunis par Tressan. M. de Ségur a conduit son récit jusqu’au moment de son retour en France, où la Révolution était déjà commencée.

199. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

Sagon & la Huéterie avoient été les plus zélés partisans de Marot, dans le temps de sa gloire, lorsqu’il étoit en faveur à la cour de François premier, qu’il la divertissoit par l’enjouement & les saillies d’un esprit original : mais, du moment qu’ils virent ce poëte sorti de France pour des affaires de religion, ils le décrièrent. […] Il écrivoit de Ferrare, lieu de son exil, à François premier, aux dames de France, à toutes les personnes en état de le servir, afin de les intéresser en sa faveur. […] Informé des obstacles que de vils rimailleurs vouloient mettre à son retour en France, il sentit sa bile s’allumer, & répondit aux lettres anti-Marotiques, par une plaisanterie, sous le titre de Fripelippes. […] Marot l’interrompt, entre dans le détail des injustices de ses ennemis, & se plaint ainsi de Sagon : En mon absence il feist son Coup d’essay, Pensant que plus en France, bien le sçay, Venir ne deusse, & que de prime face Il obtiendroit mon lieu royal & place. Mais, dieu mercy, après toute souffrance, Suis retourné au bon pays de France, De mon premier état récompensé D’un plus doulx roy qui fut onc offensé.

200. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Pasquier écrit en français ses doctes et utiles Recherches de la France ; il publie en français ses Lettres, premier recueil de ce genre qui ait paru dans notre langue, et qui sont tout un miroir des événements, des mœurs et des opinions de son temps comme de la vie de l’auteur lui-même. […] « Je suis d’avis, nous dit Pasquier, que cette pureté n’est restreinte en un certain lieu ou pays, mais éparse par toute la France. » Il faut donc colliger en quelque sorte le bon langage, il le faut composer et rassembler de plus d’un endroit, et il nous en indique les moyens, sans négliger ce qu’on peut emprunter chemin faisant aux langues anciennes. […] Le goût sera la dernière chose qui viendra en France ; mais, quand il viendra, il sera déjà tard, et le bon sens, si propre à le fortifier et à le soutenir, se trouvera déjà affaibli. […] Les états généraux mis ainsi de côté, notre ancienne monarchie se définissait plus sûrement, au gré de Pasquier, une monarchie qui s’était tempérée elle-même par ce grand et perpétuel Conseil de la France, qu’on appelait Parlement. […] En face de ceux qui veulent abuser de l’autorité étrangère en France, il maintient énergiquement tout ce qui est du vrai et naïf droit national ; de même qu’en face de ceux qui, par une autre superstition, abondent dans le sens de la coutume, il se plaît à relever les décisions de l’antique jurisprudence.

201. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Plus je les vois de près, et moins je trouve qu’ils méritent qu’on ait pour eux l’estime que je croyais qu’on ne pouvait leur refuser. » Selon elle, cette nation, en la personne de ses grands, ne s’était donnée à un fils de France que dans la pensée que la France seule la pourrait défendre et protéger. La France restant victorieuse et puissante, l’Espagne restait sûre : mais à chaque défaite qui allait survenir en Allemagne ou en Flandre, les regards des grands se reportaient vers l’archiduc, et leur fidélité ne tenait plus. […] Effectivement, quoique je puisse me vanter d’avoir entretenu en France, en Italie et en Espagne, tout ce qu’il y a de gens du meilleur esprit et du plus agréable, je ne me suis jamais tant plu avec eux que je me plaisais avec Sa Majesté. […] Elle se serait demandé si cette perspective de la remplacer en France ne valait pas mieux que ce qu’elle allait retrouver en Espagne. […] Ceux mêmes qui préfèrent ces avantages avec la France se décideront à les prendre de l’archiduc, si la France aux abois ne peut les procurer.

202. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

On entrevoit même, dans ce temps si court, son intention précise de relever la France au-dehors et de ne pas la laisser déchoir non plus de ce rôle et de ce titre d’arbitre de la chrétienté que Henri IV avait acquis à la couronne. […] En voyant l’extravagante fortune et le peu de conduite de l’adversaire, il sentait dans son bon sens qu’il ne s’agissait que d’attendre et de durer : « Il n’est pas de la France comme des autres pays, pensait-il. En France, le meilleur remède qu’on puisse avoir est la patience… » Et il exprime à ce propos sur notre légèreté, si fertile en revers, des idées fâcheuses qui seraient trop décourageantes si lui-même, homme d’autorité et d’établissement, ne venait bientôt, par son propre exemple, les combattre et les corriger. […] Luynes, au milieu de ses défauts, en avait un qui, en France, gâterait même les meilleures qualités : il n’était point brave de sa personne. […] qui sait ce qu’auraient pu devenir, perdues dans un misérable règne de trente-trois années, les destinées de la France ?

203. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Sayous, si honorablement connu comme éditeur et rédacteur fidèle des Mémoires de Mallet du Pan, continue aujourd’hui en France d’intéressantes études littéraires qu’il avait autrefois commencées à Genève. […] La Savoie est un des pays voisins de la France où l’on parle le mieux le français, où on le parle avec le plus de propriété, de clarté et de naturel. […] Mais le côté de saint François de Sales qui nous intéresse le plus est celui par lequel il regarde la France. […] Ses liens avec la France s’étaient resserrés encore par ses relations continuelles avec Mme de Chantal, fondatrice de l’ordre de la Visitation. […] C’est en France, c’est à Lyon qu’était saint François de Sales quand la mort le prit le 28 décembre 1622, consumé de zèle et accablé d’infirmités, à l’âge seulement de cinquante-cinq ans.

204. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Il me disait le mot de l’un d’eux après l’opération : « Gardez mon bout de bras en souvenir de moi, monsieur le major, quoique ce soit vraiment à la France et non à vous que je l’ai donné !  […] Je voudrais mourir en martyr pour mon propre salut et pour celui de la France entière. » (Semaine Religieuse, Nantes, 6 juin 1915.)‌ […] Il a épousé la fille aînée d’un de ses compagnons, et déjà trois petits enfants animent le domaine prospère, quand retentit l’appel de la France.‌ […] François de Torquat accourt vers la France.‌ […] Et, tandis que les mitrailleuses allemandes balayent la plaine, François de Torquat, une jambe broyée, les yeux tournés vers le Christ des tranchées, renouvelle son sacrifice pour la France et pour les siens.‌

205. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Là il n’était pas ridicule, il était admirable, il sortait du domaine comique, il devenait un acteur du grand drame qu’est la vie d’une nation : il était un bon serviteur de la France. […] Mais aujourd’hui, les rares costumes provinciaux qui subsistent en France, personne ne songe plus à les trouver ridicules ; on les aime, on les célèbre, ils font partie de la précieuse « couleur locale », et chacun sait qu’il en reste bien peu, non seulement en France, mais en Europe. […] On pourrait tracer une ligne allant de l’Est à l’Ouest, du bas des Vosges à l’Océan, qui séparerait la France en deux parties. […] Que les temps sont loin où notre Jeanne d’Arc se faisait gloire de filer « aussi bien que femme de France » ! […] S’ils voulaient bien étudier de près et par eux-mêmes cette France inconnue qui commence à la banlieue de Paris, je crois qu’ils seraient récompensés de leur effort.

206. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 111-114

DANIEL, [Gabriel] Jésuite, Historiographe de France, né à Rouen en 1649, mort à Paris en 1728. Avant de travailler à l’Histoire de France, il avoit composé plusieurs Ouvrages, entre autres, une Réponse aux Lettres Provinciales. […] L’Histoire de France est ce qui établit à juste titre la célébrité du P. […] On peut ajouter encore avec M. de Voltaire lui-même, que cet Historien est instruit, exact, sage & vrai, & que l’on n’a pas d’Histoire de France préférable à la sienne *.

207. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Puis à défaut de Saint-Domingue, se voyant chaque jour menacé en France et en pure perte, il songe à passer en Angleterre. […] J’allai avec eux trouver l’évêque, et je me gardai bien de reconnaître le droit qu’il s’était attribué de mettre obstacle à la rentrée des émigrés en France. […] Veuillez donc bien, monsieur, déclarer que vous ne mettez aucune opposition à la rentrée en France de M.  […] Malouet revint en France en 1802. […] Malouet a bien des amis en France ! 

208. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Hamilton, tout Irlandais qu’il était, avait du moins passé sa jeunesse à la cour de France, ou, ce qui revient presque au même, à celle de Charles II. […] S’il appartient à la France par le langage, on peut dire qu’il tient déjà à l’Italie par la manière de conter. […] En France, nous avons très-peu de tels conteurs et auteurs de nouvelles proprement dites, sans romanesque et sans fantaisie. […] Töpffer, et en désirant qu’on les fit connaître en France. […] Töpffer est désormais naturalisé en France.

209. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

L’année suivante, satisfaction fut donnée à la philologie par la nomination de quelques professeurs royaux : c’est de là qu’est sorti le collège de France. […] L’abjuration solennelle par laquelle il acheta son retour en France, sa punition à Genève et sa fuite n’y changèrent rien. […] Il ne faut pas omettre aussi de signaler qu’avec Marot l’unité et comme la concentration littéraire de la France s’achèvent par le réveil du Midi. […] Lefranc, Histoire du Collège de France, Paris, 1892, in-8 ; S. […] Éditions : Galiot du Pré, 1527 ; Soc. de l’Hist. de France, Paris, in-8, 1878.

210. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Étant revenu en France, il y amena l’enfant62 et la plaça, en attendant mieux, chez sa belle-sœur Mme de Ferriol. […] On retrouve lady Bolingbroke de retour en France dès septembre 1724 ; probablement elle fut censée ramener sa compagne ; les détails du stratagème nous échappent. […] Revenu en France au printemps de 1695, il reçoit en mars 1696 une nouvelle mission, et cette fois il est accrédité directement auprès du grand-vizir ; il fait la campagne de 1696, celle de 1697, passe l’hiver et le printemps de 1698 à Constantinople, s’embarque pour la France le 22 juin 1698, et arrive à Marseille le 20 août. — C’est dans ce second voyage qu’il acheta et qu’il amena en France la jeune Aïssé. — En 1699, M. de Ferriol, qui n’avait eu jusque-là que des missions temporaires, remplaça à Constantinople, en qualité d’ambassadeur, M. […] Desalleurs, et ne rentra en France que le 23 mai 1711. […] Desalleurs, qui le lui rend bien, et enfin s’embarque le 30 mars 1711 pour la France, où il arrive le 23 mai.

211. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « TABLE » pp. 340-348

. — La France catholique par ambition. — Programme de la liberté de l’enseignement réclamée par les jésuites. — Janin. — Gautier. — Delphine Gay. — M. […] Onésime Leroy. — Corruption et vice de la littérature     188 XLIX. — De la liberté de la presse en France. — Coalition entre les journaux. — Les meilleurs journaux français se font à l’étranger. — Brochure du cardinal de Bonald. — Franciscus Columna, par Charles Nodier     193 L. — La lettre des évêques au roi     195 LI. — Élections de MM. […]  — Mot d’un barbier sur Le Juif errant, en rasant un pair de France. […] Monmerqué. — Une longue suite de rois illégitimes en France. — Le petit roi Jean 1er. — Scepticisme historique. — Badauds comme des Byzantins. — Propos de table de Luther. — Poetœ minores. […] Latour de Saint-Ibar, au Théâtre-Français. — Etat de l’art dramatique en France. — Espérances déçues     316 LXXX. — Élection d’Alfred de Vigny et de M.

212. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Cet Avis aux réfugiés leur fut donné dans le temps qu’ils invectivoient le plus contre la France, qu’ils se flattoient même d’être rappellés, de voir le gouvernement s’empresser à guérir la plaie faite à l’état, à réparer la perte de tant de milliers d’hommes qui portèrent dans les pays étrangers, avec leurs biens & avec nos arts, une haine implacable contre leur patrie. […] Ce qui lui en donna l’idée, ce fut la crainte que ses frères persécutés ne missent un obstacle à leur retour par leurs cris éternels contre la France & contre le roi. […] Bayle vouloit se fixer en France ; mais l’amour d’une femme l’emporta sur celui de la patrie. […] Celle de Bayle parut si dangereuse en France qu’elle y fut brûlée. […] Son testament a été déclaré valide en France par un arrêt du parlement de Toulouse.

213. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Leur émigration dure assez pour qu’ils apprennent l’étranger, pas assez pour qu’ils oublient la France. […] La France littéraire, l’Europe en tant qu’imitatrice des imitations françaises, furent victimes de cette déviation. […] France par trois œuvres qui font du bruit et qui auront de l’influence. […] Bien au contraire, le Savoyard tient la France pour la première nation du monde, la nation chef. […] Il y avait en France un « Passage de poète », ce poète c’était Byron.

214. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Ce livre, qui est intitulé : Histoire des réfugiés protestants de France depuis la révocation de l’Édit de Nantes jusqu’à nos jours 18, n’est pas, comme l’ouvrage de Moret, l’histoire du déclin d’un grand règne dans sa majesté et dans ses orages : c’est tout simplement l’histoire d’une faute, — pour parler comme la plupart des appréciations de notre époque, — et, entre toutes les fautes de Louis XIV, de celle contre laquelle la philosophie a poussé le plus furieux cri de haro dont elle pût honorer une mémoire. […] S’ils n’avaient pas pu calculer exactement le dommage que cette mesure de révocation allait causer à la France, ils l’avaient prévu nonobstant ; ils étaient trop dans les affaires, et à leur sommet, pour ne pas le prévoir. […] Il se fût demandé ce qu’était l’Europe au moment où Louis XIV risqua ce coup d’État qui l’a frappé lui-même devant une trop sévère et trop légère postérité, et si cet esprit, qui avait la vue et qui avait la position pour bien voir, ne discernait pas très bien ce qui allait éclater entre la vieille France catholique et l’Europe protestante soulevée par la Hollande et par l’Angleterre, et soulevée à propos de toutes les questions ! […] Ce reproche, qui s’applique sans nul doute à la guerre de la succession d’Espagne, montre combien la faculté politique est muette chez Weiss ; car c’est un fait maintenant acquis, et grâce à des travaux récents très complets, que sur cette question de la succession d’Espagne Louis XIV soutint la seule politique qui convînt à la nature des choses, au droit européen et à l’intérêt de la France. […] Sans préjugé à cet égard, Weiss les a bravement exposés à sa lumière ; il n’a pas craint que l’esprit qui lira son livre, accoutumé à l’intérêt grandiose et dramatique de l’histoire, ne trouve bien chétifs et parfois bien insignifiants les renseignements personnels à tant de familles qui n’ont d’autre titre à l’attention de l’historien que d’avoir été expulsées de France, où elles travaillaient à quelque industrie qu’elles sont allées porter ailleurs.

215. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Les sonnets étaient arrivés en France à la suite et dans le cortège de Catherine de Médicis, femme de Henri II, laquelle avait mis en honneur le tour d’esprit subtil et la galanterie de tête qui fait le fond de ce genre. […] Sur ce point, il est excessif il ne pouvait souffrir que la France restât en arrière de personne, et où les Grecs et les Latins ne suffisaient pas, il voulait que les Italiens et les Espagnols y suppléassent. […] En France, elle est mortelle à l’écrivain. […] En le portant au baptême, la porteuse le laissa choir ; mais la fortune de la France voulut que ce fût sur des fleurs. […] Du moins en fit-on dans le particulier, sur tous les points de la France, des gloses qui formaient le sujet le plus général des conversations du temps.

216. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Le roi d’Aragon était suzerain d’une partie de la France méridionale. […] Déjà des milliers d’hommes s’étaient levés dans toute la France. […] Mais prenez la France avant Louis IX, regardez la France après lui ; il semble que ce soient d’autres hommes ; les esprits se sont élevés. […] Joinville et Thibaut vous mettront au milieu de la France. […] Sentant que sa vie ne peut se prolonger, il veut revenir en France.

217. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Le duché de Varsovie appartenait entièrement au système de la France ; il était son avant-garde du côté de la Russie ; ses moyens, son armée, devenaient nôtres par la force des choses ; et, s’il ne se suffisait pas à lui-même, il nous fallait y suppléer. » Il nous expose l’état du gouvernement, à cette date, dans le grand-duché, et il nous en décrit le personnel en parfaite connaissance de cause. […] Bignon, n’est plus à faire en France. […] M. de Senfft, à qui Lamennais adressait quantité de lettres, publiées également dans ces dernières années, était familier avec la France où il avait assez longtemps résidé en qualité de ministre de Saxe ; il est, avec M.  […] Elle était de son nom Mlle de Werthern, nièce du fameux baron de Stein, le ministre des vengeances prussiennes et l’ennemi de la France. […] C’était lui sans doute qui avait le plus fait dans le principe pour l’asservissement de l’Allemagne, et ayant préparé par une politique artificieuse l’immense prépondérance de la France sur le continent, il s’était ôté lui-même les moyens d’arrêter l’ambition insatiable de celui qui gouvernait… Néanmoins, au risque même de déplaire au maître, il s’opposa toujours aux projets qui, au milieu de la paix, tendaient à engager la France dans de nouvelles guerres interminables.

218. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

et de ses premières amours de séminaire : ce sont là en France de charmantes amorces, et qui prennent tout lecteur par son faible. […] Sir Henry Bulwer estime que ce programme, datant de l’aurore de 89, et qui n’était d’ailleurs nullement particulier à M. de Talleyrand, s’il était complètement réalisé, serait encore aujourd’hui pour la France le plus raisonnable et le plus sûr des régimes. […] Mais il y a bien autre chose : à la fête de la Fédération, pour l’anniversaire du 14 juillet (1790), ce fut M. de Talleyrand qui, en qualité d’évêque officiant et ayant l’abbé Louis pour sous-diacre, célébra solennellement la messe au Champ-de-Mars sur l’autel de la Patrie, et qui eut à bénir l’étendard rajeuni de la France. […] Ce n’était point un simple voyage d’observation : il avait bien aussi une mission confidentielle, mais il ne réussit ni auprès du ministère, ni même dans la haute société, tant la prévention contre la France était forte. […] M. de Talleyrand a longtemps nié être venu cette fois à Londres pour un autre motif que celui d’échapper aux périls qu’il courait en France : ce qui n’empêcha point qu’il ne reçût l’ordre de quitter l’Angleterre en janvier 1794, parce qu’on l’y considérait comme un hôte dangereux13.

219. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

La division des états excluant une capitale unique, où toutes les ressources de la nation se concentrent, où tous les hommes distingués se réunissent, le goût doit se former plus difficilement en Allemagne qu’en France. […] En France, la finesse de l’esprit, le tact des convenances, la crainte du ridicule, affaiblissent souvent, à quelques égards, la vivacité des impressions. […] Il ne fallait pas moins que les circonstances particulières à l’ancienne France, et dans la France, à Paris, pour atteindre à ce charme de grâce et de gaieté qui caractérisait quelques écrivains avant la révolution. […] En France, on s’est contenté de renverser l’empire des dogmes. […] Nos guerres avec les Anglais ont dû les rendre ennemis de tout ce qui rappelle la France ; mais une impartialité plus équitable dirigerait les opinions des Allemands.

220. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

La France fut grande, mais elle fut dupe. […] L’Europe en a le droit ; la France en prend l’initiative. […] La France ne l’a pas comprise, pourquoi ? […] La France, accusée d’arrière-pensée personnelle, a été suspecte à l’Espagne et à l’Angleterre. […] L’honneur de ces deux noms appartient tout entier à l’esprit de l’Angleterre et de l’Écosse ; la France elle-même réclame Audubon.

221. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

La France a été la terre de prédilection de cette littérature du plaisir et du passe-temps. […] « La France où un sol léger et superficiel produit des habitants du même caractère que son sol !  […] Il refusa de rentrer en France, voulant mourir où il avait aimé. […] Mais la même note, touchée par tant de mains pendant dix années, avait fatigué la France. La France a l’oreille nerveuse et délicate, prompte à saisir, prompte à délaisser même ce qui l’a charmée un moment.

222. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

« La France restera libre et me devra sa liberté constitutionnelle presque tout entière. […] La France, bien conduite, peut sauver le monde, un jour, par ses armes et par ses lois : tout cela n’est plus de moi. […] Je fais seulement quelques lectures pour mon Histoire de France. […] « Que vais-je retrouver en France ? […] La France est à présent toute en bedaine, et la fière jeunesse est entrée dans cette rotondité.

223. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Mais je suis sûr qu’au xixe  siècle, en France, a vécu le plus grand des poètes français et le plus grand peut-être, de tous les poètes : Victor Hugo. […] Et surtout les années 1914 et de la guerre me paraissent les plus héroïques de l’histoire de France. […] M. France, ait été dénué d’art et de pensée. […] Ce fut l’âge des théories audacieuses, des curiosités impatientes, des recherches passionnées… Or, voilà qui est admirable et prodigieux, à tant d’ébauches, la France donne une forme et une voix. […] Dans cette éclipse quasi totale, l’honneur revient à ses artistes, à ses écrivains d’avoir maintenu la France au rang des grandes nations.

224. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Il donne à la France un roi, d’abord, Henri IV, et autour du Béarnais se presse toute une brigade d’hommes remarquables ! […] On ramasse ainsi des matériaux qui serviront à constituer plus tard ce qu’il est permis de nommer : la géographie littéraire de la France. […] Il a fallu presque un siècle d’apprentissage à la France pour goûter et surtout pour rendre la magnifique horreur de ses tempêtes ou les séductions de ses perfides sourires. […] Stamboul, comme on disait par respect pour « la couleur locale »), sont au nombre des cités qui ont eu alors en France le plus d’adorateurs. […] Ainsi, de la Gaule ancienne à la France moderne, quels changements profonds !

225. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Pendant qu’on changeait de chevaux à Osnabrück, un voyageur qui venait de France, et qui se trouvait par hasard au même relais, se présenta à eux, et, dès qu’il l’aperçut, se jeta dans les bras de Portalis. […] Il parvint à se dérober aux mesures de rigueur qui furent décrétées en cette journée, et à sortir de France avec un passeport danois. […] Le tableau que Portalis y trace de la France est de main de maître et accuse une touche plus ferme que celle qu’on rencontre dans ses discours publics ; il ose plus dans la familiarité et en causant. […] Il paraît que les Russes avaient eu l’idée, dans une incursion armée sur notre territoire, de présenter Louis XVIII à la France, comme pour essayer l’esprit national et voir ce qui en sortirait. […] Il commence par établir l’état vrai de l’opinion à cette date : On n’a jamais vu ni connu de république en France, dit-il.

226. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Il est en définitive contre la France, il combat contre la patrie, il conspire contre sa grandeur et fait cause commune avec l’étranger. […] Une paix alors se marchande et se conclut, que Richelieu au début de ses grands desseins ne rend pas trop difficile, que les ambassadeurs d’Angleterre et de Hollande, deux puissances pour lors alliées de la France, conseillent impérieusement aux réformés, et dont Rohan a l’air de triompher plus qu’il ne convient. […] Et il eut l’idée, très hardie et originale, de se servir pour cela du secours des alliés, de ceux-mêmes qui étaient de la religion des rebelles : car la France alors n’avait pas de marine, elle n’avait pas un seul vaisseau à opposer à Soubise triomphant sur les mers depuis sa capture. […] La constance, l’opiniâtreté, la foi intrépide de Richelieu dans son bon conseil et dans la fortune de la France, triomphèrent de tout, même des éléments. […] Telles sont les nobles et ouvertes pensées qu’il agite et qu’il poursuit sous sa pourpre, tandis que Rohan, dans son Albigeois et ses Cévennes, et qui n’ose même s’aventurer à corps perdu comme feront un jour les grands Vendéens, s’épuise, en courant de ville en ville, à vouloir établir et organiser en France une contre-France.

227. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Ledieu, dans la quatrième et dernière partie de son livre, suit Dumouriez hors de France, et nous esquisse sa vie depuis 93 jusqu’en 1823. […] De nombreux écrits de circonstance adressés à la France ou à l’émigration, des pamphlets contre Bonaparte, des liaisons avec Moreau et Pichegru, des instructions militaires à l’Espagne, tout révèle en lui une ferveur d’esprit que l’âge ni l’infortune ne pouvaient glacer. […] Lors de la première Restauration, il crut avoir quelque droit à une récompense nationale pour les anciens services de son généralat en chef : d’ailleurs, ses efforts pour relever le trône constitutionnel contre la Convention devaient, ce semble, lui mériter la bienveillance des Bourbons : il aspirait au bâton de maréchal de France. […] Dumouriez voulait la Restauration ; mais il la voulait par la France, pour la France, et avec des garanties.

228. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Les premières nouvelles des massacres d’Arménie ont paru laisser la France assez indifférente. […] Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo, la France même du second Empire, toute la France d’avant 1870 leur eût crié : « Courage !  […] Au reste, quand j’indique ce que la France aurait pu proposer, je n’ignore point que sa proposition n’avait aucune chance d’être accueillie. […] L’Europe nous eût répondu par le plus énergique non possumus ; soit : mais, ce refus enregistré, la France se retrouvait, dans le concert européen, en une tout autre posture morale.

229. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Néanmoins, que les timides se rassurent, la société ne peut périr ; et la France est restée à la tête de la civilisation de l’Europe, malgré toutes les vicissitudes de la fortune. Il faut donc que la France soit sauvée, sous peine d’entraîner tous les autres états de la vieille Europe dans une vaste ruine. Plus d’une fois la France a vu son sol couvert d’ennemis ; mais il y a en elle une telle énergie vitale qu’elle n’a pu jamais succomber, ni plier son front au joug de la conquête. […] La France ne doit donc jamais désespérer de son salut. […] Noble terre de ma patrie, la Providence a trop fait pour toi ; elle n’abandonnera point son ouvrage, et tu resteras le beau pays de France.

230. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Vous recherchez en France la pantoufle des rois : ici la pantoufle de Vésale ou de Rubens vaudrait le diamant de la couronne. […] Vous voyez bien que je sais à peine l’orthographe de tout ce que mon cœur de mère vous écrit. » Il est touchant de rencontrer dans cette correspondance, et sous la plume de l’exilé, tout un hymne patriotique et lyrique à la France conçue et embrassée par un cœur de fils et de citoyen. Au moyen âge on disait déjà la douce France ; les chevaliers, les braves Roland qui mouraient loin d’elle, la saluaient ainsi. […] Cette France de nos pères, celle de 89 et de 92, cette France de Manuel, de Béranger, de Raspail, celle de notre jeunesse, ne serait-elle donc plus la France d’aujourd’hui et de demain ? […] si la France venait à être retranchée de la carte, l’univers n’aurait plus ni cœur ni tête ; ce petit recoin pense et agit pour tout le monde.

231. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Cette vieille France avait certes ses abus et ses insuffisances. […] Chaque compagnon est tenu de prendre part à l’union de prières pour l’Église et pour la France. […] Il était tenté de désespérer de la France issue de la Révolution et de l’Empire. […] Il a déclaré au roi que la situation politique en Europe est intolérable, et cela par la faute de la France. […] A tous ces signes d’antagonisme secret se joint l’attitude de la presse allemande vis-à-vis de la France.

232. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

Ce champ, ils l’ont assez retourné, assez saccagé… Ils n’ignoraient pas ce qu’en France, le pays du bon sens et du fait, on peut toujours tirer de l’histoire, et que faussée, c’est l’arme la plus terrible encore, comme la balle qui, mâchée, fait les coups plus mortels… Trafiquants libres de l’histoire, plus libres que l’homme qui vend la plus chétive denrée et qui pour cela est obligé à prendre patente, ils ne se contentèrent point de cette liberté, et ils versèrent le mépris de l’historien libre sur le fonctionnaire de l’histoire, — sur l’historiographe. […] Toute la question de l’histoire, pour nous, c’est la question de l’histoire de France. […] mais l’Histoire de France, c’est nous tous, c’est notre blason de peuple, ce sont nos ancêtres, c’est l’honneur. […] Nous souhaiterions qu’en matière d’histoire de France, l’État prît l’initiative d’une réserve, et qu’en créant des fonctions d’Historiographes, ces Gardes-nobles de l’Histoire, il sauvât notre histoire à nous, cette dernière forteresse morale de tout peuple, et empêchât qu’elle ne fût prise d’assaut par la tourbe des pamphlétaires contemporains, démagogues, fonctionnaires expulsés, prétendants anonymes, transfuges colères qui s’y cachent, la mettent au pillage et s’en font un asile ! Oui, que la Libre Pensée ait ses historiens, mais que la France ait ses Historiographes !

233. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

La France aussi. […] M. France, qui a tout lu (oh ! […] M. France. […] La France d’alors était étonnamment patriote, et M.  […] La France, en 1428, eut conscience d’elle et volonté d’être autant que la France de 1792.

234. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

Sans la position incroyable de considération intellectuelle dont jouit l’auteur en Italie, et sans l’éminent talent du traducteur qu’il vient de rencontrer en France, il n’y aurait qu’à laisser mourir cette histoire, de sa propre faiblesse, dans l’obscurité. […] Sans cela, l’ouvrage, estimé en Italie, aurait inévitablement échoué en France. En France, le succès se décide bien souvent aussi, comme partout, hélas ! […] Malgré la faiblesse de sa pensée, il aurait pu pourtant, en sa qualité d’étranger, répandre en France, sur l’Empereur, des opinions hasardées ou fausses, si sa bonne étoile ne lui avait envoyé, sur sa renommée, un traducteur doué de toutes les qualités qu’il n’a pas.

235. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Savez-vous bien que le Grand Orient de France est menacé de se trouver assis entre deux princes ? […] Mais il paraît que la France n’enseigne pas cela. […] Renan au collège de France. — Réveil de la jeunesse. — Les crèches. […] En France, pour entrer dans la popularité, il n’est rien de tel qu’une clef de prison. […] Ô France !

236. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

M. Anatole France. […] M. Anatole France lui-même. […] M. Anatole France. […] M. Anatole France n’a d’égale que la sympathique admiration de M.  […] M. Anatole France.

237. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Et moi, je combattis à main armée les assassins de la patrie aux journées de juin, et je ne leur ai jamais pardonné leur crime mystérieux contre la république et contre la France. […] Je n’ai pas cherché là une honteuse popularité dans l’absolution du crime de la France. Je dis la France, parce qu’une nation de trente millions d’hommes qui laisse accomplir sous ses yeux, immobile, un pareil acte, en est complice. […] Ce supplice vouait la France à la vengeance des trônes, et donnait ainsi cruellement à la république la force convulsive des nations : la force du désespoir. L’Europe l’entendit ; la France répondit.

238. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Après Saint-Preux, après Werther, après René, elle sut être elle-même, à la fois de son pays et du nôtre, et introduire son mélancolique Scandinave dans le vrai style de la France. […] Le succès de Valérie fut prodigieux, en France et en Allemagne, dans la haute société. […] France qui avez voulu exiler de vos conseils le Tout-Puissant, et avez vu des bras de chair, quoique appuyés sur des empires, tomber d’épouvante et redevenir impuissants ! […] Lorsque Alexandre eut quitté la France, Mme de Krüdner déclina rapidement dans son esprit : cette vénération pieuse qu’il ressentait pour elle finit par l’aversion, par la persécution même. […] On peut lire quelques détails sur le séjour de Mme de Krüdner dans le grand duché de Bade, pages 5 et suiv. de l’Éclaircissement qui précède le tome X de l’Histoire de France sous Napoléon, par M.

239. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Des Français ne reconnaissent pas leur propriété dans l’art qui de l’Allemagne vient en France. […] La France libre du 11. […] La France libre du 18. […] La France du 14 : « En voyage », par M.  […] La théorie raciale vient au secours des luttes entre la France et l’Allemagne en allant nous chercher une même origine aryenne !

240. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Nature chaleureuse, prompte à l’espérance, plus occupée des principes que des personnes, il prit feu à l’idée d’un réveil de la France, d’une conversion de l’Empire à la liberté, et se fit fort de défendre dans le Moniteur l’efficacité des garanties accordées aux citoyens français par l’Acte additionnel. […] C’est ainsi qu’en France, au sortir de la Révolution, un nouvel ordre de sentiments inverses et tout opposés remplaça ceux de la veille : « Quand cette Église, dit-il dans cette même lettre à Channing, eut été renversée en France par le double effort des encyclopédistes et des révolutionnaires, quand surtout un peu de calme eut succédé à la tempête, le besoin des affections tendres des cœurs, le besoin de confiance et d’espérance, l’admiration pour la création, le sentiment de la spiritualité de notre être, la soif de l’immortalité se firent sentir dans les âmes. […] C’est là la France ; ce n’est nullement ni l’Italie, ni l’Espagne… » On ne saurait analyser plus finement les causes de la renaissance religieuse de 1800, ni mieux définir l’état des esprits vers 1831, état qui est encore à peu près le nôtre. […] Si j’avais à conseiller à une jeune personne sérieuse, à une lectrice douée de patience, un livre d’histoire de France qui ne faussât en rien les idées, et où aucun système artificiel ne masquât les faits, ce serait encore Sismondi que je conseillerais de préférence à tout autre. Il est assez le Rollin de l’histoire de France ; mais c’est un Rollin qui n’a pas eu à traduire, comme l’autre, d’admirables originaux.

241. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

C’est un beau livre de métier pour ceux qui, comme nous, étaient appelés un jour à tenir le gouvernail de la France. […] La mort néfaste du duc d’Enghien a coûté à des millions de cœurs, en France, des larmes qui n’ont pas demandé de salaire. […] Son importance s’en accrut ; nommé pair de France par le roi, il changea de parti plusieurs fois par d’habiles transactions qui le menaient au but, tantôt foudroyant dans M.  […] Le bruit de cette bataille empêcha la France de ressentir la perte de son grand écrivain. […] M. de Marcellus hésite quelques jours entre son dévouement de royaliste, son ambition naturelle, et son jugement très sain sur l’inopportunité du défi de Charles X à la France alors libérale.

242. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

La France littéraire n’a pas deux pages aussi enivrées. […] Les poëmes de chevalerie, tels que ceux d’Arioste en Italie, et de parodie, tels que ceux de Voltaire en France, succédèrent aux poëmes sérieux. […] J’avais le sentiment vrai que mon nom trop nouveau ne pouvait pas rallier assez puissamment la France, et que, pour lui donner de l’autorité, il aurait fallu le fortifier par quelques victoires politiques qui n’étaient pas dans mon programme, à moins qu’elles ne fussent dans la nécessité, non de mon ambition, mais de la république des honnêtes gens en France. […] Chateaubriand n’avait rien fait encore pour le salut de son pays, mais il avait immensément fait pour sa gloire ; la France fut ingrate : c’est son habitude ; il ne s’adressait pas à un parti, comme les amis de Foy en 1829, ou de Laffitte en 1830. […] Il fut et il restera le plus grand écrivain de la France dans un siècle où tout était muet, mais où tout allait renaître.

243. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Tous s’étudiaient à emprunter à l’antiquité ce qui y est plus particulièrement le fruit des mœurs des formes de la société civile et politique, des religions, du sol, tout ce qui la fait différer essentiellement des temps modernes, et en particulier de la France. […] Ils avaient transporté l’Olympe tout entier dans la même langue poétique qui s’essayait à traduire les Psaumes, et ils mêlaient dans des fictions bizarres la France et Jupiter, des personnifications modernes et des divinités païennes. […] Regnier avait fait pour Henri IV une élégie où il représentait la France montant au trône de Jupiter, et s’y plaignait de l’état où l’avait réduite la Ligue. « Depuis cinquante ans que je demeure en France, disait à ce sujet Malherbe, je ne me suis point aperçu que la France se fût enlevée de sa place. » Il voulait que le poète ne se consumât point dans ce vain travail, et que la poésie, comme la prose, n’exprimât que des réalités. […] Où est, en effet, la bonne langue française, si ce n’est au centre de la France, à Paris ; et, puisque la cour a pu être tour à tour italienne, gasconne ou espagnole, dans le peuple même de Paris, qui ne change pas, et qui est ce qu’il y a de plus français en France ?

244. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Dans un article de ce temps, il a très bien discuté cette question : « Si en France l’opposition peut être injurieuse et véhémente comme en Angleterre60 ? » Établissant la différence de mœurs et de sensations des deux peuples, il montre l’inégalité d’inconvénients dans les mêmes injures dites à des hommes publics d’un côté ou de l’autre du détroit : En Angleterre, on pèse l’injure ; en France, il faut la sentir… En Angleterre, l’injure intéresse quelquefois en faveur de celui qui la reçoit ; en France, elle avilit toujours celui qui la souffre… En Angleterre, les invectives n’ont point renversé le trône ; en France, elles ont renversé une royauté de quatorze siècles. […] Il connaissait mieux que beaucoup de ceux qui le raillèrent alors les mœurs de la France, et comment le feu chez nous prend aux poudres plus vite que chez nos voisins. […] En un mot, il est pour une raison trop continue, trop suivie ; il n’admet pas ces coups d’archet en toute chose qu’il faut de temps en temps en France. […] L’émulation de supériorité inspirée par l’égalité de droits, c’est ainsi qu’il définit l’esprit de la France.

245. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Commynes ne passa en effet de la cour de Bourgogne à celle de France qu’en 1472, et n’assista point aux premières années du règne. […] Duclos, dans ses premières pages, donne un tableau général succinct de l’état de la France sous le règne de Charles VII. […] Les réflexions sur l’état misérable de la France, sur le pillage, l’indiscipline et les désordres de tout genre qui désolaient les provinces sous le règne de Charles VII, sont résumées chez Duclos aux mêmes endroits du récit, et presque dans les mêmes termes que l’a fait l’abbé Le Grand : seulement Duclos ramasse les traits avec plus de concision et d’un ton d’autorité que le digne annaliste ne se permet pas. […] La France était réduite au plus misérable état : Comme les finances étaient épuisées, dit l’abbé Le Grand, ni le père ni le fils n’avaient pas beaucoup d’argent. […] Pour arriver à la conclusion de la paix générale, il est convenu que les deux couronnes de France et d’Espagne ne seront jamais réunies sur une seule tête.

246. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il publia en 1790 une brochure : Des principes et des causes de la Révolution en France. […] Parcourant rapidement l’histoire de la dernière moitié du xviiie  siècle, il montre comment une révolution s’est préparée et est devenue possible en France ; il démêle un à un les fils du câble qui a fini par se rompre : il insiste toutefois sur cette conviction que le câble pouvait résister à la tempête, pourvu qu’il y eût à bord un bon pilote. […] L’ouvrage que M. de Meilhan publia à Hambourg en 1795, intitulé Du gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution, avec le caractère des principaux personnages du règne de Louis XVI, est d’un homme en qui les ridicules cessent dès qu’il tient la plume et qui mérite toute attention par la modération et les lumières. […] Ce livre Du gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution est terminé par une suite de portraits historiques (Maurepas, Turgot, Saint-Germain, Pezay, Necker, Brienne), dans lesquels il y a des traits exacts et neufs, bien de l’esprit et même du talent29. […] Craufurd, un Anglais ami de la France et de notre littérature, sur laquelle il a publié des Essais, acheta pour cent louis, de M. de Meilhan, je ne sais quels manuscrits : c’est sans doute ce qu’il a publié depuis, des anecdotes originales sur M. de Choiseul, sur le Dauphin, sur cette cour de Louis XV que M. de Meilhan avait connue près de son père et par les escaliers dérobés.

247. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

La rue et l’impasse du Doyenné, à deux pas de la royauté citoyenne, et lui faisant la nique, était le quartier général des jeunes France. […] On aurait entre elle et les jeunes France de 1833 à noter plus d’une différence52. […] Ici, chez les jeunes France, on prenait même par ton des airs féroces ; on aurait cru ressembler à M.  […] Nous avons besoin en France que certaines liqueurs nous arrivent ainsi transvasées ; sans quoi, elles sont trop fortes et font éclater le flacon. […] Serait-il vrai qu’en France nous soyons en poésie comme en religion, exclusifs et négatifs ?

248. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Les classes privilégiées avaient, les premières, accepté avec ardeur ces doctrines grandissantes qui les atteignaient si directement : c’était générosité à elles, et l’on aime en France à être généreux. […] Le poste qu’on lui destinait au début était des plus importants : il s’agissait de représenter la France auprès de l’impératrice Catherine. […] Ces années furent bien brillantes encore durant tout le cours de cette ambassade, où il sut se concilier la faveur de l’illustre souveraine et servir efficacement les intérêts de la France. […] Une partie intéressante des Mémoires de M. de Ségur est consacrée aux détails du voyage en Crimée où l’ambassadeur de France eut l’honneur d’accompagner Catherine. […] Les événements se précipitaient ; M. de Ségur et les siens demeurèrent attachés au sol de la la France lorsqu’il n’était déjà plus qu’une arène embrasée.

249. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Pour prendre des noms très purs et presque consacrés qui représentent l’un et l’autre de ces deux aspects de la France, je nommerai comme expression de la raison publique alors, des hommes tels que M.  […] Sauvez la France, sauvez le pays, lui écrivait-on ; donnez, par votre adhésion, appui et force au gouvernement provisoire ; repliez-vous vers Rouen, où est Jourdan, conservez dans la Normandie une armée à la France. — Le nom de Monk, le grand médiateur, si souvent invoqué, ne manquait pas de revenir comme exemple. […] Marmont, aux heures habituelles, aimait à résumer ainsi le sens de toute sa conduite avec Napoléon : « Tant qu’il a dit : Tout pour la France, je l’ai servi avec enthousiasme ; quand il a dit : La France et moi, je l’ai servi avec zèle ; quand il a dit : Moi et la France, je l’ai servi avec dévouement. Il n’y a que quand il a dit : Moi sans la France, que je me suis détaché de lui. » Je rappellerai plus tard des paroles de lui sur Napoléon plus émues et plus semblables aux impressions de sa jeunesse. […] Le maréchal arriva à Paris, rue de Surène où il demeurait, et se procura Le Moniteur chez son voisin le général de Fagel, encore aujourd’hui ministre de Hollande en France.

250. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Toute cette partie de l’Histoire des Causes et de l’Histoire de France est faite en grand, par un esprit de la plus rare compétence et qu’on ne saurait trop admirer. […] la royauté, voilà ce qu’il y a en 1787 de plus révolutionnaire en France. […] — Pourquoi donc le Roi ne mourait-il jamais en France ? […] Il n’était pas homme à retenir les conseils hégéliens que Cousin, dans son Cours de 1828, donnait à la jeunesse de France qui maintenant écrit l’Histoire, et qui, malheureusement, elle, ne les a pas oubliés. […] Cassagnac n’a pas voulu que l’immensité des fléaux qu’ils ont déchaînés sur la France grandît les incendiaires de la Révolution, et après l’histoire qu’il a publiée je tiens cela pour impossible.

251. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Le roi et la France ! […] La grande lignée de nos rois, les Louis IX, les Charles V, les Louis XII et même les François Ier, en rassemblant sous leur main la France et en augmentant le fonds de la nation, contribuaient cependant, de siècle en siècle, à jeter les fondements de l’idée de patrie. […] Entre le roi et le peuple, pour certaine nature d’impôts, il y avait alors les fermiers généraux, et ceux-ci, à qui étaient faites les adjudications générales dans le Conseil du roi ou devant les trésoriers de France, sous-louaient à des sous-fermiers desquels ils tiraient presque deux fois autant qu’ils avaient payé eux-mêmes. […] Il a, un jour, avec Henri IV une conversation très curieuse sur la culture des mûriers et les manufactures de soie, que Henri IV veut introduire en France : ces menus plaisirs du roi paraissent peu solides à Sully. […] Les principaux produits de la France consistent, dit-il, en grains, légumes, vins, pastels, huiles, cidres, sels, lins, chanvres, laines, toiles, draps, moutons, pourceaux et mulets : la vraie source des richesses pour la France, la matière naturelle du travail est là, il faut s’y tenir.

252. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Il était bien capable de l’être, quand il vivait, de la paroisse de Saint-Bonnet, dont il a été l’honneur comme il eût été celui de toutes les marguilleries de France. […] Il ne l’a pas trouvé, j’imagine, en Allemagne, comme Schopenhauer et Hartmann l’ont trouvé en France. […] En France, on s’assied sur le puits de la Vérité, et c’est comme cela qu’on le bouche… Certes ! […] … Nous sommes peut-être une dizaine en France qui admirons ce grand esprit, inconnu pour trois ou quatre raisons suffisantes, justifiant très bien, du reste, sa majestueuse obscurité. […] Allez demander aux Allemands d’Allemagne ou aux Allemands de France, — car il y a des Allemands de France, — ce que de telles paroles signifient !

253. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Oubliée en France et dans les pays catholiques, l’œuvre de Du Bartas resta populaire en pays protestant : de Milton à Byron, elle a laissé des traces dans la poésie anglaise, et Gœthe en a parlé en termes enthousiastes qui lui ont valu chez nous plus d’estime que de lecteurs. […] À consulter : Aubertin, l’Éloquence politique et parlementaire en France avant 1789, Belin, in-8, 1882. Chabrier, les Orateurs politiques de la France, Hachette, in-8, 1888. […] Michel de l’Hôpital, né en Auvergne vers 1505, fut emmené en Italie par son père qui suivit le connétable de Bourbon, étudia à Padoue ; et, revenu en France, devint conseiller au Parlement, président du conseil de la duchesse de Berri, président de la Chambre des comptes, enfin chancelier de France en 1500. […] Épitre envoyée au tigre de la France (le card. de Lorraine), éd.

254. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Celui-ci est d’autant plus précieux qu’il peut s’élargir : pour que la petite patrie féodale devienne la grande patrie nationale, il suffit maintenant que toutes les seigneuries se réunissent entre les mains d’un seul seigneur, et que le roi, chef des nobles, pose sur l’œuvre des nobles la troisième assise de la France. […] Pendant  huit cents ans, par mariage, conquête, adresse, héritage, ce travail d’acquisition se poursuit ; même sous Louis XV, la France s’accroît de la Lorraine et de la Corse. […] Quand naquit son dauphin, la joie de la France fut celle d’une famille, « on s’arrêtait dans les rues, on se parlait sans se connaître, on embrassait tous les gens que l’on connaissait17 ». […] II, liv. 8, et surtout Alfred Maury, les Forêts de la France dans l’antiquité et au moyen âge. […] En 1785, un Anglais venu en France vante la liberté politique dont on jouit dans son pays.

255. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

L’éducation des enfans de France lui fournit l’occasion de développer ses talens. […] Un écrivain célèbre observe que, dans le temps qu’on tenoit en France madame Guyon enfermée, on sollicitoit à Rome la canonisation de Marie d’Agréda, plus visionnaire elle seule que tous les mystiques ensemble. […] Ils sollicitoient vivement à Rome en faveur de l’amour pour & désintéressé, pendant qu’on les accusoit en France de rejetter toute espèce d’amour divin. […] Louis s’impatiente : il écrit lui-même à sa sainteté, pour qu’elle donne la paix à l’église de France. […] Il perd sa place de précepteur des enfans de France.

256. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

En France, le mouvement de la société et l’importance réelle des choses apparaissent de plus en plus en dehors des cadres constitutionnels qu’on a tracés si à l’étroit. […] Mais il la donna uniquement, qu’on note bien ceci, par des articles de chaque jour, non signés, sur des matières toujours graves, souvent spéciales, sans prétention littéraire aucune, sans phrase sonore ni clinquant qui saute aux yeux ; deux fois, la première lors de son procès, la seconde lors du mandat d’amener en juin, le pouvoir se chargea de signer pour lui et de déclarer ce nom à la France. Or la France, qui sait ce que vaut la presse et ce que peut un journal, a recueilli avidement ce nom ; elle a prouvé spontanément, dès la première occasion qui s’est offerte, à quel rang elle place dans son estime et dans son admiration, je ne dirai pas, l’écrivain périodique, mais, pour parler sans périphrase, le journaliste éloquent, appliqué, courageux. à trente-deux ans, sans avoir passé par ce qu’on appelle la vie publique, M.  […] Maurize vient de publier sous le titre de Dangers de la situation actuelle de la France, et qu’il adresse aux hommes sincères de tous les partis. […] Fourier a eu un grand tort envers eux : c’est de n’avoir pas su se faire assez petit pour se mettre à leur taille. » Mais ce qui m’a le plus scandalisé, je l’avoue, ce sont ces phrases blasphématoires sur les maximes libérales de Fénelon : « Je viens d’appuyer la thèse par un aperçu des sottises dogmatiques du Télémaque ; le bonhomme Fénelon ne se doutait pas des résultats qu’aurait, en 1789, sa doctrine essayée en France. » Pour nous, nous n’imiterons pas en cela M. 

257. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Elle les exprime clairement et hautement, car elle sait ce qu’elle est, surtout en France. […] En France, le matérialisme, vaincu dans la théorie, prend sa revanche dans l’application, et un Diderot économique comme Proudhon peut très bien y remplacer un Diderot philosophique impossible. […] Cela est vrai en général de toutes les nations, même des nations commerçantes, à plus forte raison de la France en particulier. […] à ce que les choses soient en France ce qu’elles sont en Angleterre, il a présenté son expédient. Ce que les grands propriétaires font en Angleterre, il veut que l’État le fasse en France : « En patronnant le travail rural — dit-il — l’État augmentera la richesse générale, et avec cette richesse améliorera la situation de ceux qui souffrent.

258. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Il nous apprend que ce peuple, vanté pour ses vertus par des philosophes qui n’en avaient pas, fut peut-être autant que les Richelieu, les de Gesvres et les d’Épernon, tous ces abominables pourrisseurs du Roi, dans les vices de ce jeune souverain qui commença son règne de débauche par la timidité avec les femmes, comme Néron commença le sien par la clémence… Dans ce temps, qui ne fut pas long, il est vrai, d’une sagesse qui n’était que de l’embarras rougissant et honteux, le peuple tout entier de la France d’alors s’impatientait et se moquait de cette sagesse. […] son peuple même qui entourait le roi de sa complicité, qui lui souriait, l’encourageait, comme si, habituée par les Bourbons à la jolie gloire de la galanterie, la France ne pouvait comprendre un jeune souverain sans une Gabrielle, et comme si, dans l’amour de ses maîtres, elle trouvait une flatterie et une satisfaction de son orgueil national !  […] et qui gémissent hypocritement sur le malheur d’un noble pays d’appartenir à un tel roi, il y ait une réponse à faire plus écrasante que celle-là… La France ne valait pas mieux que son maître. Ils faisaient équation d’infamie, et même si, comme l’a dit Démosthènes, le corrupteur est au-dessous du corrompu, c’est la France qui est au-dessous de Louis XV ! […] IV Et en disant cela, qui n’avait pas été dit, l’auteur de La Duchesse de Châteauroux et ses sœurs n’a pas prétendu décharger Louis XV de son affreuse immoralité par l’immoralité de toute la France.

259. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Gabriel de Chénier signe son nom, qui a l’honneur d’être noble, comme on le signe dans sa famille et comme il était écrit autrefois dans le Nobiliaire de France. […] — comme un des plus grands et des plus charmants poètes dont la France puisse s’honorer. […] Endormis et latents jusque-là dans son âme, il ne fallut rien moins que les affreux coups portés à la France par les bandits de la Révolution pour les éveiller. […] La guillotine qui lui coupa la tête brisa le carquois de colère qu’il allait vider dans les cœurs maudits qui envoyaient la France entière à l’échafaud. […] Eh bien, nous voudrions faire sortir l’autre et le faire entrer dans sa seconde gloire, qui devrait être la première : — sa gloire de poète lyrique, du plus puissant poète lyrique que certainement ait eu la France avant Lamartine et Hugo (le Hugo des Châtiments) et qui n’eut besoin que de trois ou quatre ïambes, mais de quel emportement !

260. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Ce qui est acquis demeure acquis, en France surtout, en ce pays frivole et routinier, — et routinier justement parce qu’il est frivole, parce que revenir sur un jugement, c’est réfléchir, et qu’on ne revient pas quand on a si lestement et si étourdiment passé. […] En France, il n’y a guères qu’en politique et en religion que la tradition est méprisée. […] et il avait promené partout une ironie légère, native de France, et cette observation superficielle qu’il est facile à tout le monde de reconnaître, et qui n’est pas une découverte parce qu’elle s’arrête toujours misérablement à la peau ! […] Cela charme France ! […] Je suis assez de l’avis de cette vieille bête (pour France) de Boileau.

261. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

A peine remise des attentats et des vengeances de prairial, privée d’un grand nombre de ses membres condamnés ou compromis, et aussi mutilée qu’au plus fort de la Terreur, la Convention avait repris son rôle paisible d’Assemblée législative, et la Commission des Onze lui présentait cette belle et sage Constitution de l’an III, qui devait pacifier la France, si la France alors avait pu être pacifiée par une Constitution. […] Tous les républicains modérés et sages, qui aspiraient au régime légal et sentaient que la France y aspirait aussi, s’opposèrent à ces violences superflues. […] Toutefois, si elle semblait craindre d’émanciper la France et de l’abandonner trop tôt à elle-même, il faut avouer que l’avenir n’a que trop confirmé ses prévisions. […] C’est après avoir ainsi retracé les victoires toutes républicaines de la première campagne d’Italie, que, jetant les yeux sur la France, alors si florissante et pourtant dévouée à de si prochains malheurs, il couronne son récit par cet éloquent épilogue, par cet hymne enivrant dont le ton poétique sied encore à la voix de l’histoire : « Jours à jamais célèbres, à jamais regrettables pour nous ! […] La France, au comble de la puissance, était maîtresse de tout le sol qui s’étend du Rhin aux Pyrénées, de la mer aux Alpes.

262. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Mais les rédacteurs sont des esprits curieux, très au courant du mouvement scientifique ou littéraire, en France et à l’étranger. […] Ses Révolutions de France et de Brabant, son Histoire des Brissotins, son Vieux Cordelier, ses lettres offrent un intérêt littéraire qu’on trouve rarement parmi les écritures de ce temps-là. […] Voici, par exemple, comment, en 1769, la France littéraire établit la liste des journalistes et auteurs d’écrits périodiques » : Gazette de France, MM. l’abbé Arnaud et Suard. — Journal des savants, une société de Gens de lettres. — mercure de France, M. de la Place (addition : pour le Mercure, mettez M.  […] La Gazette de France était hebdomadaire, le Mercure mensuel. — A consulter : E.

263. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

chose capitale ès royaumes de France et de Navarre, où la noblesse devait danser pour le plaisir du roi, comme elle devait monter à cheval et se battre, et même mourir pour son service ! Et c’était tellement cela, la coutume de la noblesse de France, que, dans le tableau par Delacroix de la fameuse apostrophe de Mirabeau au maître des cérémonies : Allez dire à votre maître ! […] Ils sont tous comme lui, élevés dans l’amour du roi, — ce sentiment qui était de France, — dans ce feu sacré de l’amour du roi que soufflaient alors toutes les mères au cœur de leurs fils, et que, plus religieuses que les Vestales, elles ne laissèrent éteindre jamais ! […] Ce n’est plus du petit et imperceptible Grignan qu’il s’agit, c’est de toute la noblesse de France à la fin du xviie  siècle ! […] Ce royalisme qu’aucune royauté, hors de France, n’inspira avec la même force et avec le même enthousiasme, non seulement mourait pour le roi, mais se ruinait pour le roi, — une manière de mourir plus terrible pour ces orgueilleux et ces puissants que de tout simplement mourir !

264. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

La critique n’existe point en France, à cette heure du xixe  siècle. […] Les journaux qui règnent à Paris, et qui prétendent donner le mot d’ordre à tous les autres journaux de France sur ce qu’ils appellent les progrès de l’esprit humain, ne sont pas très nombreux. […] Car il n’y a guère qu’un feuilletoniste en France, et, il faut bien le dire, c’est Janin. […] Le succès de Janin, individuel comme son époque, a tenté toutes les individualités d’esprit qui sont les moutons de Dindenaut en France. […] Chateaubriand disait un jour : « Pour que la France soit gouvernée, il suffit de quatre hommes et d’un caporal dans chaque localité. » Ce sont ces quatre hommes et ce caporal que nous voulons donner à la littérature.

265. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

David, déjà peintre et maître célèbre à la fin du règne de Louis XVI, devenait bientôt après l’interprète des passions qui agitaient la France en 1791. […] Puis enfin, ne trouvant plus à s’occuper en France, il se décida à passer aux États-Unis, où il est mort quelques années après. […] Les groupes de sculpture saisis sont : la Liberté couronnant le génie de la France, Jupiter foudroyant l’aristocratie, et la Religion assise soutenant le génie de la France, dont les pieds posent sur les nuages, et dont la tête, ornée de rayons, indique qu’il est la lumière du monde. […] Il faut faire disparaître ces ombres du scélérat dont la France vient d’être débarrassée. […] C’était le moment où les poésies d’Ossian, lues et vantées par Bonaparte, étaient devenues à la mode en France.

266. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Pons, comme d’un temps qui marquait dans sa critique, et dans lequel il avait mis aussi tout son aiguillon, ainsi qu’il l’a dit ailleurs de ses Poésies. « En France, ajoutait-il, on n’a que ma critique écrite de ce temps-là, c’est-à-dire celle dans laquelle je ne pouvais dire tout ce que je pensais sur les productions littéraires du moment. […] Cela a toujours été un peu ainsi : la presse littéraire n’est pas du tout libre en France ; il s’est formé de tout temps des coalitions de journaux au profit de telles ou telles coteries. […] Cela est vrai tant qu’on n’a pas vu les hommes ; mais si on les a vus une fois de près, on est bien mieux de loin pour les juger, pour en parler sans superstition, et sans se faire l’écho de l’opinion. — Pour les jugements littéraires j’ai pensé dès longtemps qu’on ne les aurait tout à fait libres et indépendants sur les hommes de France, qu’en étant à la frontière, à Genève, à Bruxelles, — à Liége. » C'était aussi l’opinion de Voltaire et, avant lui, comme on va le voir, celle d’un esprit de la même famille, Bayle, l’illustre réfugié protestant du xviie siècle, avec lequel Sainte-Beuve avait tant d’affinité3. […] Nous n’y voyons pas plus d’inconvénient en France à cette heure, qu’il n’y en avait, du vivant de l’auteur, à quinze jours d’intervalle, dans la Suisse française. […] On ne saurait mieux interpréter sa pensée qu’il ne l’a fait lui-même dans ce volume, p. 166 : « Il est, dit-il (décembre 1843), une douzaine d’hommes en France qu’on ne juge plus, mais qu’on loue ou qu’on attaque.

267. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard 11 février 1828. […] Thiers, a été dangereuse, leur indignation impolitique ; ils ont compromis la Révolution, la liberté et la France ; ils ont compromis même la modération, en la défendant avec aigreur ; et, en mourant, ils ont entraîné dans leur chute ce qu’il y avait de plus généreux et de plus éclairé en France. […] La Révolution, la liberté, la France, auraient été compromises ! […] Réfutation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard, publiée par M. 

268. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

C’est à lui que nous devons le sonnet, qui passa de l’Italie en France. […] Le démon satyrique s’empara de lui sur le champ, & lui suggéra des vers contre un médisant de Ronsard : Avant, avant, vers furieux, Fouldroyons l’homme injurieux, Qui, de sa bavarde ignorance, Veut honnir l’honneur de la France, Aboyant d’un gozier felon Un des plus chéris d’Apollon. […] Je te salue, ô l’honneur De mes muses, & encore L’ornement & le bonheur De la France qui t’honore. […] « Ce grand Ronsard, dit-il, ce prince des poëtes François, l’ornement non seulement de la France, mais de tout l’univers, n’a pu lui-même éviter les sagettes de la censure. […] Il étoit né la même année de la défaite de François I, devant Pavie ; comme si le ciel, disoit-il, avoit voulu par-là dédommager la France de ses pertes.

269. (1930) Le roman français pp. 1-197

Ce qui a changé en France, depuis la Révolution jusqu’à 1830, c’est la structure politique et administrative de la France, non pas « l’économie » ni par conséquent les conditions d’existence des individus. […] Mais est-ce un paradoxe de signaler que France fut avant tout et surtout un conteur. […] Dans les romans de France, l’héroïsme disparaît autant que dans ceux des Goncourt. […] France s’était placé assez au-dessus des hommes pour les bien voir. […] Émerveillement en France.

270. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deroulède, Paul (1846-1914) »

. — Le Premier Grenadier de France (1886). — Le Livre de la Ligue des patriotes (1887). — Refrains militaires (1888). — Histoire d’amour, roman (1890). — Messire Duguesclin, pièce en trois actes et en vers (1895). — Poésies militaires (1896). — La Mort de Hoche, drame en prose en quatre actes (1898). — La Plus Belle Fille du monde, conte dialogué en vers libres (1898). […] C’est une poésie toute d’action, conçue dans la douleur, née dans l’orage, familiarisée dès le berceau avec l’odeur de la poudre, le sifflement des obus et le bruit du canon, ayant eu pour langes le lambeau d’un drapeau troué de balles ou le linceul d’un mobile mort en criant : « Vive la France !  […] C’est un vrai poète qui a trouvé cette comparaison devant une carte de France : Et les contours sacrés de son vieux territoire Comme un portrait d’aïeul sont fixés dans mes yeux. […] [Le Pays de France (février 1900).]

271. (1888) Portraits de maîtres

Ainsi la réorganisation administrative de la France n’est qu’à peine énoncée. […] Il aimait la France comme Thraséas aimait Rome, avec trop d’attache au passé. […] De 1831 à 1842, il ne cessa d’apprendre l’Allemagne à la France. […] Il les a jugés comme le faisait alors la France de 1830, depuis M.  […] Un crime et une folie envers la France et le monde.

272. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Ce n’est pas non plus la faute de la France, car la Restauration était inévitable. […] Dans l’ancien ordre de choses, la France avait succombé sous ces quatre vieillesses royales. […] Il y a là plus d’un bon conseil, et nous invitons ceux qui peuvent en profiter à y réfléchir : « Le 26 juillet, la position de la France était bien plus compliquée, bien plus extraordinaire que si le gouvernement et l’administration publique avaient disparu par un événement surnaturel. […] Pour se retrouver, la France devait donc combattre ; elle l’a fait, elle s’est sauvée elle-même ; et la conséquence forcée de cette nécessité était qu’il ne pouvait plus se trouver en France d’autre pouvoir, d’autre autorité que la France.

273. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

. — Napoléon Bonaparte ou Trente Ans de l’histoire de France (1831). — Charles VII chez ses grands vassaux, tragédie en cinq actes et en vers (1831). — Richard Darlington, pièce en trois actes et en prose (1831). — Térésa, drame en cinq actes (1832). — La Tour de Nesle, pièce en cinq actes et 9 tableaux (1832). — Angèle, drame en cinq actes (1833). — Impressions de voyage en Suisse (1833). — Catherine Howard, drame en cinq actes (1834). — Souvenirs d’Antony, nouvelles (1835). — Don Juan de Marana ou La Chute d’un ange, drame en cinq actes (1836). — Kean, drame en cinq actes et en prose (1836). — Piquillo, opéra-comique en trois actes, en collaboration avec Gérard de Nerval (1837). — Caligula, tragédie en cinq actes et en vers (1837). — Paul Jones, drame en cinq actes (1838). — Mademoiselle de Belle-Isle, drame en cinq actes et en prose (1839). — L’Alchimiste, drame en cinq actes, en vers (1839). — Bathilde, pièce en trois actes, en prose (1839). — Quinze jours au Sinaï (1839). — À clé, suivi de Monseigneur Gaston de Phébus (1839). — Une année à Florence (1840) […] Jules Lemaître Il y a deux choses dans Charles VII : un drame d’amour qui semble directement inspiré d’Andromaque, quoique, peut-être, l’auteur n’y ait point songé, et un morceau d’histoire de France accommodé à la Dumas. […] Savoisy lui remontre avec éloquence que la France est perdue ; le petit roi répond d’un ton dégagé qu’il est venu pour chasser au faucon. […] » Puis il s’adresse à Agnès, et la bonne courtisane promet de rendre un roi à la France. […] Le dramaturge ne fait que réaliser une métaphore que vous trouverez, j’en suis sûr, dans plus d’un manuel de l’histoire de France : « Le roi s’endormait dans les bras de la mollesse ; le canon de l’étranger le réveilla enfin. » C’est l’histoire de France à l’usage des masses, tout en action, tout en vignettes, tout en reliefs, les traits grossis et forcés, avec de la générosité, du romantisme, du bric-à-brac, de la galanterie, du troubadourisme et même du sublime.

274. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

— mais d’un royaliste absolu et incompatible, qui croit à une vérité et qui ne veut pas que jamais — et quelles que soient les circonstances — cette vérité puisse mettre sa main pure dans la main souillée de l’erreur ; ce livre taillé à pic contre la révolution, les révolutionnaires, absolus comme l’auteur du livre est royaliste, le retourneront comme un argument formidable contre cette royauté détestée par eux, et que des secondes vues, aussi incertaines en France qu’en Écosse, croient voir poindre, comme un fantôme qui revient, à travers l’effrayante et vivante réalité que l’on appelle la République. […] contre la politique avouée du dernier descendant des Rois de France ; mais la vérité avant tout pour cette grande conscience de chrétien ! […] Il n’a rien omis de toutes les diverses déclarations du comte de Chambord, à ses amis en particulier et à tous les Français en masse, depuis 1848 jusqu’en 1879, et il a opposé au Syllabus, dont le prince reconnaît verbalement l’autorité souveraine, des opinions et des déclarations qui en sont la négation explicite ; et non seulement il a cité en détail ces paroles, qui sont déjà des actes, mais il a prouvé qu’avec l’éducation que le dernier des rois de France a reçue il devait nécessairement les prononcer. […] entre l’esprit monarchique et l’esprit révolutionnaire, dans laquelle il serait stipulé qu’il prend la France avec tout son inventaire révolutionnaire d’indépendances et de libertés, qui, d’ailleurs, ne trompent plus personne, tant elles nous ont de plus en plus précipités ! […] Le livre de Maurice de Bonald, écrit sans amertume, mais non pas sans tristesse, ne l’a pas été pour pousser à une solution ou à un changement immédiat dans la situation du comte de Chambord vis-à-vis de la France.

275. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ce qu’il faut reconnaître, c’est qu’il fit de son mieux pour servir le gouvernement et le monarque qui lui avaient remis leurs intérêts, et pour rendre à la France dignité et influence dans les conseils de l’Europe. […] Lorsque la tempête des trois Glorieuses éclata sur Paris, trop heureux de quitter la France, Talleyrand s’en vint en Angleterre. […] M. de Talleyrand, à la première occasion, revint en France sous prétexte de congé, et, de son château de Valençay, il envoya sa démission à Louis-Philippe (novembre 1831). […] Voir aussi le très judicieux portrait de M. de Talleyrand, comme l’un des ministres du cabinet du 13 mai 1814, dans l’Histoire du Gouvernement parlementaire en France, par M.  […] La date en est suffisamment indiquée par celle de la convention diplomatique qui fut signée à Londres entre la France, la Russie et l’Angleterre, en faveur de la Grèce, le 6 juillet 1827.

276. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

La France reste catholique, mais elle accepte des fils protestants. […] Un duel l’obligea de quitter la France vers 1605. Il était rentré en France en 1611, ayant vu la Hollande, outre l’Angleterre. […] La Popelinière donne en 1581 son Histoire de France depuis l’an 1550. Du Haillan fait imprimer en 1570 son Histoire de France (depuis les origines).

277. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il eut aussi, en 1853, de longs ennuis pour un court passage de son Abrégé de l’Histoire de France, relatif à la constitution civile du clergé. […] Il changeait ainsi de besogne, mais non de pensée, et ne quittait point le service de la France. […] C’est un ancien projet d’histoire de France qui l’avait conduit à écrire l’histoire de Rome et l’histoire de la Grèce. […] … La France peut succomber momentanément sous l’effort d’ennemis qui, depuis cinquante ans, se sont si bien préparés à l’assaillir. […] Il avait pour la France qu’il servit si bien le plus ardent amour, le plus religieux et le plus confiant.

278. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Pour ne parler que de la France, elle se retrouve toujours dans le drame et dans la chanson. […] Auber, en France, le prenait de haut avec le collaborateur de rencontre qu’il pouvait avoir pour les paroles. […] En Allemagne, Wagner ; en France, Mme Augusta Holmes, M.  […] Cette trêve dans les calamités de la France est malheureusement courte. […] La dernière, je crois, qui ait été édictée en France, date de 1704.

279. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Sur l’École française d’Athènes On a récemment parlé d’un projet qui honorerait à la fois le Gouvernement français et le Gouvernement grec : il s’agirait d’établir un lien régulier entre l’Université de France et la patrie renaissante des Hellènes, de mettre en rapport l’étude du grec en France avec cette étude refleurie au sein même de la Grèce, d’instituer en un mot une sorte de concordat littéraire entre notre pays latin et la terre d’Athènes. […] Nous estimons trop l’Université de France, nous avons une trop haute idée des esprits supérieurs, des maîtres illustres qu’elle a produits et qu’elle possède, et de ceux, plus jeunes, qui aspirent à les continuer, pour ne pas exprimer ici ce que nous croyons la vérité : l’Université n’a pas été sans préjugés et sans prévention dans l’étude du grec ancien et à l’égard de la Grèce moderne. […] Pourquoi, aux élèves qui se seraient signalés dans les concours d’architecture, ne joindrait-on pas quelques-uns des élèves sortant de l’École normale, qui auraient également mérité cette distinction, et qui se destineraient d’une manière plus spéciale à l’enseignement des Lettres grecques en France ? […] Le ministre de France à Athènes, M. 

280. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Bref, quand la dynastie parjure suscita contre elle par un coup insensé tout ce que le pays recélait de vigueur cachée et d’amertume dans ses reins et dans ses entrailles, il y avait en France un groupe d’hommes jeunes, professant en philosophie, en histoire, en littérature, en politique théorique, certaines doctrines réfléchies, certaines solutions déjà accréditées ; ces solutions, ces doctrines, ces hommes, se trouvèrent subitement mis à l’épreuve des choses, et confrontés, pour ainsi dire, à l’instant même, avec un résultat imprévu, immense, avec une révolution. […] Peut-être, après avoir parcouru ces Lettres, pensera-t-on qu’elles se rattachent à des études commencées, à un dessein général que je demande au temps la permission de poursuivre. » Les Lettres Berlinoises sont un dernier travail critique, un relevé analytique et pittoresque de la situation générale de la France après juillet, un hardi règlement de compte avec les hommes et les choses du passé, un déblaiement, en un mot, de ces débris sous lesquels nous sommes un peu plus écrasés qu’il ne conviendrait à des vainqueurs. La pensée inspiratrice de l’écrivain, ç’a été le besoin de venger la France, aux yeux de l’Allemagne éclairée, des calomnies de ceux qui la disaient méchante, des lâchetés de ceux qui la faisaient petite. […] « Si la France ne le comptait pas parmi ses citoyens, si M. de La Fayette était anglais ou américain, on ne manquerait pas de raisonnements et de raisonneurs pour établir que jamais un caractère si persévérant et si droit n’aurait pu s’élever et grandir en France, pays de la mobilité, terre toujours remuée et toujours ébranlée.

281. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Mais rentrons en France. […] Si souvent qu’on le prenne en faute, si nombreuses qu’aient été ses erreurs certaines et ses hypothèses téméraires — je m’en rapporte absolument aux gens compétents, — il reste que nous n’avons en France aucun travail synthétique qui se compare à ces deux ouvrages. […] Bernard (1813-1878). professeur au Collège de France. […] Il suivit les cours de l’Ecole des langues orientales et du Collège de France. […] Pasquier (1767-1852), maître des requêtes, puis conseiller d’État, et préfet de police sous l’Empire ; ministre et pair de France sous la Restauration ; président de la Chambre des pairs, chancelier et duc sous Louis-Philippe : Souvenirs, Plon, 1893-95, 6 vol. in-8 (en cours de public.).

282. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

C’est à ce titre qu’il fut appelé par le comte de Charny, grand écuyer de France et lieutenant général pour le roi au pays de Bourgogne, à un conseil secret tenu par ce seigneur, le surlendemain de la Saint-Barthélemy (26 août 1572). […] Toute cette première partie de la carrière parlementaire et politique de Jeannin est pour nous d’un intérêt secondaire, et a été éclipsée par la seconde moitié, dans laquelle il appartient non plus à sa province, mais aux affaires de la France et de l’Europe : il n’y arriva cependant que formé par ce long apprentissage. […] Le grand service que le président rendit à Mayenne, et dont celui-ci aurait dû mieux profiter, ce fut de l’éclairer au juste sur les intentions de l’Espagne et de Philippe II : les ministres et agents espagnols en France en avaient toujours fait mystère au duc, afin de se mieux servir de lui et de l’abuser. Philippe II, en envoyant des secours et en intervenant dans la Ligue par son or et par ses capitaines, le faisait-il pour la cause commune ou pour son profit direct, et pour prendre le trône de France soit en son propre nom, soit en celui de l’infante ? […] Le président Jeannin fut du parti de Henri IV ce jour-là ; il s’opposa à ce que l’héritage national dépérît entre les mains qui l’avaient en tutelle : de même qu’il s’était mis autrefois en travers de la Saint-Barthélemy, il fit obstacle cette fois au démembrement de la France.

283. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Romain Rolland a prétendu que son oeuvre s’« imposera par la violence du cœur, mais pas en France, pas en France d’abord, mais sûrement en Europe ». […] passe encore quand il s’agit d’étudier les relations de la France et de l’Angleterre ! […] La valeur spirituelle de la France maintient-elle encore ses prérogatives sur l’Europe ? […] Le droit prime tout en France. […] Moi, quand je reviens en France, je vois le Français juridique, je vois partout M. 

284. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Le 1er novembre, la reine donna à la France un héritier de la couronne : grand événement qui imposa au roi une obligation sérieuse ; c’était de nommer une gouvernante à ce précieux enfant, et de penser d’avance au gouverneur qui la remplacerait après la première enfance. Ces personnes auront à répondre à la France entière du dépôt qui leur sera confié ; et le monarque est en quelque sorte chargé de lui répondre de leur convenance. […] L’exemple de François Ier, celui des quatre successeurs de ce prince, celui de Henri IV, lui avaient persuadé que la France voyait sans scandale des maîtresses attitrées à ses rois, et regardait l’usage qui les avait introduites comme un dédommagement destiné à racheter ce qui manque à la liberté de leur choix quand ils se marient ; mais il n’oubliera pas ce qu’il doit à sa couronne dans le choix des personnes qui seront chargées d’élever son héritier. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que quatre mois ou environ après l’arrivée de Madame en France, vers le milieu de la grossesse de la reine, commença l’intimité du roi avec madame de La Vallière.

285. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Il fait restituer Dunkerque à la France, il contracte une triple alliance avec l’Angleterre et la Hollande contre l’Autriche. Il donne à la France le spectacle d’un carrousel, ou se déploie une magnificence sans exemple. […] Il donne dix-neuf professeurs au Collège de France ; il loge au Louvre les artistes illustres. […] Ces quatre hommes n’ont jamais été considérés que sous leurs rapports avec la gloire littéraire de la France, et avec celle des branches de l’art que chacun d’eux a le plus particulièrement cultivée.

286. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

L’Église de France est son Église, qui ne devra obéir au chef spirituel de Rome qu’autorisée et contrôlée par le chef temporel de Paris. […] Mais que font donc brigands et chevaliers en France ? […] Il a aimé la France et le peuple dans le roi Charles V : et c’est un sentiment national qui lui faisait réclamer Calais ou pleurer Du Gueselin. […] Les plus grands cris pour la paix, en faveur du peuple et de la France, partent de leur groupe. […] Il vient en France en 1364, visite l’Écosse en 1365.

287. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Estienne Pasquier, Recherches de la France, livre VII, chap. 8, 9 et 10], la solidité, la gravité, la dignité du fond. […] Pasquier, dans ses Recherches de la France]. […] Pasquier : Recherches de la France, liv.  […] XII et XIII ; et Histoire du Collège de France, t.  […] VIII]. — Il est nommé précepteur des enfants de France, 1554 ; — Grand aumônier, 1561 ; — et évêque d’Auxerre, 1570.

288. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Ainsi le second empire fit repasser au premier plan les questions politiques, et interrompit pour vingt-cinq ou trente ans en France le progrès des idées socialistes, si violemment déchaînées de 1830 à 1848. […] Prévost-Paradol841, normalien, esprit brillant, inquiet, ambitieux, entre aux Débats en 1836 : là, et dans le Courrier du Dimanche, il harcela l’empire autoritaire de son ironie hautaine, plus désagréable aux gouvernants que dangereuse aux gouvernements, si ce n’est qu’elle tournait l’opposition politique en volupté intellectuelle, chose toujours de conséquence en France. […] Paradol donna en 1868 un livre de la France nouvelle qui lit grand bruit : il y disait, avec une précision poignante de clairvoyance, la désorganisation et la faiblesse militaire de la France impériale, le conflit prochain et redoutable de la France et de l’Allemagne ; mais il voyait aussi, avec une douleur non moins profonde842, le mouvement démocratique qui emportait les masses, les aspirations égalitaires qui ne représentaient pour lui qu’une terrifiante anarchie. […] Il accepta le poste de ministre de France à Washington. Il se tua en juillet 1870 : de tout temps il avait, me dit-on, considéré le suicide comme un moyen de sortir des situations sans issue.Éditions : Du rôle de la famille dans l’éducation, 1857, in-8 ; les Anciens Partis, 1860, in-8 ; Quelques Pages d’histoire contemporaine, 4 séries. in-18, 1862-66 ; Études sur les moralistes français, 1864. in-18 ; la France nouvelle, 1868, in-18.A consulter : O.

289. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il est convenu en notre siècle que le peuple de France est mutin, remuant, indocile, incapable du calme et de la sagesse pratique que montrent ses voisins d’outre-Manche. […] N’y a-t-il pas en France de vrais Français portant des noms germaniques ? […] Qui pourrait dire le déluge de larmes dont la France fut alors inondée ? […] N’est-ce pas alors que le burlesque sévit en France comme une épidémie ? […] Histoire de France, vol. 

290. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

En France, où ils se sont multipliés d’une manière si prodigieuse, qu’on peut croire que leur nombre l’emporte sur celui de tous les autres pays de l’Europe, en France, pays salique, encore plus de mœurs que de monarchie, et où le mot de littératrice n’était pas français, les Bas-bleus, avant ces derniers temps, n’existaient presque pas. […] Or, cette espèce est très moderne en France et il a fallu les transformations successives par lesquelles nous sommes passés depuis la Révolution française, pour que des femmes qui n’étaient ni bossues, ni laides, ni bréhaignes, eussent l’idée de se mettre en équation avec l’homme, et que les hommes, devenus aussi femmes qu’elles, eussent la bassesse de le souffrir. […] Comptez combien il y a, en ce moment, de critiques en France qui n’aient déclaré sérieusement que Mme Sand est un génie ! […] À deux ou trois ans de la prédication saint-simonienne, parurent les premiers romans de Mme Sand qui firent tant de bruit et trouvèrent tant de feuilletonistes à leur service, évidemment parce que l’auteur était femme et femme en rupture de ban du mariage, un inappréciable avantage en France, ce pays de mauvais sujets ! […] Seulement le résultat de la chose, si elle arrivait, ne serait pas le même en France qu’en Amérique.

291. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

lui laver doucettement le bout des doigts… Disons-le à son éloge : l’auteur de Louis XV et sa famille n’est pas pour les incestes… Louis XV sort net de cela des mains de ce petit juge « bon humain », comme dirait Béranger… Seulement, s’il n’insulte pas malproprement Mesdames de France, en les racontant, H.  […] Comme cela le venge bien de tous ces siècles pendant lesquels ce sang a coulé pour la France, et glorieusement régné sur elle ! […] Le fond de son caractère est un composé de petites passions mesquines, de vanité blessée, d’ambition inassouvie ; et, pour finir ce portrait insolent pour la fille de France, qu’il calomnie en la peignant, par une insolence qui atteigne jusqu’au Carmel où elle va entrer et jusqu’à l’Église dont elle va devenir l’édification et la gloire, l’odieux singe de Michelet ajoute : « La dernière des filles de France à la cour, elle sera dans un monastère la première des carmélites de la chrétienté !  […] Là, pour ces nobles filles de France, sont les sources troublées de leur histoire, et il y a assez de limon dans ces sources pour que leurs ennemis délicieusement y pataugent. […] Elle fut enfin gaiement une sainte, comme on était, en France, gaiement un héros, du temps de Fontenoy !

292. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Si la France de 1815 avait eu un Homère, il aurait hésité à chanter les bleus ou les blancs. Tous étaient au même rang, tous aventureux, tous braves ; la fortune avait fait en France des vainqueurs et des vaincus, mais elle n’avait fait ni coupables ni lâches. […] Tel, vengeur de ses droicts, Charles brave l’Europe et fait dire à la France. […] parte icel cry de France, « Rien n’est tel qu’ung héroz soubz la pourpre des roys !  […] n’oyez quel son rendent échoz de France, « Rien n’est tel qu’un héroz soubz la pourpre des roys ! 

293. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

La pesanteur n’a pas de vogue en France, où la malice fut toujours une chose fine, hardie et légère. […] Nous l’avons vu, ce n’est pas la pensée, ce n’est point l’émotion, ce n’est pas la littérature : c’est la rhétorique… Mais en France, cela suffit. En France, ce pays positif, vous ne savez pas à quel point on l’aime ! […] En France, il y a de Serres, Royer-Collard, le président Dupin, et, en descendant (de combien de degrés ?) […] L’histoire de la tribune moderne est donc, en fin de compte, toute l’histoire moderne, dans un pays où il y a une tribune comme l’Angleterre et comme la France.

294. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Jaurès disait de la bourgeoisie, c’est de la France, quant à nous, que nous le pensons. Avec les programmes d’enseignement de 1902, la France s’est désarmée, elle s’est dépouillée, elle s’est découronnée. […] Mais, ce que je puis vous affirmer, c’est que l’affaiblissement de l’esprit — en France — vient moins de l’abolition des études au latin dans les collèges, que de l’affaiblissement de l’esprit provincial. […] La France contemporaine n’agonise-t-elle pas de cette hantise de la politique ? […] On y lit des études sur Shakespeare, sur les expositions artistiques de France, d’Allemagne, d’Italie, on y trouve des problèmes de mathématiques, etc.

295. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

C’est en France qu’a été inventée cette maxime, qu’il valait mieux frapper fort que juste. […] Mais en France, où l’on ne perd jamais le public de vue, en France, où l’on ne parle, n’écrit et n’agit que pour les autres, les accessoires pourraient bien devenir le principal. […] Nous n’envisageons guère en France la superstition que de son côté ridicule. […] Mais en France je ne crois pas que ce caractère eût obtenu l’approbation du public. […] La morale du théâtre en France est beaucoup plus rigoureuse que celle du théâtre en Allemagne.

296. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Il emprisonna ou fit périr sur l’échafaud plusieurs des amis de ce prince, le maltraita lui-même, l’obligea plus d’une fois, à force de persécutions, de fuir de la cour et de sortir de France, déclara tous ses partisans coupables de lèse-majesté, et fit ériger une chambre pour les proscrire. […] Il y avait des ministres, des généraux, des amiraux, des maréchaux de France ; il suit avec eux le même plan. […] Parmi les maréchaux de France, le maréchal Ornano, arrêté en 1636, meurt à Vincennes ; le maréchal de Marillac, après quarante ans de service, est décapité, sous prétexte de concussions, c’est-à-dire, comme il le disait lui-même, pour un peu de paille et de foin ; le maréchal de Bassompierre, un des meilleurs citoyens, est mis à la Bastille, en 1631, et y reste onze ans, c’est-à-dire, jusques après la mort du cardinal. […] Jamais il n’y eut en France autant de commissions. […] Il n’y a point de loi ; on déterre une vieille loi dans le code romain, rendue par des ministres despotes, sous deux princes imbéciles, employée une seule fois en France, sons un tyran.

297. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

A son retour en France, il est mûr, il est armé. […] En six ans (1718-1724), il va se faire reconnaître comme le plus grand poète tragique du temps, comme le seul poète épique de la France. […] Voilà encore une des expériences décisives qui fournirent à Voltaire ses idées sur le gouvernement de la France. […] Quand le duc de Maurepas termina son exil en 1729, Voltaire revint en France tout plein de ce qu’il avait vu, armé, excité. […] Il passa quelques mois cruels, fuyant la Prusse, exclu de Paris, osant à peine se risquer en France.

298. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

La France et ses alliés ne portent pas la responsabilité de la guerre. […] Donc défendons le socialisme en défendant la France.‌ […] A son passage à Petrograd, on lui offre de servir dans l’armée russe : il refuse, arrive en France, rentre dans le rang comme lieutenant, se bat sur l’Yser et partout avec le glorieux 20e corps. […] Les Français de religion protestante ont prouvé dans cette guerre qu’ils aimaient la France, le protestantisme et la justice du même amour : ils deviennent également chers à tous les Français. Les Français catholiques de l’an xiv ont démontré qu’ils aimaient la France, la justice et Jésus du même amour ; ils deviennent également chers à tous les autres Français.

299. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Mais, en France, le dix-huitième siècle n’avait pas été fécond en événements. […] En vain il s’était flatté de donner une épopée à la France. […] Qui entreprendrait l’histoire de la vanité en France, découvrirait bientôt une grande portion des causes de la révolution que la France a éprouvée. […] Mais ils ne trouvèrent point d’émules en France. […] La vieille France parle à son imagination ; la France de Louis XIV satisfait sa fierté ; la France du dix-huitième siècle occupe sa pensée, et la France des premiers jours de la révolution lui semble s’élever à la hauteur de l’éloquence et de l’enthousiasme des peuples libres.

300. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

C’est ainsi que nous fûmes reçus après avoir préservé le midi de la France de l’invasion espagnole ; j’en fus étonné et affligé, mais bientôt je me résignai. […] En rentrant en France par la Suisse, la 18e passe à Coppet : À mon passage, je fus assez heureux pour être agréable à M.  […] Par la manière dont il traite en Égypte les vieillards et les chefs de la loi, les notables habitants et le peuple, Bonaparte prélude à ce qu’il fera bientôt en France à l’égard de la religion et des croyances nationales. […] un maréchal de France, deux généraux luttant avec 300 jeunes conscrits pour la défense de la capitale du grand Empire, voilà ce qu’on aurait pu voir dans les rues de Belleville le 30 mars 1814 ! Ce dernier combat peint bien la campagne de France tout entière, et en est le digne couronnement.

301. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Vive la France !  […] Je ne parle pas de la France, car d’ici j’ai entendu ses applaudissements quand elle a connu mes succès de Nézib. ». […] Il exprima à l’empereur sa première pensée qui était de faire une courte visite en France. […] La mort du duc d’Orléans est une perte énorme, non seulement pour le père et pour la France, mais pour nous tous. Est il possible de compter sur une régence qui peut s’établir en France au moment ou rien ne sera encore préparé ?

302. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

La vieille France, après cette lecture, pouvait tendre la main à l’autre, sans se croire trop en reste de gloire et de martyre : Moscou et le Mans, la Bérésina et la Loire ! […] En France, vers 1820, des esprits éminents s’occupaient avec ardeur, chacun dans sa voie, de cette réforme considérable. […] M. de Gingins, à peine cité en France, est un de ces érudits qui, sans se soucier de l’effet vulgaire, poursuivent un résultat en lui-même, à peu près comme M. […] Ennemis héréditaires de la maison d’Autriche, amis incertains et très-récents de la couronne de France, les Confédérés avaient, au contraire, toujours trouvé dans la maison de Bourgogne une alliée sûre et fidèle. […] Quant à lui, dans ses retours et ses séjours en France, il maintient ce rôle honorable et affectueux qui fait oublier le politique et qui sied à l’ami des lettres.

303. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VII »

— les paysans et les ouvriers à ces bienfaits linguistiques, la France s’apercevrait un jour que ce qu’il y a de plus inutile en France, c’est le français. […] La France a été longtemps le peuple de l’Europe qui imposait sa langue ; un Français d’alors, comme un Anglais d’aujourd’hui, ignorait volontairement les autres langues d’Europe ; tout mot étranger était pour lui du jargon et quand ce mot s’imposait au vocabulaire, il n’y entrait qu’habillé à la française. […] Les « petits Français » seraient remplacés en France par des petits Anglais, par des petits Allemands ; ainsi chaque peuple, oubliant sa langue maternelle, irait patoiser chez son voisin : système excellent, grâce auquel les Européens, sachant toutes langues, n’en sauraient parfaitement aucune.

304. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Cette poésie descriptive italienne passa en France, et fut favorablement accueillie de Ronsard, de Lemoine, de Coras, de Saint-Amand, et de nos vieux romanciers. […] Ainsi, repoussée en France, la Muse des champs se réfugia en Angleterre, où Spencer, Waller et Milton l’avaient déjà fait connaître. […] D’Angleterre elle revint en France, avec les ouvrages de Pope et du chantre des Saisons. […] Delille a excellé, peut être aussi regardé comme le fondateur de la poésie descriptive en France.

305. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Ils y tiennent si fort que les nobles de Henri II envoient leurs fils en France pour les préserver des barbarismes. […] En tout pays français ou qui imite la France, le plus visible emploi des couvents est de fournir matière aux contes égrillards et salés. […] Comme il étale de la magnificence, et qu’il a importé le luxe et les jouissances de France, il veut que son trouvère les lui remette sous les yeux. […] Qu’est-ce qui amuse le peuple en France ? […] Considérez, au contraire, dit-il au jeune prince qu’il instruit, l’état des communes en France.

306. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Est-ce de ce manque que la France périt ? […] M. France a bien raison de dire par la bouche de M.  […] Bien lui a pris devenir en France à onze ans. […] » — « La France veut les Bourbons !  […] Il me semble qu’il a voulu dire : « “La France veut une religion ?

307. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

En Angleterre, on hait un homme pour un vice, pour une offense ; en France un pareil motif n’est pas nécessaire. […] C’est en cela que le penchant pour Shakspeare est bien plus dangereux en France qu’en Angleterre. […] C’est Voltaire qui a fait connaître Shakspeare à la France. […] Enfin, elle revint en France dans le siècle dernier, se perfectionna sous la muse de MM.  […] Où est la jeunesse de la France !

308. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Jules Soury en France. […] Il s’agit de la vie de la France. […] Prenez les Origines de la France contemporaine. […] Vous l’affirmez, et pour la France et hors de la France. […] Ne les laissons pas mourir si nous ne voulons pas que la France meure aussi !‌

309. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Les éloges funèbres que nous avons vu établir chez tous les peuples, ne furent connus en France que sur la fin du quatorzième siècle. […] Les hommes de lettres et les savants, qui commençaient en France à s’emparer de l’opinion et dirigeaient déjà la renommée, durent célébrer à l’envi le prince qui les honorait. […] Ce fut lui qui défendit Metz contre Charles-Quint, qui rendit Calais à la France, et combattit avec succès l’Espagne, l’Angleterre et l’Empire. […] Tous les éloges prononcés à Paris ou dans la France, en l’honneur de Charles IX, sont du même ton. […] On peut dire qu’il fut véritablement le héros de la France.

310. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il rentra en France dès 1796. […] Pendant ce temps-là on l’insultait en France. […] Chénier, avec approbation et aux dépens du concile national de France. […] pourquoi n’a-t-il point assis la France sur la base modérée du Consulat ? […] En repassant à Genève, peut-être au riez-vous emmené mon père en France.

311. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Pendant dix jours, la presse tout entière prépara l’opinion publique de France et d’Europe. […] Les organisations socialistes révolutionnaires de France et de l’Étranger, qui sont la partie consciente du prolétariat, ne s’étaient pas fait représenter aux obsèques de Victor Hugo. […] La bourgeoisie de France, mieux renseignée, voyait dans Victor Hugo une des plus parfaites et des plus brillantes personnifications de ses instincts, de ses passions et de ses pensées. […] Les chenapans qui, à l’improviste, s’étaient emparés du gouvernement, étaient si tarés, leur pouvoir semblait si précaire, que les bourgeois républicains balayés de France, ne crurent pas à la durée de l’Empire. […] La France républicaine a donné un mémorable exemple de cette politique raisonnable et agréable le jour qu’elle éleva au rang de sénateurs MM. 

312. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Mesnard et en voyant un magistrat éminent et un homme politique aussi distingué profiter de quelques moments de loisir pour traduire Dante comme autrefois l’on traduisait Horace, ma première pensée a été de me dire qu’il avait dû se passer en France toute une révolution littéraire, et qu’un grand travail s’était fait dans les portions les plus sérieuses de la culture intellectuelle et du goût. […] Telle était alors l’opinion, en France, des gens de goût. […] Cet écrivain laborieux et instruit, ayant été ministre de France à Turin sous le Directoire, y apprit à fond la littérature italienne et y amassa les matériaux du cours qu’il professa, et de l’ouvrage qu’il écrivit ensuite, sur ce sujet alors très nouveau. […] Sismondi, par son livre sur la Littérature du Midi, venait en aide, mais n’ajoutait pas à ce que disait Ginguené sur Dante, et d’ailleurs il n’avait qu’à demi un pied en France. […] Aujourd’hui en France, l’étude critique de La Divine Comédie, inépuisable dans le détail, est fixée quant à l’ensemble et a comme donné son dernier mot.

313. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Il étudia dans le Journal inédit d’un ambassadeur français à Londres (Hurault de Maisse) la politique d’Élisabeth à l’égard de la France et de Henri IV ; ce fut le sujet de sa thèse française. […] C’est une justice qu’on aime à se rendre en France, même entre adversaires. […] La graine n’en est jamais perdue en France. […] La France, qui est le premier et le plus sacré des principes, ne devrait jamais se perdre de vue. […] La pauvre France, en attendant, celle qui n’est ni romaine, ni anglaise, où est-elle ?

314. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Elle avait une liberté de langage qui n’était pas toujours tournée contre la France et contre son glorieux chef ; elle disait un jour à notre ambassadeur, à la date d’avril 1803 : « Assurément, il me serait pardonnable de ne pas aimer Bonaparte ; eh bien ! […] Édouard Lefebvre, ne se faisait point illusion sur le caractère de la reine : il savait combien était profonde son aversion pour la France, quelle témérité elle portait dans la direction de sa politique ; mais elle était mère : il pensait qu’à ce titre elle pourrait se laisser toucher. […] Gœthe me faisait en Allemagne les honneurs de la France. […] Dans les dernières années de la Restauration, les attachés du ministère furent invités à traiter chacun dans un mémoire la question des alliances naturelles de la France : ce fut le travail de M.  […] Bignon qui, dans les IXe et Xe volumes de son Histoire de France sous Napoléon, devait traiter du même sujet ; il avait voulu prendre date.

315. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Son mari était pair de France. […] L’aînée de ses filles, jeune personne très-jolie et très-intéressante, avait été demandée en mariage par un vieux gentilhomme riche de l’Est de la France. […] Il était camarade des pages et ami du jeune Raigecourt ; Raigecourt devait être riche et pair de France après la mort du marquis. […] Je n’étais pas en France pendant ces journées, je n’y rentrai que quelques jours après. […] Ce fut lui qui, dans la nuit fameuse du 7 août, commença cet abatis de priviléges, ce défrichement de la France qui la rendit invincible.

316. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Les philosophes anglais, connus en France, ont été l’une des premières causes de cet esprit d’analyse qui a conduit si loin les écrivains français ; mais, indépendamment de cette cause particulière, le siècle qui succède au siècle de la littérature est dans tous les pays, comme j’ai tâché de le prouver, celui de la pensée. […] La liberté des opinions a commencé, en France, par des attaques contre la religion catholique ; d’abord, parce que c’étaient les seules hardiesses sans conséquence pour l’auteur, et, en second lieu, parce que Voltaire, le premier homme qui ait popularisé la philosophie en France, trouvait dans ce sujet un fonds inépuisable de plaisanteries, toutes dans l’esprit français, toutes dans l’esprit même des hommes de la cour. […] Aucun homme ne pouvait, mieux que Voltaire, profiter de cette disposition des nobles de France ; car il se peut que lui-même il la partageât. […] Mais si l’art social atteint un jour en France à la certitude d’une science dans ses principes et dans son application, c’est de Montesquieu que l’on doit compter ses premiers pas. […] La révolution permet-elle à la France tant d’émulation et tant de gloire ?

317. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Introduction du Protestantisme en France. […] cette espèce de Robert Macaire héroïque à qui la France, qui aime à rire, a passé ses duplicités et ses manquements de foi et de sincérité, comme si c’étaient des plaisanteries. Mais si Segretain, comme je le crois, a bien vu dans Henri, par-dessous les gasconnades du protestant, le catholique par le tempérament, par le sens pratique, par la connaissance qu’il avait des instincts du génie et du passé de la France, sa faute, que Segretain et les catholiques absolus lui reprochent, est d’autant plus grande et devient à peu près incompréhensible ! […] L’admirable histoire des rapports de Sixte avec Henri IV, avec l’Espagne, avec la France, avec la Ligue, est racontée par le nouvel historien, et ces rapports sont, hélas ! […] Que surtout les ennemis du catholicisme apprennent d’un homme qui ne déclame point une seule fois, qui ne crie point et qui s’est peut-être comprimé le cœur pour ne pas crier, en écrivant ces choses désespérées qui, pour lui, sortent de son livre ; qu’ils apprennent ce que fut ce Sixte-Quint qui aima la France, et même Henri IV, mais qui sut résister à Henri, à la France, à la Ligue elle-même, à l’Espagne, la catholique Espagne, qu’il finit par impatienter, — car, chose curieuse !

318. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Mais en France, c’est un talisman. Michelet l’a pensé comme nous ; Michelet n’a pas toujours feuilleté l’Histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie que, sur cette vieille terre du Vaudeville et de la Galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations. Michelet sait donc à merveille de combien de bonnets de femmes se compose, en France, l’opinion publique. […] et ce fut ainsi que se réalisa une fois de plus le beau mot de Balzac l’ancien sur la France : « La France est un vaisseau qui a pour pilote la tempête. » Évidemment, en présence de ces événements et de ces immensités, l’écrivain peut se tenir dispensé du maigre travail des biographies, ou, s’il lui plaît d’en faire encore, ce ne doit pas être pour mesurer la grandeur des hommes, mais pour montrer leur petitesse, et la montrer avec l’implacable exactitude d’un niveau. […] Ainsi Théroigne de Méricourt, Théroigne, à propos de laquelle Michelet ne craint pas de dire, page 113 : « Entourée d’amants en Angleterre, elle leur préférait un chanteur de chapelle italienne, laid et vieux, qui la pillait et vendait ses diamants, et en France… » Nous ne pouvons achever la citation sur cette touchante Théroigne, la meurtrière de Suleau, et qu’on pourrait appeler aussi l’ange de l’assassinat, puisque le mot est consacré !

319. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Voici un historien froid comme un officier d’artillerie faisant des études sur le salpêtre qui a failli faire sauter la France, et qui nous apprend de quels abominables éléments ce salpêtre de nouvelle espèce était composé. […] Et la France du temps de Robespierre, et la Convention, et même l’Europe, ne furent point de l’avis de Michelet dans sa fausse histoire. […] En action historique, les idées générales, les influences sociales ont besoin d’un homme… Quoique la France fût éperdue d’égalité, à cette heure maudite, et qu’elle eût commencé déjà le nivellement par l’échafaud, elle n’en reconnut pas moins la supériorité et la souveraineté de l’homme qui, à un jour donné, avait créé cette chose inouïe, universelle et compacte, qui s’étendit tout à coup sur la France entière comme une voûte qui ne permettait plus de respirer, et qu’on appela du même nom que le sentiment dont elle transissait les âmes : la Terreur ! […] Mais le temps que cela dura, Robespierre, le petit avocat d’Arras, le petit bourgeois, la petite âme et le petit esprit, fut le dictateur de la France, comme, à Rome, l’avait été Sylla… Il faut demander pardon à la mémoire de Sylla de citer son nom, même en passant, quand il s’agit de Robespierre ; mais comment se priver de l’éclair du contraste ? […] Il l’a ouverte aussi, cette petite tête vaniteuse et vipérine, grosse et verdâtre comme un œuf de canard, et il a montré que cette tête n’avait qu’une pincée de cervelle, et qu’en fin de compte cet homme, colossalisé par ses crimes et par les partis, cet homme — la terreur de la France ! 

320. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Et pourtant, malgré tous ces motifs de sécurité, je ne trouve pas le caractère germanique à ce livre de l’Hygiène de l’âme, à ce petit traité, gros comme rien et clair comme un verre d’eau, dont le succès, en France, ne m’étonnerait pas, — car, en France, on aime tant la clarté, qu’on aime même celle des verres vides !  […] Il a poussé l’utopie (mais par là il est vrai qu’il se retrouvait Allemand) jusqu’à vouloir être le Franklin d’un Bonhomme Richard médical, et, quoiqu’il n’eût pas la brouette de Franklin, son livre n’en a pas fait moins rondement le tour de l’Allemagne, pour, après l’avoir fait, nous arriver en France, où tous les niais à surprise, ravis de voir un Allemand si peu Allemand, et tous les petits Voltaires du truism, vont lui préparer le plus bel accueil. En France, vous trouvez, pour peu que vous soyez étranger, aussi facilement des critiques que des commissionnaires pour porter vos paquets. […] Mais en France, où nous sommes juges d’idées, si nous ne sommes pas juges d’expression, nous avons véritablement le droit de nous demander, après avoir lu le livre qu’on vient de traduire, quel motif peuvent avoir des critiques français pour se mettre en dépense d’articles et faire une renommée à cette chosette ? […] M. le docteur de Feuchtersleben, c’est le Platon du spiritualisme multiplié par Jocrisse, mais par Jocrisse qui aurait passé de France en Allemagne, qui y aurait pris des lettres de naturalité, puis y aurait gagné des lettres de noblesse, et y serait enfin devenu M. le baron de Feuchtersleben.

321. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Théodore de Banville aura fait partie de cette brillante Heptarchie de poètes qui ont régné sur la France vers le milieu de ce siècle et dont on ne voit point les successeurs… Lui seul des sept — les sept chefs devant Thèbes, mais Thèbes écroulée, car maintenant la Poésie n’est plus !  […] Il y a une Muse qui ne descend pas du ciel, celle-là, mais qui sort du sang de la France et vient mettre sa pâle, main divine et blessée sur l’épaule rose divine d’une autre Muse invulnérable. […] L’auteur des Funambulesques s’amusait alors à la bagatelle, comme toute la France, et cependant, quelques années plus tard, il devait être non pas son Tyrtée, hélas ! à la France, — car Tyrtée conduisait les Lacédémoniens à la victoire, — mais son Kerner aussi, son Kerner qui rappellerait à la Prusse victorieuse la Prusse vaincue, et pour qu’il fût dit que les deux pays, analogie singulière ! […] que l’amour de la France.

322. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Les Médicis, ces citoyens presque couronnés de Florence, venaient d’en être exilés pour avoir préféré l’appui de l’Espagne à l’alliance de la France. […] La France y laisse tomber les puissances faibles et secondaires, la Toscane, Parme, Modène, les États romains, bientôt Naples ; elle y introduit un prince très puissant déjà, le roi de Sardaigne, et l’Angleterre, alliée désormais de la maison de Savoie, au détriment de la France ; elle n’y fonde aucun patronage français sur aucune partie de l’Italie. […] La France, conclut-il, a donc perdu son influence en Italie pour ne s’être conformée à aucune des règles de ceux qui veulent conserver une possession. […] Ces papes implorent contre les Lombards les secours de la France, victorieuse, sous Charles-Martel, des Sarrasins. […] La coalition monarchique de la France, de l’Angleterre, de l’Autriche, de la Prusse et de la Russie, se prononça au congrès de Laybach contre le carbonarisme de l’Italie.

323. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

La France des bataillons scolaires, des sociétés de gymnastique, des lycées de filles ne sera bientôt plus la France du second empire, qui était sûrement bien différente à Paris et au fond du Morbihan. […] Edgar Poe est considéré en Angleterre et en Amérique comme une sorte de Gaboriau sinistre : en France seulement il a trouvé un traducteur comme Baudelaire, des admirateurs fervents. […] A l’heure présente, la musique, la peinture, la littérature en France comprennent les triomphateurs les plus divers. […] Le Pilgrim’s Progress et les Chansons de Béranger sont significatives de l’Angleterre de la fin du XVIIe siècle et de la France de 1830. […] Ce portraitiste et peintre d’histoire sera directeur de l’Académie de France à Rome pendant la Troisième République.

324. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Plus tard, lorsqu’après être allé étudier en Suisse, il revint en France en qualité de ministre de l’Évangile, la première nouvelle qu’il apprit en remettant le pied dans sa patrie fut l’exécution du ministre Rochette, condamné à mort par le Parlement de Toulouse, pour avoir fait la cène, baptisé et marié des protestants ; il ne recula pas néanmoins devant le péril de son ministère, et se mit à prêcher dans les campagnes. […] Venu pour réclamer au nom des protestants l’état civil, il l’obtint en 1787 ; mais déjà c’était la France qui réclamait l’état civil pour elle-même. […] Quelques nuages se promènent encore sur le ciel de la France  ; mais la Constitution est faite, la masse de la France est assise … Illusion naïve du savoir et de la vertu, qui fait sourire en même temps qu’elle attriste, illusion de tous les temps, de tous les lieux, de tous les hommes, la nôtre aussi, toutes les fois qu’il nous arrive de juger le passé d’hier avec nos idées du réveil et de croire y lire l’éternel avenir !

325. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

. — France… d’abord ! […] C’est toute une guirlande de beaux vers tressés pour le front meurtri de la France par le poète patriotique qui devait faire mieux encore dans sa Fille de Roland et dans son Attila. […] Car, bien que peut-être le mot de France y revienne un peu trop souvent à l’hémistiche ou à la rime, il n’y a rien, dans la Fille de Roland, de ce patriotisme de réunion publique et de café-concert qui force si grossièrement l’applaudissement de la foule et dont les déclamations sont si cruelles à entendre. […] Lucien Muhlfeld Cette aventure (France… d’abord !)

326. (1933) De mon temps…

C’était là que France recevait les hommages de ses fidèles et se prêtait à l’admiration de ses fervents. […] Ces petits froissements se dissipaient à table, car France était gourmand. […] C’est un France vieilli, le France des derniers temps de sa vie. […] Depuis plusieurs années, France s’abstenait de paraître aux séances de la Compagnie et de prendre part à ses votes. […] Lefebvre de Behaine, qui fut ambassadeur de France a Rome.

327. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

L’ambassadeur de France surprit ce geste et transmit à sa cour l’indignation qu’il en ressentit. […] Bientôt la reine épousera Bothwell ; elle a bu toute honte : « Peu m’importe, disait-elle hier, que je perde pour lui, France, Écosse, Angleterre ! […] L’ambassadeur de France en avait entendu le bruit. […] Je meurs pour la foi et dans la foi catholique ; je meurs amie de l’Écosse et de la France. […] » « Les filles d’honneur de la reine et ses serviteurs l’ensevelirent et réclamèrent son corps pour le transporter en France.

328. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

C’est la pauvre France d’aujourd’hui. […] la république vient de signer la capitulation de la France. […] On apprenait sa France par échantillons. […] Est-ce que j’ai rien en moi qui ne me vienne de la France ? […] Pauvre France !

329. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Eh bien, à côté du tableau de ce bal, où les prétentions les plus frivoles ont mis la vanité dans tout son jour, c’est dans le plus grand événement qui ait agité l’espèce humaine, c’est dans la révolution de France qu’il faut en observer le développement complet : ce sentiment, si borné dans son but, si petit dans son mobile, qu’on pouvait hésiter à lui donner une place parmi les passions ; ce sentiment a été l’une des causes du plus grand choc qui ait ébranlé l’univers. […] Mais c’est dans la marche intérieure de la révolution, qu’on peut observer l’empire de la vanité, du désir des applaudissements éphémères, du besoin de faire effet, de cette passion native de France, et dont les étrangers, comparativement à nous, n’ont qu’une idée très imparfaite. — Un grand nombre d’opinions ont été dictées par l’envie de surpasser l’orateur précédent, et de se faire applaudir après lui ; l’introduction des spectateurs dans la salle des délibérations a suffi seule pour changer la direction des affaires en France. […] Bientôt après le règne de la terreur, on voyait la vanité renaître, les individus les plus obscurs se vantaient d’avoir été portés sur des listes de proscriptions : la plupart des Français qu’on rencontre, tantôt prétendent avoir joué le rôle le plus important, tantôt assurent que rien de ce qui s’est passé en France ne serait arrivé, si l’on avait cru le conseil que chacun d’eux a donné dans tels lieux, à telle heure, pour telle circonstance. Enfin, en France, on est entouré d’hommes, qui tous se disent le centre de cet immense tourbillon ; on est entouré d’hommes, qui tous auraient préservé la France de ses malheurs, si on les avait nommés aux premières places du gouvernement, mais qui tous, par le même sentiment, se refusent à se confier à la supériorité, à reconnaître l’ascendant du génie ou de la vertu. […] La vanité est l’ennemie de l’ambition ; elle aime à renverser ce qu’elle ne peut obtenir ; la vanité fait naître une sorte de prétentions disséminées dans toutes les classes, dans tous les individus, qui arrête la puissance de la gloire, comme les brins de paille repoussent la mer des côtes de la Hollande : enfin, la vanité de tous sème de tels obstacles, de telles peines dans la carrière publique de chacun, qu’au bout d’un certain temps le grand inconvénient des républiques, le besoin qu’elles donnent de jouer un rôle n’existera, peut-être, plus en France : la haine, l’envie, les soupçons, tout ce qu’enfante la vanité, dégoûtera pour jamais l’ambition des places et des affaires ; on ne s’en approchera plus que par amour pour la patrie, par dévouement à l’humanité, et ces sentiments généreux et philosophiques rendent les hommes impassibles, comme les lois qu’ils sont chargé d’exécuter.

330. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

in-12. par M. d’Anville, le plus habile Géographe de la France. […] Nous avons beaucoup de voyages de France, d’Italie, de Grèce ; mais celui-ci n’a presque rien de commun avec ceux que nous connoissons. […] Les pays qui nous intéressent le plus sont la France, l’Angleterre, l’Espagne & l’Italie. Piganiol de la Force a donné une description historique de la France qui laisse peu à désirer. […] Le grand Dictionnaire géographique de la France de M.

331. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

M. Anatole France a vu très juste. […] M. Anatole France. […] M. Anatole France. […] M. Anatole France. […] Naples a inventé Polichinelle, la France est digne d’inventer pis.

332. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Il s’étoit flatté que son ouvrage ne seroit pas défendu en France ; cependant il le fut, parce que l’on prétendoit qu’il renfermoit des semences d’erreur. […] Castillon, sont les auteurs de cet ouvrage, auquel on fait en France, comme dans les pays étrangers, un accueil très-favorable. […] Nous en avons en effet beaucoup en France ; mais il est bon d’avertir les jeunes gens que des extraits de livres ne forment pas plus le véritable homme de lettres, que des lambeaux de différentes étoffes ne feroient un habit convenable. […] Ces rélations des affaires publiques, inventées en France en 1631. par le Médecin Théophraste Renaudot, sont très-multipliées aujourdhui en Europe. […] La Gazette de France s’est toujours préservée de ce défaut.

333. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Ce n’est pas sans peine qu’il consent d’estimer un artisan né dans le même païs que lui, autant qu’un artisan né à cinq cens lieuës de la France. […] Or, nous vivons en France dans une suite continuelle de plaisirs ou d’occupations tumultueuses qui ne laissent presque point de vuide dans les journées et qui nous tiennent toujours ou dissipez ou fatiguez. […] Le Poussin que nous vantons tant aujourd’hui, fut mal soutenu par le public lorsque dans ses plus beaux jours il vint travailler en France, mais quoi qu’un peu tard, les personnes désinteressées et dont l’avis est conforme à la verité se reconnoissent, et prenant confiance dans un sentiment qu’elles voïent être le sentiment du plus grand nombre, elles se soulevent contre ceux qui voudroient faire marcher de pair deux ouvriers trop inégaux. […] Comme nous avons vû en France plus de poëtes excellens que de grands peintres, le goût naturel pour la poësie a eu plus d’occasions de s’y cultiver que le goût naturel pour la peinture. […] La plûpart des jeunes gens fréquentent les théatres en France, et sans qu’ils y pensent, il leur demeure dans la tête une infinité de pieces de comparaison et de pierres de touche.

334. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Il ne le fut pas qu’en Espagne, il le fut en France, en Angleterre, en Italie, en Allemagne, dans les Flandres, partout ! […] Dans un temps où l’on n’avait pas vu que Mayenne, — le dernier des Guise, de toutes les manières, — mais le grand Guise lui-même, le magnifique Balafré, le charmeur de la France, recevoir vingt-cinq mille écus par mois du roi d’Espagne, non pour les besoins de son parti, — ce qui eût été légitime, — mais pour les besoins de sa maison, de son luxe et de sa personne ; quand les plus grands seigneurs de France tendaient leurs mains gantées d’acier, et les évêques leurs mitres de soie, à l’argent du roi d’Espagne qui y tombait ; quand partout, dans l’abominable politique du temps, il n’y a que gens qui se marchandent, espions tout prêts qui se proposent, assassins qui s’achètent, la Ligue ne fut pas plus innocente que les autres des vices qui dévoraient son siècle, et elle y ajouta le sien, qui était d’être une Démocratie… Philippe II fut ruiné, du reste, avant d’avoir acheté la France, et les victoires d’Henri IV firent le reste. […] Henri IV, dit Forneron, et il l’en loue, ne voulut pas qu’il y eût en France désormais quelqu’un de plus catholique que lui… Et ce simple mot dit à quel point nous étions vaincus.

335. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

De tels efforts pour conquérir cette liberté de la presse, qui représente et donne toutes les autres libertés, méritent l’entière sympathie de la France et font partie de sa propre cause. […] Bœrne était accouru en France au premier bruit de notre révolution de juillet ; il a vu notre cocarde tricolore dans l’éclatante fraîcheur de sa renaissance, nos pavés encore mouvants, notre drapeau non encore sali. […] Bœrne une jeunesse naïve qu’on envie ; il est heureux d’admirer la France, de l’offrir en exemple à son pays. […] Dans les observations relatives à la France, on pourrait relever aussi quelques jugements inexacts et légers.

336. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Cela peut être un ingénieux paradoxe au service de ceux qui veulent glorifier à la fois la France sous deux formes : la force et l’idée ; mais cela ne sera jamais une vérité historique. […] Elle frémit tout entière après Iéna, plus encore qu’après Austerlitz, car après Austerlitz la confiance dans l’armée prussienne restait du moins aux ennemis de la France. […] C’était une violence contre la nature des choses qui ne pouvait, comme toutes les violences de cette nature, aboutir qu’à l’impuissance et à la ruine de la France. […] Thiers restera dans toutes les langues le plus beau volume de l’histoire moderne d’Espagne et de France. […] À l’exception de la guerre d’Espagne, lèpre systématique qui rongeait la force militaire de la France, le moment était assez bien choisi par Napoléon pour accomplir ce rêve.

337. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

C’est un fait ; nous n’y pouvons rien ; Dieu et la force des choses nous ont donné la France ainsi constituée. […] Il n’y a donc pas à hésiter entre les services et les dangers de l’armée en France. S’il faut que quelque chose soit exposé, il vaut indubitablement mieux que ce soit un mode de gouvernement de la France que la France elle-même. […] Les actions viriles n’ont rien perdu, en France, de leur vigueur antique. […] Marchez et combattez les excès, la France est avec vous ! 

338. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Tournons les yeux présentement sur ce qui s’est passé en France, par rapport à la poësie comme à la peinture. […] C’est précisement ce que nous avons vû arriver en France. […] L’orfévrerie en grand et en petit, enfin tous les arts qui relevent du dessein sont plus parfaits en France que par tout ailleurs. […] Nous avions en France une scéne tragique depuis deux cens ans quand Corneille fit le cid. […] N’est-ce pas durant la guerre que les lettres et les arts ont fait en France leurs progrez les plus grands ?

339. (1924) Critiques et romanciers

M. France les mêmes reproches qu’à Jules Lemaître : et la réponse de M.  […] M. France ? […] M. France. […] M. France. […] M. Anatole France.

340. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). […] Il n’y a en France, à cette date, de direction ni dans les armées ni dans le cabinet. […] France et Autriche, traiter le lendemain et sous le coup d’une double défaite ! […] La situation cependant, du côté de la France, empirait de jour en jour. […] La pensée de Bernis incline toujours vers la paix ; le retour de Choiseul en France et son entrée au cabinet doivent être marqués ou pour conclure cette paix, si on en trouve le moyen, ou pour soutenir plus énergiquement la guerre, si cette seule voie est ouverte.

341. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

L’on commence à penser les grandes choses à la guerre, mais pour les secrets de l’exécution, il faut en revenir à de grands détails, même à des choses qui mériteraient presque être traitées de minuties… » La fin de l’année 1693 avait été signalée en France par une crise d’argent, une disette et une misère extrêmes. […] À la fin, pressé par tous les bouts, après avoir bien marchandé et chicané, le duc de Savoie capitula ; il remercia ses alliés espagnols et allemands, leur fit des adieux un peu ironiques en leur souhaitant de bons quartiers d’hiver, mais hors d’Italie, et se tourna du côté de la France. […] L’hiver approchait ; Catinat, sa dette au devoir payée, quitta peu après l’armée et revint en France. […] On sait aussi par Bayle une partie des propos qui coururent dans le public, en France et hors de France, au sujet de la disgrâce de Catinat. […] Les malheurs de la France l’affligeaient, et, pour mieux en prendre sa part, il ne réclamait plus ses pensions et traitements.

342. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il visita la Hollande, l’Italie, la France. […] Lord Chesterfield avait tout d’abord pensé à la France pour dégourdir son fils et pour lui donner ce liant qui plus tard ne s’acquiert pas. […] Lord Chesterfield a bien senti le sérieux de la France et tout ce que le xviiie  siècle portait en lui de fécond et de redoutable. Selon lui, « Duclos, dans ses Réflexions, a raison d’observer qu’il y a un germe de raison qui commence à se développer en France. […] Il en écrivait davantage à ses amis, même à ceux de France.

343. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

La France, au moment où elle parut, était aussi bas que possible. […] Ces conseils, c’était de se bien conduire, de fréquenter l’église, et aussi d’aller en France. […] La voix ne cessait de répéter à la jeune fille qu’il lui fallait aller à tout prix en France ; elle le lui redit surtout à dater du jour où les Anglais eurent mis le siège devant Orléans, ce siège dont l’issue tenait alors en suspens tous les cœurs. […] Ce qui est touchant et vraiment sublime, c’est que l’inspiration première de cette humble enfant, la source de son illusion si peu mensongère, ce fut l’immense pitié qu’elle ressentait pour cette terre de France et pour ce Dauphin persécuté qui en était l’image. […] Le roi dut forcer la main au pape, et Jeanne, qui avait tant de vertus et de qualités requises pour être canonisée sainte comme on l’entendait en ces âges, ne fut jamais que la Sainte du peuple et de la France, la Sainte de la patrie.

344. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Né vingt-cinq ans avant Goethe, Grimm appartenait à cette génération antérieure au grand réveil de la littérature allemande, et qui essayait de se modeler sur le goût des anciens, ou des modernes classiques de France et d’Angleterre. […] Ainsi maître de la langue, lancé dans les meilleures compagnies, armé d’un bon esprit et muni de points de comparaison très divers, il se trouvait aussitôt plus en mesure que personne pour bien juger de la France. […] Diderot continue d’être en France le côté allemand de Grimm. […] Les cours d’Allemagne avaient alors les regards tournés vers la France ; les souverains visitaient Paris incognito, et, de retour ensuite dans leur pays, ils voulaient rester au courant de ce monde qui les avait charmés. […] Grimm, d’ailleurs, était hors de France pendant la très grande partie du séjour de Rousseau à l’Ermitage (1756-1757) ; il avait perdu son ami le comte de Friesen, enlevé dans la fleur de la jeunesse, et le duc d’Orléans s’était chargé de sa fortune.

345. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Parmi les étrangers célèbres qui se naturalisèrent en France au xviiie  siècle, aucun n’eut plus d’influence, et une influence plus directe sur nos destinées, que M.  […] Necker, dont la fortune était faite, s’était retiré de la banque à ce moment ; il était devenu ministre de la république de Genève auprès de la cour de Versailles, et il visait plus haut : il aspirait à une carrière politique en France. […] Dès les premières phrases, on se sent jeté dans une langue toute nouvelle, qui n’est ni celle de Voltaire ni celle de Rousseau, dans une troisième langue qui finira par s’introduire et par s’accréditer en France, par s’y perfectionner même, mais qui n’en était encore qu’à ses premiers tâtonnements : Il est des hommes, disait en commençant M.  […] Mais, à l’époque de son premier ministère, l’opinion publique en France, dans la haute société, semblait une reine sans tache, et à laquelle un homme d’État, qui voulait le bien, n’avait, pour marcher droit, qu’à se confier sans réserve. […] M. de Vergennes, dans un mémoire confidentiel adressé au roi, s’attachant à définir l’espèce de calme, si difficile à ménager, dont jouissait alors la France, le caractérisait en ces mots : « Il n’y a plus de clergé, ni de noblesse, ni de tiers état en France ; la distinction est fictive, purement représentative, et sans autorité réelle.

346. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

On songe, le cœur serré, aux vieilles baraques paysannes de France, en bois, joyeuses et noires, avec des vignes. […] Ces encouragements aux lettres n’appauvrissaient pas Louis XIV au point de le priver du plaisir de donner, par exemple, en une seule fois, deux cent mille livres à Lavardin et deux cent mille livres à d’Épernon ; deux cent mille livres, plus le régiment de France, au comte de Médavid ; quatre cent mille livres à l’évêque de Noyon, parce que cet évêque était Clermont-Tonnerre, qui est une maison qui a deux brevets de comte et pair de France, un pour Clermont et un pour Tonnerre ; cinq cent mille livres au duc de Vivonne et sept cent mille livres au duc de Quintin-Lorges, plus huit cent mille livres à monseigneur Clément de Bavière, prince-evêque de Liège. […] En 1609, pendant que la magistrature de France, donnant un blanc seing pour l’échafaud, condamnait d’avance et de confiance le prince de Condé « à la peine qu’il plairait à sa majesté d’ordonner », il fit Troïlus et Cressida. […] Ce n’était plus le temps de la république ; le temps où Cromwell prenait le titre de Protecteur d’Angleterre et de France, et forçait ce même Louis XIV à accepter la qualité de Roi des Français. […] La moquerie commença en France et l’oubli continua en Angleterre.

347. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

La conséquence assez claire de ces principes, c’est que la France n’avait pas de théâtre, pas plus que d’épopée. […] En France, elles ont un rapport étroit avec la conception même de notre drame. […] Enfin dans ce magnifique Discours sur l’Histoire universelle, fait à l’usage d’un prince moderne et d’un prince français, il ne manque que deux petites choses : l’histoire moderne et l’histoire de France. […] Il a fallu la Révolution pour donner à la France le souci du passé et le sentiment de la tradition française. […] La philosophie faisait table rase avec Descartes de tout le passé, la tragédie cherchait des héros dans la fable antique, dans l’histoire turque ou romaine, jamais en France.

348. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Avant 1789, il y avait en France une Constitution à améliorer ; après la Révolution française et l’Empire, il y avait à trouver une Constitution pour la France. […] Vive donc la France ! […] Tout de même, depuis Henri IV, c’est la France que les Français aimaient dans leurs rois. […] Du premier bond, la France passait de la monarchie absolue à la Convention. […] La France, de 1788 à 1790, n’a fait que changer d’absolutisme.

349. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

On était en plein exil alors, et aucun moyen, même détourné, de rentrer en France ne semblait à dédaigner. […] Elle témoigne de sentiments aussi honorables pour vous qu’ils sont agréables pour moi ; puisque, suivant votre expression, la nouvelle fortune de la France est venue vous chercher, jouissez des faveurs qu’elle vous donne : elles ne sauraient être mieux placées que dans des mains aussi reconnaissantes que les vôtres. […] Comme vous, je déplore la suspension des bons rapports entre la Russie et la France, qui vient de s’accomplir, malgré tous les efforts que j’ai faits pour ouvrir les voies à une entente amicale. En voyant l’avénement de l’Empire en France, je me plaisais à espérer que le retour de ce régime pourrait ne point entraîner, comme une conséquence inévitable, celui d’une lutte de rivalité avec la Russie, et d’un conflit à main armée entre les deux pays. […] La princesse, mariée en Italie en 1840 avec la qualité de Française et les droits qui lui avaient été, comme telle, reconnus et pleinement rendus par le gouvernement français d’alors (disons-le à son éloge), put revenir en France dans le courant de l’année 1844.

350. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

M. Anatole France les questions que voici : Que pensez-vous que doive être la littérature de demain ! […] On n’avait encore rien vu de pareil en France, et il serait curieux de rechercher les causes qui les ont produits et déterminés. […] M. Anatole France achevait sa lettre par ces conseils aux jeunes écrivains : Soyons simples, enfin. […] M. Anatole France les tentatives et les tendances de la génération nouvelle, d’indiquer sommairement ce qu’il y a de très sincère et de très grave sous tant d’audaces, d’obscurités, voire d’excentricités, et comment la logique même de notre histoire littéraire devait amener l’évolution actuelle. […] M. Anatole France Monsieur, Vous avez honoré d’une réponse publique la lettre que je vous avais adressée à propos de questions littéraires nouvelles.

351. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Histoire des Pyrénées Cénac-Moncaut, Histoire des Pyrénées et des rapports internationaux de la France avec l’Espagne, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours. […] Cette publication importante, cet âpre travail où les faits tiennent une si grande place, et malheureusement toute la place, ce précis rapide, serré, virilement écrit, d’une, histoire à peu près inconnue, — car l’Espagne et la France, en se pressant l’une sur l’autre dans leurs luttes, l’avaient étouffée, cette histoire de peuples intermédiaires étranglés, écrasés entre les portes des deux pays, — on se demande, quand on la lit ou qu’on l’a lue, au profit de qui ou de quoi la voilà écrite, avec cette science et cette conscience, si ce n’est au profit isolé de l’auteur ? […] « Le plateau pyrénéen, — dit-il dans son introduction, — ce plateau, dressé entre la France et l’Espagne, comme l’immense squelette d’un cétacé qui aurait échoué entre deux mers, a renfermé, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, tous les caractères, tous les éléments qui ont le droit d’inspirer ou d’obtenir une histoire. […] Les rois de France, nouveaux seigneurs du haut Languedoc, font déposer leurs cendres à Saint-Denis, et pas un de leurs sujets de ces contrées ne va s’agenouiller sur leur pierre funéraire. Bolbonne, Orthez, Lescaladieu, asile des comtes de Foix, de Béarn et du Bigorre, ont été tour à tour également délaissés, et les derniers représentants de ces dynasties, passagèrement réfugiés à Lescar, iront bientôt, avec Henri IV, confondre aussi leurs cendres dans la royale sépulture des rois de France… » Telle est la manière large, simple et magnifiquement triste de Cénac-Moncaut, quand il se fie à lui-même et que, s’arrêtant dans sa course de Basque (pardon du mot !)

352. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

René d’Anjou n’est pas Childebrand, et Lecoy de la Marche n’est pas ignorant comme le poète dont Boileau se moque ; mais, franchement, on ne voit pas très bien pourquoi, si on n’écrit pas une histoire générale de France où le roi René tient naturellement sa place, on a détaché de cette histoire et pris à part, comme un homme assez grand pour se présenter seul, ce roi qui se fond dans les événements de son siècle, — qui n’a pas dévoré son règne d’un moment, comme dit Corneille, mais que son règne d’un moment, si cela peut s’appeler un règne, a dévoré ! […] Opprimé par le poids de ces deux royaumes, René d’Anjou, un des puissants féodaux d’une époque où la France, dont son État faisait féodalement partie, était déchirée par les Anglais, René d’Anjou était le fils d’Yolande d’Aragon, une grande femme d’un temps où les femmes furent plus grandes que les hommes, et qui, presque Blanche de Castille par le caractère et par la sagesse, l’avait élevé presque comme saint Louis. […] Vaincu dans la « piteuse et douloureuse journée de « Bulgnéville », où s’agitait, sous la lutte des intérêts féodaux, la grande question de domination posée entre la France et l’Angleterre, ayant à cette bataille combattu le dernier avec cette furie qui était le caractère de sa bravoure, blessé à trois places et au visage, il fut obligé de se rendre au duc de Bourgogne et emmené prisonnier à Dijon. […] Il y montra, pour ne pas réussir, ce que Henri IV a plus tard montré dans son royaume de France quand il eut à le conquérir sur ses sujets. […] Il couvrit parfois de sa parole la magnifique politique du grand homme profond qui était en train de faire une France monarchique avec les pièces et les morceaux de la féodalité.

353. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Alexandre Dumas est l’homme de France qui connaît le plus de monde ; il a des amis partout. […] Delavigne fut le seul poète que possédât la France dans l’époque transitoire où M.  […] Jal ont duré jusqu’en 1830, époque où tant de choses ont été momentanément culbutées en France ! […] Mais il eut une idée, et une idée vaut de l’or et de la réputation en France, à Paris. […] Gautier, moi qui ne renonce pas à l’idée d’écrire mon tour en France.

354. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

À ces spectateurs qui ne sont pas obligés d’être bienveillants pour la France, elles donnent une singulière idée de l’état moral de notre pays, de ce qui y est permis et de ce qui y est défendu. […] Par quantité de règlements qui ne sont pas tous mauvais ni inutiles, et qui sont même, quelques-uns, d’une bonne police, la France, la nouvelle France, s’est vue réduite et rangée à un régime quotidien où ne s’était jamais vue la vieille France, celle de nos grands-pères ; à bien des égards elle a été mise en classe, et il n’est pas impossible qu’elle s’accoutume à y rester. […] Mais même à ne regarder que le passé, ô France ! […] Au point où j’en suis de ma carrière, cette considération personnelle n’est pas, croyez-le bien, ce qui me touche le plus ; et, pour moi, ce malencontreux article m’est surtout odieux en ce qu’il tend à altérer et à dénaturer le tempérament de la France. […] Il serait trop singulier que le vers de Boileau cessât d’être vrai en France : On sera ridicule, et je n’oserai rire !

355. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Rentré en France quelques jours après, je me hâtai, en passant à Paris pour me rendre en Angleterre, de remettre à M.  […] Nous n’eûmes plus un seul rapport ensemble, soit en Angleterre, soit en France. […] J’étais alors en Orient, où je passai deux ans séparé de la France. […] Quelques heures après, la république innocente était accomplie de nécessité, sans avoir porté à la France d’autres paroles que des paroles de paix. […] Cintrat eut instruit et intéressé le ministre, et M. de Genoude fut nommé, pour partir à l’instant, chancelier du consulat de France à Sidney.

356. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

L’an 1562, leur congrégation fut admise en France. […] La France étoit armée contre la France. […] Ils furent bannis de France. […] On a comparé les jésuites au cardinal Mazarin, sur qui toute la France plaisantoit, & qui gouvernoit toute la France. […] Il étoit fils d’un trésorier de France de cette ville.

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