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1036. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

L’effroi ou la honte que ces prédications parurent jeter dans l’âme des deux amants, furent plus forts et plus déterminants en 1675 qu’ils ne l’avaient été dans les années précédentes, où les carêmes n’avaient pas été prêches avec moins de véhémence, et où les vérités de la religion n’avaient pourtant rien obtenu. […] Voilà sur quoi vous pourrez faire nos réflexions comme sur une vérité. […] Une lettre subséquente nous apprendra que la vérité qui était comme à Pomponne le 24 juillet, s’est répandue à Paris dans le mois suivant.

1037. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Pourtant, comme on ne peut bien comprendre le caractère et le doux génie de Mme Récamier, cette ambition de cœur qui, en elle, a montré tant de force et de persistance sous la délicatesse ; comme on ne peut bien saisir, disons-nous, son esprit et toute sa personne sans avoir une opinion très nette sur ce qui l’inspirait en ce temps-là, et qui ne différait pas tellement de ce qui l’inspira jusqu’à la fin, j’essaierai de toucher en courant quelques traits réels à travers la légende, qui pour elle, comme pour tous les êtres doués de féerie, recouvre déjà la vérité. […] Les lettres de celui-ci, adressées à Mme Récamier, y aideraient beaucoup ; mais elles seraient très insuffisantes, au point de vue de la vérité, si l’on n’y ajoutait la contrepartie, ce qu’il écrivait pour lui seul au sortir de là, et que bien des gens ont lu, et enfin si l’on n’éclairait le tout par les explications de moraliste qui ne se trouvent point d’ordinaire dans les plaidoiries des avocats. […] C’était certainement un salon, où non seulement la politesse, mais la charité nuisait un peu à la vérité.

1038. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Quand Garibaldi s’écriait : Roma o morte, il exprimait à la fois un programme héroïque et une vérité de l’histoire. […] Dante, repoussé par la réalité du présent, s’est réfugié dans les vérités plus hautes et plus durables. […] Pétrarque n’est pas un homme d’action comme Dante ; il n’est pas épique et ne touche pas à la profondeur des vérités éternelles ; il n’est pas une synthèse, il est une foi nouvelle ; il est divinateur, essentiellement lyrique. — L’œuvre latine de l’humaniste Pétrarque est trop peu connue du public cultivé ; son importance historique dépasse pourtant celle du Canzoniere ; d’autre part aussi les poètes pétrarquistes ont fait du tort à leur modèle ; or, il importe de noter ce fait : chez Pétrarque, l’humaniste et le poète ne sont qu’un seul et même homme.

1039. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il faut bien cependant qu’il y ait une vérité au fond de cette formule : essayons de la dégager. […] À la vérité la Vierge lui est apparue moins souvent ; mais il n’en accuse que sa propre indignité. […] Je ne me lasserai pas de crier à vos Français : La Vérité ! […] combien il y a plus de noblesse et, — mettons-nous au point de vue du réalisme, — combien plus de vérité dans le roman russe ! […] Mais ce sont des caricatures faites sur notes et sur documents, avec un réel souci de ne pas manquer à la vérité locale.

1040. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Avant de fermer le volume, je transcris encore une scène toute charmante de vérité. […] Si le penseur désespéré avait dit par hasard la vérité ? […] — J’aime mieux vous dire la vérité tout de suite, c’est la première fois que je mène dans Paris. […] Voilà la vérité. […] Le récit de ces jours douloureux est écrit sans prétention, avec la simplicité de la vérité, et c’en est le grand charme.

1041. (1911) Nos directions

Ne seront-ils un jour tentés de contrôler sur la nature la vérité de leurs créations ? […] En lui, vont se joindre, se fondre, se compléter, empirisme et formisme, la vérité et la beauté. […] Il sut donner à chacun de ses livres une vérité différente, une différente beauté, mais une perfection semblable. […] — la vérité. […] La voie de la vérité exaltée est la nôtre.

1042. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Puissé-je comme lui passer ma vie à prêcher quelques vérités, aimer toujours les jeunes gens et en être aimé !  […] Des peintures d’une vérité et d’une énergie saisissantes, une fin sublime ; mais quel rôle ! […] Me voici engagé dans un parallèle de l’auteur de Werther et de Vérité et Poésie avec l’auteur de René et des Mémoires d’outre-tombe. […] J’ai cette année un auditoire très nombreux, très partagé d’opinions, très recueilli, et je puis vraiment croire que nous cherchons tous ensemble la vérité… » Le professeur qui cherche la vérité ! […] Pour dire la vérité, le volume du frère m’a causé assez d’ennuis, et je n’ai tenu bon jusqu’au bout que par complaisance pour l’éditeur.

1043. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Par vous, je suis revenu à la vie du dehors, au mouvement de ce monde, et de là, sans secousse, aux vérités les plus sublimes. Vous m’avez consolé d’abord, et ensuite vous m’avez porté à la source de toute consolation ; car vous l’avez vous-même appris dès la jeunesse, les autres eaux tarissent, et ce n’est qu’aux bords de cette Siloé céleste qu’on peut s’asseoir pour toujours et s’abreuver : Voici la vérité qu’au monde je révèle : Du Ciel dans mon néant je me suis souvenu : Louez Dieu ! […] Je les crois dans la vérité, mais dans une vérité un peu froide et nue. […] Que de vérité, d’âme, d’onction et de poésie ! […] Votre style s’est épuré d’une façon remarquable, sans perdre rien de sa vérité et de son allure abandonnée.

1044. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Dans l’art, en effet, la vérité des images serait peu de chose sans leur intensité même. […] Ce que la vérité semble alors perdre sur la forme, elle le regagne sur le fond, et, si la force des images peut être un peu altérée d’une part, elle est d’autre part augmentée par la croyance à l’idée qu’on lui fait exprimer. […] Qui dit psychologue dit traître à la vérité… Le mécanisme de l’homme aboutissant à la somme totale de ses fonctions, — la formule est là… » M.  […] Zola lui-même pourrait bien s’appliquer cette vérité, lui qui a la prétention de nous représenter la vie absolument telle qu’elle est. […] Toutes les vérités objectives ne s’équivalent pas au point de vue de l’art : il faut donc choisir dans la masse des choses vues celles qui peuvent être senties profondément, les détails capables de réveiller en nous une émotion endormie ou d’exciter une émotion nouvelle.

1045. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Mais ce que ni Balzac ni Voiture n’ont connu, c’est l’art d’envelopper ainsi de préciosité ou d’affectation une vérité scientifique ; et là est l’originalité de Fontenelle. […] Mais le malheur est que la vérité, « pour avoir de la barbe au menton », comme disait Malebranche, ne cesse pas d’être la vérité ; et d’un autre côté n’est pas nouveau qui veut, quand il le veut, et parce qu’il le veut. […] C’est la raison dont se paiera Voltaire ; et nous ne nierons pas qu’elle enferme une part de vérité. […] Varin, La Vérité sur les Arnauld, 2 vol. in-8º, Paris, 1847 ; — P.  […] Sermons sur la Vérité de la religion, 1665 ; — l’Oraison funèbre de la Princesse palatine, 1685 ; — la Lettre à un disciple du P. 

1046. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Telle est bien la vérité vraie. […] Rien n’est si difficile que de refaire une biographie de toutes pièces, et que de rétablir, après deux siècles écoulés, la simple vérité des faits contre une tradition reçue. […] Non pas, à la vérité, qu’il y pût courir de pires dangers que les Rousseau, les Diderot, les d’Alembert et tant d’autres. […] Vous verrez le plaisant éloge que c’est : c’est la vérité, mais la vérité offense dans la bouche de l’envie. […] Sans doute, c’était une raillerie : depuis Chateaubriand, ce pourrait être l’expression de la vérité.

1047. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

André, lui, souffre de sa vie inutile et morne de gratte-papier ; il souffre de voir que sa mère et sa femme ne s’aiment point ; il souffre de sa pauvreté croissante et de sa continuelle inquiétude du lendemain… Vous ne sauriez croire avec quelle poignante vérité de détails sont notés le progrès et l’entrelacement de toutes ces humbles douleurs. […] Enfin, vous serez surpris — et charmé, je pense  de la somme de vérité qu’ils contiennent.

1048. (1890) L’avenir de la science « XI »

Mais lors même que les temps modernes trouveraient une poésie et une philosophie qui les représentent avec autant de vérité qu’Homère et Platon représentaient la Grèce de leur temps, alors encore l’étude de l’antiquité aurait sa valeur au point de vue de la science. […] Que d’autres peuples, même européens, les nations slaves par exemple, les peuples germaniques eux-mêmes, bien que constitués plus tard dans les rapports si étroits avec le latinisme, cherchent ailleurs leur éducation, ils pourront s’interdire une admirable source de beauté et de vérité ; au moins ne se priveront-ils pas du commerce direct avec leurs ancêtres ; mais, pour nous, ce serait renier nos origines, ce serait rompre avec nos pères.

1049. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Les formes connues changent à son égard : ses révolutions sont tour à tour racontées avec la trompette, la lyre et le chalumeau ; et le style de son histoire est lui-même un continuel miracle, qui porte témoignage de la vérité des miracles dont il perpétue le souvenir. […] Mais lorsque, sous les rapports chrétiens, on vient à penser que l’histoire des Israélites est non seulement l’histoire réelle des anciens jours, mais encore la figure des temps modernes ; que chaque fait est double, et contient en lui-même une vérité historique et un mystère ; que le peuple juif est un abrégé symbolique de la race humaine, représentant, dans ses aventures, tout ce qui est arrivé et tout ce qui doit arriver dans l’univers ; que Jérusalem doit être toujours prise pour une autre cité, Sion pour une autre montagne, la Terre Promise pour une autre terre, et la vocation d’Abraham pour une autre vocation ; lorsqu’on fait réflexion que l’homme moral est aussi caché sous l’homme physique dans cette histoire ; que la chute d’Adam, le sang d’Abel, la nudité violée de Noé, et la malédiction de ce père sur un fils, se manifestent encore aujourd’hui dans l’enfantement douloureux de la femme, dans la misère et l’orgueil de l’homme, dans les flots de sang qui inondent le globe depuis le fratricide de Caïn, dans les races maudites descendues de Cham, qui habitent une des plus belles parties de la terre91 ; enfin, quand on voit le Fils promis à David venir à point nommé rétablir la vraie morale et la vraie religion, réunir les peuples, substituer le sacrifice de l’homme intérieur aux holocaustes sanglants, alors on manque de paroles, ou l’on est prêt à s’écrier avec le prophète : « Dieu est notre roi avant tous les temps. » Deus autem rex noster ante sæcula.

1050. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Mais, quoique l’on ne doive donner aucun conseil à cet égard, il faut bien recommander aux jeunes gens de ne pas donner la préférence à ces Gazettes qui ne sont que des compilations gros-fréres de nouvelles diffamantes, de libelles absurdes écrits d’un style barbare, où la vérité n’est pas moins blessée que la langue. […] Vérité, clarté, simplicité, voilà les qualités d’une bonne Gazette.

1051. (1865) Du sentiment de l’admiration

[Du Sentiment de l’admiration] Messieurs, Chers Élèves, Dans une fête où tout est sincère, ne doit-on pas considérer le discours que j’ai mission de prononcer à cette place comme un dernier hommage rendu à la vérité ? Reine depuis qu’elle n’est plus déesse, la vérité domine ici sans partage et, sans interrègne, et, pour quelques heures qui vous séparent de l’indépendance, elle ne veut pas abdiquer ses droits.

1052. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

C’est la nature et la vérité même. […] J’aime Michel, mais j’aime encore mieux la vérité.

1053. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Mais pour cela il ne faudrait pas que les idées philosophiques de l’auteur eussent préexisté au roman qu’il devait écrire, pour en diminuer ou pour en détruire le pathétique et la vérité ! […] IV Ironie de la vérité dont ne se doutent même pas les hommes qui sont l’objet de cette tranquille ironie, ses ennemis les plus acharnés participent encore d’elle… et c’est là sa manière de se moquer d’eux !

1054. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Qu’on me pardonne de m’être arrêté un moment sur le spectacle d’une amitié si touchante ; il est doux, même en écrivant, de pouvoir se livrer quelquefois aux mouvements de son cœur : et j’aime encore mieux un sentiment qui me console, qu’une vérité qui m’éclaire. […] On peut assurément blâmer ce genre d’éloquence, qui n’est point le meilleur, mais il n’en faut pas moins estimer les vérités utiles et nobles, dont cet ouvrage est rempli.

1055. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Il y en eut pourtant, dans ce siècle, trois de célèbres ; ce furent Eumène, Nazaire et Mamertin, tous trois panégyristes de princes, et tous trois comblés de bienfaits par les empereurs : car, si la vérité a souvent nui à ceux qui ont eu le courage de la dire, il faut convenir que la flatterie et le mensonge ont presque toujours été utiles à ceux qui ont voulu échanger leur honneur contre la fortune. […] Mais il y a des temps où l’on dirait que les grandes vérités morales sont obscurcies.

1056. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Plusieurs auraient cru outrager la vérité en l’ornant, et affaiblir la cause de Dieu, en recherchant trop les vains secours de l’homme. […] On en compte quatre autres écrits dans la même langue, et presque partout c’est le même ton, la même vérité dans les éloges, et surtout la même philosophie dans les idées.

1057. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

De la famille composée des parents et des enfants, sans esclaves ni serviteurs Les héros sentirent, par l’instinct de la nature humaine, les deux vérités qui constituent toute la science économique, et que les Latins conservèrent dans les mots educere, educare, relatifs, l’un à l’éducation de l’âme, l’autre à celle du corps. […] Ainsi, dans les temps héroïques on put dire avec vérité, comme Homère le dit d’Ajax, le rempart des Grecs (πύργος Αχαιών), que seul il combattait contre l’armée entière des Troyens68 : on put dire qu’Horace soutint seul sur un pont le choc d’une armée d’Étrusques ; par quoi l’on doit entendre Ajax, Horace, avec leurs compagnons ou serviteurs.

1058. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Mais je ne puis convenir de la vérité des livres saints que parce que l’Église  est infaillible, et je n’en conviens pas. » Certes ! […] que ce spiritualisme inattendu et involontaire venant de ce terrible matérialiste de volonté qui, toute sa vie, nia avec fureur la spiritualité humaine, et qui apporte une valeur de vérité à sa critique sur laquelle on n’était, certes ! […] Or, il est impossible de ne pas admettre que s’il eût été plus organisé, d’une tête plus ferme et d’un esprit moins anarchique, il ne serait point, par démantibulé de nature, tombé dans la vérité comme il serait tombé dans l’erreur. Mais enfin il tomba dans la vérité, et y tomber, c’est une manière d’y entrer encore. […] C’est la vérité : Diderot, ce charlatan éblouissant qui joue l’inspiré et fait la Pythie dans sa robe de chambre, cesse d’être saltimbanque quand il s’agit d’art.

1059. (1888) Portraits de maîtres

D’intermittentes erreurs, des sophismes passagers ne peuvent infirmer dans sa vérité générale notre sincère opinion. […] Son office n’était pas de dire sur tous les points la vérité, l’âpre vérité : il suffit que son indépendance et sa probité l’aient préservé de la flatterie et de l’exagération. […] Il n’y avait pas alors dans le monde entier un seul homme qui ne la crût faite pour la vérité, pour la liberté, pour tout ce qui honore le genre humain. […] La vérité d’appréciations ne résiderait-elle pas entre ces deux opinions extrêmes ? […] À la vérité la plupart des républicains ne tenaient pas un autre langage depuis Carrel jusqu’aux accusés du procès d’Avril.

1060. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. […] La grande qualité du dessin des artistes suprêmes est la vérité du mouvement, et Delacroix ne viole jamais cette loi naturelle. […] Je me rappelle pourtant une lithographie qui exprime, — sans trop de délicatesse malheureusement, — une des grandes vérités de l’amour libertin. […] Au milieu de cette nature saisissante, s’agitaient ou rêvaient de petites gens, tout un petit monde avec sa vérité native et comique. […] Ces panoramas inondés de soleil sont d’une vérité merveilleusement cruelle.

1061. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

La vérité est qu’on change sans cesse, et que l’état lui-même est déjà du changement. […] De sorte qu’en résumé l’hypothèse transformiste apparaît de plus en plus comme une expression au moins approximative de la vérité. […] La vérité est qu’il s’y exposait bien davantage. […] La vérité est que ce ne serait pas trop, ce ne serait pas assez ici de prendre l’intelligence entière. […] La vérité est qu’il faut creuser sous l’effort lui-même et chercher une cause plus profonde.

1062. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

La théorie de Montesquieu, si contestée et si commentée, est une série de vérités de sens commun, et un groupe de lieux communs. […] Oui ; mais voyez aussi comme l’exception confirme la vérité de la loi. […] Quel homme n’est pas convaincu de cette vérité ? […] A la vérité, je crois que cette transformation n’a jamais eu lieu et qu’il est très difficile qu’elle se fasse. […] Il y a une partie de la nation, restreinte, à la vérité, qui ne songe pas à être percepteur et qui alimente par son travail les caisses de la perception.

1063. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

S’il étudie l’histoire, c’est pour y trouver des preuves de la vérité du dicton ; et c’est même ce qu’il appelle « la lire en philosophe ». […] Mais la vérité, c’est qu’aucunes de ces interprétations ne s’excluent. […] Mais l’esprit encyclopédique, au contraire, n’a vu de source de vérité qu’en elle ; et tout ce qu’il a trouvé d’« irrationnel » dans le monde, le proclamant « déraisonnable », il ne s’est rien proposé de plus urgent que de la détruire. […] que la vérité ne brille pas toujours de sa propre lumière, et que de très bonnes causes ont eu cruellement à souffrir d’être mal défendues ? […] L’Esquisse de Condorcet a fondé la religion de la science, et transmis ainsi jusqu’à nous, sous une forme pour ainsi parler portative et maniable, tout ce qu’il y a d’erreur et de vérité contenues et mêlées dans la doctrine encyclopédique.

1064. (1908) Jean Racine pp. 1-325

» C’est une remarque dont nous pourrons souvent constater la vérité soit dans la vie, soit dans l’œuvre de Racine. […] Et c’était alors la pure vérité. […] Car, à la guerre, la renommée fait tout, et souvent une croyance erronée a été aussi efficace que la vérité. […] La vérité historique, celle des mœurs, du langage, du costume, Saint-Évremond en parle continuellement. […] Il avait pu contrôler la vérité de la couleur dans Bajazet.

1065. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

La logique, la vérité morale, le veulent ainsi. […] Courir après l’exactitude orientale, c’est s’enfuir hors de la vérité relative indiquée par Corneille ; M.  […] De quel côté se trouve la nature, la vérité ; de quel côté, le drame ? […] Ce mensonge a pour tige une vérité. […] Plus loin, M. de Sacy tue d’un mot la libre recherche et le progrès, au nom de l’ordre, comme il tuait tout à l’heure la critique littéraire au nom de la charité : « Pour établir ce que l’on croit une vérité, vérité de pure théorie souvent ou du moins toujours contestable, faut-il s’exposer à ébranler d’autres vérités, qui sont le fondement même de l’ordre public et de la vie sociale ? 

1066. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il consiste à donner par la logique l’illusion de la vérité, ou, et plus souvent, cette idée que la vérité n’est pas sûre, puisqu’on peut si facilement en montrer l’ombre, ou l’image, ou le masque. […] Le christianisme se compose de cinq ou six grandes vérités. […] À qui lui demandait : Où est la vérité ? […] Ne sont-ce point marques certaines de sa vérité ? […] Ce n’est pas de tuer que Rome est coupable, c’est de tuer sans avoir pour elle la vérité.

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