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1473. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Le jour où, acculé contre une petite porte de l’Hôtel-de-Ville, monté sur une chaise de paille, visé par des canons de fusils, la pointe des sabres lui piquant les mains et le forçant à relever le menton, gesticulant d’un bras tandis que de l’autre il serrait sur sa poitrine un homme du peuple, un loqueteux qui fondait en larmes  le jour où, tenant seul tête à la populace aveugle et irrésistible comme un élément, il l’arrêta — avec des mots — et fit tomber le drapeau rouge des mains de l’émeute  la fable d’Orphée devint une réalité, et Lamartine fut aussi grand qu’il ait jamais été donné à un homme de l’être en ses jours périssables.

1474. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Le murmure des étoiles tombe sur les moissons.

1475. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Pour la première fois on vit une guerre civile tombée en quenouille.

1476. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

On faisait tomber les ridicules, mais on les immolait au vice, et l’honnêteté des femmes était traitée d’hypocrisie, comme si le désordre eut été une règle sans exception.

1477. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

d’Alembert n’ont osé les louer ; de sorte qu’ils sont tombés sans la moindre réclamation, dans un mépris dont ils ne se releveront jamais.

1478. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Le Messager même ne lui manque pas ; il est représenté par ce soldat qui courut annoncer sa délivrance à Athènes, et tomba mort sur la place, en agitant sa palme, comme un coursier épuisé par l’élan d’un dieu.

1479. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Mais sa muse, en François, parlant Grec & Latin, Vit dans l’âge suivant, par un retour grotesque, Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.

1480. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Addisson & ses partisans cabalèrent pour faire tomber cette traduction.

1481. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Il ne vit plus dans son ennemi qu’un grand homme, & jetta ces fleurs sur sa tombe, en écrivant à un éditeur des œuvres du Pindare François.

1482. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

Cet écrivain prétend que l’affectation à mettre de l’amour dans toutes les intrigues des tragedies, et dans presque tous les caracteres des personnages, ait fait tomber nos poëtes en plusieurs fautes.

1483. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands » pp. 464-478

J’en tombe d’accord, mais la vrai-semblance est encore bien plus choquée par des acteurs qui traitent leurs passions, leurs querelles et leurs interêts en chantant.

1484. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 7, que les genies sont limitez » pp. 67-77

Tous les philosophes, de quelque secte qu’ils soient, tombent d’accord que le caractere des esprits vient de la conformation de ceux des organes du cerveau qui servent à l’ame spirituelle à faire ses fonctions.

1485. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Toujours est-il que ce reproche que la critique est en droit d’adresser à Feugère, et qu’elle ne lui ménagera pas, implique la condamnation d’un livre qui pouvait, avec les connaissances multipliées de l’auteur, être une œuvre historique, importante et forte, et qui, dédoublée des doctrines qui sont l’âme orageuse de la littérature au xvie  siècle, tombe à n’être plus qu’une critique de lexicographe et un maigre travail de grammairien !

1486. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

Mais si vous ajoutez que ledit coquebin est un roi, et un roi de ce pays gaulois qu’on appelle la France, la France, qui ne craint pas que le ciel lui-même tombe sur sa lance !

1487. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Le démon n’est, après tout, qu’un ange tombé, et qui a emporté un peu de sa grâce divine dans la poussière… Mais, puisque le nom de Voltaire s’est trouvé là sous notre plume, qu’on nous permette de citer sur lui un mot de Joubert, que nous oserons modifier pour l’appliquer à Nicolas : « Voltaire — dit Joubert — aime la clarté et se joue dans la lumière, mais c’est pour la briser et en disperser les rayons comme un méchant. » Nicolas, lui aussi, aime la clarté et se joue dans la lumière, mais c’est pour en concentrer les rayons et vous les renvoyer dans le cœur, comme un homme bon.

1488. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

La Critique, qui regarde, scrute et analyse, est vaincue par ces sensitives de talent qui se rétracteraient ou tomberaient en poussière sous sa pointe.

1489. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Préface » pp. -

Fidèle au plan que s’est tracé l’Auteur des Œuvres et des Hommes (voir la Préface générale de l’ouvrage), il ne peut publier dans un seul volume que la première série des Romanciers contemporains, mais on y verra déjà très-clairement ce que Dieu donne pour remplacer un grand homme tombé !

1490. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Quelques vers grecs, d’une date inconnue mais ancienne, consacrent par de touchants détails la fin du poëte dans les fêtes d’Argos32 : « Protomaque et Eumétis33 aux douces voix pleuraient, filles ingénieuses de Pindare, alors qu’elles revenaient d’Argos, rapportant dans une urne ses cendres retirées des flammes d’un bûcher étranger. » La gloire du poëte grandit sur sa tombe, placée dans le lieu le plus remarquable de Thèbes, près de l’amphithéâtre des jeux publics.

1491. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

dans la tombe. […] Du berceau à la tombe, de la crèche aux pompes funèbres, toujours la même vigilance ! […] L’évêque objecte, le conventionnel riposte, — et enfin voici monseigneur qui tombe à genoux pour demander la bénédiction du terroriste mourant. […] Réussir : voilà l’enseignement qui tombe goutte à goutte de la corruption en surplomb. […] Océan où tombe tout ce que laisse tomber la loi !

1492. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Ni un corps ni une pensée ne peuvent tomber hors de l’univers, hors du temps et de l’espace. […] Ma jeunesse tombe dans le passé, comme une pierre dans le fleuve. […] Pierre Loti avait le plaisir de changer de milieu, sans devenir absolument un étranger et sans tomber radicalement dans l’inconnu. […] D’ailleurs, nulle contradiction avec Vogüé pour ce qui tombe sous les sens. […] Une jeunesse anémiée serait fâcheuse : ce serait tomber de Charybde en Scylla que de la remplacer par une jeunesse sanguinaire.

1493. (1899) Arabesques pp. 1-223

Alors, l’âme pleine de ruines, il tombait dans le désespoir et aspirait au néant. — Comment il guérit, comment de prêtre, il redevint un homme, voilà ce qu’expose M.  […] Maints moralistes baudruchards, patentés par de vagues Sorbonnes, sèmeront des filandres sur sa tombe. […] Le vent tombe, les flots s’apaisent, plus de houle. […] Elle tombe. […] Vois-tu le Prussien, l’Italien, le Chinois, le Nègre qui n’attendent qu’une occasion de te tomber dessus ?

1494. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Mais l’indifférence que Swann jouait facilement quand Rémi ne pouvait plus rien changer à la réponse qu’il apportait tomba, quand il le vit essayer de le faire renoncer à son espoir et à sa recherche : « Mais pas du tout, s’écria-t-il, il faut que nous trouvions cette dame ; c’est de la plus haute importance 25 … » Son indifférence tomba … Voilà le mot à noter. […] Puis elle savait que son mensonge lésait d’ordinaire gravement l’homme à qui elle le faisait, et à la merci duquel elle allait peut-être tomber si elle mentait mal. […] Il est peut-être possible déjà d’écrire sur Marcel Proust sans tomber dans trop de sottises ; la plume admet le temps de la réflexion et si l’on se sent sur le bord d’une idée fausse ou imprécise, on peut toujours la garder suspendue, attendre que l’esprit ait achevé son travail. […] Mais l’indifférence que Swann jouait facilement quand Rémi ne pouvait plus rien changer à la réponse qu’il apportait tomba, quand il le vit essayer de le faire renoncer à son espoir et à sa recherche 81. « Son indifférence… tomba. » Voilà le mot à noter.

1495. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Après cela, sa colère tomba vite comme on peut bien croire51. […] Il faut que cette poésie, si elle n’est que poésie, catégorise enfin, qu’elle dise ce qu’elle est, ce qu’elle veut ; qu’elle tombe par conséquent, puisqu’elle ne fleurit que grâce à l’erreur commune, et ne vit que de notre crédulité. […] Pendant les courses perpétuelles du malheureux voyageur, la face du monde se renouvelle ; voici venir les barbares, voilà Rome qui tombe, voilà l’antiquité qui se clôt pour jamais. […] herbe fauchée, pluie de printemps, étoile qui tombe, feuille qui tremble, nuée épaisse, vent qui gémit, cloche qui hurle, ne savez-vous pas qu’il n’y a point de Christ ? […] Ôter le mystère de la rédemption, ce caractère d’humanité de notre religion tombe avec et peut-être avant tous les autres.

1496. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Là, il sentait une « grandeur invisible » : — « Une larme tombe sur le livre ; pourquoi, je défie le plus subtil de le dire : c’est que c’est beau comme si Dieu parlait, voilà tout ! […] La première ne le quitta pas beaucoup ; et, si elle s’éloigna quelque temps, elle revint pour le mener tôt à la tombe. […] Et il est remarquable encore que, s’abstenant de tout ce qui ne constitue pas l’art même du peintre, Aman-Jean ne soit pas tombé dans cet autre défaut, l’inutile adresse. […] Beaucoup de vieux principes ont reçu le dédaigneux surnom de préjugés : ils tombent en désuétude. […] Le Génie gardant le secret de la tombe et l’Arlequin portent la marque de l’influence italienne.

1497. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Nous sommes aussi incapables de tomber dans leurs défauts, que d’atteindre à leurs beautés. […] Je suppose que ce recueil tombât entre les mains d’un homme de sens, mais assez étranger à la philosophie pour ignorer le nom de Sénèque ; et qu’après la lecture de ces Lettres, on lui demandât ce qu’il pense de l’auteur. […] Si l’on m’assurait que dans les années de sa perversité jamais les regards de Néron ne tombèrent fortuitement sur la couverture de cet ouvrage sans que le trouble et les remords ne s’élevassent au fond de son cœur, je serais tenté de le croire. […] choisissez : je ne vous obéis point, je suis de votre avis. » « Scévola réchauffant sa main sur le sein de sa maîtresse, est-il plus heureux que lorsque son bras s’enflamme, et tombe en gouttes ardentes sur un brasier ? […] — Il importe beaucoup : le devoir est un maître dont on ne saurait s’affranchir sans tomber dans le malheur ; c’est avec la chaîne du devoir qu’on brise toutes les autres.

1498. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Un beau vers, sombre et grave, où le souvenir d’un troisième poète mort jeune, est éternellement et lugubrement associé à l’idée de la faim et d’une tombe prématurée, fait aujourd’hui toute l’immortalité de Malfilâtre. […] Mettez sous les yeux du plus savant docteur en physique, mais qui n’est qu’un savant docteur, une pomme qui tombe, elle ne sera pour lui qu’une pomme qui tombe. […] Changez la date de la naissance de Racine et, vers 1790, faites tomber du ciel ou s’élever de la terre les subtils et mystérieux atomes dont le concours a formé son génie : est-ce donc Baour-Lormian qui naît alors ou Luce de Lancival ? […] La pièce, plusieurs fois représentée, avait attiré peu de monde, et le directeur de l’Odéon était décidé à offrir au public un autre spectacle, quand tout à coup le temps changea, la pluie se mit à tomber, et le théâtre se remplit. […] Faute de quelque léger esquif du même genre, où le nom sauvé flotte et surnage sur l’océan des siècles, Jean de Meung, encore plus considérable qu’Alain Chartier au temps jadis, est aujourd’hui tombé dans un oubli profond.

1499. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Il est vrai qu’à cause de cela même, ils ne tombent jamais dans la froideur ni dans le poncif académique. […] Ils ne mentent point… Et, une fois la toile tombée, ils auront le même âge, puisqu’ils s’aiment. […] Et alors, sa colère tombe. […] Mais elle tombe de sommeil et finit par s’endormir sur le canapé. […] ) sur la tombe de l’assassinée.

1500. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Et voilà qu’on lui tombe dessus parce qu’il se conforme avec un zèle scrupuleux à l’esprit de son emploi ! […] Et, le mari survenant encore, elle tombe dans ses bras. […] Il se dégèle enfin, et elle tombe dans ses bras. […] Je suis comme un vivant enfermé dans la tombe ! […] Adieu, mon ami. » — Puis Germaine paraît et tombe dans les bras de Jean.

1501. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Nous tombons de haut. […] Cela veut dire : Quand vous tomberez dans l’infortune, ne vous désolez pas trop. […] Comment avait-il pu tomber dans une si horrible erreur ? […] Je n’en sais rien et n’en veux rien croire ; mais ce qui est certain c’est que Sarcey y tomba. […] Qu’on le rappelle donc sur ma tombe. » Et ceci n’est pas un mot néroniaque ; ce n’est pas un mot de cabotin.

1502. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Ils vont tomber dans la bourbe des mauvais chemins, « comme des hirondelles blessées », ces premiers beaux songes. […] On sait qu’il est mort à la peine, et que l’apoplexie, en le frappant, lui fit seule tomber la plume de la main. […] Me tombera-t-il du ciel une idée en rapport avec mon tempérament ? […] Sa misanthropie nous fait mesurer les hauteurs de l’Idéal duquel il lui a fallu tomber. […] C’est d’abord les grands seigneurs et les grandes dames qui tombent avec une élégance héroïque, mais toute passive.

1503. (1927) Des romantiques à nous

Au XIXe siècle, ces autorités sont tombées. […] Mais s’appliquât-on honnêtement ces véhémences tombées de haut, qu’elles n’en feraient pas moins un certain plaisir. […] Mais, c’est de la Russie elle-même que nous viendra, selon lui, le salut Tombée aux abîmes du matérialisme bolcheviste, elle y puisera la force de remonter jusqu’à l’air pur des horizons spirituels et des vues divines, parce que, n’ayant point participé au mouvement de la Renaissance, elle n’a ni l’esprit opprimé par son rationalisme craintif et paralysant, ni l’âme alourdie par son « humanisme » anti-humain. […] On doit la vérité à cette illustre tombe. […] Il y avait bien vingt-cinq années que je n’avais entendu Tristan, dont ma jeunesse a été d’ailleurs si séduite que la partition que j’en possède tombe en lambeaux et que je la sais par cœur note par note.

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