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865. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

, et les journaux les répètent avec tous les prosternements obligés, en tête et en queue. […] La syrène a deux queues, comme le célèbre veau avait deux têtes. […] Style en têtes de clous, pourrait-on dire du style que se fait présentement Hugo ; seulement, ces têtes de clous sont parfois grosses comme des loupes, car le mot est souvent ballonné dans la phrase maigre. […] Cette scène, que j’accepterais sans bégueulerie si elle était passée aux flammes de la passion, purificatrices comme le feu, mais que j’accuse de la plus dégoûtante indécence, est surtout impossible par la raison que toute femme assez affolée pour, comme la femme de Putiphar, déchirer le manteau d’un homme, oublie tout, quand la terrible furie de ses sens l’emporte, ne songe point à parler alors, comme un vieux et froid faiseur d’éroticum, d’Amphitrite qui s’est livrée au cyclope, d’Urgèle qui s’est livrée à Bugryx, de Rhodope qui a aimé Phtah (l’homme à la tête de crocodile), de Penthésilée, d’Anne d’Autriche, de madame de Chevreuse, de madame de Longueville, et ne se livre pas, en ce moment décisif et décidé, au plaisir érudit de faire, qu’on me passe le mot ! […] multiplier les exemples de cette caresse à l’impossible, de cette création à plaisir de la difficulté, pour la vaincre, qui fait ressembler Hugo à un homme qui peindrait un tableau à cloche-pied ou au saltimbanque qui boit et mange la tête en bas et que je trouve en tant de pages de ce livre, où, quand l’héroïsme royaliste tarit ou s’interrompt, il n’y a plus que des complications insensées ou d’immenses ridiculités !

866. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il est très tolérant ; ses femmes sidoniennes le rendent pieux envers Astarté, ses femmes ammonites lui font révérer Moloch, l’idole aux trois yeux, à tête de taureau. […] Chacun de ces estimables bourgeois prit son pensionnaire royal et lui coupa la tête. Puis on mit les têtes dans des paniers et on les envoya à Jézraël. […] L’air entreprenant, la tête rejetée en arrière, ils gigotent avec une vélocité incroyable et une fièvre de fourmis enragées. […] … Des landes fauves pleines de troupeaux montent sur les flancs des collines jusqu’à leurs têtes ; des prairies splendides étincellent sur leurs dos.

867. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Et cette illusion ne varie-t-elle pas avec les têtes qui l’élaborent ? […] On faisait plus par dégoût de l’existence, Bar*** se cassa la tête d’un coup de pistolet ; And*** se pendit avec sa cravate. […] Parfaitement douée pour l’analyse et pour la logique, la tête française est d’une pauvreté d’imagination qui étonne, si on la compare aux têtes du Nord et à leur magique pouvoir de rêve, aux têtes du Midi et à leur magique pouvoir de vision. […] Emile Zola, l’arborait, comme une devise et comme un programme, à la tête d’un roman qui fit scandale. […] C’est quand il montre le philosophe en tête à tête avec un jeune homme ; « Jusqu’au bout », fait-il dire à l’écrivain, « j’espère travailler ! 

868. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Napoléon III avait une canne en rhinocéros, dont la poignée était formée par une tête d’aigle en or. […] Elle portait sans cesse à son nez un gros flacon d’éther, puis renversait sa tête sur le dossier et regardait le ciel noir. […] » Et, baissant la tête, il chevaucha vers la mort, avec 300 cavaliers contre 800 lances. […] Ces dames disaient : « Non, il n’est pas possible qu’une femme se jette ainsi à la tête d’un homme ». […] Les statues qui, çà et là, font des gestes sur la tête de nos représentants, lui ont paru sortir de chez le marbrier.

869. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

A force de les ruminer dans sa tête, il finissait par les apprendre par cœur. […] Rousseau, Moréas raturait ses brouillons dans sa tête, et ce travail lui donnait, sans qu’il l’avouât, bien des préoccupations et des scrupules. […] Marchand, de son côté, fut agréablement surpris de se trouver en tête à tête avec quelqu’un qui avait lu passionnément à peu près tous les grands voyages d’Afrique, Caillé, Speke, Douls, Schweinfurth, Naghtigal, Livingstone, Stanley.‌ […] Le Français n’a pas la tête épique, mais il a certainement la tête tragique. […] A peine l’auteur de Mon frère Yves montrait-il sa tête, qu’il recevait sur la nuque le contenu d’un large pot à eau.

870. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Lorsque Ulysse, après avoir tiré vengeance des prétendants et avoir reconquis son palais, veut se faire reconnaître de Pénélope, l’intendante Eurynome le met au bain et le parfume ; puis, au sortir de là, Minerve le revêt de toute sa beauté première et même d’un éclat tout nouveau ; elle le fait paraître plus grand de taille, plus puissant encore d’attitude ; elle répand autour de sa tête, par boucles épaisses, sa chevelure semblable à une fleur d’hyacinthe : « Et comme lorsqu’un artiste habile, que Vulcain et Minerve ont instruit dans la variété de leurs arts, verse l’or autour de l’argent et accomplit ses œuvres gracieuses, ainsi elle verse la grâce autour de la tête et des épaules du héros, et il sort du bain tout pareil de corps aux Immortels… » Certes l’habile critique Aristarque, si bien enseigné qu’il fût par Minerve, n’en a pas tant fait pour son poëte ; il n’a pas ajouté la couche d’or, il n’a pas rehaussé l’Homère qui lui était transmis ; mais il l’a lavé de ses taches, il lui a enlevé la rouille injurieuse des âges et a dissimulé sans doute quelque cicatrice ; il l’a fait, en un mot, sortir du bain avec toute sa chevelure auguste et odorante, ambrosiæque comæ : c’est tel à jamais que nous le reconnaissons. […] On en noterait, quoique ce soit l’exception, par lesquelles Homère a marqué son objet d’un seul trait, presque comme Dante : tantôt c’est un guerrier blessé qui tombe, précipité du haut d’une tour, la tête en avant, pareil à un plongeur ; tantôt c’est un autre qui, frappé au bas-ventre, tombe assis et reste gisant à terre comme un ver.

871. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

il a vieilli dans les affaires sans y prendre une idée, sans atteindre à un résultat, cependant il se croit l’esprit des places qu’il a occupées ; il vous confie ce qu’ont imprimé les gazettes ; il parle avec circonspection même des ministres du siècle dernier ; il achève ses phrases par une mine concentrée, qui ne signifie pas plus que les paroles ; il a des lettres de ministres, d’hommes puissants, dans sa poche, qui lui parlent du temps qu’il fait, et lui semblent une preuve de confiance ; il frémit à l’aspect de ce qu’il appelle une mauvaise tête, et donne assez volontiers ce nom à tout homme supérieur ; il a une diatribe contre l’esprit à laquelle la majorité d’un salon applaudit presque toujours, c’est, vous dit-il, un obstacle à bien voir que l’esprit, les gens d’esprit n’entendent point les affaires. […] Une femme qui se croit remarquable par la prudence et la mesure de son esprit, et qui n’ayant jamais eu deux idées dans la tête, veut passer pour avoir rejeté tout ce qu’elle n’a jamais compris, une telle femme sort un peu de sa stérilité accoutumée, pour trouver mille ridicules à celle dont l’esprit anime et varie la conversation : et les mères de famille, pensant, avec quelque raison, que les succès mêmes du véritable esprit ne sont pas conformes à la destination des femmes, voient attaquer avec plaisir celles qui en ont obtenu. D’ailleurs, la femme qui, en atteignant à une véritable supériorité, pourrait se croire au-dessus de la haine, et s’élèverait par sa pensée au sort des hommes les plus célèbres ; cette femme n’aurait jamais le calme et la force de tête qui les caractérisent ; l’imagination serait toujours la première de ses facultés : son talent pourrait s’en accroître, mais son âme serait trop fortement agitée, ses sentiments seraient troublés par ses chimères, ses actions entraînées par ses illusions ; son esprit, pourrait mériter quelque gloire, en donnant à ses écrits la justesse de la raison ; mais les grands talents, unis à une imagination passionnée, éclairent sur les résultats généraux et trompent sur les relations personnelles.

872. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

En tout cas, le noble alors c’est le brave, l’homme fort et expert aux armes, qui, à la tête d’une troupe, au lieu de s’enfuir et de payer rançon, présente sa poitrine, tient ferme et protège par l’épée un coin du sol. […] Ils travaillent pour lui, cultivent ses terres, font ses charrois, lui payent des redevances, tant par maison, tant par tête de bétail, tant pour hériter ou vendre : il faut bien qu’il nourrisse sa troupe. […] Au dedans, dès le douzième siècle, le casque en tête et toujours par chemins, il est le grand justicier, il démolit les tours des brigands féodaux, il réprime les excès des forts, il protège les opprimés13, il abolit les guerres privées, il établit l’ordre et la paix : œuvre immense qui, de Louis le Gros à saint Louis, de Philippe le Bel à Charles VII et à Louis XI, de Henri IV à Louis XIII et à Louis XIV, se continue sans s’interrompre jusqu’au milieu du dix-septième siècle, par l’édit contre les duels et par les Grands Jours14.

873. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Cette liste n’est pas longue : mais qui se serait assimilé la substance de ces ouvrages aurait la tête déjà bien meublée. […] Dévorer des volumes n’est rien : on pourrait savoir tout Larousse par cœur et n’avoir pas une idée dans la tête. […] Dans cette continuelle opposition, votre personnalité se formera, se reconnaîtra, votre esprit s’habituera à tenir tête aux pensées d’autrui, à chercher les raisons de ses jugements, à débrouiller la masse confuse de ses sentiments, à secouer le joug de la chose écrite.

874. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Quand on s’en tient aux faciles raisonnements de Locke, quand nos gens qui ne s’effraient guère veulent devant Spinoza, non pas devant la hardiesse, mais devant la profondeur de sa doctrine, et craignent de s’y casser la tête, Diderot, sans façon, sans fracas, s’assimile le dur, le grand système de Leibniz : et il n’y a pas d’autre raison, je le crois bien, qui lui ait donné en France la réputation d’être une tête allemande. […] Le soleil couché, ils fourrent leur tête sous l’aile, et les voilà endormis.

875. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Vous vous rappelez les propos mélancoliques de Fantasio sur un monsieur qui passe : « … Je suis sûr que cet homme-là a dans la tête un millier d’idées qui me sont absolument étrangères ; son essence lui est particulière. […] — Pendant la Terreur, l’abbé Reniant, prêtre défroqué, jette aux cochons des hosties consacrées : ces hosties avaient été confiées par des prêtres à une pauvre sainte fille qui les portait « entre ses tétons » — Le major Ydow, quand il découvre que sa femme Pudica n’était qu’une courtisane, brise l’urne de cristal où il gardait le cœur de l’enfant mort qu’il avait cru son fils, et lui jette à la tête ce cœur qu’elle lui renvoie comme une balle. « C’est la première fois certainement que si hideuse chose se soit vue ! […] Soyez tranquille, la mort le prendra debout, niant le temps, la tête haute, superbe et redressé, et s’épandant en propos fastueux.

876. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Théodore de Banville Dans cette tête brune, chevelue, aux joues larges et d’un pur contour, à la barbe légère, calme comme celle d’un lion, fière comme celle d’un dieu, aux yeux doux, profonds, infinis, où le front olympien abrite la connaissance et les images de toutes les choses, où le nez droit, large à sa naissance, est d’une noblesse sans égale, où sous la légère moustache, écartée avec grâce, les lèvres rouges, épaisses, d’une ligne merveilleusement jeune, disent la joie tranquille des héros, dans cette noble tête aux. sourcils paisibles, qui si magnifiquement repose sur ce col énergique de combattant victorieux, superbe dans ce blanc vêtement flottant et entr’ouvert sur lequel est négligemment noué un mouchoir aux raies de couleurs vives, —  […] Phidias lui-même (qui savait bien les secrets de son art) ne serait pas arrivé à tailler une tête d’académicien à perruque verte, car il y a parfois un obstacle impérieux dans la nature des choses, et pour faire un marchand de parapluies ou un employé du Mont-de-Piété, vous n’auriez pas l’idée de prendre l’immortel Indra sur son char traîné par les coursiers d’azur, ni le Zeus-Clarios de Tégée, à la fois dieu de l’éther et de la lumière.

877. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Leve encore une tête superbe, & marche au milieu de tes semblables ; comme un Roi généreux que précédent les bienfaits, marche au milieu de ses vastes domaines. […] Ce seroit ici le lieu de peindre l’ivresse qui pénetre son ame, lorsqu’aux acclamations des Citoyens satisfaits, la gloire aux aîles brillantes, descend sur sa tête la couronne qu’il a méritée ; lorsqu’un Peuple éclairé & sensible lui prodigue ces applaudissemens qui font pâlir l’Envie ; lorsque la reconnoissance multiplie son nom dans toutes les bouches, & que plus heureux encore il voit la flamme généreuse qui embrâse ses écrits se répandre dans tous les cœurs, & qu’ils se remplissent des principes vertueux qu’il a établis pour le bonheur des hommes. […] Que ces têtes étroites, ces ames mal nées indifférentes sur l’intérêt général, concentrées dans leurs petits intérêts ne voyent que ce qui les blesse, vous hommes de Lettres & dignes de ce nom, vous ne profanerez point une plume qui ne doit être consacrée qu’au bien public, en la faisant servir à l’orgueil d’immoler un rival ; c’est à vous de donner l’exemple de ce généreux désintéressement, de cette impartialité qu’on est en droit d’attendre de vous, & que vous exigeriez pour vous même..

878. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

M. de Fezensac, nourri de souvenirs littéraires, a eu le droit de mettre en tête de son écrit ces vers touchants du plus pieux des poètes antiques, de Virgile faisant parler son héros : « Iliaci cineres, et flamma extrema meorum… », ce qu’il traduit ainsi, en l’appropriant à la situation : Ô cendres d’Ilion ! […] M. de Fezensac, à la tête du 4e régiment, eut sa part dans cet honneur. […] Ney trouvait toujours qu’on n’en faisait pas assez ; il arrivait quelquefois en tête, et prenait le fusil, comme on le voit représenté dans les estampes populaires.

879. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

On représente un poëte comme un être tout particulier, dont la démence peut vivement frapper l’imagination des autres, & tourner les têtes. […] Mais ce même Gacon, si connu pour avoir été à la tête de cette association, appellée le régiment des fous & de la calotte, pensa gâter entièrement la cause qu’il défendoit. […] Elle en fut indignée, & s’écria : « Il est tombé absolument en démence ; accident si ordinaire aux gens qui, comme lui, se mêlent de faire des vers, que j’aurois dû le prévoir, & ne pas souffrir qu’un pareil homme pût se vanter d’être connu de moi. » On en appelloit aux autres nations qui font plus de cas que nous des poëtes, & qui ne dédaignent pas quelquefois de les mettre à la tête du gouvernement.

880. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Ce qui paraît avoir conduit à cette théorie, c’est ce fait de sens intime qui nous fait localiser la pensée dans cette partie de la tête ; c’est là en effet, et ce n’est pas par derrière, que nous nous sentons penser. […] Ce qui est plus décisif encore et se rapporte de plus près au fait en question, c’est que, d’après les phrénologues (et en cela les physiologistes leur donnent raison), les affections, les émotions, les passions, ont leur siège dans le cerveau : or il ne nous arrive jamais de les localiser là ; nous n’avons pas conscience d’aimer par la tête, mais par le cœur. […] Flourens ne peuvent pas aller jusque-là, car il est bien difficile de savoir au juste ce qui se passe dans une tête de poule ou de pigeon, et affirmer que les facultés disparaissent ou reparaissent toutes à la fois dépasse peut-être ce que notre science sait de la psychologie des poules.

881. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

C’est une loi, — et une loi absolue, — que le sexe de la femme soit autant dans sa tête qu’ailleurs, et que le génie, quand elle en a, soit en elle, comme tout le resté, et pour cette raison, ne puisse, en force première et naturelle, lutter contre le génie de l’homme, qui est et qui doit, en définitive, rester le maître de la Création. […] La sœur Emmerich, dans l’ordre de la mysticité, vaut tête d’homme, mais de femme, il n’y en a plus ! […] Nous savons bien, enfin, que cette terriblement privilégiée de Dieu, cette marquée par lui, cette grande stigmatisée, n’est explicable et intelligible que comme l’Église l’explique, à cette forte époque incrédule qui, hier encore, s’affolait de tables tournantes ; et, par parenthèse, on peut apprendre comment l’Église l’explique dans les introductions très bien faites que M. l’abbé Cazalès a placées à la tête des œuvres de la sœur Emmerich.

882. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

L’éditeur anonyme de ce portefeuille de Madame Récamier, trié et surveillé, l’éditeur qui fait la main pieuse, déposant, de nuit, des fleurs sur un tombeau, nous raconte tout ce qui lui plaît sans mettre hardiment, en se nommant, comme il y était tenu, le poids de sa moralité et de son autorité en tête des récits qu’il nous donne et qu’il faudrait appeler, car c’est là leur vrai titre : Souvenirs sur Madame Récamier, par une personne qui l’a bien connue, mais qui n’a pas voulu y mettre son nom. […] — irrésistiblement attrayante ; la tête la mieux attachée, etc., etc. » Ah ! […] Vivant après une Révolution qui avait fait des maux affreux, elle s’interposa souvent entre les derniers coups de cette hache et les écarta de bien des têtes.

883. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Il provient, je crois, de ce fait que la France ne voit qu’elle-même dans le monde, et qu’il lui est, dès lors, impossible de se juger, suivant la réalité ; manquant de points de comparaison, elle s’illusionne jusqu’à se croire d’une manière permanente et, pour ainsi dire, cosmique, à la tête de la civilisation et de l’humanité.‌ […] Néanmoins je trouve quelque peu stupéfiante l’attitude du Français, qui écoute les « trouble-fête », hoche la tête en signe d’approbation, semble se ranger de leur avis, et en même temps conserve au fond de lui-même le plus inaltérable sentiment de sécurité nationale. […] Ce texte, je voudrais le voir gravé en lettres énormes au fronton de tous les édifices français, appris par cœur dans toutes les écoles, inscrit en épigraphe en tête de tous nos discours politiques. ‌

884. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Depuis dix leçons déjà, il parlait de métaphysique, sans avoir défini ni le mot ni la chose ; plusieurs auditeurs, embarrassés, et voulant à toute force une formule pour la mettre en tête de leurs cahiers, le pressaient d’interrogations. […] Comme, dans bien des têtes, les mots métaphysique, obscurité, difficulté, se trouvent confondus, il se pourrait que, si j’ai quelquefois eu le bonheur de m’expliquer avec clarté, on ait cru entendre autre chose que de la métaphysique. […] Au lieu d’axiomes, en tête des sciences, ils mettent des faits.

885. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Mais votre tête me va. […] Au physique, un corps d’ogre et une tête de Christ. […] Mais il avait la tête pleine de projets. […] On trouve en tête du livre une préface de M.  […] Le Retour, Tête folle, etc.

886. (1893) Alfred de Musset

Sa petite tête en tourna. […] Je suis resté seul dans ce château, où je ne puis parler à personne qu’à mon oncle, qui, il est vrai, a mille bontés pour moi ; mais les idées d’une tête à cheveux blancs ne sont pas celles d’une tête blonde. […] Voici le moment de regarder le dessin de Devéria placé en tête de ce volume. […] Dieu sait maintenant ce que deviendront ma tête et mon cœur. […] Détournez donc légèrement la tête, et arrondissez-moi les bras.

887. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Les chaises craquent quand on le pose, et celui qui l’a manié une heure en a moins mal à la tête qu’au bras. […] Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche et comme la neige, et ses yeux étaient comme une flamme de feu. […] Quoique blessé, il triomphe, puisque le tonnerre, qui a brisé sa tête, a laissé son cœur invincible. […] Ce qui semblait sa tête — portait l’apparence d’une couronne royale. —  Satan approchait maintenant, et de son siége, —  le monstre, avançant sur lui, vint aussi vite — avec d’horribles enjambées. […] Une jolie femme dira en revanche : « Je n’aime pas un homme qui porte sa tête comme un saint sacrement. » 443.

888. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Nous n’avons parlé jusqu’ici que des mouvements  de la face, mais il y a ceux du corps tout entier : de la tête, du tronc, des membres. […] Beaucoup de gens trouvent que la marche les aide à sortir d’une perplexité, d’autres se frappent le front, se grattent la tête, se frottent les yeux, remuent d’une façon incessante et rythmique les bras ou les jambes. […] J’éprouve une sensation très distincte de tension, non dans l’intérieur du crâne, mais comme une tension et une contraction de la peau de la tête et une pression de dehors en dedans sur tout le crâne, causée évidemment par une contraction des muscles de la peau de la tête : ce qui s’accorde parfaitement avec les expressions : se casser la tête (sich tien. Kopf zerbrechen), rassembler sa tête (den Kopf zusammennehmen). […] Même en faisant une large part à l’imitation et à la débauche, à ce qui vient plutôt de la tête (de l’imagination) que des sens, il reste encore une moisson abondante.

889. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Et Daudet reprend que, pendant toutes ces années, il n’a rien fait, qu’il n’y avait alors chez lui, qu’un besoin de vivre, de vivre, activement, violemment, bruyamment, un besoin de chanter, de faire de la musique, de courir les bois avec une pointe de vin dans la tête, d’attraper des torgnoles. […] En rentrant à quatre heures chez moi, Pélagie qui se relève, me confirme le succès de ce soir, disant, qu’un moment, elle et sa fille ont craint que les troisièmes galeries, toutes remplies d’étudiants et de jeunes gens, ne leur tombassent sur la tête dans le délire des trépignements. […] D’un côté il y avait mon oncle Armand, à la jolie tête d’un ancien officier de hussards, de l’autre côté ma mère pleurant. […] Et toutes les semaines, tombe dans la maison un gendre marseillais, avec du poil jusque dans les yeux, un Marseillais qui a la tête rasée d’un bourreau arabe, dans un tableau d’un élève de l’École de Rome, un Marseillais qui entre comme un ouragan, en criant dans son patois : Fan de brut ! […] » Paul Bert, le ministre de l’instruction publique, dans l’anxieuse inquiétude qu’il a de l’avenir de la République, avoue que dans le moment, il n’a plus sa tête pour son travail.

890. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Le mal complique d’on ne sait quelle tératologie à mille têtes le vaste ensemble cosmique. […] Son immortalité n’est que l’immortalité de la tête. […] L’immortalité, pour Hugo, n’est pas uniquement celle de la « tête » ; c’est au contraire, nous le verrons plus loin, celle du cœur et de l’amour. […] Il appelle l’homme quelque part : tête auguste du nombre ; et nous avons vu que les images tirées du nombre sont chez lui fréquentes. […] L’homme disparaît, puis reparaît, il plonge et remonte à la surface ; sa misérable tête n’est plus qu’un point dans l’énormité des vagues.

891. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Cet Artémidore mit en tête de son édition un distique qui disait : « Les Muses bucoliques étaient autrefois errantes ; les voilà maintenant toutes ensemble d’une même étable, d’un même troupeau. » On est tenté de se demander déjà, d’après l’inscription, si cette première édition était tout authentique, et sans mélange de pièces étrangères à Théocrite. […] Au-dessus de nos têtes s’agitaient en grand nombre ormes et peupliers ; tout auprès, l’onde sacrée découlait de l’antre des Nymphes en résonnant. […] L’idylle troisième, dans laquelle un chevrier se plaint des rigueurs de la nymphe Amaryllis, et va soupirer, non pas sous le balcon, mais devant la grotte de la cruelle, est d’une grande délicatesse : « Ô gracieuse Amaryllis, pourquoi au bord de cet antre n’avances-tu plus la tête en m’appelant ton cher amour ? […] « Et mon corps devenait par moments de la couleur du thapse ; tous les cheveux me coulaient de la tête, et il ne restait plus que les os mêmes et la peau. […] Oui, bien souvent, comme il le dit, ses Grâces, qu’il envoyait dès l’aurore tenter fortune le long des portiques, s’en revinrent à lui le soir nu-pieds, l’indignation dans le cœur, lui reprochant d’avoir fait une route inutile, et elles s’assirent sur le fond du coffre vide, laissant tomber leur tête entre leurs genoux glacés : « A quoi bon ces chanteurs ?

892. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

En hiver, quand il prend possession de sa pile de bois sur la ferme, non loin de la maisonnette du laboureur, il provoque le chat par ses notes dolentes ; et montrant sa fine tête par le bout des bûches au milieu desquelles il gambade en toute sûreté, le rusé met à l’épreuve la patience de Grimalkin. […] De temps en temps aussi passait l’orfraie, suivie d’un aigle à tête blanche ; et leurs mouvements gracieux, au sein des airs, emportaient ma pensée bien loin au-dessus d’eux, dans les régions du ciel les plus sereines, et me conduisaient ainsi délicieusement et en silence jusqu’au sublime auteur de toutes choses. […] Quand j’entrai, un bruit sourd au-dessus de ma tête me fit me retourner, et je vis s’envoler deux oiseaux qui furent se reposer tout près de là. — Les pewees étaient arrivés ! […] Et moi je restais là, ma tête appuyée contre le tronc et prêtant l’oreille au bruit assourdissant que faisaient les oiseaux pour s’installer à l’intérieur. […] Il lève sa tête chauve vers le ciel, et ses yeux enflammés d’orgueil se colorent comme le sang.

893. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

L’honnêteté de l’utopiste est dans sa tête ; elle y est comme une sorte d’ivresse dans laquelle il oublie ce que commande aux gens de bien l’honnêteté qui vient du cœur. […] Je ne m’étonne pas qu’on ait fort à souffrir, autour de lui, de cet amour pour les hommes, qui passe par-dessus la tête de ceux qui l’entourent. […] Donnez aux enfants « de petites branches d’arbre avec leurs fruits et leurs feuilles, une tête de pavot, dont l’enfant entendra sonner les graines, on bien un bâton de réglisse », — comme si les branches avec leurs fruits et les bâtons de réglisse n’étaient pas des corps durs, et comme si une tête de pavot à sucer était un hochet innocent ! […] C’est après avoir commis la moins pardonnable de toutes les fautes, qu’éclata dans sa tête cette effervescence de vertu durant laquelle il fit le procès à toutes choses et la leçon à tout le monde. […] Le peu qu’entrevoit des choses réelles ce roi des ours, comme l’appelait spirituellement Mme d’Épinay, les jours où il passait sa tête inquiète hors de la porte de son ermitage, il l’entrevoit d’un œil troublé par la passion ou dépaysé par la solitude.

894. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Faible, et qui lentement sur sa tige s’incline, Telle, elle détourna la tête, et lentement S’inclina tout en pleurs jusqu’à son jeune amant. […] si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux, Avant de nous quitter, un seul instant arrête ; Étoile de l’amour, ne descends pas des cieux ! […] Souffle-t-il à l’aurore une brise aussi pure, Un vent d’est aussi plein des larmes du printemps, Que celui qui passa sur ta tête blanchie, Quand le ciel te donna de ressaisir la vie Au manteau virginal d’un enfant de quinze ans ! […] Comme on baisse la tête en les trouvant si vieux ! […] » C’est là, devant ce mur où j’ai frappé ma tête, Où j’ai passé deux fois le fer sur mon sein nu ; C’est là, le croiras tu, chaste et noble poëte, Que de tes chants divins je me suis souvenu.

895. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Ont-elles penché leur tête Et jeté leurs cris joyeux En voyant, tout inquiète, Ta femelle sur ses œufs ? […] Il s’arrêtait de temps en temps, sans même s’en apercevoir, pour faire le signe de la croix, après l’antienne, avec une telle componction de visage qu’on voyait sa tête découverte, prématurément chauve, fumer de zèle plus que de sueur au soleil. […] Nous fermâmes donc nos livres d’études dans nos pupitres, et, les coudes appuyés sur la table, la tête dans nos mains, nous prîmes l’attitude des disciples qui écoutent le maître dans le tableau de l’École d’Athènes de Raphaël. […] Effrayé et ravi, il se précipite parmi ses frères, qui n’ont point encore vu ce spectacle ; mais, rappelé par la voix de ses parents, il sort une seconde fois de sa couche, et ce jeune roi des airs, qui porte encore la couronne de l’enfance autour de sa tête, ose déjà contempler le vaste ciel, la cime ondoyante des pins et les abîmes de verdure au-dessous du chêne paternel. […] III Avant qu’il eût parlé, tu lisais sa requête ; Tu levas tes deux bras, anses de ton beau corps ; Tu descendis la cruche au niveau de sa tête, Et du vase incliné tu lui tendis les bords.

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