Obermancreusait et exprimait tout cela ; l’auteur n’y retraçait aucunement sa biographie exacte, comme quelques-uns l’ont cru ; au contraire, il altérait à dessein les conditions extérieures, il transposait les scènes, il dépaysait autant que possible.
Je citerai surtout l’endroit où, discutant la loi du sacrilége de 1825, il se met lui-même en scène par un brusque mouvement, et se peint tel qu’il était alors sur ces matières avec les agitations de son esprit et les perplexités de sa conscience.
Seulement le lieu de la scène a changé, et les orbites des mouvements se sont agrandis.
Tantôt il ramasse toute une scène en quelques traits, par un dessin large, hardiment simplifié ; tantôt il développe d’immenses tableaux, comme ceux de la mort de Monseigneur, et du lit de justice qui dégrade les enfants légitimés de Louis XIV.
Les comptes rendus des tribunaux, les faits divers assouvissent chaque jour et entretiennent en nous un besoin d’émotions et de sensations brutales : tout ce qu’on craignait jadis de montrer dans les livres ou sur la scène, s’étale là ; et la littérature serait vite insipide à nos palais, si elle ne nous offrait le ragoût auquel les journaux nous ont habitués.
Nous avons parlé des couvents européens dans l’histoire de René et retracé quelques-uns de leurs effets au milieu des scènes de la nature ; pour achever de montrer au lecteur ces monuments, nous lui donnerons ici un morceau précieux que nous devons à l’amitié.
J’arrivai au milieu de cette scène ; elle embrassa mes genoux, me conjurant, au nom de Gellert, de Gessner, de Clopstock et de tous mes confrères en Apollon tudesques, de la servir.
En général la multitude des acteurs nuit à l’effet de la scène, cette abondance est vraiment stérile ; on n’y a recours que pour suppléer à une idée forte qui manque.
Ce jugement des oies a donné lieu à une scène assez vive entre Marmontel et un jeune poëte appellé Chamfort, d’une figure très-aimable, avec assez de talent, les plus belles apparences de modestie et la suffisance la mieux conditionnée.
IV Mais, encore une fois, si cette biographie d’un homme qui a droit, sinon à la statue en pied de l’histoire au moins à la médaille de la biographie, si tout ce travail sur François Suleau est très élevé de renseignement, de vue et d’accent, et si l’écrivain qui l’a publié y a montré des aptitudes et des facilités vers l’histoire, grave ou tragique, telle qu’elle est le plus généralement conçue et réalisée par MΜ. les historiens ordinaires, je ne m’en opiniâtre pas moins à croire, ainsi que je l’ai dit au commencement de ce chapitre, que le vrai génie spécial de l’auteur Ombres et vieux murs, que son originalité la plus vive, serait, son genre d’esprit donné, la mise en scène ou en saillie de l’élément comique ou ravalant qui ne manque pas dans l’histoire, et qu’il saurait fort bien en dégager, ainsi que l’attestent les excellentes variétés historiques qu’il nous a mises sous les yeux, titres réveillants en tête : La Lanterne, Le Rhum et la Guillotine, Le Lendemain du massacre, etc., tous épisodes ou mosaïques d’anecdotes dont il faut juger par soi-même en les lisant et dont l’analyse, d’ailleurs, ne donnerait qu’une très imparfaite idée.
Enfantin ne veut pas être gardé… Il y a dans cette mise en scène de jolies finesses.
Paul Deltuf a mise en scène avec une rare énergie et un tour comique et attendri tout ensemble, fait pour étonner, si M.
Richepin, barbouillé de fard, couvert de paillons, s’étala sur la scène. […] On admirait surtout la mise en scène très ingénieuse, tout à fait nouvelle, qu’on eût dite réglée par M. […] Depuis la première scène jusqu’à la dernière, c’est un crescendo d’horreur qui ne se ralentit pas une seconde et se renouvelle sans cesse. […] Pour prouver que je n’ai rien exagéré dans mon admiration, il faudrait citer, citer encore, n’importe quelle scène, au hasard, car toutes offrent des surprises et d’incomparables grandeurs. […] Je me contenterai de reproduire la dernière scène qui donnera une idée de ce qu’est ce drame en son entier.
D’aucuns lui reprochèrent, par exemple, dans Les Morticoles, la scène du Lèchement de pieds. […] … Ce sont des figures, des âmes, des scènes d’enfer. […] … Nous marchions sur la scène encombrée. […] Il suffirait de remplacer les scènes érotiques par des scènes d’exaltation religieuse, ce qui est facile, et les gravures trop libres, par de belles images sulpiciennes ! […] Albert Carré encadre dans une mise en scène où il est impossible d’allier à plus de pittoresque et à plus d’art la compréhension et le respect d’une œuvre… deux fois chef-d’œuvre !
Voyez par quel effort Flaubert arrive à mettre en scène et à faire agir et parler deux insignifiants personnages comme Bouvard et Pécuchet, destinés à supporter seuls le poids d’une érudition ennuyeuse. […] Il ne reste pas dans la mémoire, et, hors de la scène, il n’existe plus. […] Faites d’abord un plan complet, un plan détaillé de chaque scène, de chaque chapitre. […] Scènes, dialogues, ton, milieu, tout est génial. […] Il y a Balzac, naturellement, qui, par fragments, dans sa Comédie humaine, a tracé des scènes de la Restauration et du temps de Louis-Philippe que nul historien ne fera oublier.
Des deux personnages qu’il met en scène, le théologien arrive ordinairement le premier, et expose la croyance de l’Eglise. […] Il vécut dans une sorte de retraite, et, s’il fut homme du monde, il regarda la scène sans devenir acteur. […] Il introduit des personnages fictifs, leur prête des dialogues, et transforme la leçon de morale en scène dramatique. […] Les Scènes de la vie conjugale sont un chef-d’œuvre ; mais quel triste chef-d’œuvre ! […] Écartez bien loin de tels scandales ; qu’ils s’accomplissent derrière la scène.
Ivan Tourgueneff (suite) I Jacques Passinkof, Faust, le Ferrailleur, les Trois Portraits, l’Auberge de grand chemin, quelques essais dramatiques et enfin Deux journées dans les grands bois, magnifique scène descriptive des plaines ténébreuses de la Grande Russie, forment le premier et le second volume de cette collection étrange, pittoresque et attachante. […] III Entrent en scène un beau jeune homme, employé du gouvernement, et un petit vieillard, maître de musique de Lise, fille aînée de la maison. […] Une ancienne connaissance encore, Sem, entre en scène. […] pensa-t-il, le mécréant de Diderot est de nouveau en scène ; c’est le moment de s’en servir ; attendez, je vais tous vous étonner. » Et aussitôt, d’une voix tranquille et mesurée, quoique avec un tremblement intérieur, il annonça à son père qu’il avait tort de l’accuser d’immoralité ; qu’il ne voulait pas nier sa faute, mais qu’il était prêt à la réparer, et d’autant mieux qu’il se sentait au-dessus de tous les préjugés ; en un mot, qu’il était prêt à épouser Malanïa. […] » Que dire de personnes qui vivent encore, mais qui sont déjà descendues de la scène du monde ?
Il y a dans l’histoire des aventures bouffonnes, des événements de cuisine, des scènes d’abattoir et de cabanon, des comédies, des farces, des odes, des drames, des tragédies. […] Il a fait des scènes de roman, austères si l’on veut, mais aussi intéressantes qu’une séance du Parlement ou du Conseil. […] Cette petite scène est d’une vérité frappante. […] Point de jansénistes, point de Bossuet, point de Voltaire ; autre était la scène du monde. » Saviez-vous que les causes du protestantisme en France furent les dévastations de Charles-Quint ? […] La nuit, scène plus étonnante !
Il se vante lui-même, dans son Examen de Mélite, d’avoir pour ses débuts établi le règne de la décence et des mœurs sur une scène où les libertés qu’on prenait avant lui rendaient le théâtre inabordable aux femmes. […] En effet, ce n’est guère qu’entre 1645 et 1660 que nos auteurs dramatiques, Thomas Corneille, Scarron, Quinault, — pour ne rappeler que ceux dont le nom n’a pas péri tout entier, — se jettent à corps perdu dans l’imitation du théâtre espagnol, et qu’ils en viennent jusqu’à ne pouvoir plus seulement écrire une pièce de leur cru sans en placer la scène à Lisbonne ou à Salamanque. […] En même temps, sur la scène illustrée par Molière, et dont ils ont fait « un échafaud », — selon la forte expression de Racine, — les Montfleury, les Poisson, Dancourt, qui débute, exposent leurs « turlupinades ». […] Mais il y revient à deux ou trois reprises dans son Gil Blas, dont la première partie est de 1714 ; et, avec une hardiesse renouvelée de La Bruyère et de Molière, il y met en scène, sous le nom de la marquise de Chaves, Mme de Lambert elle-même. […] Macaulay, Le Théâtre anglais sous la Restauration]. — Les comédies de Fielding ne sont encore que des « adaptations » de la comédie de Molière ; — et pareillement l’un des chefs-d’œuvre de la scène anglaise, L’École du scandale de Sheridan [Cf.
Tourgueneff qu’il faut en accuser ; il s’est borné à retracer consciencieusement les scènes et les traits de mœurs populaires qu’il a recueillis en parcourant, le fusil sur l’épaule, les différentes provinces de l’empire. […] La pluie continuait toujours ; j’attendais impatiemment le dénouement de cette triste scène. […] IX Tel est ce livre, tel est cet homme ; livre qui contient des scènes ravissantes ; homme qui les écrit comme la nature les compose. […] À un tel peuple, il ne faut pas de longs ouvrages, il lui faut des scènes vives, courtes, simples et touchantes tout à la fois : les poëmes presque pastoraux de la vie russe.
De ces spectacles, je ne me rappelle que cela ; le reste avait disparu de moi au réveil, — quoique j’aie gardé une vague conscience que cela avait duré longtemps, et que bien d’autres scènes s’étaient déroulées dans mon rêve. […] Tomber du Théâtre-Français à Montparnasse, à ces voix cassées par les petits verres, à ces habits d’écrivain public au dos de vos jeunes premiers, à ces inintelligences du dire… en fin à la caricature de la merveilleuse mise en scène qui a été. […] Je ne voulais pas parler, parce que je ne me souciais pas que la scène d’un récent dîner recommençât, mais un peu asticoté par les uns et par les autres, je pris la voix la plus douce pour affirmer que j’avais plus de plaisir à lire Hugo qu’Homère, essayant cette fois de parer les foudres de Saint-Victor avec le nom d’Hugo. […] De tous ceux qui parlent du fameux coup de sabre de Lambesc, quels sont ceux qui ont lu la justification de Lambesc et savent le vrai de la scène ?
Si la France avait ressenti le goût des scènes militaires, elle avait eu, hélas !
XXX Si l’on va au-delà des jeux éphémères de la littérature actuelle, qui encombrent le devant de la scène et qui gênent la vue, il y a en ce temps-ci un grand et puissant mouvement dans tous les sens, dans toutes les sciences.
L’auteur anglais s’est laissé prendre à une couple de scènes où figure Louis XI.
Aussi quand venait le moment pour lui d’entrer en scène, il se présentait à l’auteur avec la netteté d’un personnage réel dont tout un ensemble de faits moraux antérieurs nécessite la conduite et le langage.
Et sur la scène, derrière un voile de gaze, tels de véritables personnages de songe, s’agitaient des fantoccini, mimant les paroles prononcées par les acteurs, représentations allégoriques des entités verbales.
Elle doit porter sur les idées, les sentiments, les tendances des personnages mis en scène ; elle est en ce sens interne ; mais, comme ces personnages sont ou bien créés de toutes pièces par l’auteur ou en tout cas interprétés et en une certaine mesure formés ou déformés par lui, comme ils servent de la sorte à exprimer la nature même et les conceptions particulières de l’auteur, l’analyse est en ce sens-là externe.
Le Philosophe marié est d’un autre genre de mérite : il prouve combien Destouches avoit de ressource dans l’imagination : conduire pendant cinq actes, sans langueur & sans inutilité, un sujet qui paroît capable de fournir tout au plus deux ou trois scènes, ne sauroit être l’Ouvrage que d’un esprit qui connoissoit les secrets du cœur & savoir tout ramener à l’action théatrale.
Il s’était joué lui-même sur cette incommodité dans la cinquième Scène du second Acte de L’Avare, lorsque Harpagon dit à Frosine « Je n’ai pas de grandes Incommodités Dieu merci, il n’y a que ma fluxion qui me prend de temps en temps » ; À quoi Frosine répond, « Votre fluxion ne vous sied point mal, et vous avez grâce à tousser. » Cependant c’est cette toux qui a abrégé sa vie de plus de vingt ans.
Excepté Mahomet qu’on y voit, et qu’on y voit bien, peut-être parce qu’il est moins Asiatique en venant vers nous, nulle figure ne se détache nettement de cet immense théâtre à scènes perdues !
Aux yeux de qui ne se laisse pas troubler ou imposer par la mise en scène et les tumultes du théâtre, l’Histoire est uniquement le résumé des facultés de quelques hommes, faiblement ou puissamment mises en jeu.