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415. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

Nul mieux que lui ne conclut une strophe un peu burlesque, soigneusement découpée en ses principales parcelles rythmiques par un majestueux ternaire, et souvent le sérieux de la forme est complice de la drôlerie du fond pour exciter l’éclat de rire, ou plutôt le sourire, car c’est à susciter ce sourire que vise M. 

416. (1887) Discours et conférences « Discours à la conférence Scientia : Banquet en l’honneur de M. Berthelot »

En ce monde, la science est encore ce qu’il y a de plus sérieux.

417. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

Quand la première saison est passée, quand le front se penche, quand on sent le besoin de faire autre chose que des histoires curieuses pour effrayer les vieilles femmes et les petits enfants, quand on a usé au frottement de la vie les aspérités de sa jeunesse, on reconnaît que toute invention, toute création, toute divination de l’art doit avoir pour base l’étude, l’observation, le recueillement, la science, la mesure, la comparaison, la méditation sérieuse, le dessin attentif et continuel de chaque chose d’après nature, la critique consciencieuse de soi-même ; et l’inspiration qui se dégage selon ces nouvelles conditions, loin d’y rien perdre, y gagne un plus large souffle et de plus fortes ailes.

418. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Le christianisme est sérieux comme l’homme, et son sourire même est grave.

419. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XI. Des Livres sur la Politique & le Droit Public. » pp. 315-319

Le sel de la plaisanterie est répandu sur le sérieux de la politique.

420. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Chacun a des affaires plus sérieuses, que de nous examiner scrupuleusement. […] Mais on confond encore ici des discours figurez et allegoriques avec des discours sérieux et naïfs ; la différence est grande. […] Qu’on me pardonne ce badinage, ou même cette bassesse, je le donne pour ce qu’il est ; mais l’effet en est sérieux, et c’est la meilleure maniere d’exposer le ridicule dont il s’agit. […] J’ai prétendu que de ces deux discours l’un étoit simulé, et l’autre sérieux. […] l’exclamation qui est ironique seroit plus raisonnable, si elle étoit sérieuse.

421. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Le principe de l’art, selon nous, est dans la vie même ; l’art a donc le sérieux de la vie. […] Tout ce qui est sérieux en nous cesse-t-il d’être beau ? […] Nous avons vu que tout ce qui est sérieux et utile, tout ce qui est réel et vivant peut, dans certaines conditions, devenir beau. […] Mais les mythes des anciens âges ne peuvent plus être pris au sérieux dans l’âge de la science. […] Selon M. de Banville, le calembour, qui n’est jamais déplacé dans la poésie sérieuse, est l’avenir même de la comédie.

422. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Jamais on ne peut ni reconnaître décidément la plaisanterie, ni se convaincre du sérieux de l’auteur. […] Gladstone, sans doute, n’était pour lui qu’un médiocre commentateur d’Homère, et un théologien plus brillant que sérieux. […] Balfour, avait sérieusement réfléchi aux questions qu’il traitait, ni que ces questions étaient sérieuses, et méritaient qu’on y réfléchît. […] L’auteur de Guerre et Paix, au surplus, ne peut manquer d’avoir pris au sérieux son métier de soldat. […] Mais aucune ne mérite même d’être prise au sérieux.

423. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il prit d’abord ce rôle de censeur très au sérieux, mais il ne tarda pas à nous confier ses déceptions. […] Il prit d’abord ce rôle de censeur très au sérieux, mais il ne tarda pas à nous confier ses déceptions. […] La plupart sont devenus magistrats sérieux ou doctes médecins ; aucun d’eux n’est resté dans la littérature, à l’exception d’Henri Mazel, qui donna tout de suite à sa revue une allure sérieuse, en y publiant des articles de critique et de sociologie. […] Ces questions ne me semblaient pas indignes d’être prises au sérieux par l’auteur du Trésor du Félibrige. […] Elles s’est vengée du néant eh prenant au sérieux ce que la vie peut offrir de noble et de bon, et elle a renoncé à tout pour mieux se donner à tous.

424. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il ne semble avoir pris plus au sérieux ce nouvel ouvrage que pour le mieux critiquer. […] C’est ainsi qu’une réaction sérieuse, universelle et très significative, s’est produite en faveur du roman honnête. […] Cependant, une réaction sérieuse se produit depuis quelques années contre ce pessimisme artistique. […] L’harmonie est une des choses les plus sérieuses qui restent à soigner. […] Cette difficulté d’avoir une forme à soi est si sérieuse, que M. 

425. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Il a prétendu élever les âmes si haut, si loin de la terre, si loin de nos faiblesses et de nos misères, que, n’ayant pour se soutenir le lest d’aucune croyance sérieuse et forte, elles ne peuvent que tomber de ces hauteurs séraphiques, et se salir les ailes dans la boue. […] Tout cela, ce n’est encore que critique littéraire, question de goût et de convenance : avant de terminer cette étude si incomplète, nous voudrions la rattacher à une idée plus sérieuse, à celle qui nous a poussé vers ce travail difficile et périlleux. […] Comment s’irriter contre un homme qui vous dit d’un grand sérieux : Ah ! […] Non : une réaction après tant de réactions, un nouvel exemple de ces vicissitudes de flétrissure et d’apothéose où s’altèrent, en définitive, les notions du juste et du bien, ce n’est pas là ce que recherche le calme et sérieux historien de la Lorraine. […] Notre littérature, déjà bien malade, le serait plus encore, si l’importance très sérieuse et très littéraire de bons et beaux livres, attrayants comme des romans et instructifs comme des histoires, pouvait être un moment compromise par une plaisanterie de salon.

426. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — I. Sur M. Viennet »

Il s’est cru dégagé, comme il l’explique dans sa Préface, d’un scrupule excessif et il publie ce livre : l’Histoire de la puissance pontificale 179, lequel, d’ailleurs, ne renversera rien, mais instruira les esprits sérieux qui aiment, sans trop de détail, à se rendre compte de la suite des choses et à s’expliquer les résultats.

427. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Tout ceci est uniquement pour dire qu’en nous appliquant de plus en plus aux matières dites sérieuses, il nous est pourtant difficile de ne pas regretter et saluer, au moment de les voir disparaître, les premiers rivages et les statues que nous avions une fois couronnées.

428. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Pourquoi ne pas mettre son cœur dans un ouvrage sérieux, comme dans un livre purement agréable ?

429. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Ce n’est pourtant que depuis 89, depuis cette ère historique, où tout s’est retrempé et d’où nous datons, que le libre examen, l’exercice de la pensée, cet exercice non pas simplement intérieur, mais se produisant au dehors en des termes de discussion convenable et sérieuse, est devenu de droit commun ; il l’est devenu surtout pour les régimes qui se font honneur d’inscrire 89 dans leur acte de naissance et dans leur titre de légitimité. […] Cela n’est pas sérieux ! […] Le temps du moins est venu, pour qui aime son pays et le Gouvernement de son pays, de représenter le sérieux danger de la situation au Prince lui-même (si bien informé qu’il soit) et de donner un signal d’alarme. […] La liberté, la voulez-vous sérieuse et tout de bon ?

430. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

J’ai vu naître moi-même cette fantaisie royaliste, et non cette politique sérieuse, dans le cabinet d’un ministre des affaires étrangères des Bourbons que je ne nommerai pas ; mais je dois attester que cette fantaisie diplomatique, que les historiens de cette époque prennent aujourd’hui au sérieux, n’alla jamais plus loin que la porte de ce cabinet, et qu’elle ne fut jamais qu’un sujet de conversation entre des diplomates français étourdis et impatients des tracasseries de l’Autriche contre nous, forfanterie de cabinets, politique désespérée qu’on jette au vent comme une menace, mais qui ne retombe que sur ceux qui ont rêvé l’absurde ou imaginé l’impossible. […] XXVII L’alliance autrichienne, depuis que la maison d’Autriche a abdiqué les pensées gigantesques de Charles-Quint, de monarchie universelle en Europe, et même d’empire unitaire en Allemagne et dans les Pays-Bas, l’alliance autrichienne est la seule qui réponde à la fois à tous les intérêts légitimes de l’Autriche et à tous les intérêts de sérieuse et de légitime grandeur de la France. […] Nous croyons qu’une fois la monarchie militaire et unitaire du Piémont écartée, le système fédéral n’éprouvera aucune opposition sérieuse de l’Europe, excepté de la part de l’Angleterre.

431. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

C’est néanmoins au xixe  siècle, c’est depuis trente années surtout, que par son alliance avec l’histoire, la philosophie, l’éloquence, par la grandeur et l’universalité de ses travaux, par le sentiment d’artiste dont elle a su animer ses appréciations et son style, la critique a mérité de prendre place parmi les genres littéraires les plus importants, les plus goûtés, et d’être à son tour l’objet d’une étude sérieuse, la matière d’une nouvelle critique. […] Elle adorait trop les anciens pour oser les juger, dédaignait trop les modernes pour en faire une sérieuse étude. […] Progrès à désirer Si maintenant, pour terminer cette partie, on nous permettait d’essayer ce que Wendt a fait il y a quarante ans, d’indiquer en quelques mots la route ouverte aujourd’hui devant la critique sérieuse qui s’occupe de théorie littéraire, nous souhaiterions : Que les études esthétiques prissent en France une plus grande extension. […] Mais quand il s’agit d’apprécier une œuvre nouvelle, surtout celle d’un auteur inconnu, c’est là que le critique a besoin de toutes ses forces : c’est l’heure du combat sérieux et décisif.

432. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Les accessoires du tableau, les éléments et les traits qui le justifient, se rencontrent épars, sans aucune physionomie poétique, dans la correspondance railleuse et dans les livres plus sérieux de Bonstetten. […] Prenez l’habitude de ne fixer aucune pensée, gardez-vous de tout travail sérieux et suivi, tâchez de ne rien observer, d’être les yeux ouverts sans voir, de parler sans avoir pensé : alors, dans l’ennui qui vous dévore, laissez-vous aller à toutes vos fantaisies, et vous verrez les progrès rapides de voire imbécillité. […] Bonstetten supporta courageusement cette perte, dont il appréciait pourtant pleinement les conséquences : la plus sérieuse pour lui était l’impuissance de donner.

433. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Il n’est pas jusqu’à cette vogue religieuse du moment qui ne semble jusqu’à un certain point devoir se rapporter à lui : sans doute, en ce qu’elle aurait de tout à fait sérieux et de profond, lui-même il n’en accepterait pas l’honneur, et il l’attribuerait à une cause plus haute ; sans doute, en ce qu’elle offre d’excessif et de blessant, il aurait le droit d’en décliner la responsabilité, lui qui a surtout présenté la religion par ses aspects poétiques et aimables ; mais enfin il est impossible de ne pas remarquer que la vogue religieuse, dont le Génie du Christianisme fut le signal, est encore, après toutes sortes de retours, la même qui va accueillir la Vie de Rancé. […] Pellisson, lorsque celui-ci vint à la Trappe après sa conversion, non pas comme un bon livre, mais comme un livre fort propre et bien relié ; que dans les deux premières années de sa retraite, avant d’être religieux, il avoit voulu relire les poètes, mais que cela ne faisoit que rappeler ses anciennes idées, et qu’il y a dans cette lecture un poison subtil caché sous des fleurs qui est très-dangereux, et qu’enfin il avoit fallu quitter tout cela. » Quand vint la lutte sérieuse, Rancé, on le voit, n’hésita point ; le culte charmant résista peu en lui à cet endroit ; aussi il n’était que scoliaste et non poëte, il étouffa plus aisément sa colombe, qui n’était que celle d’Anacréon.  […] Je ne parle pas des libelles qui coururent, mais il eut à soutenir des discussions sérieuses et dans lesquelles il ne parut pas toujours avoir raison.

434. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

C’est une aberration intellectuelle qui mène également, et par une pente rapide, à l’indifférence, une autre forme plus spécieuse qu’elle revêt, une autre injure au caractère sérieux et trois fois saint de la Vérité.  […] Ceci devint plus sérieux alors ; sa première communion en fut retardée, et il ne la fit qu’après son entier retour à la foi, c’est-à-dire à vingt-deux ans environ. […] Le style de l’Essai sur l’indifférence, qui s’est épuré, affermi encore, s’il se peut, dans les deux écrits subséquents de l’auteur (la Religion considérée dans ses rapports, etc., et les Progrès de la Révolution), possède au plus haut degré la beauté propre, je dirai presque la vertu inhérente au sujet ; grave et nerveux, régulier et véhément, sans fausse parure ni grâce mondaine, style sérieux, convaincu, pressant, s’oubliant lui-même, qui n’obéit qu’à la pensée, y mesure paroles et couleurs, ne retentit que de l’enchaînement de son objet, ne reluit que d’une chaleur intérieure et sans cesse active.

435. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Restaient des rôles de critiques consciencieux, sérieux, mais un peu singuliers, exceptionnels, comme de loin il les appelle, ou plus adonnés à l’étude des influences étrangères, des origines, ou recherchant les cas rares plutôt que la route générale et frayée. […] Nisard, il a de plus en plus, en effet, accru ses qualités sérieuses, ses connaissances diverses ; il prend intérêt à toutes sortes de choses, peinture, machines, histoire, etc., et y porte une expression abondante, redondante quelquefois, mais facile, claire, sensée, une foule d’observations morales qui plaisent à beaucoup d’esprits modérés et distingués, qui enchantent beaucoup d’esprits solides, qui ne satisfont peut-être pas toujours au même degré quelques délicats, subtils et dédaigneux. […] En prêchant votre tradition stricte, en l’appuyant surtout d’exemples et de détails plus féconds, vous empêcherez quelques défauts dans d’estimables esprits ; vous les empêcherez, s’il se peut, de porter dans des genres sérieux et sobres, philosophie, histoire, etc., la recherche de qualités étrangères au genre et à leur esprit même.

436. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Le côté même sérieux de ces discussions ne sortait pas du pur domaine de l’esprit. […] On pourrait presque affirmer de même que de nos jours, non point absolument chacun, mais tout esprit sérieux et réfléchi, tout cœur troublé, qui conçoit le doute et qui en triomphe ou qui le combat, porte son Pascal en lui, et, selon les manières diverses de souffrir et de lutter, on conçoit ce Pascal diversement : chacun de nous fait le sien. […] Selon Pascal, qui est du Calvaire, il n’y a de profond et de sérieux dans l’homme que la sainte pauvreté et le dépouillement, la tristesse féconde qui se change en joie ; tout le reste est légèreté.

437. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il est, — je le sens trop d’après l’épreuve d’hier, — il est des points sur lesquels je ne m’accoutumerai jamais à retenir ma pensée, toutes les fois que je la croirai d’accord avec le vrai, avec le juste, et aussi avec le bien de l’Empire qui n’a nul intérêt à pencher tout d’un côté, et qui, sorti de la Révolution, ne saurait renier aucune philosophie sérieuse. […] C’est donc être fidèle, selon moi, à l’esprit de la Constitution, dont nous sommes les gardiens, que de ne pas laisser s’autoriser dans cette enceinte cette apparente unanimité de réprobation contre tout ce qui sent le libre examen, quand il se contient, en s’exprimant, dans les termes d’une discussion sérieuse, non injurieuse. Je ne comprendrais pas que sous le règne d’un Napoléon47, c’est-à-dire d’un souverain qui est jaloux sans doute de garantir tous les intérêts moraux, d’abriter toutes les craintes même et les délicatesses des consciences, mais aussi de réserver tous les droits sérieux et légitimes issus de la Révolution, il y eût un accord aussi surprenant contre cette classe plus ou moins nombreuse qu’on n’appelle qu’en se signant les libres penseurs, et dont tout le crime consiste à chercher à se rendre compte en matière de doctrines.

438. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

La nature humaine est sérieuse, et dans le silence de la méditation l’on ne recherche que les écrits raisonnables ou sensibles. […] Dans les temps devenus fameux par des proscriptions sanguinaires, les Romains et les Français se livraient aux amusements publics avec le plus vif empressement ; tandis que dans les républiques heureuses, les affections domestiques, les occupations sérieuses, l’amour de la gloire détournent souvent l’esprit des jouissances même des beaux-arts. […] L’on porterait l’émotion au milieu d’êtres égoïstes, la raison impartiale lutterait en vain contre les sophismes du vice, et la piété sérieuse livrée sans cesse à tous les dédains de la frivolité cruelle.

439. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Que de vérités, que de rapports généraux, qui n’avaient point encore pris place dans l’esprit français ; et quelle nouveauté que cette forme sérieuse forte, proportionnée sous laquelle les présentait Calvin ! […] C’est ce style de la discussion sérieuse plus habituellement nerveux que coloré, qui a plus de mouvements que d’images, son objet n’étant point de plaire, mais de convaincre ; instrument formidable par lequel la société française allait conquérir un à un tous ses progrès, et faire passer dans les faits tout ce qu’elle concevait par la raison. […] Je m’étonne donc peu qu’une grande partie de la France ait été d’abord calviniste, et que le reste ait eu la tentation de le devenir tant ce génie sérieux, logique, cet esprit de discipline, cette gravité sont conformes à l’esprit de notre pays !

440. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Madame de Thommeray adresse à Jean de tendres et sérieux reproches ; elle lui montre le château paternel assombri par le départ de l’enfant prodigue, son vieux père en deuil de sa vertu morte ; elle lui rappelle sa fiancée blessée au cœur par son abandon. […] Justement, voici deux bourgeois en paletot qui se rencontrent sous un réverbère ; ils vont parler de choses très sérieuses, raviver des souvenirs tout saignants encore : les familles dispersées, le déchirement des séparations, les femmes et les enfants abandonnant la ville assiégée. […] Victor Chauvel, un jeune homme de mérite, sérieux et laborieux premier commis de M. 

441. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Mais je vais plus loin, et je demanderai si Térence peut même être un modèle dans un genre d’écrire beaucoup moins sérieux ? […] Mais Molière dont nous parlions tout à l’heure, et qu’on ne saurait trop citer ici, est plein de gallicismes ; aucun auteur n’est si riche en tours de phrases propres la langue française ; il est même, pour le dire en passant, beaucoup plus correct dans sa diction qu’on ne pense communément : d’après cette idée, un étranger qui écrirait en français, croirait, bien faire que d’emprunter beaucoup de phrases de Molière et se ferait moquer de lui ; faute d’avoir appris à distinguer dans les gallicismes, ceux qui sont admis dans le genre le plus noble, ceux qui sont permis dans le genre moins élevé, mais sérieux, et ceux qui ne sont propres qu’au genre familier. […] Cicéron a écrit dans bien des genres, et ces genres demandaient des styles différents ; il a écrit des dialogues qui pouvaient permettre des expressions familières ou moins relevées que les harangues ; il a écrit surtout un grand nombre de lettres, où certainement il a employé bien des tours de conversation, que le style grave et soutenu n’aurait pas permis ; que faudrait-il penser d’un écrivain qui risquerait ces mêmes phrases dans un discours sérieux ?

442. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Le public sérieux, religieux, qui aime ces discussions et qui se prête au jargon d’école ou, si l’on aime mieux, à l’espèce d’annotation algébrique qu’elles supposent, les aurait bien su trouver. […] Scherer est un des nobles types des esprits sérieux qui croient à une vérité absolue, qui, même lorsqu’ils ont le sourire fin, ne l’ont pas léger et moqueur ; et quand il ne nous le déclarerait pas, on sent, en le lisant, qu’il signerait volontiers cette pensée du théosophe Saint-Martin : « La vie nous a été donnée pour que chacune des minutes dont elle se compose soit échangée contre une parcelle de la vérité. » Voilà une vocation.

443. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

C’est lui qui, un jour qu’un homme en place, excédé de son procédé, lui en faisait sentir l’inconvenance, répondait sans s’émouvoir ; « Je sais bien, monsieur, que je suis, moi, un homme fort ridicule ; mais ce que je vous dis ne laisse pas d’être fort sensé, et, si vous étiez jamais obligé d’y répondre sérieusement, soyez sûr que vous joueriez un personnage plus ridicule encore que le mien. » C’est lui qui, s’apercevant un jour qu’il était de trop dans un cercle peu sérieux, ne se gêna pas pour dire : « Je sens que je vous ennuie, et j’en suis bien fâché ; mais moi, je m’amuse fort à vous entendre, et je vous prie de trouver bon que je reste. » Tout cela est bien de l’homme dépeint par La Bruyère dans son portrait chargé, mais reconnaissable, de celui même que le cardinal de Fleury, à son point de vue de Versailles, appellera un politique triste et désastreux ; malencontreux, du moins, et intempestif, qui avait reçu le don du contretemps comme d’autres celui de l’à-propos, et qui, lorsqu’il se doutait du léger inconvénient, prenait tout naturellement son parti de déplaire, pourvu qu’il allât à ses fins. […] Toute ironie lui paraissait incompatible avec le sérieux.

444. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Il est vrai que c’est dans une comédie qu’il dit cela, et qu’on ne peut pas prendre tout à fait au sérieux ces sortes de saillies ; mais il faut pourtant reconnaître que, si les honnêtes gens en ce monde sont moins mal partagés d’ordinaire et dans les temps réguliers que Ménandre ne le dit, il est aussi des instants de crise où ils se conduisent de manière à avoir tout l’air en effet de ne venir qu’après les flatteurs, les calomniateurs et ceux qui vivent à petit bruit de la corruption. […] L’essentiel, le seul point que nous tenions à constater, et que le public peut-être voudra bien reconnaître avec nous, est celui-ci : Somme toute, et à travers les nombreux incidents d’une course déjà longue, la Revue a fait de constants et d’heureux efforts pour se fortifier, pour s’améliorer, et, depuis bien des années déjà, pour réparer par l’importance des travaux en haute politique, en critique philosophique et littéraire, en relations de voyages, en études et informations sérieuses de toutes sortes, ce qu’elle perdait peu à peu en caprice et en fantaisie, ce qu’elle ne perdait pas seule et ce que les premiers talents eux-mêmes, le plus souvent fatigués en même temps que renchéris, ne produisaient plus qu’assez imparfaitement.

445. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

On n’expliquera pas de même avec des élèves pour qui la littérature ne devra être qu’une distraction sérieuse, un entretien de culture générale, et avec de futurs professionnels, destinés à fournir leur contribution à l’histoire littéraire ou à enseigner la littérature5. […] Seule, l’étude sérieuse apporte ce profit : il n’en faut pas parler quand on lit tous les livres comme des romans.

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