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533. (1888) Études sur le XIXe siècle

Chez leurs successeurs, la foi est plus factice ; mais ils s’émancipent des dogmes catholiques, les quattrocentistes essayent de se rattacher au spiritualisme le plus pur de la philosophie antique. […] Rossetti, d’un bout à l’autre de son œuvre, demeure un pur poète. […] Elle l’est encore par la substitution d’un pur symbole (le Graal), à toute la mythologie hébraïque. […] Je ne crois pas que les purs lettrés puissent les goûter beaucoup. […] — du plus pur des amours.

534. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Mais prétendre qu’elle est elle-même le vrai « supérieur », — comme s’il y avait plusieurs vérités  ne pensez-vous pas que c’est pure phraséologie ? […] Ne vous en plaignez pas : car, même ramenée au « naturel », il y reste encore assez de mystérieux  Je viens de relire des vers de Chênedollé et de Fontanes, très purs, très harmonieux, très beaux enfin, je vous le jure, et que j’aimerais à vous citer. […] On sait à quel point Rossini est païen tout pur, jusque dans ses Messes et dans ses Stabat. […] C’est une de ces preuves de pur sentiment, qui sont les plus faibles ou les plus fortes selon les cas. […] Et c’est ainsi que, de cette sorte de fusion du déisme et du panthéisme, résulte l’idéalisme pur.

535. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Assurément non, et si c’était là sa pensée, je la laisserais à comprendre aux critiques français, qui s’extasient mal à propos à tous les endroits tragiques de leurs poètes comiques, et apprécient peu la pure comédie. […] La connaissance du pur idéal me servira sans doute à changer certaines hiérarchies que le public léger, que la critique ignorante et routinière ont consacrées parmi les poètes, et tantôt à élever ce qui est abaissé, tantôt à abaisser ce qui est élevé. […] Disons mieux, elle s’adresse à l’homme tout entier et complet, c’est-à-dire pas plus aux hallucinés qu’aux esprits purs. […] N’auraient-ils pas mis le meilleur citoyen de la première au-dessus du meilleur citoyen de la seconde, et n’auraient-ils pas ambitionné pour leurs propres cités la constitution la plus haute et la plus pure en la voyant si bien appliquée ? […] Si le poète se borne à présente le côté risible des caractères et des situations, en évitant le plus qu’il peut tout mélange de sérieux, ce sera une pure comédie.

536. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

La métaphore, au lieu de doter les objets d’une forme plus brillante, leur enlève alors, au contraire, quelque chose de leur forme pour leur donner le caractère profond du pur sentiment. […] Hugo abonde en beautés de ce genre comme il abonde aussi, par malheur, en pures amplifications. […] La magnifique cantilène de Faust, Salut, demeure chaste et pure, traduite en italien, devient : Salve, dimora casta e pura ; et Gounod remarque que, dans cette sonorité italienne, la douceur profonde de sa musique disparaît : ces voyelles un peu sourdes et discrètes du vers français, « Salut, demeure chaste et pure », qui expriment à la fois le mystère de la nuit et le mystère de l’amour, font place à des voyelles éclatantes, à des a ouverts, à des o et à des ou arrondis, et les mots éclatent comme des fanfares : « Salve, dimora casta e pura. » Là où le chanteur français peut mettre toute l’expression de l’âme, le chanteur italien est presque obligé de déclamer : le poétique cède la place à l’oratoire. […] Du plus pur de ton sang tu l’avais rajeunie ; Jésus, ce que tu fis, qui jamais le fera ? […] Mettez au commencement du siècle une littérature de purs savants, pondérée, exacte, logique, et la langue, affaiblie par trois cents ans d’usage classique, restait un outil émoussé, sans vigueur. « Il fallait une génération de poètes lyriques pour faire de la langue un instrument large, souple et brillant.

537. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

L’héroïsme lui-même, la plus grande et la plus pure de toutes les beautés, l’héroïsme, vu de près, a ses misères. […] Les idées sont-elles de simples signes qui n’existent que dans le dictionnaire, de purs mots, et faut-il être nominaliste ? […] C’est déjà de l’activité sans doute, une activité haute et pure ; mais ce n’est pas l’activité réfléchie, volontaire et personnelle. […] La vérité pure et absolue n’est pas de ce monde ; elle ne commence pas un jour pour finir le lendemain. […] En présence des hommes, quand on est soi-même un homme, il faudrait être absurde pour s’attacher à une pure chimère.

538. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Zéphyre est son doux nom ; sa légère origine, Pure comme l’éther, trompa l’œil de Lucine,         Et n’eut pour témoins que les airs : D’un souffle du Printemps, d’un soupir de l’Aurore, Dans son liquide azur le Ciel le vit éclore         Comme un alcyon sur les mers. […] c’est le ciel qui console ; Aux lambris étoilés quand une âme s’envole,         Un dieu la pèse de ses mainsp : Et, s’il la trouve pure, il ouvre devant elle Des jardins lumineux, des plaines d’asphodèle,         Que n’ont point foulés les humains !

539. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Le mosaïsme, moins développé en dogme que la religion chrétienne ; s’en tenant, avant tout, à l’unité de Dieu, qu’il importait de conserver entière et pure au sien du polythéisme ; renonçant à lier et à associer l’humanité encore rebelle et trop peu assimilable ; le mosaïsme, même avec ses restrictions, ses ignorances et ses grossièretés, cimentait plus fortement qu’aucune autre religion n’eût fait, et coordonnait en société complète, dans sa contrée étroite et montagneuse, son petit peuple choisi. […] Guizot (Nouveaux Lundis, tome IX, page 98.) «  Pour sa peine, dit-il en parlant du sage désillusionné, qui se résigne à la science pure, vous l’appelez sceptique : ne croyez pas l’humilier.

540. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

« Voici, dit-il dans la préface de son nouveau recueil, le complément nécessaire de mes deux ouvrages antérieurs, voici quelques pas de plus dans la route où j’ose dire être entré le premier, où plusieurs ont marché depuis et où bien d’autres s’élanceront plus tard… » Et encore : « Un critique illustre a bien voulu déclarer qu’Amour et Foi était le premier mot d’une poésie toute nouvelle, la poésie du dogme pur… » Il y a ici, ce me semble, quelque illusion dans le poète, et il y a eu de la part du critique illustre, qu’on ne nomme pas, quelque complaisance. […] je n’osais boire au céleste torrent,    Moi n’étant pas aussi pur qu’elles.

541. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Et tel est le besoin d’aller en troupe, de s’enquérir des Systèmes et des Procédés que l’Éducation développa chez les poètes, qu’ils perdent ou dilapident le plus pur de leur être, qu’ils étouffent la voix innée en eux pour psalmodier à l’imitation d’un Maître. […] Sache qu’il est, ce rythme, changeant et multiforme, qu’aujourd’hui il veut chanter la mélopée de la forêt frémissante ou la cantilène des roseaux penchés aux rives des fleuves, que demain il sera l’ode d’amour parce que l’Ève revenue aura noué autour de ton cou ses bras frais comme des fleurs et sinueux comme des serpents ou bien l’hymne reconnaissant quand le pur baiser du soleil naissant lavera ton front des terreurs nocturnes.

542. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

. — Il faut tenir pour un geste de pure passion intellectuelle ce coup de pied impérial par lequel prit fin une discussion où s’obstinaient l’idéologisme religieux du philosophe et son défaut de scepticisme. À considérer de ce point de vue de pur intellectualisme l’un des exemples invoqués au cours de cette étude, on jugera plus équitablement cette croyance absurde à une vie prolongée dans le tombeau à laquelle s’étaient attachées les premières sociétés aryennes et en vue de laquelle les Grecs et les Romains modelèrent leurs institutions.

543. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Les analyses sont longues ou courtes, selon que l’importance de la matiere le demande, & le style noble, pur, élégant, est proportionné aux différens sujets. […] Dans le premier, on fait entrer les morceaux d’imagination & de pur agrément.

544. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

En effet, je suis frappé (et je l’ai toujours été) de la consanguinité de ces deux hommes, tous les deux de la même double race : tous les deux Juifs, tous les deux Allemands, tous les deux poètes et reflétant dans leurs poésies leur double nationalité, entraînés tous les deux, par aptitude et par goût, vers la philosophie et la science ; mais dont l’un a brisé tout : religion, race, philosophie, système, pour s’asseoir, isolé et désespéré, au milieu des massacres de son esprit, comme un meurtrier au milieu de ses meurtres, et dont l’autre s’est conservé intégral, — noble, ferme et pur. […] Louis Wihl, dans tout l’azur de cette fantaisie qu’il roule autour de sa pensée, a des traits vibrants de Juvénal et de vieilles foudres de prophètes ; mais, au point de vue de la pure fantaisie, de l’humour, de l’ironie légère, il est certainement au-dessous d’Henri Heine, ce fils du clair de lune bleuâtre, de la rose et du rossignol.

545. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Delà, le jugement hardi d’un moderne, qui a vu deux œuvres distinctes dans le texte conservé : une première œuvre antique, pure, délicate, n’offrant que la fleur du sujet, vingt-deux vers en tout ; puis une refonte, une paraphrase, formant le reste du poëme et pouvant s’en détacher. […] Le poëte qui eut le malheur d’être accueilli par Domitien, et dont les vers, dans leur énergie monstrueuse, ont emprunté quelque chose à la folie du pouvoir qu’ils adulaient, a trouvé de purs et derniers accents pour honorer la mémoire de Lucain et célébrer dans la maison de sa veuve l’anniversaire de sa naissance.

546. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Les plus purs n’échappent pas à l’obligation de dissimuler leur personnalité et justement l’artiste moins que tout autre. […] Cette théorie, pur raisonnement sur des abstractions, est contraire aux réalités mêmes de la vie. […] Aux demandes de publication qui leur sont faites, ils peuvent répondre par des raisons commerciales ou une fin de non-recevoir pure et simple. […] Et je frémis en songeant que quelques héritiers, livrés à leur pur arbitraire, ont la possibilité de déchaîner des catastrophes de ce genre, dont je souffre directement. […] L’action et la révolte ne se comprennent justement que dans le but de rejeter les erreurs et les préjugés d’un monde imbécile et pour maintenir ses trésors les plus purs.

547. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Renan, sera effrayé par le seul inventaire de ses travaux d’érudition pure. […] Ils revenaient aux croyances de l’âge patriarcal, au rêve édénique des premiers hommes, libres de tout souci et purs de tout péché. […] Il a vécu dans le culte pur de la haute science. […] Nous n’aurons pas le testament de cette conscience si délicate et si pure. […] Le buste et les bras d’une ligne gracile et pure, les hanches riches, les chevilles fines, dans sa belle forme d’amphore vivante, elle lui plut.

548. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Ici on n’a rien à redouter d’un semblable prestige ; c’est le fond même, c’est la chose toute pure qu’on étudiera, et la valeur, la qualité de ce rare et fin esprit en ressortira non exagérée, mais bien entière. […] Nous pensons seulement que la vérité consacrée par le pouvoir doit avoir moins d’ennemis que la vérité de pure spéculation ; car, pour un assez grand nombre d’hommes, l’autorité des faits représente suffisamment celle de la raison. […] Vous aimez les sentiments exaltés, et, quoique vous n’ayez pas, du moins je le crois, un caractère passionné, comme votre âme est pure, elle jouit de tout ce qui est noble avec délices44. […] C’étaient là des joies pures, et la poésie ne pouvait être loin. […] Tutto dedito alle cure domestiche, mi pare che s’allontani troppo di frequente dalle Muse le quali pur gli furono liberali di oro favori. » (Milan, 20 décembre 1811).

549. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Depuis 1838, date des débuts de mademoiselle Rachel, jusqu’en 1843, date de Lucrèce, il n’y avait eu pour l’illustre artiste que de purs et nobles triomphes. […] Quel ravissant chapitre de roman que l’épisode des pures et fraîches amours de mademoiselle Marthe du Vigean, la plus jeune des deux sœurs, avec le héros de Rocroy ! […] Le spiritualisme circule à pleines bouffées dans toutes ces pages, dissipant de son souffle pur et salubre les nuages et les brouillards. […] Ils font de la littérature, de la pure et belle littérature, qui n’est ni séditieuse, ni servile, et vous les attaquez : que vouliez-vous donc ? […] Le pauvre Saint-Martin, j’en suis sûr, ne s’en doutait pas, et s’en serait défendu comme d’un crime, lui, nature si aérienne, si ailée, si pure, si impalpable.

550. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Cette précaution est nécessaire pour avoir de la salive parotidienne pure de tout mélange, et surtout parfaitement exempte de sang. […] Après avoir posé une ligature sur le tube, on retire le mandrin, et l’on obtient de cette façon de la salive parotidienne parfaitement pure. […] On introduit de même dans son intérieur un petit tube qui permet de recueillir la salive parfaitement pure et sans aucun mélange de sang. […] Pour obtenir la salive pure, Eberle dit qu’il faut la recueillir à jeun ; et voici comment il procède sur lui-même. […] La salive n’a pas émulsionné la monobutyrine, corps cependant émulsionnable dans l’eau pure.

551. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Un amour plein de respect, pur comme son objet, l’attache bientôt à elle, et réussit à se faire partager. […] Sa passion dure à travers ces désordres, toujours moins pure, il est vrai, et toujours plus troublée. […] Il est tout entier dans la complaisance avec laquelle sont retracés des souvenirs plus purs et plus chers. Plus purs ! […] Des larmes assez pures, assez saintes, mouillent-elles ce tendre souvenir ?

552. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

La même pensée présentée sous une forme moins pure, revêtue d’une image moins juste, n’éveillerait pas dans son cœur une émotion aussi profonde, se graverait difficilement dans sa mémoire. […] La poitrine s’élargit, les poumons s’emplissent de l’air vif et pur des montagnes. […] Vouloir soumettre l’imagination aux mêmes lois que l’histoire, la philosophie ou les sciences positives, est un pur caprice qui ne soutient pas la discussion. […] Ou la poésie n’est qu’un pur enfantillage, un passe-temps, un hochet, ou elle doit servir à populariser des idées vraies en même temps que des sentiments généreux. […] Dante, le Tasse, Milton, Camoëns, passent tour à tour sous nos yeux comme de pures marionnettes, comme de simples sujets d’antithèse.

553. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il affirme que Néron était un pur artiste, et il poursuit cette thèse, que devait reprendre M.  […] Il a su mettre dans sa vie la pure et hautaine beauté qu’il mettait dans son œuvre. […] Walter Pater, est un pur lettré. […] Non, c’est pure curiosité, ou peut-être encore désir de m’instruire. […] On en a assez de l’observation pure, sans autre but que l’observation même.

554. (1930) Le roman français pp. 1-197

Au xviie  siècle, la doctrine est pure, absolument pure. […] Mais il y a plus, il y a la faute de français pure et simple. […] Mais je crois que c’est là pure invention, imaginée pour agacer son fils Léon. […] Il venait donner « aux mots de la tribu » un sens sinon plus pur, du moins rajeuni. […] Seulement, chez Bazin, la sensualité de Sand s’est muée en pur sentiment.

555. (1921) Esquisses critiques. Première série

Et comme le contour en est très net, très pur, comme l’atmosphère en est cependant voluptueuse, ces ouvrages ont un air prud’hommien plein de charme. […] Hermant un pur mémorialiste. […] Toulet n’écrit jamais rien dont l’observation du cœur et des mœurs soit entièrement absent, ni surtout rien dont soit exclue la pure grâce poétique. […] Quelle que soit la qualité de ses observations, il ne considère jamais qu’une pure notation puisse être sa fin à elle-même. […] Bataille, dans Écrits sur le Théâtre, p. 146, explique sa prédilection pour Jeannine de l’Enchantement, parce qu’elle est l’instinct pur et sans mélange.

556. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Ni l’un ni l’autre ne se rencontrent jamais à l’état pur. […] Sur ce point, on reste encore dans le vague ou dans l’arbitraire tant qu’on voit dans l’intelligence une faculté destinée à la spéculation pure. […] Mais, en dehors de ce domaine, le raisonnement pur a besoin d’être surveillé par le bon sens, qui est tout autre chose. […] L’intelligence n’est point faite pour penser l’évolution, au sens propre du mot, c’est-à-dire la continuité d’un changement qui serait mobilité pure. […] C’est à l’extrémité de deux de ces lignes, — les deux principales, — que nous trouvons l’intelligence et l’instinct sous leurs formes à peu près pures.

557. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Ce spectacle avait le prestige d’un songe ; mais, un instant après, cette pluie retomba, l’air se retrouva aussi pur, le brouillard aussi épais, mais moins élevé. […] Dans leurs deux tableaux, le politique comme le philosophe, en s’oubliant, s’élevaient chacun à la poésie, à l’art naturel et simple, à la pure source première du beau et du grand. […] On pesait leurs mérites divers ; mais aucun œil encore, si perçant qu’il pût être, ne voyait dans cette génération de héros les malheureux et les coupables ; aucun œil ne voyait celui qui allait expirer à la fleur de l’âge, atteint d’un mal inconnu, celui qui mourrait sous le poignard musulman ou sous le feu ennemi, celui qui opprimerait la liberté, celui qui trahirait sa patrie ; tous paraissaient grands, purs, heureux, pleins d’avenir ! […] Thiers qui, pour mieux l’être, fait le spéculatif par moments ; on croirait, à de certains jours, avoir affaire à un pur métaphysicien constitutionnel ; il se retranche dans les questions de forme et de théorie du gouvernement représentatif, sachant bien que c’est là, dans le cas présent, l’arme immédiate. […] Thiers conseillait, au contraire, le rejet pur et simple du budget ; « ne pas affaiblir le gouvernement, le changer de mains. » La théorie que soutint constamment le National était celle-ci : « Il n’y a plus de révolution possible en France, la révolution est passée ; il n’y a plus qu’un accident.

558. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Tout naturaliste sait encore qu’il existe d’innombrables espèces demeurées pures, sans aucune variation, quoique vivant sous les climats les plus opposés. […] La race des Chevaux Kattywar, au nord-ouest de l’Inde, est si généralement rayée, d’après ce que je tiens du colonel Poole, qui a été chargé par le gouvernement des Indes de l’examiner, qu’un Cheval sans zébrure n’est pas considéré comme de race pure. […] Le fameux hybride de lord Morton, provenant d’une Jument châtain et d’un Couagga mâle, avait sur les jambes des rayures plus prononcées que chez le pur Couagga ; et même chez la postérité de race pure produite ensuite par la même jument avec un étalon arabe noir, on vit se reproduire les mêmes caractères. […] Quand des races de diverses couleurs sont croisées, même parmi les plus anciennes et les plus pures, les métis ont une forte tendance à prendre la couleur bleue et les marques caractéristiques. […] Qu’on appelle espèces nos races de Pigeons, ou celles du moins qui sont restées pures pendant des siècles, les faits observés parmi elles ne présenteront-ils pas des analogies frappantes avec les faits observés chez les espèces du genre Cheval ?

559. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Pourtant le sens commun est d’accord avec les philosophes pour ériger en grandeur une intensité pure, tout comme une étendue. […] L’intensité pure doit se définir plus aisément dans ces cas simples, où aucun élément extensif ne semble intervenir. […] Mais le son resterait qualité pure, si nous n’y introduisions l’effort musculaire qui le produirait, ou la vibration qui l’explique. […] Ou bien donc la sensation est qualité pure, ou, si c’est une grandeur, on doit chercher à la mesurer. […] Dans le chapitre qui va suivre, nous ne considérerons plus les états de conscience isolément les uns des autres, mais dans leur multiplicité concrète, en tant qu’ils se déroulent dans la pure durée.

560. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

La sensibilité du jeune homme se portait de préférence vers ce qui était triste et pur, expiatoire et clément. […] Comme, à cette date, j’appartenais encore à la rédaction du National, la colère fut d’autant plus grande que les purs virent en moi un renégat. […] Coëssin, un de ses disciples alors fervent, depuis brouillé avec lui, un galant homme d’ailleurs autant que peut l’être un fanatique pur, alliant dans un singulier mélange le jacobinisme, le mysticisme et le catholicisme : ce personnage n’était autre que le chevalier de Beau-terne, un cerveau brûlé, comme on dit, et qui avait même eu dans un temps des accès de fièvre chaude et de démence. […] Son élocution était lente ; toutes ses idées pures, choisies et nobles ; son goût exquis. […] Cet anachronisme et cette discordance, qui n’appartiennent pas à la manière des Fragments et d’Antigone, et que nous signalons en grand dans l’Orphée, ont pénétré quelquefois jusque dans la diction, d’ordinaire si pure, de M.

561. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ce serait une pièce de plus à ajouter à toutes celles qui attestent la sensibilité courageuse et l’élévation pure de l’âme humaine en ces extrémités. […] Jeunesse des hommes simples et purs, jeunesse du vicaire Primerose et du pasteur Walter, revenez à notre mémoire pour faire accompagnement naturel et pour sourire avec nous à cette autre jeunesse ! […] Ampère, en même temps qu’il sentait la vie lui revenir encore, dut avoir, en cette saison, de pures jouissances. […] C’est le pur savant au sein duquel on plonge. […] voilà bien à découvert ta pure source sacrée, bouillonnante ! 

562. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Une âme pure, simple, ferme dans le bien, n’est jamais dissipée au milieu même des plus nombreuses occupations, parce qu’elle fait tout pour honorer Dieu, et que, tranquille en elle-même, elle tâche de ne se rechercher en rien. […] Ce n’est pas qu’il faille blâmer la science, ni la simple connaissance d’aucune chose ; car elle est bonne en soi et dans l’ordre de Dieu ; seulement on doit préférer toujours une conscience pure et une vie sainte. […] Celui-là est vraiment grand, qui est petit à ses propres yeux, et pour qui les hommes du monde ne sont qu’un pur néant. […] Un cœur pur pénètre le ciel et l’enfer. […] S’il est quelque joie dans le monde, le cœur pur la possède.

563. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Mais pour rester bon juge de la valeur de cette œuvre distinguée, pour ne rien méconnaître des mérites sérieux qu’on y salua si vivement à sa naissance, pour garder tout respect enfin à une pure impression de notre jeunesse, il y a à revenir aux circonstances mêmes où la pièce s’est produite, voilà plus de vingt ans, et au point de départ qui avait précédé. […] Le fait est que les allusions ne venaient que de pur hasard et de coïncidence, la pièce se trouvant achevée depuis plus de trois ans et l’auteur n’y ayant rien changé. […] Becquet le loue d’avoir séparé assez habilement l’or pur du plomb vil, d’avoir su éviter adroitement les fautes nombreuses qui déshonorent l’ouvrage de Schiller. […] Ces vers purs, charmants en effet, et d’une douceur presque racinienne, se retrouvent dans notre mémoire, à nous qui les entendîmes alors, et font partie de nos classiques réminiscences : …….. […] Aristophane le fait pour les nuées, avec bien de la poésie, mais en pur grotesque.

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