Selon nous, c’est une raison de plus pour que son livre ait l’art et la vie. […] Tel est le défaut de ce livre, et ce défaut est assez grave pour qu’un incontestable talent de détail ne puisse le racheter.
Mais Messaline n’est qu’un organe… IV Ainsi donc, répétons-le pour qu’il n’en soit plus question, il n’y a, dans ce livre, de Messaline d’aucune espèce, ni de brune, ni de blonde, et, s’il y en avait, le livre serait bien moins spirituel qu’il n’est, bien moins intéressant, bien moins ironique ; car il est ironique, et je l’ai dit, mais j’insiste : c’est là sa plus charmante qualité. […] Le monde moderne, si corrompu soit-il, ne saurait produire de ces simplicités monstrueuses… Il a vécu dix-huit cents ans par l’âme sous l’influence du Christianisme, et c’est assez pour que, même chez les courtisanes sans aucun mélange, d’impératrice ou de grande dame, les Messalines soient impossibles.
On conçoit que la plupart de ces orateurs ou sophistes, dont l’art et le talent était de s’affecter avec rapidité de tous les sujets, devaient avoir une imagination vive et un esprit enthousiaste ; l’un, nommé par la ville de Smyrne pour aller en ambassade vers un empereur, adresse sur-le-champ une prière aux dieux, pour qu’ils lui accordent l’éloquence d’un de ses rivaux ; un autre ne méditait jamais que la nuit. […] Niger le regarda en pitié, et voici sa réponse : « Orateur, faites-nous l’éloge de Marius, ou d’Annibal, ou de quelqu’autre grand homme qui ne soit plus, et dites-nous ce qu’il a fait, pour que nous l’imitions ; car louer des vivants, est intérêt ou faiblesse, et surtout louer les princes, dont on espère, dont on craint, qui peuvent donner, qui peuvent mettre à mort, qui peuvent proscrire.
Elle impute à cet individu ce méfait : cela suffit pour qu’elle se débarrasse du gaillard. […] répondit-il avec mauvaise humeur ; pour qu’il me classe parmi les microcéphales ! […] Et il interrogeait la réalité, pour que les doctrines y apparussent. […] Le paysage nous est devenu trop familier pour que nous le remarquions. […] Il lui faut, pour que son attention soit excitée, de l’imprévu.
» C’est une chose pourtant qui est à se demander, qui est pour qu’on en tienne compte. […] Une femme se sacrifie pour que son amant soit heureux. […] Car elle se sacrifie à son amant, mais pour que son amant puisse faire son devoir. […] La gloire d’Hugo est désormais assez haut pour que… Mais voilà que moi-même… La brochure de M. […] Il avait trop longtemps souffert de privations pour que, malgré sa constitution robuste, il pût arriver à la vieillesse.
Il y a bien des chances pour qu’il devienne le secret aussi du jeune homme qui se complaît dans cette lecture, féconde en révélations. […] Ne survit-il pas, dans notre siècle d’impiété, assez de catholicisme pour qu’une âme d’enfant s’imprègne d’amour mystique avec une inoubliable intensité ? […] Les inductions de la critique sont démenties trop souvent par la réalité pour qu’on se permette des hypothèses de cette sorte sans hésiter. […] Une seule de ces raisons suffisait pour qu’elle fît école. […] Le contraste est assez piquant pour qu’on y insiste.
Et il faut sans doute que l’idée soit assez claire pour qu’on la comprenne, assez précise pour qu’on ne s’y trompe point, mais il faut se rendre compte aussi que ce qu’elle a de vague et d’obscur ne laisse pas de faire une partie de son pouvoir. […] Il n’y a pas de raison pour qu’un Harpagon anglais ou allemand diffère beaucoup du nôtre, lequel déjà ne laisse pas de ressembler à l’avare de Plaute. […] Il y a donc lieu de poser des « principes », d’édifier des « théories » ; et, en littérature comme ailleurs, si quelqu’une de ces « théories » est plus large ou plus élevée que d’autres ; si quelques-uns de ces « principes » sont plus conformes à l’objet même de l’art, cela suffit pour qu’on les préfère, pour qu’on les enseigne, et pour qu’on essaie de les appliquer. […] C’est d’ailleurs un assez beau défaut que d’avoir trop d’idées, pour que nous le signalions sans crainte ni scrupule de nuire au livre de M. […] Mais ce qui est vrai de ces grands hommes, combien ne l’est-il pas davantage de nous, je veux dire de tous les écrivains qui ne sont ni des apôtres, ni des conducteurs d’âmes, qui écrivent « pour se faire plaisir » à eux-mêmes, peut-être, mais aussi pour que l’on les lise, comme le peintre pour qu’on le regarde, comme le musicien pour qu’on l’écoute !
Barreswil, qu’un grain de raisin mûr ait été broyé dans un litre d’eau pour qu’on puisse constater que cette eau a acquis la propriété de réduire le sel de cuivre. […] Cette expérience est trop importante pour que nous ne la répétions pas devant vous. […] Cependant, nous devons dire que, si la mort a été assez rapide pour que les facultés nutritives n’aient été suspendues que peu de temps, il reste encore du sucre dans le foie. […] Pour qu’une fermentation s’accomplisse, vous savez qu’il faut, d’une part, une matière fermentescible, de l’autre un ferment. […] Ce temps est, sans doute, trop considérable, mais nous ignorons la limite inférieure qu’il faut atteindre pour que le sucre se détruise entièrement.
Les chefs-d’œuvre du xviie siècle deviennent déjà assez anciens pour que la critique s’y applique, et non plus à la manière de La Harpe pour y chercher des modèles et des exemples à proposer aux continuateurs ou imitateurs, mais d’une méthode plus érudite et scientifique, pour y étudier la langue, le vocabulaire, le texte, relever les altérations que ces textes ont déjà subies depuis près de deux siècles qu’on les réimprime, pour y noter les variantes que les auteurs eux-mêmes avaient apportées dans les éditions premières.
Le Dépotoir, l’un des plus beaux poèmes du livre, trop long pour être cité en entier, et trop homogène pour qu’on en détache un fragment) ; mais il note aussi, comme le doit faire tout bon poète, les apparences fugaces des objets et des hommes, et les similitudes qui ne sont pas perçues dès l’abord.
Ses Ouvrages prouvent trop en faveur de son esprit & de ses lumieres, pour que nos Philosophes, qui savent si bien travestir & les motifs & les démarches, puissent attribuer sa conversion à l’ignorance ou à la foiblesse.
Il faudrait que l’Université fût de bien chétive complexion pour qu’au premier petit échec (si c’en est un), au premier petit avertissement, elle tombât ainsi en défaillance.
Rousseau attendait au chevet du lit de Thérèse le fruit de ses entrailles, et porta lui-même quatre ou cinq ans de suite, dans les plis de son manteau, à l’hôpital des orphelins abandonnés, les enfants de Thérèse, arrachés sans pitié aux bras, au sein, aux larmes de la mère, et, par un raffinement de prudence, le père enlevait à ces orphelins toute marque de reconnaissance, pour que son crime fût irréparable et pour qu’on ne pût jamais lui rapporter cette charge onéreuse de la paternité ! […] Il en modérait lui-même le salaire pour que le travail manuel ne dégénérât pas en munificence humiliante pour lui. […] Il n’a que le temps d’y rêver une félicité pastorale dans l’oisiveté d’un philosophe contemplatif ; le gouvernement de Berne menace de l’expulser : il supplie ce gouvernement de le faire enfermer à vie, pour qu’au prix de sa liberté, il jouisse au moins d’un asile en Suisse. […] Voilà un époux qui arrache impitoyablement, à chaque enfantement de ce honteux concubinage, le fruit d’un grossier libertinage aux bras et aux sanglots de la mère, pour que ce commerce, au-dessous de celui des brutes, n’ait ni charge morale, ni responsabilité matérielle pour lui !
L’amitié passionnée d’une telle femme était pour Benjamin Constant une trop haute fortune pour qu’il n’en décorât pas sa vie. […] Constant était un homme d’un esprit trop supérieur pour qu’on pût s’en prendre à une femme de ses opinions, et que d’ailleurs le discours dont il s’agissait ne contenait absolument que des réflexions sur l’indépendance dont toute assemblée délibérante doit jouir, et qu’il n’y avait pas une parole qui dût blesser le premier consul personnellement. […] Pour que j’imprimasse un éloge de lui ? […] Il me savait attachée à mes amis, à la France, à mes ouvrages, à mes goûts, à la société ; il a voulu, en m’ôtant tout ce qui composait mon bonheur, me troubler assez pour que j’écrivisse une platitude dans l’espoir qu’elle me vaudrait mon rappel. […] Les modernes ne peuvent se passer d’une certaine profondeur d’idées dont une religion spiritualiste leur a donné l’habitude ; et si cependant cette profondeur n’était point revêtue d’images, ce ne serait pas de la poésie ; il faut donc que la nature grandisse aux yeux de l’homme pour qu’il puisse s’en servir comme de l’emblème de ses pensées.
. — Eternelle Femme, — hors du gouffre, où tu sièges, — glisse vers la hauteur : — je chante ton chant d’éveil, — pour que tu t’éveilles ; — hors du Pensant Sommeil, — je t’incante. — Tout-Sachante, — Première-Terrestre-Sage, — Erda, Erda, — Eternelle Femme, — éveille toi, Wala, éveille toi. […] Le Voyageur — L’éveilleur est moi, — et je force la Sage, — pour que, pleinement, veille — ce que le dur Sommeil enferme. — J’ai parcouru l’univers, — très voyagé, —à fin de gagner la Connaissance, — d’obtenir le Premier-Sage Conseil. — Plus sachant, il n’est — nul que toi : — tu connais ce que le gouffre cache, — ce que le mont et le val, — l’air et l’eau enlacent ; — où sont des êtres — là souffle ton Souffle ; — où pensent des cerveaux, — est ta Pensée : — tout, dit on, — te serait connu. — Pour qu’à présent j’obtienne la Connaissance, — je t’ai éveillée du Sommeil. […] Le Voyageur — Ô Mère, je ne te laisse pas aller, — puisque je suis maître du Charme. — Première-Sachante, — tu as piqué, jadis, — la pointe du souci — dans le hardi cœur de Wotan : — la crainte de la honteuse Fin ennemie — lui a été donnée par ta Science, — pour que l’inquiétude enchaînât son esprit. — Si tu es de la Terre — la plus sage Femme, — dis moi donc — comment le Dieu peut vaincre le souci. […] — à toi, Non-sage, — je le nomme en l’oreille, — pour que, insoucieuse, éternellement, tu dormes. — La Fin des Dieux — d’angoisse ne me tourmente pas, — depuis que mon Désir la veut… — Ce que, dans l’âpre douleur de la discorde, — désespérant, jadis, j’ai décidé, — joyeux et jouissant, — aujourd’hui, librement, je l’ordonne : — en un furieux dégoût, j’ai voué — l’univers à l’envieux Nibelung ; — au très gai Waelsung — je retourne, maintenant, mon héritage. — Lui, élu par moi, — mais par moi non connu, — très hardi garçon, — dénué de mon conseil, — il a pris l’anneau du Nibelung : — exempt d’envie, — radieux d’amour, — il ne subit pas, le Noble, — la malédiction d’Albérich ; — car étrangère lui reste la crainte. — Celle que tu m’as enfantée, — Brünnhilde, — sera éveillée par lui, pour lui, le gracieux Héros : — veillante, elle accomplira, — ta Sachante enfant, — l’acte de l’Universelle Libération… — Donc, dors, à présent, toi, — ferme ton œil ; — rêvante, vois ma Fin !
Nous lions ces parties successives par des transitions, et pour que personne ne s’y trompe, nous multiplions les signes logiques, les car, les or, les donc, les enfin. […] Même une fable de La Fontaine est une « comédie », ou une « tragédie », avec ses actes faciles à découper dans leur succession progressive : on nous l’a suffisamment répété dans les classes pour que nous en soyons justement convaincus. […] Il faudra bien du temps à Leopardi, bien des douleurs accumulées, pour qu’il arrive à les nier l’une et l’autre ; et dans ses négations même, on trouvera encore leur présence : le pire tourment du poète sera d’être obligé, comme malgré lui, de les abandonner. […] Il a suffi qu’un Houdar de la Motte n’ait pas été entendu, n’ait pas été suivi, et qu’en dépit de ses conseils et de ses exemples on ait continué à faire des vers, si mauvais qu’ils fussent, pour que la notion de poésie fût sauvée. […] Il n’y a pas de motif pour qu’on la réserve à quelques sages seulement ; au contraire, des sommets où elle s’élabore elle doit descendre vers les plaines, se répandre, envahir tous les esprits ; elle est encyclopédique.
Pour faire cette opération d’une main plus sûre, pour que l’œil ne soit pas troublé et prenne une vue exacte des choses, il sera bon d’attendre, après avoir écrit, que l’effervescence de la composition soit calmée, que l’esprit soit reposé, que d’autres occupations aient rafraîchi les idées et changé leur cours.
Gaston Paris, dont nous sommes tous les disciples, ce qui n’est pas une raison pour qu’il ait approuvé autre chose dans mon Esthétique que le soin avec lequel j’ai défendu les principes que m’ont donnés ses travaux ; c’est plutôt en manière de dédicace, et alors je n’oublierais pas M.
La personne qui était en tiers avec nous ne me laissait pas assez libre sur mon vrai sérieux pour que je le fusse aussi sur ma vraie gaieté ; mais cela n’est point une excuse. […] Or, il faut ici-bas qu’il nous manque quelque chose pour que nous y soyons à notre place. […] [NdA] Ainsi encore, il a lu dans un Discours sur les ordres sacrés, de Godeau, évêque de Vence, que la première division des temples, celle qui contenait l’autel, s’appelait βῆμα : « Ce nom Béma, dit-il aussitôt, sonne trop bien à mon oreille par ses rapports avec mon chérissime Boehm, pour que je ne m’expose pas au ridicule d’en faire la remarque. » Si ce n’est qu’une rencontre fortuite et une assonance qu’il prend plaisir à noter à la façon des poètes et rimeurs, il n’y a rien à dire, mais je crains qu’il n’y ait vu des sens profonds.
La nuit du 5 au 6 février, c’était le tour de Victor, Sa mère, qui tenait beaucoup (car elle y croait déjà) à la gloire future de son fils, regretta qu’il eût laissé passer un concours sans s’y essayer : les pièces, en effet, devaient être envoyées à Toulouse avant le 15, et il aurait fallu que Victor eût expédié la sienne dès le lendemain matin pour qu’elle pût arriver à temps. […] Mais il apprend son danger : il avait deux logements, celui de la rue du Dragon, qu’il occupait, et celui de la rue Mézières, abandonné depuis peu et disponible ; vite il écrit à la mère de Delon, lui offrant un asile sûr pour son fils. « Je suis trop royaliste, madame, lui disait-il, pour qu’on s’avise de le venir chercher dans ma chambre. » La lettre fut simplement adressée à madame Delon, femme du lieutenant-de-roi, à Saint-Denis, et mise à la poste. […] Sa course lyrique, qui est bien loin d’être close, offre pourtant assez d’étendue pour qu’on en saisisse d’un seul regard le cycle harmonieux ; mais il n’est encore qu’au seuil de l’arène dramatique ; il y entre dans toute la maturité de son observation, il s’y pousse de toutes les puissances de son génie : l’avenir jugera.
En nous tenant surtout ici au critique et à l’historien, nous avons à toucher plus d’un point délicat et compliqué, assez lointain déjà pour qu’il y ait plaisir et profit à y revenir. […] Ce petit volume, qui présentait moins des développements que des résultats, a trop bien réussi, il a trop contribué à répandre et à faire accepter de tous aujourd’hui les conclusions qu’il exprimait, pour qu’on n’ait pas besoin de se reporter au moment où il parut, si l’on veut en apprécier l’originalité. […] Or, cette époque des xive et xve siècles était précisément la plus riche en chroniques de toutes sortes, et déjà assez française pour qu’en changeant très-peu aux textes, on pût jouir de la saveur et de la naïveté : naïveté relative et d’autant mieux faite pour nous, qu’elle commençait à soupçonner le prix des belles paroles.
Voici que maintenant paraît une littérature bourgeoise : non moins ancienne en sa matière, et parfois plus ancienne, que la littérature aristocratique, elle prend forme plus tardivement, parce qu’il fallait que la bourgeoisie prît de l’importance et s’enrichit, pour que les trouvères trouvassent honneur et profit à rimer les contes qui la divertissaient. Il fallait aussi que l’esprit héroïque s’affaiblit dans la classe aristocratique, pour que, eu se proposant de plaire à ceux-ci, on ne fût pas obligé de renoncer expressément à réussir auprès de ceux-là. […] Toujours est-il que, dans la France du Nord, en pays champenois, picard et vallon, vers le milieu du xiie siècle, les gestes de Renart le goupil étaient devenus assez populaires pour qu’un clerc flamand fit une compilation de ces récits en vers latins, l’Ysengrinus.
La prudence de Virginia le rassure ; elle joue très bien son rôle : le jour elle fait semblant de ne point le connaître ; la nuit elle use de toute sorte de précautions pour le faire entrer chez elle, et, pour qu’on ne les découvre point, n’allume point de lumière. […] Zucca répond qu’il y a trop de témoins pour que cela soit possible. […] Sa réputation fut assez grande, sous ce rapport, pour qu’une tradition, dont les échos, il est vrai, n’ont été recueillis que très tard, lui attribuât des scènes tout italiennes, par exemple, l’anecdote de la Lettre improvisée, qui se rapporte à l’époque où Molière résidait à Pézenas et fréquentait, dit-on, la boutique du perruquier Gély.
Si je me félicite du développement industriel, ce n’est pas seulement parce qu’il fournit un argument facile aux avocats de la science ; c’est surtout parce qu’il donne au savant la foi en lui-même et aussi parce qu’il lui offre un champ d’expérience immense, où il se heurte à des forces trop colossales pour qu’il y ait moyen de donner un coup de pouce. […] C’est possible, mais j’observerai d’abord que ce peu d’humanité qui resterait chez les non-euclidiens, suffirait non seulement pour qu’on pût traduire un peu de leur langage, mais pour qu’on pût traduire tout leur langage.
Il ne s’agit, selon lui, pour que Paris ressemble tout à fait à Athènes et que les forts du Port-au-Blé soient aussi polis que les vendeuses d’herbes du Pirée, il ne s’agit que de supprimer toute police et de laisser les colporteurs crier les journaux en plein vent. […] Il lui faut repasser à travers le sang ; non seulement célébrer les Marat, les Billaud-Varenne, mais saluer à plusieurs reprises la guillotine du 21 janvier, et s’écrier d’un ton de héros : « J’ai été révolutionnaire avant vous tous ; j’ai été plus : j’étais un brigand, et je m’en fais gloire. » Pour que toutes ces choses aient été un jour raisonnables et bonnes à dire, pour qu’elles aient paru marquer un signal de retour, combien il faut que l’égarement et le délire aient été grands !
Le sentiment qui m’anime ici envers Condorcet n’a rien d’hostile ; sa mort a racheté, a expié sans doute quelques-uns de ses torts, et je révère, à bien des égards, sa vaste capacité d’esprit ; mais c’est un trop grand exemple, et trop orgueilleux pour qu’on ne l’approfondisse pas et qu’on n’en tire point une partie des leçons qu’il renferme, leçons humiliantes, et dont une erreur pareille à la sienne pourrait seule aujourd’hui s’aviser de faire un trophée pour la raison humaine. […] Et il n’y a pas de raison pour que cette maturité ne se maintienne avec vigueur, en héritant des résultats accumulés des âges précédents, et en y ajoutant sans cesse des acquisitions nouvelles. […] Mais ce qui me frappe surtout chez Condorcet, et ce qui constitue sa plus grande originalité, c’est l’abus, c’est la foi aveugle dans les méthodes, c’est cette idée, si contraire à l’observation, que toutes les erreurs viennent des institutions et des lois, que personne ne naît avec un esprit faux, qu’il suffit de présenter directement les lumières aux hommes pour qu’à l’instant ils deviennent bons, sensés, raisonnables, et qu’il n’y a rien de plus commun, de plus facile à procurer à tous, que la justesse d’esprit, d’où découlerait nécessairement la droiture de conduite.
La statue grandiose, pour que chaque trait n’en paraisse pas trop gros et exagéré, a besoin d’être placée à sa perspective. […] Mettez à ces deux paquets quelque indication prudente, mais précise. » Le comte de La Marck comprit toute la gravité de cette mission, et s’il en différa l’accomplissement jusqu’après sa mort, on ne peut s’en étonner ; car il a fallu peut-être les dernières circonstances européennes, et le besoin où l’on est de tout entendre en fait de vérité politique salutaire, pour que l’esprit public fut prêt à accueillir ces pièces, comme il le fera sans nul doute. […] il ne manque qu’une seule chose à ces conseils, pour que l’admiration soit heureuse et tout à fait à l’aise en les recueillant de la bouche de l’homme d’État et de l’homme de génie : c’est d’avoir été donnés gratuitement.
Il se montra en même temps humain et moral, fidèle à ses principes de Lyon, en insistant pour qu’on prévînt la conspiration une fois connue, au lieu de la laisser à demi éclater comme quelques ministres l’auraient voulu Vers ces années, pour se consoler des injustices de l’opinion publique à son égard, se sentant peu de goût d’ailleurs pour tout ce qui se pratiquait à la Cour, et croyant aussi qu’il était séant à une époque de paix d’inaugurer le rôle d’une espèce de grand seigneur industriel, il conçut l’idée de fonder dans sa terre de Châtillon un vaste établissement où il assemblerait toutes les industries, et moyennant lequel il doterait son pays des innovations utiles en tous genre. […] Passant alors dans la pièce voisine où étaient les ministres et M. de Polignac, le maréchal fit tout pour qu’on profitât de ces avances qu’avait amenées l’action très vigoureuse des troupes, prévenant bien qu’il n’était pas en mesure de renouveler un semblable effort. […] Comme cette réponse ne venait point, et que l’aide de camp sentait le prix des instants, il insista pour qu’on rappelât au roi qu’il attendait.
Un tel droit suppose au contraire implicitement que ma pensée bien conduite est capable d’atteindre à la vérité, et qu’il n’y a qu’à la laisser faire pour qu’elle la rencontre naturellement. […] D’ailleurs n’est-ce pas se faire une idée bien singulière de la vérité que de se la représenter comme une chose qui passe de main en main et que l’on met sous clef pour que personne n’y touche ? […] Pour que l’examen soit vraiment libre, il faut qu’il soit indifférent entre le pour et le contre, aussi sincèrement disposé à accepter le surnaturel, s’il le rencontre, qu’à s’en passer, s’il ne le rencontre pas.
Elle a reflété trop de beautés diverses pour que son évolution s’en puisse résumer succinctement. […] Tous ceux que nous venons de nommer sont d’autre part trop connus, pour qu’il soit utile d’insister et leur âge comme leur notoriété les place en dehors du cadre de cet ouvrage. […] Mais il doit créer avec facilité, pour que sa création porte les marques de l’ordre, de l’harmonie et de l’aisance, sans lesquels il n’est point de chef-d’œuvre.
Dieu se donna à lui-même un nom pour que l’homme connût le nom de Dieu. […] Mais l’appréciation de la fable du Dante exigerait de trop longs développements pour que je puisse m’y livrer. […] Moïse, le seul des législateurs anciens qui ait écrit ses lois, avait prévu tous les détails pour que la lettre ne restât pas en silence ; et Dieu avait imprimé à cette législation écrite un sceau de durée que ne peuvent avoir les ouvrages des hommes.