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401. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

En second lieu, que quand la conséquence pourroit s’étendre à tous les verbes de la même espece, il ne seroit pas possible d’y comprendre les fréquentatifs naturels & ceux d’imitation, où l’idée accessoire de répétition est trop sensible pour y etre méconnue. […] Walton, d’après Alvarès Semedo, nous apprend que les Chinois n’ont que 326 mots, tous monosyllables ; qu’ils ont cinq tons différens, selon lesquels un même mot signifie cinq choses différentes, ce qui multiplie les mots possibles de leur langue jusqu’à cinq fois 326, ou 1630 ; & que cependant il n’y en a d’usités que 1228. On peut demander ici comment il est possible de concilier ce petit nombre de mots avec la quantité prodigieuse des caracteres chinois que l’on fait monter jusqu’à 80000. […] Il faut avouer que cette définition n’est rien moins que lumineuse ; & d’ailleurs elle semble insinuer qu’il n’est pas possible de ramener l’anacoluthe à la construction analytique. […] Ces deux especes sont comprises dans la définition que j’ai donnée d’abord ; & je vais bientôt les rendre sensibles par des exemples ; mais en y appliquant les principes qu’il convient de suivre pour en pénétrer le sens, & pour y découvrir, s’il est possible, les caracteres du génie propre de la langue qui les a introduits.

402. (1904) Zangwill pp. 7-90

Or l’idée moderne, la méthode moderne revient essentiellement à ceci : étant donnée une œuvre, étant donné un texte, comment le connaissons-nous ; commençons par ne point saisir le texte ; surtout gardons-nous bien de porter la main sur le texte ; et d’y jeter les yeux ; cela, c’est la fin ; si jamais on y arrive ; commençons par le commencement, ou plutôt, car il faut être complet, commençons par le commencement du commencement ; le commencement du commencement, c’est, dans l’immense, dans la mouvante, dans l’universelle, dans la totale réalité très exactement le point de connaissance ayant quelque rapport au texte qui est le plus éloigné du texte ; que si même on peut commencer par un point de connaissance totalement étranger au texte, absolument incommunicable, pour de là passer par le chemin le plus long possible au point de connaissance ayant quelque rapport au texte qui est le plus éloigné du texte, alors nous obtenons le couronnement même de la méthode scientifique, nous fabriquons un chef-d’œuvre de l’esprit moderne ; et tant plus le point de départ du commencement du commencement du travail sera éloigné, si possible étranger, tant plus l’acheminement sera venu de loin, et bizarre ; — de tant plus nous serons des scientifiques, des historiens, et des savants modernes. […] Épuiser l’immensité, l’indéfinité, l’infinité du détail pour obtenir la connaissance de tout le réel, telle est la surhumaine ambition de la méthode discursive ; partir du plus loin possible, cheminer par la plus longue série possible ; parvenir le plus tard possible ; à peine arrivés repartir pour un voyage intérieur le plus long possible ; mais si du départ le plus éloigné possible à l’arrivée la plus retardée possible et dans cette arrivée même une série indéfinie, infinie de détail s’interpose immense, comment épuiser ce détail ; un Dieu seul y suffirait ; et dans le même temps que les professeurs d’histoire et que les historiens renonçaient à devenir des rois et des empereurs, et qu’ils s’en félicitaient, ils ne s’apercevaient point que dans le même temps cette même nouvelle méthode, cette méthode scientifique, cette méthode historique moderne exigeait qu’ils devinssent des Dieux. […] Il n’est pas vrai que la perfection de l’âme, comme il est dit dans le Phédon, soit d’être le plus possible détachée du corps.

403. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

La femme du président du Conseil l’a si bien compris alors, qu’il ne lui a pas semblé possible d’empêcher la divulgation de ses lettres dont elle avait été dépossédée, autrement qu’en assassinant le directeur de journal17 qui donnait à ces missives privées un caractère officiel. […] Ils craignent d’exhumer des documents relatifs aux amours, à la passion du jeu, à l’existence orageuse de leur arrière-grand-oncle ; ils tremblent devant des révélations possibles, qui compromettraient, prétendent-ils, leur dignité. […] S’il avait vécu et s’il était devenu, par suite de circonstances possibles, l’exécuteur testamentaire ou naturel de ces grands écrivains, on imagine combien son attitude aurait été difficile. […] Il est possible, en effet, comme l’a fait le Code Civil, de distinguer la propriété elle-même d’un objet de ses revenus, le capital de l’usufruit. […] « Le remède à cet abus possible est simple : une lettre privée, même authentique et certifiée telle, avant sa mise en vente, par celui qui l’a écrite, ne devrait jamais être publiée, intégralement ou partiellement, sans l’autorisation de son auteur ou de ses ayants droit.

404. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Préface »

Eh bien, dans ce dernier volume, je vais tâcher, autant qu’il m’est possible, de servir seulement aux gens, saisis par mes instantanés, la vérité agréable, l’autre vérité qui fera la vérité absolue, viendra vingt ans après ma mort.

405. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Il rend l’idée dans un style aussi géométrique que possible, la présente de façon schématique, par crainte de la déformer à la lumière de l’imagination, et la dépouille de toute âme. […] L’air habité par des transparences vivantes, ce serait le commencement de l’inconnu ; mais au-delà s’offre la vaste ouverture du possible. […] est-ce possible ? […] L’énoncé revient donc à ceci : trouver un rythme satisfaisant à la fois aux exigences du vers lu et qui s’approche aussi le plus possible des mouvements intérieurs de la pensée. […] Un bonheur aigu, fût-ce dans le plus divin séjour du monde, n’est possible que le temps d’une surprise.

406. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 167

Du Ryer pouvoit avoir de l'esprit & du talent ; mais, obligé de travailler à la hâte, pour faire subsister sa famille, dont sa plume faisoit tout le revenu, il ne lui étoit pas possible de soigner ses Ouvrages.

407. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Prologue » pp. 213-214

Prologue Nous, par la grâce du Figaro et notre propre volonté, secrétaire d’État au département de la Fantaisie, Vu l’internement du peuple turc en Asie Mineure ; Vu la cherté des loyers et l’exiguïté des logements parisiens ; Vu l’endurcissement des propriétaires ; Considérant que, par suite de l’internement du peuple turc en Asie Mineure, les appartements de Constantinople sont inoccupés ; Que la magnificence et la somptuosité orientales règnent avec profusion dans ces appartements ; Que les littérateurs, en leur qualité de gens d’imagination, ont évidemment droit à tout le luxe possible ; — Arrêtons : Article premier. — À partir du 15 janvier 1864, les hommes de lettres seront transportés à Constantinople sur des galères richement décorées.

408. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Je n’ai pas été obligé de remonter jusqu’à Samson ; car j’ai repoussé autant que possible tout détail appartenant à des époques légendaires. […] Que cela soit messéant dans une ILIADE ou une PHARSALE, c’est possible, mais je n’ai pas eu la prétention de faire  l’Iliade ni la Pharsale. […] était-ce possible ? […] Lacroix une réparation, et je la lui ferai aussi complète que possible.

409. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Mais il est à la plus grande distance possible du bout postérieur du présent ; donc ici la contradiction, partant la répulsion, est au maximum. D’où l’on voit que le rejet doit se faire en arrière, de telle sorte que, sous la pression de la sensation actuelle, le bout postérieur de l’image semble coïncider avec le bout antérieur de la sensation actuelle et s’écarter le plus possible du bout postérieur de la sensation actuelle. — Considérons maintenant les deux extrémités du passé dans leur rapport avec l’extrémité antérieure du présent. […] Mais il est à la plus grande distance possible du bout antérieur du passé ; donc ici la contradiction, partant la répulsion, est au maximum. D’où l’on voit que, dans le rejet total en arrière, le bout antérieur de la sensation devra coïncider en apparence avec le bout postérieur de l’image et paraître le plus éloigné possible du bout antérieur de l’image. — C’est l’inverse dans le cas d’une prévision.

410. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

En 1847, Wagner écrit à un ami : « je doute de mes forces, bien plus que je ne me les exagère, et mes travaux actuels ne sont à mes yeux que des essais pour voir si l’opéra est possible » (Glasenapp, I, 232). […] Il était forcé de gagner de l’argent avec ses ouvrages et de « faire son possible pour assurer un succès extérieur, quoiqu’intérieurement il y fût complètement indifférent » (IV, 370). […] Une page de Mozart avec ses contours fins et délicats, son dessin pur, élégant, sa large ordonnance, qui donne comme l’illusion de l’air et de la lumière, ressemble aussi peu que possible à une page de Wagner, où la rencontre des lignes, la singularité des profils, la disposition tourmentée, semblent plus faites pour traduire le chaos et la nuit. […] L’intérêt ne réside plus seulement dans la partie la plus élevée ou dans la plus basse ; à chacune est dévolu, autant que possible, un rôle d’égale importance.

411. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Initié déjà aux grandes conceptions de Richard Wagner, le public a pu pénétrer dans le détail de certaines œuvres et de certaines théories ; les questions historiques nous ont aussi préoccupés, et nous avons fait au « document » la part la plus large possible. […] Et puis, par malheur, Tristan ne dit pas cela, mais il dit : « Quand mon œil s’éteindra, alors je serai moi-même le monde. » Cette phrase, comme celles qui la précèdent et qui la suivent, a un sens excessivement vague ; c’est le désir de la mort, un besoin immense de se dissoudre, de se fondre en un tout, d’être enveloppé par lui, de s’étendre à travers l’infini, « de rêver dans des espaces immesurables… » Tout cela ce sont des sentiments, non pas des pensées logiques ; les mots ne sauraient les indiquer que très vaguement, et Wagner, avec un génie admirable, les a donc exprimés dans des phrases dont le sens est atténué au possible, pendant que la musique nous fait voir jusqu’au fond de l’âme des deux amants, en nous faisant sentir ce qu’ils sentent3. […] Dans ces écrits il a examiné l’art d’abord, sous tous les points de vue possibles, absolus et contingents, et ensuite le monde — l’état, la religion, la société, etc. — Au point de vue exclusif de l’artiste, donnant ainsi une théorie complète du monde, non point philosophique, mais artistique. […] Je ne puis entrer ici dans une étude approfondie des rapports qu’il y a entre la pensée de Wagner et celle de Schopenhauer : mais si on me permet de l’indiquer aussi brièvement que possible, on verra que l’influence du philosophe sur l’artiste a été tout autre qu’on ne le suppose vulgairement ; on verra aussi combien il est oiseux de vouloir trouver dans Tristan ce qui ne saurait y être.

412. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Alfred Ernst le dira : un succès décisif, un succès qui établit, sans conteste possible, le drame wagnérien sur la scène française. […] Nous ne sommes donc pas complètement wagnériens, mais ici comme dans toutes les questions, il s’agit de plus ou de moins, et nous pouvons dire que ceux qui ne voient en Wagner qu’un artiste inconscient, ceux-là sont aussi peu wagnériens qu’il est possible de l’être. […] Wagner a lui-même indiqué les principales différences qui séparent aussi complètement que possible son théâtre de drame de nos salles de spectacle et de soirée. […] Il n’y a d’illusion possible ni sur la scène, ni sur le proscénium qui la prolonge, ni dans l’espace occupé par les spectateurs en avant de nous ; l’illusion est produite grâce à la forme convexe du toit de l’orchestre qui présente un développement plus grand que n’offrirait un couvercle plat à trace rectiligne, recouvrant cependant un même espace17.

413. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Son nom français le plus répandu semble coquelourde, où il est peut-être possible de reconnaître clocca lurida ; du moins l’idée de cloche se retrouve-t-elle clairement dans plusieurs des noms donnés à cette fleur : clochette, en certaines parties de la France ; kuhschelle 190 (clochette de vache) et osterschelle (clochette de Pâques), en Allemagne ; klockenblome (fleur à la cloche), aux environs de Brême ; Coventry bells (cloches de Coventry), dans le centre de l’Angleterre191. […] Cependant, il est fort possible et bien conforme au mécanisme de l’esprit humain que la trouvaille rouge-gorge ou rodkielke soit spontanée dans chacune des langues où on la rencontre. […] Mais pour le fourmi-lion, aucun doute n’est possible, puisque ce mot n’est que le résultat d’une trop bonne prononciation de l’l mouillée ou d’une mauvaise lecture du mot latin. […] De cloque à coque et réciproquement des interpositions sont fort possibles, surtout dans une région de la langue où la transmission des sons n’a jamais été fixée par l’écriture.

414. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

Il est toujours excellent pour l’individu que les pouvoirs politiques ou sociaux soient divisés et, si possible, en rivalité, afin de les opposer l’un à l’autre et de les utiliser l’un contre l’autre. […] Aujourd’hui cette tactique est parfois encore possible, bien qu’elle ne soit pas à la portée de tout le monde.

415. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Et, en effet, prendre un chef-d’œuvre où il a été laissé, le continuer ou le réparer dans ses parties endommagées ou croulantes, n’est-ce pas montrer que, si l’on n’est pas le créateur même du chef-d’œuvre, on en est aussi près que possible, puisqu’on peut le suppléer dans l’achèvement de sa création ? […] Quoi qu’il entreprenne désormais, l’inquiétude n’est plus possible.

416. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

le plus parfait des historiens grecs, mais il ne sera plus toujours le plus parfait des historiens possibles, et l’admiration de son commentateur n’aura plus le droit d’exister, — du moins au même degré de chaleur Réaumur. […] Comment est-il possible de juger un homme, si on ne se sépare pas de lui dans une atmosphère quelconque, — si on ne se place pas plus haut que lui pour l’embrasser mieux et le voir tout entier ?

417. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Nous le comprendrions comme nous comprenons le siècle d’Auguste, de Périclès, de Charlemagne, et autant du moins qu’il est possible à l’homme de comprendre ce qui n’est plus. […] Assurément, nous ne préjugeons point témérairement ici les conclusions d’un tel travail, mais nous disons qu’il est possible, et que, pour l’honneur de la littérature historique du xixe  siècle, il est nécessaire qu’il soit fait.

418. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Avec les souverains qu’il eut plus tard devant lui, l’illusion n’était guère possible. […] Un homme qui pesait plus que ces Majestés dégradées, Pitt, existait pourtant en Angleterre, mais l’Angleterre, la neutre Angleterre, immobile sous la carapace de ses intérêts, ne bougea pas non plus, et ce ne fut que plus tard, et grâce à l’argent de son pays, que Pitt fit cette coalition de princes possible contre l’Empereur, mais impossible pour le Roi !

419. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Si c’était là une chose possible, le tour qu’on voudrait faire serait fait. […] Résumé d’une puissante plénitude, ce n’est là, après tout, qu’un morceau d’histoire… L’auteur a coupé dans l’histoire universelle de l’Église l’histoire de son gouvernement temporel, et il nous l’a montré depuis son origine et ses premières luttes jusqu’aux dernières, — depuis Constantin, et même avant, jusqu’à Napoléon, et même après, — et il a éclairé ce fort résumé d’une si pénétrante et pourtant si sobre lumière, qu’aucun éblouissement n’est possible et qu’il reste évident, pour qui lit attentivement cette histoire, que le gouvernement temporel de la Papauté, de tous les gouvernements déchirés par les hommes certainement le plus déchiré, est aussi essentiel au Christianisme, aussi constitutif de sa nature que son gouvernement spirituel, et qu’il y a entre eux une nécessité d’existence, une consubstantialité qui fait leur identité même, et contre laquelle rien ne pourrait prévaloir d’une manière absolue sans entraîner la mort de tous les deux !

420. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

D’autres raisons moins spéciales, mais non moins décisives, font de cette imposante publication presque un livre de circonstance, et ces raisons consistent principalement dans l’influence possible, dans l’effet moral et pratique qu’une semblable publication doit avoir sur les masses à qui elle s’adresse, — car, avec sa traduction française et ses gravures, elle s’adresse encore plus aux masses qu’aux penseurs et aux esprits lettrés. […] Autant qu’il est possible de comparer l’œuvre directement et immédiatement inspirée de Dieu à des œuvres simplement humaines, le commentaire est digne du texte.

421. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Mais ce qu’on sait moins, ce qu’on n’explique pas et ce que le livre de Mgr Salvado nous montre avec une évidence nouvelle sur laquelle nous croyons utile d’insister, c’est que l’apport de la vie sociale aux brutes de la horde humaine n’est jamais que le fait du prêtre catholique, et qu’en dehors du prêtre catholique rien n’est possible, même aux gouvernements les plus forts qui veulent créer des sociétés à leur image et les frapper à leur effigie, sous le coup de balancier de leurs colonisations ! […] Ainsi complété, le livre de Mgr Salvado résume bien l’état des connaissances possibles jusqu’à ce jour sur l’Australie ; et voilà comme la science a contracté une dette de plus vis-à-vis de ces missionnaires qui lui ont rendu tant de services à toutes les époques, et qui, au milieu de leurs travaux apostoliques, se sont montrés partout des investigateurs si sagaces et de si profonds observateurs !

422. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

on croit tout possible aujourd’hui ! […] II Si cela était possible, du reste, si cette manière qui est le visage de notre pensée et qui nous a été donnée comme notre autre visage pouvait être changée au gré du poète et du penseur, M. 

423. (1900) Molière pp. -283

Son idéal de mariage, au bourgeois de Molière, est placé aussi bas que possible ; s’il lui arrive malheur, aucune souffrance chez lui, d’affection ni de cœur ; il n’a que les souffrances de vanité plate ; s’il se résigne, sa résignation est basse au possible. […] Était-il possible d’aller plus loin qu’une pareille scène ? […] Ce mot a deux significations possibles dans la scène du Pauvre : d’abord celle qu’il a aujourd’hui. […] Il a fait la seule œuvre qui fût possible de son temps, qui fût parfaitement adaptée. […] Quand bien même il ne resterait sur terre que deux familles, ces deux familles recèleraient en germe toutes les combinaisons possibles de tous les sentiments contraires.

424. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jaubert, Ernest (1856-1942) »

Ce n’est que parce que son livre indique qu’il peut sûrement mieux et bien faire qu’il est ici exhorté à se débarrasser des défauts qu’il se connaît, à prendre pleine possession d’un talent possible.

425. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « À mon illustre ami, le comte Roselly de Lorgues » p. 

Vous seul, parmi les historiens des Deux Mondes, vous avec dissipé, au souffle tout-puissant de votre histoire, les brumes entassées par les plus basses fumées des hommes sur une gloire qu’il n’est pas plus possible d’abolir que d’arracher une étoile du ciel.

426. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Un dénouement qui n’est que vraissemblable, n’en exclut aucun de possible, & entretient l’incertitude en les laissant tous imaginer. […] De ces trois états le premier est vraissemblable, le second est réel, le troisieme est possible. […] Il seroit à souhaiter que chacun fît la sienne de bonne heure ; qu’il la fît la plus flateuse qu’il est possible, & qu’il employât toute sa vie à la mériter. […] Mais, nous dira-t-on, s’il n’est possible à l’homme de faire penser & parler ses dieux qu’en hommes, que reprocherez-vous aux poëtes ? […] Ses démons sont dans la vraissemblance populaire, & ses nains dans l’ordre des possibles.

427. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 264-265

Malgré cela, son Virgile travesti trouve encore des Lecteurs dans ceux qui, pour se distraire, veulent bien en lire cinquante Vers de suite ; car il n'est pas possible d'aller au delà.

428. (1902) Propos littéraires. Première série

Leprat-Teulet… le moins possible ; ni même M.  […] Seulement ils se voyaient le moins possible. […] Le second est possible. […] Qu’il n’ait pas été écouté suffisamment, et qu’en cela il ait fait banqueroute, il est possible. […] Il est possible ; mais voilà, cependant, l’art bien réduit.

429. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Non : Henri IV n’alla point jusque-là ; voulant se rendre maître de Paris et couper court le plus tôt possible à la guerre civile, il eût été peu raisonnable pour lui d’en agir de la sorte. […] En définitive, et à les voir d’aussi près que possible, le serviteur et le roi ne semblent pas tellement différents de ceux de la tradition ; ils sont moins purs, ils sont plus rudes et plus marqués, mais au fond ils sont les mêmes. […] Je le croirais volontiers : il n’en reste pas moins vrai que Rosny devançait et acceptait le parti le plus juste, le seul possible et le seul suivant l’intérêt de l’État.

430. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

La margrave engage son frère à lui faire une épitaphe satirique ; Frédéric ne s’y prête que pour lui obéir, et le moins possible : « Si M. de Grumbkow, dit-il, ne m’avait jamais fait de mal, je pourrais lui faire une épitaphe ; mais tout ce que je pourrais en dire sentirait trop la prévention, et d’ailleurs je crois que ce serait trop d’honneur. » Quand on a lu dans les mémoires de la margrave ce qu’ils eurent l’un et l’autre à souffrir de Grumbkow, on trouvera qu’ils en parlent ici avec bien de la douceur et sans rancune. […] La margrave s’étant avisée de lui parler du brillant Saint-Lambert comme d’un hôte et d’un académicien possible, il lui répond (20 janvier 1754) : J’ai entendu parler de Saint-Lambert, dont vous faites mention, ma très chère sœur, mais je ne crois pas que ce soit un homme qui me convienne. […] Elle lui a fait toutes les excuses possibles d’une certaine aventure de Cinabres et de Sicambres, et elle a fini par me faire un présent magnifique.

431. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Elle s’ennuie ; elle se juge, et plus sévèrement qu’on ne le lui demande ; elle se défie des autres et surtout d’elle-même ; elle ne croit pas possible qu’on l’aime véritablement, elle admet tout au plus qu’on la supporte : « Je ne puis que vous être à charge, répète-t-elle sans cesse à Mme de Choiseul, qui voudrait la posséder à Chanteloup ; je ne puis contribuer au plaisir, à l’amusement ; je ne devrai qu’à vos vertus, tranchons le mot, à votre compassion, de me souffrir auprès de vous !  […] Elle s’en plaignit au grand-papa, c’est-à-dire au premier ministre, pour qu’on châtiât Fréron : de quoi Horace Walpole, dès qu’il le sut, se montra très contrarié : « Nous aimons tant la liberté de l’imprimerie, disait-il, que j’aimerais mieux en être maltraité que de la supprimer. » Fréron n’avait fait, d’ailleurs, que rapporter un ouvrage traduit de l’anglais, et il n’y avait de reproche à lui faire que d’avoir reproduit cette traduction : « Dans l’exacte justice, disait M. de Choiseul, c’est le censeur qui a tort et non pas Fréron ; ils seront cependant corrigés l’un et l’autre. » Mme de Choiseul avait été mise en mouvement pour cette affaire, mais elle sent vite qu’il faut se mêler le moins possible de toutes ces tracasseries où assez d’autres se complaisent : Ne nous fourrons pas, ma chère enfant, dans les querelles littéraires ; si nous nous en sommes mêlées, c’était pour en tirer notre ami, et non pour y entrer : elles ne sont bonnes qu’à déprécier les talents, mettre au jour les ridicules. […] Qu’on le perpétue, s’il est possible !

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