Le beau antique corrige à propos le joli et l’empêche de tourner au coquet… Dans les Élévations, l’auteur peut laisser ouvrir à son lyrisme des ailes qui se seraient brûlées aux bougies d’un salon ; il vole à plein ciel, chassant devant lui l’essaim de strophes et ne redescend que sur les cimes.
Il est vrai qu’ils amusent par-là le peuple & les esprits légers ; mais les esprits éclairés n’en reconnoissent que mieux leur foiblesse, & bientôt les sots mêmes seront forcés d’ouvrir les yeux au milieu de la fumée enivrante dont ils les repaissent.
Si un auteur pouvait avoir quelque droit d’influer sur la disposition d’esprit des lecteurs qui ouvrent son livre, l’auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci : Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d’un mort.
Je le dis, je le pense, ouvrons-le : c’est à lui de le prouver. […] Grandet tenait du tigre et du boa : il savait se coucher, se blottir, envisager longtemps sa proie, sauter dessus ; puis il ouvrait la gueule de sa bourse, y engloutissait une charge d’écus, et se couchait tranquillement, comme le serpent qui digère, impassible, froid, méthodique. […] « Puis elle ouvrit la porte de sa chambre qui donnait sur l’escalier, et tendit le cou pour écouter les bruits de la maison. […] ” disait Eugénie au moment où le vigneron ouvrit la porte. […] elle ouvre les yeux.
Je veillais avec une sorte d’extase secrète sur le développement qui suivait le moment de leur naissance : les uns étaient éclos les yeux ouverts ; les autres ne les ouvraient que plusieurs jours après avoir brisé leur enveloppe. […] On me l’apporta ; je l’ouvris. […] Un bruit se fit entendre ; mes paupières s’ouvrirent ; je vis deux jeunes gens, d’une haute taille et d’une grande vigueur, entrer dans la hutte ; ils apportaient un cerf qu’ils venaient de tuer. […] Je me levai, j’ouvris. […] Pour cela, ils choisissent les parties peu profondes des étangs, entrent doucement dans l’eau et placent, de distance en distance, un engin d’osier assez semblable à un petit baril et ouvert aux deux bouts.
Le frère de Robert me dit que, ce matin, on lui a ouvert le côté, que le chirurgien y a introduit sa main, qu’il a manié le foie de tous côtés… et qu’il n’y a rien trouvé. […] Et ma pensée allait au grenier, à ce lieu de réunion, ouvert seulement depuis l’année dernière, et dont déjà deux membres tout jeunes, Desprez et Robert Caze, sont morts tragiquement. […] Ce soir, il me parlait des intéressantes pages qu’il écrirait, il lui semble, en racontant ses visites à ses vieux parents, quand il va se faire piquer par son beau-père, peignant son état de souffrance abominable dans la rue, puis l’espèce d’apaisement qui se fait chez lui, pareil à ce qui se passe chez le dentiste, quand la vieille bonne lui ouvre, et qu’il entre dans ce calme intérieur, puis l’état vague, hachiché, dans lequel il revient. […] Samedi 14 août À Saint-Gratien, ce soir, au billard, le commandant Riffaut parlait de la campagne de 1870, d’une sortie désespérée qu’ils avaient tentée, au nombre de 2 500, de Balan, et de leur refoulement dans la petite ville, — lui faisant le coup de feu comme un simple soldat, et de si près, qu’il entendait les injures des officiers bavarois, frappant leurs soldats de coups de plat de sabre, et cela aux côtés de son chef de bataillon, ramené les reins cassés dans une brouette, au milieu de la plus épouvantable grêle d’obus, dont l’un ouvrait le ventre du général Guyot de Lesparre. […] Dans la sympathie qu’il rencontre autour de lui, il s’expansionne, s’ouvre, se confesse.
Il créa un être revêtu d’un corps ; il le vit ; et la bouche de cet être s’ouvrit comme un œuf brisé ; de sa bouche sortit la parole, de la parole sortit le feu ; les narines s’ouvrirent, et des narines sortit le souffle, et du souffle sortit l’air qui se dilate et se répand partout ; les yeux s’ouvrirent, et des yeux jaillit la lumière, et de cette lumière fut produit le soleil ; les oreilles se sculptèrent, et des oreilles naquit le son qui donne le sentiment du loin et du près (des distances) ; la peau s’étendit, et de cet épiderme étendu naquit la chevelure, de cette chevelure de l’homme naquit la chevelure de la terre, les arbres et les plantes ! […] la page s’ouvrit sur une de ces merveilleuses allégories poétiques dans lesquelles la poésie sacrée des Hindous incarne ses dogmes d’universelle charité. […] Elles s’ouvrent pour lui, mais elles se referment devant l’animal.
Vers les bords de ce bassin, sur le fond, femme avec une cruche à la main, une corbeille de linges mouillés sur sa tête et s’en allant vers une arcade qui s’ouvre sur la scène et l’éclaire. […] Au-dessous de ce pot il a ouvert une fenêtre et fiché dans le mur aux deux côtés de cette fenêtre des perches sur lesquelles il a mis des draps à sécher. […] La cascade, morceau froid, sans verve, sans invention, sans effet ; mauvaises eaux, tombant en nappes par les vides d’arcades formées sur un plan circulaire, et ces nappes si uniformes, si égales, si symmétriques, si compassées sur l’espace qui leur est ouvert, qu’on dirait qu’ainsi que les espaces, elles ont été assujetties aux règles de l’architecture. […] Ce mur latéral gauche est ouvert proche du fond d’une grande porte ou fenêtre très-éclairée ; c’est de là que la cuisine tire son jour. […] Voyez le beau champ ouvert aux peintres de ruines, s’ils s’avisaient d’avoir des idées, et de sentir la liaison de leur genre avec la connaissance de l’histoire.
Ces vers mènent un bruit effroyable, ils forcent le lecteur à ouvrir la bouche toute grande. […] La porte s’ouvre, et il aperçoit, au fond du vestibule, le cadavre de sa femme… Ce sont bien des horreurs à la fois. […] …. : Elle est en fer uni, tout uni, et n’a pas de serrure… Par où s’ouvre-t-elle ? […] … » Alors, on entend frapper à petits coups de l’autre côté de la porte ; c’est l’enfant. « Sœur Ygraine, ouvre vite ! […] Il éternue, ouvre les yeux, et s’écrie : « Garçon !
Un autre a le ventre ouvert, et tombe « en saisissant ses entrailles à pleines mains ». […] J’ouvris ma fenêtre. […] Alors, si la fatigue de la veille ou quelque souffrance m’alanguissait, j’ouvrais au hasard mon Tacite. […] On n’a qu’à ouvrir ses Sermons au hasard. […] Il passait des heures à limer ses phrases, un Rousseau ouvert sur sa table.
On m’a nommé une femme qui se trouve être à la fois anglaise, protestante et puritaine : laquelle, pour achalander le salon qu’elle veut ouvrir, est en négociation pour avoir Thérésa, à sa première soirée. […] — Moi, princesse, écoutez-moi, j’ai dans la tête, je ne sais où, là ou là — il se tâte le crâne — une loge, une case, que j’ai toujours peur de laisser trop ouvrir. […] Nous n’avons pas ouvert. […] Il a une gaîté de sanguin, le rire large, ouvert, communicatif. […] Je l’ouvre.
Mais son ami Chrysalde, c’est-à-dire le vieux commandant Richard, lui a ouvert les yeux. […] Y vient qui veut… Les étrangers y sont reçus à cœur ouvert. […] Si jamais l’Académie lui ouvrait ses portes, il serait déshonoré. […] C’en est trop ; il s’éloigne, toujours sans ouvrir les lèvres. […] C’est l’œuvre d’un esprit souverainement clair, ouvert et intelligent.
Songez au pauvre matériel causal dont elle disposait et imaginez ce qu’elle peut devenir au moment où Freud lui ouvre l’immense réservoir des causes immergées. […] Je l’ouvris distraitement puisqu’elle ne pouvait pas porter la seule signature qui m’eût rendu heureux, celle de Gilberte avec qui je n’avais pas de relations en dehors des Champs-Élysées. […] Odette ne cessa plus de parler, mais ses paroles n’étaient qu’un gémissement : son regret de ne pas avoir vu Swann dans l’après-midi, de ne pas lui avoir ouvert, était devenu un véritable désespoir. […] Je maintiens par conséquent que son œuvre a non seulement une extraordinaire valeur en soi, mais qu’elle ouvre, comme celle de Freud d’ailleurs (dont c’est peut-être, il faut le dire, en même temps que le principal, le seul mérite), qu’elle ouvre une voie nouvelle, une direction nouvelle à la psychologie, j’entends à la psychologie romanesque et littéraire. […] J’avais la sensation de voir s’ouvrir sur l’amour une porte que jamais personne n’avait remarquée et qui donnait accès sous un ciel sombre et magnifique, peuplé d’une multitude de douloureuses petites étoiles.
La première est cette pièce de la Flûte qui ouvre la série intitulée : Les Plantes, Les Choses, Les Bêtes. […] — La porte s’ouvre en hâte à des soldats épars. […] Un concours avait été ouvert par la Correspondance générale de l’instruction primaire, pour la composition d’un Recueil de chants à l’usage des écoles primaires de France. […] Corneille et Molière ont ouvert la route ; Voltaire les a suivis. […] Sachons ouvrir les yeux et voir les attitudes ou les actes sous leur vrai jour.
⁂ Nous adressons donc, à tous nos maîtres de la Marine et de la Faculté, ce premier remercîment : de nous avoir ouvert la voie intellectuelle la plus féconde et la plus vraie, cet Art Médical dont le champ s’élargit tous les jours.
Doué de liant caprice plutôt qu’épanché en tendresse, au lieu d’ouvrir sa veine, il distillait de rares stances dont la couleur ensuite l’inquiétait… Bertrand est tout entier dans son Gaspard de la Nuit.
Dois-je m’aventurer imprudemment à la poursuite d’un motif fragmentaire des Chansons éternelles, alors qu’il me suffît d’ouvrir mes oreilles de bonne volonté pour saisir la symphonie entière, avec tout ce qu’elle a de grand et de puissant et tout ce qu’elle peut avoir d’incohérences et de heurts, nécessaires sans doute à l’élan qui entraîne l’homme et l’œuvre ?
C’est que ce vase de porcelaine est de la porcelaine ; c’est que ces olives sont réellement séparées de l’œil par l’eau dans laquelle elles nagent ; c’est qu’il n’y a qu’à prendre ces biscuits et les manger ; cette bigarade, l’ouvrir et la presser ; ce verre de vin, et le boire ; ces fruits, et les peler ; ce pâté, et y mettre le couteau.
Dans ma plus grande jeunesse elles m’ont ouvert une porte agréable dans le monde ; elles m’ont consolé de la longue disgrâce du cardinal de Fleury et de l’inflexible dureté de l’évêque de Mirepoix. […] Bernis arrivé à Rome en mars 1769, et entré au conclave qui était ouvert depuis un mois, n’y eut point d’abord l’influence capitale qu’on suppose, et dont on l’a plus d’une fois félicité. […] La Garde s’ouvre dans les cérémonies ; le barigel (lieutenant de police), ses officiers, les sbires s’arrêtent à son nom et lâchent plutôt prise que d’aller se compromettre sous sa juridiction.
J’avais dîné chez elle avec plusieurs personnes dévouées au parti de Necker, et ardentes à soutenir le doublement du Tiers et l’opinion par tête ; au moment où cette question était agitée avec le plus de chaleur, la maréchale ouvrit sa boîte pour prendre du tabac, et le lourd avocat Target s’avança et prit familièrement une prise de tabac dans la boîte ouverte de la maréchale. […] Les Français, charmés de leur indépendance, se sont livrés aux plus téméraires conceptions ; ils ont détruit, mais ils ont en même temps creusé, porté la lumière dans les routes les plus obscures ; ils en ont ouvert de nouvelles et forcé les barrières élevées par le préjugé. […] Ce même homme qui vient de nous dire que la Révolution a été purement accidentelle dans son explosion, reconnaît qu’une fois enfantée, elle ouvre une ère entièrement nouvelle : La Révolution deviendra une époque nationale, comme la captivité de Babylone chez les juifs, et l’an de l’Hégire chez les arabes et les Turcs ; et une infinité de familles dateront de ce temps une illustration méritée par des services éclatants, ou un attachement héroïque à la monarchie, qui les rapprocheront des anciennes maisons.
Dugommier, nommé général en chef, s’applique à réorganiser l’armée ; la seconde campagne (1794) s’ouvre par de beaux faits d’armes du vieux Dagobert, qui meurt au milieu des troupes « dont il a guidé l’inexpérience avec un dévouement patriotique ». […] Cette armée, sous la conduite énergique de Masséna, gagna la bataille de Loano (26 novembre 1795), qui ouvrit les communications avec Gênes, procura des cantonnements pour l’hiver et du pain pour trois ou quatre mois. […] Au moment où l’armée est forcée d’abandonner ses fourgons et voitures, le colonel du 18e, arrivé au bivouac, fait ouvrir les caissons du régiment et fait compter la caisse militaire : Elle renfermait 120000 francs en or.
Celui-ci, très apprécié des romantiques, ouvrait la marche dans la série des Grotesques de Théophile Gautier, qui en traçait un portrait de verve où l’homme est deviné sous le poète et où Villon apparaît dans son relief comme le roi de la vie de Bohème. […] Villon ne s’en tint pas là : il vint un moment où il descendit jusqu’à une Margot, dont il nous ouvre le bouge, et il s’y montre installé comme chez lui, — mieux que chez lui. […] C’est par impatience de toutes ces fades copies et de ces répétitions serviles qu’Alfred de Musset, dans le préambule de La Coupe et les lèvres, au milieu de cet admirable développement où il s’ouvre à cœur joie sur l’infinie variété et la riche contrariété de ses goûts, s’écriait : Vous me demanderez si j’aime la nature.
Mais c’est surtout pour le dedans qu’elle est faite, c’est par le dedans qu’elle a grandi, et c’est par là aussi qu’elle doit être vue ; ces églises sont bâties pour des fidèles qui y entrent et qui y prient ; les vitraux, ternes au-dehors, ne s’illuminent et n’ouvrent leurs rosaces mystérieuses qu’au-dedans ; jamais monument sacré ne fut plus conforme au génie qui l’inspira, à la foi qui s’y nourrit et s’y enflamme, à la dévotion qui s’y prosterne et y adore. […] Monteil avait ouvert la voie, dans son Histoire des Français des divers états aux cinq derniers siècles ; on avait alors pour source presque unique d’informations le musée des Petits-Augustins formé à si grand’peine par Alexandre Lenoir et trop brusquement dissipé, le musée de Cluny fondé par feu Dusommerard, et si augmenté depuis, si bien dirigé par son fils. […] Je suppose donc que j’ouvre le Dictionnaire, non plus du Mobilier, mais des Ustensiles, au mot Tressoir, — ce dernier Dictionnaire n’a point encore paru, mais il est sous presse, et, comme on dit, en préparation : — qu’y trouvé-je ?
Ouvrons maintenant le Cid et refeuilletons-le, s’il vous plaît, ensemble. […] La scène s’ouvre par un spectacle attachant. […] Restée seule avec Elvire, ou se croyant seule, Chimène ouvre alors toute son âme et exhale toute sa peine : « La moitié de ma vie a mis l’autre au tombeau !
Commencez, monsieur, par le faire marcher à pied du rendez-vous jusqu’en Flandre. » La proposition ne laissa pas de m’étonner, mais je n’osai rien dire. » A un moment toutefois, le jeune homme insinue qu’il lui semblerait plus joli d’être dans la cavalerie ; sur quoi il se voit rembarré de la bonne manière, et le roi s’adressant de nouveau à M. de Schulenburg : « Au moins, monsieur, je ne veux absolument pas que vous souffriez que dans la marche l’on porte ses armes ; il a les épaules assez larges pour les porter lui-même, et surtout qu’il ne paye point de garde, à moins qu’il ne soit malade et bien malade. » — J’ouvris les oreilles, et je trouvai que le roi, que j’avais toujours trouvé si doux, parlait comme un Arabe ce jour-là ; mais quand je songeai que je n’avais plus de gouverneur, j’oubliai tout, et j’étais persuadé qu’il n’y avait rien au-dessus. » L’indépendance ! […] L’on veut de la franchise, de la gaîté, un air naturel et ouvert ; sans cela, personne ne vous parle, et tout le monde est sur ses gardes. » Et encore, dans une lettre au comte de Bruhl (16 septembre 1741) : « Je dois avertir Votre Excellence que M. de Loss n’est pas l’homme propre à traiter avec le Cardinal et les Français ; il a de cette finesse allemande que l’on voit du premier coup d’œil et qui n’inspire que de la méfiance, ce qui nuit plus que chose du monde aux affaires. Poniatowski et Fritsch étaient les vraies gens pour M. le Cardinal, et il avait confiance en eux. » La Saxe avait donc en lui, chez nous, un très bon observateur, un attaché du premier ordre, qui de tout temps l’aima, la servit, et qui certainement l’aurait servie encore davantage, à plein collier et de son épée, si elle l’avait voulu et si elle avait osé prendre un grand parti à l’heure décisive où, Charles VI mort, s’ouvrit la succession de l’Empire.
Il ouvre toutes ses écluses et lâche toute sa pensée. […] Il ne procède pas par volumineux ouvrages, savants et méthodiques, qu’on ouvre à dessein de s’instruire. […] Il écrivit contre Dalembert qui voulait qu’on ouvrît un théâtre à Genève, et son ouvrage eut le malheur d’exciter l’austérité genevoise : il fut pour quelque chose dans les tracasseries qui forcèrent Voltaire de transporter à Ferney son théâtre et son domicile.
L’Art poétique enseigne au poète les genres et leurs conditions, comme des limites où il l’enferme, plutôt que comme des espaces qu’il lui ouvre. […] Ses yeux s’ouvrirent pour la première fois à cette splendide lumière du ciel de l’Orient, où toute chose forme tableau, où tout poète est peintre. […] La tradition vint ensuite cultiver ses instincts, et les maîtres divins de l’antiquité grecque et latine le reçurent des bras de sa mère, l’oreille déjà accoutumée à leur langue sonore, l’esprit ouvert à leurs doux enseignements.
Au sortir de ce livre terne et soi-disant consolateur, où pas une expression, pas une pensée ne vient, chemin faisant, dérider l’esprit et réjouir le regard, il faut bien vite ouvrir les Mémoires du cardinal de Retz et Gil Blas : ce sont les deux livres qui guérissent le mieux du Condorcet. […] Cette terrasse, qui peut donner accès à l’insurrection populaire et à l’invasion des Tuileries, lui est très chère, et il applaudit au décret de l’Assemblée qui porte que l’accès en sera ouvert au peuple (29 juillet 1792). […] Que ces personnes prennent la peine d’ouvrir la Chronique de Paris aux dates indiquées, et elles y verront tous ces articles signés en toutes lettres de son nom.
Mais insensiblement il se rappelle le temps où, dans sa première enfance, il priait, et où il servait même le prêtre à l’autel : Autrefois pour prier, mes lèvres enfantines D’elles-mêmes s’ouvraient aux syllabes latines, Et j’allais aux grands jours, blanc lévite du chœur, Répandre devant Dieu ma corbeille et mon cœur. […] Cependant, avec une faculté d’expression vive, expansive et affectueuse, il tâtonnait, il se disposait à tenter le théâtre ; il cherchait encore sa veine, lorsque le succès inespéré de la chanson des Bœufs, faite un jour au hasard, lui ouvrit toute une perspective : J’ai deux grands bœufs dans mon étable, Deux grands bœufs blancs marqués de roux, etc. […] Il a ouvert toutes ses voiles au vent populaire qui le prenait en poupe : il a suivi son succès et ne l’a pas dirigé.
Il se rejetait alors vers ce qui lui était le plus ouvert et le plus facile, vers ces larges pentes de l’orateur éloquent et populaire, où tout le conviait. […] À de tels accents La Fayette restait sourd ou n’ouvrait l’oreille qu’à demi. […] Il s’épuise à vouloir opérer en Louis XVI cette métamorphose d’un roi honnête et timide, brusque et faible, en un roi ferme et ouvert, qui aille tête levée, qui ose tout ce qu’il faut pour son salut, pour celui de la monarchie et de la société.
Chez toutes deux la morale domine ; la bienséance et le devoir règlent les mœurs et le ton, Mme de Lambert, au milieu du débordement de la Régence, ouvre chez elle un asile à la conversation, au badinage ingénieux, aux discussions sérieuses : Fontenelle préside ce cercle délicat et poli, où il est honorable d’être reçu. […] Obligée d’en passer par les habitudes beaucoup plus mélangées du jour et d’ouvrir sa maison à presque tout ce qui était célèbre dans le monde à divers titres, elle y introduisit du moins le plus d’ordre, le plus d’organisation possible ; elle fit elle-même ses choix d’admiration particulière et d’estime : Buffon tint auprès d’elle le même rang à peu près que Fontenelle tenait chez Mme de Lambert. […] Je n’ai fait en tout ceci que nommer Mme Necker, inscrire son nom à côté et en regard de celui de Mme de Lambert, pour marquer dès à présent mon dessein et ouvrir une vue.