Notre appartement est le seul de la maison où il y ait des objets d’art ; et c’est aussi le seul où il pleuve, quand il pleut. […] * * * — Les objets d’art aujourd’hui ressemblent aux souliers et aux paquets de chandelle du Directoire. […] À un quatrième de la rue Vaneau, un petit appartement bourgeois et frais, un mobilier de velours vert, des têtes d’Ary Scheffer au mur, et au milieu de quelques objets de Dunkerque, le moulage d’une délicate main de femme. […] Car nous appelons amoureux, celui-là seul qui se ruine pour la passion de ce qu’il aime : femme ou chose, objets d’art animés ou inanimés. […] — Un conseil, mon cher Gautier, faites comme si elle n’en avait pas. » * * * — La femme, quand elle est un chef-d’œuvre, est le premier des objets d’art.
Les livres ne charment et ne passionnent, n’exercent leur effet proprement artistique qu’en présentant les lieux, les gens, les scènes, les idées, non pas comme des objets de science ou d’expérience, selon les catégories de la connaissance, mais comme des objets de sentiment, connus chacun longuement et isolément, simplement et immédiatement, par un acte qui les suscite dans l’esprit, du lecteur, non comparés de suite et envisagés comme parties d’une classe, d’une loi, d’un système, et perçus ainsi par rapports, mais uniques, sentis en eux-mêmes, avec le sourd ébranlement des états de conscience continus ; l’âme éprouve alors non pas la succession rapide de ses pensées, de ses transitions, mais la vibration même de chacun de ses heurts ; se déprenant de l’ascendant des phénomènes, de l’oubli d’elle-même où ils l’entraînent, elle le rencontre et se sait exister dans ces atteintes plus intenses, pénètre ce qu’ils lui sont et frémit aussitôt de haine ou d’amour, d’aversions ou de sympathies, que le mensonge de l’art rend innocentes mais laisse violentes. […] Quand ils ont vaincu cette surprise qui les inquiète, c’est l’énigme même de cette âme maîtresse du réel, devine des âmes, égale au vaste domaine du monde moderne chargée d’énergies créatrices, et que n’enthousiasment ni ces dons, ni les objets sur lesquels ils s’exercent, ni le spectacle de leur œuvre, ni le spectacle du réel auquel elle équivaut, ni cette humanité qu’il aime pourtant, dont il ressent les affections, les crises, les deuils et toutes les joies. […] Pour tout homme qui conçoit un ordre de choses meilleur que l’existant ou tel qu’il ne puisse être atteint par une évolution fatale et graduelle, la réalité cesse peu à peu d’être un objet de contentement ; pour tout homme qui considère l’ensemble des faits physiques et moraux non pas comme un système intelligible à résumer intellectuellement en lois, mais comme le domaine et le sujet d’une règle louable moralement à laquelle il doit satisfaire ou être amené à se conformer, cet ensemble cesse d’être un objet de contemplation sereine. […] Il fallut que, se soustrayant en réfractaire à tout ce qu’enseignent de seconde main sur notre entourage les livres et les on-dit, il reçut par des sens naturellement aigus des impressions vraiment personnelles et propres à lui, de l’immense spectacle ambiant, que, coordonnées par une mémoire étonnamment continue, les diverses images des objets et des hommes, non pas agglomérées en idées générales, mais mises bout à bout en séries, lui apparussent en leur évolution aussi bien qu’en leur nature. […] Ce problème est un objet de pensée que l’on ne tranche pas de quelques apostrophes : il appartient de le discuter à ceux qui sont fervents de vérité plus que de belles illusions, ne connaissent d’autre passion que celle d’égaler leur âme au système du monde.
Il considérait la femme comme un objet d’art, délicieux et propre à exciter l’esprit, mais un objet d’art désobéissant et troublant, si on lui livre le seuil du cœur, et dévorant gloutonnement le temps et les forces. […] Au dernier moment, le contour des objets est définitivement cerné par de l’encre. […] Elle voulait que je me contentasse d’un objet infiniment médiocre. […] Ma rêverie est beaucoup moins illustrée d’objets matériels : elle est plus vague et plus abstraite. […] Le danger est si grand que j’excuse la suppression de l’objet.
Dans l’intervalle des phrases de Duclos que j’ai rapprochées, celui-ci a eu soin d’introduire un brillant éloge d’Agnès Sorel et un mot sur Jeanne d’Arc, qu’il appelle d’ailleurs une généreuse fille ; mais Agnès Sorel a tous les honneurs : Ce fut la maîtresse pour qui Charles eut la plus forte passion et qui fut la plus digne de son attachement : sa beauté singulière la fit nommer la belle Agnès… Rare exemple pour celles qui jouissent de la même faveur, elle aima Charles uniquement pour lui-même, et n’eut jamais d’autre objet dans sa conduite que la gloire de son amant et le bonheur de l’État. […] Indépendamment de son caractère propre, les réflexions qu’il fit sur les premiers objets dont il fut frappé contribuèrent beaucoup à la conduite que nous lui verrons tenir. […] c’est beaucoup qu’il fallait dire, et si l’on ne voulait pas, comme l’abbé Le Grand, les énumérer dans leur richesse, il fallait du moins y insister davantage, pour prouver l’extrême détresse et pénurie, pour donner une juste idée de la disproportion qu’il y avait entre les magnifiques objets mis en gage et l’argent prêté dessus. […] Dans sa préface, Duclos regrette de n’avoir pu jeter plus de lumière sur la partie financière de son sujet : La politique, dit-il, la guerre, la finance, exigeraient chacune une histoire particulière et un écrivain qui eût fait son objet capital de l’étude de sa matière.
Il est donc arrivé que j’en ai eu trop peu de soin, m’occupant trop du gros de mes objets, qui sont toujours vertueux. […] L’opinion du monde de Paris lui était fort contraire ; on n’en était pas encore avec lui à ce degré d’admiration où l’on ne raisonne plus, quand l’amour-propre de tous se met de la partie et se sent intéressé à louer l’objet de l’idolâtrie universelle. […] Il reproche aux modernes de ne connaître que la politique pratique et de n’avoir pas même l’idée de la philosophie politique, de cette science « qui a pour principal objet de subordonner les hommes les uns aux autres pour les policer et les rendre heureux ». […] quels objets relevés et excellents ont occupé cette tête jusqu’à une extrême vieillesse !
Necker était l’objet du culte de la maîtresse de la maison, qui chérissait en lui les moyens de conserver un grand ascendant dans le monde et une influence dans les affaires. […] Il s’en console pour lui-même, en se disant comme Valincourt après un incendie : « Je n’aurais guère profité de mes livres, si je n’avais appris d’eux à m’en passer. » Il ne la regrette que pour son jeune ami à qui il la destinait, et il lui donne en même temps les raisons pour lesquelles cette perte doit lui être moins sensible dans les circonstances : « Le cours des idées, dit-il, augmente ou diminue le prix des choses et dirige vers d’autres objets l’intérêt et la curiosité. […] Sur Montesquieu il est d’un avis assez tranché et a l’air paradoxal, et peut-être n’a-t-il que raison : Montesquieu perdra moins qu’un autre dans cette révolution d’idées et de sentiments, parce que les objets dont il a parlé seront éternellement intéressants, et que sa manière de s’exprimer est simple et piquante ; mais, tout en admirant plusieurs parties de L’Esprit des lois, je crois que cet ouvrage lui donnera moins de droits que les Lettres persanes pour se maintenir au premier rang des hommes de génie. […] Il n’est personne à qui l’on doive confier des secrets dont la publication peut compromettre la vie et le bonheur : il faut donc séparer d’avance dans sa pensée tout ce qui doit être l’objet d’un profond silence avec le plus intime ami, et s’abandonner à lui pour tout le reste.
Notre erreur durerait encore, ils seraient encore les objets de notre respectueuse jalousie, si Mme Dacier ne nous eût dessillé les yeux en nous donnant une traduction fidèle du mystérieux poème. […] Les mots ne signifient rien par eux-mêmes, c’est le caprice arbitraire des nations qui des sons articulés a fait des signes fixes… Chaque nation a ses signes fixes pour représenter tous les objets que son intelligence embrasse. […] Ses amis ressentent une douleur profonde de le voir à la veille d’être entièrement aveugle ; sa vue, qui s’éteint par degrés insensibles, le rappelle sans cesse à sa prochaine infortune et le sollicite au découragement ; tandis que nous travaillons à le consoler et à le distraire de ce triste objet, il s’imprime dans Paris des livres cruels où l’on insulte lâchement à son malheur. […] L’abbé de Pons concède le latin, « il n’approuverait pas qu’on le laissât ignorer à un galant homme ; mais les premières années de la vie lui paraissent trop précieuses pour devoir être sacrifiées à cet objet ».
Une des pensées favorites de Montaigne, c’est que nous ne saurions avoir de connaissance certaine, puisque rien n’est immuable, ni les choses ni les intelligences, et que l’esprit et son objet sont emportés l’un et l’autre d’un branle perpétuel. […] Et même quand l’objet observé est pour toujours arrêté dans ses formes, il suffit que l’esprit où il se reflète soit muable et divers pour qu’il nous soit impossible de répondre d’autre chose que de notre impression du moment. […] Enfant précoce, nerveux, chétif, caressant, Déjà surpris de vivre et de regarder vivre, de bonne heure il a aimé les images, et les livres avant de les avoir ouverts ; de bonne heure il a su regarder les objets, voir leurs formes, leurs couleurs et en jouir ; et il a su goûter les vieilles choses et s’intéresser au passé. […] De là, en maintes occasions, des effets d’un comique délicat et savoureux par le contraste inattendu que font avec certaines idées et certains objets la gravité, la prudhomie, l’exactitude scientifique et, d’autres fois, la beauté antique du langage de M.
Elle roule sur les divers objets d’étude communs aux deux correspondants. […] Les objets du dehors qui se présentent aux yeux ne sont vus que du côté de l’ombre, qui en dérobe tout l’agrément. […] Le calme y est toujours ; la fraîcheur s’y trouve en été… Les objets n’y paraissent que de leur beau côté, et du côté qu’ils sont éclairés et dorés des rayons du soleil. […] Ce soleil naissant, et l’aurore sa fourrière sont, à mon gré, des objets délicieux, la fraîcheur de la nuit tempérant l’ardeur de ses rayons.
Mais à peine eut-il vu chez Mme de Vermenou la jeune personne qu’elle amenait de Suisse, qu’il sentit son choix changer d’objet, et ce fut Mlle Curchod qui, après quelques mois de séjour à Paris, devint Mme Necker (1764). […] Elle semblait ne voir certains objets qu’à travers un brouillard qui les grossissait à ses yeux ; et alors son expression s’enflait tellement, que l’emphase en eût été risible, si l’on n’avait pas su qu’elle était ingénue. […] Un peu plus loin, je lis cette autre pensée : Je connais quelques esprits métaphysiques auxquels je ne parlerai jamais des beautés de la nature ; ils ont franchi depuis longtemps les idées intermédiaires qui lient les sensations avec les pensées, et leur esprit s’occupe trop d’abstractions pour qu’on puisse leur faire partager les jouissances qui supposent toujours les rapports de l’âme avec des objets réels et extérieurs. […] Ainsi, lorsque je considère dans la glace mon teint flétri et mes yeux abattus, et qu’en rentrant en moi-même j’y trouve une raison plus active et plus ferme, si le temps ne m’avait pas ravi les objets d’une tendresse qui ne finira qu’avec ma vie, je ne saurais pas si je dois me plaindre de lui.
Par exemple, le fait vital par excellence, le fait de l’irritation, est certainement quant à présent irréductible à toute action physico-chimique, et cependant dès à présent il peut être l’objet d’expériences précises et démonstratives. […] Le corps humain est encore du domaine de l’objectif : c’est un objet extérieur susceptible d’être étudié comme tous les objets extérieurs ; ce qui se passe au contraire dans l’intérieur du sujet ne peut être saisi que par le sujet lui-même. […] La distinction du subjectif et de l’objectif demeure inébranlable, et cette distinction peut avoir lieu dans l’homme lui-même, le corps se rapportant à l’objet et l’âme au sujet.
Peut-être objectera-t-on que les anciens avaient raison de regarder la poésie descriptive comme l’objet accessoire, et non comme l’objet principal du tableau ; je le pense aussi, et l’on a fait de nos jours un étrange abus du genre descriptif ; mais il n’en est pas moins vrai que c’est un moyen de plus entre nos mains, et qu’il a étendu la sphère des images poétiques, sans nous priver de la peinture des mœurs et des passions, telle qu’elle existait pour les anciens. […] Mais comme le juste et l’homme de bien est le miracle de sa grâce et le chef-d’œuvre de sa main puissante, il est aussi le spectacle le plus agréable à ses yeux217 : Oculi Domini super justos : « Les yeux de Dieu, dit le saint psalmiste, sont attachés sur les justes », non seulement parce qu’il veille sur eux pour les protéger, mais encore parce qu’il aime à les regarder du plus haut des cieux comme le plus cher objet de ses complaisances218. « N’avez-vous point vu, dit-il, mon serviteur Job, comme il est droit et juste, et craignant Dieu, comme il évite le mal avec soin, et n’a point son semblable sur la terre ? […] Les ombres, d’un rouge mêlé de noir, sont également épaisses depuis le haut jusqu’au bas de la figure, et conséquemment ne font point fuir les objets.
Charlet, qui est de la même époque que Pigal, est l’objet d’une observation analogue : le mot moderne s’applique à la manière et non au temps. […] Il évite même avec soin tout ce qui ne serait pas pour un public français l’objet d’une perception claire et immédiate. […] Pour en revenir à ses dessins, qui sont ici l’objet important, ils sont généralement froids et durs, et, chose singulière ! […] Quand j’entre dans l’œuvre de Grandville , j’éprouve un certain malaise, comme dans un appartement où le désordre serait systématiquement organisé, où des corniches saugrenues s’appuieraient sur le plancher, où les tableaux se présenteraient déformés par des procédés d’opticien, où les objets se blesseraient obliquement par les angles, où les meubles se tiendraient les pieds en l’air, et où les tiroirs s’enfonceraient au lieu de sortir.
Elle n’a point d’objet propre précisément parce que son objet est tout. […] Ainsi elle ne se définit pas par son objet, (par un objet), mais par un certain traitement qu’elle applique et qu’elle seule applique à tout l’objet. […] La charité a un objet propre qui est l’amour. […] Il faut voir à quel point l’honneur est entouré, à quel point l’honneur est un objet d’amour et un objet de tendresse. […] Il a voulu être la matière et l’objet de l’exégète et de l’historien, la matière, l’objet, la victime de la critique historique.
Mais dans leur recherche du positif, dans leur préoccupation exclusive d’un bien-être assurément fort désirable, les inventeurs et sectateurs des systèmes dont nous parlons se sont, dès l’abord, laissé emporter à un dédain peu motivé pour les droits politiques, les institutions et les garanties, objet de combat et de conquête depuis quarante ans : peu s’en faut qu’ils ne voient dans ces profitables luttes de simples querelles de mots. […] La Revue encyclopédique n’a pas simplement pour objet d’être un magazine bien fait, bien meublé de morceaux divers et suffisamment assortis, comme l’est, par exemple, la Revue des Deux Mondes, la meilleure publication de ce genre ; mais c’est un recueil systématique, fidèle à son titre, ayant une sorte d’unité et une direction de doctrine dans tous les sens.
Depuis que ces circonstances et ces institutions sont changées, et même dans les moments les plus calmes de la révolution, les contrastes les plus piquants n’ont pas été l’objet d’une épigramme ou d’une plaisanterie spirituelle. […] Le point le plus élevé, la source de toutes les faveurs, est l’objet de l’attention générale ; et comme dans les pays libres le gouvernement donne l’impulsion des vertus publiques, dans les monarchies la cour influe sur le genre d’esprit de la nation, parce qu’on veut imiter généralement ce qui distingue la classe la plus élevée.
La bienfaisance remplit le cœur comme l’étude occupe l’esprit ; le plaisir de sa propre perfectibilité s’y trouve également, l’indépendance des autres, le constant usage de ses facultés ; mais ce qu’il y a de sensible dans tout ce qui tient à l’âme, fait de l’exercice de la bonté une jouissance qui peut seule suppléer au vide que les passions laissent après elles ; elles ne peuvent se rabattre sur des objets d’un ordre inférieur, et l’abime que ces volcans ont creusé, ne saurait être comblé que par des sentiments actifs et doux qui transportent hors de vous-même l’objet de vos pensées, et vous apprennent à considérer votre vie sous le rapport de ce qu’elle vaut aux autres et non à soi ; c’est la ressource, la consolation la plus analogue aux caractères passionnés, qui conservent toujours quelques traces des mouvements qu’ils ont domptés.
D’abord on commence à s’occuper de la langue elle-même, à la prendre comme objet de science, pour en découvrir les lois, ou lui en imposer. […] Nombre d’idées et d’objets étaient pour la première fois désignés ou définis en français : il a fallu trouver et créer des mots.
Il va. de soi que s’il s’agissait d’apprécier en son ensemble la Révolution et son œuvre, ces quelques traits seraient de valeur si mesquine qu’ils ne vaudraient pas même d’être cités ; mais de telles remarques n’ont d’autre objet que de préciser par des exemples, ainsi qu’on l’eût pu faire avec des cas d’anglomanie, les conséquences les plus superficielles du Bovarysme d’une collectivité. […] On s’est fait illusion sur la liberté chez les anciens et pour cela seul, la liberté chez les modernes a été mise en péril. »7 D’un point de vue plus général, on pourrait aussi montrer que la Révolution française exprime un Bovarysme idéologique dont le mécanisme caché sera l’objet par la suite d’un complet examen, et qui, en la circonstance, a pour effet de substituer une réalité rationnelle à la réalité historique, de mettre le fait concret sous le gouvernement de l’idée abstraite.
« Il est bien vrai, dit-il, que les changements organiques du cerveau font quelquefois disparaître la mémoire des faits qui se rapportent à certaines périodes ou à certaines classes de mots, tels que les substantifs, les adjectifs ; mais cette perte ne pourrait être expliquée au point de vue matériel qu’en admettant que les impressions se fixent d’une manière successive dans des portions stratifiées du cerveau, ce à quoi il n’est pas permis de s’arrêter un seul instant… La faculté de conserver ou de reproduire les images ou les idées des objets qui ont frappé les sens ne permet pas d’admettre que les séries d’idées soient fixées dans telles ou telles parties du cerveau, par exemple, dans les corpuscules ganglionnaires de la substance grise, car les idées accumulées dans l’âme s’unissent entre elles de manières très-variées, telles que les relations de succession, de simultanéité, d’analogie, de dissemblance, et ces relations varient à chaque instant. » Müller ajoute : « D’ailleurs, si l’on voulait attribuer la perception et la pensée aux corpuscules ganglionnaires et considérer le travail de l’esprit, — quand il s’élève des notions particulières aux notions générales, ou redescend de celles-ci à celle-là, — comme l’effet d’une exaltation de la partie périphérique des corpuscules ganglionnaires relativement à celle de leurs parties centrales ou de leur noyau relativement à leur périphérie, si l’on prétendait que la réunion des conceptions en une pensée ou en un jugement qui exige à la fois l’idée de l’objet, celle des attributs et celle de la copule, dépend du conflit de ces corpuscules et d’une action des prolongements qui les unissent ensemble ; si l’on prétendait que l’association des idées dépend de l’action soit simultanée, soit successive, de ces corpuscules, — on ne ferait que se perdre au milieu d’hypothèses vagues et dépourvues de tout fondement72. » De tout ce qui précède, je ne crois pas qu’il soit bien téméraire de conclure que nous ne savons rien, absolument rien, des opérations du cerveau, rien des phénomènes dont il est le théâtre lorsque la pensée se produit dans l’esprit.
MOnsieur Formei ayant assez bien traité les matieres qui sont l’objet de ce Chapitre, nous emprunterons ce qu’il en dit, en y ajoutant nos propres réfléxions. […] Le Dictionnaire encyclopédique embrasse les mêmes objets que M. de Bomare, mais il s’étend sur beaucoup d’autres choses.
On réplique qu’il n’est pas étonnant que l’homme consente à perdre de sa grandeur apparente, en acceptant des proportions rigoureuses, parce qu’il n’ignore pas que c’est de cette exactitude rigoureuse dans la proportion de ses membres, qu’il obtiendra l’avantage de satisfaire le plus parfaitement qu’il est possible, aux différentes fonctions de la vie, que c’est d’elle que dépendront la force, la dignité, la grâce, en un mot la beauté dont l’utilité est toujours la base ; mais qu’il n’en est pas ainsi d’un édifice qui n’a qu’un seul objet, qu’un seul but. […] Le talent d’agrandir les objets par la magie de l’art, celui d’en dérober l’énormité par l’intelligence des proportions, sont assurément deux grands talents ; mais quel est le plus grand des deux ?
Mais je me contenterai de renvoïer aux modernes qui ont traité à fonds de la musique harmonique des anciens, afin de passer plûtôt à ce que j’ai à dire concernant leurs arts musicaux, qui sont l’objet principal de ma dissertation. Dès que la musique embrassoit un sujet aussi vaste, il étoit naturel qu’elle renfermât plusieurs arts dont chacun eût son objet particulier.
Sans passion, comme Walter Scott, et comme lui de cette moralité naturelle qui parfume les écrits de tous les deux, il n’était point, assurément, par les facultés, l’égal de l’incomparable Écossais ; mais ils avaient tous deux la faculté de peindre avec des tableaux, des sujets et des procédés différents, et tous deux ils traduisirent la réalité avec une vigueur inouïe et un sentiment qui est à cette réalité qu’ils ont peinte, ce qu’aux objets est le soleil. […] De l’un, il observe d’un œil joyeux et frais les objets de la nature qui manifestent leur vie d’une manière palpable par leur accroissement ou leur mouvement, et qu’ordinairement nous tenons pour inanimés.
La conscience, objet simple, substance élémentaire, est demeurée intacte. […] Nous voilà donc ramenés à l’obligation, idée de relativité, idée qui suppose un sujet et un objet, une dualité. […] Si néanmoins vous continuez à vous sentir serrés par l’obligation, il faut que cette obligation cherche un objet, et cet objet n’est autre que Dieu. […] L’étude de l’homme est donc l’objet de son premier livre. […] Mais ce point de vue à part, voici, en fait d’éloges, un passage assez étrange quand on pense à celui qui en était l’objet.
Si sa curiosité pour tous les objets des disputes des hommes lui eût donné la tentation d’y regarder, les guerres de religion l’en eussent bientôt dégoûté. […] Toujours sobre, attaché à son objet, châtié et contenu, même à l’époque où cette ivresse emportait les meilleurs esprits préservé par son caractère, par son rôle, par la sévérité de sa matière, des écarts de l’enthousiasme littéraire, il n’avait reproduit de l’antiquité que la simplicité de sa méthode ; du reste, ainsi que je l’ai remarqué, trop théologien pour ne pas négliger la plus grande partie des trésors de la sagesse profane. […] Il était conseiller au parlement de Bordeaux à l’âge de 21 ans ; plus tard, gentilhomme de la chambre du roi Charles IX ; du reste, n’ayant pas connu l’ambition, dont sa fortune le dispensait ou, s’il en sentit un moment les atteintes dans sa jeunesse, s’en étant bientôt défait, « avec le conseil de ses bons amis du temps passé », y dit-il, et parce que l’ambition n’est convenable « qu’à celui à qui lafortune refuse de quoi planter son pied146. » Mais s’il n’en connut pas le principal mobile, il en put du moins considérer les objets d’assez près pour en porter des jugements purs d’illusions et de préventions. […] Cet examen qu’ils font d’eux-mêmes, sans règles, sans croyance, favorise la prépondérance de l’imagination, et la porte, tantôt par les raffinements du travail, tantôt par la négligence, vers ces choses indécises et spécieuses où la pensée est souvent déterminée par des consonnances de mots, et où l’esprit, cessant d’agir sur des objets réels, semble tourner sur lui-même. […] Doué d’une imagination vive et poétique, qui se représentait les idées comme des objets et colorait les abstractions elles-mêmes ; plein de finesse et de raison, riche de son fonds et du fonds antique, il trouva la prose à peine sortie du berceau, hardie et aventureuse comme tout ce qui commence ; il la plia aux caprices de sa pensée, et l’enrichit de tours originaux qui prirent cours en son nom.
L’objet du prologue, chez les anciens et originairement, était d’apprendre aux spectateurs le sujet de la pièce qu’on allait représenter, à les préparer à entrer plus aisément dans l’action et à en suivre le fil. […] Il est difficile, en effet, de croire que les discours de deux personnages passionnés aient d’autre objet que de développer leurs sentiments ; et, à la faveur de cette émotion, le poète instruit adroitement les spectateurs de tout ce qu’il a intérêt qu’on sache. […] L’avant-scène y entre avec beaucoup de netteté et de précision ; mais ne manque-t-elle pas l’objet de toute exposition, qui est d’exciter un vif intérêt, au moins de curiosité ? […] La beauté de l’objet, la honte de changer, Le succès incertain, l’infaillible danger, Tout met à ces projets d’invincibles obstacles. […] Ote-moi cet objet odieux, Qui reproche ton crime et ta vie à mes yeux.
N’est-il pas évident que c’est un objet d’art que La Fontaine et sa femme ont vu de très près, que Mlle de La Fontaine doit avoir très net dans le souvenir ? […] Le passage est un peu long, je ne vous en citerai que la fin, qui est très belle : Mais le plus bel objet, c’est la Loire, sans doute. […] Sur les objets d’art qui sont contenus dans le château de Richelieu, sur lesquels il insiste beaucoup, moi je n’insisterai pas, parce que cela ne vaut véritablement que comme guide. […] Mais quand La Fontaine est à Richelieu, c’est précisément alors que son ouvrage n’est bien intéressant que pour qui verrait avec lui ce lieu-là et les objets d’art qu’il a vus et qui y sont restés encore. […] Donc, aucun terme d’art, mais la silhouette est très heureuse et très représentative, et elle donne une vision très nette de ce roi entouré de tous les objets qui lui étaient habituels, et puis avec son air matois jusque sur le tombeau, cet air qui était le fond même du caractère de Louis XI… D’un livre de cette sorte, ce que l’on attend c’est d’abord du pittoresque, ce sont des rapports exacts et intelligents sur les œuvres d’art que l’on voit et c’est ensuite quelques relations sur les hommes et le caractère des hommes que l’on a rencontrés.
Mais l’esprit qui s’attache particulièrement aux détails plaisants laisse échapper les rapports sévères, parce que la faculté de distinguer les objets infiniment petits, suppose presque toujours l’impossibilité d’embrasser les objets infiniment grands : d’où il faudrait conclure que le sérieux est le véritable génie de l’homme. […] La découverte de ce fleuve et sa navigation jusqu’à l’océan Boréal, sont l’objet du premier voyage de M. […] Le sujet est l’objet de la volonté du pouvoir et le terme de l’action des ministres. […] C’est toucher, comme on le voit, à ce qui fit dans tous les temps l’objet des recherches des plus grands génies. […] Le corps exige, dans les objets de ses penchants, quelques traces de ce beau ou de ce bon, sujet de l’éternel amour de l’âme.
Cet homme laissait à son fidèle serviteur Seiffert, par acte de donation, presque toute sa succession, bibliothèque, objets précieux, mobilier. […] « Par les vicissitudes de ma vie et une ardeur d’instruction dirigée sur des objets très variés, je me suis trouvé engagé à m’occuper, en apparence presque exclusivement et pendant plusieurs années, de sciences spéciales, de botanique, de géologie, de chimie, de positions astronomiques et de magnétisme terrestre. […] « Nous passons de la sphère des objets extérieurs à la sphère des sentiments. […] Nous ne l’explorerons pas, comme le fait la philosophie de l’art, pour distinguer ce qui dans nos émotions appartient à l’action des objets extérieurs sur les sens, et ce qui émane des facultés de l’âme ou tient aux dispositions natives des peuples divers. […] Freitag, de Bonn, que l’objet principal des poètes arabes est le récit des faits d’armes, l’éloge de l’hospitalité et la fidélité dans l’amour.
Ces discours d’appareil rendent légitimement suspect leur objet & leur auteur. […] Son unique objet est de rendre le vrai sensible à ses auditeurs. […] Ils affectent une rapidité, qui en pressant trop les objets, les confond. […] Depuis l’établissement de l’Académie Françoise, & à l’exemple de cette illustre Compagnie, on a vu naître en des tems différens dans quelques villes du Royaume d’autres Académies, dont l’un des objets est de cultiver l’éloquence françoise. Il n’est pas question d’examiner si cet objet est rempli & s’il est vrai que ces Compagnies fassent perdre des hommes à l’Etat sans en acquérir aux Lettres, comme le dit M. d’Alembert.