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487. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

On retrouve à la Restauration quelque nom de femme supérieure qui la représente dans la meilleure partie de ses mœurs et dans la distinction modérée de ses nuances. […] Malgré les défauts de sa manière, a dit M. de Chateaubriand au même endroit, elle ajoutera un nom de plus à la liste des noms qui ne doivent point mourir. […] « Mes opinions politiques sont des noms propres, » disait-elle. […] (dont j’ignore le nom) fit dans le Mercure un article sans malveillance, mais sans valeur. […] L’Europe entière la couronna sous ce nom.

488. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

On pourrait prendre, à chaque régime, des noms pour les opposer au sien et marquer en lui cette différence qui fait son originalité, sinon sa supériorité. […] Le livre qu’on examine, et dont le titre figure en tête de l’article, n’est le plus souvent aujourd’hui que le prétexte pour parler en son propre nom et produire ses vues personnelles. […] Le nom de Daunou était un signal de guerre). […] ne qui pourront-ils mieux apprendre qu’aucune illustration vieillie n’égale celle qui éclate ; qu’aucun nom suranné ne vaut un nom qui s’immortalise ? […] C’était le Père Lachaise qu’il indiquait, mais il désigna formellement le cimetière sous ce nom de Jardin Louis qu’il avait porté autrefois, et sans vouloir proférer le nom néfaste en ce moment suprème.

489. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Nisard en qualité de suppléant ; mais cette chaire, qu’il avait tout fait pour mériter et pour conquérir, il ne lui fut point donné d’y monter et d’en prendre possession en son propre nom. […] Trébutien citât son nom dans sa pieuse Préface ; l’allusion qui y est faite à cette étroite collaboration ne s’est éclaircie que depuis sa mort. […] Lors même que Gandar n’eût rien laissé que ces deux volumes, il serait sûr d’avoir sa place dans l’histoire littéraire : il a gravé son nom au bas de la statue de Bossuet. […] L’Université, cette autre famille, conservera sa mémoire : oui, tant qu’il y aura une Université en France, on y citera avec honneur le nom de Gandar. […] On sait les noms de MM. 

490. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

À la fin mon nom est prononcé, au milieu de faibles applaudissements, et j’ai le sentiment que la chose n’a pas porté, comme je l’aurais cru. […] Faustin, armateur de la Rochelle, etc., etc., m’interdisant d’appeler ma pièce (la pièce que dernièrement les journaux ont annoncé que je tirais de mon roman de La Faustin) du nom de mon roman et ma principale actrice du nom de mon héroïne. […] Dans la nuit, une voix m’appelle par mon nom. […] Quels intéressants noms d’hommes et d’endroits, donne le relevé d’une carte quelconque, d’une carte de Seine-et-Oise. […] J’ai oublié son nom.

491. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

C’est une rage, dans cette boîte-là, de ne jamais appeler les gens par leur nom. […] Et quel est « le nom écrit par la France sur le seuil de deux mers » ? […] Les noms de fleurs, de légumes et d’arbres, qui marquent chaque jour du mois  avec un nom d’animal à chaque quintidi et, à chaque décadi, un nom d’instrument agricole — tout cela ne me déplaît pas non plus. […] Peut-être le nom de M.  […] « Voyez-vous mon nom écrit sans H… ? 

492. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

ai-je dit un jour : C’est un nom souvent répété. — Jamais nom ne fut ainsi plus répété que celui de M.  […] La géographie des plantes, dont le nom même était presque inconnu il y a un demi-siècle, offrirait une nomenclature aride et dépourvue d’intérêt, si elle ne s’éclairait des études météorologiques. […] Quelles lettres pour graver le nom de Dieu ! […] Iraniens est, à la vérité, une dénomination mieux choisie pour les peuples d’Europe que celle de Caucasiens ; et pourtant il faut bien avouer que les noms géographiques, pris comme désignations de races, sont extrêmement indéterminés, surtout quand le pays qui doit donner son nom à telle ou telle race se trouve, comme le Touran ou Mawerannahar, par exemple, avoir été habité, à différentes époques, par les souches de peuples les plus diverses, d’origine indo-germanique et finnoise, mais non pas mongolique.

493. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Sur ce refus, nous jetions, assez découragés, notre pièce dans un tiroir, nous promettant de revenir plus tard à la scène par le roman, et de ne plus frapper à la porte d’un directeur qu’avec un de ces noms qui se font ouvrir le théâtre. […] Lafontaine, Mme Victoria Lafontaine, Mlle Dinah Félix, voulaient bien donner à nos débuts l’appui de leurs noms et de leurs talents. […] Delaunay, au nom des auteurs et du public, de revenir sur sa résolution et d’oser avoir vingt ans, les vingt ans de son talent. […] Nous ne faisons que porter le nom de notre grand-père, un avocat, membre de la Constituante de 89 ; le nom de notre père, un des plus jeunes officiers supérieurs de la Grande Armée, mort à quarante-quatre ans des suites de ses fatigues et de ses blessures, des sept coups de sabre sur la tête d’une action d’éclat en Italie, de la campagne de Russie faite tout du long avec l’épaule droite cassée, le lendemain de la Moskowa. […] Nous n’avions pu nous refuser à un changement de nom.

494. (1914) Boulevard et coulisses

Donnons-lui son vrai nom, le nom qu’il portait en 1880 : le Boulevard. […] Son nom ne vous apprendra pas grand’chose : il s’appelait Chabrillat. […] Je leur demande la permission de mêler leurs noms à ces souvenirs légers. […] Elle va poser des après-midi entières dans des antichambres, écrire son pauvre nom inconnu sur des carrés de papier et attendre patiemment qu’on la reçoive. […] Ils essayent de jeter le ridicule sur le nom même du progrès.

495. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Nul n’a mieux compris que lui combien le génie de Napoléon s’était confondu à un certain jour dans celui de la France, combien l’orgueil national et l’orgueil du héros ne faisaient qu’un, combien leur défaite était la même ; nul n’a mieux donné à pressentir combien le réveil et le jour de réparation pour ces deux gloires, la gloire de la France et celle du nom napoléonien, étaient unis et comme solidaires, et ne faisaient naturellement qu’une même cause. […] Il savait tout ce que les sages et les prudents pouvaient dire, et il se le disait même aussi ; mais le poète en lui ressentait un regret ; et quand vinrent peu à peu, et successivement, d’honorables journées militaires pour ce régime politique auquel il assistait, ce n’était pas pour lui, poète patriote, une joie entière, inspiratrice ; car ce n’était point là ce qui pouvait s’appeler une revanche en plein soleil de cette journée néfaste de laquelle il avait dit : Son nom jamais n’attristera mes vers ! […] Assez d’occasions s’offriront de ramener l’attention publique sur les titres d’une renommée qui est dès longtemps le patrimoine universel : aujourd’hui il convenait de remarquer avant tout cette partie supérieure et puissante du talent, par laquelle le poète léger, et si souvent brillant dans la gaieté et dans le badinage, a eu l’art et le bonheur de graver son nom sur l’un des marbres les plus indestructibles de l’histoire.

496. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

« L’autre forme, si l’on peut appeler de ce nom ce qui n’avait point de formes, se tenait debout à la porte. […] L’origine de la Mort, racontée par le Péché, la manière dont les échos de l’enfer répètent le nom redoutable lorsqu’il est prononcé pour la première fois, tout cela est une sorte de noir sublime, inconnu de l’antiquité85. […] Son histoire est intéressante, mais le seul nom d’Ugolin rappelle un morceau fort supérieur.

497. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Cette basse continuë étoit composée ordinairement de flutes et des autres instrumens à vent, que les romains comprenoient sous le nom de tibiae. […] Suivant que cette bordure étoit dessinée, suivant qu’elle avoit dans sa partie basse un ventre configuré d’une certaine maniere, on donnoit un nom different à ces instrumens, dont les uns s’appelloient testudines, et les autres citharae, c’est-à-dire lyres ou harpes. […] Il est facile de comprendre après ce que nous venons de dire, pourquoi l’on a marqué avec tant d’exactitude au bas du titre des comedies de Terence le nom des instrumens à vent dont on s’étoit servi dans la representation de chaque piece, comme une information sans laquelle on ne pouvoit pas bien comprendre quel effet plusieurs scenes devoient produire dans l’execution, ou comme une instruction necessaire à ceux qui voudroient les remettre au théatre.

498. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Les seuls poètes intéressants, les seuls vrais écrivains, — parmi tous les noms mis en avant depuis une année — les seuls Auteurs de quelque chose, les voici, et on peut m’en croire. […] Gustave Kahn Qui fut directeur de La Vogue, revue morte l’an dernier et dont la collection mérite, d’être relue, me semble avoir dépassé le but visé dans ses récents Palais nomades et avoir, en dégageant son style de toutes les coupes poétiques habituelles, façonné sous le nom de vers rythmiques une prose cadencée qui ne justifie pas la disposition typographique du volume ; — mais la pensée reste d’un poète. […]   Il m’est nécessaire, pour être complet, d’affixer en queue de cette liste deux noms : ceux de M. 

499. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Argument » pp. 93-99

Les premiers hommes divinisèrent tous les objets, et prirent les noms de ces dieux pour signes ou symboles des choses qu’ils voulaient exprimer. […] Corollaires relatifs à l’origine des langues et des lettres, dans laquelle nous devons trouver celle des hiéroglyphes, des lois, des noms, des armoiries, des médailles, des monnaies. […] Des noms et descriptions des cités héroïques.

500. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Connaissez-vous même les noms de ces deux dames ? […] Or, les forces de la nature, de quelque nom qu’on les appelle, elles nous imposent, et nous n’en rions pas ! […] Je veux parler de celle de Quinault, ce même Quinault dont nous avons eu l’occasion de prononcer le nom[…] Voyez plutôt : Plisthène, cru fils d’Astrée ; Oreste, élevé sous le nom de Tydée ; Zénobie, sous le nom d’Isménie ; Ninyas, élevé sous le nom d’Agénor ; Pyrrhus, élevé sous le nom d’Hélénus… et cela veut dire, Messieurs, sans qu’il y soit besoin d’indication plus précise, que, toutes les intrigues de Crébillon étant fondées sur une méprise, toutes ses péripéties et tous ses dénouements le sont sur une reconnaissance. […] Sais-tu bien qu’il y a plus d’esprit dans ces noms-là que dans tout le royaume de France ?

501. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Parmi les poëtes restés fidèles aux exemples de Marot, le plus illustre, Mellin de Saint-Gelais, nom aimable, n’est pas indigné d’une mention dans une histoire de la littérature française. […] C’est un pas de l’esprit français dans la poésie ; et Saint-Gelais n’est pas un vain nom, puisque ce pas est marqué par son recueil. […] C’était là ce luth qui devait faire taire les enrouées cornemuses, ce poète futur auquel s’adresse Du Bellay, et dont peut-être il avait dit tout bas le nom à Ronsard. […] Par lui la poésie française s’essaya pour la première fois dans le genre lyrique ; par lui fut créé le beau nom d’ode, dont Boileau ne se savait sans doute pas redevable à Ronsard. […] Il adressa le second livre à une personne d’un rang plus modeste et d’un nom moins savant, à Marie.

502. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

L’héroïne de la comédie s’appelle la baronne d’Ange ; mais plumez ce nom prétentieux, vous ne trouverez plus que le petit nom de Suzanne. — Suzanne entre les deux vieillards— du moins en voyons-nous un derrière elle, M. le marquis de Thonnerins, un vieux gentilhomme dont elle a été la maîtresse, et qui lui a donné cent mille écus de gages en la congédiant. […] Je le crois bien : elle sait son métier, madame la baronne d’Ange ; elle se défie de la boîte aux lettres comme d’une souricière à secrets, et, lorsqu’elle va en bonne fortune, elle déguise tout, son nom, son âge, son âme et son cœur, jusqu’à son écriture. […] Il s’est trompé, la baronne d’Ange est veuve, elle est vertueuse, elle est pure, elle est sans tache, elle a les ailes de son nom et la baronnie de son titre. […] Il lui offre son nom, son cœur, sa main qu’il vient d’ensanglanter pour elle. […] Admettons, et il faut l’admettre, puisque c’est vrai, que je ne sois pas digne, en bonne morale, du nom et de la position que j’ambitionne, est-ce bien à vous, qui avez contribué à m’en rendre indigne, à me fermer la route honorable où je veux entrer ?

503. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Ses rois donnent leurs noms aux monnaies, mais ce sont ses écrivains qui donnent leur esprit aux règnes. […] On ne reconnaît plus le peuple de la veille : exagération ou défaillance, c’est le nom de ces secondes assemblées. […] La Convention ne sauva rien par ses meurtres, et perdit pour longtemps la république en associant son nom à la Terreur. […] Les proscriptions de Rome sous les Marius et sous les Sylla sont atroces, mais ces proscriptions mêmes font partie de l’histoire de Rome et défient la mémoire d’oublier le nom de cette tragédienne du vieux monde. […] Le plus grand danger pour la république n’est pas dans l’institution, il est dans son nom ; et la peur que ce nom inspirait avant 1848, elle la doit tout entière à la Convention.

504. (1887) Essais sur l’école romantique

Je ne suis pas bien sûr que M. de Norvins me sache gré de mettre son nom à côté d’un nom si nouveau. J’avoue qu’il y a des personnes auxquelles ce rapprochement seul paraîtra une critique ; car il n’est rien qu’on adopte avec plus de peine, dans notre public, qu’un nom nouveau, comme il n’est rien dont on se déshabitue plus difficilement qu’un nom établi. […] J’ai bien peur aussi que M. de Musset ne me soit pas très obligé de mettre son nom à côté d’un nom si ancien. […] J’avoue que je mets quelque affectation à opposer ces quatre noms à ceux de la littérature facile, inutile et nuisible. […] Le nom du poète au bas du portrait, gravé en caractères gothiques, est l’emblème de la nouveauté de son œuvre.

505. (1886) Le naturalisme

Qui ne l’a appelée bien des fois en se faisant violence et qui, s’il mérite le nom d’homme, ne l’a vue obéir à l’appel ? […] On le prouve aisément par le seul nom de Campoamor. […] L’indifférence générale met de côté leurs œuvres, sinon leurs noms. […] Deux groupes de romans portent au titre le nom des Goncourt. […] On lui fera même un procès comme à Zola, pour le nom d’un personnage.

506. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article »

Madame] On trouve son nom à la tête d’un Roman qui a pour titre : Lettres du Marquis de Roselle. […] Madame Elie de Beaumont est femme du célebre Avocat de ce nom, connu par son zele & ses Mémoires dans l’affaire des Calas.

507. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Hippolyte Babou est celui dont le nom revient le plus souvent, et qui a le plus donné : je lui ai, en ce qui me concerne, une obligation si entière pour la manière indulgente dont il a parlé du poëte en moi, que je pourrais être embarrassé désormais à qualifier et à définir sa critique. […] Je ne puis citer tous les collaborateurs, auteurs de notices, et qui sont la plupart connus eux-mêmes en qualité de poëtes distingués, Léon de Wailly, Banville, Philoxène Boyer, Baudelaire, etc. ; mais j’ai remarqué, entre les noms que je connaissais moins, celui de M.  […] Trop plein de pudeur, et au lieu de parler en son nom à un siècle qui n’entend pas les vers à demi mot, il s’est déguisé ou enveloppé dans le carrick ou la douillette d’un certain chevalier d’Aï, dont il a mêlé la prétendue biographie à ses poésies mêmes. […] Moire, velours, damas, satin clair et bruyant, Brodés, glacés, brochés, lamés, nous disent-elles ; Les fleurs, les diamants, ces soleils congelés, La topaze, d’où sort comme une haleine chaude, L’opale nuageuse aux doux rayons voilés, Le saphir, nom divin !

508. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

En réponse à l’admiration, à la bienveillance enthousiaste avec laquelle nous avons accueilli ses derniers grands hommes, l’Angleterre, en particulier, découronnée comme elle l’est aujourd’hui de ses plus beaux noms littéraires, se montre d’une sévérité singulière contre la France, qui, seule pourtant, depuis la disparition des Goethe, des Schiller, des Byron et des Scott, continue d’offrir une riche succession de poètes, et une variété renaissante de talents. […] Une femme célèbre qui, en arrivant à la gloire, a été si indignement accueillie de toutes sortes d’injures qu’elle se doit à elle-même (pour le dire en passant) de redoubler de respect quand elle prononce certains noms illustres de son sexe ; cette femme, qui ne le cède à aucun homme en talent, n’échappe pas à la prise de l’auteur anglais. Il cherche ridiculement et en grammairien commentateur l’origine de son nom emprunté ; il lui conteste son titre (fort réel) et ses armoiries (auxquelles elle ne tient guère) ; et celle légèreté railleuse, cette convenance de ton, ont vraiment leur prix et toute leur délicatesse, ou le sent, de la part d’un auteur qui vient nous prêcher le décorum. […] alors le goût peut intervenir en son nom et faire valoir ses motifs.

509. (1890) L’avenir de la science « IX »

L’éclectisme ne s’est affaibli que le jour où des-nécessités extérieures, auxquelles il n’a pas pu résister, l’ont forcé à embrasser exclusivement certaines doctrines particulières, qui l’ont rendu presque aussi étroit qu’elles-mêmes, et à se couvrir de quelques noms, qu’on doit honorer autrement que par le fanatisme. […] De quel droit donc formerait-on un ensemble ayant droit de s’appeler philosophie, puisque cet ensemble, dans les seules limites qu’on puisse lui assigner, a déjà un nom particulier, qui est la psychologie 86. […] La philosophie ne conserva ainsi que les notions les moins déterminées, celles qui n’avaient pu se grouper en unités distinctes et qui n’avaient guère d’autre raison de se trouver réunies sous un nom commun que l’impossibilité où l’on était de ranger chacune d’elles sous un autre nom.

510. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Un daimio, du nom de Takumi-no-Kami, portant un message du mikado à la cour de Yédo, fut cruellement offensé par Kotsuké, l’un des grands fonctionnaires du Shogun56. […] le misérable, indigne du nom de Samouraï, qui, au lieu de venger son maître, se livre aux femmes, au vin !  […] … ou plutôt Quengo Tadao… car il y a une défense d’indiquer les vrais noms des ronins, et ils sont représentés avec les noms défigurés qu’ils ont au théâtre. » Et disant cela, Hayashi avait le doigt sur la planche, où est imprimé, en couleur, un guerrier au casque bleu, au vêtement noir et blanc doublé de bleu, la tête baissée, les deux mains sur le bois d’une lance, un pied en l’air, un autre appuyé à plat sur le sol, et portant un furieux coup de haut en bas.

511. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Je doute fort, en effet, que la postérité, même celle-là qui commence, pour chacun de nous, à quatre pas de la tombe, s’occupe beaucoup de Mme Sophie Gay, dont le nom serait déjà oublié, si, sous ce nom, Mme Émile de Girardin n’avait commencé sa renommée. […] … Or le génie, qui peut presque légitimer ce désordre d’une femme qui se jette dans l’abîme de la littérature, ce génie au nom seul duquel on peut remettre à la femme son péché, — son péché d’écrire, mortel à sa nature et à sa fonction sociale, — Mme Sophie Gay, — il faut bien en convenir, — ne Pavait point. […] Elle mérita plus que personne, parmi les remueuses de plumes de son temps, ce nom de bas-bleu dont l’Angleterre, la première, a chaussé ses femmes-auteurs, et que la France, qui aime l’uniforme, n’a pas manqué d’adopter pour les siennes.

512. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

L’esprit oriental n’est pas très compliqué… Mais faire l’Anglais, c’est-à-dire entrer, tout botté, dans l’originalité du peuple le plus original, le plus profond, le plus insulaire d’esprit, d’impression, de jugement, qui ait jamais existé ; pénétrer, pour se les assimiler un instant, dans les manières de sentir et d’exprimer d’une nation qui a jusqu’à une gaîté à elle, — laquelle ne ressemble à la gaîté de personne et dont le nom même est intraduisible, et reste, dans toutes les langues, de l’humour, — c’est là une chose qui demandait plus qu’une prodigieuse souplesse de talent. […] , son Dick Moon est un Anglais abstrait, pâle comme la chose qu’exprime son nom, incertain, et, le long du livre, décroissant comme elle. […] qui devrait bien plutôt s’appeler François et laisser là son nom anglais. […] — pour un Tibère, parce qu’il eut quelques sévérités dans un temps qui les méritait toutes ; Loys Unze (appelons-le ainsi toujours ; il me semble mieux lui sous ce nom !)

513. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico ; car, de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux, et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes. […] Nous aimons mieux le Silvio Pellico des lettres que celui dont le nom servait aux affaires du carbonarisme contemporain. […] Mais nous, nous n’avons jamais travaillé à la statue de ce pauvre poète dont le doux nom a servi à tant de tapages ! […] Attiré par ce nom de Silvio Pellico, — astre de popularité, un moment, sur lequel un nuage avait passé, il nous en souvenait, — attiré surtout par ce nuage que nous aimions plus que l’astre lui-même, nous avons ouvert ces lettres posthumes et nous y avons trouvé ce que tout d’abord nous n’espérions guères y rencontrer.

514. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Silvio Pellico29 [Le Pays, 6 août 1857] I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico, car de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes. […] Nous aimons mieux le Silvio Pellico des lettres que celui dont le nom servait aux affaires du carbonarisme contemporain. Nous préférons au Silvio Pellico de la commisération publique le Silvio qui ne la demande pas, le Silvio humble, sévère pour lui et surtout repentant de sa faute que l’on a travestie en gloire ; mais nous, nous n’avons jamais travaillé à la statue de ce pauvre poëte dont le doux nom a servi à tant de tapages ! […] Attiré par ce nom de Silvio Pellico, astre de popularité, un moment, sur lequel un nuage avait passé, il nous en souvenait, attiré surtout par ce nuage que nous aimions plus que l’astre lui-même, nous avons ouvert ces lettres posthumes et nous y avons trouvé ce que tout d’abord nous n’espérions guères y rencontrer.

515. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Lacombe explique en détail ce qu’était la commune de Paris, réunion fraternelle des six plus grands corps de l’industrie, désignée à toutes les époques sous le double nom de l’Hôtel de Ville ou Maison de la Marchandise. […] Eh bien, c’est cette organisation, tombée sous les combinaisons monarchiques de Richelieu et de Louis XIV, et achevée enfin par l’édit de suppression de l’économiste Turgot, que Francis Lacombe voudrait voir rétablie au xixe  siècle, tant au nom des intérêts de la démocratie qu’au nom de l’intérêt du pouvoir ! […] nous ne pouvons qu’applaudir à de telles idées, et on ne saurait trop appeler sur elles le regard des hommes qui peuvent les couvrir et les protéger de la popularité de leur nom. […] Profondément catholique, préservé par une étude supérieure de l’abaissement général des esprits, l’auteur de l’Organisation générale du travail ne devait-il pas nettement repousser, au nom même de la transmission du sang humain, au nom de la famille et de la propriété, les théories de ces penseurs qui agitent le monde à cette heure avec leurs chimères, et qui croyaient le féconder ?

516. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Et c’est le coup de ce rayon que j’ai reçu de cette pierre précieuse qui s’appelle Maurice Bouchor, — par parenthèse, un nom fait pour résonner comme un clairon d’or sur les lèvres de la publicité, en attendant celles de la gloire… Sterne croyait à la providence des noms. […] Tout en y croyant, je n’ai pas écrit ce nom de Maurice Bouchor, et, cependant, ce n’était un nom inconnu ni pour le public ni pour moi.

517. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

Henri Mürger, ce bohême — car on peut lui donner ce nom dont il a fait son titre — M.  […] Henri Mürger souffrit les mêmes souffrances qu’Hégésippe Moreau et si même son talent ne rencontra pas le même hasard de culture, si par ce côté-là il fut plus à plaindre que le poète de Provins, qui avait toutes les roses de son pays dans sa pensée, l’auteur de la Vie de Bohême eut tout de suite l’applaudissement collectif autour de son nom, et, plus tard, le temps de jouir d’une petite gloire, tandis que le pauvre Hégésippe n’a jamais fait manger à sa faim l’applaudissement de personne, pour la calmer. […] On sait que le poète des Contes d’Espagne et d’Italie a écrit quelques-uns de ses plus beaux poèmes sous le nom de Nuits. […] Mürger a écrit ses poésies sous le nom de Nuits d’hiver, mais ce n’est pas un chétif rapport de titres qui me fait conclure à l’imitation, l’insupportable imitation, qui donne deux fois la même note, en l’affaiblissant !

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