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1940. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Ces deux mois de séjour, de maladie, de convalescence, auprès d’une personne supérieure et affectueuse, semblèrent modifier sa nature et lui communiquer quelque chose de plus calme, de plus heureux. […] Il défend la noblesse, et l’exclusion des sectaires, et l’établissement d’une religion dominante, et autres choses de cette nature. […] « … Je vous ai déjà marqué que l’insertion ne peut avoir lieu, 1° parce que l’ouvrage n’est pas fait ; 2° parce qu’il ne sera pas de nature à être inséré. […] Benjamin Constant n’est plus à connaître désormais ; il sort de là tout entier, confessant le secret de sa nature même : Habemus confitentem reum . […] Par contraste avec cette lettre de 1790, il faut lire ce Qu’écrivait en 1815 le même Benjamin Constant, au sortir de ses entretiens mystiques avec Mme de Krüdner ; toutes les diversités de cette nature mobile en rejailliront.

1941. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ceux-ci à leur tour, aisément restrictifs et négatifs dans leur prudence, n’hésitant pas au besoin, dans leur système complexe, à limiter, à entamer le droit par la raison d’État, le rendent bien en inimitié aux esprits de nature girondine, que tantôt ils ont l’air de mépriser comme de pauvres politiques, et que tantôt ils confondent en une commune injure avec la secte jacobine pour les montrer dangereux. […] Les derniers événements l’ont alimenté ; les lumières de la raison se sont unies à l’instinct du sentiment pour l’entretenir et l’augmenter… Je finirai de mourir quand il plaira à la nature, mon dernier souffle sera encore le souffle de la joie et de l’espérance pour les générations qui vont nous succéder. » Les jugements de Mme Roland sur La Fayette en particulier ont lieu de nous frapper par le contraste qu’ils offrent avec l’unanime respect dont nous avons entouré cette patriotique vieillesse. […] Du moment que tuer est devenu l’un des moyens devant lesquels le fanatisme ne recule pas, toute sociabilité périt ; ce qui faisait la limite de la morale humaine, de la nature en civilisation, est violé, et la première garantie qu’on est, qu’on cause et qu’on discute avec quelqu’un de ses semblables, n’existe plus. […] Et, avec cela, elle ressentait la vie domestique, la vocation maternelle, pratiquait le ménage dans sa simplicité et savait écouter la nature dans ses secrètes solitudes.

1942. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Les deux ensemble forment alors une représentation complexe, à deux temps : dans ce composé, la seconde nie la première, sur un point ou sur un autre ; et l’altération ainsi produite varie en grandeur et diffère en nature, suivant l’espèce des deux représentations qui sont unies et en conflit. […] Que le lecteur veuille bien rappeler l’un des siens, et s’y abandonne, surtout s’il est récent, vif et prolongé ; de cette façon, il en verra mieux la nature. […] Il est une connaissance, en ce que, dans le passé et justement à l’endroit convenable, il se rencontre une sensation exactement semblable à la sensation affirmée, et qu’ainsi notre jugement, qui, en lui-même et directement, est faux, se trouve vrai indirectement et par une coïncidence. — Ici encore, la nature nous trompe pour nous instruire. […] Nous pouvons maintenant saisir, par une vue d’ensemble, le procédé qu’emploie la nature pour faire jaillir en nous nos premières et principales sources de connaissances.

1943. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Si la nature aveugle s’obstine à faire circuler dans ses veines un sang banalement vigoureux, il a recours à la seringue de Pravaz pour obtenir l’état morbide qui lui convient. […] La nature, l’oiseau, la femme étant les lieux communs inévitables de toute poésie, il aura soin de les rendre méconnaissables à l’odieuse foule. […] Si la nature aveugle s’obstine à faire circuler dans ses veines un sang banalement vigoureux, il a recours à la seringue Pravaz pour obtenir l’état morbide qui lui convient. » Et plus loin : « Il est catholique. […] Ainsi, dans cet art, les tableaux de la nature, les actions des humains, tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes : ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec des Idées primordiales.

1944. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

C’est que M. de Latouche n’était pas seulement mystérieux par nature et par caractère, il était clandestin. […] On me le peint encore, dans cette même demi-teinte à la fois fidèle et adoucie, arrivant tard à la littérature sérieuse, ne s’y naturalisant qu’avec effort ; s’en distrayant souvent ; s’essayant de bonne heure à des sujets de poésie plus ou moins imités de l’anglais, de l’allemand, à de petites pièces remarquables de ton et de coloris, mais où l’expression trahissait la pensée, et qu’il a corrigées et retravaillées depuis, sans les rendre plus parfaites et plus faciles ; « nature exquise pour l’intelligence, avec des moyens de manifestation insuffisants ; point d’amour-propre en tête-à-tête, humble aux observations dans le cabinet, douloureux et hargneux devant le public ; généreux de mœurs et désintéressé, mais faisant mille tours à ses amis et à lui-même. » D’un cœur ardent, passionné, d’un tempérament vif et amoureux, il avait un grand souci de sa personne et de tout ce qui mène à plaire. […] Ce sentiment de fraîcheur et de nature, certaine description ingénieuse de quelques superstitions rurales, avaient fait donner à M. de Latouche le surnom d’Hésiode de l’école romantique, il nous le dit du moins ; c’était un bien grand nom. […] Le poète a vu mourir un être chéri, une femme adorée, et il ne peut se résigner à croire qu’elle soit à jamais ensevelie sous le marbre du tombeau ; il se figure que les éléments de cette âme légère sont dispersés dans la nature, dans les objets les plus vaporeux et les plus riants, et qu’il peut s’en emparer, s’en envelopper encore ; il s’écrie :     Oh !

1945. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Et, en effet, même parmi ceux qui plongèrent avec la sensualité la plus brûlante ou la corruption la plus froidement réfléchie en cet étrange livre, où Michelet a fait de l’amour dans la femme quelque chose d’inférieur à ce que Cabanis faisait, dans la cerveau de l’homme, de la pensée, personne n’a jamais songé, que je sache, à conclure au philosophique la vérité des idées d’un homme, de nature fort peu philosophe, qui, pour avoir regardé, par hasard ou par curiosité, sur une table de dissection, a voulu substituer à la spiritualité humaine et à son mystère de basses origines matérielles, et tirer de l’obscène même le sentimental ! […] L’éperdument de tête est si grand de l’homme qui a pu écrire, par exemple, cette partie du livre intitulée : Les offices de la Nature, qu’il n’est évidemment plus capable de cette triste chose qu’on appelle la logique de l’erreur. […] Ce n’était pas là, pour lui, du reste, une question de fierté impie contre la nature des choses. La nature des choses, maintenant, c’est l’impossibilité de sortir du Christianisme, même quand le petit homme (homunculus) que nous avons tous en nous, et qui s’y révolte lilliputiennement, n’y croit pas !

1946. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Ils croyoient qu’à force de méditations, certaines filles Druidesses avoient pénétré dans les secrets de la Nature ; que par le bien qu’elles avoient fait dans le monde elles avoient mérité de ne point mourir ; qu’elles habitoient au fond des puits, au bord des torrents, ou dans les cavernes ; qu’elles avoient le pouvoir d’accorder aux hommes le don de se métamorphoser en loups & en toutes sortes d’animaux, & que leur haine ou leur amitié décidoit du bonheur ou du malheur des familles. […] Ses Héros sont bien pris dans la nature : il ne s’éloigne en rien de la vraisemblance, & pour la premiere fois son style est plaisant sans être burlesque. […] C’est la vraisemblance d’action unie à des sentiments vrais ; ce sont des caracteres pris dans la Nature, & une marche tracée avec art, sans que l’art se fasse trop sentir. […] Je crois pourtant qu’il n’y en a qu’une seule de les bien rendre ; c’est de prendre le ton général de la nature.

1947. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

» « La nature avait sagement pourvu à notre indépendance », disait encore le poëte, « lorsqu’elle avait élevé les Alpes entre nous et la rage tudesque. » Puis, se lamentant sur cet obstacle inutile et franchi tant de fois, il s’écriait, avec plus de douleur que de force : « N’est-ce pas ici le sol que j’ai touché d’abord ? […] Mais l’étude des grands modèles avait réglé cette vive et heureuse nature. […] Associé à sa vie divine, transformé moi-même en lumière éclatante, je verrai, à la fois distinct et confondu, ce qui est, ce qui a été, et l’essence intime et cachée de toute chose… » Dans cette rêverie même, le pieux Espagnol rencontrait les enthousiasmes d’une autre poésie, ces élans de Lucrèce et de Virgile pour admirer les phénomènes de la nature et pour en pénétrer le mystère. […] O vrayment marastre nature, Puisqu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !

1948. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Read, Henri-Charles (1857-1876) »

Ernest Renan a écrit : « La nature est d’une insensibilité absolue, d’une immoralité transcendante ».

1949. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 67

Ses Ecrits sont de nature à n’être jamais consultés par des Ecrivains peu versés dans la connoissance de l’Histoire.

1950. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 134

Ce dernier Ouvrage prouve sur-tout une connoissance très-profonde & très-étendue de la Nature & de ses productions.

1951. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 213

Le talent d’écrire, il faut en convenir, quand il est assujetti à une ame perverse, est un funeste présent de la Nature, & pour l’individu qui le possede, & pour la Société qu’il corrompt.

1952. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 416

En lisant néanmoins ses Ouvrages, qui sont en très-grand nombre, on ne peut s’empêcher d’être étonné du feu, de l’imagination, & de la fécondité qu’il avoit reçues de la Nature.

1953. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Nous insisterons sur les défauts en particulier : quoique divers en apparence, ils se rattachent presque tous à une cause commune qu’il faut rechercher et combattre dans la nature même du talent de M.  […] Il n’est aucune âme tant soit peu délicate et cultivée qui ne se sente émue à l’aspect de certaines scènes de la nature ou au spectacle de certains événements historiques.

1954. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Il faut éviter ici la confusion, l’entortillement, les digressions, ne point remonter trop haut, ni descendre trop bas ; ne rien omettre qui ait rapport à la cause ; enfin tout ce que j’ai dit pour la brièveté trouve aussi son application ici… La vraisemblance consiste à donner au récit tous les caractères de la réalité ; à observer la dignité des personnages ; à montrer les causes des événements ; à faire voir qu’on a eu le moyen, l’occasion, le temps, de faire ce qu’on a fait ; que le lieu aussi convenait à l’exécution de la chose ; que cette chose même n’a rien qui choque le caractère de ceux qui l’ont faite, ou la nature humaine ou l’opinion des auditeurs. […] C’est par trop simplifier les questions, et, sans parler de Dieu, c’est par trop méconnaître l’infinie fécondité de la nature humaine, inépuisable source de phénomènes, subtile créatrice de merveilleux sans miracle, que de donner tous les fondateurs de religions et tous les prêtres pour des charlatans et pour des fous, tous les fidèles et dévots pour des dupes et pour des sots.

1955. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Il n’y a pas eu de révélation ; les lois de la nature n’ont jamais été dérangées par une intervention divine ; tout ce qui est arrivé, arrive, arrivera dans la vie de l’univers et de l’humanité, est naturel, donc rationnel. […] Il a le savoir d’un érudit, le sens d’un critique ; il cherche la vérité, d’une affection ferme et sereine, qui a l’air d’une fonction plutôt que d’une passion de sa nature.

1956. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Maurice Denis m’apparaît avec des déformations plus graves de la vision normale de la nature. […] * * * Est-il temps d’aborder cette modeste question : « De la nature et de la fin de l’art de peindre ? 

1957. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Bien plus, une de ses opinions le plus profondément enracinées était qu’avec la foi et la prière l’homme a tout pouvoir sur la nature 738. […] Les faiblesses de l’esprit humain n’engendrent que faiblesse ; les grandes choses ont toujours de grandes causes dans la nature de l’homme, bien que souvent elles se produisent avec un cortège de petitesses qui pour les esprits superficiels en offusquent la grandeur.

1958. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Il tirait, chaque année, vingt mille talents d’or de ses États tributaires ; les peuples dépourvus de métaux payaient en nature. […] Les philosophes qui ont fondé la science, en soulevant le masque mythologique qui recouvrait la nature, Thalès et Anaximandre, Xénophane et Pythagore enseignaient tous dans la Grande Grèce et l’Asie Mineure.

1959. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

Encore faut-il préciser la nature de cette image. […] Le mot ne transmet donc que des images abrégées et incomplètes, des images d’une nature particulière, auxquelles il convient de donner un nom distinct : ce sont des notions.

1960. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Il l’était déjà de nature, mais ils l’achevèrent… Né de tempérament grand seigneur, il en avait les mœurs déboulonnées et fastueuses : la main libérale, prompte au bouton et au teston. […] V Serait-ce donc là la nature des choses, ou simplement celle de ce livre ?

1961. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

C’est que l’effort acharné et la hardiesse ne sont peut-être pas dans la nature de Quitard, esprit avisé, curieux, ingénieux, mais placide, et qui ne nous a donné depuis son Dictionnaire que le volume de cette Étude. […] La peur du mauvais goût n’effarouche-t-elle pas Quitard, cette timide nature de biche académique ?

1962. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Madame de Maintenon l’emportait trop par la raison, par le caractère, par la dignité dans la vie, par le sentiment religieux qui planait perpétuellement sur son âme, et teignait ses mots et ses actes de ses reflets les plus graves et les plus solennels, pour avoir ce que l’on appelle de la grâce, ce joli mouvement des natures légères… Littérairement, il est resté d’elle des choses d’une beauté rare, une correspondance qu’aucune femme d’aucun temps ne recommencerait. […] Madame de Staël disait : « Ceux qui se ressemblent se devinent. » Aussi, pour que la gloire jaillisse bien, et dans toute sa force, du visage que l’historien a pour devoir d’éclairer, il faut, entre le peintre et le modèle, des pentes de nature, des analogies de tempérament au moins intellectuel, et de telles rencontres de génie ne se répètent pas à tous les siècles.

1963. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

On connaissait les Pensées et maximes du moraliste du xviiie  siècle, — ce petit livre qui tiendrait sur quelques cartes à jouer, — et ce que Gilbert ajoute à cette œuvre mince n’est pas de nature, et dans aucun sens, à beaucoup l’augmenter. […] En écrivant sur la nature humaine, il s’entretenait cette main inutile qu’il ne put allonger jamais sur les hommes pour les discipliner ou pour les conduire.

1964. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

Les opinions des hommes ne transforment pas leur nature. […] Mais j’estime qu’un livre doit donner exactement la nature d’un homme, et je crois aux livres comme Lavater croyait à la figure humaine.

1965. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Pendant que les Chrétiens, avec l’ardeur de je ne sais quelle bassesse, découronnent jusqu’à Jésus-Christ et nous le montrent strictement dans la nature nue de son humanité, comme l’a fait le P.  […] La Philosophie ne saurait aller contre les lois qui régissent sa propre nature.

1966. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Voilà ce que de nature, — de constitution première, — fut Collé, le faiseur de parades, qui a tant noué de rubans rouges à la queue de Jocrisse ! […] Voltaire, comme il l’appelle en ses Lettres inédites : « le plus prodigieusement bel esprit que la nature ait créé avec une vaste mémoire », est jugé avec une impartialité froide qui n’était pas du temps.

1967. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Cet oiseau chantant de la volière de Madame de Pompadour et de la princesse de Conti, dont la Reine disait, comme d’un oiseau, avec le mépris naïf qu’elle avait pour la nature humaine, cette charitable Marie Leczinska : « Vous me la donnerez, n’est-ce pas ? […] Cantatrice plus de nature que d’art, elle avait une voix qui faisait pleurer, en attendant que les mots plaisants ou cruels, dits par elle au lieu d’être chantés, fissent rire la gaieté ou saigner l’amour-propre.

1968. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Gilbert ajoute aujourd’hui à cette œuvre mince n’est pas de nature, et dans aucun sens, à beaucoup l’augmenter. […] En écrivant sur la nature humaine, il s’entretenait cette main inutile, qu’il ne put allonger jamais sur les hommes pour les discipliner ou pour les conduire ; il pelotait, comme on dit, en attendant partie ; mais la partie ne fut pas jouée.

1969. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Pendant que des Chrétiens, avec l’ardeur de je ne sais quelle bassesse, découronnent jusqu’à Jésus-Christ, et nous le montrent strictement dans la nature nue de son humanité, comme l’a fait le P.  […] La Philosophie ne saurait aller contre les lois qui régissent sa propre nature.

1970. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

que son mysticisme ne parut pas toujours sûr à Rome ; un jour on l’y a signalé comme inclinant vers l’erreur qui s’est appelée Jansénius — sur cette terrible question de la nature et de la grâce. […] Malgré le succès qui s’est attaché à l’entreprise de M. de Lamennais comme s’il était de la destinée de l’Imitation, ce livre heureux, de créer des succès à ces traducteurs eux-mêmes, combien n’avons-nous pas souffert de voir le génie éclatant et sombre de l’auteur de l’Indifférence se débattre dans un genre de travail si antipathique à sa nature !

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