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2311. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Nous sortîmes de la chambre pendant qu’elle faisait les lits, le mari nous servit sur une nappe bien blanche son pain bis, bien frais, de froment, un morceau de fromage de gruyère tout ruisselant de pleurs et des grappes de raisin noir et blanc qui n’avaient pas encore perdu leur fleur ; pendant que nous soupions ainsi, la mère redescendit, et nous causâmes ensemble pendant qu’elle donnait des soins à son gras nourrisson, et que le père balançait les deux petites filles sur chacun de ses genoux avec un mouvement d’escarpolette.

2312. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Elle dormit un peu, et même alors, au mouvement de ses lèvres, son sommeil paraissait une prière.

2313. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Si la poésie est à la fois un langage, une peinture et une musique, si elle doit plaire à l’âme, à l’imagination et à l’oreille, il restait à faire connaître, après le style de Corneille, plus oratoire que poétique, plus énergique qu’harmonieux, plus ferme que varié, où il y a plus de feu que de douceur et plus de mouvement que d’images, un style qui réunît à toutes les beautés du style de Corneille, dans des vérités dramatiques du même ordre, toutes les beautés propres aux vérités dramatiques qui restaient à exprimer ; un style qui contentât la raison par l’exactitude des paroles, l’âme par leur accent, l’imagination par leur éclat, l’oreille par leur harmonie.

2314. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Tout ce qui choquait la délicatesse de Lamotte, discours des personnages, éloges qu’ils font de leur race et d’eux-mêmes, défis qu’ils échangent avant le combat, insultes du vainqueur à l’ennemi mort, allocutions des guerriers à leurs chevaux, tous ces premiers mouvements des passions humaines, que la science de la vie civile nous apprend à comprimer et à cacher, tout cela charmait un Racine, un Bossuet, un Fénelon, un Rollin ; tout cela leur paraissait aussi conforme à la nature qu’à la raison.

2315. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Le bruit est l’atmosphère de Bacchus ; ses rites attachent au fracas de voix et d’instruments qui l’enveloppent, ridée du mouvement perpétuel de transformations et d’évolutions qui rajeunit la nature.

2316. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

L’origine du mouvement littéraire remonte à l’apparition des Poètes maudits de Paul Verlaine (fév. 84) où il est dit dans la préface : À bien y regarder pourtant, de même que les vers de ces chers Maudits sont très posément écrits, de même leurs traits sont calmes, comme de bronze un peu de décadence, mais qu’est-ce que décadence veut bien dire au fond ?

2317. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Cependant, même dans ces livres qui n’en sont pas, dans ces pages qui se superposent ou se suivent, il peut y avoir du talent, un talent alors tout de style, de mouvement, de couleur, d’expression, d’humeur, ah !

2318. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Tous deux à l’Occident, d’un mouvement de tombe, Ils vont se rapprochant, et dans le firmament, Ô terreur !

2319. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

la propriété des mouvements, nous serions de grands écrivains… Je suis convaincu que, pour qui a le sentiment des analogies et la puissance des mystérieuses assimilations, les regarder, c’est apprendre à écrire.

2320. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Le mouvement, c’est la vie, ou du moins c’est tout ce que nous en voyons. […] Une nuit, il quitta secrètement sa compagnie, qui était à Neuf-Brisach, et accompagna un des carbonari à Belfort où devait éclater le mouvement. […] Il faut en reconnaître la clarté, la chaleur et le mouvement.

2321. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

LIII Tout me prouve (malgré ce qui est dit plus haut et qui subsiste) le grand talent déployé par Lamartine dans son Histoire ; je m’amuse à recueillir des témoignages : les hommes qui ont vu la Révolution assurent que cela leur en rend l’impression, le mouvement, les tableaux (M. de Pontécoulant disait cela à M. de Broglie) ; ce dernier (M. de Broglie) me dit qu’il a trouvé dans cette Histoire bien plus d’esprit et de vues qu’il n’imaginait, et il n’est pas indulgent. […] Cette violence de geste et de mouvement lui réussit toujours et couvre le néant du fond.

2322. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Napoléon a été le représentant armé du grand mouvement révolutionnaire qui a changé la face de la France. […] C’est que sa place est ailleurs ; elle est au milieu du mouvement philosophique qui emporte le dix-huitième siècle, au milieu de ces prosateurs austères, harmonieux et sceptiques qui le mènent si doucement à une révolution sociale ; la place de Rousseau est au milieu de ces immortels réformateurs qui sont ses rivaux, mais auxquels il ressemble comme à des frères.

2323. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Un mouvement de vénération nous convainc avant que, de si loin et si vite, Minerve ait pu toucher notre intelligence. […] Ce mouvement alternatif nous est familier, on l’a pu voir déjà ; il fut chaque fois naturel et sincère ; il marque les deux âges et comme les deux temps de notre critique. » Cette note pourrait faire penser à une mauvaise conscience. […] … Le mouvement se ralentit sur le port. […] De distance en distance, on rencontre un groupe de funèbres cyprès balançant leurs cimes avec ce mouvement grave qui, selon la disposition de l’âme, pourrait être considéré comme un regret à la vie, ou comme un signe d’intelligence que le néant nous adresse afin de nous rassurer.

2324. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Dans un premier mouvement de colère et de prudence, il écrivit au Parquet sans donner de noms, mais en faisant allusion à tout un ordre de faits. […] Comme elle sortait, escortée de ses gardes, elle s’écria subitement dans un mouvement de fierté : — Au moins j’ai du sang. […] Salut à Van Hasselt et Decoster, précurseurs du mouvement actuel, si intéressant, si beau !

2325. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Il est saisi tout d’un coup par un mouvement imprévu, par un tressaut 122 du dormeur, il est pris sous lui et ne peut plus s’échapper.

2326. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Tout cela, lois, préjugés, faits, hommes, choses, allait et venait au-dessus de lui, selon le mouvement compliqué et mystérieux que Dieu imprime à la civilisation, marchant sur lui et l’écrasant avec je ne sais quoi de paisible dans la cruauté et d’inexorable dans l’indifférence.

2327. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Ainsi naissent une « morale de la sympathie », une « morale de la justice », même une « morale de la concurrence », ainsi se dessinent des mouvements d’opinions comme le nationalisme et comme le pacifisme.

2328. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Il ajoute que Got est un fin regardeur, qu’il attrape des jeux de physionomie, des attitudes, des mouvements de mains des gens, avec lesquels il se trouve, mais qu’il est incapable de tirer la moindre chose de lui-même ; or, un bouffon, ça ne se rencontre pas, dans la rue, ça ne s’observe pas, ça ne se photographie pas.

2329. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Il est tems que des passions plus nobles donnent le mouvement à nos tragédies lyriques.

2330. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Le rôle qu’il y a pris et qui a fait de lui comme le défenseur déclaré de la libre pensée a été moins le résultat d’une volonté réfléchie que d’un mouvement irrésistible.

2331. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Mon premier mouvement a été d’aller sur le tombeau de mon père lui dire les derniers adieux et mêler mes larmes aux vôtres ; mais, depuis que j’explique ici en public la Divine Comédie du Dante, il y a dix mois, je suis attaqué d’une maladie de langueur qui m’a tellement affaibli et changé que vous ne me reconnaîtriez plus.

2332. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« — Cela sera fait, répondit Criton ; mais vois si tu as encore quelque chose à nous dire. » « Il ne répondit rien, et, un peu de temps après, il fit un mouvement ; alors l’homme le découvrit tout à fait : ses regards étaient fixes.

2333. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

On ne songerait pas à noter ces imperfections dans une œuvre si forte, si Molière n’eût pas fait mieux encore, et s’il ne nous eût montré enfin la comédie épurée de tous ces moyens d’effet, et le cœur de l’homme, dans la seule diversité de ses mouvements, fournissant à tous les plaisirs de surprise, d’émotion, de rire, que nous venons chercher au théâtre.

2334. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Les émotions humaines ne sont-elles pas un des mouvements de la Nature ?

2335. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Son premier mouvement fut de prendre une bougie pour éclairer le lecteur ; elle fit ensuite réflexion qu’il était plus convenable de s’asseoir, et de faire tous ses efforts pour paraître attentive à la lecture.

2336. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Il m’échauffe, il parle ; mes yeux s’ouvrent, Et les siècles obscurs devant moi se découvrent… Lévites, de vos sons prêtez-moi les accords, Et de ses mouvements secondez les transports.

2337. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Or, ne vous y méprenez pas, le fantastique dans l’histoire ne veut pas dire le faux dont tout le monde a la triste puissance ou plutôt la triste infirmité, mais c’est le faux qui fait l’effet du vrai, tant le talent lui a communiqué de mouvement, de couleur et de vie !

2338. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Tous ces grands mouvements seraient-ils donc l’effet D’un obscur commentaire ou d’un méchant sonnet ? […] Ils auront beau dire : nous suivons les mouvements de notre conscience ; il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ; nous sommes le vrai troupeau ; nous devons exterminer les loups, il est.évident qu’alors ils seront loups eux-mêmes.  » Telles sont les idées, évidemment un peu flottantes, quelque effort qu’il fasse quelquefois à les fixer, de Voltaire sur la tolérance et la liberté de conscience. […] La Fronde fut un mouvement du Parlement en faveur du Parlement, mais en faveur aussi de la population pauvre de Paris, et c’est pourquoi elle fut longtemps populaire. […] La plupart des gouvernements ont, cependant, au moins cette tendance ; mais surtout ceux des pays où l’esprit catholique a longtemps dominé et où chaque gouvernement, comme par atavisme, se prend pour un Louis XIV, prétend que ses sujets doivent penser comme lui, estime qu’il y va de l’Etat si les sujets ont une seule idée différente de celles de Sa Majesté ; et pratique la religion d’Etat, même sans le savoir, par une sorte de tradition, d’aptitude innée, de geste machinal et de mouvement réflexe.

2339. (1923) Au service de la déesse

Le naturaliste Roth, au xviiie  siècle, avait signalé les mouvements qui se manifestent sur une feuille de drosera quand on y place un petit objet. […] Ceci : « Le mouvement est avant tout un échappement, un recul, une fuite, un éloignement imposé par une force extérieure plus grande. […] Et se dissout en mots insonores et sans issue de la bouche cette pensée, que, de même que cette perception consciente, en qui d’une âme avec un corps je suis moi, l’origine du mouvement est dans ce frémissement qui saisit la matière au contact d’une réalité différente : l’Esprit. » Cette métaphysique vous décourage ; elle vous impatiente. […] Kirara désigne « le mouvement de l’âme quand les mille chauves-souris, pendues à un arbre mort comme des figues, se détachent une à une ».

2340. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Le vieux et respectable Burnouf père fut mis alors en mouvement et vint le presser à son tour.

2341. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Cette chute, ce mouvement, ce bruit répercuté de rochers en rochers, ces brouillards d’écume flottante, sous lesquels la verdure de ces rives se voile et se dévoile aux vents, sont la vie et le charme, et comme la pensée de ces beaux sites.

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