Les animaux ne savent pas qu’ils doivent mourir. […] Il ne se représente certainement pas qu’il est destine a mourir, qu’il mourra de mort naturelle si ce n’est pas de mort violente. […] Mais l’homme sait qu’il mourra. […] Constatant que tout ce qui vit autour de lui finit par mourir, il est convaincu qu’il mourra lui-même. […] Mais elle est d’abord déprimante, et elle le serait encore davantage si l’homme n’ignorait, certain qu’il est de mourir, la date où il mourra.
Un de ses fils mourut à deux ans et trois mois ; la fille mourut à huit ans. […] Bon catholique, mais en vertu surtout du même principe et de la même disposition de respect, soumis aux pratiques extérieures de la communion où il vécut et mourut, il lui échappait néanmoins de dire « que la religion des honnêtes gens était celle de leur prince ». […] La gloire des méchants est pareille à cette herbe Qui, sans porter jamais ni javelle ni gerbe, Croît sur le toit pourri d’une vieille maison : On la voit sèche et morte aussitôt qu’elle est née, Et vivre une journée Est réputé pour elle une longue saison. […] Écrive contre moi qui voudra ; si les colporteurs du Pont-Neuf n’ont rien à vendre que les réponses que je ferai, ils peuvent bien prendre les crochets152 ou se résoudre à mourir de faim. […] A chacun son rôle et sa passion : cet empereur veut mourir debout ; ce soldat veut mourir en s’enveloppant dans les plis de son drapeau ; Paillet veut qu’on l’enterre dans sa robe d’avocat.
Celui qui prétend avoir tout su le premier jour est un homme qui n’avait ni raison de naître, ni raison de vivre, ni raison de mourir, car il n’avait rien à apprendre en naissant. Il n’avait rien appris en vivant, il mourait sans emporter ou sans laisser après lui sur la terre le moindre profit de la vie : théorie de l’immobilité qui fait de l’homme immuable la créature du temps perdu. […] « Et si la guerre, que je préfère à tout, me manque, je monterai aux tribunes, ces champs de bataille de l’esprit humain où l’on ne meurt pas moins de ses blessures au cœur que l’on ne meurt ailleurs du feu et du fer ; et je tâcherai de me munir, quoique tardivement, d’éloquence, cette action parlée qui confond dans Démosthène, dans Cicéron, dans Mirabeau, dans Vergniaud, dans Chatham, la littérature et la politique, l’homme du discours et l’homme d’État, deux immortalités en une. […] Ces pressentiments ne m’ont point trompé jusqu’ici (sauf l’empire, violent d’origine, mais que sa modération dans la force fait vivre) ; la monarchie illégitime du duc d’Orléans ne devait pas avoir même la durée de la vie d’un homme déjà avancé en âge : elle était morte avant son fondateur. […] Après avoir saccadé le trône, il se cramponnait et il se buttait d’un pied intrépide contre l’entraînement anarchique qui poussait la France à tous les excès ; il mourut à la peine, mais son cercueil arrêta son pays.
Il faut quelquefois que les poètes meurent pour qu’on parle d’eux. […] On noterait encore de ces strophes qu’on aime à retenir, dans l’ode adressée par Denne-Baron Aux Mânes d’Octavie Devéria, sœur des célèbres peintres ; cette jeune femme, morte peu après le mariage, dans tout l’éclat de la beauté et entourée du charme des arts, a bien inspiré le poète ami : Des chœurs de l’Hyménée à peine tu déposesq, Ta chevelure encor sent l’haleine des roses Dont il te couronna comme un ciel du matin… Properce occupa de bonne heure M.
Mme la comtesse Hocquart, qui l’avait beaucoup connu (morte depuis peu d’années), disait qu’il était à la fois rempli de charme et fort laid, avec de gros traits et une tête énorme. » Il n’avait que trente-deux ans à l’époque de sa mort ; il paraissait plus que son âge. […] Ce n’était pas un jeune cygne au tendre duvet, et duquel on pouvait dire avec sentimentalité ou plutôt sensiblerie : « Il est si beau de mourir jeune !
Homme excellent, qui a beaucoup aimé, beaucoup souffert, qui a de tout temps servi ses semblables jusqu’à en vouloir mourir, le repos enfin lui est venu. […] le souvenir de tes vertus pratiques, de ta prodigue bonté, de ta délicatesse de sentiments, vivra à jamais chez tous ceux qui t’ont connu et ne mourra qu’avec eux. » Les lecteurs peuvent en juger maintenant.
En parlant du Tasse, il a dû s’interdire d’entrer dans les jardins d’Armide ; il ose pourtant indiquer Clorinde, la belle guerrière, Clorinde qui du moins mourra chrétienne et baptisée. […] Il ose dire, par exemple, que la tragédie classique est morte et de sa belle mort « de mort naturelle » ; que le drame est désormais la seule forme possible.
Tout, hors la pensée, parle de destruction ; l’existence, le bonheur, les passions sont soumises aux trois grandes époques de la nature, naître, croître et mourir ; mais la pensée, au contraire, avance par une sorte de progression dont on ne voit pas le terme ; et, pour elle, l’éternité semble avoir déjà commencé. […] Le malheureux alors revient à l’étude pour échapper à la douleur, il arrache un quart d’heure d’attention à travers de longs efforts, il se commande telle occupation pendant un temps limité, et consacre ce temps à l’impatience de le voir finir ; il se captive non pour vivre, mais pour ne pas mourir, et ne trouve dans l’existence que l’effort qu’il fait pour la supporter.
Il part là-dessus avec une gravité de membre de l’Académie de médecine écrivant un rapport : « Une curieuse épidémie sévit depuis quelque temps sur les billets de cinq cents francs ; ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés d’un vague discrédit Le symptôme pathognomonique de la maladie est un épaississement accentué des tissus, avec complication de troubles dans le filigrane, etc… » Ou encore : « On vient de découvrir l’antisarcine ; comme son nom l’indique, ce médicament est destiné à combattre les effets du Francisque Sarcey qui sévit avec une si cruelle intensité sur la bourgeoisie moyenne. » Et alors il fait l’historique de la découverte ; il raconte que les études sur le virus sarcéyen ont démontré l’existence d’un microbe spécial qui a reçu le nom de Bacillus scenafairus (bacille de la scène à faire) ; que les premiers microbes ont été recueillis dans la bave d’un abonné du Temps, un malheureux qui « jetait du Scribe par les narines et délirait sur des airs du Caveau… et que son teint blafard (et Fulgence) désignait clairement comme un homme épris des choses du théâtre » ; que ces bacilles ont été recueillis, cultivés dans les « bouillons » du Temps et de la France, etc… Ce qui double encore l’effet de ces méthodiques extravagances, c’est le style, qui est d’un sérieux, d’une tenue et d’une impersonnalité effrayantes. […] Figurez-vous un homme dont toutes les pensées, même les plus intimes et les plus personnelles, revêtiraient d’elles-mêmes les formes consacrées d’une élégance imbécile ; qui aurait volontairement créé et développé en lui cette infirmité et qui serait décidé à mourir sans avoir une fois, une seule fois, exprimé directement sa pensée… Ô prodige d’ironie !
De désespoir, cette fille, qui s’appelle Mirèio, va aux Saintes pour leur demander assistance, et elle meurt dans la chapelle même des Saintes des fatigues de son pèlerinage. […] Notre origine ne saurait nous condamner à user d’une langue morte ou mourante, mais elle nous pousse à l’admiration du beau monument qui perpétuera des vocables qui s’en vont et l’image d’un peuple harmonieux.
Il mourra l’année suivante (1887), d’une maladie de poitrine, à l’âge de vingt-sept ans. […] est morte.
Ajoutez cet autre fait rapporté par madame de Caylus dans ses Souvenirs, page 89 : « L’aînée des enfants de madame de Montespan mourut à l’âge de trois ans. » (C’est l’enfant que Saint-Simon nomme Madame la duchesse, t. […] Elle était née en 1669, ce fut donc en 1672 qu’elle mourut.)
Il meurt du même genre de mort, & son gouverneur fait un récit. […] Le ridicule rival de ce grand homme mourut à Paris d’apoplexie, l’an 1698.
Si je le lui disois, je le ferois mourir de honte. […] « Je suis, lui répondit-il, comme le mari d’une coquette, dont tout le monde jouit excepté lui. » Enfin, l’abbé Desfontaines mourut à Paris, au mois de décembre 1745.
Ils les plaçaient au centre de leurs armées, ils leur disaient : " venez nous voir combattre et mourir, soyez les témoins oculaires de notre valeur et de nos actions. […] C’était chez ces peuples un devoir religieux que de célébrer par des chants ceux qui avaient eu le bonheur de mourir les armes à la main.
C’est sans doute parce qu’il portait au plus haut degré le mérite de l’expression et du nombre ; deux choses dont l’effet devait être très grand dans une langue riche et musicale comme celle des Grecs, mais dont le prix est fort affaibli pour nous dans une langue morte, que nous ne savons pas prononcer et que nous entendons mal. […] Eh bien, me disais-je à moi-même, si le français était une langue morte, ces odes paraîtraient excellentes ; il serait impossible d’y apercevoir le faible de l’expression.
Nous ne croyons plus que le fils d’un Turenne ou d’un Luxembourg soit nécessairement — de sang — un héros, au lieu d’un crevé, comme on dit, qu’il peut très bien être, dans cette société morte. […] Sainte-Beuve, et Mérimée, et Stendhal, et Cousin, qui vient de mourir, et Barbier, qui n’est pas mort, physiquement, du moins, et beaucoup d’autres n’étaient pas ou n’avaient pas été des célibataires !
Elle pouvait mourir du moins dans la noblesse du silence, sans remuer ce fumier de fleurs. […] La question est l’exploitation d’un nom illustre, dans l’intérêt d’un dernier scandale, avant de mourir tout à fait.
Fauchet mourut comme les autres à la guillotine, mais avant de mourir il y abjura ses erreurs.
ce n’est pas une loi de la nature et de notre misère qu’une grande gloire morte ait ses vers qu’elle engraisse de sa lumière comme les cadavres ont les leurs, et il est bien temps, pour l’honneur de l’esprit en France, que la critique enfin proteste contre toutes ces profanations ! […] Mettre le trait d’union qui conserve entre l’ancienne France monarchique, brisée par la Révolution, et la France moderne, qui mourait si elle ne redevenait pas une monarchie ; ôter cette proie à la Révolution, retrouvée sans cesse aux pieds de son œuvre pendant qu’il relevait et qui lui gêna tant de fois la main, quoiqu’il l’eût puissante, telle fut l’entreprise de Napoléon.
dépenaillés de physique comme d’intelligence, des faméliques de jouissances ou de renommée en guerre contre l’ordre social ; tous ne sont pas de pauvres enfants cherchant sans la trouver leur place au soleil, des Chattertons d’imitation, plus ou moins énergiques ou lâches, qui se tuent ou se laissent mourir, et dont Hégésippe Moreau ou Gérard de Nerval furent les types douloureux et coupables. […] Il y en a qui ne mourront jamais que de vieillesse, comme Arlequin, ou qui ne se brûleront la cervelle qu’avec… des truffes ; qui vivent plantureusement, heureux comme des bourgeois, — car on ne dit plus : heureux comme des princes !
Rien n’y dure, tout y détonne, tout y meurt. […] Ses liaisons débutent par des avidités d’écolier et meurent avec la rapidité d’un caprice. […] On ne consentit à la laisser vivre que parce qu’on devinait qu’elle allait mourir. […] Comme la morte de Savigny fut vite oubliée ! […] Il mourra vite, et ce sera sa faute s’il n’a pas su vivre.
Or, Pascal écrivait comme un malade qui doit mourir dans le quart d’heure. […] Il mourut en 1801, d’une fièvre intestinale. […] Une autre personne demeura plus fidèle au culte de la morte. […] Elle voyait mourir ceux qu’elle aimait. […] D’autres étaient blanches comme les joues d’une morte.
Le repos, le repos, et il n’y a guère de jour que je ne sois tenté d’aller vivre obscur et mourir tranquille au fond de ma province. […] Je mourrais de chagrin, si j’avais jamais à me reprocher les conseils que je lui ai donnés et les assurances que je lui ai faites. […] Si j’avais le sort de Socrate, songez que ce n’est pas assez de mourir comme lui pour mériter de lui être comparé. […] J’ai été malade à mourir pendant deux jours, j’en suis quitte ; et je me porte comme ci-devant. […] » Je ne mourrai pas sans avoir imprimé sur la terre quelques traces que le temps n’effacera pas !
Claude mourut. […] Tout change ici-bas et tout meurt. Mais les préjugés ne meurent pas. […] Mais la Religion est morte. […] Mélisande va mourir.
Il apprit peu de temps après qu’elle était morte, en baisant ce crucifix qu’il lui avait appris à aimer. […] Un rien les irrite, un souffle les abat ; un sourire qu’ils ont recueilli en passant suffit pour les faire mourir de joie ; un sourire qui a oublié de luire pour eux suffit pour qu’ils s’en aillent mourir de douleur. […] C’est tout un monde que chacun porte en lui, un monde ignoré, qui naît et qui meurt en silence. […] Cette cantatrice, Mme Malibran, ne faisait pas comme font bien d’autres, qui restent insensibles aux passions qu’elles expriment dans leurs chants ; elle se mettait elle-même dans son chant, et elle est morte, d’après le poète, de s’être ainsi dépensée, d’avoir donné son âme, sa vie au public. […] Un an après, il était nuit, J’étais à genoux près du lit Où venait de mourir mon père.
L’esprit universel peut tout ; la fortune avare et aveugle ne nous donne qu’un rôle quand la nature nous a façonné souvent pour tous les rôles à la fois ; voilà pourquoi il est si cruel pour les riches natures de mourir sans avoir, comme elles disent, accompli leur destinée. […] Pitt, l’Annibal anglais, meurt au moment où il renoue les fils d’une coalition dans sa main. […] Il mourut bientôt après son grand rival Pitt ; il laissait une mémoire, mais il laissa peu de regrets. […] Ce général égale et souvent surpasse son maître ; il ne lui manque que le commandement suprême, qui attribue la gloire à celui pour qui meurent ou triomphent ses lieutenants. […] Le reste de cette armée se replie en ordre sur le cimetière d’Eylau, comme pour se grouper et pour mourir autour de son empereur.
Levez-vous, ô vents orageux d’Erin6 ; mugissez, ouragans des bruyères ; puissé-je mourir au milieu de la tempête, enlevé dans un nuage par les fantômes irrités des morts ; que Calmar meure au milieu de l’orage, si jamais la chasse eut pour lui autant d’attraits que les batailles. […] Un horrible combat s’engage : les enfants de Loclin meurent ou fuient… Fingal emporte et dépose dans son vaisseau le corps inanimé de la belle Agandecca. […] Connal, ne me parle plus d’armes ni de combats : ma gloire est morte. […] Il vient un jour où il faut que les guerriers meurent, et que leurs jeunes enfants voient leurs armes oisives et suspendues aux murs de leurs demeures ; mais tes vœux, Orla, seront remplis. […] « — Il ne le trouvera jamais, Fingal ; je mourrai dans les champs de Lena ; des bardes étrangers parleront de moi ; mon large baudrier cache une plaie mortelle !
Les méchants ont raconté qu’il mourut d’avoir déplu à Louis XIV. S’il en mourut, il eut tort ; mais il ne craignit pas en effet de déplaire. […] Il sait très bien lui-même qu’il mourra confessé… Et ainsi en attendant, il semble exilé de sa religion et exilé dans sa morale. […] Tinchant mourut à l’hôpital. […] Il y a celles, ô mon bon maître Renan, qui meurent quelques mois après leur compagnon, tout simplement.
Cependant, elle va mourir, tandis que la nature au dehors chante ses hymnes de fête. […] Elle est tombée au milieu d’un guet-apens, entourée de tous ceux qui ont un intérêt à la faire disparaître… Est-ce qu’elle meurt ? […] Mon père m’a parié quelle mourrait ; et moi, pensant que tu aurais encore besoin de la comtesse dans la suite du feuilleton, j’ai parié qu’elle se tirerait de ce mauvais pas. […] Mais voilà que, par contretemps, le sous-confectionneur tombe malade et meurt avant que l’ouvrage soit terminé. […] Vieux jeu, direz-vous ; mais on y revient à ce vieux jeu et la preuve c’est que le livre comme le théâtre se meurent du nouveau jeu.
ce n’est pas à la France de ce temps que nous pourrions appliquer les vers de Byron sur la beauté de la Grèce morte ; car, moralement et physiquement, elle était, hélas ! […] Cette seconde partie devra contenir le grand fait sauveur de Brumaire et l’histoire des armées françaises, à toute époque l’honneur, l’espoir et la véritable vie de la France, dix fois morte sans elles. […] En tant qu’historien de la lettre morte, en tant que peintre de l’individualité humaine et politique, Granier de Cassagnac est un des plus terribles pinceaux qui aient jamais traîné de cruelles ressemblances sur une impassible toile d’histoire. […] La solidarité des hommes et des idées, Granier de Cassagnac en avait mesuré la force ; car la Vérité seule ne meurt pas de l’indignité de ses prêtres. […] Le journaliste, cet orateur sur papier, dure un peu davantage ; mais il meurt aussi, l’action à laquelle il a poussé, ou contre laquelle il a résisté, accomplie.